[Isolde Tristan de Bérétis] Extra-territorialité

[[MJ] Le Grand Duc]

Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ

---

---

Charisme Tristan : 8
Malus : -1 (Mal à l’aise)
Double jet :
Jet : 5, réussite.
Jet : 12, échec.

Régis sembla bondir lorsque le chevalier signifia simplement que le bailli avait parlé de lui. Le berger au béret jeta un coup d’œil derrière-lui, presque comme une chouette, puis, il chercha un instant ses mots, balbutiant des débuts de phrase, ne parvenant qu’à formuler quelque chose au bout d’un petit instant.

« Oué, ouéé, le Dogue… Oui, on l’connait ben. Brave type.
‘fin s’pas son vrai nom. C’t’un surnom, un dont il a horreur, mais c’est l’bon sire Chlodéric qui lui a filé, alors, eh, l’a pas trop l’choix. Son vrai blaze c’est Benjamin – faut avouer qu’ça a moins la classe que le Dogue... »

Il se mordit un peu les lèvres. Il semblait légèrement plus à l’aise sur ce sujet, et sans attendre de questions supplémentaires de la part de l’enquêteur, il rajouta :

« Y a quelques années, l’bon sire Chlodéric l’est parti dans l’Empire. Paraît qu’y a eu une grosse invasion du Chaos ; Nous ici on l’a pas ressentie, mais paraît qu’c’était barge, des hordes de démons qui s’étaient jetés à travers le Vieux Monde ! Chlodéric il a prit des volontaires pour aller s’battre, pour former son ost qu’il a mit au service du Duc et du Roy. À Brossac, on a trois d’nos gars qui ont sorti leurs armes pour marcher derrière sa bannière : Le Dogue, le mari d’Francine, et heu, un troisième garçon, qu’on appelait tous « la Feuille » pasqu’il était sourd comme un pot… « Dur d’la feuille », t’sais, l’expression… ‘fin… ‘fin bref.
Quand y sont partis, Bruno était tout p’tiot. Y savait tout juste marcher. Le Dogue l’est revenu en un seul morceau, la Feuille avec un bras en moins et dans un sale état, et l’époux de Francine, beh… Beh il a pô eu d’chance. »

Il haussa les épaules.

« Ni la Feuille ni l’Dogue n’ont voulu dire c’qui s’est passé. Le sourd il est mort y a deux ans, pendant qu’il bossait, mais il était déjà faible et malade. Ensuite l’Dogue s’est cassé là haut dans les montagnes, après s’être acheté des chèvres et des moutons avec la prime qu’on lui a filé pour son service. Francine elle s’est r’trouvée toute seule. Peu étonnant que l’Bruno il a mal tourné.
J’pense qu’il a filé. J’le dis pas à Francine, parce qu’elle voudra rien entendre. Mais moi j’pense que c’est une fugue. La nuit de sa disparition, comme j’l’ai dis au bailli, j’ai entendu la porte de leur chaumière s’ouvrir. Et j’l’ai vu. Une p’tite ombre, trop p’tite pour être un adulte… C’était Bruno, tout seul. Personne l’a pris de force. »

[Isolde Tristan de Bérétis]

Difficile de savoir si mon approche ait réellement porté ces fruits, l'homme me paraît quelque peu effrayé par la mention. Si je souhaitais lui mettre un peu la pression peut être ai-je forcé sur la dose. L'histoire qu'il finit par déballer en reprenant un peu de couleur reste cependant relativement commune au grand désarrois de nombreuses familles brisées par la guerre et si ce n'était la disparition d'autres enfants je commencerai à penser que le gamin a fini par rejoindre un ancien compagnon de son père délaissant sa mère aigrit par le chagrin.

"Et si Bruno était parti rejoindre son père ? Une histoire d’adultère .... Fruit du hasard pour les autres disparitions ?"

Mon index tapote ma lèvre cause de ma réflexion, légère moue à l'idée qui germe dans mon esprit. Une bonne minute s'écoule avant que je ne reprenne la parole assez perplexe.

