[Anne de Lanneray] Des comptes à régler

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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Armand de Lyrie
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par Armand de Lyrie »

Jusqu’à quel point puis-je faire confiance à ma mère ? Quel crédit puis-je accorder à ses paroles ? Lorsqu’elle réitère son serment d’épargner les gens de Derrevin, est-ce que cela peut suffire à me tranquilliser, à ne pas chercher désespérément un moyen de me retourner contre elle afin de leur assurer un sursis ?

Le truc, c’est que je crois à la sincérité de ma mère. Je crois au fait qu’elle pense véritablement ce qu’elle dit. Ce n’est pas ça qui me laisse des idées noires au fond de ma conscience. Non, ce qui me poursuit, c’est le fait que ma mère ne cesse jamais d’être sincère.
Elle est folle. Sa conscience est erratique. Elle peut tout justifier. Tout. Elle pourrait brûler Derrevin dès demain, hanter mes nuits avec les hurlements de ses gens, même après qu’elle m’eut promis deux fois de leur laisser la vie sauve, elle trouverait encore une bonne façon de se dédouaner, de créer des liens, de jouer sur des mots, afin de me forcer à lui pardonner – et si je résiste, elle n’aura qu’à prendre une voix tremblante et pleurer, et alors je serai à nouveau sous son emprise, et elle fera ce qu’elle veut de moi. C’est comme ça qu’elle a toujours fait. C’est comme ça qu’elle fera toujours. Pourquoi changer ? Je ne lui ai jamais donné de raisons de se remettre en question.
Même après avoir trahi ma famille, même après avoir provoqué sa mort, j’ai été trop lâche pour l’affronter. Elle sait que je ne peux que fuir devant elle. Elle ne le pense pas comme ça, je suis sûr, pas aussi cyniquement, mais elle le sait au fond d’elle.

« D’accord. Oui, d’accord... »

Constance. Cécilia. Symbiose. Penser à elle, c’est penser à mes derniers instants. C’est… C’était tellement atroce. Terrifiant. J’ai déjà eu mal. J’ai déjà été lacéré. Mais là c’était… J’ai senti la rapière me déchirer, sous mes os, dans mes entrailles. Je l’ai sentie ouvrir et écorcher mes organes, pour y déceler quelque chose de plus… De plus mystique.
Elle a raison ma mère. C’est mieux de l’oublier. J’ai envie de me garder de trop savoir. Et en même temps…

Constance, Cécilia. Elle insiste pour l’appeler ainsi. Peut-être que oui. Peut-être que Constance était revenue en Lyrie avec des visées bien à elle. Sa propre quête. Elle a utilisé ma mère, en profitant de la confusion qui régnait dans son esprit. Je sens que le sujet l’indispose autant que moi. Réalise-t-elle qu’elle est dupe ? Ou bien est-ce moi qui aie été berné ? Peut-être que Constance n’a jamais existé.
Est-ce qu’elle avait seulement un père, cette jeune fille aux yeux bleus si similaires aux miens ?
Si similaires à ceux de ma mère ?

Je reste avachi dans le lit en hochant de la tête. En acceptant ce qu’elle souhaite. J’ai envie de dormir. Non pas que j’ai sommeil ; J’ai envie de me forcer à m’endormir, mais Morr refuse de m’embarquer vers son domaine. L’inconscience ne vient pas. Je reste les yeux grands ouverts, scotchant le plafond.
Je serre des dents, et des poings. Trois jours dans le coaltar. Trois jours à subir. Trois jours à parler d’une petite voix, à avoir mon corps manipulé sous mes yeux. Trois jours que je suis mort.

« Et fait chier. »

Je me relève. Je pivote et saute hors du lit. J’ai besoin de lui parler. Mais pas tout seul. Pas en cogitant dans sa tête. Mais avec elle qui scrute derrière mes yeux, qui espionne depuis mon propre for intérieur. J’ai besoin… Besoin de l’extérioriser. De la confronter.

Je m’approche d’une commode de la chambre. J’ouvre un tiroir, le referme aussitôt en ne trouvant pas ce que je cherche. En tirant un autre, je découvre un objet : Un minuscule miroir, sale, terne, très légèrement marqué d’une rayure oblique. Sans doute un petit outil pour permettre aux hommes de passage de rapidement se raser ou se coiffer.
J’y découvre le visage de ma mère. Mes mêmes yeux bleus se reflètent, mais c’est une autre peau qui s’oppose à la mienne. Ses joues trop creuses, imberbes, à la place des miennes. Ses sourcils épilés, entourés de débuts de rides, au lieu de mes poils broussailleux. Quand je tourne la tête à gauche, elle fait de même, inverse. J’entrouvre les lèvres, et elle m’imite. Je papillonne des cils, et elle suit le mouvement.

Je suis elle, et elle est moi.

Je prends une mine de colère. Elle m’oppose exactement la même. Et je parle à voix haute, comme si elle était en face de moi, quand bien même elle me répondra tout de suite dans le creux de mes tympans.

« Non tu sais quoi ? Je sais c’est quoi mon problème. Ce qui tourne pas rond chez moi.
Je t’invente constamment des excuses. »


Je me tais. Lèche derrière mes incisives, le temps de réfléchir à comment exprimer, clairement, ce qui n’est absolument pas bien compartimenté dans mon esprit. Le bordel qui me sert de conscience.

« T’es une criminelle. Contre les lois des Dieux et du pays. Je t’ai vu faire du mal aux gens autour de moi. Être complice de tortures. Je t’ai vu briser des familles. Des paysans et des petits nobles. Je t’ai même vu tuer. Je sais que tu as tué.
Et chaque fois que tu fais ça, tu sais c’est quoi mon premier réflexe ? Je cherche un moyen de te pardonner. De t’excuser. De trouver… De trouver un moyen de te rendre irresponsable. Je rejette la faute sur les autres sectateurs. Sur Loyse. Sur papa. Sur moi, aussi. Et quand ça suffit pas, je te sépare. Je te distingue. Comme si ma maman n’était pas la même personne qu’Anne de Lanneray, magus d’une secte du Serpent. Je prétends que tu ne te contrôles pas parce que tu es folle, ou que tu souffres, ou que... Ou que t'as souffert à un moment de ta vie. Qu'importe, j'ai besoin de te pardonner, c'est plus fort que moi. Parce que je t'aime trop.
Mais ça peut plus fonctionner comme ça. Pas si on est pas honnêtes l’un envers l’autre. Sinon on va juste se détruire. »


Je détourne mes yeux du miroir. Mais je ne peux pas la laisser me répondre. Je ré-enchaîne bien vite. D’une voix plus hargneuse. Plus pressante.

« Tu veux tuer Margot de Ternant.
Dis-moi pourquoi.
Je ne me mettrai pas dans ton chemin. Je suis prêt à faire ce que j’ai toujours fait – te dédouaner, comme je ne cesse de le faire avec tous tes crimes.
Mais je resterai pas juste un passager si tu dois le faire. Je vais pas juste rester sans rien foutre dans un coin de mon propre corps. Et tu le sais. Tu dois t’en douter, comment je suis aussi erratique que toi. Tous les deux, on se fait pas confiance parce qu’on sait qu'on est imprévisibles. On s'aime, mais on peut pas diriger les actions de l'autre en l'excusant simplement par amour.
Alors dis-moi pourquoi veux-tu la tuer. Dis-moi honnêtement, explique-toi. Convaincs-moi de te suivre. Convaincs-moi de faire ce que tu veux.

Pourquoi veux-tu la tuer ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 05 août 2020, 19:00, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 33
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par [MJ] Katarin »

Alors même qu'Armand ne pouvait pas trouver le sommeil, Anne ressentait son trouble. Avant même qu'il ne se lève, qu'il la confronte, elle aussi se mettait à ressentir colère et tristesse en réaction anticipée à l'inévitable conflit à venir. Elle respecta pourtant son rythme, attendit qu'il trouve un miroir, et choisit de prendre le contrôle de son visage pour parler par sa bouche, son reflet dans le miroir se reflétant comme s'ils étaient de nouveau deux personnes distinctes.

- Et combien sont morts par ta faute ? répondit-elle pleine d'amertume, les sourcils froncés et la gorge sèche. Après m'avoir dénoncée, que l'ost du Duc et de Mélaine soit venu ici pour tous nous massacrer, quelles excuses t'es-tu trouvé pour te pardonner, Armand ?

Un élan de colère sourde aussi subit que terrible. Son poing gauche percute le mur de plein fouet. Le mur encaissa sans mal, seules ses phalanges en ressortirent douloureuses.

- Parce que tu es du bon côté de la loi ? Parce que la Dame t'a soufflé de punir les méchants ? C'est comme ça que tu trouves le sommeil les autres soirs ? Tous ces gens que tu n'as même pas eu le courage de venir voir mourir alors que ce sont tes mots qui les ont condamné, ils avaient des sentiments, des familles, des joies et des peines.

Elle serra le petit morceau de miroir de toutes ses forces, animée d'une rage noire. Mal dépoli, les côtés en verre perforèrent ses doigts, faisant couler des gouttes de sang le long des rebords, qui s'écoulèrent sur le sol. Pour Armand, il était évident que ce n'était pas le sort des cultistes qui était la source de cette fureur dans le cœur de sa mère : ils n'étaient qu'un paravent pour la représenter elle toute entière.

- Tu aurais pu partir sans rien dire. Quitter le duché avec une lettre d'adieu. Mais tu as choisi de faire "ce qui était juste". Ordonner notre mort à tous. Tout ça pour l'idylle chevaleresque d'une pétasse dans une mare. Je n'étais pas assez bien pour toi, je n'étais pas vêtue de blanc et pieds nus à chanter dans une chapelle, et contrairement à toi je faisais passer ma famille avant mes convictions. L'amour avant les commandements des Dieux... quels qu'ils soient.

La colère anesthésiait la douleur de ses doigts crispés sur le miroir. Le bruit des gouttes d'hémoglobine percutant le plancher ponctuaient ses mots prononcés mâchoires serrées, sa voix sifflant entre ses dents.

- Tu me juges pour avoir torturé et tué des inconnus, paysans inutiles et nobles indolents,alors que tu as trahi et mis à mort ta propre mère. Aucune des souffrances que tu ne me prêtes pour justifier mes actes ne pourra être à la hauteur de celle que j'ai ressenti sur le toit de notre château, lorsque j'ai aperçu l'armée du Duc approcher par l'ouest. Lorsque j'ai compris que tous les sacrifices auxquels j'avais consenti pour toi avaient fait de moi l'architecte de ma propre destruction. Lorsque j'ai su que tu m'avais condamnée.

Alors même qu'elle menaçait de tout emporter sur son passage, la rage de Anne retomba comme elle était venue. Ses doigts desserrèrent leur emprise, et de chaudes larmes se mirent à couler le long de ses yeux. Revivre ses instants les plus douloureux, les formaliser en mettant des mots sur sa mémoire semblait davantage raviver son désespoir que sa colère.

- Et même là... même là, j'ai espéré. Résignée, j'ai affronté l'ennemi, abattu des dizaines de chevaliers, dans l'infime espoir que peut-être je pourrais te voir une dernière fois. je les aurais tous tué cent fois si cela avait pu me permettre d'arriver jusqu'à toi. Mais ce fut Melaine qui vint à ma rencontre, et non pas mon fils. Et quand elle m'a appris que tu n'étais pas là, que désormais tu n'aurais plus à subir mon influence, que tu étais à l'abri loin du mal, je... j'ai laissé le désespoir me submerger. J'ai abandonné. Je l'ai laissée... me... parce que si tu ne m'aimais pas, si tu voulais me voir morte, si tu pouvais être plus heureux ainsi, alors je... je...

Ses mots moururent dans sa gorge, alors que ses larmes se déversaient sur ses joues. Après quelques secondes de silence, elle reprit néanmoins, d'une voix chevrotante trahissant d'abord sa tristesse résignée, mais qui reprenait peu à peu en force.

- Et tout ça pour quoi Armand ? Tu me l'as dit, tu n'as rien gagné. Personne n'a reconnu la qualité de tes sacrifices. Et quand bien même... On peut te fabriquer un magnifique mausolée, t'écrire des poèmes, narrer tes exploits dans les livres d'histoire, peindre mille fois des œuvres te magnifiant, quelle putain d'importance ? De vulgaires carottes pour t'appâter, pour que tu restes bien sagement dans le rang. Mais tu n'as qu'une vie mon trésor, qu'une seule, et une fois que tu es de l'autre côté, t'en as plus rien à foutre que ton nom soit devenu digne de louanges. Peu importe à quel point le portrait qu'on dressera de toi dans cent ans sera proche de la réalité, ça ne sera jamais vraiment toi, juste... une rémanence. Un pantin avec tes traits qu'on agitera pour les cours d'histoire. Une vulgaire déréliche, un fragment mensonger, condamné à revivre un moment glorieux en occultant le reste, pour faire rêver des gamins qui iront se sacrifier à leur tour en ton nom.
Aller mourir pour une rédemption illusoire en Orquemont après m'avoir tuée, c'est ça la fin héroïque que tu voulais, c'est comme ça que tu voulais conclure ta geste ? Tu aurais alors agi pour le bien commun, pour un dessein supérieur rendant le monde meilleur ? Mais grandis un peu ! La Dame, le pays, la noblesse, les lois, les vertus... ce ne sont qu'autant d'entraves pour te manipuler, t'obliger à te comporter selon leurs règles, et pour que tu offres ta vie à ces fadaises avec le sourire ! Ils veulent que tout soit ordonné, que tout le monde suive la petite destinée qui a été écrite pour chacun d'entre eux, que plus personne n'ait de libre arbitre. De vulgaires oiseaux, dans des petites cages bien rassurantes, qui à défaut de se pouvoir se libérer choisissent d'ignorer sciemment la perte de leur liberté en vantant les mérites de leurs chaines. Tu n'es qu'un pion sur un échiquier bien plus vaste, que tout le monde désire manipuler pour ses propres intérêts, enrobant la réalité pour que tu crèves en leur nom...


