[Éloi] Extrême-onction

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le marchand parut bien obéissant aux demandes d’Éloi ; Il ferma bien les yeux quand on lui demandait, sans rouvrir une paupière à un moment pour épier son docteur. Il lia ses mains lorsqu’on le lui ordonnait, et répétait les prières du frère en murmurant sans un bruit son Classique. C’était d’ailleurs quelque chose à remarquer – si n’importe quel paysan pris dans la rue d’Orléac était sûrement capable de répéter machinalement et sans la comprendre une profession de foi pour Shallya, le vrai Classique exercé, langue universelle des traités et des échanges entre les universités et les collèges du Vieux Monde, demeurait un dialecte savant jamais employé pour des conversations privées.
Est-ce que le marchand parlait réellement Classique, ou est-ce qu’il n’en avait eu qu’une éducation sommaire ? En tout cas, il arrivait bien à mimer avec ses lèvres le sermon rabâché par un jeune Éloi encore peu érudit.

La prière sembla le détendre un instant. Un petit moment de paix. Très court. Trop court. Il se remit à être pris d’une violente quinte de toux, qui allait probablement alourdir l’air de la pièce de ses miasmes. Il ouvrit ses grands yeux pour observer un Éloi s’était légèrement protégé avec sa robe. Le temps que la main du prêtre se pose sur lui pour la prière, l’oblat avait pu sentir comment il était brûlant.

« Cela a commencé…
Après Clermont, jé crois… Je… Je ne pensé pas qué c’est à cause de quelque chose que j’ai mangé…
Nan… Jé né vois pas à cé niveau là... »


La question d’Éloi n’était pas mauvaise ; Il était certain que de la mauvaise nourriture pouvait rendre malade certains. Mais si son escorte avait mangé à la même table, eux aussi auraient dû tomber malade.

« Jé… Rencontré… Beaucoup dé gens, pas mal voyagé… Mangé à des tables…
Mais… Mais mon associé, Ittocorre… Il était tout lé temps avec moi… Et loui n’est pas malade... »


Soudain, ses yeux se dardèrent de crainte et de colère mêlées. Il toussa un tas de glaviots contre son pouce, avant de trouver un peu d’air pour poser une simple question :

« Est-ce qué…
Est-ce qué l’aurait pou… M’empoisonner ?!
Comment a-t-il réagit à votre présence, paraissait-il... Avoir quelqué chose à se reprocher ?! »


Tu ne disposes d’aucune prière permettant de guérir une maladie (C’est une prière de niveau moyen minimum). L’utilité de tes deux prières vise uniquement à s’assurer à ce que son état ne se dégrade pas davantage.
À cause de cela, je ne t’accorde pas le bonus de +1 du domaine de Shallya.

Lancement de la prière « Résistance à la maladie » :
19, échec. Le patient n’aura aucun bonus pour empêcher la dégradation de son état.

Lancement de la prière « Bénédiction de Shallya » :
6, réussite. Les voies de Shallya sont impénétrables ; Difficile de savoir comment la Colombe viendra en aide à ce pauvre hère, mais en tout cas, elle a bien noté sa présence.


Tu refuses de faire un diagnostic plus poussé en observant le corps du monsieur. Tu souffriras donc d’un malus de -4 pour avoir des informations supplémentaires liées à son état.
Jet caché.

En revanche, puisque tu limites ton exposition avec le malade, tu gagnes un bonus de +2 pour résister à une éventuelle contamination.
Jet caché.


Jet d’intelligence pour voir si t’as un peu de jugeote : 18, échec. Je ne te donnerai pas d’informations supplémentaires pour t’aiguiller suite à tes questions.



Si tu n’es pas capable d’identifier la cause des symptômes, tu as néanmoins de quoi les traiter – Tu n’ignores pas vu ton éducation très traditionnelle que la diarrhée se soigne avec des thés infusés de feuilles de myrtilles, que la fièvre peut être atténuée avec des bains chauds dans lesquels sera rajouté une grosse quantité de sel de Lyonnesse, et que la toux peut être calmée à l’aide d’une infusion de menthe et de miel à respirer.
Reste maintenant à savoir si tu te contentes de donner ton ordonnance ou si tu prends la peine de commencer le traitement, et si tu demandes à être payé ou non – après tout, les bonnes œuvres de Shallya ne se financent pas toutes seules…
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Tu ne craindras pas les affres de la maladie, ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contagion qui frappe en plein midi.


Une pénible incertitude grandit en mon for intérieur tandis que je m’applique à bénir mon prochain, sans réponse manifeste de la part de la déesse. L’homme est pourtant bien mal en point, et je suis certain d’avoir récité un psaume approprié. L’espace d’un insupportable instant, l’ombre voilée d’un doute m’étreint : se pourrait-il en effet que ce silence de Shallya à mon endroit soit voué à durer ? Sur ces réflexions, me voilà soudain bien embarrassé lorsqu’enfin s’éveille en moi cette félicité si caractéristique de sa divine attention. Refluant prestement du chevet du malade, je m’astreins à réfréner l’envie naissante de me gratter le visage, geste d’ordinaire anodin, présentement bien malavisé.

Regagnant l’espace entre le pied du lit et la porte, je demeure hanté par le remord. Je ne devrais jamais douter de la présence de Shallya à mes côtés ; cette fois encore, je me suis laissé tenter, j’ai failli pécher. Écœuré par ces pensées autant que par l’air vicié de la pièce, je m’emploie à achever ma tâche, envisageant de prendre bientôt congé. Pour ce faire, je commence par répondre au malheureux en toute honnêteté. Toutefois, si force est de reconnaître que l’homme au doublet du rez-de-chaussée arborait une mine relativement enjouée, je ne dois pas m’immiscer dans les dissensions internes de leur troupe.

« Je ne sais trop que dire, mon frère.
Il est vrai que l’homme au doublet à qui j’ai parlé tout à l’heure ne semblait guère affligé.
Il m’a paru confiant en ton rétablissement. »


Préférant en rester là, je n’ajoute plus rien, préférant fouiller dans ma besace en quête d’un quelconque remède à lui proposer. Si l’homme présente des symptômes variés, la plupart sont suffisamment courants pour m’évoquer des idées de traitements. Ainsi, s’il est permis de supposer que son malaise découle si ce n’est d’un empoisonnement, au moins d’une intoxication, il lui faut soigner désormais son alimentation, le temps de sa convalescence. Toutefois, cet homme me semble suffisamment aisé pour se procurer les produits utiles à son rétablissement. Sans doute, il n’est pas nécessaire que je lui fournisse un quelconque élixir de camomille, qui ne suffirait vraisemblablement pas à le guérir. Comme plusieurs conseils fréquemment formulés par sœur Michelle me reviennent en mémoire, je commence à les égrener distinctement.

