[Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

Enlacé comme il l'était, Prestenent partait contre son gré vers l'eau salée, avec un fort désavantage puisqu'il ne pouvait rester dressé. Trempé aux cuisses, serré au ventre, les mains crispées sur ses armes, rien d'autre que lui-même ne pourrait le tirer de là. Très vite, un trou se présenta sous ses pieds, renversant l'équilibre précaire. La surprise amène une grande respiration, et une bonne gorgée d'eau de mer s'infiltre dans la trachée, le nez, les poumons. Le spasme qui s'en suit vient claquer la surface, tordre les mèches ondines. Ce court instant de liberté s'effrite à vue d'œil, mais le chevalier s'engouffre quand même. Battant des pieds des mains, il rejoint le sable mou et huileux qu'il foulait il y a une minute, avant de remonter plus loin, jusqu'à la terre, jusqu'au sol sec.

- "De quoi as-tu si peur, chavalier ? Embrasse-moi, enlace-moi, et tu n'auras plus à t'en soucier..."

La jeune femme l'avait suivi de moitié, laissant quelques mètres entre eux deux, juste assez pour qu'il puisse discerner ses formes, sa silhouette, ses traits si incurvés. Mais à cet instant, Prestenent a repris son souffle, et c'est de vive voix que l'estocade reprend. L'insulte semble hasardeuse - innovante, peut-être -, la réaction... Exagérée. La jeune femme s'ébouriffe, s'affole, se tend et se détend à une vitesse folle. Elle est si furieuse qu'elle en tremble, d'humeur si houleuse qu'elle en bouillonne. Pas un mot humain ne sort de son joli minois, rien que des cris abjects, des feulements, des grondements sourds qui résonnent. Un autre instant, on dirait qu'elle imite un cor, une bête inconnue... Et elle se jette en avant.

La douceur et le ton mielleux sont devenus un torrent glacé, la toison échevelée un fouet à mille queues. Même le vent s'est levé, fort et froid comme les bourrasques givrées. Il pleut des coups, il tombe de l'écume, mais aucun sang. Le bouclier bien haut, les yeux bien ouverts, rien ne passe, rien ne dépasse. Soudain, la jouvencelle redevient gamine, sautant à pieds joints dans les flaques qu'elle forme à chaque contre-coup. Elle en rigole, elle en pleure, mais encore une fois, rien ne passe le fer, écu ou pas.

La mer s'agite, le vent se réchauffe, les mèches s'affolent, mais aucun coup n'érode suffisamment la chair, le fer ou les bras. De ce duel, rien ne semble décidé. Nul ne s'en sort, nul ne s'effondre, malgré les coups incisifs, les chocs répétés. Le souffle brûlant, les poumons en feu, Prestenent est en péril, Prestenent est en danger. Chaque estoc paraît hasardeux, chaque taillade ne fait qu'effleurer un membre ou deux. Encore et encore, les impacts secouent l'avant-bras, la lame se trempe, mais toujours pas d'ichor, toujours aucun sang...

Et soudain, tout s'effondre.

Plus aucun bruit, ni goutte, ni vent.

La jeune fille ne gigote plus, les mains sur la tête, tout en gémissant :

- "Ce n'est pas ma mère - Mer, où êtes-vous ? - Mon eau grise, mon courant, mes beaux pêcheurs si charmants... - Grise-mer ! - Ma mère, où êtes-vous ?"

Toujours aux aguets, bourré d'adrénaline jusqu'aux oreilles, ce n'est qu'après-coup que Prestenent entend ces mots, le bras tendu et la lame plantée dans le buste de la fillette figée. La chose n'émet pas le moindre son avant de s'éteindre, et ses formes ne font que claquer le sol, comme un pot de chambre que l'on aurait jeté ou vidé sans l'annoncer.

Hormis le premier contact et à cause de l'humidité qui l'enveloppe de toute part, Prestenent n'aperçoit aucune entaille, aucun bleu sur son corps, sinon celui de la nuit ambiante, et des étoiles lointaines. Il ne sent que l'eau dans ses bottes, son nez qui le brûle, et sa gorge sèche qui le coupe à chaque respiration.

- "Eh beh, j'crois ben j'vous dois des excuses, d'Affreloi. Désolé d'pas avoir prévenu, j'étais forcé d'm'débarasser d'ces garces. Vous avez doublement mérité ma gourde, alors servez-vous à votre aise. C'pas du vinaigre, 'pouvez y'aller franchement"

Gustave était à quelques pas de Prestenent à présent, toujours avec sa démarche déroutante, son bâton de bois flotté et son visage ébouriffé.

Néanmoins, Gustave semblait avoir viré son humeur précédente, vu qu'il était à présent tout sourire, les pieds sur l'eau... Même s'il traînait la jambe droite par moments.

- "Pour vos questions, c'tait rien comme les miséreux ces deux félones-là. Elles auraient jamais dû être ici d'ailleurs, vu qu'ici y'a pas d'gens. Mais ça, c'est si elles étaient restées des bonnes filles d'Manass..."

Il eut un hoquet, avant de reprendre :

- "... et j'ai pas d'monture, pas d'sac, pas d'trucs manquants... Sauf ma gourde, enfin, votre gourde, heh !"
Test de FOR: 14, raté, tu bois la tasse.
Test opposé pour se libérer, à -1 vu que tu bois la tasse : 6 v 9, tu es libre !
Test d'INI opposé pour s'éloigner vers la terre ferme : 9, tu t'éloignes sans souci

Test de Bravade : 2, réussi avec brio.
Réaction de la femme : 20. Elle aura donc -1 en attaque / parade / esquive pendant 3 tours, et elle te rejoins sur la terre ferme.


Tour 4 -
Jeune femme se met à trembler.
Un vent froid se lève.
Charge - ATT : 7, de justesse - parade : 1 => Aucun dégât, tout est absorbé.
Prestenent - Attaque : 15, rien.


Tour 5 -
Jeune femme arrête de trembler, redevient jeune fille.
Le vent se réchauffe.
Attaque de la jeune fille : 5, ça passe.
Ambidextrie : 10, rien du tout.
Parade de Prestenent ? 4, réussi. Aucun dégât.
Attaque de Prestenent : 13 , encore raté.

Tour 6 -
Jeune fille s'agite
Le vent se réchauffe encore.
Attaque de la jeune fille : 9, non.
Ambidextrie : 2, oui.
Parade ? 12, raté de peu. 9 pv perdus.
Attaque de Prestenent : 11, raté de peu.

Tour 7 -
Jeune fille devient trouble et opaque
Le vent s'arrête.
Attaque de la jeune fille : 20
Ambidextrie : 18
Elle s'immobilise en gémissant
Attaque de prestenent, à +4 : 4. 32 dégâts.
Jet secret - jeune fille : 16, largement raté.

Fin du combat.