Elle s'interrompit tout à coup, se rendant compte du flot de paroles qu'elle venait de déverser, emportée par ses émotions. Se forçant à retrouver une respiration plus lente, elle retrouva son calme. Après un long soupir, elle conclut :

- Peut-être suis-je folle, tu as raison, oui. Peut-être... que j'ai mérité ce destin. Mais c'est cette folie qui m'a permis de faire ce que j'ai fait. De me libérer, de me dresser contre les dieux, de refuser la sentence apposée sur mon frêle petit bébé, sur mon trésor le plus précieux. Et j'ai gagné, Armand. C'est... c'est grâce à cette folie que tu honnis tant que tu peux aujourd'hui me juger avec ta moralité branlante.

Elle se regarda dans le miroir. Elle avait triste allure : des gouttes de sang séparaient son reflet en plusieurs morceaux dans le verre, et son visage ruisselant de larmes était bien lamentable. Elle renifla péniblement, soupira, puis se décida à reprendre le contrôle complet de leur corps. Trempant une serviette dans l'eau savonneuse, elle nettoya les plaies de sa main puis y appliqua des bandages rudimentaires. Ce n'est qu'après, retournant s'asseoir sur le lit en reprenant le petit miroir rougi, qu'elle répondit enfin à la question d'Armand d'une voix monocorde.

- Je sais que tu as vu Loyse, au château. Tu as vu... la chose sur son ventre. Contrairement à ce qu'elle affirmait, ce n'était pas un don du Prince pour sa loyauté. Elle a déniché un artefact je ne sais comment, un tableau datant de l'époque de Gilles, peint par Nicolas Naudin. Je ne l'ai jamais vu et ta mémoire confuse refuse de s'ouvrir à moi, mais je suis certaine que c'est celui que tu as trouvé à Cuilleux. C'est de là que lui est venu cette marque, c'était un cadeau de ce qui vit dans le tableau.

Anne était immobile sur le lit, sa voix était douce et calme, mais son cœur battait la chamade. Sa main libre se crispait lentement sur les draps, à côté de sa cuisse.

- Ça lui a donné des facultés qui se sont amplifiées d'années en années. Au début c'était superficiel mais peu à peu... ils se sont mis à l'aimer. A l'adorer. A la... vénérer. Ils se sont tous détournés de moi pour servir Loyse. Pas pour servir le Corrupteur, non, mais bel et bien la Dame de Ternant. Elle s'est insinuée dans leur tête, et a saboté leur libre arbitre pour en faire des pantins obéissants qui l'adulaient comme une déesse. Quand j'ai compris l'influence qu'elle avait gagné c'était déjà trop tard. Elle était devenue trop forte.

Sa main se serrait et se desserrait, ses ongles grattant contre le matelas. Armand sentait qu'elle tournait autour du pot, qu'elle dissimulait encore quelque chose, mais qu'elle se refusait même de laisser la moindre pensée se constituer de peur qu'Armand n'en saisisse la moindre bribe.

- Si Loyse est tombée, Margot accomplira les objectifs de sa mère. Cette catin te veut, elle t'a toujours voulu, et avec le pouvoir de Loyse, elle pourrait te... te... Armand, j'ai fait l'erreur de sous-estimer Loyse, d'ignorer le problème. C'est grâce au temps que je lui ai offert qu'elle a pu développer son pouvoir. Je ne laisserai pas à sa fille le même avantage : si nous ne la frappons pas maintenant, ce sera elle qui le fera plus tard, et alors nous serons condamnés à jouer selon ses règles. Convainc-toi que c'est pour le bien du pays si ça peut t'aider à trouver le sommeil, moi je sais qu'en la tuant c'est ta vie que je sauverais mon trésor.

Relâchant enfin les draps, elle releva lentement sa main tremblante, pour caresser du bout des doigts son propre visage.

- Tes choix de vie m'attristent, et j'espère encore pouvoir te convaincre de profiter de la vie que je t'ai offert autrement qu'en servant des gens qui ne te méritent pas... mais même si tu me détestes, même si tu me penses folle, même si tu m'as tuée... je t'aime Armand, c'est plus fort que moi.

Et elle se remit à pleurer, cette fois-ci sans plus aucune retenue, à chaudes larmes, tandis qu'elle se prostrait sur le lit, serrant ses genoux contre elle.



Jet de CHA : +4 pour bonus récents, -6 pour agression verbale :D
==> 7, réussi de 3.
Jet d'empathie : 5 - comme d'hab, tu cernes très bien ta mère - détails ajoutés dans les descriptions.

Tu as davantage affaibli ta chère maman mentalement, et le malus pour garder le contrôle en cas de rébellion de ta part passe de -4 à -6 pour elle (tu restes à -3, toi).

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Armand de Lyrie
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par Armand de Lyrie »

« Et combien sont morts par ta faute ? me demande-t-elle la voix pleine de fiel.
– Personne qui ne méritait pas ! » j’assène en retour, avec une pointe de persiflage désagréable, d’une haine que je fais passer pour narquoise.

Sans me répondre elle me lance des accusations – des chefs d'inculpation qui servent de miroir aux miens. On se parle sans s'écouter.
Elle défonce le mur. Et de la même manière que je la traite de criminelle, elle me taxe de traître.
La colère la gagne. Ça c’est un sentiment qu’on peut partager. C’est puissant comme poison, la haine. C’est peut-être le seul qui fait autant de mal à la personne sur laquelle on le déverse qu’au récipient qui le contient.

« Tous ces gens que tu n'as même pas eu le courage de venir voir mourir alors que ce sont tes mots qui les ont condamnés, ils avaient des sentiments, des familles, des joies et des peines.
– Et ils méritaient leur sort ! »

Je répète le jugement du Parlement Ducal. Plus fort. Plus véhément. La voix plus tremblante. Plus affirmée.
Et parce que je hausse le ton et que je ressens le besoin de réaffirmer le bon droit, c’est là toute la preuve que je doute moi-même de ce que je dis. Je crie pour convaincre. Mais je ne convaincrais jamais ma mère que son château, ses amis, son mari, ses chiens, elle-même, méritaient tous de périr pour une quelconque faute.
C’est juste moi-même que je veux convaincre.

Parce que c’était ma vie autant que la sienne.
C’était le château de mes ancêtres. Le donjon dans lequel j’ai grandis. La seigneurie dans laquelle j’ai cavalé. L’arbre dont je mangeais les fruits. Les branches que j’escaladais sous les moqueries de Margot…
Et ces monstres, ces brutes, ces bâtards meurtriers, ces usurpateurs dégénérés, ces violeurs et ces pillards, ils étaient tout mon monde. Mon mentor. Mon frère de lice. Mes compagnons de beuverie. Mes partenaires de danse. Ceux avec qui j’ai joué, bataillé, chanté, déliré ; Tous, mis au ban, déclarés hors la loi, indignes. Ignobles. Déchus.
On m’a demandé des noms. C’était là toute la hauteur de ma contribution. J’ai juste eu à bouger des lèvres, et exhaler leur prénom de naissance, à eux tous, aux vassaux, aux courtisanes, et ça a suffi au Duc et à ses sbires. Juste un nom pour promettre le destin de quelqu’un à l’éternité.
Mais ce qui touche le plus ma mère, la félonie la plus impardonnable, c’est le crime avec lequel j’ai nommé mon épée. Le mot qui raisonne. Que j’avais prononcé comme un serment résolu, pour la bannir, la torturer, et l’arracher de moi ; Elle n’a pu que trop bien le sentir.
Matricide.


Elle m’avoue alors qu’elle a laissé Mélaine la tuer en apprenant que je n’étais pas là. Elle ne trouve pas la force de le dire distinctement, mais elle me le fait bien assez comprendre. Alors, toute ma colère semble se dissiper pour simplement laisser la place à une honte salissante. Assez pour que le corps que nous nous partageons de manière chaotique, celui qu’elle torture en écrasant le miroir jusqu’au sang, soit prit d’un tressaillement le long de l’échine.


Elle parle. Longtemps. Très longtemps. Ça n’a pas tant d’effet que ça sur moi. Papa m’a déjà servi cette soupe, plusieurs fois. Non, je ne pense pas que la mort qui nous contemple soit une excuse pour vivre comme nous le souhaitons, avec tous les vices qui servent un plaisir immédiat au détriment des autres. Non, je ne pense pas que la chevalerie soit une entrave. Nous sommes seigneurs parce que le peuple a besoin de nous, et tous nos privilèges induisent nécessairement des devoirs – aucune hypocrisie de ma part, c’est ce que j’ai dis tant à Carlomax qu’à mon Duc lorsque j’ai porté la pétition de Derrevin.
Pourtant je n’ai pas la force de lui rétorquer quoi que ce soit. Parce que… Parce que je suis encore abasourdi de ce qu’elle a dit. J’ai toujours pris ma mère pour une femme très… Trop…
...Elle savait que j’avais trahi. Papa est mort parce que Loyse s’est retournée contre lui. D’une manière inexprimable, il a tenu à ma vie. Et il en a payé le prix bien avant que les bannières ducales approchent de mon château.
Mais maman ? Rien ne l’obligeait à rester derrière. Rien. Je pensais qu’elle était restée là par… Par haine. Par fierté. Qu’elle préférait mourir au milieu de ce qu’elle avait toujours connu et aimé plutôt que de vivre l’humiliation d’un exil contraint. Mais non. Elle a accepté de mourir si c’était la chose à faire, pas par devoir, juste par…
Par amour.

Ça me détruit plus que si elle avait déclaré me haïr. Plus que si je n’étais qu’un outil pour elle. J’aurais pu le croire. Qu’elle n’est devenue une Banshee que par un sortilège égoïste. Comme si je n’étais qu’une extension d’elle-même. Un bien dont elle pouvait jouir.
Mais non. Ce que j’ai toujours redouté est vrai. Elle m’aime. Elle m’aime comme une mère ne devrait pas aimer son fils.

Mais tout ce qu’elle dit est vrai. Elle m’a offert cette vie. Elle aurait dû se finir dans des glaires et des cris étouffés par des quintes de toux. J’aurais dû mourir comme d’autres frères et sœurs que mes parents ont perdu.
Ça excuse rien. Bien sûr que non ça excuse rien. Et pourtant… Pourtant à la sentir trembler, je ressens… Juste de la honte. Juste ça. Une énorme culpabilité. Alors que c’est elle la sorcière. La violeuse.



Alors seulement elle répond enfin à ma question. Pourquoi tuer Margot ?
J’aurais tellement aimé qu’elle devienne folle. Qu’elle fasse des erreurs dans ses arguments. J’aurais aimé qu’elle se renferme. Que je comble les trous tout seul.
J’aurais aimé pouvoir croire qu’elle ne voulait tuer Margot que dans un accès de jalousie malsaine. Cette petite pute que j’aime tant. J’aurais trouvé la force de lutter contre. De sauver une pauvre fille qui, comme moi, a été marquée et déchirée par ses propres parents qui devaient la protéger.
Mais non. Ma mère ne m’accorde pas ça. Elle me parle du tableau, dont j’ai pu contempler toute la splendeur gravée dans mon esprit. Elle me parle de cette marque, qui lorsque je l’ai aperçue une simple seconde fugace sur le dos de Margot, a immédiatement pu s’insinuer dans mon corps pour me diriger par des pulsions dévorantes…

Comment ne pas la croire, alors ?


Et elle répète qu’elle m’aime. Et elle pleure. De vrais pleurs. Trop pathétiques pour être feints. Des sanglots déchirés qui font mal à la poitrine. De la morve qui coule du nez. Le regard trop injecté de larmes pour ne pas devenir flou.

« Maman, je t’en supplie, arrête de pleurer... »

Je lui parle tout doucement, à voix haute, à travers ces cordes vocales qu’on se partage. Ma voix est cassante. Alors que nous étions pleins de hargne et de rage en même temps, à présent nous sommes déchirés par une angoisse mutuelle.

Je la serre dans mes bras – je me serre moi-même. Je cherche à lutter contre elle, pour l’aider. J’ouvre ma main pour caresser ma cuisse, pour la rassurer. J’attrape un des oreillers du lit pour qu’elle enfonce ma tête contre. Et je chuchote, en essayant de retenir mes larmes :

« Je ne te déteste pas. Je t’aime. »



Elle pleure longtemps. C’est comme si quelque chose avait cédé. Mais ma mère a toujours été une femme très émotive, capable des pires colères comme des crises de larmes les plus terrifiantes. Mon père était un peu pareil. Il était capable de passer une journée entière à rire, à s’amuser, à se nourrir de l’énergie des autres – et puis soudainement, il broyait du noir, regardait dans le vide, s’enfermait tout seul dans son étude pour boire. Je crois que j’ai un peu hérité ça d’eux. Ces changements d’humeur soudains.
Mais je la laisse pleurer. Elle en a besoin. Je me contente juste de la serrer. D’essayer de trouver ce que j’ai de force en moi pour la consoler.
Je l’aime comme un fils ne devrait pas aimer sa mère.



« Lorsque j’étais dans la forêt de Cuilleux, j’ai rencontré un chevalier Gasconnais… Un… Un sire. Evrard, qu’il s’appelait. »

Je commence mon récit alors qu’elle tremble un peu moins. Alors que ses sanglots se sont calmés contre moi, pour laisser la place à un silence gênant.

« Il cherchait un ami, un chevalier de la Quête qui avait eut une révélation de la Dame, et dont on n’avait plus de nouvelles. Enfin, il me semblait être un prud’homme, et j’avais… J’avais besoin d’avoir une quête à la con à poursuivre. Une raison de pas juste… Une raison de faire comme si j’étais un bon petit chevalier. Je lui ai dit qui j’étais, mon histoire, je lui ai dit toute la vérité. Tu te souviens ce qu’il disait, papa, sur les secrets et leur importance ? Je ne l’ai pas écouté sur ce coup-là. Ça a pas gêné Evrard. Il a accepté de m’enrôler malgré tout. Il a dit que j’étais un brave homme, que tous les aristocrates étaient pas comme moi. Un brave homme, oué. »

Je mouche notre nez dans ma ridicule écharpe paysanne achetée à Derrevin, pour soulager ma maman. Et je continue mon récit d’une petite voix.