"Bon... je vois. Et avec les bêtises que commettaient le gamin tu ne l'as pas suivi ? Après tout il pouvait s'en prendre de nouveau à ta clôture ou à tout autre bien."
L'agacement dans ma voix disparaît afin que l'homme se détende un peu après tout je 'ai pas de raison de lui sauter personnellement sur le râble.
"Ecoute, tu as pu garder certaines informations pour toi, ne pas tout dire au baillis."

Je me rapproche de quelques pas, installant un climat de confidence.
"Ce n'est pas grave, je comprends parfaitement. Brossac est un petit village avec son passé et ses histoires. Moi je suis juste un oeil extérieur qui vient retrouver les enfants et je n'ai pas besoin de faire un rapport sur qui me raconte quoi ...Je sers la Dame est personne d'autre.

Alors entre nous ?"

[[MJ] Le Grand Duc]

Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ

---

---

Charisme Tristan : 8
Malus : Très mal à l’aise (-3)
Jet : 20, échec critique (Le premier !)

Si Tristan fit un pas en avant, le berger au béret en fit presque immédiatement un en arrière. Agitant les mains devant lui, il essayait de créer physiquement une distance entre eux. Il avait l’air pressé de se tourner et de prendre les jambes à son cou. Sa voix se fit légèrement plus aiguë, tandis qu’il continuait :

« J’ai tout dis au bailli, lô ! Ça va, à la fin ! Non j’allais pas l’suivre Bruno, pourquoi j’l’aurais suivi ? Il était tard, j’voulais dormir, j’ai entendu du bruit, j’me suis dis, « l’sale gosse y fait encore du bruit », pis j’l’ai vu s’éloigner du village, partir gaillardement. Me suis dis, comme d’hab quoi, il va y vient comme si Brossac c’était un moulin. Pour sûr, ou bien il est parti, ou bien quelque chose l’a mangé, mais on l’a cherché on a pô trouvé de traces nous.
Eh, j’suis pas pisteur moi mon bon m’sieur ! Hé, c’l’boulot du dogue de r’trouver des gens ! Pis vous m’énervez avec vos questions ! J’vous dis qu’j’ai tout dis, j’ai tout dis ! Non mais c’est fou à la fin ! »

Il commençait déjà à lentement s’éloigner, alors même qu’il n’avait pas été congédié par l’enquêteur.

Tu peux arrêter l’interrogatoire ici, il rentrera chez lui. Ensuite, à toi de voir ce que tu souhaites faire : Tu as légalement le droit de forcer l’entrée chez Francine en son absence. Tu peux aussi décider d’attendre Francine, auquel cas, tu la vois arriver une heure plus tard avec une petite demi-douzaine de chèvres, et deux autres personnes : une fille de quatorze ans et un garçon de onze. Tu peux alors initier l’interrogatoire avec Francine.
Tu peux aussi partir et aller interroger d’autres personnes en attendant son retour.

[Isolde Tristan de Bérétis]

Le berger semble pas vraiment disposer à me parler pire encore il recule à mon approche avant de tourner casaque. Je pourrai avoir des raisons de l'arrêter, un certain nombre me passe par la tête mais aucune suffisamment bonne pour l'amener à me parler après notre échange. Mon regard rivé sur le dos de la silhouette qui s'éloigne je ne peux m'empêcher de penser qu'il a gardé sous le coude quelques informations, espérons qu'elles ne soient pas déterminante pour les enfants.

Proche de la maison de Francine j'hésite un moment, en fait le tour une première fois avant de regarder à l'intérieur par l'une des petites ouvertures, rien ne vient suffisamment éveiller ma curiosité pour que je décide d'en franchir la porte. Bien que j'en ai le parfaitement le droit il me paraît peu judicieux de visiter le lieu sans son propriétaire, qui aimerait découvrir un inconnu chez lui ?