Test de perception : 3, facile.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent avait voulu déstabiliser la créature par une insulte pour plus aisément se libérer de son étreinte, mais Prestenent ne put qu'émettre une flopée de bulles qui percutèrent la surface avec un son qui n'avait rien à voir avec des mots articulés. Prestenent gigota, s'enfonça, retrouva pied, et à sa propre surprise parvint à entrer en contact avec la terre ferme, à courir vers elle et à respirer. Après s'être pressé de s'éloigner autant que faire se pouvait de l'élément liquide, le chevalier se retourna pour voir l'ondine qui l'attendait dans le flot, tentant encore de l'y attirer. Prestenent reprit longuement son souffle, puis en regardant la créature dans les yeux, il lui lança ce qu'il retenait depuis un moment, une réplique qui transpirait la victoire d'avoir échappé à une mort certaine et la rancune qui avait commencée à saturer ses veines.

"Point ne serait noyé par ta croupissure, pisse infâme agglutinée ! Flétan faisandé ! Cloaque sans âme !"

En face, il y eut une réaction. Une réaction qui fit vite comprendre à Prestenent qu'il était urgent de lever son bouclier et de le tenir fermement. Son adversaire ne se contentait pas d'attaquer normalement, elle lançait les coups par plusieurs direction avec ses multiples flagelles, mais contre toute attente, Prestenent parvint à résister. Son ardeur combattante s'était solidifiée, cristallisée pour ne plus être qu'un sentiment froid de nécessité. Maintenant, Prestenent savait que cette chose pouvait le tuer en un battement de cil, et il ne se battait que pour survivre. Et il y parvint. La créature polymorphe eut beau muter sous ses yeux et tenter toute sorte d'offensive, Prestenent ne se fit pas prendre par surprise une nouvelle fois, et parvint à échapper aux coups mortels qui pleuvaient sur lui.

Jusqu'à ce que tout s'arrête. Les coups, le vent, la fille. Elle s'arrêta et son esprit sembla partir sur tout à fait autre chose. Sans chercher à comprendre, Prestenent attaqua, planta profondément son épée dans la créature translucide, attendit une seconde un signe quelconque de douleur ou de mort, et finalement vit la créature s'évanouir comme si elle n'avait jamais existé. En était-ce enfin terminé ?

Le chevalier, les yeux écarquillés, commençait à péniblement recoller les morceaux dans son esprit. mais c'était peine perdue, il ne comprendrait jamais comme ça tout ce qui venait de se passer. Quelle était cette créature ? Existait-elle même réellement ? Était-ce bien lui qui l'avait tué, ou bien tout autre chose. Est-ce que son attaque n'avait pas été un coup d'épée dans l'eau, quand Gustave avait tout fait ? La chose était-elle même bel et bien morte ? Rôdait-elle encore quelque part ?

À cet instant, l'homme qui devait avoir les réponses à toutes ces questions et à des dizaines d'autres qui torturaient l'esprit du jeune chevalier s'approcha, l'air tranquille, souriant. Prestenent était beaucoup moins souriant. Il ne savait pas ce que les attaques de cette créatures lui avaient fait, mais il avait l'impression de s'être déjà noyé plusieurs fois. Finalement, Gustave semblait presque vouloir se raccommoder, et le chevalier eut pendant une seconde envie de simplement faire abstraction de tout et continuer de marcher dans les pas du vieillard, de suivre sans poser de questions. Il était las, et sa fatigue était tout à la fois physique et psychique. Il voulait ne plus se poser de questions, ne rien faire de plus ou de moins que ce qu'on lui demandait.

Il songea à cela pendant une seconde. Mais même fourbu et hébété, Prestenent n'oubliait pas ses principes. Il s'était juré de ne plus se laisser entrainer dans un flot où il n'avait pas pied, et ce Gustave lui inspirait désormais une haine tenace. Prestenent recommença à être en colère, d'autant plus en colère que cette affaire avait maintenant failli lui coûter la vie pour la deuxième fois. D'autant plus en colère que cette fois on lui avait directement manqué de respect verbalement et physiquement. D'autant plus en colère qu'un homme l'avait agressé physiquement et espérait s'en tirer sans tâter de son épée. D'autant plus en colère que ce même homme souriait maintenant et se proposait de l'acheter avec de l'alcool.

Quelque chose tourna dans la tête de Prestenent. Foin d'escargot, de chevaleresque destiné ou d'esprit innocent. L'escargot était enfin enterré. Son âme ne ressemblait plus à ce qu'elle avait été durant toute son enfance. Il n'avait plus ce sentiment profond, grisant et infiniment beau, d'être un chevalier. Le pire dans tout ce monde, c'était qu'il n'avait rien fait pour lui faire de la place, qu'il n'avait pas été fait pour ce que Prestenent était et avait à la place changé le moussillonnais en une chose qu'il aurait détesté par le passé.
Lui qui avait rêvé d'être un chevalier de conte, de vivre des aventures féériques et de rencontrer tout ce qu'il y a de beau dans ce monde, de voir toute la gloire et la beauté du royaume de Bretonnie, il avait le sentiment d'être trahi par tous, par les marius, par Evrard, par Gustave, par les contes de son enfance, par manass et par la Dame du Lac elle même.
Prestenent était en colère contre tout, y compris contre lui même. C'était un changement brutal qui s'opérait dans les profondeurs de son être, une mutation comparable à celles du monstre qu'il avait affronté.

Femme. Enfant. Femme. Enfant.

Prestenent, lui, se muait en autre chose. Il mutait, lui dont le sens même de l'existence avait toujours été d'être le plus loin de toute sorte de mutation. Si ses parents avaient su ce qui se passait dans l'âme de leur enfant, perdu sur les rivages glauques de Bordeleaux, ils en auraient conçu une immense honte.

Prestenent s'avança d'un pas ferme vers Gustave, n'hésita que pendant un fragment de seconde, et le gifla. Son visage tordu de colère émettait des grognements balbutiants. Le chevalier saisit la gourde, la jeta au sol, la piétina, puis reprenant - en apparence - le minimum nécessaire de contenance, il se drapa dans sa cape mouillée et s'exclama :

"À l'avenir, si des vies sont en jeux, je m'attends à ce que vous ayez la décence de ne rien me cacher. Fichons le camp de ce trou céans, et que rapidement cette nuit trouve une fin. Si vous ne voulez pas que je sache quelles créatures nous combattons, alors tant pis pour vous ! je ne me donnerais pas la peine de combattre au côtés d'un malotrus. Allons, en route ! J'ai commis l'erreur de promettre au baron de vous ramener à lui en un seul morceau."
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

Le pèlerin reçut la gifle de plein fouet, surpris de la tête aux pieds, et planta même un pied en arrière afin de ne pas en perdre l'équilibre. Si la colère avait pu l'agiter auparavant, si le secret et l'alcool avaient réussis à le museler jusqu'à présent... Il apparut, après-coup, comme le plus sobre des hommes et la plus triste des âmes.

- "Vous ne priez pas beaucoup, n'est-ce pas ?"

Il emboîta le pas du chevalier sans un mot de plus, se contentant de suivre le rythme imposé tout en restant à ses côtés, la gourde vide mais de nouveau en bandoulière. Sa démarche était toujours aussi hasardeuse, son pas aussi étonnant.

- "Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous le demander. Après tout, vous n'avez peut-être jamais vu d'homme de foi, et je ne suis pas le plus pur d'ceux-là..."

Il eut un hoquet qui le fit sursauter, dépassant ainsi l'errant d'un demi-pied pendant quelques pas.