« Et j’ai été un bon petit chevalier, maman. Je suis allé me perdre dans la forêt de Cuilleux. Je suis tombé malade, mais j’ai continué de l’accompagner au fond des bois. J’ai été grièvement blessé en partant en éclaireur pour lui rendre service, mais j’ai pas cessé d’aller de l’avant avec lui.
Je l’ai vu devenir fou devant un charnier, et se mettre à profaner des tombes. Je lui ai demandé d’arrêter. Il a immédiatement essayé de me cogner avec une pelle.
Le chevalier de la Quête qu’il cherchait était un serviteur du Serpent. Je l’ai appris plus tard. J’ai quitté ce qui me poursuivait en Aquitanie pour revenir en plein dedans, et le premier gars que j’ai pris pour un juste, voilà ce qu’il était. »


Je me tais. Je crois que maman ne sait pas où je veux en venir, mais elle m’écoute.

« Il aurait pu me dire ça dès le départ, après que je lui ai confié mon propre fardeau avec toute mon honnêteté. Il l’a pas fait.
Je me suis réveillé à Derrevin, avec mes blessures soignées. C’est là que j’ai rencontré Carlomax. Il a commencé toutes ses diatribes, sur la justice, le salut de sa ville, et… Et tout le toutim. Il m’a demandé si je croyais à la chevalerie ; Putain, maman, je lui ai dit avec toute ma naïveté que ouais, j’y crois à la chevalerie ! Alors il m’a demandé d’aller négocier le salut de sa communauté auprès du Duc.
Bien sûr, il m’a dit qu’il avait entendu parler de moi, que j’étais un exemple de chevalerie, que j’étais un brave type… Et il m’a envoyé tout seul, sans aide, en prenant tous les risques. Il n’a pas eu à me confier qu’il avait secrètement subtilisé une cargaison d’arbalètes automatiques en même temps qu’il m’avait ramené dans sa ville. Pourquoi ça serait important que je sache ça, hein ? Je ne lui en veux même pas pour ça. Non, ce que je trouve plus étrange, c’est l’insistance avec laquelle il a déclaré vouloir garder le tableau sous clef. Alors même qu’il a lui-même laissé un Slaaneshi du nom de Jourdain entrer chez lui pour dicter ses conditions. Est-ce qu’il se rendait compte qu’il se foutait de ma gueule en déclarant que je serais plus discret en allant sur les routes du duché sans un de ses hommes, mais pas assez pour confier un artefact si dangereux aux Damoiselles de la Dame ? »


Je me relève. Sèche nos yeux. Et je reprends, avec un aplomb décuplé.

« En chemin, j’ai décidé de m’arrêter chez les Maisne, parce qu’un cousin m’avait dit que le chef de maison m’invitait. Eux aussi ils m’ont couvert de compliments ! Tu parles, je leur ai offert l’opportunité du siècle de mettre fin à leur guerre générationnelle avec les Elbiq. Oh, ce vieux renard de Brandan, il était très heureux de m’inviter à sa table, il aurait pu me tirer la joue, ce chacal. Il en est allé à me confier à demi-mots la manière avec laquelle il était bien chagriné que le Duc ne l’invite plus au conseil et prenne des décisions seul, des fois que, sait-on jamais, je sois en route vers la capitale…
...Dès qu’il a appris que je venais de Derrevin et que j’allais parlementer en leur nom, lui et son enculé de frère ont bondi. Fiers Maisne, une maison si respectueuse de la Dame, de la féodalité, des serments vassaliques – ils voulaient profiter de la révolte d’un peuple contre leur seigneur corrompu simplement pour les bouffer derrière. Spolier des terres qui ne leur ont jamais appartenu, alors qu’ils ne se sont jamais bougés pour en défendre les sujets. »

Je grince des dents.

« Mais ensuite j’ai atterri au donjon ducal.
Maman, je suis entré dans ce palais ridiculement grand, là où des Roy ont régné il y a des siècles. J’ai vu de mes yeux l’Oriflamme de la Dame, celle que Saint-Gilles a porté au travers des douze batailles légendaires. J’ai vu le descendant de Saint-Frédémond en personne, assit sur son trône, ses yeux pétillants de la vitalité offerte par le Graal, avec sa… Majestueuse prophétesse dans son dos. Les représentants de tout ce qu’il y a de plus noble et de plus beau dans notre pays.
Il m’a dit que j’étais… Une fleur qui a poussé au milieu d’un charnier. C’est pas un petit compliment. Et ils m’ont confié la tâche de tuer ton esprit torturé et transformé en Banshee. »


Je la sens se crisper. Elle n’a pas envie que je ressasse ces souvenirs.
Mais je continue.

« J’ai accepté. Par honneur chevaleresque. Par devoir. J’étais prêt à le faire. Pas pour gagner quelque chose, pas pour voler qui que ce soit, pas pour spolier un fief comme les Maisne, pas pour cacher la vérité comme Evrard, pas pour assurer mon pouvoir comme Carlomax. J’étais prêt à aller te confronter, juste parce qu’on me le demandait. Et rien d’autre. Sans arrières-pensées.
Mélaine a attendu patiemment pour me révéler le lien que tu avais créé avec Symbiose. Elle aurait pu me le confier bien avant notre départ. Mais non. Elle a attendu que je sois entouré de chevaliers qui me haïssaient, et d’arbalétriers qui devaient plus tenir à leurs vies qu’à ma rétribution.
Dans la salle d’apparat… Quand tu as… Quand tu t’es défendue… Je t’ai imploré de l’épargner. Et tu m’as écouté. Et sans arrières-pensées, alors qu’il aurait été plus simple pour toi de tous les tuer et de me prendre de force, tu as accepté de leur laisser une chance de partir.
La seconde où tu t’es retournée, Mélaine m’a menacé et ordonné à ses sicaires de dégainer leurs épées contre moi. C’était ça, leur tout premier réflexe, instinctif. »


Je me tais. Je reprends de la salive.



« Ils sont tous drapés de probité. Tous. Le chevalier errant torturé entre ses serments. Le herrimault révolté contre les serviteurs du mal. Le seigneur qui a tué un Hippogriffe. La prophétesse du Graal… Tous, tous des héros de notre patrie.
J’ai vu la manière avec laquelle ils me traitent. Pour avoir fait mon devoir, pour avoir fait ce qui était attendu. J’inspire pas autre chose que le mépris. Ils me haïssent, ou ils veulent m’utiliser. Et ça durera longtemps. Parce que je leur rappelle leurs propres vices. J'ai gâché leur petite idylle.
Il n’y a qu’une seule âme sur toute cette Terre qui me regarde sans arrières-pensées, sans filtre, honnêtement.
Et c’est toi... »


Coudes sur les genoux. Je baisse ma tête et passe mes mains dans les cheveux. Je tire mes mèches, fort, tant cette conclusion me fait mal.

« J’ai vu la marque de Loyse sur une Déréliche… J’ai vu… Cette… Les derniers instants de papa… Ce qu’elle lui a fait…
Maman… Margot a la même marque dans son dos… El-elle… Elle me l’a montrée à Derrevin… Et… Et je l’ai sentie m’appeler… Plus fort que tout ce que j’ai jamais vécu…
J-J’avais envie de l’adorer, plus fort que tout autre chose… »


Adorer. C’était le mot que ça m’avait inspiré. Cette putain de marque.

« Le Temple de Shallya dit… Les prêtresses pensent pouvoir la soigner… Mais j’ai vu comment… Comment tout le monde au village lui bouffe dans la main… Comment ils papillonnent autour d’elle... »

Maintenant c’est moi qui pleure, et qui utilise une toute petite voix.

« Maman, pardonne-moi…
Je te supplie de me pardonner…
Loyse, elle méritait de crever… Quentyn, Baudouin, tous les autres, je veux pas pleurer pour eux… C’étaient des chiens…
Mais toi et papa, j’ai… J’ai vu comment vous avez refusé de suivre, même après… Même après comment je vous ai trahis. Je l’ai vu de mes propres yeux…
Vous m’avez tout donné et j’ai tout détruis… Je suis tellement désolé... Pardonne-moi... »


J’enfonce mes ongles ensanglantés dans ma nuque. Et je me ronge la peau d’angoisse.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 11 août 2020, 10:28, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 39
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par [MJ] Katarin »

Anne écouta son fils religieusement. Ravalant sa tristesse, Armand put ressentir toute l'attention qu'elle lui prêtait, l'importance qu'elle accordait à chaque mot de son récit.
Elle n'avait jusque là jamais fait qu'effleurer la mémoire de son fils, de crainte de mêler leurs esprits de manière irréversible : c'était bien le risque d'ainsi se confier l'un à l'autre toujours davantage. C'est pour cela qu'elle le laissait le plus souvent dans un état apathique pendant ce voyage. En partageant chaque réminiscence de son passé, on partageait également les émotions associées, les ressentis, et le souvenir de l'un devenait aussi celui de l'autre. L'esprit humain n'était pas fait pour accueillir deux mémoires différentes, et il se protégeait alors de l'unique manière qu'il avait à sa disposition : tenter de faire fusionner les deux entités pour se créer une unicité.

C'était pourtant quelque chose qu'Anne désirait : elle avait même osé l'avouer à son fils quelques minutes plus tôt. Mais elle ne voulait pas le lui imposer. Elle lui avait rendu le contrôle ce soir pour qu'il redevienne familier de son propre corps, qu'il retrouve assez d’individualité pour qu'ils restent dissociés. Mais c'était son choix, à lui, d'utiliser le temps à sa disposition pour échanger avec elle, pour partager leurs émotions, pour pleurer ensemble.

Elle n'avait jamais dominé le culte slaaneshi que dans l'espoir d'animer de quelque émotion, même extrême, sa triste carcasse. Plaisir et souffrance, une quête vaine vers des abîmes sans fin qui la rongeaient sans jamais réussir à la contenter. Mais Armand... il avait donné du sens à sa vie. L'amour qu'elle avait ressenti pour ce frêle petit bébé, il était tellement différent de tout ce qu'elle avait jamais pu ressentir, y compris pour son mari ou pour elle-même. Une étincelle d'espoir dans une mer de corruption. Elle avait tout fait pour le protéger du monde... sans être capable pour autant de le protéger d'elle-même.

Anne se détestait. Elle le savait. Toute la rage, toute la colère, toute la haine qu'elle ressentait et qu'elle avait momentanément dirigé contre son fils. Parce qu'il l'avait "trahie". Un mensonge. Une conséquence qui cache la cause. Elle le savait, au fond, sans jamais réussir à se l'avouer pleinement, sans pouvoir le formuler avec des mots qui rendraient concrets une vérité aussi amère. Mais quand on ne s'apprécie pas, il est humain de vouloir se fondre dans l'être aimé, celui qu'on idolâtre.
Aussi, malgré les risques, Anne n'empêcha pas Armand de se confier, au sujet d'Evrard, de Carlomax, des Maisne, du Duc. Elle le laissa ouvrir les vannes, silencieuse, à l'écoute de sa progéniture qui avait besoin de lui parler.

Et alors qu'il conclut son récit en pleurant, en se rongeant la peau, en griffant sa chair, Anne de Lanneray ne put résister à l'appel de la tristesse de son fils. Dans une parodie d'embrassade, elle fit mouvoir lentement ses bras autour d'elle-même pour s'enlacer, et laissa son âme envelopper celle de son fils. Sa propre détresse n'avait aucune importance face à celle d'Armand : elle oublia aussitôt ses propres griefs, ses peurs et son chagrin, et se concentra toute entière sur son instinct maternel : son fils n'allait pas bien, et c'était son devoir de le consoler.

Dans un corps malmené par une cavalcade de longue durée, avec un mental affaibli par l'effort dans son perpétuel affrontement entre les deux entités vivant dans son esprit, la tristesse d'Armand ne pouvait aller sans être accompagnée d'une intense fatigue. Dans les bras oniriques de sa mère, il trouva le peu de réconfort nécessaire pour s'apaiser, et s'endormir au son de sa voix qui chantonnait une berceuse.


La berceuse en question :
Je la trouve tout particulièrement adaptée, mot pour mot, à l'actuelle situation, avec un message d'amour teinté de Slaanesh, et recommande donc très fort de l'écouter et/ou a minima d'en lire les paroles :3
You with the sad eyes
Don't be discouraged
Oh I realize
Its hard to take courage
In a world full of people
You can lose sight of it all
And the darkness inside you
Can make you feel so small

But I see your true colors
Shining through
I see your true colors
And that's why I love you
So don't be afraid to let them show
Your true colors
True colors are beautiful
Like a rainbow

Show me a smile then
Don't be unhappy, can't remember when
I last saw you laughing
If this world makes you crazy
And you've taken all you can bear
You call me up
Because you know I'll be there

And I'll see your true colors
Shining through
I see your true colors
And that's why I love you
So don't be afraid to let them show
Your true colors
True colors are beautiful
Like a rainbow

If this world makes you crazy
And you've taken all you can bear
You call me up
Because you know I'll be there

And I'll see your true colors
Shining through
I see your true colors
And that's why I love you
So don't be afraid to let them show
Your true colors
True colors
True colors
Shining through
I see your true colors
And that's why I love you
So don't be afraid to let them show
Your true colors
True colors are beautiful
Like a rainbow

***


Anne cavalait à toute allure sous la pluie battante, penchée en avant sur le dos de Ravel, criant sans discontinuer quelque motivation pour l'enjoindre à ne pas s'arrêter malgré la fatigue. Elle devait en finir au plus vite, s'il n'était pas déjà trop tard.

Slaanesh, qu'avons-nous fait ?

