[Armand de Lyrie] Noblesse oblige

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Katarin
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[Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »


Chaud. Et froid aussi.
Sa conscience revient peu à peu, mais elle est en difficulté. Des bribes de pensées surnagent, alors que la peur l'envahit. Il se sent terriblement faible, il peine à ouvrir les yeux. Et lorsqu'il les ouvre, cela ne l'aide guère à apaiser ses craintes, car aucune lumière ne parvient à ses pupilles. Quelque chose entrave sa vision, un tissu noir qu'il sent noué autour de sa tête. Il y a aussi un bâillon solidement serré dans sa bouche ouverte, étouffant ses éventuels cris.
Il veut les retirer, mais ses mains sont immobilisées. Il est couché sur une surface molle, un matelas sans doutes, et ses deux poignets sont liés séparément au-dessus de sa tête, aux deux extrémités du lit. Il tire de toutes ses forces pour se libérer, mais sa tentative s'avère bien vaine.

- Shhhhh.

On pose un doigt sur ses lèvres. Une main glisse sur sa joue, comme pour réconforter un enfant.
Ses autres sens s'éveillent. Quelqu'un tire le drap qui le protégeait, et le contact de l'air sur son corps lui apprend qu'il est nu comme un ver. Il tremble de froid tandis que sa peau se recouvre de chair de poule il est recouvert de sueur suite à sa nuit fiévreuse, ce qui accentue la fraicheur du courant d'air.
Il tente de remuer ses pieds, mais cela n'est guère plus probant que sa précédente tentative : jambes écartées, ses deux chevilles sont solidement attachées elles aussi aux extrémités du lit.
Il est sans défenses. Vulnérable.

- Tout va bien, Armand. C'est moi.

La voix de Margot. Son odeur. Son contact. Aucun doute.

La main qui caressait sa joue glisse désormais vers son torse. Une autre a atteint son entrejambe, prodiguant des attentions aux objectifs certains. Bien malgré lui, le corps d'Armand répondit aux sollicitations prodiguées avec une vigueur qui ne put que le faire culpabiliser sur sa propre morale.
Il la sent se glisser contre lui, se coucher sur lui. Elle aussi est dans le plus simple appareil, sa peau contre le sienne. Il sent son souffle chaud caresser son oreille, avant qu'elle ne lui susurre.

- Tu es à moi, maintenant.

Il est en elle. Le plaisir qu'il ressent est tel que ses pensées ne lui appartiennent plus. S'il se débat maintenant, ce n'est plus pour se libérer de ses liens, mais pour mieux accompagner les mouvements de reins de son amie.

Il sent une main sur son visage. Elle saisit le tissu devant ses yeux, et le lui arrache violemment.

La seule chose qu'il aperçoit alors, est le voile d'ombres cagoulé de la Dame telle qu'elle était représentée sur le tableau de Nicolas Naudin.




***


Armand se réveilla en hurlant, le choc si violent qu'il bondit hors du lit par réflexe face au danger.
Il aperçut devant lui une jeune femme terrifiée, qui recula pas après pas pour s'éloigner de lui, main levée pour lui intimer de ne pas s'approcher. Elle portait la robe jaune à capuchon des prêtresses shalléénes, avec pour unique ornement un petit cœur en or cousu sur son sein gauche.
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- Ne... n'approchez pas ! lui hurla t-elle, la voix tremblante.

Le jeune chevalier était encore fiévreux. Sa tête tournait alors qu'il tentait de déterminer où il se trouvait. Les murs en pierre blanche, la prêtresse, tout portait à croire qu'il était dans un temple de Shallya. Mais comment discerner le rêve de la réalité ?
Il était vêtu d'une simple chemise de lin boutonnée à l'avant, qui tombait jusqu'à ses mollets. Rien d'autre.
Il regarda le lit derrière lui. Un simple drap devait le couvrir pendant son sommeil. La taille du sommier correspondait. Aux quatre coins, des barreaux métalliques. Assez solides pour qu'on puisse y accrocher des cordes.