« Quoi qu’il en soit, mon frère, tu dois prendre garde à ne pas t’affaiblir davantage.
Soigne ta nourriture, de fait, et bois en quantités afin d’aider tes chairs à évacuer les mauvaises humeurs...
Infusions de feuilles d’hysope, de thé ou semblables simples t’aideront à boire et à surmonter la foire… »


Passant en revue la chambre, je vérifie consciencieusement ne pas avoir omis un conseil crucial à proposer au bonhomme. Comme il me semble avoir accompli mon devoir avec droiture, un dernier commentaire me vient à l’esprit, à l’issue duquel j’envisage de prendre bientôt congé.

« Oh, et permet souvent à l’air de pénétrer céans pour en purifier les miasmes.
Ne désespère pas : Shallya veille sur toi, et mes larmes ne tariront pas pour ta douleur. »


Mains jointes, je me tiens là encore un moment, guettant sa réaction, à l’écoute aussi d’une éventuelle demande de sa part. Je pense la moindre de mes paroles, et j’entends bien prier pour le rétablissement de ce malheureux. Sitôt sorti d’ici, je m’en irai trouver le tenancier pour m’enquérir de la disponibilité des herbacées recommandées, et demander à ce qu’on lui en fasse porter.


Je pars du principe que les herbacées mentionnées sont toutes des solutions valables pour son mal principal, qu’elles sont relativement disponibles dans un carrefour comme Percefruit. Un marchand ne devrait pas être trop en peine pour s’en procurer.
S’il n’ajoute rien de majeur pouvant me pousser à rester, Éloi prend congé, et redescend parler au tenancier, pour lui demander d’abord si certaines de ces denrées sont disponibles, l’avertir que l’homme en aura un usage probable, et demander qu’on fasse bouillir de l’eau.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 27 juil. 2020, 18:57, modifié 2 fois.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Confiant en mon rétablissement ?
Confiant en mon rétablissement... »


Éloi avait beau rapidement offrir quelques conseils de soin au malade, celui-ci se contentait de répéter cette phrase tandis que son regard se perdait dans la pièce, plus morne que jamais. Il parut sortir de sa semi-torpeur uniquement lorsqu’Éloi eut terminé de l’assurer de la présence de la Déesse, suite à quoi il hocha bêtement la tête plusieurs fois.

« Oui… Oui, c’est très bien… Jé… Jé prierai pour Shallya… Jé vais implorer sa miséricorde, merci... »

Et ce faisant, il lia très fort ses mains entre elles. Mais elles lui servirent bien vite à boucher ses lèvres qui expulsaient une énième quinte de toux.
Éloi le laissait donc à ses pots de chambres pleins de merde et sa souffrance infâme pour aller parler au marchand, et lui proposer d’acheter quelques herbes que n’importe quelle rebouteuse de village devait déjà bien connaître afin de soulager quelqu’un qui était déjà très souffrant.
Derrière la porte, le garde qui avait escorté Éloi jusqu’à l’étage se redressa pour avoir l’air d’une sentinelle alerte. Mais ne parlant probablement pas un mot de bretonni, il n’offrit ni une parole, ni même un signe à l’oblat.

Retournant au rez-de-chaussée, Éloi passa devant la table de la bonne demi-douzaine de gardes du corps qui s'esclaffaient un peu dans des rires fluets tout en descendant des chopes. L’homme au doublet, probablement Ittocore, leva son museau alors qu’il était assis dans un coin, les bras croisés, ne partageant pas les plaisanteries et les tapes dans le dos de la troupe de mercenaires. Si Ittocore suivit bien le Shalléen du regard en fronçant les sourcils, il ne daigna pas se lever pour dire quelque chose.

Le gros monsieur derrière le comptoir était en train de discuter à voix basse avec les deux louveteaux gaillards. Tous devinrent muets, par respect, lorsque le prêtre de Shallya vint leur dire quelles herbes fournir aux marchands. Le gros monsieur entrouvrit la bouche, parut un peu circonspect, et, tout-de-go, il répondit :

« Ben mon bon frère, oué, qu’ça d’vrait pas être ben dur d’trouver ce que vous m’demandez, mais... »

Il regarda les yeux d’un des chiards de paysan, probablement pour obtenir son soutien mutique.

« Mais j’veux dire…
Le métèque y va rester encore ben longtemps à chier partout dans ma chambre ?! J’veux dire… Ici c’pas un hospice, mon bon frère ! On a pas d’quoi l’soigner ! Pis il est contagieux ou pô ? Ma fille qu’on envoie changer son pot comme un gosse, j’pas envie qu’elle choppe la merde qu’cet enfoiré il nous a ramené d’chez pas où ! »


Les deux paysans approuvèrent avec des « oué, oué » suivis de hochements de tête.

« Pis, y a toute sa troupe là, tout un tas d’vauriens d’Estalie avec des grosses épées…
Z’en connaissez beaucoup des marchands qui s’déplacent avec plein d’gars armés, alors qu’il a même pas de débardeur, même pas d’valet, même pas d’cocher ? Même le bailli quand il descend collecter la taille y s’ramène pô avec autant d’épées !
– C’pas un marchand
, fit l’un des jeunes hommes, un solide blondinet aux joues grasses qui lui donnaient un air plus poupon que sa grosse carrure. C’t’un banquier, qu’la vieille Minnie elle dit.
– Les banquiers c’comme les magiciens ou les stryganis ; faut pas en laisser entrer sous son toit.
Écoutez mon bon frère, c’est... »


Il tapota la table. Regarda au loin la soldatesque qui, à l’autre bout de l’auberge, se mettait à présent à chanter, l’un d’eux ayant sorti une mandoline pour fredonner un quelconque refrain d’ailleurs.

« Ces types là, c’est d’sales gars. Braillent jusqu’à pas d’heures, descendent toute ma cave, lancent d’mauvais r’gards aux fillotes du coin… Et dès qu’on hausse le ton, mettent tous leurs mains sur les crosses de leurs pétoires ou le bout d’leurs maudites épées…
J’vais pas mentir. Là, on est à deux doigts d’appeler l’bailli pour qu’il s’ramène afin d’leur botter l’cul. Mais le gars qui chie toutes ses tripes à l’étage, paraît qui vaut queque chose, voyez ? Pas l’genre d’bonhomme qu’un messire peut balancer dans la boue, ben qu’il devrait.
Vous vous… Vous pouvez aider Percefruit. L’précieux avec le doublet, là bas, c’lui qu’arrête pas d’vous épier. »


Il fit un geste du front dans la direction d’Ittocore.

« Vous pouvez pas lui dire qu’son patron y d’vrait dégager d’ici ? S’casser…
S’casser chez pô où, moi ! Un dispensaire ! Ou lui dire qui va s’rétablir en route !
Nous on supporte plus d’les voir ici ! »
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Le tenancier n’a pas l’air d’être un mauvais bougre, et son insistance pose question. Si je ne m’étais d’abord pas inquiété de la situation à Percefruit, les révélations de mon massif interlocuteur m’amènent en effet à reconsidérer ma désinvolture à ce sujet. A l’en croire, la présence de la troupe d’étrangers cause suffisamment de troubles et de tensions en ville pour occulter le bénéfice financier de leur présence prolongée. C’est donc avec compassion que je l’écoute confesser ses inquiétudes, hochant pensivement la tête à l’évocation des nuisances perpétrées. Je réfléchis, aussi : si je ne comptais initialement pas m’investir davantage dans la gestion de cette crise larvée, rien ne semble présager d’une heureuse issue. Ce constat m’affecte plus que je ne l’aurais cru, et je médite un moment sur ce que je sais de la présente situation. Un coude sur le bois dur du comptoir, je demeure songeur, me massant la tempe du bout des doigts comme pour y infuser quelque lumineuse idée.