Elle avait vu leurs mains ce matin. Elle avait remarqué les cals de l'entrainement à l'épée qui s'étaient atténués, leur pilosité qui s'était réduite, leurs doigts qui s'étaient légèrement affinés.
Elle n'avait pas voulu vérifier la longueur de leurs cheveux en les touchant, mais elle les sentait maintenant bouger au gré du vent, et caresser ses oreilles alors que la veille encore ils étaient trop court pour se faire.
Elle n'avait pas voulu se déshabiller pour voir de ses yeux ce qui avait pu changer encore, et espérait que seules leurs extrémités avaient été touchées.

Elle avait renvoyé l'esprit d'Armand dans son état apathique, simple spectateur somnolent de leur chevauchée vers Derrevin. Parce que rester seule lui permettait de séparer le "moi" du "lui". Parce que la différence devenait nuance, parce qu'elle ressentait désormais elle aussi le besoin de protéger ce village et ses habitants, parce qu'elle se sentait désormais elle aussi éprise de ce caprice étrange, de faire ce qui était "juste".

Elle essayait de se convaincre qu'elle ne l'avait pas forcé. Que c'était aussi sa volonté propre, et pas un fragment d'elle-même qui s'était insinué en lui. Qu'il le voulait.

Elle essayait de se convaincre que tout cela était pour le mieux, pour tous les deux. Que jamais leur amour ne pourrait être plus beau que sous cette forme.

Elle essayait de se convaincre qu'elle n'était pas en train de tuer son fils en lui dérobant une partie de son libre arbitre, à l'instar de ce que Loyse faisait.

Plus vite, Ravel, par pitié, plus vite...



***



Le soleil se couchait lorsqu'Anne arriva à la frontière sud de Derrevin, bien qu'elle n'ait pas vu l'astre solaire de la journée, caché qu'il était derrière des nuages l'ayant inondée toute la journée. Quittant les grandes routes, elle avait choisi de prendre un petit sentier, par lequel seuls les coursiers passaient mais jamais les marchands, la faute à une route trop mal entretenue. Particulièrement boueuse à cause de la pluie, elle avait espéré pouvoir ainsi éviter les patrouilles aux frontières qu'Armand avait pu croiser à l'aller. Elle déchanta bien vite lorsqu'elle fut contrainte de s'arrêter : face à elle, la route était barrée par de sommaires barricades en bois, et gardée par une demi-douzaine d'hommes d'armes équipés en maille et en cuir. Leurs armures ne portaient aucun blason, mais un étendard accroché aux palissades affichait les couleurs des Maisne, avec sa paire d'ailes bleues et blanches. A leurs trognes, il était évident que pas un n'appartenait à la noblesse : il fallait croire qu'afin de garder un œil sur les entrées et sorties de la seigneurie de feu Binet vingt quatre heures sur vingt quatre, la famille Maisne avait du se fier à de la vulgaire soldatesque tout autant qu'à des chevaliers de seconde zone comme Thevot.

Puant la vinasse, le visage crasseux et la voix éraillée, leur chef de fortune signala à Anne qu'elle n'avait pas le droit d'entrer sur les terres de l'ancien serviteur de Nurgle : c'était dangereux mon cher monsieur, plein de herrimaults sanguinaires qui n'attendent que la venue de jeunes innocents désarmés dans son genre pour les égorger et voler vêtements, monture et richesses. Heureusement, la famille de Maisne avait étendu un cordon de sécurité pour protéger l'Aquitanie de ce fléau, et empêcher les jeunes hommes détrempés et sans défense dans son genre de se faire malmener.

Lorsqu'Anne sortit de son paquetage le décret officiel nommant son fils à la tête de Derrevin, le soudard resta immobile comme un idiot pendant quelques secondes, ses deux neurones se battant en duel pour tenter de savoir quoi faire de la situation. Il ne savait pas lire, bien sur, mais il n'était pas idiot au point de ne pas identifier le sceau officiel du Duc sur le parchemin. Néanmoins, voir cet homme seul, sans armure ni épée, se pointer en affirmant être le nouveau seigneur des lieux était tout particulièrement difficile à accepter. Finalement, après s'être fait sèchement rabroué par Anne sur son droit à interroger un chevalier du royaume d'Aquitanie, il sembla reconnaître que malgré l'incongruité de la situation, l'autorité du Duc prévalait sur celle du seigneur de Maisne, puisqu'il s'excusa maladroitement avant d'ordonner en hurlant à ses hommes de s'écarter du passage.

Anne ne laissa pas le temps à son esprit aviné de tenter de nouvelles réflexions : sitôt la voie ouverte, elle talonna sa monture qui poursuivit sa course frénétique vers Derrevin.


***


La nuit était tombée depuis belle lurette lorsque le village de Derrevin fut en vue. A première vue, rien n'avait changé ici : ses sommaires murailles en pierre étaient toujours intactes et les lanternes illuminaient la nuit en haut des tours de guet. Plusieurs colonnes de fumée grise s'élevaient au-dessus du village, correspondant aux braseros qui y étaient allumés pour éclairer les rues de nuit.
Pourtant, quelque chose d'étrange dérangeait la sérénité de Anne. Tout d'abord, elle n'avait pas croisé le moindre habitant sur la route : bien sur, de nuit, toutes les fermes étaient inactives et ses habitants endormis, mais il était surprenant que face à l'agressivité des Maisne aux frontières, aucun éclaireur ne soit présent sur la route pour surveiller d'éventuelles intrusions.
Et ensuite, surtout, l'énergie aethyrique qu'elle sentait s'agiter en direction de Derrevin n'augurait rien de bon. Quelque chose ou quelqu'un utilisait la sorcellerie dans le village, et qu'il s'agisse de Margot ou de Mélaine, la nouvelle s'annonçait mauvaise.

Épuisé mais obéissant, Ravel franchit les dernières centaines de mètres séparant Anne des portes de Derrevin. Ces dernières étaient grandes ouvertes, et une seule personne s'occupait de les garder. Il s'agissait du fils du forgeron, celui avec un bandeau sur l’œil et l'oreille ébréchée, qu'Armand avait pu apercevoir vaincre ses camarades miliciens à l'entrainement avec un simple bâton. D'ailleurs c'était la seule arme à sa disposition, une longue tige de fer qu'il tenait d'une main, le bout planté dans le sol.

- Sire Armand de Lyrie, enfin vous voilà ! s'exclama t-il avec une joie qui ne semblait pas feinte. C'est un plaisir d'vous voir d'retour parmi nous, mais s'il vous plait hâtez-vous ! La cérémonie va très bientôt commencer, et Dame Margot a supplié toute la nuit pour que rien ne commence tant qu'vous serez pas à ses côtés.

S'écartant des portes, il fit un geste du bras en direction de l'intérieur de la ville, vers le chemin longeant les murs nord, celui qui menait directement à la caserne, aux ruines du château de Binet, et au temple de Shallya. Comme pour guider sa venue, seuls les braseros de cette route avaient été allumés, laissant toute la partie sud de la ville dans la plus parfaite obscurité. Il n'y avait, de toutes manières, pas l'ombre d'un individu présent dans les rues, : pas de miliciens qui patrouillent ni de bruit dans la proche taverne de Jacquot.

Anne resta interdite, hésitante. A côté d'elle, le fils du forgeron attendait visiblement qu'elle avance pour la suivre. Elle avait la certitude qu'on leur tendait un piège, que ce chemin trop bien balisé les envoyait droit vers la gueule du loup. Mais si l'engeance dégénérée de Loyse avait préparé quelque embuscade pour Armand, elle n'avait pas pu prévoir la présence de sa sorcière de mère.

Armand, je sais que tu réserves tes forces pour tenter de reprendre le contrôle le moment venu. Nos esprits sont liés, tu ne peux plus rien me cacher. Je ne t'en veux pas, mon trésor. Je ne veux plus aller contre ta volonté. Je vais te rendre ton corps, et m'effacer. Je vais devoir dissimuler ma présence, concentrer tout mon pouvoir et toute mon énergie pour ne plus être visible aux yeux de ceux dotés d'un sixième sens. Je sais que tu veux lui parler, malgré mes avertissements. Et le moment venu, lorsqu'elle te dévoilera toute sa perversité, lorsqu'elle tentera de t'attirer à elle par quelque promesse suintante, alors jure-moi que tu me libéreras. Que tu me donneras délibérément le plein contrôle. Elle ne s'y attendra pas, elle n'aura pas le temps de se protéger, et nous serons enfin délivrés du danger qu'elle représente. Jure-moi, s'il te plait, mon trésor, mon amour...



***


Jet de mental d'Armand : 14, raté de 5...

==> A l'instar du sexe, partager vos émotions, pleurer et vous ouvrir l'un à l'autre n'aide en rien à vous distinguer. La situation empire donc pour Armand qui avait déjà des problèmes de reflet : son corps change désormais imperceptiblement - ce ne sont que de menus détails pour le moment, mais un autre jet échoué dans ce sens commencerait à vraiment sceller ton sort, méfie-toi.
Quelques exemples de changement : cheveux qui ont poussé de quelques centimètres en une nuit, la pilosité sur tes mains et poignets s'est réduite, tes doigts se sont affinés, tu as perdu un centimètre, ta voix se fait un peu moins grave, des grains de beauté ont changé de place, etc.
Sens toi libre d'interpréter à ta convenance : mais rappelle toi que tout cela est finalement très peu visible pour autrui : toi tu connais ton corps par cœur donc la moindre différence devient une gêne mentale, une bizarreté qui fait bugger ton ciboulot : mais pour autrui, personne ne sera assez observateur pour voir ces tout petits changements... tant que ça ne s'aggrave pas davantage.
Ah, et un nouveau pdc de Slaanesh s'invite sur ta fiche, car malheureusement l'esprit de ta maman vient avec son lot de perversité...

Course :
(D'un côté, Mélaine et Albert sont partis avec pas mal d'avance - de l'autre, ils ne se savent pas en compétition avec Anne, et Albert avait pas mal de blessures à soigner, donc ils ont avancé plus lentement. Considérant ces deux points, je considère donc qu'un duel à force égale d'endurance + rapidité de leurs montures permettra de savoir qui arrive le premier à Derrevin)

Jet de (RAP+END) de Ravel (sur 11) : 3, réussi de 8.
Jet de (RAP+END) des chevaux de Mélaine + Albert (sur 12) : caché.

Jet d'éloquence de Anne sur les hommes d'armes : 7, réussi de 6.

Jet de sens de la magie de Anne : 13, réussi de 1.
Jet de perception : 19, raté.

Pour finir, j'ai compté, sur ces derniers posts tu as réussi 5 jets successifs de CHA sur ta chère maman. En conséquence, je considère qu'elle est désormais totalement "en paix" vis à vis de toi, et te refait une confiance aveugle malgré tous vos précédents : ce qui se traduit par sa dernière décision.

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Armand de Lyrie
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par Armand de Lyrie »

Anne de Lanneray est un monstre.
C’est une sentence officielle. Un jugement rendu par un Duc selon la loi des Dieux et du Royaume. La liste de ses forfaits est longue, et elle ne profite d’aucune circonstance atténuante. Absolument aucune.
Elle était consciente de ses actes, et disposait de la pleine possession de ses moyens, lorsqu’elle a commis une longue série de fautes et s’est adonnée aux pires vices qui ont fait souffrir la terre et les sujets du bon Roy Louen. Sorcellerie. Chantage. Enlèvement. Maléfice. Extorsion. Assassinat. Certains complices de mon père ont pu tenter d’échapper au billot et au lacet étrangleur en rejetant toute la faute sur leur seigneur et maître, bornant leurs propres actes à de l’exécution, parfois même involontaire, à ses complots. Ma mère a eu ses propres desseins, et est vite devenue son alliée et partenaire dans des frasques qui auraient pu faire sombrer l’Aquitanie, comme la cruauté et l’intrigue d’hommes mauvais a fait sombrer le Moussillon il y a bien longtemps.

Anne de Lanneray est un monstre. Même la mort n’a pas su faire cesser ses crimes. Même avec son corps froid, déchiré par la magie d’une Prophétesse et abandonné aux flammes d’un donjon anéanti, elle a su s’accrocher au monde matériel pour ôter la vie à de nobles chevaliers. Artur de Fluvia n’avait pas dix-huit ans. Il ne faut jamais l’oublier.

Anne de Lanneray est un monstre. Et c’est ma maman.
Pas ma mère. Pas seulement ma mère. Pas juste celle qui m’a porté. Qui m’a transmis du sang, et une race. Des mères en Bretonnie, il y en a des centaines de milliers, pour accoucher des futurs nobles enfants du pays qui pourront grandir en regardant les femmes et les paysans de haut, avant de faire trembler le monde entier sous les sabots de leurs destriers. Anne de Lanneray n’a jamais été une simple mère. Elle a été ma maman.
Elle m’a allaité. Elle m’a choyé. Elle m’a gardé. Enfant, elle m’habillait. Elle jouait avec mes chevaliers en bois, assise à côté de moi. Elle me racontait avec plein d’emphase des histoires de sires héroïques qui trucidaient des Orques et des Arabéens pour sauver leurs amantes, en me montrant les magnifiques enluminures pour m’émerveiller. Elle m’a appris à danser. Elle m’a peint en tableau.
Elle me faisait prendre le bain.
Elle s’invitait dedans.
Elle me touchait.


Ce ne sont pas deux femmes différentes. Le monstre et la maman. Elles ont toujours cohabité ensemble. Elles ne sont même pas si antagonistes que ça. Elle a tout fait pour moi. Elle a toujours tout réalisé, et entrepris, uniquement pour moi. C’est pour moi qu’elle est allée chercher Symbiose. Pour moi qu’elle a repoussé Loyse. Luttait-elle beaucoup avec mon père ? Lui aussi m’aimait, à sa manière. Lui aussi a volé, tué, fait usage de faux, dans l’espoir de m’élever. Quels parents aimants et dévoués j’ai eu la chance d’avoir.


