[Éloi] Extrême-onction

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« L’emmener ? »

Sœur Nathanaèle sortit enfin de sa stupeur. Elle cessa de se balancer, et en levant son visage camouflé par le masque, elle observa longuement Éloi. Avant de regarder le bébé qui ouvrait sa bouche pour faire de tous petits cris.
Par pur réflexe, incontrôlable, Nathanaèle avait approché sa main pour que la créature enroule ses petits doigts autour de son index. Elle ne percuta qu’elle était en train de donner de la pitié à une chose infâme qu’avec un petit temps de latence, alors, elle retira la main à toute vitesse, comme si elle avait touché quelque chose de brûlant, ce qui fit à nouveau faire quelques petits cris sanglotants au monstre.

Nathanèle souffla. Un soupir tremblant d’émotion. Elle agita la tête de gauche à droite.

« L’emmener où ?
Tu veux en faire quoi Éloi ? Qu’est-ce que je suis censée faire ? »


Il n’y avait pas besoin d’être très clairvoyant pour voir qu’elle était à bout de nerfs. Elle se mit à faire sautiller sa jambe droite, et, avec une voix éteinte, un peu sanglotante, elle se mit à parler à toute vitesse, d’un ton emprunté, presque comme si elle se contentait de réciter un texte sans intérêt.

« C’est un… C’est un homme-bête. Y a des ordonnances qui concernent leurs naissances. Il faut… Prévenir le bailli de Percefruit. C’est à lui de gérer. Il-il doit s’occuper de… Il doit s’occuper de tout. Écrire une lettre aux services ducaux, contacter le culte de Morr, procéder à…
C’est… C’est ça qu’on est censées faire. Normalement. C’est ça qu’on doit faire. »


Elle chercha à nouveau Éloi du regard. Soudain hésitante.

« Les paysans, ils… Souvent ils les abandonnent… À la lisière des forêts. Sans donner d’explications. Ils enterrent un cercueil vide, pour les voisins.
C’est…
C’est à eux de le faire, Éloi. À son mari. Ou à son père, au moins. C’est pas à nous. C’est pas à nous de faire ça Éloi, pas à nous. »


Sa voix se changea progressivement. Elle n’affichait plus de la tristesse, mais une colère. Elle désigna le cadavre sur le lit.
Elle haussa le ton. Et se mit maintenant à crier.

« Cette… Cette petite idiote… Elle…
Elle lui a filé un nom ! Elle était en train de crever, je lui disais de se taire et elle lui a filé un nom ! »

Jet de charisme : 10, échec de 1.
Jet de force mentale de Nathanaèle (Pas de bonus car échec du jet) : 19, échec de beaucoup trop.
Jet de connaissances générales : 16, échec de trop → pas d’informations supplémentaires pour t’aider.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Je n’ai pas vu venir l’orage. Je m’apprêtais à répondre à la première question lancée par Nathanaèle, lorsqu’elle s’est agitée, se murant soudain dans un monologue culminant en tempétueuses accusations envers la silhouette désormais inerte sur le lit. Nul besoin de voir le visage derrière le masque de ma sœur shalléenne pour comprendre que cette subite perte de contenance sert d’exutoire aux tensions et angoisses accumulées lors de l’accouchement. Je peux comprendre la détresse de ma sœur, mais son présent comportement présente des risques évidents eut égard à notre situation : il me faut donc la calmer, la raisonner, la rassurer.

Je la connais trop peu pour m’autoriser un contact physique, aussi m’agrippe-je à son regard, en lieu et place de tout autre geste : en cela, la tâche m’est rendue relativement commode, car elle aussi me jauge intensément de ses yeux châtains.

« Je sais, ma sœur. Je vous en prie, nous sommes deux dans cette épreuve… »

Mes mots se veulent rassérénants, lui signifiant également mon désir d’apaisement. Je n’ai rien besoin d’ajouter, j’en suis certain, pour qu’elle saisisse la teneur de ce premier message. Portant deux doigts à mes lèvres, comme pour l’un des saluts shalléens, je lui suggère aussi de baisser d’un ton. J’observe enfin un silence marqué, doublé d’un regard appuyé à la sanglotante créature. Domptant ma révulsion, j’offre finalement mon propre doigt à l’abominable nouveau-né, espérant le distraire tandis que je cherche péniblement mes mots. Affrontant de nouveau le regard de la sœur masquée, je fais de mon mieux pour passer plus serein que je ne le suis, rétorquant avec aplomb à ses assertions.

« De toutes ces solutions, ma sœur, combien épargneront les consciences des gens de Percefruit ? L’ignorance de ce malheur est encore le meilleur service que nous puissions leur rendre. »

Le temps de prendre ma respiration, et je poursuis d’un ton égal, toujours à mi-voix.

« Il faut emmener cette malheureuse créature dans les bois, comme vous l’avez dit. Mais les gens d’ici n’ont pas besoin de le savoir. Si vous leur révélez la vérité, vous vous faites le relais de la vague de malheurs en ce monde, plutôt que de l’endiguer.

Ils se doutent déjà que quelque fatalité est à l’œuvre. Ne leur dites pas tout, et il s’en relèveront peut-être. »


Il est temps de conclure ; je le vois dans son regard.

« S’il a un nom, alors il est né devant Shallya. »

Et peut mourir devant Mórr, ajoute-je en mon for intérieur, abaissant le regard sur la grotesque forme gesticulant dans les langes.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 27 août 2020, 19:08, modifié 1 fois.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Les mains de la prêtresse Nathanaèle tremblaient. Elle aussi semblait parcourue de picotements, probablement incontrôlables. Mais au moins, en entendant parler Éloi, elle cessa de crier. Elle cessa également de parler, tout simplement.
Elle semblait approuver ce qu’il disait d’un lent hochement de tête. Mais quand il dit que le bébé était à présent né devant Shallya, elle sembla se recroqueviller sur la chose.
Elle se leva, traversa la pièce de part en part, et posa le bébé sur un des lits. À présent qu’elle n’était plus bercée, la créature leva ses petits doigts boudinés en l’air, peut-être à la recherche de quelque chose, d'une quelconque affection que pouvait bien réclamer un nourrisson, humain ou animal ; et elle commençait à geindre de petits sanglots depuis son espèce de gueule tuméfiée.