Les soupçons du marchand sont contagieux, quand bien même il pourrait se fourvoyer complètement. Il est vrai qu’Ittocore a l’air moins affable depuis que je suis redescendu. Est-ce à dire qu’il est nécessairement fautif ? Dans le doute, il convient de se méfier. Mais si l’hypothèse de l’empoisonnement est véridique, alors les choses ne peuvent qu’empirer pour Percefruit : si le marchand reste ici, Ittocore aura supposément moult occasions de réitérer sa trahison. D’autre part, les exactions de la troupe se poursuivront, avec de possibles escalades. Je dois faire de mon mieux pour apaiser ces tensions, et la meilleure solution semble en effet être le départ prochain du marchand. Pour œuvrer en ce but, il convient que je retourne converser avec lui, en vue d’en apprendre davantage sur sa situation, et de lui faire des recommandations.

Mais trêve de songeries. D’abord, rassurer mes interlocuteurs. Puis aller quérir de l’eau, et se faire aider pour cela. Enfin, préparer une généreuse infusion d’herbacées et la porter au pauvre hère à l’étage. Je reprends dans un murmure une bribe, au demeurant sincère, de la prière que je récitais tantôt pour que Shallya m’assiste dans mes imminentes négociations. Rompant le silence que j’ai laissé s’installer le temps de suivre le fil de mes pensées, je m’adresse ensuite au tenancier en des termes visant à l’apaiser.

« J’entends ta colère, mon frère.
Rassure-toi, le mal dont il souffre est certes virulent, mais ne se transmet pas aisément.
Je vais plaider pour leur départ, mais pour ce faire, je dois convaincre ton client à l’étage, plus que l’homme au doublet. »


Plongeant mon regard dans le sien, je ménage un silence, pour le laisser cogiter quant aux implications de mes déclarations. Puis, jetant un coup d’œil de part et d’autre aux quelques gaillards également accoudés au comptoir, j'entreprends de m'adjoindre leur aide.

« Mettons toutes les chances de notre côté, si vous le voulez bien.
Il faudrait faire bouillir de l’eau, pendant que j’irai en puiser davantage.
Mets ceci, et les simples, au compte de ton riche invité, pour t’y retrouver. »

On se retrousse les manches. Éloi retente Bonté du Cœur sur lui-même, puis cherche à se faire aider pour aller puiser l’eau, obtenir les simples demandées et faire bouillir de l’eau, et faire chauffer de l’eau pour un baquet de bain à proposer au marchand. Si tout ou partie échoue, le plus crucial à ses yeux demeure l’infusion (plusieurs portions).

Je te laisse apprécier de l’éligibilité de la compétence Cuisine au regard de la préparation d’infusions (ne fut-ce que pour les rendre plus odorantes, ou que sais-je).

Après cela (qui peut appeler une courte ellipse), il s’agira de remonter voir le marchand, pour prendre les choses en main.

Si tu l’autorises, après ce délai, une courte prière « reprise » pourra être envisagée pour retenter Résistance à la maladie. En effet, si Éloi privilégie la piste de l’empoisonnement, on peut arguer que ses habitudes hygiéniques acquises chez les shalléennes ont la vie dure, couplé à la théorie des miasmes.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 04 août 2020, 17:42, modifié 1 fois.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le tenancier parut légèrement embarrassé par la demande d’Éloi. Il cherchait à nouveau de l’aide dans le regard des deux pégus avec lui, mais visiblement, c’était à lui qu’on se remettait pour répondre.

« Ben…
Ben c’est que moi j’veux ben faire confiance à un fidèle d’la colombe, mon bon frère. Si vous dites qu’faut faire ça, faut faire ça. Pas b’soin que vous vous embêtiez à aller chercher de l’eau, l’grand Pierrick peut s’en charger, faut ben qu’ses bras y servent à que’que chose à défaut d’avoir d’la tête.
Pas vrai mon grand ? »


Et il fit un signe faussement dédaigneux vers une des armoires à glace, qui en réponse eut un petit sourire taquin, et s’en allait déjà pour obéir à la consigne.

« Mais j’veux dire…
J’veux dire… Si vous pouvez les convaincre de dégager, ça f’ra du bien à Percefruit. J’comprends qu’ce soit pas vot’ boulot, virer les gens c’est pour ça qu’on a un bailli, hein, il est là pour prendre la taille et forcer les corvées mais dès qu’y a des nuisances ça y est y a pu personne mon bon frère ! »


Et il lança un énième regard ennuyé vers les Estaliens en train de brailler, tout en se plaignant dans sa barbe de l’assiette de l’impôt et des taxes trop fréquentes.
Mais il n’empêche qu’on donna bien à Éloi tout ce qu’il demandait. Le laissant passer derrière le comptoir, le tenancier ne s’émut pas de voir le futur prêtre sortir une casserole pour faire bouillir de l’eau ramenée du puits par le grand Pierrick. Il prit des arrangements pour faire préparer un baquet au banquier avec sa jeune fille, une gamine chétive aux yeux entourés de cernes.

Éloi se préparait à ramener ce qu’il avait préparé à l’étage. Alors qu’il allait s’engager dans l’escalier, il entendit un sifflement dédaigneux venant de l’autre bout de la salle.
Ittocore se leva en donnant une tape à l’épaule de la jeune femme à côté de lui. Il marcha la petite distance qui le séparait d’Éloi, et arriva tout près de lui avec un grand sourire.

« Ah… Jé vois que tou est déjà en train de t’occouper de mon compagnon... »

Il observa le bol en bois fumant où se trouvait l’infusion. Ittocore n’avait pas un physique très impressionnant – s’il était grand, plus grand qu’Éloi, il était tout fin, sculpté comme une aiguille. De toute façon, s’il se mettait tout près d’Éloi, et qu’il avait baissé le volume de sa voix, il n’avait pas l’air de chercher à être particulièrement menaçant. Il semblait plus vouloir être discret, peut-être pour ne pas se faire entendre de la soldatesque toute proche de lui.

« Alors… Tou me semble avoir les choses en main… Tou sais donc de cé qu’il souffre ? Il va bien ? Il pourra réprendre la route vers Orléac très biennetôt ? »

Utilisation de la prière « Bonté du cœur » : 13, échec.

Jet pour convaincre l’aubergiste de bosser pour le malade : Réussite d’office, pas de jet. Le simple fait que tu promettes de l’aider à faire dégager le banquier lui suffit ; La réussite de la prière « bonté du cœur » aurait pu servir plus généralement à un autre moment vu que ça dure plusieurs heures.