J’ignore en qui je peux avoir confiance. Je ne sais plus quoi croire.
De nombreuses fois, j’ai imploré la Dame – non pas pour qu’elle m’aide. Je l’ai implorée de me donner tout l’inverse. Je l’ai implorée de me donner la douleur, la peur, et la solitude, tout ce que personne ne veut, car il n’y a que lorsqu’un homme est confronté à ces affres, qu’on découvre véritablement de quoi il est constitué. Il y a tant de preux chevaliers dans notre Royaume, qui ont toujours la Dame aux lèvres, depuis leur enfance, alors qu’ils n’ont jamais vu l’horreur du monde qui se trouve derrière les vitraux scintillants et les fleurs-de-lys autour des lacs sacrés ; Tant de braves hommes, qui ne savent pas à quel point ils pourriraient de l’intérieur, si seulement ils devaient un jour se mesurer, non pas à un danger, non pas aux Peaux-Vertes, ou aux monstres, ou aux envahisseurs étrangers – simplement à eux-mêmes.

Elle me l’a donné. La douleur, la peur, et la solitude.
Et ce n’est pas Elle qui m’en a soulagé.



Je m’endors dans les bras de l’amour de ma vie. Celle qui a toujours été là pour moi. Celle qui me reprend, même après ce que je lui ai fais. Même après toutes mes tentatives pour lui échapper. Pour lui faire du mal, et la fuir.

Je m’endors dans les bras d’un monstre.



J’ai cru que Margot avait besoin d’aide. J’ai cru qu’elle avait besoin d’être sauvée. L’atrocité qui lui arrache le dos…
…Elle aurait pu ne jamais me la montrer. Ne jamais me laisser l’apercevoir. Qu’espérait-elle accomplir ainsi ? Quel était son but ?

J’ai aimé Margot. Elle appartient à mon passé. Elle est une survivante de tout ce que j’ai promis au bûcher et au jugement ducal. Mais je l’ai aimée. Comme j’ai aimé les gens autour de moi – et même plus qu’eux, d’ailleurs.
Elle avait mon âge. Elle m’a appris à jurer. Nous avons passé tant de temps ensemble.

Ma mère ne ment pas. Toutes ses craintes sont réciproques. Je sais ce dont elle est capable. J’ai vu la manière dont la marque a torturé mon père. J’ai vu comment de simples paysans étaient capables de devenir si enragés, si vite, pour son honneur. Rien de ce que m’a confié ma mère n’est fantasmé. Rien ne peut être considéré comme un simple caprice d’une femme jalouse. Elle a toutes les raisons du monde de craindre Margot. Et ce sont des craintes que je ne peux m’empêcher de partager, alors qu’elle force Ravel à galoper à travers le pays.

Nos pensées se mêlent. Se reconstruisent. L’ordre se force à avoir une place au sein du chaos. Nous devenons autre chose. Un nouvel être.


Margot a-t-elle toujours été la suivante de Loyse ?
A-t-elle trahi sa mère pour mieux survivre, peut-être sur la suggestion de celle-ci ?
Elle a échappé à la mort en achevant la secte. En marchant dans mes pas. Elle et moi avons une histoire similaire. Nous sommes tous les deux des enfants de corrompus. Nous sommes tous les deux engendrés de monstres.
Et tous les deux sommes retombés dans ce que nous avons cherché à fuir.

Est-ce que Margot a toujours été une traîtresse dès le premier jour ?
Ou bien ne profite-t-elle de l’héritage de sa mère que dans un pur intérêt égoïste, à présent que j’ai refais surface dans sa vie ?
Maman pense qu’elle a toujours voulu de moi. Toujours. Moi j’ai toujours voulu de Margot. S’il y a une fille à laquelle j’aurais pu me raccrocher pour m’enfuir, ça aurait été elle. Et ça, maman le sait. Elle ne peut pas l’ignorer.




Derrevin se dresse devant nous. Il a fallu échapper aux vulgaires mercenaires, à l’immonde soldatesque que les Maisne emploient sur leurs deniers – et pourtant, alors que la forte armée de cottereaux de Brandan continue d’assiéger la ville, je découvre une Derrevin aux palissades ouvertes. Les tours de garde dont je craignais le fort effectif, vides. Nulle sentinelle. Aucun œil vigilant. La crainte s’empare de moi, alors que je commence à imaginer ce qui est en train de se passer.

Personne dans les rues. Personne à la taverne. Le silence. Et l’obscurité, sauf pour un chemin qui mène jusqu’au Temple, et un simple homme pour m’accueillir et me confirmer ce que je craignais – Margot m’attend. Pour une cérémonie. Quelque chose qui ne pouvait avoir lieu sans moi.

J’ai laissé le tableau à Derrevin, à sa portée. Et il semblerait que Carlomax ait bel et bien commis une grave erreur en en me laissant pas amener la peinture entre les mains des Damoiselles du pays.

Qu’est-ce que Margot a fait ?

C’est là que Maman me donne son idée de la suite des événements. Elle me laisse lentement reprendre le contrôle de mon corps. Je retire mes pieds des étriers, et glisse lentement à ma gauche. Je donne une tape sur l’encolure de mon cheval, et profite qu’il me camoufle pour vérifier que ma Miséricorde, ma longue dague acérée, est bien à portée dans mon dos, sous ma chemise débraillée et puante de sueur.

C’est ma seule arme. Ma seule et unique arme. Je n’ai plus d’acier, plus d’épée bénite. C’est la seule chose qui me reste pour ramener la justice – une dague de bourreau.
Ça, et maman. Elle, elle peut invoquer quelque chose pour nous garder et faire triompher la justice. Elle, a quelque chose pour sauver Derrevin. Elle a la magie impie. Elle a la sorcellerie. La chose que le pays tout entier redoute et hait.

Qui d'autre peut sauver Derrevin ?
Mélaine et le Duc, qui sauvegarderaient la ville de la même manière qu'ils ont si bien gardé le domaine de Lyrie, la terre de mes ancêtres ?
Brandan de Maisne, avec toute sa horde de semi-bandits qui rêvent d'avoir des femmes à violer et une cité à saccager, même s'il ne reste plus grand chose des richesses du sire Binet ?

Qu'on le veuille ou non, nous sommes le dernier espoir de Derrevin.

Camoufle-toi. Sers-toi de moi pour masquer ta présence. Ne fais rien.
Je vais parler à Margot. Je risque de m’approcher d’elle. Je peux lui mentir. Tu peux sentir à travers mes pensées, tu sais que j’ai encore de l’affection pour elle – tu sais qu’une petite partie de moi souhaite encore croire qu’elle n’est pas aussi atteinte que sa sale chienne de mère…
...Mais ce n’est pas à moi de prendre cette décision. Pas si elle menace Derrevin. Pas si elle nous menace tous les deux. C’est à toi de décider si elle est encore digne de ta clémence. À toi et à toi seule. Je ne peux pas te voler ça. Pas après comme je t’ai trahi.


C’est un grand aveu. Je me damne moi-même.

Quoi que je lui dise, et quoi que je fasse, reste bien cachée. Ne lutte pas pour reprendre le contrôle.
Je te jure, je te jure entièrement, sur notre amour, que dès qu’elle se sera révélée, et qu’elle m’offrira une ouverture, je te laisserai frapper.
Et lorsque tu frapperas, si elle tente d’implorer ma pitié, je te jure de ne pas me mettre dans ton chemin. Si Margot doit survivre ce soir, ce doit être ta décision. Si tu continues de dire qu’elle doit mourir, je la tuerai.


J’embrasse Ravel. Peut-être est-ce la dernière fois. Je lui ai dit que nous irions jusqu’au Bord-du-Monde – il m’a déjà mené bien loin. Je le contourne, et m’approche tout droit du fils du forgeron, qui m’attend patiemment, avec un grand sourire.
Je le considère, des pieds à la tête. Et lui fais un simple signe de la tête.

« Je te suis, bonhomme. Mène-moi à Margot. »

Pas besoin d’être précautionneux. Pas besoin de craindre que des brigands sortent de nulle part pour m’embusquer et me prendre de force.
Margot contrôle la ville, et j’entre en plein dedans.

Mais comment lui en vouloir ?

Je lui avais juré que je reviendrais pour elle.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 18 août 2020, 20:22, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par [MJ] Katarin »

Anne ne répondit pas aux pensées de son fils, mais il devina son assentiment teinté de gravité tandis qu'elle laissait sa conscience s'effacer peu à peu, pour totalement disparaître de l'esprit d'Armand. Pour la première fois depuis que Symbiose avait traversé sa poitrine, il se retrouvait seul dans son corps.

Le borgne accueillit l'attitude coopérative du nouveau seigneur de Derrevin avec un sourire, puis se mit en marche, suivant le chemin de terre illuminé de braseros qui longeait le nord de la ville. Ravel répondit à la caresse de son maître en le poussant de la tête avec un hennissement désapprobateur, comme s'il sentait lui aussi le danger qui planait au bout de ce chemin, et recommandait à Armand de ne pas y aller, de plutôt rester à ses côtés pour fuir au plus vite. Quand le chevalier s'éloigna, il hennit une seconde fois de dépit, avant de se résoudre à attendre en silence.

Derrevin était totalement désert. Pas une seule patrouille, que ce soit au sol ou sur les murs. Le seul bruit qui brisait le silence oppressant était celui de succion de leurs bottes qui s'arrachaient au sol boueux sous leurs pieds. Le compagnon d'Armand ne chercha pas à discuter : il trottait à bonne vitesse, obligeant Armand à allonger le pas pour suivre la cadence.

Mais si le calme persista, la solitude des deux hommes ne dura qu'un temps. Alors que le chemin bifurquait doucement vers le sud-est de la ville en direction des baraquements, Armand aperçut devant la caserne une foule démesurée qui leur tournait le dos, bloquant le chemin sur toute sa largeur. Son guide borgne ne sembla pas s'en émouvoir et avança droit vers eux : et alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres des paysans les plus proches, ceux-ci se retournèrent, et apercevant Armand, lui offrirent un étrange sourire tandis qu'ils s'écartaient du chemin. A chaque pas qu'il faisait dans leur direction désormais , une nouvelle poignée de personnes se retournaient, souriaient, et libéraient de l'espace en se pressant sur les bords de la route.

"Mon seigneur".

Voilà les deux seuls mots qui sortaient de leur bouche. Ils souriaient, le saluaient, s'écartaient, puis se courbaient respectueusement sur son passage. Ils ouvraient un chemin pour lui, une route inquiétante qui apparaissait au fur et à mesure devant lui, mais se refermait derrière. Les habitants de Derrevin se mouvaient de manière organique autour de sa personne, lui laissant toujours assez d'espace pour qu'il puisse progresser sans jamais avoir à les toucher. Des centaines et des centaines de personnes qui bougeaient comme un fluide humain sur son passage, dans lequel résonnait encore et encore, comme une litanie, les "mon seigneur".

En quelques mètres, Armand et le borgne arrivèrent sur la petite place faisant face au temple de Shallya : elle était totalement bondée. Fermiers, éleveurs, forgerons, bouchers, chevaliers, commerçants, sergents, herrimaults, Armand pouvait reconnaître leur fonction à leurs vêtements et à leur faciès ; et tous étaient mélangés au sein de cette cohue qui se trouvait là, attendant on ne savait quoi, tournés en direction du bâtiment religieux. A l'instar de la route qu'il avait emprunté, la place vomissait sa foule sur tous les chemins adjacents, incapable de contenir à elle seule cet attroupement.

Armand n'avait pas besoin de posséder de grands talents mathématiques pour se rendre compte que les seuls habitants de Derrevin n'étaient pas assez nombreux pour composer pareille cohue. Même en regroupant tout le village en cet endroit, la foule ici présente était trop dense pour arriver au résultat visible. Quand bien même connaissait-il peut-être certaines personnes dans cette foule, la masse était trop compacte pour qu'il soit aisé de distinguer un faciès d'un autre. Il ne réussit qu'à remarquer Gervaise, la fille de Jaquot qui s'était éprise de lui, mais son comportement ne différa pas de celui des autres, et elle ne répondait pas davantage aux sollicitations éventuelles du chevalier.

Comme il l'avait pressenti sans trop vouloir y croire, son guide le mena droit vers le temple de Shallya. Tandis que la foule s'écartait, il le fit passer sous l'arche de pierre menant dans la cour intérieure : sans surprises, celle-ci était également remplie d'une pléthore d'individus tournés vers le temple, qui occupaient chaque parcelle disponible : ils étaient sur les petits chemins parsemés de gravillons, mais ils écrasaient aussi chaque brin d'herbe des jardins, se tenaient debout sur la fontaine centrale, avaient également investis les trois petites chapelles dont les portes étaient grandes ouvertes, ainsi que l'infirmerie.

Le nouveau sire de Derrevin et son guide traversèrent la place sans aucune difficulté pour atteindre leurdestination : le temple en pierre blanche de Shallya, dont la massive porte de bois était grande ouverte sur un attroupement toujours plus grand. Sur le seuil, un individu à l'allure aussi massive que familière se retourna à son tour vers Armand, et à sa vilaine trogne et à cette petite seconde qui se déroula entre le moment où leurs regards se croisèrent et celui où il eut une réaction, le chevalier se demanda si Rémon n'allait pas se comporter différemment des autres pour venir chercher sa revanche. Mais non : lui aussi afficha un sourire accueillant, lui aussi s'écarta machinalement de côté, lui aussi se courba poliment, et lui aussi lui servit du "mon seigneur".