L'heure s'écoule, que je passe assise à l'ombre d'un tilleul dont les fragrances florales viennent embaumer l'air. Les yeux fermés je laisse mon esprit vagabondé, rien ne vient troubler la quiétude du moment et c'est finalement une douce somnolence qui me cueille en ce milieu d'après-midi. Mon compagnon viendra mettre un terme à cet abandon, couché à mon côté sa tête se relève, les oreilles dressées avant le premier jappement qui précède l'arrivée de la principale concernée. Je me relève, réajuste ma tenue et fait quelques pas dans sa direction pour l'attendre au bord du chemin.

Ma main se lève pour la saluer puis retombe pour se poser sur une biquette aventureuse, un sourire se dessine sur mon visage tourné vers la mère de famille et sa marmaille.

"Bonjour .... Francine si je ne me trompe pas. Les enfants ...."

Quelques secondes s'écoulent avant que je ne reprenne.

"Désolé de vous déranger, je m'appelle Tristan et je suis là pour ... la disparition de votre fils. J'espérai que l'on puisse échanger quelques mots afin de le retrouver si cela vous convient."

Vouvoiement délibéré de ma part dans un premier temps, la femme ne jouit pas forcément d'une bonne réputation et je me demande encore quelle approche sera la plus appropriée pour l'amener à se confier.

[[MJ] Le Grand Duc]

Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ

---

---

Francine descendait de la colline. Elle n’était pas une très belle femme : vêtue de vieux haillons en laine et en toile, posés les uns sur les autres plus pour se donner chaud que pour paraître élégante, elle avait le même air fatigué et âgé que tous les paysans de Brossac semblaient posséder. Ses cheveux noirs en pagaille avaient été tailladés pour qu’ils s’arrêtent avant ses épaules, et de profondes rides marquaient le contour de ses yeux. Si elle avait semblé sourire lorsqu’elle était au loin avec ses enfants, tout avait disparu de son visage pour ne laisser qu’un air morne et froid à l’égard du chevalier qui venait tout juste de se présenter. Elle le foudroya du regard, de ses yeux joliment bleutés d’azur.

« Françoise, amène ton p’tit frérot à la ferme, j’vais parler avec c’te monsieur. »

La jeune fille obéit avec un simple hochement de tête comme approbation. Une petite blonde maigrelette, aux joues dangereusement creuses, qui attrapa la main de son frère pour le forcer à le suivre. Francine posa son bâton de berger devant elle, et au milieu de son troupeau, elle répondit en se mettant immédiatement sur la défensive :

« T’veux échanger des mots ? Ben vas-y. Parle, Tristan. Qu’est-ce tu veux qu’je dise qui t’fera r’trouver mon Bruno, hein ?
C’est sûr qu’c’est mieux d’harceler une pov’ femme que de parcourir la région à dos d’pégase, hein ? Tu peux m’dire pourquoi le, « bon » sire Chlodéric y monte pas sur sa sale bestiole volante pour me chercher mon Bruno ?! »

[Isolde Tristan de Bérétis]

Mon regard s'assombri, mon poing se serre, ma patience à des limites dont les frontières commencent dangereusement à se rapprocher. La petite éloignée je me rapproche vivement de la mère pour lui agiter mon index sous le nez et lui exprimer ma façon de penser.

"Il suffit maintenant !!"
Le haussement de voix provoque l'envolée d'une nichée de moineaux jusqu'alors perchés dans le tilleul spectateur de la scène.

"Je commence à en avoir par dessus la tête de Seigneur Chlodéric par si .... Seigneur Chlodéric par là .... Je ne connais pas le régent de ces terres et quelques soit vos ressentiments envers lui cela vous regarde. Pour le moment je suis à Brossac et je viens pour votre fils. Alors c'est simple, vous voulez de l'aide pour le retrouver oui ou non ? Je vous la propose de bonne grâce mais je peux tout aussi bien partir. Je suis certain que d'autres seront l'apprécier."

Je fulmine et commence à tourner les talons avant de stopper net à quelques mètres pour finalement dévisager la femme tout en dénouant le collier autour de mon cou.

"Ceci est le collier de mon premier né emporté par la fièvre à l'âge de un an et ma deuxième a été enlevée par les fées peu après alors si vous croyez avoir le monopole du chagrin bienvenu dans le cercle !!