Ses pensées s’emmêlaient, et sa tête tournait trop fort.

Sa conscience vacilla, et son corps fit de même avant qu'il ne perde connaissance.


***

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***


Nouveau réveil.

Lorsqu'Armand ouvrit les yeux, si son esprit était toujours embrumé par les cauchemars qui l'avaient assailli, son corps semblait pour sa part en pleine forme. Sa fièvre était tombée, et dès le réveil il se sentait empli d'une énergie nouvelle. Sa blessure à la cuisse était parfaitement cicatrisée, tandis que des bandages neufs sous sa chemise de lin protégeaient celle subie au torse.

L'air sentait l'encens, mais cette odeur ne suffisait pas à totalement en masquer d'autres moins agréables : celles du sang, de la sueur et de la maladie.

Désormais en pleine possession de ses moyens, Armand put identifier sans mal les lieux dans lesquels il se trouvait. La colombe de Shallya avait été gravée sur le mur du fond de l'infirmerie. Autour de lui, quatre lits dont le sien, servaient à accueillir malades et blessés. Sur l'un d'entre eux gisait un homme endormi, son visage figé dans une grimace de douleur. Le drap de son lit ne lui montant que jusqu'à mi-torse, et ne suffisait pas à cacher son bras gauche recouvert de bandages ensanglantés du coude au poignet. A son extrémité, sa main était elle aussi recouverte de tissus blancs, recouvrant les phalanges manquantes de son index et son majeur.

- Thecia, le chevalier est réveillé, peux-tu aller prévenir Carl ?

- J'y vais de ce pas, grande prêtresse.

Armand reconnut la seconde voix, c'était celle de la jeune femme effrayée qu'il avait vu dans l'un de ses rêves. Ce ne fut pourtant pas elle qu'il aperçut lorsqu'il observa l'entrée de la pièce : c'était une autre Shalléenne qui le jaugeait à cet instant. D'âge mur, elle portait une robe blanche à capuchon très simple, mais dont la coupe et la matière prouvaient la bonne qualité. Portant des boucles d'oreilles cerclées, son visage intriguait à cause de l'étrange tatouage qu'elle arborait : une sphère blanche au milieu de son front, depuis laquelle une longue ligne d'or descendait, parcourant l'arête de son nez pour s'arrêter sur sa lèvre supérieure. Il se poursuivait de sa lèvre inférieure jusqu'à son menton, mais l'or s'était changé en un ton bleu, la ligne claire devenue plus diffuse, comme s'éparpillant en gouttelettes d'eau, à l'image des larmes de Shallya.
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La grande prêtresse s'avança jusqu'à son lit, lui adressant un sourire doux et réconfortant. Son regard continuait pourtant de l'examiner de haut en bas - sans doutes pour vérifier son état de santé.

- Rassurez-vous, Armand de Lyrie, vous êtes en sécurité. Je suis la grande prêtresse Alys, et vous êtes au temple de Shallya du village de Derrevin. Vous nous êtes venu blessé et fiévreux , mais notre déesse vous a accordé son amour pour vous aider à surmonter cette épreuve.


Test de perception d'Armand (INT+INI)/2 : 12, raté.

Test d'intelligence au sujet de Derrevin = 8, réussi tout juste. Armand sait que des paysans se sont rebellés ici contre leur seigneur il y a quelques mois et ont réussi à prendre le contrôle du village, puis que des conflits politiques propres à l'Aquitanie avaient empêché de reprendre les lieux aux paysans. Néanmoins, puisque cela fait un mois qu'il a quitté le pays, il ne sait pas comment la situation a évolué - en tout cas personne à Quenelles ne lui a jamais parlé d'une évolution de la situation ici.