- "J'sais pas d’où vous v'nez, mais si vous estimez qu'c'est une erreur d'écouter et d'promettre au deuxième homme le plus juste de ce Duché, ... J'en suis confus. Après, j'admets que s'te nuit n'est pas calme vu la marée, et qu'tomber sur des naïades et sur moi doit pas être de vot'menu. C'est qu'elles se prélassent dans les rivières en temps normal, et jamais en eau salée ces filles là."

Il déambula quelques secondes, le visage tourné vers la houle montante et les nombreux bourrelets qui s'écrasaient à quelques mètres d'eux. Il soupira longuement sur place, ébahi face à l'océan, avant de rattraper Prestenent. La nuit était calme désormais, sans changement de vent, sans pluie. Les bourrasques étaient à nouveau régulières, balayant les ombres du rivage avec une certaine harmonie, un rythme naturel.

- "Vous vous attendiez à ce que j'explique tout en vrac, c'est ben ça ? Vous vouliez que j'balance tout au moindre sire qui vient à la nuit pendant que je m'occupe de rebelles comme ça ? Si j'avais r'connu vot' blason, aye, j'aura fait ça. Après, j'sais pas s'que vous avez vu, mais si c'est les miséreux et l'Baron, c'est qu'c'est sérieux. Et qu'si l'Baron vous envoie pour moi, c'est qu'il s'doute d'un truc, un truc qui requiert mes savoirs et l'Océan. Et puis, si vous êtes toujours là et pas six pieds dans l'eau, c'est qu'vous avez l'même truc que moi avec les femmes. C'est ben ça, m'sire ... ?"

Il s'arrêta encore une fois, mais d'un coup sec, comme si ses pieds s'étaient plantés dans une trappe. En face d'eux deux, il n'y avait rien de nouveau à signaler. Ils étaient juste revenus au village qu'avait traversé le chevalier à l'aller. Les six lueurs étaient toujours là, seule muraille entre le miteux hameau et l'univers, chacune étant encore accrochée aux différents poteaux que le vieux pêcheur avait allumé plus tôt.

- " C'est vous qui avez allumé ça ?"

Le ton de Gustave était hésitant, sa respiration était plus courte, et aussi avait-il baissé d'un ton ou deux.
Réponse du joueur : Je vais hausser les épaules et lui dire que c'est surement les habitants du hameau.

Le prêtre resta ainsi quelques secondes de plus, glissant lentement son bâton de marche jusqu'à le tenir fermement avec ses deux mains.

- "Vous avez vu combien d'habitants exactement ?"

Tandis que Prestenent répondait à cette énième question, le prêtre suivit chaque syllabe du regard, dévorant chaque mot avec insistance, tel un pêcheur qui s'ouvre l'appétit en remontant un filet bien chargé.
Réponse du joueur : j'ai croisé un seul homme en venant. Et je n'ai vu personne d'autre.

Là, le prêtre se redressa, roulant sa cognée entre ses doigts plissés. Et puis il avança lentement, tout en parlant à voix basse.

- "Os-et-ancre, vous allez dire que j'radote, mais y'a pas d'famille ici. Pas d'hommes, pas d'femmes, et pas d'âmes d'puis ben cinq ans ou plus. C'que vous avez vu était pas là pour des tas de sable, ça non... J'espère qu'c'est qu'un naufrageur défroqué, car faudra l'cueillir nous-même."
Rappel de l'endroit, en omettant la pierre et les silhouettes, toutes deux absentes du véritable paysage
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent n'avait plus envie de parler, plus envie de laisser la moindre chance à ce malandrin de lui extirper quoi que ce soit. Il s'en voulait d'avoir laissé éclater sa colère, mais pour ne pas se décomposer totalement il lui fallait maintenant garder la face et assumer ce qu'il venait de faire. Gustave pouvait bien s'expliquer, il ne serait entendu que d'une oreille distraite. Le chevalier partit à grandes enjambées sans se retourner, laissant à ce grenouiller de prêtre le soin de lui emboiter le pas.

Le Moussillonnais s'interdit de répondre à ce que disait Gustave. Quelle sorte de justification était-ce de dire qu'on laissait un chevalier faire face à un adversaire inconnu de lui et férocement dangereux sous prétexte qu'on ne connais pas son blason ? N'était-ce pas précisément ce dont Prestenent se plaignait ? On se fichait de lui, de qui il était, de ce qu'il faisait ici et de ce qu'il pouvait faire. Un autre aurait été bien mieux à sa place, n'importe qui d'autre, alors pourquoi l'avoir envoyé lui à cette corvée ? À moins que le baron n'aie eu une réelle envie de le voir mort ? Autrefois une telle pensée aurait été chassée de son esprit au profit de théories plus en accord avec sa définition de la chevalerie, mais à présent l'idée persistait. Gustave ne lui avait donné ni indications ni conseils parce qu'il se moquait bien de savoir si Prestenent vivrait ou pas. Peut-être même le préférait-il mort, et sans doute en allait-il de même du baron Evrard.

Si, drapé dans son mépris, Prestenent pouvait se permettre de dédaigner les explications et les reproches du prêtre, il eut un soupir las devant la question sur les lumières. Cette question l'avait piqué, car pour une fois ce pouvait bien être une façon de le prévenir d'un danger, et après tout ce qui venait de se produire, Prestenent s'attendait encore à tout et à n'importe quoi. Alors il haussa les épaules pour dire que ce devaient-être les habitants du hameau qui avaient allumés ces lanternes. Après tout, elles étaient déjà là à son arrivée, avant qu'il croise ce vieux pêcheur... Émile ou quelque chose dans ce genre.

Au nombre des habitants, Prestenent ne put se rappeler que de ce vieux pêcheur. Mais où était-il passé ? Et n'y avait-il personne d'autre dans le hameau ?
Prestenent se glaça, un mauvais pressentiment faisant frissonner son échine. Pas de famille, pas d'hommes, pas de femmes, pas d'âmes...

Cette fois Prestenent écouta attentivement le prêtre. Le chevalier s'immobilisa, une main sur le pommeau de son épée, et il scruta attentivement le moindre recoin du hameau visible sans bouger de sa position. Rien. Rien de vivant. Rien qui bouge sauf les laternes, et la houle.

Un autre aurait peut-être paniqué, ou se serait au moins senti submergé par l'inquiétude, mais un moussillonnais pouvait se permettre de conserver un minimum de calme dans cette situation.

"Encore heureux que je n'ai pas touché au vin de ce vieux pêcheur..."
songea Prestenent.

Il ferma les paupières d'un air las et souffla à l'intention de Gustave :

"Vous vivez vraiment dans l'un des pires endroits qui soient. Et je dis ça en m'y connaissant."

Il n'avait pas envie de perdre plus de temps ici. Il avait envie de remonter jusqu'à son cheval en laissant là toutes ces sordides diableries et d'emmener vite fait cet indolent Gustave devant le baron pour pouvoir en finir avec ses obligations et repartir aussi loin que possible en mettant le cap sur des quêtes plus éclatantes et moins atrocement désagréables pour vivre des aventures au moins un minimum trépidantes. Mais il ne pouvait pas décemment partir d'ici en laissant potentiellement une créature rôder sur leurs talons, et puisque Gustave semblait plus ouvert à la conversation qu'avant, Prestenent se mit en position pour pouvoir tirer son épée et demanda sobrement, mais avec une fermeté qui sous entendait bien qu'il jugerait le prêtre en fonction de sa réponse :

"Bien. Et si ce n'est pas un naufrageur, qu'est-ce que c'est, et comment on on gère ça ?"
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

[Avertissement - scène potentiellement graphique et détaillée]
"Vous vivez vraiment dans l'un des pires endroits qui soient. Et je dis ça en m'y connaissant."