Alors oui c'est difficile, oui des injustices polluent notre monde mais quand on te tend la main apprend à la saisir."

Prête à partir, je lui laisse quelques secondes afin de faire le bon choix pour son fils.

[[MJ] Le Grand Duc]

Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ

---

---

CHAR Tristan : 8
Malus : -2 (Francine est sur la défensive)
Jet : 10, échec.

Si Régis était peureux comme tout et avait prit les jambes à son cou lorsque le chevalier lui avait posé des questions, Francine adopta une posture toute inverse. Bien qu’elle était légèrement plus petite que Tristan, elle ne put s’empêcher de soutenir son regard en grinçant des dents, sa mâchoire très serrée. Elle ne jeta un œil au collier qu’on lui présentait que deux petites secondes, avant d’à nouveau affronter l’œil du noble errant.

« Tu s’rais pas l’premier à pas chercher mon p’tiot. La différence c’est que j’te connais pas, pas comme les gens de c’te village.
Qu’est-ce j’en ai à faire de ton aide ? J’devrais t’dire merci ? T’es pas un ami, t’es un parfait inconnu, donc j’suppose qu’si tu veux m’ramener mon Bruno, c’pour la récompense ? Ou, nan, pour que Chlodéric t’respecte, hein ?
C’est une jolie épée à ton fourreau. Chevalier, c’est ça ? »

Elle afficha ses lèvres, presque comme si elle allait feuler. Ses crocs étaient si forcés entre eux qu’il était surprenant qu’ils ne se fissurent pas entre eux.

« J’suis désolée pour tes p’tiots. Mais si t’as eu à vivre mon chagrin, alors tu dois savoir c’que ça fait quand tous les gens autour de toi s’mettent à t’regarder d’un mauvais œil. C’est les Fées, qu’ont prit ton gosse ? Chlodéric pense que c’est les Fées qu’on prit l’min. T’sais c’qui dit ? Qu’j’devrais être fière. Qu’j’devrais être contente qu’le Bruno il ait été béni. Toi aussi on t’as dit ça, hein ?
Et ensuite tu viens… Putain. Allez, là. Mes chiards ont faim – ceux qui sont encore lô. J’dois encore préparer la soupe avant d’retourner faire paître mes bestioles. Va jouer au chevalier ailleurs. »

Et ayant dit ça, elle croisa dédaigneusement les bras, attendant que Tristan s’éloigne ; Ou rattrape la situation.

[Isolde Tristan de Bérétis]

Les poings serrés, les phalanges blanchies, la mâchoire crispée, sur le point de répondre d'une façon cinglante, la dernière phrase balaye tout autre sentiment qui m'anime.

"Va jouer au chevalier ...."

Du bout des lèvres je répète la phrase, les mots m'entraînent tel un tsunami. La puissance de ces quelques mots me balaye comme un fétu de paille sur les flots tumultueux de mon passé, je bois la tasse, je me noie. Le visage de cette femme prend peu à peu les traits de mon père, celui dont j'ai tant cherché l'amour et l'assentiment sans jamais ne serait-ce que l'effleurer.

"Va jouer ..."

Un, deux, dix, cinquante visages me jugent de leurs yeux où je lis un mélange de désillusion et de désintérêt, leurs lèvres épaisses et pincées s'ouvrent parfois pour rire sous cape ou juger la petite fille que je suis.

"Va jouer ..."

Les mots que l'on dit à un chien un peu trop encombrant.

"Va jouer ..."

Les mots d'un père qui dont l'enfant l'ennuie avec ces histoire, les mots d'une mère morte de chagrin, d'un mari qui ne prend pas au sérieux les aspirations de son épouse, "Va jouer Isolde" combien de fois les ai-je entendu ou lu dans les regards.