Alors qu'il pénétra dans le temple, tout sembla indiquer à Armand que quelque chose de terrible s'y préparait. L'air était devenu plus chaud, plus compact, plus épais, et il grattait la gorge et les parois nasales quand on l'inspirait, tout comme il piquait les yeux au point de faire pleurer, comme la fumée d'une pipe qu'on se serait faite souffler en plein visage. L'atmosphère du temple, autrefois inodore, dégageait maintenant un fumet capiteux, mêlant des bouquets fruités et entêtants. Tous les poils sur le corps d'Armand se dressèrent tandis qu'il ressentait une étrange chaleur se diffuser dans son être : comme lorsqu'après avoir transpiré en plein soleil un vent froid venait refroidir une pellicule de sueur sur la peau.
Si la densité de la foule l'empêchait de voir ce qui se cachait dans la direction que tous regardaient, cela ne l'empêchait en rien de voir l'abomination qui avait pris place dans le temple : les murs de marbre blanc avaient presque entièrement disparus derrière un amas de chair rougeâtre. Des tentacules trop semblables à celles qu'Armand avaient pu apercevoir greffées à Loyse, provenant du fond du temple, perforaient en ligne droit le plafond et les murs, et à chaque point d'impact se répandait de la chair en mouvement, qui s'étirait et gondolait pour essayer de recouvrir davantage encore le peu de blancheur immaculée qu'il restait à souiller. De cette matière spongieuse s'écoulait un fluide rougeâtre, plus clair que le sang, qui suintait le long des murs, et gouttait sur la foule qui n'en semblait guère accommodée. A dire vrai, c'est à peine si qui que ce soit se souciait de tout cela : chacun se contentait de rester sagement debout, à fixer obstinément le fond du temple : si l'autel restait caché derrière la foule, la partie supérieure de la magnifique statue de colombe était bien visible, et trahissait la même déprédation que le reste du temple : le bel oiseau était maintenant recouvert de la même chair suintante que les murs, donnant à l'animal un aspect monstrueux.

Après avoir fait quelques pas en direction du centre du temple, le mouvement organique de la foule s'accentua, et plutôt que de ne libérer qu'un petit mètre devant lui, tous se pressèrent de part et d'autres du bâtiment pour s'écarter de son chemin. La marée humaine se divisa en deux, et laissa devant le chevalier une ligne droite parfaitement régulière à parcourir pour aller droit vers son objectif désormais bien visible. Derrière cette allée d'humains courbés en son honneur, Armand put apercevoir trois femmes qu'il connaissait bien.

A gauche, sœur Thecia se tenait debout avec un air revèche. Elle fixait Armand droit dans les yeux, et aucun sourire poli ne vint animer ses traits comme tous les autres habitants. Elle avait autrefois affiché de la peur, puis de la gêne : désormais c'était du dégoût qu'elle montrait. Pas pour l'abomination à ses côtés, pas pour la colombe profanée, mais bel et bien pour Armand de Lyrie qu'elle fusillait des yeux dans une attitude de défi. Le bras levé en avant, elle menaçait ouvertement Armand d'une dague finement ouvragée qu'elle serrait avec tant de force dans sa main droite que les jointures de ses articulations étaient blanches. Comme une menace muette : elle n'avait pas peur de lui, et n'hésiterait pas à agir s'il ne se comportait pas tel qu'il le devait.

A droite, la grande prêtresse Alys observait Armand comme elle l'avait toujours fait, avec le menton hautain mais le regard bienveillant. Elle avait toujours la même assurance, cette posture qui le plaçait systématiquement dans le rôle d'une mère pleine de sagesse jaugeant du regard les actes des enfants. Ses deux mains étaient occupées : l'une d'elles tenait un linge qu'elle utilisait pour éponger la sueur sur le front de sa patiente, tandis que l'autre était posée paume ouverte et doigts écartés sur son ventre. Une aura blanche irradiait de sa dextre, comme résultante de la magie qu'elle employait sur la troisième femme.

Car au centre, avachie sur l'autel, totalement nue, Margot de Ternant offrit à Armand la vision d'horreur la plus marquante de sa triste existence. Les tentacules qui perçaient la structure du temple de part en part provenaient tous de son corps, s'échappant de son dos dans une masse informe qui s'appuyait sur l'autel sous elle, et sur laquelle elle était adossée. Sur sa poitrine, ses bras, ses jambes et son visage, des écailles noires perforaient sa peau de toutes parts de l'intérieur, perçant sa chair en laissant couler de minces filets de sang avant de se rétracter pour ressortir quelques millimètres plus loin : la fille de Loyse était recouverte de centaines de minuscules filets d’hémoglobine qui coulaient de part et d'autre de son corps nu. Sous la paume d'Alys, la peau de son ventre gonflé était incroyablement distendue, et sa chair bougeait, dansait et se tordait tandis que la vie qu'elle s’apprêtait à donner remuait en elle.

- Armand ! cria t-elle de bonheur, alors que ses yeux croisaient ceux de son ami d'enfance et laissèrent apparaître des larmes de joie. Tu es là, putain tu es enfin là ! Viens vite à mes côtés, je veux que tu sois le premier visage que ton fils puisse voir lorsqu'il naîtra !

Sa voix était on ne peut plus sincère dans la joie qu'elle trahissait. Alors que son ventre se déformait de manière surnaturelle, que ce qui y vivait semblait se battre pour s'extirper de son cocon de chair, que sa peau se faisait transpercer à chaque seconde par de la chitine coupante, elle affichait un bonheur trop éclatant pour que ces menus détails puisse le tâcher. Sa main était tendue vers le chevalier, l'invitant à la rejoindre sous le regard affectueux d'Alys, dont la magie divine aidait à refermer toutes les plaies qui s'ouvraient sur la peau de la jeune femme.

Comme en écho à la joie sincère qu'affichait Margot, une colère terrible se mit à gronder dans les tréfonds de l'esprit d'Armand. Un tourbillon de haine, quelque chose qui avait été enfoui mais qui ne comptait pas rester entravé, tentait de se libérer de force. Une rage sans limite ni contrôle, prête à tout emporter sur son passage si Armand ne l'arrêtait pas à temps.

TU M'AS MENTI ! TU AS BAISE CETTE CATIN ! TU L'AS BAISÉE, PETIT MERDEUX INDIGNE, COMMENT AS-TU PU ME TRAHIR, COMMENT AS-TU PU ME MENTIR ? JE VAIS LA MASSACRER, JE VAIS VOUS CREVER, ELLE, ET CHAQUE DÉGÉNÉRÉ DE CE VILLAGE QUE TU AIMES TANT !

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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par Armand de Lyrie »

Et donc j’ai pénétré dans l’abysse. J’ai été confronté à ce qui ne pouvait qu’être imaginé dans les cauchemars. Le fils du forgeron m’a escorté, docilement, jusqu’au lieu qui hante les chansons de geste, lors de ces grands moments où les paladins solitaires, souffrants, mais héroïques, sont face à la fin de leur quête – je suis dans le même état que le tout premier Armand, ayant perdu tous ses camarades de conroi, et qui, seul, doit aller achever le récit ;
On m’a montré le Mal.


Je me demande s’il y a une sorte de quantité d’horreur qu’un être humain peut supporter. Un seuil, à partir duquel quelque chose commence à se rompre à lui. Un truc qui le fait sauter. Qui le fait vriller. J’en ai vu de l’horreur, dans ma vie. J’en ai trop aperçu. Trop pour le jeune homme que je suis. J’ai vu… J’ai vu de quoi perturber mon sommeil. En ça ma mère, d’une façon parfaitement malsaine, m’a bien protégé, en me bornant à une simple inconscience pacifiée ces derniers jours. De la même manière qu’elle m’a empêché d’accéder au Royaume du Veilleur par la mort, elle m’a coupé du havre de son imaginaire. Je n’ai pas rêvé depuis tellement longtemps, et mes derniers rêves, ils étaient déjà… Infects. Puissants.
Dirigés par la chose dans laquelle je me jette à nouveau. Dans une parodie de paladin Bretonnien.


Plus je remontais avec le gueux, et plus l’ignoble se déployait sous mes yeux. Chacun de mes pas m’entraînait sur un chemin qui amplifiait mon angoisse. C’était noir de monde. Noir de peuple. Noir de gens auxquels j’ai mêlé mon destin – des gens pour qui j’ai rencontré Brandan de Maisne, afin de faire capoter les opérations de ses mercenaires ; des gens pour qui j’ai porté une pétition devant mon Duc, avec toute ma bonté et ma naïveté ; des gens pour qui j’ai accepté de subir les attouchements de ma mère incestueuse, replongeant dans ce qui hantait mes bains et ma couche durant l’enfance. Et ils sont là, ces gens que je ne connais pas, qui ont tenté de me tabasser dans la taverne de Jacquot, qui me méprisent comme mon père m’avait prévenu que les roturiers me mépriseraient toujours – ces gens pour qui je suis prêt à tout donner, pour leur survie, et leur liberté, et leur bonheur.
Et tous, tous ont l’air… Ailleurs. Possédés. Des pantins malléables. Comme moi j’ai accepté de devenir le pantin malléable de ma mère. Est-ce qu’ils perçoivent le monde sans pouvoir le diriger, de la même manière dont j’ai dû vivre l’abominable homicide de sire Casin ?
Leur souffrance me terrifie.
Chaque pas, c’est une nouvelle paire d’yeux qui croise mon regard, c’est une nouvelle voix calme qui m’accueille. Chaque pas augmente mon rythme cardiaque, le débit de ma respiration, fait perler une goutte de sueur froide sur mes aisselles. Chaque pas m’entraîne vers ce que j’ai toujours voulu fuir.

Je suis un lâche. Je vous ai fais preuve, maintes fois, de ma lâcheté.
Je n’ai pas trahi ma famille par devoir – je l’aie trahie par lâcheté.
J’ai trahi parce que mon père m’a confronté à ces démons, à ce gouffre qui l’a avalé, qui a avalé ma mère, et qui souhaitait m’avaler moi.

J’ai prié la Dame. Je l’ai implorée de me donner la solitude, la douleur et la peur : Jamais n’ai-je autant eu les trois en même temps.



Mais il y a un seuil d’horreur, à partir duquel l’être humain ne peut plus le supporter. Quelque chose de si terrible, de si immonde, de si répugnant, qu’une sorte d’alchimie étrange réagit dans sa consistance.
J’ai atteint ce seuil. Enfin, je l’ai atteint. J’ai résisté à la vision de ma mère torturée sous forme de Banshee. Aux spectres martyrisés qu’elle ressuscitait. J’ai vaincu ma trouille panique bonne à me chier dessus face à mon ancêtre revenant. Et j’ai affronté une Déréliche rejouant la torture de mon propre père.
Mais maintenant c’est trop. Trop. Ce que je vois, maintenant, c’est trop horrible pour moi. Tellement horrible que je ne crie pas. Je ne hurle pas. Je n’ai même pas un mouvement de recul, pas comme face à la charogne d’Armand Ier qui m’avait forcé à m’effondrer sur mes fesses en m’éloignant, transi de trouille…
C’est la réaction physique toute inverse qui se produit. Je suis figé sur place. Je suis tellement terrorisé, qu’un… un « truc » se brise en moi, et je peux juste être là, scotché, sur place.

Je vois tellement de choses.

L’énigmatique Thécia, que je voyais danser sous forme de Déréliche dans les faubourgs de la ville de Lyrie dans sa magnifique robe rouge.
La froide Alys, celle que je prenais pour une fanatique croyant-Dieu, responsable du meurtre du sire Binet.
Et Margot.
Ma Margot.

La Marque s’est déployée. Cette marque, si belle, cette marque devant laquelle j’ai été, une fraction de secondes, prêt à tout, prêt à m’effondrer, à ramper vers elle pour m’y mêler… Elle a jailli. Elle est devenue grandiose. Et, à bout de souffle, belle comme une femme qui donne la vie, Margot m’appelle, en me promettant de voir mon fils.

C’est tellement horrible. Tellement horrible, que j’en ai même plus peur. Quelque chose s’est brisé en moi. Quelque chose-

TU M'AS MENTI ! TU AS BAISE CETTE CATIN ! TU L'AS BAISÉE, PETIT MERDEUX INDIGNE, COMMENT AS-TU PU ME TRAHIR, COMMENT AS-TU PU ME MENTIR ? JE VAIS LA MASSACRER, JE VAIS VOUS CREVER, ELLE, ET CHAQUE DÉGÉNÉRÉ DE CE VILLAGE QUE TU AIMES TANT !

Elle hurle. Elle hurle à l’agonie. Elle hurle si fort que je sens comme si quelque chose frottait derrière mon crâne. Comme si ma propre cervelle me démangeait. Comme si un doigt poussait derrière le globe de mon œil.
J’ai un tout petit tic de sourcil. Une grimace sardonique qui atteint mes lèvres. Et, dans un pur réflexe instinctif, en trouvant une force que je ne me soupçonnais jamais avoir, je fais ce que je n’ai pas pu faire en vingt ans d’existence :

Ne t’ai-je pas dis de fermer ta gueule ? Ne t’ai-je pas dis de te tenir tranquille ?! Tout ne tourne pas autour de toi, bordel ! Tout n’a pas à te plaire immédiatement !
Je dois lui poser une question. Et elle doit me donner une réponse.

Tais-toi, pendant une seule réponse.


Et là, elle se tait. Elle s’effondre dans le silence. Peut-être ne s’était-elle pas attendue à une telle résistance. Pas de la part de son trésor si lâche et si malléable. Pas devant le petit garçon fuyant sous ses caresses.
Elle est toujours là, mais elle n’ose plus rien dire.

Alors, enfin seul, face à trois femmes qui me regardent, l’une avec anxiété, l’autre avec bienveillance, et la plus importante de toute, avec un amour débordant, je suis enfin confronté à mon destin. Enfin, je n’ai plus rien pour me cacher. Je suis face à face avec la fin. Avec le cancer qui gangrène la terre de la Dame.

Et donc, que faire ? Que faire face à ça ? Face à l’abysse ?

Je fais ce que j’ai toujours fait. De l’Armand.

Je commence par un petit sourire, parfaitement maîtrisé, un peu tremblant d’émotion, immensément doux. Je torture mon visage pour lui offrir ce petit sourire si adorable.
Je fais un petit signe de la tête à Thecia, tout doux, en lui montrant la paume de ma main ouverte, comme pour bien lui montrer, par une subtile expression corporelle, que je ne lui veux aucun mal.
J’arque mes sourcils en oblique alors que je m’approche de Margot, et que, en pivotant le crâne, je camoufle mes traits de son regard : Ainsi, je peux offrir à Alys une mine inquiète, un peu transie de trouille, comme un futur père inquiet pour la santé de sa compagne et de son futur fils, un jeune papa qui a besoin d’être rassuré.