Test de mental (INT+END)/2 = 9, raté de 1.
==> Contrainte rp : Armand ressent le besoin de revoir le tableau. Il peut résister librement à ce désir, mais impossible de l'évacuer de ses pensées. Imagine un peu Bilbon dans le seigneur des anneaux quand il se dit que "boarf, il pourrait mettre l'anneau une dernière fois, c'est pas bien grave, juste une pour bien se rappeler comment c'est"

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Je n’ai jamais rien vécu de tel.
D’habitude, j’aime bien vous sortir des racontars sur mes expériences précédents, sur comment, telle ou telle chose me rappelait un moment de mon passé ; un combat qui était similaire à mes passes d’armes courtoise, des équipées qui me rappelaient des chevauchées, même la marche dans la forêt qui me faisait penser à la chasse. Mais là je peux plus vous décrire tout ça. Je n’ai jamais rien vécu de tel. Aucun lendemain de cuite, aucune grippe hivernale ne sont comparables à ce que j’ai vécu. Je sens tellement de choses différentes que mon esprit est dans une pagaille monstrueuse.

Mais tout va bien.

J’ai huit cent questions en tête, des interrogations qui me font mal au crâne, je suis terrifié par mes sens et par mon âme. Mais tout va bien. Tout va bien, pour l’instant.



J’ai mis énormément de temps à collecter mes souvenirs. Le mot collecter correspond bien. J’ai l’impression d’être un tisserand qui s’embête à utiliser son métier fort compliqué pour préparer une parure. Je suis obligé de reconstituer, de rapiécer un tissus de souvenirs et d’images mentales fuyantes, et de tenter de comprendre ce qui est une hallucination, une invention, ou réellement authentique.

Je me souviens très bien de mon nom – c’est un bon début. Que je suis chevalier – c’est essentiel. Du sourire dément de mon père et des caresses de ma mère – j’aimerais avoir oublié tout ça. Peut-être aurais-ce été une bonne nouvelle que je me retrouve amnésique et que je sois condamné à devenir un chevalier errant sans nom, mais peut-être trop facile au regard des Dieux. Je me suis battu dans le Massif d’Orquemont, j’ai chargé avec d’autres jeunes chevaliers errants et forcé des peaux-vertes à être bousculés par-dessus des crêtes et des corniches de pierres acérées. Ça j’en étais fier.
Puis, tout le reste me revient douloureusement en tête. Tout ce fil conducteur qui me revient entre mes rêves, ma fièvre, des vomissements et des gémissements de douleur. Tout ce que je vous ai déjà raconté, mais où au lieu d’avoir une suite chronologique, je lis des chapitres et des paragraphes au hasard. Triboulet. Magone. Sire Landry. Évrard de Corbie. Les jours passés à cavaler. Le Gardien. Le charnier. Une cabane abandonnée. Une caverne. Margot.
Le tableau.

C’est le tableau qui me hante le plus. Ou Margot. Ou pire, les deux. Je vous avoue que j’ai pas eu une convalescence plaisante. La fièvre c’est une sensation atroce. On tremble de froid et de chaud à la fois, on veut se recouvrir alors qu’on est brûlant. J’ai tellement de souvenirs qui se bousculent en même temps, j’en arrive à douter lesquels sont les plus vrais et lesquels sont les plus fabriqués. La raison ne sert à rien, je suis incapable de prendre du recul et de me dire : très bien, est-ce que « ça » ça c’est réellement passé?. Peut-être que j’en serais capable si mes rares moments de véritable conscience n’étaient pas uniquement dédiés au fait de vomir et de sentir les lacérations provoquées par le Gardien profondément dans la chair. Vous vous souvenez, j’avais pansé mes plaies avec de la lavande ? Eh bien, qui l’eus cru, c’était un bien mauvais antiseptique, et maintenant, en plus de la douleur naturelle de la plaie, je ressentais autour des coupures une chaleur et une rougeur permanente, qui lançait comme une piqûre de guêpe.