"Suis-je donc si conne ..."
Pour croire qu'un jour je ne serai plus l'enfant mais la femme, que mes rêves seront la réalité d'une vie dont je pourrai être fière.
"Ou si orgueilleuse !"
Pour penser que je serai celle qui renverserai les règles établies, briserai les codes et combattrai le "Mal" quel qu’il soit et où qu'il se terre.
Un observateur attentif pourra entendre Isolde, Tristan n'est plus en cet instant.

Mes jambes flageolent, je tombe à genoux dans la poussière, un coup d’épée n'aurait pas été aussi efficace. La réalité du monde vient de mettre à terre, un ko net et sans bavure. Je sers contre moi le collier, mon esprit se cognent sur les récifs de mes doutes. Est-ce là une épreuve ? Mon regard se pose sur la gamine aux joues creusées qui s'est éloignée.

"Mes chiares ont faim ...." On me frappe alors que je suis à terre, mes bras se lèvent pour parer l'attaque. Moi j'ai fui le confort, un ventre plein, de belles tenues, pour vivre l' Aventure. Putain sérieux ... elle me cueille au coin d'une bicoque au milieu de nul part. Je me répète mais je croyais quoi ??

Bordel que je dois être pathétique.
Je desserre ma veste de cuire qui m'empêche de respirer, puis me relève complètement groggy. D'une main incertaine je retire quelques pistoles d'argent de ma bourse sans les compter, me saisit de la main de cette femme pour le le lui fourrer dedans.

"Pour les vivants."
Ramasse mes affaires éparpillées sur le sol en grommelant quelques mots complètement hachés ou sans queue ni tête.
"Désolé .... Chlodéric ... Bruno ... gobelins ... Tristan et Isabelle."

D'un pas incertain je commence à m'éloigner à travers champs, hooo... guère loin.
Une vingtaine de mètres plus loin mon pied accroche une pierre, je bascule dans les hautes herbes puis c'est le noir.

"Tendre naïveté."

[[MJ] Le Grand Duc]

Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ

---

---

« Hé beh, y sont de moins en moins costauds les chevaliers errants qu’on m’envoie. »

Une voix familière se faisait entendre à Tristan, avec un écho désagréable qui la réverbérait dans le fond de ses oreilles. Difficile pour elle de confirmer qu’il s’agissait bien de celui qu’elle croyait : Elle avait tellement mal au crâne qu’il était trop compliqué pour elle d’ouvrir les yeux. Mais le bailli de Brossac semblait bien être là où elle se trouvait.

« Il va s’en sortir ?
– Je pourrais le savoir si vous me laissiez tranquille pour l’examiner, bon bailli, rouspéta une voix acariâtre et caquetante.
– Soit. Remettez-le d’aplomb.
– Je n’ai pas besoin que vous me l’ordonniez, bon bailli.
– J’ordonne pas, je suggère.
– Alors je n’ai pas besoin que vous suggériez ! Vous n’avez pas des paysans à aller martyriser ailleurs ?! »

André Moreau ricana. Un rire mauvais, probablement un rictus forcé. Peut-être n’avait-il ni la force, ni l’envie de répondre à la bonne femme à la voix nasillarde qui lui tenait ainsi tête. En tout cas, il s’éloigna, et chacun de ses pas provoqua un bruit de semelle qui frappe de la pierre.
En ouvrant lentement ses yeux, Tristan comprit vite où il était : Il se trouvait dans la toute petite chapelle dédiée à Taal et Rhya du village.

Image d’illustration, qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré : Les bancs sont moins nombreux mais plus larges, il n’y a bien sûr pas d’icônes de saint ni de croix chrétiennes, mais bien deux petites statuettes peintes qui représentent, à gauche un Taal très viril et cornu, et à droite une Rhya dodue portant des haillons de paysanne. Derrière l’autel est gravé dans la pierre le symbole de Taal et Rhya : Une paire de cornes avec des feuillages. Il n’y a pas de beau carrelage bien moderne, mais des gros blocs de pierre lézardés et où pousse un peu de mousse dans les interstices.