Utilisation de la prière « Résistance à la maladie » : 2, réussite. Cette fois-ci, après avoir bien imploré Shallya, elle décide de t’écouter, peut-être parce qu’elle s’est bien rendue compte de l’urgence de la situation…

Si ça t’amuses je fais un jet de cuisine pour voir si tu prépares bien l’infusion : 15, échec. Ça sert à rien parce que de toute façon le banquier la boira quoi qu’il arrive, vu que tu ne lui as pas donné de raisons de se méfier.

Jet d’empathie d’Éloi sur Ittocore : 8, réussite
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Quelle pitié que cette triste situation, songe-je en m’affairant à la préparation de l’infusion. Au fond, l’ami tenancier n’a pas tort : tout serait pour le mieux si la troupe du marchand pouvait poursuivre son voyage. Percefruit retrouverait une relative sérénité, et le riche sieur n’en serait pas moins bien soigné. J’ai vu passer je crois la fille du tenancier, discrète gamine au regard fuyant et fatigué ; elle aussi semble exténuée par la situation. Une sourde amertume suit ce simple constat, renouvelant ma motivation à tout mettre en œuvre pour faciliter le départ du patient à l’étage. Ce serait d’ailleurs chose aisée avec la présence rassurante de Shallya à mon côté, ne serait-ce pour cet Ittocore que je vois se lever pour m’intercepter au-devant des marches.

Je n’éprouve pas de mauvais sentiment à son endroit, mais les paroles du malade résonnent encore dans un coin de mon esprit, m’invitant à la méfiance à l’égard d’Ittocore. Oui, en effet, il aurait pu empoisonner son associé, et le cas échéant, défiance est de mise. Comme l’étranger dégingandé s’avance vers moi, je contrôle néanmoins mon attitude, pour ne pas commettre d’impair en l’absence de doutes plus sérieux. Feignant d’être absorbé par mon broc de tisane, je lui accorde un regard faussement distrait mais demeure tourné vers l’escalier. Il s’immobilise finalement bien plus proche que je ne l’aurai cru, au point que je peux sentir son souffle sur ma joue droite. Inclinant discrètement la tête, je lui prête une oreille attentive, mais mon regard est ailleurs, alternant entre le récipient et ses mains, veillant au grain. Rétorquant ensuite sur un ton similaire au sien, je demeure évasif, me frottant nerveusement l’arête du nez.

« Je ne suis pas sûr, mais Shallya l’a en sa garde. Je fais mon possible. »

Lui signifiant d’un nouveau regard le caractère pressant de mon affaire, j’entreprends de gravir à nouveau la volée de marches menant à l’étage du bâtiment. Ce-faisant, je demeure songeur quant aux implications de ses dernières paroles : ainsi donc, la troupe ferait bien route vers Orléac. Un regard par-dessus mon épaule pour vérifier que l’on ne me suit pas, je m’avance dans le couloir jusqu’à retrouver l’entrée de la chambre. Tombant nez-à-nez avec la fillotte du gérant de céans, venue s’acquitter de sa corvée de baquet, je reste un instant interdit, la dévisageant. La mine pâle, les yeux cernés, il faut bien reconnaître qu’elle a triste allure. Pris de pitié pour la situation de l’adolescente, je lui tends la main. M’efforçant d’esquisser un sourire avenant, je lui propose à mi-voix de la relayer, lui épargnant la peine d’entrer encore dans la chambre à l’air vicié.

Après avoir toqué et m’être annoncé, je pénètre finalement à nouveau dans la chambre. Cette fois, les effluves chargées de miasmes ne m’étourdissent pas autant, et je me dirige sans plus tarder vers la fenêtre, dans l’intention d’écarter les rideaux et d’aérer la pièce.

« Respire à nouveau l’air frais.
Tu fais route pour Orléac, n’est-ce pas ? Ce n’est pas loin, et tu serais bien plus à l’aise là-bas… »


Déjà, un courant d’air salvateur accompagne la lumière du jour à l’intérieur. M’approchant résolument du patient, je lui propose un bol d’infusion, avant de poursuivre la conversation plus avant.

« Ceci devrait t’aider à te requinquer. Tu te sentirais aussi certainement mieux après un bain.
Pourquoi Ittocore t’en voudrait-il ? Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? »


Éloi demeure vigilant au cas où Ittocore voudrait introduire subrepticement quelque produit dans l’infusion, à l’occasion de la conversation.
Si la fille du tenancier accepte le contact, une rapide Bénédiction de Shallya peut être tentée, par compassion pour son quotidien des derniers jours. Sinon tant pis.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 23 août 2020, 14:50, modifié 1 fois.
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Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
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- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Ittocore souriait de plus belle à la réponse toute simple et empressée d’Éloi ; Le banquier semblait bien voir que le prêtre de Shallya ne souhaitait pas lui en dire plus. Il se contenta d’un hochement de tête tout en s’écartant du passage.

« Bien, bien… Jé suis content qu’il est en bonnes mains, oui... »

Mais alors qu’Éloi avait tout juste posé le pied devant pour commencer à grimper les marches, Ittocore l’arrêta en plaçant une main sur son épaule. Pas une patte froide, ni forcée ; Il retira ses doigts aussitôt qu’il les avait perchés sur sa robe de moine, et il ouvrit bien la paume de sa main pour ne pas paraître menaçant.

« C’est qué… Mon partenaire est très fatigué… Un peu délirant…
Nous avons affaire à Orléac, si, et… Et voilà, je me demandais, enfin… Bien…
Peut-être est-ce mieux s’il reste à sé requinquer ici ploutôt que de bouger, non ? Enfin, vous devez mieux savoir qué moi, jé ne souis pas médecin, mais enfin, je me dis, nous avons dé quoi payer la chambre, et bouger un malade d’un coin à un autre ça aide pas son état… Donc je me disais…
Enfin, mon partenaire est oune bourreau dé travail, il se tuerait pour son affaire ! Alors qué moi, jé préférerais qu’il aille bien. Jé pé gérer l’affaire tout seul en son absence, mais il ne me fait pas confiance.
Je n’ai pas envie qué son état empire en se déplaçant au lieu de sé reposer, vous voyez mon frère ? Enfin, cé n’est pas vos affaires, vous me répondrez ; Allez, jé né vous dérange pas plous. »


C’était peut-être son accent et sa difficulté à manipuler la langue des Bretonniens, mais Éloi avait du mal à comprendre où il voulait en venir. Peut-être était-ce le propre des Tiléens, de passer d’une phrase à l’autre sans jamais véritablement assumer ce qu’ils disent, et à toujours avoir une idée derrière la tête qu’ils préfèrent suggérer plutôt que déclarer...
Mais enfin, l’oblat ne savait pas trop pourquoi, mais il avait l’étrange sensation que ce monsieur était sincère dans l’inquiétude qu’il avait quant à l’état de son partenaire malade. Peut-être parce qu’il se souciait vraiment de sa santé. Peut-être parce que voir son camarade alité gênait ses affaires. Ce n’étaient pas forcément ses raisons qui importaient.


