Le Nain serra ses dents. Plus il parlait, plus les paroles durent être prononcées avec une difficulté accentuée. Il se sentait mourir. Mais l’impatience le submergeait. Il agita vivement la tête, et tenta de répondre du mieux qu’il puisse :
« C’est… Une vieille mine Naine… Byrrnoth te racontera, je suis pas Historien... »
Il termina de nouer les câbles de cuivre. Puis, il tira du côté de son mantel un briquet en silex. Il commença à produire de petites étincelles juste devant la mèche, tout en continuant de terminer son testament.
« Je les ai entendus parler… D’un gamin… Ils disent que… Que les Bretonniens deviennent trop suspicieux… Ils vont voler les suivants… Chez les Impériaux… »
Il leva ses yeux au ciel, puis se mit à se fendre d’un rire gras.
« Va leur dire que Dagak est mort en héros, tu veux ? Dans le Karak, ils se moquaient tous de lui… Il est mort en héros, d’accord ?
Et dis-leur aussi que Dourdraeck est mort en faisant ce qu’il aimait le plus ! »
Et avec ce dernier rugissement, il se mit à hurler de rire. Il alluma la mèche, qui se mit à parcourir le long du fil de cuivre. Elle remonta jusqu’à une cordelette en fusion jusqu’à la charpente de bois. Elle se mit à parcourir le tunnel, l’éclairant de plus en plus alors qu’elle remontait. Et lorsque la loupiote atteint le fond, Isolde put apercevoir les yeux jaunes des fantômes qui remontaient lentement le chemin.
Elle se retourna et s’élança avec toute la vitesse qu’elle put acquérir jusqu’à la sortie. À mi-chemin, une gigantesque explosion fit trembler la mine. Des morceaux de cailloux tombaient au-dessus d’elle. La charpente se brisait en échardes. Une épaisse fumée commençait à remonter. L’éboulement menaçait. Alors, Isolde courut, courut, jusque dehors, jusqu’à ce qu’elle aperçut la lumière du jour. Jusqu’à ce qu’elle sentit l’air frais des montagnes, et les rafales de vents, et les gouttelettes de pluie. Elle se jeta au sol, l’explosion derrière elle remontant pour former une immense boule de feu qui lui chauffa le dos.
Elle s’effondra au sol. Ses oreilles retentissaient d’acouphènes : Le cri du spectre avait déjà atteint ses tympans, à présent, l’explosion l’avait rendue quasi-sourde. Sa vision se brouillait. Elle était à nouveau au milieu de la nature. Au milieu des arbres, et des massifs, et des chemins de passeurs.
Elle regarda à droite. Que de la montagne.
Elle regarda à gauche. Que de la montagne.
Pas une trace du Dogue qui l’avait déjà sauvé.
Derrière elle, la mine était à présent scellée par un tas de grosses pierres effondrées.
Personne, pas une âme pour lui venir en aide. Et elle avait atrocement envie de dormir.
Elle bâtit des cils. Toute atteinte qu’elle était par sa fracture du bras, par son choc contre la tête, par ses blessures ouvertes, la perte de sang, et la terreur bonne à se pisser dessus que lui avaient filée les fantômes.
Elle regarda au-dessus d’elle. Deux étranges ombres humanoïdes l’observaient.
Alors, Isolde ferma les yeux, et se mit à dormir.