« Il a pas totalement tort non plus. Tu sais te faire te remarquer dès ton arrivée, chevalier.
Bouge pas. T’es tombé lourdement, c’est sûrement pas grave mais faudrait pas que ça le devienne. »

À présent, Tristan pouvait ouvrir les yeux. Il faisait froid dans l’honorable chapelle des Dieux de la nature, mais il avait été confortablement couché derrière l’autel, sur un tas de paille. Mettre de la paille dans un temple religieux aurait été probablement considéré comme une insulte dans la plupart des religions, mais certainement pas dans ce culte-ci : À l’inverse, la petite chapelle, qui semblait bien appauvrie avec sa grosse pierre ancienne, et de simples fentes sans nul vitrail pour faire entrer dans la la lumière, était joliment décorée de pots de fleurs, de crânes de bêtes et de dents d’animaux un peu partout sur les bancs.
Une femme se tenait devant elle, et lui offrait une toute petite coupole en bois dans laquelle un mélange herbacé à l’odeur très forte fumait vers ses narines.

« Bois ça. Ça te fera du bien. »

Une femme plutôt âgée, au regard sévère, mais encore très jolie malgré quelques petites rides près de ses lèvres et de ses yeux. Elle portait des habits communs, de la toile peluchée bien pauvre, qu’elle échancrait légèrement sur son corps maigre. Ses cheveux étaient décorés : Bien qu’ils n’étaient pas spécialement entretenus, elle avait bouclé ses mèches grasses avec du foin et une petite pâquerette nouée près de son oreille.
Il était très clair qu’il s’agissait de la prêtresse locale, celle dont Moreau lui avait parlé.
Elle laissa Tristan boire. Puis elle posa une main sur son genou.

« Tu sais que c’est un crime pour une femme de porter les armes, dans ce pays ? »

Peut-être que le chevalier parut surpris par cette soudaine question. La prêtresse leva les yeux au ciel.

« Oh je t’en prie. Il faut vraiment être un imbécile comme Moreau, ou comme la plupart des hommes de cette nation, pour ne pas voir que tu es une femme.
Ça me regarde pas. La Mère et son Roi ont d’autres choses à faire que de me demander de policer les femmes du pays. Mais il y a quantité de gens qui en ont quelque chose à faire. J’espère juste que tu fais attention. »

Peut-être qu’elle disait ça comme avertissement sympathique. Peut-être qu’on pouvait recevoir cette phrase comme de la condescendance. Dans tous les cas, elle passa à un autre sujet aussitôt.

« Ce qui m’inquiète plus, c’est que tu es parvenue à énerver encore plus Francine qu’à l’ordinaire. Elle a rejeté toutes les pièces que tu lui as posées dans sa main, puis elle s’est enfermée chez elle en maudissant absolument tout le monde ; On était habitués à ce qu’elle maudisse le Dogue, le bailli, les gens de Brossac… Mais quand elle s’est mise à aller jusqu’à maudire le nom même de sire Chlodéric et ses chevaliers, là, Moreau a décidé de réagir. Ce sont des nobles, tu comprends ? Moreau n’a pas envie qu’on insulte des nobles dans la terre soumise à sa police. »

Elle se releva en prenant la coupole vide.

« Alors dis-moi tout. D’où tu viens, et que fais-tu ici ?
Ou alors ne me dis rien si tu penses que je n’ai pas à le savoir. Je n’en ai cure. Je suis juste ici pour officier et honorer. »

[Isolde Tristan de Bérétis]

Ballottée sur les flots tumultueux de mon inconscience je surnage avec peine. La majorité verront en ce moment qu'une extrême faiblesse, la conséquence d'une jeune femme qui a idéalisé de trop un monde dans lequel elle n'a su se trouver alors que de par sa naissance elle jouissait d'une place dans la société du vieux monde que beaucoup aurait pu lui envier, et à juste tire je ne le nie pas. D’ailleurs à cet instant je maudis tous mes rêves d'enfant qui se transforment en la froide réalité des adultes, je me maudis d'avoir été aussi naïve, je me maudis d'avoir cru que moi Isolde ferait un jour la différence, mais quel orgueil ! L'idée de la mort m'est douce, je pourrai m'abandonner à cette torpeur sans douleur autre que celle de mon âme, bien qu'elle déchire en lambeau ma psychés au moins ne suis-je pas entrain d'agoniser les tripes à l'air dans une sombre grotte humide. Vu comme ça, l'abandon est séduisant non ?