Nathanaèle approcha de la bassine d’eau savonneuse. Éloi put alors découvrir ce qu’il n’avait pas pu apercevoir dans le noir : Elle était dégoulinante de sang. Elle en avait tout le long de ses avants-bras, tachant sa robe jaune qui en était maculée. Quelques projections avaient atteint son col. L’affaire semblait avoir été salissante.
Elle plongea ses mains dans la bassine, et, avec une éponge, commença à se frotter machinalement les doigts. Fort. Jusqu’à les rougir d’irritation. Mais alors qu’elle frottait, sa voix chevrotante, légèrement éteinte, se mit à répondre machinalement à Éloi.

« Tu es courageux. Très courageux, malgré ton jeune âge.
Mais réfléchis un peu à ce que tu vas faire. Je veux dire, réfléchit de façon pratique. Le... le, le... le bébé va pleurer, crier. Les parents, la famille, je vais leur parler – ils voudront bien voir le corps de leur enfant. Si je dis qu’il est mort, ils voudront le donner à Morr. Tu ne peux pas sortir avec sous ton bras. Où irais-tu ? Tu vas le transporter à côté de toi, dans la charrette ? Le perdre dans la réserve seigneuriale toi-même ? Comment fais-tu si des hommes du bailli te tombe dessus ?
Avant toute chose, comment vas-tu faire avec ta propre conscience ? T’arriveras à dormir la nuit ? »


Elle cessa de frotter. Observa le savon qui flottait avec les petites vagues provoquées à la surface de l’eau. Elle se concentrait sur ce vulgaire morceau de savon de manière bien intense ;
Probablement qu’elle trompait son esprit.

Sa voix fut plus mesurée. Plus dure. Elle reprenait son ton autoritaire avec lequel elle avait l’habitude de parler. Les paroles d’Éloi semblaient lui avoir permis de se ressaisir.

« Il faut prévenir quelqu’un de la famille. Pas tous, ils n’ont pas tous à savoir. Mais l’un d’eux, plus… Plus solide que les autres.
Le grand-père, ou la grand-mère. C’est eux qui peuvent mieux le gérer. Les anciens, généralement, ils savent où… Où perdre les enfants. »


Elle retira ses mains de l’eau. Elles tremblaient beaucoup moins.

« Je… Je pense que c’est à moi de m’en occuper. Je sais pas, j’ai… J’ai vrillé. Je parvenais plus à me maîtriser…
Merci, Éloi. »


Elle avait dit ça d’une voix toujours aussi froide, sans afficher d’émotions. Elle attrapa une serviette pour sécher ses doigts.

« Qu’en penses-tu ? Quelle est ton opinion sincère ? »

Nouveau jet de charisme d’Eloi (Bonus +1) : 2, réussite
Jet de force mental de Nathanaèle (Bonus +3) : 9, ça passe.

→ Nathanaèle est définitivement calmée. À moins de changement brutal, il n’y aura pas besoin d’autres jets.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Voyant Nathanaèle s’apaiser, revenant peu à peu à elle-même, j’exhale moi-même un long soupir de soulagement. M’efforçant de garder les idées claires, j’observe mon aînée se déplacer, déposer le nouveau-né sur l’une des couches superposées, puis s’en détourner. Tandis qu’elle s’avance, vacillante, jusqu’au baquet d’eau, je respecte son silence convalescent, de plus en plus conscient de l’épreuve qu’elle a dû traverser, étant seule. Comme les gazouillis émanant du lit se muent progressivement en un babil plaintif, je me dresse, et me meus sans y penser jusqu’au chevet du nourrisson. Là, lentement, avec toute la tendre douceur de celui qui craint de mal faire, je rassemble les langes autour de la chétive forme, avant de la hisser au creux de mes bras. Elle est si légère. Prenant bien après coup conscience de l’aveugle témérité de mon geste, je chancelle, mes jambes se dérobant sous moi. Trouvant refuge sur la couche, je m’y assieds gauchement, de peur de perturber l’humeur de la créature.

La voix de Nathanaèle s’élève, sourde, tremblant encore, couvrant les sons de ses ablutions appuyées. Elle me sermonne, mais elle a raison : je ne réfléchis pas assez. Trop de choses peuvent mal tourner si je tente de m’en occuper seul ; l’humilité dicterait plutôt de se faire aider. Mais déléguer, n’est-ce pas aussi fuir la difficulté, se départir de ses responsabilités ? Mon regard se perd dans la pénombre de la pièce, et sans même en avoir conscience, je commence à osciller d’avant en arrière, imprimant un lent mouvement de balancier à la petite monstruosité nichée au creux de mon bras.

« Je… Je n’y ai pas pensé… »

Ma voix est sèche, ma gorge rêche, mon ton éteint. Mes épaules s’affaissent, et je me recroqueville imperceptiblement, en proie au doute. Elle a raison. Non, je ne pourrais pas vivre avec le poids d’un meurtre sur la conscience. L’amère vérité, aussi blessante soit-elle, est que je suis trop faible, trop vulnérable, pour faire taire ma compassion, quand bien même la situation le commanderait. A cette pensée, piteux, je recommence à pleurnicher. J’ai simplement, naïvement, parlé trop vite.

Un mouvement contre mon sein me tire néanmoins de mes larmoiements : de menues phalanges boudinées se sont refermées sur la blanche colombe de mon pendentif. Interdit, la gorge nouée, je n’ose la leur arracher, absorbé par mes pensées. Prêtant une oreille distraite aux lointaines paroles de Nathanaèle, pourtant plus calme déjà, je divague un moment. Ce présent que je porte au cou, c’est le signe de ma bienvenue au sein du clergé shalléen, le gage de l’amour maternel que mes sœurs aînées ont daigné me porter en l’absence de parent. A mes yeux, c’est un symbole de la vertu que constitue l’amour de son prochain, une ode à la bienveillance et à la compassion. Battant des paupières pour en chasser l’onde troublant ma vision, je contemple pensivement la petite silhouette que je berce depuis un moment. Lui aussi a perdu sa mère, ne pourra pas connaître son père, et dépend tout autant de la sollicitude d’autrui. Mais ce petit être est, lui, né bien différent : difficile, même maintenant, de le voir autrement que comme un mutant.

Il s’en sera pourtant fallu de peu. Sous mon doigt tâtonnant, seules deux minuscules quoique saillantes excroissances rompent la régularité d’un petit crâne à l’os encore bien mol. Quelle pitié que toute normalité soit absente des membres antérieurs, dont je cache d’une main pudique la malheureuse pilosité. Sous ma paume immobile, une imperceptible onde pulsatile témoigne de la pugnacité d’un petit organisme qui s’accroche à la vie. Et si…

Sœur Nathanaèle m’interpelle, et je relève les yeux vers elle. Son ton est de nouveau froid, son regard indéchiffrable. Peut-être a-t-elle pris une décision, mais elle quête néanmoins mon opinion.

