-Un vrai accent de barbare de l'autre côté des Montagnes grises mon cher Klaus. Pour ce qui est de votre introduction à la cour...Car après tout vous n'êtes jamais venu ici n'est ce pas. Clin d’œil. -Il va falloir que vous sortiez par le judicieux rempart par lequel j'essayai hier encore de vous faire quitter ce château. Paré d'un autre manteau, ce rusé goupil va retourner dans le terrier. Elle vint lui prendre les mains, ajoutant une dernière chose :
-Et surtout soyez prudent. Je prendrais soin de vos affaires.
Une fois encore, le musicien, devenu maître à danser, métamorphosé en impérial, dû traverser les couloirs mal éclairés du Castel. Esquiver le passage des gardes et des domestiques. Il fallait ne pas se faire remarquer, avancer, passer la porte fatidique qui menait au chemin de ronde, et à la liberté.
Le soleil matinal se posa sur lui. Ô astre béni. C'était l'été, le matin était doux, chaud, réconfortant. Mais il fallait déguerpir vite avant qu'un homme d'arme ne le remarque.
Une fois atterri dans le fossé en contrebas au moyen de sa fidèle corde, Klaus, en attendant de trouver un nom aussi mirobolant que son style, décida de s'orienter vers le village à nouveau.
Par les sentiers dérobées de campagne pour ne pas être aperçu sur la route entre château et bourg, il pouvait apercevoir les paysans levés dès l'aube, dans les champs, dissimulés sous leurs chapeaux de paille ou leurs bonnets de lin. Les fermettes misérables et les masures à bestiaux s'étalaient entre les bosquets, les mares et les clôtures tordues. Mille odeurs retrouvées s'offraient à lui après son séjour à l'ombre. Terre, fleurs, fumier, l'odeur du ragout cuisant dans tel ou tel chaumière, celle des bêtes. Il était de retour dans son monde. Mais il n'était plus. Plus le musicien roux, il était un autre, un étranger, un impérial. Le paysan du cru dévisage déjà le voyageur, alors le voyageur aux allures d'estrangeois...
Lorsque les bâtisses de briques et de torchis du Gîte-au-Breton s'offrirent à son regard malicieux, lui s'offrait au regard méfiant des citadins. Il était revenu à la première étape de son voyage actuel. Mais pour les habitants, un curieux impérial venait d'arriver sur la grande place.