Éloi fit le peu dont il était capable pour soulager le diarrhéique. Après avoir congédié la pauvre adolescente qui servait de dame de chambre, il offrit au Tiléen la petite infusion qu’il lui avait préparée. Le banquier sembla se détendre. Il le remercia plusieurs fois et ingéra tout ce que le fidèle de Shallya lui donnait sans faire d’histoires – en ça il était beaucoup plus facile à traiter que les jeunes enfants qui pleuraient ou ne gobaient pas leurs concoctions.

« Merci mon frère, peut-être que c’est Shallya qui t’envoies… Jé n’ai pas toujours bien prié la Colombe, jé n’ai pas été très assidu dans mes pénitences... »

Si son état physique n’était pas amélioré, au moins il se calmait. Il approuva la suggestion de prendre un bain d’un simple hochement de tête.
Lorsque la question d’Ittocore vint sur la table, en revanche, il parut soudain plus inquiet. Il fronça des sourcils, regarda la poignée de porte, et se mit alors à grommeler.

« Ah, je… Je ne sais pas… Peut-être qué je me fais des idées, mais… »

Il haussa les épaules. Hocha de la tête. Parla dans sa barbe.
Puis, finalement, il décida de se confier, en s’affalant un peu plus dans ses draps.

« Bon, tou est un prêtre dé Shallya, jé peux te confier des choses… Tou sais, dans ma profession, lé secret c’est important, on est des confidents, en quelque sorte…
Ittocore et moi, nous sommes réprésentants d’oune banque dé Remas. Ici, à Brionne, y a les foires, foires ça veut dire marchands, négociants, mais la ploupart des gens qui échangent ils ne se trimballent pas avec oune énorme quantité de monnaie. Moi et Ittocore, on offre aux marchands dé lettres de change, un papier, tu le donnes à une banque, et en échange, on te donne des pièces d’argent – sinon tout lé monde aurait sa propre bourse, et ça attirerait lé brigands, tu vois.
Enfin, on a une affaire bancaire – je t’en dis pas plus, c’est secret tu comprends – mais moi et Ittocore on a une désaccord sur ce qu’on devrait faire. On devait être reçus par la seigneuresse d’Orléac pour en discuter, mais jé vais pas me tenir devant elle en mé vidant dé chiasse toutes les deux minutes, tu comprends ? »


Il rit de sa propre infortune, un petit pouffement léger avant de reprendre.

« Ittocore est une ami, mon gendre aussi. Mais il est très pressé d’aller à Orléac tout seul, en mé laissant là. C'est ça qué je trouve bizarre.
Mais tu est venu, et tu m’as donné de quoi me soigner. Donc, jé peux aller en ville maintenant ? À Orléac, jé pourrai trouver quelqu’un pour m’aider, n’est-ce pas ? »


Il fit un grand sourire plein d’espoir à Éloi, comme s’il se remettait finalement à sa simple décision.

Jet d’empathie sur Ittocore : Jet caché.
Jet de charisme sur le banquier : 9, quelques détails supplémentaires débloqués dans la narration.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Je ne connais pas grand-chose au monde, d’autant plus au-delà des frontières de Bretonnie, mais voilà bien un nom que j’ai déjà entendu. Il me semble en effet que Remas est une cité marchande de la lointaine Tilée, plus au sud, au-delà même des montagnes bordant les terres gasconnes. Le banquier -puisque c’en est bien un- aborde aussi les raisons de son voyage, en profitant pour m’expliquer la façon dont ses semblables participent au bon fonctionnement des routes commerciales, évitant aux commerçants de devoir transporter leur pécule, et garantissant l’échange de promesses de paiement écrites.

Il est vrai qu’ici en Brionne, les foires commerçantes se tiennent à certaines époques de l’année, la capitale du duché constituant le dernier jalon des routes commerçantes longeant la Bretonnie. En pareilles occasions les bourgs concernés entrent en ébullition, pris d’une festive effervescence : je me souviens encore de la foire de printemps d’Orléac. Pour les grands négociants, ce sont autant de temps privilégiés, mais le vieux Roscelin me racontait que même les petits commerçants y trouvent en général leur compte. C’est aussi une grande fête en ville, car les affaires de marché s’accompagnent de divertissements en tous genres, et l’humeur générale est à la liesse.

Finissant d’ingérer l’infusion proposée, mon infortuné prochain semble se détendre, et s’enfonce un peu plus dans ses draps souillés d’humidité. Sans le presser de poursuivre, je le dévisage avec bienveillance, déterminé à le mettre en confiance alors qu’il demeure songeur. M’agenouillant à son chevet, je reste un moment là, l’encourageant du regard à continuer de se confier. Lorsqu’il évoque devoir s’entretenir avec la jeune seigneuresse d’Orléac, Sybille de Carqueray, je ne peux d’abord m’empêcher d’être étonné, les nobles préférant en général rester entre pairs plutôt que de discuter commerce. C’est à force de négoce que l’on devient marchand, dit-on, et aucun noble ne souhaiterait cela. L’affaire en question doit être particulièrement importante ; peut-être a-t-elle trait aux perturbations politiques dont tout le monde a ouï dire suite au mariage de la seigneuresse Sybille avec l’intrigant Drogo ?

Adressant un sourire que j’espère rassurant au banquier, je le dévisage encore, désormais à sa hauteur alors qu’il poursuit et s’interroge.

« Orléac est tout proche ; j’y étais ce matin encor.
Tu y trouveras les meilleurs soins de mes soeurs, ainsi que des établissements du plus grand confort.
Si tu te sens mieux, tu pourrais aisément y être avant la nuit. »


Pris d’une intuition, j’ajoute dans un murmure chargé de sous-entendus.

« Je peux t’y accompagner, si cela peut te rassurer dans ton entreprise.
Ton rétablissement ne saurait trop tarder, pourvu que tu te montres vigilant. »


Il est vrai que Percefruit n’a plus guère besoin de moi si je parviens à remettre le banquier en route. En un sens, le tenancier a raison, c’est rendre service au plus grand nombre que d’aider l’homme à repartir avec sa troupe. Par ailleurs, son récit m’intrigue, et j’aimerais en savoir plus.


Je suppose que tu n’autoriseras pas non plus le bonus de Séduction dans ce contexte où Éloi s’échine à obtenir la confiance du banquier, mais je mentionne néanmoins la compétence au cas où.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 25 août 2020, 23:34, modifié 1 fois.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le banquier offrit un sourire ravi à Éloi ; il approuva la décision du Shalléen de plusieurs hochements de tête.

« Oui… Oui je vais aller à Orléac, tou a raison…
Jé demanderai à mes gens de m’occuper de moi, selon tes conseils avisés. Si tou décide de me suivre, ça serait très aimable de ta part, frère.
Merci pour tout. »


Éloi resta encore un peu avec lui pour prier et le réconforter. Il fut malheureusement pris d’une nouvelle crise diarrhéique et le prêtre de Shallya put alors avoir l’immense plaisir d’aider le bougre dans toute sa détresse hygiénique – c’était ça être serviteur de Shallya, les malades étaient rarement propres, et il arrivait souvent qu’il faille régler des ennuis qui n’avaient rien de ragoûtant. Shallya s’en foutait. Elle soulageait ceux qui se vidaient par tous les orifices sans faire la prude. C’était son rôle et celui de son culte, de soigner sans juger.