La gorge serrée par l’émotion, cherchant une issue à ce calvaire, je peine à seulement même articuler. Mon cœur s’abîme, et je réprime un sanglot. Je me refuse à trancher. Il ne nous revient pas d’arbitrer quant à la vie de cette créature. Je veux vérifier quelque chose.

Si cette chose est humaine… Les dieux l'aiment-ils ?

« Si c’est un homme… »

Shallya reconnaîtra les siens.


Éloi tente une Bénédiction de Shallya sur le mutant, espérant déceler une réponse divine à son dilemme théologique quant à la nature profonde du nouveau-né.

Selon ce qu’il en ressortira, une décision sera prise, bon gré mal gré. Éloi se conformera au résultat.

Si la prière rate, Éloi suivra le plan de Nathanaèle et calmera l'enfant pendant qu'elle ira parlementer avec la famille, comme elle a proposé.
Si la prière passe, mais que la cible est inéligible ou que quelque chose se passe mal, même chose, mais Éloi déduira aussi pour plus tard que les mutants ne peuvent être sauvés.
Si la prière passe, et que c'est manifeste/sensible, Éloi voudra argumenter davantage, pensant que l'on doit pouvoir remédier aux mutations avec le temps, et il risque de mal vivre la séparation.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 28 août 2020, 22:01, modifié 1 fois.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Nathanaèle ne répondit pas un seul mot au murmure soudain d’Éloi. S’étant lavée les mains, ayant retrouvé sa prestance et sa froideur, elle s’approcha de la porte de la chambre.
Elle tira sur la bobinette.
Et elle se prépara à affronter la famille derrière.

Qu’est-ce qu’une prêtresse de Shallya pouvait bien dire dans ce genre de circonstances ? Éloi s’était déjà retrouvé confronté à cette situation, sans y prendre part lui-même. Il y avait des formules, des phrases si bateau, à répéter à tout le monde. « Je suis désolée. » « Nous avons fait tout ce que nous pouvions. » « Son corps a cessé de souffrir et maintenant son âme peut se reposer dans le Havre du Veilleur. » « Priez pour son âme. »
Et alors, tous pouvaient réagir différemment ; Certains se mettaient à hurler de pleurs. D’autres se muraient dans un silence stoïque. Quelques-uns, même, devenaient agressifs – ils se mettaient à crier, sur la prêtresse, sur les soins qu’on avait mal prodigués. Certains tentaient de négocier avec leur propre esprit, feignant l’incompréhension – « Ce n’est pas possible, il allait encore très bien, c’est une erreur... »
Mais à la fin, toutes ces réactions n’aboutissaient jamais à rien. Jamais. Ils étaient forcés de quitter l’espoir pour se retrouver confrontés au deuil, et c’était bien là où le service de Shallya cessait. On avait appris à Éloi ce commandement : Abstiens-toi de retenir une âme prête à partir. C’était un mot d’ordre de la religion. Il fallait l’accepter.

Cette tragédie, Éloi n’y assista pas. Il n’en obtint que des bruits, étouffés derrière la cloison. Quelques cris. Des sanglots. La voix froide et mesurée de Nathanaèle qui coupait un hurlement. Assez de sons pour déranger la saloperie qui s’agrippait à son pendentif entre ses bras.
Alors Éloi pria pour l’enfant du Démon, pour l’engeance de la corruption – personne n’arrivait trop à définir les origines de ceux qu’on nommait Hommes-Bêtes. Dans les contes et les chansons, c'est à coup sûr d’une pécheresse qui leur donne naissance, à moins qu’il ne s’agisse que d’une malédiction ancienne courant lentement dans le temps. En tous les cas, ils étaient les dépositaires de l’immonde. Le Chaos, aussi incompréhensible que dangereux, fait chair. Aussi mauvais à l’extérieur que malfaisants à l’intérieur.
Mais il priait. Il priait pour un truc malade, tuméfié, qui voulait crier parce que ses poumons étaient endoloris de l’air de l’extérieur. Parce qu’il avait été arraché littéralement au ventre qui l’avait longtemps porté, en sécurité. Il priait pour quelque chose qui souffrait, parce qu’un autre commandement de Shallya était absolument essentiel : Ne refuse pas le suppliant qui souffre.

Et alors, la chose la plus incompréhensible, la plus inexplicable, sembla se produire :

Le bébé cessa de pleurer. Il cessa de se remuer et de hurler. Et il ouvrit ses paupières. Il avait de grands yeux d’ambre, à la rétine qui s’adaptait à la lumière, comme des gros yeux de chats disproportionnés avec sa tête de bambin. Et, l’air un peu idiot, curieux, il observa le visage Éloi bien longtemps.
Il mit un pouce dans sa bouche et commença à le suçoter, soudainement calmé.

La scène était si surréaliste qu’Éloi ne se rendit pas compte de comment le temps passait autour de lui. Il n’entendait plus la dispute et la tristesse de l’autre pièce : Il ne se concentrait que sur le bébé entre ses bras – parce que cette créature répugnante, c’était ce qu’elle était, un bébé.
Il fut arraché à ses pensées quand la porte s’ouvrit à nouveau, cette fois-ci en grand. Le salon avait été vidé de tout le monde, les petits chevaux de bois qui servaient de jouet jonchaient un tapis, et Nathanaèle demeurait seule avec un homme – c’était le moustachu fatigué qu’il avait vu attablé en rentrant. Un petit bonhomme aux yeux entourés de cernes violacées, aux grosses pognes calleuses, et au visage blême. Il attendit sur le pas de la porte, tandis que Nathanaèle le présentait avec sa même voix si autoritaire et pesante.

« C’est le père.
Donne-moi le… …Donne-le-moi, et ramène le mulet devant la maison, discrètement.
Je vais prétexter que nous allons à Orléac chercher le culte de Morr, et nous l’abandonnerons en chemin. »


Le père semblait comme refuser d’entrer dans la chambre. Il restait là, juste sur le pas de la porte, tremblant. Il faisait comme abstraction du lit qui se trouvait dans le coin de son champ de vision, celui sur lequel reposait sa propre fille.