Je fais de l’Armand. Une pièce de théâtre. Un immense tissu de conneries que je vends à qui veut l’entendre. Un mélange de choses que je crois sincèrement et de paroles que j’invente, sans jamais savoir, véritablement, ce qui est vrai et faux à mes propres yeux. Comme quand je faisais de beaux discours à Evrard en le rencontrant. À Carlomax quand je lui parlais de chevalerie. Aux Maisne quand je m’écrasais devant un Herbin prêt à en découdre dans un duel honorable. À Mélaine, avec brio, quand elle avait toutes les raisons du monde de me tuer dans le donjon de mon château.
Je suis Armand de Lyrie. Mon père était un connard duplicite. Ma mère était une bipolaire monstrueuse. Je vis dans un duché pourri, rempli de puterelles, de félons, et d’intrigants. Et donc, j’ai fait ce que j’ai cru bon pour m’en sortir au milieu de ces rats : Je me suis abaissé à leur niveau. Pour de bon, cette fois.



« Bien sûr que je suis là, Margot.
Tu as bien reçu ma lettre ? Je… Je l’avais donnée à Ophélie… Je…
Je t’avais promis de revenir. Et je suis là. »


Je trébuche sur des mots pour montrer mon émotion. Tout doucement, je m’approche d’elle, et je m’agenouille sur le sol de la chapelle, juste devant la dalle de l’autel. Je lève une main pour attraper la sienne – elle la serre de toutes ses forces. L’autre, je la passe sur son visage, que je caresse tendrement.

« Je suis là. »



Si vous étiez à ma place, quelle question poseriez-vous à Margot ?
Une chose horrible est en train de lui sortir du ventre. Une chose qu’elle a osé appeler mon fils. Tout le village est hypnotisé, sous la coupe de quelque atrocité. Jamais je n’ai vu un danger si inimaginable. Toutes les personnes raisonnables à travers le Vieux Monde n’auraient qu’une réaction face à ça :
Brûlez.
Brûlez tout.
C’est ce que même le plus modéré des défenseurs de l’Ordre dirait face à ce Démon qui infecte une chapelle de Shallya. C’est ce qui sauverait le monde.

Mais je ne vais pas lui demander des explications là-dessus. Non. Parce qu’Armand de Lyrie a autre chose qui lui trotte dans la tête. C’est autre chose dont il doit s’assurer.

« Margot, écoute-moi bien.
Je suis retourné au château de Lyrie. Dedans, j’y ai trouvé des Déréliches. C’est un monstre fort étrange, la Déréliche – elles s’amusaient à rejouer des scènes du passé, comme des miroirs sur ce qui s’est produit. J’y ai vu… Des gens que je connaissais. Mon père. Ma mère.
Tes parents. »


Je parle avec une voix calme. Si douce, si mélodieuse, et toujours en lui caressant la main.
Peu importe à quel point la teneur de mes propos peut la faire paniquer.

« Chut, rassure-toi…
Je suis là pour toi, Margot. Je t’aime, je t’ai toujours aimé. Mais il y a une question que je dois te poser. C’est très, très important.
J’ai… J’ai appris quelque chose, là-bas. Les Déréliches m’ont montré… M’ont montré... »


Je ne parviens pas à finir ma phrase. Je chasse l’idée de ma tête.
Je regarde Margot directement au fond de ses yeux, et je baisse le volume de ma voix pour l’obliger à encore mieux m’écouter, tandis que je m’approche tout près de son visage, me perchant au-dessus de l’autel.

« Margot, regarde-moi dans les yeux. J’ai besoin de l’entendre de ta bouche. J’ai besoin que tu me le dises.
Quand je t’ai revu pour la première fois, après tant d’années d’absence… J’ai appris que c’était la faute de ma mère, que c’est elle qui nous a séparés, par jalousie.
Margot, réponds-moi. Est-ce que tu m’as menti ?
Est-ce que tu as vraiment trahi tes parents parce que c’était la chose juste à faire, et es-tu venue ici pour te protéger de cette chose merveilleuse qui se mêle à ton dos ?
Ou est-ce que… Est-ce que tu as orchestré tout ça ? Est-ce que tu as donné rendez-vous à Jourdain, pour déchaîner le pouvoir de ta mère ? Pour me conquérir par amour ? »


Je tourne la chose. Je fais croire que la bonne réponse est la mauvaise, et la mauvaise la bonne. Je n’ai pas besoin d’être un menteur très convainquant. J’étais vraiment sous le contrôle de la Marque, elle a pu le voir il y a deux semaines, mon regard dément, mes mains tremblantes, mon empressement à prier avec elle…
Mais c’est un mensonge.

Je veux savoir qui a raison. Si c’est ma mère, ou si c’est elle.

Est-ce que Margot n’a tourné que récemment, en me retrouvant par miracle ? A-t-elle cédé parce que je suis réapparu dans sa vie, et qu’elle m’aimait tellement qu’elle a vacillé ? C'est ce que Alys suggérait, en m'interdisant de la revoir, en disant que la Marque s'est agitée comme jamais à mon contact...
Ou est-elle une salope duplicite comme tous les gens autour de moi ? Est-elle en train d’accomplir le vœu de sa mère, contre lequel Maman a voulu me protéger ?

Les prochains mots qui sortiront de sa bouche décideront de son destin. Du destin de Derrevin.
Plus que tout, la réponse à ma question va décider de ce que je deviendrai, moi.

Je veux juste la vérité. La vraie vérité.


Jet de contrôle mental d’Armand : 1, réussite critique.
Jet de prise de pouvoir d’Anne : 16, échec de 4.

→ Armand maintient sa mère en laisse. Pour l’instant…


C’est le grand moment, la décision d’Armand va revenir entièrement à la réponse qu’aura Margot à ma question. J’aimerais un test d’Empathie pour voir si elle est sincère.

Et ensuite, les dés seront jetés.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 26 août 2020, 10:11, modifié 1 fois.
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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par [MJ] Katarin »

Quand bien même Armand avait désespérément besoin de réponses, il semblerait que Margot n'était pas en état de les lui fournir. Ses yeux dilatés étaient embués par ses larmes de bonheur, son sourire extatique trahissait quelque drogue ou folie qui altérait sa perception de la situation, tandis que sa main serrait de toutes ses forces celle d'Armand, lui faisant presque mal. Tandis que la peau de son ventre se distendait dans toutes les directions, laissant deviner quelque abomination qui se débattait à l'intérieur, elle se cambrait régulièrement, le bas de son dos se soulevant d'une dizaine de centimètres tandis que ses épaules restaient en appui sur la masse informe de tentacules qui avaient jailli de sa marque pour s'étendre dans toute la pièce. La chitine sur ces dernières semblait pulser au même rythme que les contractions de Margot, et parfois une nouvelle pique noire émergeait pour aller à son tour se planter dans le plafnd avec fracas, avant de répandre toujours plus de chair suintante, qui à son tour, faisant couler davantage de gouttelettes rougeâtres sur la foule en transe.

- Armand... n'ai pas peur je t'en prie. Tu ne te sens pas prêt pour être père, je comprends, mais je sais que tu seras parfait. Crois-moi, tu seras le meilleur.

Armand aurait pu croire qu'elle évitait délibérément de répondre à ses questions, mais ni ses traits détendus ni sa voix pleine de joie ne trahissaient la moindre malice. Margot était dans un état second, et semblait seulement incapable de comprendre ce qu'Armand lui disait. Tandis que tout son corps s'agitait d'inquiétants soubresauts, elle se contentait de laisser échapper des gémissements lascifs. Lorsqu'une accalmie se présenta, elle reprit la parole entre deux respirations tremblantes.

- Tu ne seras pas comme tes parents, ni comme les miens, j'en suis sure. Je lui ai parlé de toi tous les jours tu sais ? Je lui ai promis que tu le protégerais, que tu le guiderais, qu'il pourrait avoir une totale confiance en toi. Je lui ai dit qu'il devait t'attendre pour sortir, que le monde serait dangereux sans toi à ses côtés. Il... il sera fabuleux Armand, il va tout changer tu verras. La souffrance va s'arrêter, pour nous tous. Il n'y aura plus que... lui... et notre bonheur à tous.

Sa voix se voulait réconfortante, et il était évident que malgré son état second elle émettait une réelle sincérité dans ses paroles. Néanmoins, rien dans son apparence ne laissait présager quoi que ce soit de positif : des écailles noires provenant de l'intérieur de sa peau continuaient de la perforer régulièrement, et pendant même qu'elle parlait son œil gauche avait été transpercé par une fine pointe couleur obsidienne qui s'était échappé de son orbite d'une bonne dizaine de centimètres avant de se rétracter. Sans se soucier de sa pupille détruite, Margot émit soudainement un hurlement de plaisir tandis qu'elle se cambrait une nouvelle fois sous les impacts de sa progéniture.

- Oooh Armand, il arrive ! Cria t-elle de bonheur, les ongles de ses doigts se plantant désormais dans la chair de la main du chevalier.

Tout autour du chevalier, le décor virait à l'apocalypse la plus totale. Toutes les tentacules noires se rétractèrent si subitement dans son corps que Margot chuta en arrière, et seule la main d'Alys empêcha sa tête de percuter la pierre de l'autel. La chair au plafond se mit à fumer et semblait accélérer sa liquéfaction, et la voilà désormais qui fondait à toute vitesse, transformant la pluie de gouttelettes en un torrent humide qui s'écoulait sur la foule, accompagné par des petits morceaux spongieux qui se décrochaient les uns après les autres. Les habitants de Derrevin, comme en réponse à cette folie, se mirent tous à genoux, mains jointes en prière, et tournèrent leur visage vers le plafond pour chanter à gorge déployée quelque mélopée dissonante. Leur bouche grande ouverte recueillait ainsi entre deux notes le nectar immonde qui s'écoulait du plafond. Thecia baissa son arme et s'agenouilla pour prier elle aussi, tandis qu'Alys restait debout de l'autre côté de l'autel, cessant désormais d'utiliser sa magie pour simplement tenir l'autre main de la jeune femme, la rassurant par sa présence de la même manière qu'Armand.

Quant à Margot, elle éclata d'un rire terrifiant alors que son ventre se mit à enfler de manière plus démesurée que jamais, jusqu'à ce que soudainement un pieu chitineux d'une trentaine de centimètres émergea de son abdomen dans un torrent de sang. En réaction, elle se contenta de hurler davantage encore de plaisir, avant de reprendre son souffle et de regarder Armand avec des pupilles trahissant la plus intense des folies.

- PUTAIN DE MERDE, ARMAND, EMBRASSE-MOI !
Jet de CHA -4 car Margot n'est pas en état de t'écouter pleurnicher : 13, raté.
Jet d'empathie : 5, réussi.

Je n'ai pas fait intervenir ta maman : avec un 01 en mental elle est en PLS au fin fond de ton crâne : mais s'il te vient l'envie de la libérer, tu le peux tout à fait.

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Armand de Lyrie
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par Armand de Lyrie »

Des noms ; C’est tout ce que j’ai donné au Duc pour attiser des flammes. Trop lâche pour ramener la paille, trop couard pour répandre la poix, trop faible pour frapper la pierre du briquet de silex.
Des noms. Une longue délation bien ordonnée, un témoignage à charge sur chaque personne dont j’ai pu voir ou entendre ou simplement deviner les crimes.

Et pendant tout ce temps, tout ce que j’ai jamais essayé de faire, c’est, dans mon esprit, d’encore croire, d’encore et toujours être persuadé qu’on trouvait des gens de bien pour honorer leurs serments et protéger leurs gens. J’aurais pu crever, si seulement je savais que je laissais un monde meilleur derrière moi.
Et maintenant je n’ai plus qu’à regarder ces gens autour de moi. Cette ville que j’ai voulu protéger. Ces prêtresses qui m’ont parlé de mon devoir envers Shallya.
Cette femme que j’ai voulu aimer.

Je suis au beau milieu de l’horreur. Je suis face à la Corruption faite chair, des cris, des visions qui me damneront et me hanteront jusqu’à contempler l’éternité.

Aucun ne mérite la moindre pitié. Aucun. Aucun. Pas Alys. Pas Thecia. Pas ces gueux qui s’agenouillent pour prier. Pas ceux qui déroulent leurs langues pour avaler ce qui… Ce qui coule du plafond.

Je bouillonne de haine. Même plus de peur. Même plus d’angoisse. Juste de haine.

Tu m’avais prévenu.
Tu avais raison.
T’as toujours, toujours, toujours eu raison.


Je contemple la chose qui a tué mon père, cet abruti qui croyait vraiment pouvoir utiliser la dame de Ternant pour lui. J’ai vu sa fin. Je suis horrifié de revoir sa fin jouée par les Déréliches. Entendre ses gargouillements strangulés.
C’était un sombre enfoiré mon père. Et pourtant je suis sûr que les souffrances qu’il a dû vivre étaient si horribles qu’il ne doit plus y avoir un seul Dieu au ciel pour lui en vouloir. Il a payé au centuple toutes ses fautes.

Et y a encore beaucoup de gens qui doivent payer.

Je t’aime. Je t’aime, Maman. Tu m’entends ?
Je t’aime.


Je la retrouve dans mon esprit. Je l’élève. Mais je ne la déchaîne pas. Pas encore.
Ça serait tellement facile. Tellement trop facile. D’à nouveau être un passager. De rester sagement en arrière. De laisser les autres faire – exactement de la même manière que j’ai laissé ce chien d’Evrard tuer la personne qui allait m’occire. C’est tellement mieux pour dormir la nuit, de laisser l’univers se dérouler sous ses yeux, mais là, c’est plus acceptable.

Ma mère ne me ferait plus jamais confiance, si je me contentais simplement de retraiter. Si, pour une énième fois de ma vie, j’étais un putain de poltron. Il faut que je lui prouve que je ne lui ai pas menti. Que je lui montre, réellement, par mes actes, que toutes les choses que je lui ai dis lorsque nous étions tous les deux n’étaient pas fausses.
Que je l’aime vraiment.