Après un petit moment, il put redescendre et le tenancier derrière son comptoir demanda des nouvelles. Lorsqu’il apprit qu’Éloi avait fini de le convaincre d’aller à Orléac, il parut immensément rassuré, et offrit au jeune prêtre de Shallya un verre de tout ce qu’il souhaitait. Ittocore, qui écoutait la discussion depuis une fenêtre, parut bien mal à l’aise. Alors que personne ne lui avait rien demandé, il s’approcha pour aller dire quelque chose à Éloi.

« Hé… Êtes-vous bienne soûr qué c’est la meilleure chose à faire ? »

Le tenancier jeta une serviette sur son épaule et posa ses deux poings contre le bois du comptoir.

« Tu vas quand même pas contredire l’avis d’un prêtre de Shallya ? Y s’y connaît p’têt mieux qu’toi l’métèque, non ?! »

Ittocore fit un étrange geste du pouce qu’Éloi ne reconnaissait pas – peut-être une insulte du pays d’où il venait, comme le doigt d’honneur des archers Bretonniens. Le tenancier se contenta de pouffer de rire tandis qu’il s’éloignait.

« Percefruit vous r’mercie, frère, même si vous l’avez pas fait pour nous. »

Et donc Éloi put attendre un petit instant, à discuter de la pluie et du beau temps avec le tenancier. Peut-être pouvait-il réfléchir à faire autre chose le temps que sœur Nathanaèle termine son affaire. Après tout, l’aîné du village avait bien parlé d’une bête malade, ainsi que d’un paysan qui s’était blessé tout seul avec une serpe, deux cas qu'il pouvait traiter avec ses maigres connaissances.
Mais il n’eut pas vraiment le temps de demander au tenancier beaucoup de nouvelles de ces deux affaires, ni la direction à prendre pour aller aider. Car la porte de l’auberge s’ouvrit, et un homme un peu bedonnant, légèrement chauve, au costume commun d’homme du peuple, se mettait à regarder dans tous les sens comme une poule. Il découvrit Éloi au comptoir et s’empressa à toute vitesse :

« Ah, z’êtes là !
M’sieur-frère d’Shallya, céti la sœur qu’m’envoie ! Qu’elle dit qu’y a un problème et quéque vous d’viez ben v’nir lui prêter pogne-forte, oui-da ! »


Le tenancier parut soudain inquiet. Il se redressa de son comptoir en sifflant.

« Hé bé l’Marceau, qu’est-ce qui lui arrive à la p’tiote ?
– Pas l’temps d’jacasser, mon gars ! Qu’la sœur m’a rien dit à mî, quéque juste qu’le m’sieur-frère d’vait s’ramener dare-dare, oui-da ! »


L'aubergiste parut triste. Il souhaita bon courage à Éloi et laissa le-dit Marceau s’empresser de s’éloigner pour guider le petit oblat.

Éloi pouvait bien poser des questions sur ce qui se passait – pourquoi Nathanèle avait besoin de son aide, comment se déroulait l’accouchement, devait-il amener des herbes ou de la pharmacopée en particulier depuis la petite charrette ? Il découvrirait bien que Marceau ne lui était d’aucune aide. Le paysan, tout paniqué, et un peu essoufflé – peut-être plus par l’angoisse que par l’effort d’ailleurs – se contentait de botter en touche, et de dire qu’il n’était au courant de rien, juste que la sœur avait ordonné qu’on le ramène le plus vite possible.
C’était en soi assez inhabituel. La bonne morale et l’ordre des choses fait que les hommes ne sont pas censés intervenir dans les accouchements. Même les médecins bien éduqués dans des guildes ou sur les bancs de faculté sont vus comme des charlatans comparés aux vieilles sages-femmes de villages. Pour que Nathanèle lui demande son assistance, c’est que l’affaire devait être bien grave.

Marceau accompagna Éloi jusqu’à un corps de ferme, non loin du petit autel en pierre de Shallya. Ça ressemblait à une demeure d’alleutier, et non de serf – un paysan riche et libre, qui devenait un petit tyran sur des ouvriers agricoles, par mimétisme de ce que faisaient les nobles possédant d’immenses fiefs, à sa toute petite échelle. Éloi le reconnaissait puisque ce n’était pas une cabane minuscule et désolée qui se tenait devant lui, mais une demeure un peu plus solide, un gros carré de brique avec un toit de chaume qui devait bien isoler l’hiver, pas du jonc et des roseaux de gueux peinant à se nourrir. Mais même riche, un paysan ne construisait jamais sa maison en pierre, la faute aux lois somptuaires qui réservaient ce matériau à la noblesse et aux clercs seuls.

Tout libre que le paysan était, il restait un paysan. En passant sous la porte, Éloi découvrit une grande pièce qui servait de lieu de vie – les demeures de simples serfs n’avaient qu’une unique pièce, les alleutiers pouvaient se permettre de la séparer en trois, et d’avoir donc une chambre, un foyer, et, dans une pièce annexe dont la porte était ouverte, un petit abri sous lequel se réfugiait présentement un mouton se goinfrant d’herbe fraîche coupée et placée dans un bol.
Pour ce qui était des humains, Éloi vit que plus d’une demi paire d’yeux le regardaient de manière inquisitrice. Huit, huit personnes fatiguées, dans des positions différentes, comme un tableau vivant dans lequel il venait de faire irruption, gênant la pose que le peintre avait organisé. Il y avait un jeune homme prostré sur un tabouret, un plus vieux, la moustache grise, qui collait ses mains sur son visage. Une femme passait ses mains dans ses cheveux, en retirant par poignée à chaque effilage de ses phalanges. Au sol, deux gamins, un garçon et une fille, la fille bien plus âgée que le petit garçon, jouaient avec des petites figurines grossièrement taillées dans du bois – la fille regardait avec plus d’insistance Éloi que le garçon, qui s’était très vite détourné de lui pour préférer bouger son petit cheval en bois dans tous les sens, en imitant le bruit des sabots avec des « pataclop, pataclop ! » – sûrement que la fille de dix-onze ans essayait de tranquilliser l’esprit et de distraire le gamin de quatre ou cinq, plus insouciant.

Il y eut comme une lueur d’espoir à l’arrivée d’Éloi. La femme qui s’arrachait les cheveux se leva aussitôt pour aller taper à la porte fermée de la chambre, l’homme à la moustache eut un grand sourire et bouscula le jeune homme sur le tabouret, qui maintenant se mettait à regarder dans le vide. Et un autre homme, au crâne tout rasé, vint voir Éloi et Marceau, afin de poser une main sur l’épaule du paysan.