Jet de prière : 1, réussite critique. Gain de PdC doublé.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Tout à ma prière, je demeure sourd à l’émoi déchirant de la famille dans la pièce voisine. Penché sur les langes souillées, je cherche une réponse, un indice, un sens à ce calvaire. Mon esprit désolé divague, assiégé par la tempête. Mon âme souffre, en proie à la lancinante morsure d’un doute insidieux.

Si ce que je tiens entre mes mains n’est manifestement pas complètement humain, est-ce pour autant l’une des abominations dont regorgent les contes et chansons ? Comment faire la part des choses entre l’humanité manifeste de cette jeune vie, fragile et vulnérable, et la bête immonde, dont l’impureté est une insulte à la création de Taal et Rhya ? Les légendes populaires regorgent de ces Hommes-Bêtes, engeance corrompue, humanité avilie par quelque odieux artifice. Ces créatures sont les ennemies de Bretonnie, des prédateurs sans cœur ni sentiments, une force de la nature d’autant plus répugnante qu’elle existe par perversion de notre humanité. Je connais les légendes populaires à leur sujet, et j’ai lu durant mon noviciat quelques textes quant à l’infinie malfaisance du Chaos, et notre mission à leur égard. Pour autant, en cet instant, je le confesse, j’hésite terriblement. Cette créature, aussi anormale soit-elle, ne menace personne, et pourtant sa destinée semble déjà compromise. Je n’ai pas mon mot à dire là-dedans, d’autant plus que je n’ai ni l’expérience de Sœur Nathanaèle, ni la saine piété de Sainte Gontheuc. Je ne suis moi qu’un simple oblat en quête de sens pour ses actions. Pécher en pensée, c’est déjà pécher, m’a-t-on dit, et je crains que mon hésitation présente constitue une brèche dans mes vœux. Je prie donc Shallya derrière mes paupières closes, la supplie, l’implore de m’aider dans cette épreuve, de m’éclairer quant à la juste conduite à adopter, car je ne souhaite que suivre le sentier sur lequel m’appelle sa bonté.

Je ne sais trop quand le nouveau-né a cessé de geindre, mais je l’ai senti se détendre. Ouvrant les yeux lorsque j’en prends conscience, il me faut plusieurs battements de cils pour m’affranchir de l’onde ruisselante de mes larmoiements. Scrutant la pénombre ambiante, je me fige, interdit. Là, tout contre moi, deux grands iris d’ambre me retournent en silence mon regard incrédule. Ce n’est pas tant la forme anormale de ces prunelles qui m’affecte, que l’absence d’animosité dans ce regard vierge de toute malice. Sonné, je demeure un moment béat, abasourdi, émerveillé par cette grisante sensation d’être le premier visage vu par un nouveau-né. Je me sens habité d’une douce sérénité, en tout point semblable à celle ressentie à proximité de la statue de Sainte Gontheuc. L’espace d’un fugitif instant, j’ai l’intime conviction que le regard bienfaisant de Shallya s’est posé sur l’enfant. L’ombre d’un fugace sourire de soulagement se fait jour sur mon visage, et je reste là, savourant la félicité du moment.

La réapparition de Nathanaèle, en compagnie du père de la défunte jeune femme, me force à détourner le regard alors que la sœur m’invite à lui remettre le petiot, trébuchant sur la façon de le désigner. Relevant toute l’hésitation que recèlent ses paroles, je m’agrippe à son regard châtain, avant de rétorquer d’un ton mesuré, lui proposant de la décharger de cette corvée, convaincu qu’elle s’en passerait volontiers.

« Ça va aller, ma sœur, laissez-moi faire. Il pourrait se remettre à pleurer. »

Ce serait un demi-mensonge que d’en dire davantage, et de l’assurer que je suis en mesure d’apaiser le petit être, car je sais au fond de moi que je le dois au toucher divin de Shallya. Ces mots suffisent néanmoins à la convaincre, et je la laisse amener notre carriole devant la masure. Evitant le regard du petit père mortifié, je rabats un pan de lange sur le nouveau-né pour le dissimuler à sa vue. Et, assurant toujours un contact apaisant avec le nourrisson à travers le linge, je m’en vais attendre en-deçà du seuil de la demeure, guettant le retour de Sœur Nathanaèle, méditant les implications du petit miracle dont je viens d’être témoin.

Réaction de Nathanaèle vérifiée auprès du MJ.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 31 août 2020, 17:59, modifié 1 fois.
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- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La prêtresse baissa la main qu’elle tendait déjà pour qu’on lui passe le linge. Ses yeux, à peine perceptibles derrière les interstices de son masque, épièrent un long moment Éloi, se figèrent pour croiser son propre regard à lui, et, silencieuse, elle le guettait – comme si elle essayait de sonder quelque chose à travers son corps.
Après être restée muette ainsi, elle se contenta de hocher de la tête.

« Très bien. Garde-le bien. Je vais chercher la charrette. »

Elle tourna donc des talons, dépassa le père à qui elle n’offrit ni geste, ni signe, ni parole, et s’en alla sous le linteau de la porte d’entrée pour traverser le petit village de Percefruit.

Frère Éloi restait seul avec la chose qui se recroquevillait contre lui. Une espèce de silence pesant, atrocement gênant, s’installait entre lui et le père. L’homme se collait dans l’embrasure de la porte, comme s’il refusait de véritablement entrer dans la chambre. Il se contentait de demeurer là, prostré, absent, ailleurs. Il renifla dédaigneusement – on entendait au bruit de sa morve liquide qu’il essayait de lutter pour que du mucus ne dégouline pas de ses naseaux, mais c’était là la seule expression physiologique de son mal-être.
Au bout de longues minutes, il décolla son dos de la porte, et s’approcha d’Éloi.

« Je peux le voir ? »

Il avait dit ça d’une voix sèche, un peu cassante, et pourtant basse. Sans véritablement attendre une réponse de l’oblat, il se percha au-dessus de lui comme un corbeau, avec sa grosse stature et sa taille supérieure. Il obscurcit la bestiole de son ombre, et, le percevant à travers le linge, le père put découvrir ce que sa fille avait mit au monde.
Il était devenu blanc. Livide.
Sa mâchoire sembla trembloter. Ses yeux étaient écarquillés.
Puis, passé le choc, il se mit à froncer les sourcils, et à changer son visage en une expression de dégoût, et de colère, comme s’il avait vu une chose proprement abjecte – ce qui était le cas.