Les flots se calment peu à peu, étrangement je me mets à faire l'étoile de mer sur la mer d'huile reflet de mon état. C'est assez merveilleux, déroutant mais merveilleux, c'est l'instant qui m'est donné à moins que je me l'accorde comme une grande, pour faire le point avant de faire le grand saut ou d'ouvrir les yeux. L'abandon est séduisant en effet mais dans ce cas que resterait-il de moi, que laisserai-je derrière moi ? Nous frôlons toujours cet orgueil mal placé mais après tout l'égo ne permettait-il pas de se surpasser ? Encore plus que l'égo, la foi. Nous touchons au royaume du divin, attention a ne pas se brûler les ailes. La foi ne s'explique pas, l'humain croit en quelque chose de supérieur, d'ailleurs nul ne peut le nier les miracles des prêtres sont quotidiens. Tout ça pour dire que je crois en la Dame, mais où s'arrête ma croyance et commence ma prétention. J'ai cru pendant longtemps, et encore à présent, que les cauchemars qui hantent mes nuits sont un message, une sorte de ... de .... je ne sais quel fil à suivre afin de ... de ... mais de quoi ?? De trouver le Graal ? De participer à la défense de la Bretonnie ? De comprendre ce qu'il advient avec exactitude de nos enfants ? De retrouver Isabelle ? Je ne sais plus. Au fond de moi cette flamme brûle toujours, la preuve je déblatère sachant que mon choix est fait, juste que où se trouve MA PUTAIN DE PLACE dans tout ça.

"Pardonnez moi très Saine Dame, pardonnez votre humble servante. Vous qui veillez sur nous avec bienveillance guidant nos pas sur le chemin de la vertu. Je m'excuse pour cette faiblesse, je m'excuse pour ces pêchés qui tentent de lézarder les remparts de ma foi. Que votre lumière m'éclaire dans les ténèbres afin que je puisse remplir la tâche qui est la mienne en ce monde."

Des voix me parviennent à travers le bourdonnement de mes oreilles.
Non ce n'est pas la Dame qui me parle, non je n'aurai pas la prétention de penser qu'elle vient de répondre à cette humble prière.
J'ai pris ma décision, je me dois de continuer ne serait-ce que pour ces enfants. Pas que j'en minimise l’importance mais peut être ne suis-je là "que" pour eux, ma quête prendra alors fin et je devrai peut être m'en contenter, maintenant je l'accepte c'est toute la différence de l'avant et après ce verbiage.

Bonjour la réalité me revoilà !
Mon coeur manque de rater une battement, je me rappelle très (trop) bien cette honteuse chute et ces circonstances. Si je comprends bien la situation j'ai dû être transporter, peut être soigné bien que je ne sente pas spécialement de blessure et maintenant la voix du baillis !! Si à la place de sauver les enfants j'allais visiter les geôles du Seigneur Chlodéric pour avoir tromper l'ordre de la chevalerie me faisant passer pour un homme, enfin l'ordre... l'ordre ... je n'y suis pas encore, enfin bref.

Une goutte de sueur roule dans mon dos, je n'ose ouvrir les yeux, je pourrai faire la morte ? Option que je choisie, restons encore un peu inconsciente cela me paraît plus sûr. Chose qui se vérifie assez rapidement, après un court échange le pas lourd d'André semble s'éloigner. Si je suis soulagée ma honte doit être de la taille des plus hauts sommets des montagnes grises. Le chevalier qui s'assomme en trébuchant, parfait !
Quoiqu'il en soit je finis par ouvrir les yeux, un peu de courage diantre, ne dit-on pas que le ridicule ne tue pas ? Je ... sais pas en fait.