Mais il y a un moment de conscience qui est resté fort et qui me hante encore. Un moment où je me sentais bien vivant, où je sentais véritablement un air renfermé, putride et puant d’encens me caresser les nasaux. Un moment que je ne pouvais pas avoir halluciné – et pourtant, il suffit que je vous le raconte pour que vous soyez convaincu de l’invention de cet instant. Une voix qui résonne dans mes oreilles, à la place des acouphènes. Une douleur vive à mes poignets et à mes mollets, trop vive pour que je puisse l’imaginer. La main d’une femme, qui passe sur les quelques poils sales de ma barbe de jeune homme, une sensation si soudaine qu’elle suffit à me faire tressaillir de tout mon être.
Je n’ai pas l’impression d’avoir rêvé de ça. Et pourtant, il suffit que j’y repense pour que mon esprit essaye de me convaincre que si.



Puisque je suis parfaitement incapable de vous dire précisément ce qui s’est passé dans mon inconscience, je vais plutôt me concentrer sur ce qui s’est passé à l’instant où je me sentais réellement en possession de mes moyens. Et la première sensation que j’ai éprouvée, c’est celle du confort. Bon sang qu’est-ce qu’elle me manquait. J’avais encore la tête ailleurs, l’esprit un peu embrumé, une démangeaison là où se trouvaient mes plaies, la gorge un peu sèche à cause de la soif, mais tout ça n’était rien comparé à ce que j’avais dû traverser ces derniers… Heu. Jours ? Semaines ? Ces derniers temps. Je me sentais enfin libre dans mon corps, et pas à deux doigts de mourir. Je me sentais dans un endroit relativement confortable. Bon, quand on a dormi toute son enfance dans des matelas fourrés dans un donjon confortable et chauffé tout l’hiver, tout paraît moins confortable ; mais quand on a passé les derniers jours à dormir à la sauvage dans la nature, avec de la sueur partout sur le corps et transi de froid, ça devient très vite comparable à un hôtel de luxe de Marienbourg. Même si je suis jamais allé à Marienbourg, alors je fais que supposer que c’est huppé.

Je reconnais… Des voix. Pas de visages. Je sais pas où je suis. Je devienne que c’est un endroit lié à Shallya parce que, bah, en plus du fait qu’on se présente à moi avec Son nom, j'observe des colombes un peu partout, et des blessés, et là où il y a des colombes, des blessés et des femmes en robes faut pas être un devin pour comprendre dans la maison de qui on se trouve. J’ai un peu envie de chialer.
Je note que je me sens en meilleure forme ; C’est étrange d’ailleurs, je pensais me réveiller faible comme un chaton, chose habituelle quand on est en convalescence ; on va mettre ça sur le compte de ma jeunesse et de mes talents de chevalier. Y a pourtant plein de trucs qui vont pas, mais on va les décortiquer au fur et à mesure si vous voulez bien, nul besoin de se jeter dans un sac de nœuds. Pour l’instant, je suis là, allongé dans mon lit, dans une grande tunique, recouvert sous des couvertures et entouré de gens qui n’essayent pas de me tuer ou de me violer, donc c’est meilleure compagnie que d’ordinaire. Et donc je sens un peu mes yeux s’humidifier. Même si en réalité, ça doit être moins l’émotion que l’odeur pestilentielle qu’on masque par des encens trop forts.
J’ouvre mes lèvres gercées et je tente de parler, ça serait une bonne chose de parler, surtout avec ma gorge très sèche. J’essaye de vérifier que je suis pas muet. Ouf, j’arrive à sortir un son de ma glotte, un son qui ne soit pas un gémissement de douleur, ou un couinement lascif qui… Bref.