« C’est un cauchemar.
Cache ça, frère de Shallya. Personne ne doit le voir. On va l’oublier. »


Il s’éloigna en reniflant à nouveau un gros filet de morve, et retourna dans la salle de vie commune. Éloi l’entendit ouvrir une caisse. Farfouiller dans un cliquetis de métaux. Peu après, il y eut le silence. Et ensuite, on entendit un âne claquer des sabots dehors.
Nathanèle rentra dans la maison, et aperçut le père. Elle lui fit un signe de tête, avant de signifier à Éloi de s’approcher.

« Tu peux venir. »

Éloi alla la rejoindre, et, sur le chemin, il croisa donc ce que le père était allé chercher dans des coffres.
Sur son dos, il avait décidé de porter un magnifique arc en bois d’if, auquel il était en train de nouer une corde de chanvre bien soigneusement – tous les foyers paysans de Bretonnie étaient tenus de fournir un homme, très souvent le père, qui s’entraînait régulièrement avec une telle arme pour constituer une milice en cas de levée du ban seigneurial. À sa main droite, il avait placé un étrange gant qui ne recouvrait que l’index et le majeur.
Et, plus inquiétant, il avait noué autour de sa taille une solide ceinture de cuir, sur laquelle il nota deux queues d’animaux, une de renard et une de lapin, qui pendouillaient comme des trophées – et dans un fourreau adjacent, une longue dague à simple tranchant, assez grande pour atteindre le haut de son genou.

« Lorsque nous aurons quitté Percefruit, je vous guiderai. Je… Je n’ai jamais eu à faire ce que vous me demandez, mais je pense voir un endroit qui conviendrait bien.
Mais c’est sur la réserve seigneuriale d’Orléac. J’espère qu'vous comprenez.

– Je vous servirai de caution. Je dirai que nous empruntons un raccourci.
– Bien. Je vous remercie, ma sœur.
– Non. Ne me remerciez pas – aujourd’hui est peut-être le pire jour que vous ayez jamais vécu. Je ne peux que vous soulager, mais c’est peu de choses comparé à ce qui vous attend. »

Le père sembla ému un petit instant, mais il se contenta de hocher sérieusement de la tête. Il dépassa Éloi et alla grimper dans la charrette, en prenant naturellement le contrôle des rênes de l’âne, auquel il se présentait par une petite caresse – il savait visiblement y faire avec les animaux.
Nathanaèle ramassa ses affaires dans une sacoche, se signa devant le corps de la fille, puis alla le rejoindre à ses côtés, aidant Éloi à grimper à l’arrière, où il pourrait se recroqueviller pour profiter des pans de bois comme une couverture, afin que les yeux trop curieux ne puissent pas apercevoir qu’il tenait quelque chose sur ses genoux.
Le père donna un coup de rênes sur l’arrière-train de l’âne, et, après une petite secousse des roues qui arracha un gémissement au bébé, il s’accrochait encore plus à la petite colombe de bois autour de son cou, seul jouet qui semblait momentanément le tranquilliser, comme si un bon sort s’en était échappé.

Et ainsi, Éloi quittait le bourg de Percefruit.




Le père n’emprunta le chemin qui menait à Orléac que pendant une bonne vingtaine de minutes – assez pour que les toits de chaume de l’auberge disparaissent derrière la canopée des arbres, mais pas encore assez loin pour que le castel du bailli local ne devienne qu’un point à l’horizon. Il n’y avait pas grand monde sur la route – tout au plus une bergère qui rentrait une dizaine de moutons avec l’aide de son chien. Le père, ne montrant rien de son trouble, la salua sans dire un mot en levant sa main, et continua tranquillement le chemin.
Au bout d’un moment, il bifurqua. Il quitta le sentier bien large et entretenu pour emprunter un simple trait de chemin qui coupait à travers du bocage, dépassa deux haies autour d’un talus pour se perdre au milieu d’un sous-bois.
Brionne n’avait pas de grandes forêts – tout le duché n’était qu’un tas de terres cultivées ou servant à faire paître le bétail. Ces espaces boisés constituaient des réserves de seigneurs, qui les entretenaient uniquement pour vendre le bois à prix d’or, exiger de lourds impôts pour la glandée des porcs, et, surtout, servir de terrains de chasse bien privatisés, où ils pouvaient s’amuser le temps d’une semaine à traquer le sanglier ou le dix-cor. En découvrant cette forêt, Éloi était loin des grands espaces légendaires des chansons de geste – ce n’était pas la forêt d’Arden où le Compagnon de Gisoreux avait eu la vie sauvée par le signe d’un cerf blanc, ni la forêt de Chalons où le cruel Duc Écarlate saignait les chevaliers de la Quête trop héroïques pour leur bien. Pourtant, Éloi avait assez peu marché à travers des forêts, trop habitué qu’il était aux chemins pavés et aux champs bien délimités d’Orléac et de ses faubourgs, pour ne pas être marqué par ce qui l’entourait. Par les odeurs de la forêt, les bruissements d’oiseaux gazouillant, les petites bêtes détalant en cassant des petits branchages au sol, et surtout, cette vision d’un environnement verdoyant d’été, aux branches formant des cimes qui ne laissaient apparaître la lumière du soleil que par des scintillements à travers les branches.
Il demeurait ballotté à l’arrière de la charrette, à essayer de rassurer le bébé, tandis que Nathanaèle et le père restaient bien silencieux à l’avant. Nul doute que la prêtresse de Shallya lui avait déjà expliqué ce qui l’attendait.

Une seule phrase du père, dite soudainement, réveilla Éloi :

« Putain de merde, fait chier. »

Il avait juré ça en grimaçant, et en se raidissant. Nathanaèle se tourna pour lancer un regard à Éloi :

« Cache-le bien, et empêche cette chose de pleurer. »

Au loin, on entendit un sifflement, qui se réverbéra avec l’écho de la forêt. Le père leva sa main en ouvrant bien sa paume. Et on entendit des sabots de chevaux trottant.
Un homme, la voix rauque, haussa le ton en s’approchant sur le dos d’un solide sommier.

« Halte-là, ma sœur, bonhomme ; Vous entrez sur la réserve seigneuriale de Sa Seigneurie Sybille de Carqueray. Je vais d’voir vous d’mander d’faire demi-tour. »

Alors que celui-ci tournait son cheval pour barrer le chemin, un collègue commença à rôder autour de la charrette : C’était un grand bonhomme, vêtu d’une brigandine aux couleurs d’Orléac et de la famille Carqueray – rouge, avec une hydre noire sur le poitrail. Il avait une sale gueule, une cicatrice lui barrant la bouche, et un chapel de fer pour couvrir sa tête. Quelque chose sembla attiser sa curiosité, car il lançait un mauvais regard à Éloi.