Il y eut un étrange silence pendant quelques secondes, tandis qu'ils avançaient vers les huttes de chaume et les cabanes tantôt grises tantôt brunes selon l'angle où l'on se plaçait par rapport aux lueurs. Il y eut un gloussement très bref de la part de Gustave, avant que celui-ci ne prononce à mi-voix :

- "On est à la frontière ent' l'meilleur et l'pire endroit sur terre. C'est juste que l'un déborde sur l'aut', mais jamais dans l'bon sens, heh. Faudrait tout inonder l'vieux duché, et... "

Visiblement, ensevelir le Mousillon sous des millions de litres d'eau salée fut une expérience de pensée très amusante aux yeux du pèlerin, puisqu'il ne dit plus un mot avant d'entrer dans le hameau prétendument abandonné. Il se contenta juste de sourire, plissant les yeux d'un instant à l'autre, comme un fauve aux aguets. Malgré l'humidité, la pénombre, le vent irrégulier et toutes les autres choses qui auraient justifié un départ précipité, Gustave ne semblait absolument pas gêné de la situation. Il était inquiet, oui, mais les va-et-vient de son bâton et les roulements de ses phalanges témoignaient d'une tout autre émotion. Plus le duo détrempé s'intégrait au paysage côtier et plus le prétendu homme de foi était divisé : ses mains s'impatientaient, son regard virevoltait dans tous les sens, mais le reste de son corps témoignait d'un calme et d'une torpeur presque inhumaine, comme un de ces sables mouvants du domaine d'Affreloi, ou ces cours d'eau si tranquilles avant une crue.

- "Et si ce n'est pas un naufrageur, qu'est-ce que c'est, et comment on on gère ça ?"

- "Si c'est aut'chose, on s'ra obligé d'y remédier. Faudrait déjà qu'ça s'montre, sinon j'peux pas d'viner. Un miséreux s'trimballe jamais seul, sont trop cons pour ça, si c'est s'que vous pensez"

La réponse était venue instantanément, sans un sursaut. Et sans autre parole, une inspection du piteux village se mit en place. Il n'y avait pas assez de cabanes pour pouvoir s'y perdre ou égarer qui que ce soit, mais l'air était si frais et les environs si peu éclairés qu'il était impossible d'établir quoi que ce soit sans y jeter un œil de plus près.
Test de perception / fouille : 10, 12.
Eh bien, ensemble ou séparés n'y changera rien.
Un certain temps s'écoule...

La première cahute ne présenta aucune trace ou indice suspect, sinon des meubles partiellement moisis et des ustensiles usés. À l'extérieur, il y avait bien une barque de pêcheur, mais une des deux rames longues manquait à l'appel. Juste à côté, les quelques traces d'usure sur les filets étendus n'avaient rien de spécifique - aucun emblème, aucune trace gluante, sinon des maillons tranchés et d'autres limés jusqu'au dernier fil. La seconde cabane ne donna rien de plus, sinon que le sable et la paille avaient formé un creux suffisamment important pour retenir quelque liquide translucide où résidaient des petites algues sombres. Une fois revenus à l'extérieur, Gustave fit un léger détour vers les lueurs, avant d'inspecter tout autre endroit. Il revint avec deux lanternes, elles aussi sombres et détrempées, mais cette fois, il s'agissait de véritables couleurs : le métal de celles-ci était rayé par endroits, piqué par la rouille à d'autres, mais la lumière qu'elles contenaient et dégageaient était tout à fait normale, faites de flammes et d'huile.

Gustave fit une remarque anodine sur l'utilité de telles lumières, mais il mâchonna tellement ses mots que la majorité de ses paroles se perdit dans les boucles de sa barbe.
Test de perception / fouille : 2, 4.
Rebelote, que vous restiez ensemble ou non n'y changera rien.
Un autre laps de temps s'écoule ...

De retour au centre du hameau, ils purent tous deux confirmer l'état de l'endroit : les planches gondolées, le bois flotté, les entailles dans la barque, le chaume moisi, ... Ce village manquait terriblement d'entretien, de toute forme d'entretien. S'il y avait eu de la vie par ici, alors la marée avait l'air d'avoir tout avalé puis recraché - hormis cette barque, seule rescapée des éléments.

Gustave se dirigea vers une autre cabane, une masure un peu plus grande où l'on apercevait encore quelques détails, des choses qui avaient été une double porte et des fenêtres lors d'un temps désormais révolu. Et c'est uniquement lorsque tous deux furent entrés qu'ils eurent enfin devant eux la véritable scène et grotesque piège qui les attendait.

Comme à chaque fois et comme partout sur ce bord de mer, le sol n'était que sable huileux, d'une couleur semblable à de la terre riche, formant un épais limon changeant, tantôt sec ou collant. Les murs étaient exclusivement faits de planches longues, grisées par le sel et l'usure du temps, tandis que le plafond n'était qu'une structure en bois plus épais et plus massif, couvert de chaume brunâtre. En somme, si l'on omettait le mobilier, il n'y avait rien d'extraordinaire dans cette hutte un peu large.

Sauf qu'il était très compliqué d'omettre le mobilier.

Ce qui avait été une table était désormais un amas de débris pliés et brisés, tandis que les tabourets étaient tous trois percés ou fendus. De l'autre côté, une sorte de commode contrefaite était renversée et défaite, les tiroirs plantés dans le sol comme des tubercules pourris. Plusieurs camps avaient combattu ardemment par ici, et visiblement, un des deux avait servi à redécorer le reste de la bâtisse.

En effet, au milieu de la pièce, et un petit peu partout autour de leurs points d'impact, deux cadavres gisaient - ou plutôt siégeaient -, empalés et ainsi figés dans une posture désarticulée et incomplète. L'un des deux était ainsi accroché à la poutre principale, transpercé dans la longueur par une perche désormais clouée dans la charpente, tandis que l'autre s'était retrouvé embroché comme un poisson de marais, le pal s'étant logé au travers du ventre avant de s'enfoncer à la verticale dans le sol. Pire encor, les deux défunts n'avaient plus de tête, puisque celles-ci siégeaient à-même le sol, face à l'entrée, faisant face à quiconque s'introduirait dans la demeure. Enfin, en guise de dernière touche à cette scène dantesque, le mur du fond, plus grande paroi de l'édifice, était désormais tapissé de larges lettres grasses et grossières, formant une sorte de gribouillis ou de message... Que Prestenent était incapable de déchiffrer.

C'est à peu près à ce moment-là que tous deux se rendirent compte que ce "message" n'était pas écrit à l'encre ou du sel, mais avec du sable, avec les stigmates du combat, et surtout avec les différents fluides présents dans le bâtiment.