« Voilà, céti qu’il est lô main’tnant, c’est qu’tout va ben s’passer ! Du calme !
Merci mon frère, on prie tous Shallya ici ! Là sur l’tabouret c’est l’père, pis l’grand père, pis la sœur, pis les enfants lô, et-
– Lâche-lui la grappe, Henriot !
Gronda Marceau. Qu’il est là pour bosser, l’m’sieur-frère !
– Heu oué oué, désolé, c’est que vous voyez l’soucis en c’moment c’est que voilà on... »


Et voilà que Henriot se mettait à partir dans de longues explications inutiles, de quand le travail avait commencé, du fait que la jeune fille était un peu pâle mais qu’on la nourrissait de lard depuis quelques jours pour la fortifier, c’était son idée à lui parce qu’il donnait ça à ses cochons – il avait l’air très fier de son conseil médical. En fait, il était bien le seul à parler, et Éloi, toujours attentif aux autres, avait bien assez deviné tout seul qu’il essayait plus de se rassurer lui-même que de le rassurer lui, ou même la famille angoissée.

Parce qu’alors qu’Éloi s’approchait de la porte de la chambre, il entendait un grand silence derrière. Pas de cris de douleur. Pas un hurlement. Pas un pleur.
Et rien que ça, rien que ça, ça présageait du pire.

« Qu’il entre, seul ! »

Nathanaèle avait grondé ça d’un ton froid et autoritaire, sa voix un peu étouffée par la cloison. Et la femme qui s’arrachait les cheveux, qui avait toqué à la porte, et qu’Henriot avait désigné comme la sœur de celle enceinte, tira sur la bobinette de la porte et s’éloigna pour qu’Éloi entre.

« Ferme la porte. »

Éloi n’avait même pas eu le temps de faire un pas à l’intérieur ou de découvrir ce qu’il y avait derrière, qu’elle avait ordonné ça à toute vitesse.
Il entra donc discrètement, et ferma bien derrière, tout en découvrant l’état de la pièce.

Il y avait d’un côté deux grands lits superposés. Sûrement que toute la famille dormait dans la même pièce. Au milieu, accolé à deux fenêtres dont les pans en bois avaient été assez ramenés l’un vers l’autre pour que l’obscurité règne dans la pièce, et que seul un trait de lumière puisse permettre de se repérer, il y avait un autre lit-double. Un grand baquet d’eau, rempli de bulles et de mousse, avec un savon qui flottait à la surface, et des draps maculés de sang qui en débordaient. Du linge jeté à côté, dans un tas désordonné.
Et une couverture, sur ce lit. Une couverture qui permettait de deviner une forme humaine dessous. Figée.
Éloi avait déjà vu ça. Même à son jeune âge, il avait déjà eu à vivre ça. Elle était morte. Ça arrivait souvent. Dans ce monde, donner la vie mène souvent à la mort. Ça pouvait choquer Éloi. Le remuer. On lui avait appris que c’était normal – qu’il fallait pleurer pour ces femmes.
Mais ce n’était pour ça qu’il était ici. Nathanaèle avait traversé la mort. Elle avait clos des dizaines et des dizaines d’yeux, à la chaîne, sur les galions de l’Amirauté Bretonnienne – elle en avait gagné un masque qui camouflait son visage, et ce que l'oblat avait pu entendre, elle était tout aussi endurcie face à la perte de ses patients.
Pourtant, Éloi la découvrit dans un coin de la pièce. Assise sur un tabouret, lui présentant son dos, et elle bougeait lentement, d’avant en arrière, dans une sorte de basculement. Éloi entendit une sorte de gazouilli étouffé, et il devina qu’elle était en train de porter un linge entre ses bras.
Elle berçait un enfant.

Éloi s’approcha d’elle. Nathanèle se retourna très lentement. Et même si elle portait un masque qui rendait perpétuellement son visage impassible, même si elle était dans l’ombre, c’était à sa voix, qui murmurait d’un air cassant, que l’oblat put deviner toute sa détresse.

« Frère-oblat, je…
Je sais pas quoi faire... »


Elle continua de se basculer d’avant en arrière. En s’approchant un peu plus, Éloi comprit absolument pourquoi elle était dans un tel état.

La chose entre ses bras, emmailloté dans le linge, ne méritait qu’à peine d’être considérée comme un être humain. Couvert de sang et de placenta, ses yeux clos, comme n’importe quel nourrisson. Par pur réflexe, Éloi put voir que Nathanaèle avait soigneusement coupé le cordon ombilical, puisque la chose avait un nombril, et qu’elle avait commencé à sécher sa frimousse pour le rendre présentable.
La chose avait des poils. La chose avait des sabots à la place de ses jambes potelées. Des débuts de cornes, comme les bébés des boucs, qui entravaient son front. Et de gros doigts boudinés, eux parfaitement humains, que la chose agitait pour tenter de chiper la main de la sœur de Shallya.
Et, comme si elle était sous le choc, elle continuait de bercer ce qui gazouillait tendrement, la créature qui était digne d’un conte d’horreur.

« Je sais pas quoi faire... »

Aucun besoin de jet ; Le banquier te fait aveuglément confiance et s’en remet bien à ta décision.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

C’est bien préoccupé que j’ai emboîté le pas au brave Marceau, le pressant de multiples questions auxquelles il n’avait pas la moindre réponse. Pire, le bougre se confondait en atermoiements paniqués, se faisant vecteur d’une angoisse dont je ne veux pas. Ayant finalement opté pour un mutisme réservé, je n’en cogite pas moins chemin faisant, oscillant entre plusieurs états d’esprit. D’un côté, je suis en effet flatté par cette invitation inespérée à assister -qui sait, peut-être même contribuer- à un accouchement. L’accompagnement des naissances compte parmi les principales attributions de notre ordre, car Shallya veille sur ces précieux moments. De tels évènements, je n’ai pourtant jamais été témoin, toujours tenu à l’écart pour les raisons que l’on sait. Si cette ignorance est donc vertueuse et de bon aloi, ma connaissance de l’accouchement se cantonne donc à ce que j’ai pu en lire, et de ce fait, j’appréhende un peu les minutes à venir. Cette hésitation est d’autant plus prononcée que je peine à concevoir une situation qui échapperait à l’expérience de Sœur Nathanaèle, et nécessiterait mon bien modeste renfort. Luttant contre une anxiété croissante, j’ai néanmoins un mauvais pressentiment.

La demeure du paysan chez qui l’on me mène est mieux construite que la plupart, signe de relative opulence au sein du petit peuple. Ses murs de brique, son toit de chaume, la configuration des lieux en plusieurs pièces séparées quoique de tailles limitées, témoignent d’une certaine aisance de vie pour un paysan. Comme je passe à mon tour le seuil du foyer, je ne peux m’empêcher de remarquer le tapis sous mes pieds, rare élément de mobilier ostensiblement placé en cette pièce de vie par l’alleutier. Dans le fond de la pièce, sur ma gauche, une porte close donne certainement sur l’unique chambre à coucher. Autour de moi enfin, plusieurs personnes, dont certaines lèvent déjà les yeux vers moi. Quelque chose dans leurs regards pleins d’espoir me met mal à l’aise, tandis que l’appréhension revient au galop. Renonçant prudemment à leur adresser le salut shalléen par crainte de trembler ce-faisant, je garde les mains jointes devant moi, jaugeant les environs, sans guère prêter plus d’une distraite oreille à l’incessant galimatias du dénommé Henriot. Le jeune homme au regard vide -peut-être l’époux- semble notamment crouler sous le poids d’un abattement lourd comme le monde. Je reste un moment ainsi interdit : quelque chose de misérable dans ce pesant tableau, une détresse criante, un accablement manifeste, m’évoque les plus sordides scénettes des vitraux de l’église abbatiale d’Orléac. Toutefois, comme mon regard croise celui de la fillette s’évertuant à occuper son jeune frère, faisant par là-même preuve d’un aplomb dont les adultes autour d’elle semblent dépourvus, je retrouve la détermination de me mouvoir plus avant. Rompant l’immobilisme du tableau que j’avais rejoint céans, je m’avance pour rejoindre ma sœur dans la pièce voisine, refermant soigneusement le battant après moi.