« Pardonnez-moi, bon sergent, nous rentrons de Percefruit et nous nous rendons à Orléac.
– C’pas l’bon chemin pour aller à Orléac, ma sœur. Faut faire demi-tour, z’aurez un sentier pour ça. Z’avez b’soin qu’on vous escorte ?
– Non, nul besoin, bon sergent, c’est juste que…
...Que cet homme a perdu sa fille aujourd’hui. J’essayais de prendre un raccourci pour atteindre Orléac au plus vite, afin qu’il se présente au culte de Morr. Vous comprenez ?

– Toutes mes condoléances, bonhomme.
Mais les règles céti les règles. L’bailli, l’sire Guerric FitzValère, m’a ben précisé qu’j’devais laisser personne entrer sans sauf-conduit.

– Allons, bon sergent ; Croyez-vous qu’une prêtresse de Shallya vient ici pour braconner ? Nous ne faisons que passer, je suis sûre que nous n’avons pas besoin de-
– Les règles c’est les règles, ma sœur ! C’pas moi qui décide, j’suis ben chagrin pour vot’ bon gars, croyez-moi, mais c’est comme ça ! »

L’homme à cheval, l’autre, continua de regarder bizarrement Éloi. Il le siffla, et lui lança un hochement de la tête.

« C’quoi qu’tu tiens entre les mains toi ?
Tu peux l’ver les mains, s’teuplé ? »

Jet d’intelligence de Nathanaèle : Caché.
Jet d’observation des sergents : 2, réussite
Jet de charisme de Nathanaèle : 19, échec.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

*C’est un cauchemar. Cache ça, frère de Shallya. Personne ne doit le voir. On va l’oublier.*

Les paroles du père trouvent en moi une résonance à laquelle je ne m’attendais pas. Le front livide, le visage terreux, l’homme se détourne bientôt, la mâchoire serrée, manifestement ébranlé, me laissant seul avec le nouveau-né. Comme mon regard retombe sur la créature, je me surprends bien malgré moi à dévisager l’ignoble rejeton avec une tendresse qui me semble immédiatement déplacée. Pourtant, en mon for intérieur, je ne décèle plus ni culpabilité, ni appréhension : ces réactions premières ont depuis laissé place à d’autres émotions. Une douce félicité nimbe encore mon âme, étouffant les braises de cette peine viscérale que je sens couver dans mes entrailles. Pour une raison que je ne m’explique pas, je ressens un profond soulagement que Sœur Nathanaèle ne me reprenne pas l’enfant. Le berçant toujours maladroitement, j’entreprends de l’emmailloter doucement, pour le dissimuler aux regards. Redoutant ce-faisant de le faire pleurer, je prends grand soin de lui laisser en chaque instant quelque curieux exutoire -un doigt ou mon pendentif-pour ses gauches ébats. Couvrant d’une main sa petite forme sous les langes, je reste là un petit moment, jusqu’à temps que la carriole soit avancée.

Ayant pris place à l’arrière du modeste attelage, je m’y assieds en tailleur, adossé à l’un de ses pans de bois rêche, au côté de la sacoche de simples de Sœur Nathanaèle, le fils du démon contre mon sein. Ballotés au gré des hasards de la route cahoteuse, nous quittons bientôt Percefruit, laissant derrière nous ce village frappé par le drame, un lourd silence pesant sur notre petite compagnie. Ainsi brimbalé le long de sentiers irréguliers, dodelinant de la tête, je glisse une main dans ma propre sacoche, refermant mes doigts sur mon livre de prières. Tandis que la liesse spirituelle qui m’habitait se dissipe peu à peu, je dépose doucement le nouveau-né sur mes genoux croisés, et feuillette fiévreusement les fragiles pages du précieux manuscrit. Il m’a été remis par la prieuse Clémence à l’issue de mon noviciat, avec l’instruction d’en prendre le plus grand soin. C’est donc avec révérence que mes doigts manipulent le papier, à la recherche de versets propres à épancher la tristesse larvée autour de mon cœur. Absorbé par mes songeries, je m’abîme un moment dans mes cogitations théologiques.

A moins que quelque vice n’occulte mes sens, Shallya a daigné s’abaisser sur la frêle créature recroquevillée sous ces langes, lui accordant sa miséricordieuse bénédiction. Or, tout à mon émotion du moment, je n’ai alors pas pleinement considéré les implications auxquelles je suis dorénavant confronté. En effet, comment expliquer qu’un nouveau-né si horriblement difforme puisse faire l’objet de l’onction spirituelle de Celle-qui-Pleure ? Shallya souffre en partage tous les maux et tourments de l’humanité, m’a-t-on répété à maintes reprises au cours de mon éducation cléricale. Dès lors, pourquoi la déesse pleure-t-Elle pour un rejeton maudit par le toucher impie du Chaos ? Les yeux de la dame devraient demeurer vides à son endroit, aveugles à sa condition, insensibles à sa misère. Et pourtant, elle daigne lui accorder un regard. Est-ce à dire que le petit être n’est pas encore déchu de l’état de grâce de son humanité ? L’espoir serait-il encore permis pour un individu de condition si sordide, frappé de répugnantes mutations ? Le manuscrit paraît muet à ce sujet, ne proposant nulle interprétation de cette situation.

Seul face à mon désarroi, j’essaie de raisonner, mais je crains de mal faire. J’ai peur d’errer, de m’éloigner du sentier shalléen, de m’égarer dans l’hérésie. Comment expliquer, sans pécher, ce petit miracle auquel je viens d’assister ?

J’entends le père jurer, un sifflement retentir, et la charrette bientôt s’immobilise. Levant le nez de ma lecture, je lutte un instant pour m’éveiller de la torpeur qui m’avait envahi. Peut-être ai-je même somnolé quelque temps, car je demeure un moment hagard, à prendre progressivement conscience de la présente situation. Nous avons été arrêtés par deux cavaliers du guet, en charge de garder la réserve seigneuriale des Carqueray. De l’un d’eux, je croise fortuitement le regard venimeux alors qu’il s’approche, empreint d’une suspecte nonchalance. Je me raidis, surpris par la malice en ces prunelles, prenant conscience que cette apparente animosité m’est manifestement destinée. Pour autant, je ne crois pas laisser paraître autre chose qu’un visage candide, vitrine du sincère étonnement qui m’habite en cet instant.