Alors, j'offre un grand sourire à Margot.

Je m’allonge au-dessus d’elle.

Je pose ma main gauche sur sa joue, chassant celle d’Alys pour me saisir moi-même de son crâne. J'entrouvre les lèvres.

Je place ma main droite dans mon dos, saisi la Miséricorde par le manche, et, à toute vitesse, m'élance pour transpercer la gorge de mon amour d'enfance.

Je t'avais promis.
Détruit tout. S'il te plaît.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 14 sept. 2020, 11:44, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 57
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*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
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- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
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3 Eo

- Un beau doublet
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Re: [Anne de Lanneray] Des comptes à régler

Message par [MJ] Katarin »

Anne était seule, dans une salle uniformément blanche. Une prison qu'elle avait construite pour elle-même, trois jours plus tôt. Elle s'y était réfugiée aujourd'hui pour dissimuler sa présence aux utilisateurs de magie présents à Derrevin, mais à l'instant où elle avait tenté d'en sortir, Armand l'avait repoussée d'une injonction implacable, pour l'enfermer ici. Elle lui avait fait confiance, et il l'avait trahie. Encore.

Un bruit strident. Le sol tremble. Les murs se fissurent.

Catatonique, elle n'y prêta pas attention. Serrant davantage encore ses genoux dans ses bras, elle se réfugia dans ses souvenirs. Non pas qu'elle pouvait y trouver un quelconque réconfort : tout au plus une nostalgie malsaine qui n'apportait que davantage de souffrance. Les moments heureux avec son mari et son fils. Lorsque tous les slaaneshis d'Aquitanie la craignaient, la vénéraient, et ne juraient que par sa volonté. Chaque journée était un jeu, chaque nouveau converti un pion de plus pour préparer le pays à l'avènement de son fils. Armand VII de Lyrie était grandiose, et Armand VIII ne pourrait que le surpasser elle le savait. C'était son rôle de mère que de modeler le duché pour lui permettre d'accueillir son futur Duc.

Mais Slaanesh lui avait retiré ses faveurs. Lentement. Insidieusement. Année après année, elle avait senti sa puissance s'amenuiser. Le Dieu de la Torture aurait pu reprendre ses dons en un instant, mais non : il avait choisi de prendre son temps, de laisser les grains de son être s'échapper inexorablement entre les doigts d'une sorcière qui ne pouvait rien y faire. Elle avait tout tenté pour retrouver ses faveurs : elle n'avait pas hésité un instant à multiplier les offrandes, à organiser des orgies démentielles, à faire torturer d'innombrables de ses paysans dans une démesure grotesque. Mais rien n'y avait fait. Un seul cadeau aurait pu satisfaire le Prince du Chaos, un seul sacrifice pour faire pardonner son errance, en acceptant pleinement la plus belle des souffrances émotionnelles : la perte de ce qui lui était le plus cher. Elle n'avait pu s'y résoudre, et impuissante, n'avait fait que laisser Loyse s'engouffrer dans la brèche qu'elle avait elle-même crée.

Un autre hurlement, plus long et aigu encore que le précédent. Toute la pièce vibrait, des gravats provenant du plafond s'écrasaient sur le sol. Des morceaux de murs volaient en éclat tandis que des griffes éthérées s'acharnaient dessus.

Elle avait tout perdu. Ses cultistes, son pouvoir, son domaine, ses gens, son mari, et son fils. La punition du Serpent Suprême était sans égale : elle y avait même trouvé la mort, dont elle n'avait réchappé que pour se retrouver liée à un fils qui s'était détournée d'elle. Qui sitôt sa mère morte, s'était empressée de se jeter dans les jupons de la fille de Loyse, pour enfanter l'abomination que Loyse souhaitant tant ramener en ce monde. Qui, sitôt sa mère ressuscitée, s'était empressée de nommer son épée "Matricide".

La créature hurlait encore et encore, ses cris de colère agressant les lieux toujours davantage. D'énormes rochers provenant du plafond s'écrasaient sur le sol, les murs explosaient en fragments de plâtre blanc, le sol se striait et se fissurait tandis que des failles béantes s'ouvraient vers des ténèbres insondables. Rien de tout cela n'avait de sens : derrière les murs se tenaient d'autres murs, tandis que les brèches au sol ne menaient non pas à un échappatoire, seulement à l'oubli.

Tu m’avais prévenu.
Tu avais raison.
T’as toujours, toujours, toujours eu raison.


Elle s'arrêta de sangloter, releva la tête, et essuya ses larmes pour tenter de trouver l'origine de la voix. Devant elle se tenaient deux silhouettes aux contours flous, qu'elle reconnaissait tandis que son cœur ratait un battement.
L'entité noire l'avait en tout point imitée : cessant désormais de hurler à la mort, elle s'était elle aussi tournée vers l'apparition.

Je t’aime. Je t’aime, Maman. Tu m’entends ?
Je t’aime.


La grande silhouette debout se penche sur celle couchée, comme pour l'embrasser.

Anne de Lanneray voit le reflet métallique dans le dos de son fils. Elle sait que ses mots sont sincères. Et quand bien même ne l'étaient-ils pas, quand bien même était-ce là encore une autre tromperie, une nouvelle trahison de sa part, quelle importance ? Tant pis si Armand avait signé sa lente déchéance et provoqué sa mort, cela n'avait aucune importance. C'était son rôle de mère de croire en lui, de se sacrifier pour lui, sans rien attendre en retour. Elle aurait du mourir vingt ans plus tôt, elle avait été prête à donner sa vie pour lui, mais au lieu de ça on lui avait offert la chance de pouvoir être à ses côtés pour l'aimer et le chérir si longtemps.
Alors oui, elle crut ces mots plein de douceur. Son cœur se remit à battre la chamade pour son fils bien-aimé, pour son trésor de toujours.

Mais la créature n'avait en revanche plus cette même capacité à se sacrifier pour son fils. Seule au milieu des souvenirs maudits des déréliches, son fragment d'âme avait dépéri. Tout comme un corps sans âme pourrit lentement, une âme sans corps ne peut que se déliter au fil du temps pour ne devenir qu'une parodie de ce qu'elle avait pu être. La chose qui avait hanté le château de Lyrie n'était plus qu'un amas de haine et de puissance destructrice, et conforme à sa nature, elle se rua sur lui pour achever sa vengeance.

Anne protégea Armand de son corps défendant.

- NON ! hurla t-elle en encaissant l'impact avec une grimace de douleur. REGARDE !

La miséricorde se plante dans la gorge de Margot.

Je t'avais promis.
Détruit tout. S'il te plaît.


La créature a un moment de recul. Le peu d'humanité qui existe encore en elle la torture : si les mots ne pouvaient plus la convaincre, les actes avaient encore quelque force pour la faire douter. Elle hurle à nouveau, avec une telle colère et une telle frustration qu'une énorme fissure se creuse désormais à travers toute la pièce, sur toute la diagonale du sol et remontant sur les murs puis le plafond. La prison tremble : ainsi scindée en deux, elle ne va plus pouvoir retenir bien longtemps sa terrible occupante.

Anne de Lanneray sourit.

- Toi et moi, mon amour.

Le hurlement s'amplifia, la fissure s'agrandit, et la prison s'effondra sur elle-même.



***


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Alors même que le jeune chevalier égorgeait son amie d'enfance à l'aide de sa dague, une ombre noire abominable s'extirpa de son corps et s'envola vers le plafond du temple en poussant un cri inhumain. Le hurlement spectral de la banshee noire sembla profiter de l'excellente réverbération du sanctuaire de Shallya, et résonna sur la pierre avec tant de force que chaque individu présent ne pouvait que se sentir pris pour cible par une divinité vengeresse omniprésente. Le cri funèbre était si strident que la foule toute entière ne put par réflexe que se boucher les oreilles dans un vain espoir d'échapper au ululement surnaturel qui ravageait leur cerveau : mais malgré leurs efforts, la plupart voyaient déjà des coulées de sang s'échapper de leurs tympans, leurs narines et leurs yeux. Agités de spasmes, les paysans de Derrevin avaient quitté leur bienheureuse transe pour accueillir une certitude terrifiante : celle de leur mort imminente. Tétanisés par la terreur, ils ne pouvaient plus que rester immobiles à attendre leur fin dans la plus atroce des douleurs.

Si Anne ne parlait plus à l'esprit d'Armand comme elle avait pu le faire ces trois derniers mois, c'était parce que désormais les paroles n'avaient plus lieu d'être entre deux âmes qui s'étaient tant entremêlées. Sans être totalement fusionnés, leurs esprits se comprenaient désormais bien plus instinctivement, et Armand avait maintenant accès à toutes les pensées et émotions de sa mère parce que d'une certaine manière, c'étaient aussi un peu les siennes.

Mais pourtant, il était toujours "lui". Il n'avait fait qu'inviter une squatteuse à venir vivre chez lui, mais ça restait malgré tout son domicile, son corps, ses gestes, ses choix, ses actes. L'âme fragmentée et abimée de sa mère était fragile, bien trop pour prendre le dessus, surtout maintenant que la part d'elle la plus sombre était expulsée de son corps. Là-haut, elle ne craignait rien ou presque : sans arme magique ou bénie, les villageois n'étaient que peu de choses face à la reine banshee qui laissait transparaitre toute sa souffrance dans son hurlement strident. Bientôt, elle incanterait un sortilège terrible, à la puissance noire inimaginable, qui, si elle arrivait à le contrôler, arracherait la vie aux milliers de villageois amassés au même endroit.

Seule une poignée d'individus pouvait potentiellement mettre en péril la banshee, et elle était juste devant Armand : Alys, Thecia, Margot... et peut-être la chose qu'elle enfantait. Car la créature démoniaque n'avait pas cessé de se frayer un chemin vers la sortie depuis qu'Armand avait égorgé son amie corrompue : une seconde puis une troisième griffe noire avaient percé la chair de Margot, fouillant erratiquement la surface, déchiquetant le ventre de la jeune femme. Ce dernier était devenu gigantesque et difforme, s'étendant sur presque un mètre, comme si la créature prenait de l'envergure en son sein encore maintenant, alors même qu'elle se frayait un chemin vers l'extérieur.

Margot quant à elle, avait eu la gorge proprement tranchée et une abominable gerbe de sang avait giclé de sa trachée tandis que son regard trahissait la surprise et l'incompréhension. Mais alors même que cette victoire semblait acquise, Armand remarqua que la large coupure qu'il avait provoqué se colmata par une lueur d'un blanc éclatant qui ne laissait que peu de doutes sur le miracle en cours : la magie de Shallya avait protégé la jeune femme de la mort. Margot avait désormais une respiration rauque et difficile, le regard absent, mais elle était bien vivante. En relevant les yeux, Armand put croiser le regard froid d'Alys, qui profita de la fin du cri de la banshee pour s'adresser à lui d'une voix emprunte de déception :

- C'est regrettable, elle croyait sincèrement en vous. Mais c'est tr...

Alys n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase, car Thecia lui coupa la parole. Les yeux écarquillés par la peur, du sang s'échappant de ses oreilles et gouttant sur sa tunique jaune, elle tenait de ses deux mains chancelantes son couteau cérémoniel, pointé en direction d'Armand.

- Vous n'apportez que le mal et la souffrance ! hurla t-elle d'une voix tremblante. Je ne ne vous laisserai pas les condamner. Jamais ! Je... JE VOUS DÉTESTE !

Et la prêtresse de Shallya se jeta sur lui en rugissant, la lame en avant.






OK, voilà comment on va résoudre ce bordel :D
Déjà, le hurlement de banshee va marcher ainsi : c'est un jet opposé d'INT entre elle et ses cibles. Ceux qui échouent perdent des pvs et ensuite, selon la différence, sont soit apeurés (malus de stats) soit terrifiés sur 5+ (immobilisés).
Je vais diviser les cibles ainsi : d'un côté, la "masse" des PNJs no-name, de l'autre je ferais des jets indépendamment pour les persos plus "importants".
Ensuite, en fonction des résultats, je ferais un jet pour savoir où ils sont placés dans le temple : de 1 à 20 ils sont dans le temple plus ou moins proches de toi. Plus ils sont loin, plus il leur faut de tours pour arriver à toi - foule oblige, se déplacer n'est pas évident. Le borgne t'ayant escorté jusqu'au bout, je considère que lui et les deux shalléénnes sont à portée.

On est parti : cri de la banshee : 7, réussi de 7.
La foule (INT 7) : 13, raté de 6, différentiel de 13. - Tout le monde est terrorisé et perd 13 pvs.
Alys (INT 15) : 5, réussi de 10, différentiel de -3, résiste.
Thecia (INT 10) : 6, réussi de 4, différentiel de 3 : perd 3 PVs, effrayé
Le borgne (INT 11) : 11, réussi tout juste, différentiel de -7 : perd 7 PVS, terrorisé
??? (INT 12) : 16, raté de 4, différentiel de 11 : perd 11 PVS, terrorisé
??? (INT 10) : 7, réussi de 3, différentiel de 4 : perd 4 pvs, effrayé
??? (INT 13) : 12, réussi de 1, différentiel de -6 : perd 6 PVs, terrorisé
??? (INT 8) : 16, raté de 8, différentiel de 15 : perd 15 pvs, terrorisé
??? (INT 10) : 15, raté de 5, différentiel de 12 : perd 12 pvs, terrorisé
??? (INT 10) : 4, réussi de 6, différentiel de 1 : perd 1 pv, effrayé.
??? (INT 8) : 18, raté de 10, différentiel de 18 : perd 18 pvs, terrorisé

Position ??? : 10 - a besoin de 5 tours pour approcher.
Position ??? : 14 : a besoin de 7 tours pour approcher.
==> Pourront faire des tests de force pour aller deux fois plus vite.


Ordre d'ini au prochain tour :
Banshee - Alys - Armand - ??? - ??? - Thecia

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