Gustave s'effondra à genoux devant le carnage, gémissant ces quelques mots avant de s'éprendre de hoquets grumeleux :

- "Salut, ... et merci ... pour le poisson ..."

Prestenent, de son coté, reconnut la seconde rame longue, même si celle-ci était désormais un pal ensanglanté.

- "Evrard... Evrard... Seigneur des vagues, qu'est-ce que..."

Le prétendu prêtre se prit les mains si fort qu'il en blanchit toutes ses phalanges, au point même de trembler. Sur son visage blême et hirsute, une seule émotion s'épanouissait : une terrifiante incompréhension.
Test de VOL, à -2 vu la scène macabre - Prestenent puis Gustave : 8, échec. 12, échec.
Test d'END : 17 pour toi.

C'est la nausée, la peur, la panique.
C'est révoltant, bouleversant, déstabilisant, avilissant, etc.

C'est tout ce que tu veux, mais tu es témoin d'une scène immonde qui te secoue physiquement et mentalement.
Tu n'as jamais vu ça, et tu n'es pas du tout en bonne forme.

NB : Je n'irai pas plus loin dans le gore ou le grotesque. Là, on a touché le fond.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par Prestenent d'Affreloi »

À la réflexion, Prestenent comprenait désormais que les paysans du marquisat d'Affreloi n'osent plus poser les yeux sur la mer depuis des générations. S'il était possible qu'il existe une chose pire que ces esprits aqueux, ces monstres marins, et ces fantômes naufrageurs, alors assurément cela devait vivre au large du Moussillon. En tout cas, le chevalier resta tendu, guettant sans bouger de sa position, mais ne distingua rien.

Alors Gustave prit les devant, décidant de manière assez imprudente d'aller fouiller et inspecter. Prestenent serra les dents, désapprouvant totalement cette initiative, mais il dut bien suivre timidement le prêtre, ne serait-ce que pour pouvoir le protéger quand bien même il doutait de pouvoir repousser un spectre avec son épée et son écu.

Tout au long de la fouille, Prestenent ne fit que suivre le prêtre en glissant son regard de tous côtés, s'attendant à voir surgir quelque chose d'hostile. Plusieurs fois il répéta timidement :

"On ferait mieux de laisser ça à plus tard. Le baron m'a ordonné de faire au plus vite. De notre célérité peut dépendre le sort de la ville..."

Mais, allez savoir pourquoi, le prêtre semblait accorder plus d'importance à la fouille de ce hameau. Le mystère des lanternes allumées ne pouvait pas être ignoré pour lui, sans doute. Là où Prestenent avait simplement voulu embrasser la zone d'un regard sans se risquer à faire un pas dans le village désolé, ils se trouvèrent à fouiller les baraques et même à inspecter le matériel de pêche. À chaque instant perdu ici, Prestenent bougonnait et suggérait qu’on revienne plus tard. Il était plus urgent, et aussi peut-être plus prudent, de retourner à Ponte-Vileau. Gustave n'y entendait rien, et même après avoir récupéré les lanternes, il voulut entrer encore dans une autre cabane. Prestenent, qui ne s'attendait à rien, le suivit avec dépit.

Aussi, sa surprise fut-elle totale. Il se figea sur le pas de la porte, les yeux écarquillés. Il eut un mouvement de recul, et par réflexe il se retourna et se plia en deux, prêt à vider son estomac. Mais non, il ne vomissait pas, ou pas encore du moins. Était-il possible ? Il avait ressenti une nausée et un vrillement aux tripes presque identiques à ceux qui précédaient ses crises, sauf que la source en était cette fois bien différente.
Pendant une seconde, il chercha à tout regarder dans la salle, il crut qu'il fallait comprendre la logique derrière tout cet étalage macabre. Mais il se ravisa immédiatement, se détourna sans s'appesantir sur le moindre détail, sans chercher à décrypter ce qui était écrit ou à identifier les victimes.

Une seule pensée concentrait toute son atrtention à présent : le danger. Il y avait un danger tout près, capable de faire ce genre de choses. Il ne se donna pas la peine de réfléchir une seule seconde : il tira son épée au clair, et tout en la tenant fermement, il cria à Gustave d'une voix que la peine et les hauts le cœur rendaient enrouée :

"Nous ne sommes pas en sécurité ici ! Fichons le camp ! Gustave, suivez moi ! Ne restez pas ici !"

Prestenent n'avait pas encore saisi son écu. Il voulait que Gustave le suive et qu'ils partent d'ici au plus vite. Si, dans son état de béatitude, le vieux prêtre ne suivait pas, il lui faudrait se servir de sa main libre pour le tirer hors d'ici. En tout cas, Prestenent ne pouvait supporter la seule idée de rester dans cette cabane une seule seconde de plus. Il devait sortir, s'éloigner de cette scène atroce et de cet air vicié par une violence inhumaine. Rien n'aurait su le retenir ici désormais. Rien.
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

Devant une telle scène, nul être humain sensé n'aurait pu rester de marbre, nul enfant n'aurait su rester stoïque, tant la barbarie et la bestialité émanait de chaque parcelle intérieure à l'édifice. Et pourtant, Prestenent n'eut aucun mal à tirer son épée. De même, il beugla sur Gustave, l'invitant brièvement à quitter les lieux - sauf que le prêtre n'était pas fait du même bois. L'écorce des deux humains avait beau avoir des points communs, le plus pieux des deux eut un mal immense à faire quoi que ce soit devant cette scène, au point où ses mains semblaient soudées entre elles, et ses genoux ancrés dans la mélasse du sol. Après tout, Gustave n'était qu'un homme, avec ses forces et ses faiblesses, et si résister à des créatures ondines anthropomorphes était véritablement une de ses forces, sa réaction actuelle et toute l'apparence faible qu'il exhalait n'était qu'une énième preuve de son humanité.

Devant l'immobilité maladive du prêtre, Prestenent fut bien obligé de tirer son homologue vers l'extérieur. L'effort ne fut que peu épuisant, et malgré l'usure du combat précédent, il n'eut besoin que d'une main pour extirper l'homme de foi de sa posture figée. Une fois à l'extérieur, tirer Gustave devint une épreuve enfantine, tant le prêtre suivait de manière docile, ne proférant aucun mot à voix haute. Il se contenta ainsi de suivre le mouvement, et de dérouler entre ses doigts une sorte de chapelet de bois flotté qu'il portait autour du cou.
Test d'END : 3
C'est toujours la nausée, la peur, la panique.
C'est toujours révoltant, bouleversant, déstabilisant, avilissant, etc.
Mais toujours aucun signe de vomissement. Juste du stress, du déséquilibre, des palpitations, ce genre de choses.

Test d'INI - Prestenent : 17, raté.
La même chose - Gustave : 14, raté.
Le trajet jusqu'au sommet des falaises fut une épopée bien différente des pérégrinations hésitantes de la descente. Maintenant que les yeux des deux fuyards étaient de nouveau capables de percevoir d'autres couleurs que le noir et le gris-bleu, la montée révéla toute la traîtrise du chemin parcouru par Prestenent auparavant. Aucune parcelle n'était plate ou lisse, toute la pente était en partie dévorée par l'érosion ou effondrée, tant et si bien que certains rebords du passage ne donnassent accès qu'à un précipice pâle et sablonneux - précipice dans lequel il se serait jeté s'il avait été moins patient ou plus audacieux.