« C’quoi qu’tu tiens entre les mains toi ?
Tu peux l’ver les mains, s’teuplé ? »


Je ne sais pas ce qu’il veut, mais il ne doit pas voir le nourrisson sous les langes. Obtempérant à son injonction, je lève lentement mes mains au-dessus du rebord de la carriole, mesurant mes mouvements pour ne pas le provoquer, exhibant mon livre de prières en main gauche. Je ne pipe toutefois mot, préférant ne pas attiser les braises de sa vindicte manifeste à mon encontre, espérant de tout cœur que Sœur Nathanaèle entretienne la conversation, priant intérieurement Shallya d’apaiser le nourrisson.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 10 oct. 2020, 20:01, modifié 1 fois.
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Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
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- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
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- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Oué, comme ça. »

Le cavalier resta bien sur la selle de son cheval, tandis qu’Éloi obtempérait à ses ordres. Recroquevillé sur ses genoux, la petite bête se mit à gazouiller, en levant ses doigts poilus. Elle fut prise d’un hoquet, et claqua ses lèvres.
Mais, en regardant droit dans les yeux du militaire, Éloi n’aperçut pas une réponse de sa part. Il se contenta de froncer les sourcils, en gardant le même air patibulaire.

Sœur Nathanaèle, en tout cas, se mit à exulter.

« Baisse tes mains tout de suite, Éloi.
Qu’est-ce que vous croyiez qu’il cachait ? Une arme ? Un pactole ? Vous n’avez pas honte de traiter des clercs du culte de Shallya ainsi ? C’est comme ça que vous vous comportez avec vos mères ou vos sœurs ?!

– Les règles c’est les règles, répéta froidement le meneur.
– Vous êtes à cran comme si on était en zone de guerre. Est-ce que c’est parce que vous vous ennuyez que vous emmerdez des fidèles de la Colombe et un homme qui a perdu sa fille ?! »

Le sergent racla un gros glaviot au fond de sa langue, et cracha à terre, comme pour se donner un peu de prestance. Nathanaèle se contenta de grogner.

« Nous allons faire demi-tour.
Vous seriez bien obligés de faire bouger le croupion de vos canassons afin qu’on tourne la charrette, je vous prie.

– Nan, nan ; Pas b’soin ma sœur…
Le bailli est pô loin, pouvez aller juste lui parler et lui d’mander l’autorisation d’couper par le bois, céti bon pour vous ? »


Nathanèle se tourna pour regarder Éloi. Un dialogue muet se joua entre eux, juste par le contact des yeux.
La chose sur ses genoux ne s’était pas mise à babiller. Il arrivait à la garder calme. Tout pouvait bien se passer.

« Tracez d’vant alors, répondit le père. C’con d’mulet il a peur d’vos percherons.
– Aye, entendu. »

Les deux sergents sifflèrent et claquèrent leurs langues. Leurs gros sommiers remontèrent sur le sentier et se mirent à s’éloigner d’un petit trot, laissant une bonne distance entre eux et la charrette. Ainsi, le père put claquer son mulet et le forcer à avancer à tout petit pas.

« J’aime pas ça… J’aime pas ça du tout p’tain…
– Le bailli est-il un homme croyant ?
– C’t’un sale chien. Très à cheval sur l’règlement. Mais oué, j’pense pas qu’il ait les yeux secs…
– Tout va bien se passer. On va juste lui dire de nous lâcher la grappe, et on pourra tranquillement voyager en forêt. On fera un arrêt où vous le souhaitez.
– Oué… Ouééé…
J’aime pas ça quand même. »


Nathanaèle se tourna pour regarder Éloi.

« Tu gères très bien. C’est pas facile pour l'instant, mais tout va bien s’arranger, je te le promets. »

Les deux cavaliers s’arrêtèrent à un croisement de sentiers. Il y avait là quatre autres chevaux attachés autour d’un gros arbre au tronc immense, et quatre cavaliers en uniforme, certains portant des arbalètes, qui rôdaient autour. L’un d’eux pissait derrière un sapin.

« Arrêtez la charrette. »

Le père obéit. Éloi put voir comment les deux soldats qui l’avaient alpagué discutaient rapidement avec l’un des quatre nouveaux militaires. Celui-ci s’éloigna alors, et fit un grand sifflement et un signe de main à leur intention.

« Il veut qu’on vienne lui parler…
Éloi, laisse le petit ici, ça serait con qu’il se mette à pleurer juste à la portée de son ouïe. Vous, vous restez ici. »


Le père approuva d’un geste de la tête. Éloi tenta tant bien que mal de garder le bambin correctement entre ses mains ; Par chance, il s’était rendormi. Il le garda sous un linge, et descendit rejoindre Nathanaèle qui s’était jetée au sol pour remonter un sol sec terreux. En arrivant à portée de voix, elle fit une croix sur son coeur et salua l’homme qui leur avait fait signe d’approcher.

« La paix de Shallya sur toi, bon frère. »

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Le bailli semblait un homme plutôt commun. Difficile de savoir son âge – il avait des traits apparemment assez jeunes, mais fort rudes, notamment à cause de ses joues bien creuses et de ses pommettes saillantes. Racé, assez court sur pattes, son seul avantage physique semblaient être ses yeux, d’un bleu cristallin.
Il posait ses mains gantées sur ses hanches, et offrait un très beau sourire silencieux alors que Nathanaèle continuait de s’approcher.

« Mon nom est Nathanaèle, prêtresse de Shallya, et celui-ci est frère Éloi, oblat de la Colombe.
Nous demandons ton autorisation de passer à travers la forêt de ta seigneuresse, afin de rejoindre Orléac le plus diligemment qu’il est possible. Sa fille doit être mise en terre avec l’enfant qu’elle a essayé de mettre au monde. »


Le bailli continuait de sourire, sans dire un mot. Puis, il claqua des doigts devant lui :

« Mais on se connaît ! Tu ne me reconnais pas, bonne sœur ?! »

Nathanaèle resta aussi silencieuse qu’interdite. Impossible de savoir quelle expression elle pouvait bien avoir derrière son masque.

« J’étais tout jeunot ! Allez ! J’étais tout le temps dans les pattes de Sébire quand tu passais avec elle à Lichy ! Tu t'souviens vraimen pas ?
Si je te parle d'un pommier ?!

– Oh. »

C’était un « Oh » bizarre. Aussi court qu’inquiet. Mais le bailli reprit de plus belle, avec un sourire qui affichait ses dents écartées et jaunâtres.