Il me faut quelques secondes pour me faire à la pénombre qui règne dans la chambre, seul un unique rai de lumière perçant à travers une étroite fente entre les volets clos. D’un côté de la pièce, je découvre un double lit superposé ; de l’autre, un grand lit qui retient mon attention dès lors que j’y discerne, étendue sous un drap, une forme allongée, immobile, inerte. Ma gorge se serre, saisie d’un étau d’angoisse que je peine à déglutir. Lentement, comme dans un songe, je m’avance au chevet de celle que je sais défunte, mû par une indicible curiosité. Ce que je m’apprête à faire, la tradition le défend, mais je ne le conçois pas comme une infraction. Comme dans un état second, j’adresse avec déférence une courte prière à Mórr, père de Shallya, une supplique des plus simples, car je n’en connais que peu : qu’il reçoive la défunte en son royaume par-delà le val gris. D’un geste fiévreux, je soulève un instant le blanc linceul, le temps d’un coup d’œil vite assouvi, avant de me détourner bien vite de l’amère réalité. Elle devait tout juste avoir mon âge, possiblement un peu plus. Miséricorde, quoi, ça aurait pu être Amandine, ou ma…

Paupières closes, je serre les dents à m’en briser la mâchoire, luttant contre un étouffant sanglot que je sens venir. Oui, j’ai déjà vu des gens perdre la vie en dépit des soins shalléens. Oui, je sais que le passage par la barque du veilleur fait partie des étapes de la vie, au même titre que les naissances que Shallya protège. Mais jamais je n’avais assisté à une mort en couches. Quelle pitié que cette fatalité puisse frapper lorsqu’une femme donne le jour : doit-on dès lors pleurer de tristesse ou d’allégresse en pareille situation ? Noyé par l’émoi, je me sens chavirer, et jette un regard larmoyant autour de moi, comme pour embrasser la sordide réalité.

Un mouvement survient dans un coin de la pièce. Sœur Nathanaèle se retourne vers moi, recroquevillée sur un tabouret, courbée sur son giron, imprimant un lent mouvement de balancier aux linges qu’elle tenait contre son sein. Un babil informe émane, tout juste audible, du creux de son bras. Mon cœur manque un battement, avant de s’emballer. Habité d’un espoir renouvelé, je me précipite pour m’agenouiller auprès d’elle, momentanément sourd au désespoir de sa voix cassante, dans un désir égoïste de contempler le nouveau-né.


Libera me, Shallya, de die illa tremenda.
Tremens factus sum ego, et timeo,
Libera me ex infernis.

Une fulgurante nausée me submerge, et je laisse échapper un hoquet étouffé. Je me sens bouillir de déni, mon pouls tonne à mes tempes. Réfugié derrière le voile salvateur de mes paupières closes, je laisse la morsure de mon dépit s’épancher sur mes joues humides. Adossé au pied du lit, j’inspire longuement et fortement, comme pour ventiler le souvenir de l’ignominie contemplée. Je reste là un moment, ainsi prostré, ne sachant plus à quel saint me vouer, avant d’oser ne serait-ce que tâtonner le creux des langes du bout des doigts.

Bonté divine, qu’est-ce que cette chose ? La respiration du petit être est à peine perceptible au toucher à travers les fluides vitaux dont il est encore maculé. Prudemment, je parcours à l’aveugle la chétive forme, en quête d’infirmation de l’horreur encore imprimée sur mes rétines, espérant de tout cœur avoir halluciné. Las ! Sous mes doigts incrédules, la doucereuse moiteur dont la chose est couverte peine à en dissimuler l’impie pilosité. Dans une vanité toute juvénile, je me réfugie bientôt dans le timide tâtonnement de la partie humaine du nourrisson, jusqu’à rencontrer deux excroissances naissantes au sommet de son crâne encore éminemment fragile. Débordé par l’affliction, je veux sangloter, pleurer dans l’obscurité, mais mon cœur est vide, et mes yeux secs. Fuyant le contact de la monstruosité, je porte la main à la colombe de bois contre mon cœur, la souillant bien involontairement de reliefs de poisseuse lie corporelle. Là, recroquevillé sur moi-même, je récite dans un fervent murmure une autre prière héritée de Sainte Gontheuc, en vue d’apaiser mes pensées, de panser mon désarroi.

« Mon coeur est triste, hélas, et mon âme éplorée.
Mon esprit chagriné par les larmes versées
Ma chair est froide, Mère, mes espoirs meurtris,
Engourdi par le doute, je faiblis dans la nuit. »


Apaisé par la familière mélopée, je commence à retrouver et maîtriser le cours de mes pensées. Ouvrant les yeux sur le grotesque nouveau-né, forçant mon dégoût à refluer, je me mets à raisonner. Cette chose est une créature impie, manifestement contre nature, éminemment impure. Une aberration, insulte à la création de Taal et Rhya. Elle doit disparaître de cette masure, et prestement, sans quoi le village de Percefruit pourrait bien s’entre-déchirer. A défaut d’éviter le malheur, je puis tenter de le contenir : Shallya ne souhaiterait pas que l’affliction se répande plus que de nécessaire, et l’on peut encore limiter les retombées de cette sordide situation. De cette odieuse fatalité, je boirai la coupe amère jusqu’à la lie, mais il nous faut partir d’ici.

Un sentiment d’urgence m’envahit, pressante adrénaline qui me pousse à me redresser, cherchant à croiser le regard de Sœur Nathanaèle pour la faire émerger de sa propre torpeur. Une fois son attention captée, je m’efforce de la convaincre, à force de murmures, que le temps nous est compté avant que la famille ne se doute de quelque chose.

« Il ne doit pas rester ici…

Laissez-moi l’emmener, ma sœur. Reprenez contenance, et trouvez les mots pour la famille.
Une demi-vérité est un moindre mal pour préserver Percefruit de la peur, de l’horreur et du chaos. »

Si Nathanaèle se montre réceptive à cette proposition, Éloi lui proposera en début de prochain post un lieu de rendez-vous, et détaillera les modalités d’exfiltration qu’il a en tête.

Je n’ai aucune idée de quoi faire si elle ne bouge pas. La secouer modérément (avec révérence), éventuellement.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 26 août 2020, 22:26, modifié 1 fois.
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Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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