Durant toute la montée, Gustave se révéla n'être qu'un bien maigre poids sur les épaules du chevalier, tant l'homme blessé ne semblait avoir aucun mal à avancer malgré son état et ses chuchotements pressés. Il suivit Prestenent sans jamais le devancer ni le gêner, comme une ombre vêtue de bleu et de brun bloquée dans le coin de l’œil du mousillonais.

Une fois à la surface, la plaine herbeuse et ventée réapparut, avec son lot d'ombres mouvantes et de silhouettes plus ou moins végétales. À quelques pas de tout ce paysage balayé par les embruns, un unique destrier - ou plutôt un cheval commun - broutait sans aucune hâte, ballottant la tête et le crin au gré du vent et des courants. La bête n'avait pratiquement pas bougé, tant et si bien qu'elle ait pu passer pour morte si elle n'avait pas soufflé à l'approche du chevalier. À la lumière des lanternes, la monture n'avait rien d'anormal - aucune blessure, pas un problème. Gustave ne remarqua pas le moindre détail, car à peine fut-il à proximité de la monture qu'il se jeta sur son os, sans pour autant occuper la selle ou les étriers.
Dialogue effectué en Mp avec demandes au joueur :

Alors qu'il grimpait sur selle et que la pluie refaisait surface, Prestenent prit la parole, non sans effort pour se désencrasser la gorge.

- " Maintenant, si vous le voulez bien et si vous le pouvez, dites moi tout qu'il y a d'utile à savoir sur les miséreux et sur ce qu'il va se passer cette nuit ! J'ai compris que des choses étranges se passaient cette nuit, mais quoi et pourquoi ?

- Les miséreux ? Eh ben... Att... Attendez, cette nuit ? Cette nuit c'était pas des miséreux...

Qu'est-ce qu'elle a pour vous, c'te nuitée ? L'est spéciale pour vous ?

Les miséreux sont pas là c'te nuit, sont trop bêtes pour faire ce qu'vous a-ra vu... Sont trop bêtes ces bêtes-là, trop stupides, z'ont d'l'eau salée dans la tête, et p'u d'cervelle pour naviguer dedans. 'sont pas comme nous hein, 'sont pas comme nous... Vous pensez pas qu'cette nuit était prévue, hein ?"


Il serra vivement les babioles qui lui servaient de collier.

- "J'sais pas c'qu'était dans ce hameau, mais ça l'est plus maint'nan. Sont tous mort, et pas comme il faut. On pourra même pas l'enterrer, faudra laisser faire la marée..."

Et puis, sans avertissement, Gustave repartit dans ses murmures et ses prières.

***
Après avoir précipitamment vérifié l'état et la santé de sa monture, un certain temps s'écoula tandis que les deux compères traversaient en sens inverse le paysage bosselé. À nouveau, Prestenent se trouvait dans cet amalgame gigantesque d'ombres et de vents marins, dans cet océan de terre molle et d'herbe riche. À nouveau, il arpentait le maigre tracé de terre claire qui désignait la route qui le séparait de Ponte-Vileau et de la civilisation. Les ombres de l'aller s'étaient éloignées désormais, mais lorsqu'il y jetait un œil - c'est-à-dire, dans les rares moments où il ne devait pas guetter les choix de sa monture -, elles semblaient se retenir de l'injurier, comme si les créatures cauchemardesques que ces volutes d'encre dissimulaient n'avaient plus envie de l'oppresser comme auparavant, et qu'elles préféraient désormais rester tapies dans l'ombre, passant d'une motte à une autre, guettant les erreurs et le moindre faux-pas du chevalier.

Gustave quant à lui n'avait pas changé, prostré comme il l'était, les mains vissées sur son bâton et ses babioles grossières. Étant donné son état et l'allure modérée que maintenait le chevalier, il n'avait rien d'autre à faire que parler et ne pas tomber, et c'est ce qu'il fit.

- " Pour les miséreux, faut savoir qu'ce sont des rej'tés d'la mer, des grouillots, des mal-lunés, des mauvaises-morts, et aussi des morts-nés. C'est c'qui fait qu'Manass' est pas commode, et c'qui fait qu'il faut pas traîner sur les rives sans s'abriter...

Y sont des bêtes ben cons, dangereux que si y sont plusieurs, et des bêtes qui viennent qu'quand y fait nuit - ben qu'j'ai jamais vu d'miséreux en journée. C'est qu'y sont pas rapides de corps ou d'esprit, avec leurs têtes de gondoles, de morue ou d'crustacés.

Y'en a pas partout hein, c'est comme des fruits de mer, ça s'cache sous les rochers trempés, les rives, les marées. Vous pensiez trouver des miséreux c'te nuit ? Qu'est-ce qu'elle a c'te nuit pour vous ?


- On m'a dit que leur arrivée était liée aux lunes... ou aux marées... ou je ne sais quoi.

- Aux lunes..."

Prestenent sentit un mouvement contre son dos, sans doute liés aux onomatopées que le prêtre lançait.

- "Nan, c'te nuit c'est lune fine, et la marée est en train de passer. Si on avait eu des miséreux, on les aurait croisé avant, à moins que ... A moins qu'les sauvages qu'ont fait tout ça en bas... Vous pensez qu'c'est lié aux miséreux ?

- Pour l'heure, plutôt qu'une explication des causes - je la demanderais plus tard, n'en doutez pas - j'ai besoin de savoir ce qui nous attend à Ponte-Vileau si les miséreux attaquent, ainsi que la manière de les combattre. C'est l'essentiel.

- Faut les rosser. Si vous êtes rapides, vous pouvez tenter de les diriger ou d'trouver c'qui les attire ou les dirige vers vous. Evrard en a déjà croisé, il les connaît. Ça s'crève comme des mollusques, avec un bon cout'las ou du sel en quantité...

Et pis qu'ça aime pas l'bon alcool, il paraît."


Le prêtre laissa tomber un long silence sur la conversation, avant de reprendre soudainement :

- " Mais jamais les miséreux s'attaquent aux villes. Sont trop bêtes pour y entrer ou passer les murs. Seul moyen qu'y-z'ont, c'est avec leurs pattes, mais la plupart ont pas d'pieds. Surtout qu'à Ponte-Vileau, n'a pas trent'trois entrées, alors..."

Et à nouveau, le prêtre se perdit dans ses pensées. Et à nouveau, le chevalier fit face aux ombres mouvantes, aux flots du paysage, à l'océan de verdure ridée.
***
Test d'INT, à -4, réduit à -2 grâce aux lanternes - Prestenent : 2, facile.
Enfin, ils approchaient d'une cité. Les lueurs lointaines ne cessaient de grossir, le terrain devenait enfin docile, le chemin s'élargissait. Gustave s'appuya soudainement sur Prestenent, lui intimant au passage :

- "Euh... Je... J'ai besoin de marcher. Vous permettez que je marche jusqu'à l'entrée de la ville ? Ils m'connaissent bien, ils vont pas nous empêcher d'passer. Je..."