« Bah vi ! Bon sang mais Sébire m’a dit que t’étais à Bordeleaux moi ! Bon sang mais papa s’est arrangé pour que je sois bailli de ce coin y a deux piges – avant qu’la Sybille décide d’épouser son gros con de chevalier errant. Orléac c’est la porte à côté, pourquoi on m’a pas prévenu ?!
– Je… J’étais à Couronne pour écrire, je suis rentrée plutôt récemment, répondit assez sèchement Nathanaèle.
– C’est fou – Sébire elle est à Castel-Brionne, auprès du Duc ! T’sais qu’elle me parle souvent d’toi ? C’est que-
– Guerric, heu… Tu, tu permets ?
On est avec un homme qui a perdu sa fille, je t’ai dit. »


Guerric regarda le mulet au loin. Il haussa les épaules.

« Bah, elle est déjà morte, donc il est pas pressé hein ? Y peut attendre deux minutes ?
Désolé qu’mes gars soient à cran, c’est qu’j’peux pas me permettre de donner une raison à la Sybille d’me virer, vous comprenez ? Je suis le dernier agent de Papa près d’Orléac, il a besoin de moi.
Vous étiez à Percefruit, c’est bien ça ? Dites, question bête : Vous seriez pas tombés sur une bande de sales Tiléens par hasard ? Plein d’moustachus avec des rapières ? Une ogresse avec des armes ? Je les cherche à travers mon bailliage mais j’les ai pas croisés ni à Firfol ni aux Préaux, alors y sont p’têt dans ce bled pourlingue. »


Jet d’Éloi pour garder le petit calme : 9, de justesse
Jet d’observation du sergent (Bonus : +3) : 19, échec bien trop large.
→ le petit reste discret

Jet de charisme de Nathanaèle (Nouvelle chance) : 9, ça passe cette fois.
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Re: [Éloi] Extrême-onction

Message par Frère Éloi »

Quelques secondes, c’est tout au plus ce que dure notre vis-à-vis. Pour autant, ces quelques instants se révèlent pour moi d’une intensité difficilement soutenable. Une étourdissante anxiété me gagne à mesure que je vide l’amère lie de ce déplaisant moment. J’en viens à redouter que le soldat ne détourne pas le regard avant que mes traits ne trahissent l’angoisse qui m’habite. Pire encore, je sens le petit démon tressaillir contre moi, son babil reprendre, à peine étouffé par les langes. L’insoutenable situation ne peut dès lors que dégénérer, et d’une fraction de seconde à l’autre, je m’apprête à devoir couvrir les hoquets du nouveau-né de ma propre voix. Pour dire quoi, je ne sais encore, mais il va falloir trouver incessamment maintenant. Dois-je protester, ou…

Shallya bénisse Sœur Nathanaèle pour son intervention providentielle. Coupant prestement la parole aux sergents importuns, elle les tance maintenant de belle façon, détournant leur attention. Sitôt mes mains rabaissées, j’entreprends d’ôter mon pendentif et de le déposer sur le linge, rendant à la frêle créature de l’autre côté du voile une distraction certainement bienvenue. Relevant la tête, je croise un fugitif instant le regard de Nathanaèle, assez pour percevoir son état de tension par suite de la proposition de l’homme d’armes. Elle paraît guetter mon sentiment -peut-être même mon assentiment- avant de nous laisser potentiellement conduire au-devant d’ennuis plus grands encore. Indécis, je ne fais que lui rendre un regard alerte, et un peu déterminé, mais rien que cela lui semble suffisant pour décider d’aller de l’avant. La décision étant prise, elle invite les deux soldats à l’air soudard à nous précéder d’un peu.

Comme nous reprenons la route, conforté par le fugace compliment de mon aînée, je m’applique à bercer lentement la petite chose sur mes genoux. Comme celle-ci s’apaise peu à peu, et dort même peut-être, je n’ai pas le temps de reprendre le cours de mes cogitations que des silhouettes se profilent dans le lointain. Au niveau d’un croisement, plus loin sur le sentier, je compte quatre chevaux, et trois de leurs cavaliers aux alentours. Ils discutent avec les premières sentinelles, avant de nous faire signe d’approcher. Suivant l’invitation de Sœur Nathanaèle, je m’extirpe de mon recoin à l’arrière de la carriole, prenant soin de bien caler dans ses langes le bambin désormais assoupi. Je le borde et le dissimule tout à la fois, autant que faire se peut, entre sacoches et besaces, avant de le laisser à son innocente somnolence.

A l’approche des gardes, je remarque un quatrième larron, négligemment campé derrière un tronc, occupé à répondre à l’appel de la nature. Reportant plutôt mon attention sur l’homme qui nous a fait signe d’avancer, je réplique à son intention le salut shalléen initié par Sœur Nathanaèle, avant de me tenir bien coi. Le bailli est un individu relativement trapu, au visage anguleux, et au regard perçant. Son sourire à notre endroit ne me dit rien qui vaille, et pour cause, car il semble connaître Nathanaèle, ce qui ne fait peut-être pas nos affaires. Cet homme ne respire pas la bienveillance à notre égard, tout au plus une forme de nonchalance qui ne me dit rien qui vaille. Ma méfiance s’émousse néanmoins quelque peu lorsque je l’entends faire référence à plusieurs personnalités hautes placées au sein du duché. Si le dénommé Guerric est si bien né, qu’est-ce à dire au sujet de Nathanaèle ?

Piqué d’une curiosité malgré tout tempérée de prudence du fait de la gravité de notre situation, j’entreprends de répondre sobrement au bailli, espérant ménager un répit à Nathanaèle.

« Si fait, frère bailli. Les villageois de Percefruit se plaignaient d’ailleurs quelque peu de leur présence. J’ai fait de mon mieux pour les amener à poursuivre leur chemin. Vers Orléac, qu’ils sont partis.
M’est avis que c’eût été bien pis qu’ils demeurent encor à Percefruit. »


J’en profite pour adresser une question à l’officier local, en toute candeur et sincérité.

« Dites, mon bon frère… Je vous entends parler, et pardonnez-moi de demander, mais… Est-ce de la Révérende Mère Sébire dont vous mentionniez le nom ? »

Éloi s’attache à user d’Empathie, en quête d’une quelconque malice dissimulée derrière ce comportement relativement ouvert en apparence.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 10 oct. 2020, 20:01, modifié 1 fois.
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Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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