Mon regard balaye mon environnement immédiat, guère de doute sur l'endroit où je me trouve. Bien que je suive la Dame, les autres Dieux ne me sont pas inconnus d'autant qu'il s'agit des tutélaires Taal et Rhya, époux divins. Gênée je me redresse sur ma couche, à mon mouvement une douce odeur de paille fraîche me parvient. Face à moi une femme à l'automne de sa vie sans pour autant être dénuée d'un charme certain bien que cela importe peu. Moment de silence qui se prolonge d'ailleurs j'accepte son invitation à boire la mixture herbacée le temps de jauger de la situation, oulla c'est ... goûtu.

Voilà qu'elle me balance tout à trac mon crime concernant les armes que je porte. Le sommet de ma honte vient de grandir de quelques mètres, bientôt inaccessible pour tous. Je ne peux que émettre une bref hochement de tête osant tout de même croiser son regard, mais que dois-je dire ? Des justifications ? Des plaintes ? Rien ne me paraît adapter, attendons.

D'ailleurs le reste suit et je ne peux que me sentir soulagé pour l'instant au moment où elle me laisse la parole. De nouveau le silence, je ne sais par quoi commencer après les échecs successifs auprès de Régis et Francine il serait bon de trouver une personne qui n'ait pas envie de m'empaler sur une fourche après notre première rencontre.

C'est avec ma voix que je finis par répondre, comprenons celle d'Isolde premier signe que je décide de lui faire confiance, une façon de la remercier également.

"Je m'appelle Isolde de Bérétis, vous connaissez peut être le nom de ces terres, elles ne sont au final pas si loin que ça sur le duché de Parravon. Je tiens tout d'abord à vous remercier, pour les soins bien entendu et pour votre silence qui vous place en situation de mensonge vis à vis du baillis. Si vous changez d'avis pour une raison ou une autre, sachez que je ne serai vous en tenir grée."

Un instant s'écoule, mon regard croise le sien à la recherche d'une réaction avant de continuer.

"J'ai décidé d'enfreindre les règles de notre Royaume afin de servir. J'imagine que vous pouvez comprendre cet ... appel, vous qui servez Taal le Roi et Rhya la Mère de tous. Je me suis tournée vers la Dame bien que je doive me cacher afin de répondre à ma foi."
Je trouve un intérêt soudain pour mes chausses mais peut être qu'elle pourrait me conseiller après tout.
"A votre avis suis-je dans l'erreur ? Est-ce pêché que d'enfreindre les règles afin de servir les Dieux ? Je ... suis dans le doute, j'ai peur de faire fausse route."

Un certaine détresse se lit alors dans mes yeux, un besoin d'être si ce n'est certaine, conforté dans mes choix en ce qui concerne le service auprès des Dieux.

"Quoiqu'il en soit, comme beaucoup de jeune gens de Bretonnie je suis partie en quête, je vous passe les détails qui n'ont que peu d'intérêts. Mes pas m'ont conduit à Brossac où j'ai appris pour la disparition des enfants."
Pause, mon regard se trouble une poignée de seconde.

"La chose m'est chère ... pas pour me glorifier de quoique ce soit si je les retrouve mais elle me touche personnellement. Je désire ardemment mettre tout en oeuvre pour les retrouver et ce ne sont pas là des paroles en l'air, ce sont celles d'une ... mère."
Guère compliqué de comprendre à ce moment là.

"Visiblement j'ai malheureusement pas encore les mots pour m'attirer les faveurs des gens.Alors que je souhaitais seulement trouver des informations auprès des concernés je n'ai pu que les froisser."

Cette fois le silence se fait, gênée mes doigts fourragent dans la paille sous le regard des statuettes, représentations des divinités des lieux.

► Afficher le texte

Désolé je dois filer au boulot avec retard mais je voulais poster, j'essaye de corriger les fautes sur le téléphone si possible.
Je voulais aussi développer un peu plus le réveil dans la chapelle mais il faut que je potasse le monde pour approfondir certains passages.
J'espère qu'il n'y pas trop d'incohérence de ce côté là sur le comportement du personnage.