Lorsqu'il se retourna, le chevalier ne remarqua rien d'anormal, tant il s'était habitué à la proximité de son passager. C'est alors que, dans un mouvement de sursaut, la robe détrempée du prêcheur révéla une étrange tache de sable sur un coté de la monture, juste au niveau de la croupe, en forme de fourchette ou de trident. Oui, c'était bien cela, il ne l'avait point rêvé : du sable s'était collé sur la cuisse gauche du cheval, formant les trois pointes reliées d'un trident. Peut-être que Prestenent avait manqué un tel détail dans la précipitation, ou bien celui-ci s'était-il révélé selon d'autres conditions.

De l'autre côté, ce qui parut d'abord être une preuve de sabotage de la part de "Gustave" - puisqu'une ligne huileuse s'était dessinée sur la patte du cheval - se révéla être d'un tout autre degré : Gustave, était en train de saigner.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent savait-il ce qu'était la peur ? Il avait toujours été persuadé que non. Il connaissait l'inquiétude, les vagues de stress paranoïaques qui inhibaient sa raison lorsque tout lui hurlait qu'un danger terrible approchait. Mais à ses yeux, ce n'était pas de la peur. Ces émotions ne le paralysaient pas, elles le faisaient agir sans réfléchir, elles lui faisaient bander tous ses muscles et pourfendre des adversaires intangibles et le plus souvent inexistants.
Confronté à l'horreur qui tapissait cette cabane, le jeune moussillonnais s'était détourné de l'image, choqué et répugné, car une autre sorte d'horreur avait pris le dessus sur son esprit. Prestenent en lui même n'aurait su mettre un nom dessus. C'était la panique.

Aussi il brandit son épée, s'imaginant que quelque chose pouvait surgir de n'importe où et n'importe comment, et son instinct lui dicta de sortir de cette pièce. Il se persuadait que le danger devait-être ici, mais nul n'aurait su dire s'il voulait échapper à la cause des meurtres ou se soustraire à la vision la plus macabre qu'il ait eu de sa vie. En tout cas, son assurance de chevalier lui avait permis sur le coup de crier à Gustave et de le tirer hors de ce lieu maudit. Une part de Prestenent raisonnait en se disant qu'ils trouveraient une explication et une solution une fois prudemment éloignés, une autre part de lui était purement et simplement en train de prendre ses jambes à son coup. En l’occurrence, la présence de Gustave fut une chose heureuse pour lui, car Prestenent pouvait se persuader qu'il ne fuyait que pour protéger le vieil homme. S'il avait été seul, il aurait détalé comme un lâche sur le coup, et n'aurait jamais pu le supporter.
D'un autre côté, s'il n'avait pas été obligé de suivre Gustave pour le protéger, il ne serait jamais entré dans cette cabane pour commencer.

Ils gravirent la pente aussi vite que ce sol traitre le permettait, et Prestenent eut l'immense soulagement de voir que sa monture était toujours là, l'attendant patiemment.
Ni une ni deux, ils enfourchèrent le cheval, et repartirent. Le fait d'être sur un cheval était en soit un contact rassurant, qui permit à Prestenent de retrouver un minimum de contenance et même de prendre la parole pour poser quelques questions à Gustave.

Son explication sur qui étaient les miséreux était étonnamment vague, et presque décevante. Ces créatures continuaient d'intriguer Prestenent, qui avait du mal à s'imaginer qu'elles soient si courantes dans la région. Gustave en parlait comme si elles avaient toujours été là et le seraient toujours, pourtant dans tous les récits de chevalerie qu'il avait entendu Prestenent n'avait jamais, au grand jamais, entendu parler de ces choses ou d'une quelconque fable s'en approchant. Les peux-vertes, les hommes-bêtes et autres mutants étaient des abominations bien connues combattues depuis les premiers âges de l'humanité, présentes partout et toujours présentes dans les chansons de geste ; mais ces miséreux lui semblaient bien obscurs. Il avait jusque là pensé que leur présence et leur existence même devait-être exceptionnelle, qu'il devait y avoir une raison à tout cela, à leur présence et à la tragédie de Bois-Giron. Pourtant non. Gustave semblait en parler comme si leur existence coulait de source. Comme les squelettes en Moussillon et les mouches sur la bouse, les miséreux étaient là.
Quelle horreur.

"Mais si ils ne s'attaquent jamais à des villes, dites moi donc ce qui s'est passé à Bois-Giron ? Quand j'y étais, la ville entière était enrobée de brume, et toutes les âmes qui y vivaient avaient été supplantées par ces mollusques répugnants. Les gens n'avaient pas assez de vinasse là bas peut-être ?!"

C'était inutile de s'énerver contre Gustave, mais Prestenent sentait malgré lui son cœur se révolter contre l'existence même de ces choses, et pour tout dire le discours de Gustave l'avait agacé. Qu'avaient donc au juste voulu les marcus dans tout ça ? Il était tenté d'interroger Gustave sur cette étrange fratrie, mais ils allaient bientôt arriver. Sentant une pression contre son dos, Prestenent se retourna pour jeter un coup d'œil.

Il remarqua la forme de trident sur la croupe de son cheval, mais ne s'en préoccupas pas vraiment. Sa curiosité dura une fraction de seconde, il se rappela que le marcus qui l'avait sauvé du donjon de Bois-Giron avait un symbole de trident sur lui et songea que cette bande d'illuminés se prétendant liés à Marcus de Bordeleau étaient peut-être allés jusqu'à peindre les armes du duché sur leurs chevaux. De toute manière, l'attention de Prestenent fut happée par autre chose de bien plus important.

On lui avait confié pour mission de ramener Gustave rapidement et en un seul morceau. Non seulement ils avaient accumulé un important retard, mais en plus il n'était pas tout à fait en un seul morceau. En tout cas, il saignait visiblement.

Aussitôt, Prestenent s'énerva, en même temps qu'il était inquiet. Il fit s'arrêter sa monture et s'exclama :

"Bon sang mais vous saignez ! Pourquoi ne l'avez vous pas dit plus tôt ?! Et puis, à quel moment... fichtre !"

Le chevalier mit pied à terre et tenta d'identifer la nature de la blessure. De toute manière, il ne pouvait rien faire pour le soigner, alors sa principale préoccupation était de savoir si il pouvait terminer le trajet jusqu'à Ponte-Vileau.

"Vous pensez vraiment pouvoir marcher jusqu'à la ville dans cet état ?"

La question était sincère. Prestenent ne savait absolument pas comment réagir dans une telle situation, et ne sachant ni comment traiter une blessure ni quelles seraient les effets de celle-ci, il ne pouvait plus que s'en remettre à la sagesse du vieil homme. Autant dire qu'il était désespéré.
D'un côté, il lui semblait que marcher jusqu'à la ville ne pourrait qu'empirer les choses, mais d'un autre il se demandait pourquoi Gustave insistait pour marcher, et si ça n'était pas en vérité supposé l'aider. Quoi qu'il en soit, Prestenent ne sachant rien de la marche à suivre, se fierait à la décision de Gustave lui même.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

"Vous pensez vraiment pouvoir marcher jusqu'à la ville dans cet état ?"

Avant de répondre, Gustave essaya d'abord de se placer plus confortablement sur la croupe de la monture, en vain.

- " Je... Y'en a-ra pas pour long, c'est juste que le ch'val c'est-ra pas pour moi... Enfin, y'en a-ra pas pour long... "

Ainsi, il pivota d'un quart sur lui-même, et glissa lentement jusqu'au sol, en grognant lorsque ses pieds touchèrent à nouveau la terre ferme. Il s'affaissa soudainement, et usant enfin de son bâton comme d'un appui, se mit à clopiner à côté de Prestenent. Il avait désormais les dents serrées, la mâchoire figée dans une expression dure et douloureuse, mais le reste de son corps avançait d'un pas régulier bien que toujours aussi étrange. Une fois qu'il fut remonté en selle, Prestenent entendit :

- " C'est une bon'nuit pour êt'en mer, ça... Une nuit en mer, pour un jour sur terre - Un jour sur terre, pour un mois en mer - Un mois en mer..."

Les paroles du prêtre se perdirent dans une sorte de psaume qu'il énonça et répéta à voix basse, et dont les principales paroles comparaient des durées passées sur terre et leur équivalent marin. Gustave ne donna aucune explication sur son cantique, et se mit même à avancer au rythme de ses murmures, comme si le vent côtier et la pluie fine n'existaient plus dans son monde à lui.

Pourtant, de son côté, le mousillonais recevait toujours des perles de pluie en plein visage et sur ses cuisses, et chaque bourrasque lui rappelait suffisamment à quel point il n'était ni sec ni réchauffé. La lune commençait à baisser à présent, et l'infime croissant qu'elle avait daigné exposer ce soir était désormais tout proche de l'horizon. Le ciel s'était couvert, le vent s'était stabilisé, et la bruine avait décidé de rester.

***

Test d'END - Prestenent : 15, raté.
Test d'END - Gustave : résultat secret.
Les derniers milles qui séparaient le duo de la cité fortifiée furent engloutis aussi rapidement qu'ils furent oubliés, car il n'y eut rien de neuf à signaler. Il y avait toujours ces collines ombragées, les ondulations vertes et sombres de cet océan végétal, des volutes mouvementées dans chaque parcelle d'obscurité, mais rien de plus à évoquer.

Les murs de Ponte-Vileau étaient toujours là, eux aussi. Le grand pont de pierre et de bois n'avait pas tremblé d'un cheveu, ni même les hommes d'armes disséminés sur la chaussée.

- "Halte ! Qui qu'vint là ?! Un pas d'plus et vous s'ra rossés !"
Test d'INT, à -2 : 9, raté.
Gustave s'arrêta instantanément. Il se redressa à l'aide de son bâton, et prononça quelques mots d'une voix enrouée :

- " Josse ? ... T'es miraud, Josse ? ... T'arrêtes les pêcheurs et lô ch'valiers maint'nant ?

- N-non m'sire, non-non-non. C'est qu'il fait crachin et qu'y voit rien avec c't'embrun, m'sire. Vous êtes qu'-euh deux ?

- Aye, ce s'ra mieux pour nous qu'oui. T'a-ra pas d'vin sur toi, dis ?

- Non-non, m'sire, pas d'besace en poste - c'est l'baron Evrard qu'a demandé ça au changement, m'sire - mais vous p-pouvez avancer, oui-da. Chopez pas la mort sous s'temps pleureur, m-m'sire."

Gustave acquiesça du chef, et fit un signe de tête à Prestenent pour qu'il passe devant avec sa monture. Durant le trajet sur le pont, le prêtre avait un peu ralenti sa cadence et limitait ses paroles à quelques râles et grincement de dents - même si le chevalier l'entendit ronchonner une fois dans une grimace :

- "J'aura ben besoin d'un d'mi litron... Vin-rat, d'un litron plein... Hrrr"

Et puis ils retrouvèrent les pavés et les maisons de la cité. Le vent disparut quelques pas après qu'ils aient franchis les murs, ne laissant que cette averse passagère pour gêner leur passage. De toute part, l'obscurité prenait place, et les bâtisses aux parois lisses ne laissaient aucun refuge temporaire face aux intempéries. Les seules exceptions à tout cela furent les quelques auberges et tavernes encore actives, d'où sortaient vapeurs et sons, odeurs cramoisies et chansons mouvementées.
Vous voilà de retour à Ponte-Vileau.

Comme la dernière fois, je te laisse faire ce que tu veux avant d'aller voir le baron. Il faut juste me le dire en Mp, afin que je puisse t'aider et t'aiguiller.
Tu peux décrire tout ce que tu souhaites faire, et si un pnj doit intervenir, on peut en discuter par Mp.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

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Une fois parvenu à la ville, Prestenent fut partiellement soulagé, mais pas entièrement. La rengaine répétée encore et encore par Gustave ressemblait aux délires fiévreux de quelqu'un qui allait tourner de l'œil, ou bien était-ce sa manière de ne pas songer à sa douleur. Prestenent l'avait regardé clopiner avec inquiétude, s'attendant à chaque instant à le voir s'effondrer, mais ce ne fut pas le cas. À ce stade, il ne se demandait même plus pourquoi le vieux fou avait refusé de faire les derniers mètres à cheval, car il lui semblait que pas grand chose chez ce Gustave pouvait être considéré comme rationnel. La seule chose qui préoccupait le chevalier désormais, c'était la manière traiter cette blessure. Et il n'en avait proprement aucune idée.

"Décidément je ne vous comprends pas. Si je vous demande de me laisser savoir tout ce qui est important, c'est parce que notre survie à tous deux en dépend. Pourquoi ne rien m'avoir dit à propos de cette blessure ? Diantre !"

Une fois en ville, il lui fallut prendre rapidement une décision. Fallait-il se précipiter au château du baron pour lui remettre un Gustave mourant ? Non, il fallait faire vite et lui trouver quelqu'un pour le soigner, et un verre de vin puisqu'il le réclamait avec insistance. Qui sait, c'était peut-être lié ? Le vin l'aiderait peut-être à aller mieux. C'est alors que Prestenent repensa à Paul et Baudre, se rappelant qu'ils avaient une chambre dans une auberge. Par chance, à cette heure, les seuls bâtiments éclairés étaient les auberges, et les rues bien plus désertes permettraient d'aller autrement plus vite qu'à son arrivée plus tôt dans la journée. Prestenent résolut d'y trouver un refuge temporaire, d'une part parce qu'il avait peur de ce qui lui arriverait s'il retournait chez le baron avec un Gustave en si piteux état, mais aussi parce que sa curiosité lui faisait se demander ce qui se passerait si l'homme de manass rencontrait les marcus. Entre fanatiques de la mer, peut-être se reconnaitraient-ils et avec un peu de chance les deux marcus pourraient lui expliquer certaines choses bien mieux que ne l'avait fait le vieil ermite.

Aussi il se pressa de mener Gustave à l'auberge, faisant un effort surhumain pour se souvenir de son emplacement qu'il n'avait pas jugé utile de noter. Il déboula sans prévenir dans la grande salle, et faisant fi de tout le reste, il lança au tenancier :

"S'il vous plait ! J'ai un homme blessé avec moi ! S'il y a quelqu'un ici qui puisse lui venir en aide, je prendrais à ma charge les soins. Offrez lui aussi un verre de vin de ma part, il en a fort besoin. Faites vite je vous en prie !"
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

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