« Shallya… Qu’Elle soit bénie… Mille fois… Que Son nom soit sanctifié, à jamais... »

Shallya c’est un culte super important en Bretonnie. Un observateur pragmatique et cynique dirait même que c’est le culte le plus important en Bretonnie, mais ça serait faire fi de la Dame et ça mériterait des coups de fouets. Et pourtant y aurait un fond de vérité là-dedans. La Dame c’est un culte essentiel pour tous les Bretonniens, mais surtout les nobles et les aristocrates, alors que Shallya, dont le lieu le plus saint est basé à Couronne – chez nous – c’est une religion dans laquelle les nobles et les paysans prient tout le temps ensemble. Un cynique dirait même que le culte de Shallya est essentiel parce qu’il achète la paix social et évite que les paysans se révoltent à tour de bras, mais là encore ça mériterait une flagellation.
D’ailleurs. En parlant de révolte. Je suis à Derrevin. Parce que ma cervelle est embrumée et que j’ai très soif, ça me frappe pas tout de suite, mais c’est vrai que je reconnais le nom du bled. Derrevin. Alors là, direct, il y a deux choses qui me choquent.
Déjà, je suis en Aquitanie. Comment j’ai atterrit là ? Bon, c’est vrai, Derrevin-Cuilleux c’est pas non plus Couronne-Bordeleaux niveau distance, c’est même limitrophe, mais quand même, je suis étonné d’avoir fini ici et pas à Magone ou dans le château d’un noble Quenellois.
Ensuite, le deuxième truc qui m’étonne, c’est que je suis à Derrevin. Et ce bled paumé dont j’ai rien à faire, en fait, il me rappelle un souvenir. C’est douloureux, je vous dis que j’ai du mal, mais en fait si, la chevalerie d’Aquitanie en parlait. Une bande de paysans qui ont tué leur seigneur et déclaré leur indépendance. Je vous avoue que j’ai pas trop suivi l’affaire, déjà parce que je sentais le malaise quand de jeunes chevaliers errants posaient des questions aux vavasseurs et aux baronnets locaux, peut-être parce que ils avaient échoué à reconquérir le village et que c’était donc très humiliant. Je suis étonné de pas avoir été égorgé, je croyais que les paysans révoltés ça faisait que ça, égorger des nobles – surtout qu’ils me connaissent ! La prêtresse vient de dire mon nom, avec la particule ! Ça me rend un peu suspicieux, mais pas assez pour m’obliger à me mettre sur mes gardes.

Bon. Qu’est-ce que je suis censé dire ou faire maintenant ? Ce que je peux vous dire, c’est que y a un type blessé dans un lit à côté. Je le plains un peu mais je reconnais pas son visage. Ça m’ennuie un peu parce que j’ai aucune idée d’où sont passés mes compagnons. Je suis aussi étonné de pas avoir été massacré par mes assaillants – je sais pourtant que j’ai été capturé. Est-ce que… Est-ce que c’est eux qui m’ont amené ici ? Ça serait bien sympathique de la part de gens qui m’ont assommé. Ou alors je me suis enfui ? Je sais pas, j’ai pas de souvenir de ça. Et puis j’ai pas d’autres blessures, qui m’auraient été infligées lors d’une confrontation. J’ai pas le choix, va falloir que je demande ce qui se passe.

La femme au-dessus de moi elle est jolie. Plus âgée que moi, tatouée aussi, je crois pas que ce soit commun, mais j’ai pas fréquenté assez de prêtresses pour que je puisse tenir la moindre opinion valide à ce sujet. Mais l’entendre me parler gentiment et la voir me sourire m’adoucissait énormément.
Ce qui m’inquiétait plus légèrement, c’était l’autre prêtresse, là, heu, hmm… Thecia ? Thecia. C’est comme ça qu’elle l’a appelée. J’ai un souvenir de Thecia me criant dessus. Je crois que je lui ai fais peur. Je lui ai fais peur ? J’espère que je n’ai rien fais de… Bref. On met ça de côté. Là pour l’instant je dois m’organiser dans toutes les questions qui me viennent en tête, après m’être signé et avoir remercié Shallya – quand je serai en état de marcher j’irai m’agenouiller devant un autel pour donner des congratulations plus appuyées à la Douce.
Donc. Première chose, la plus importante.

« Je… Loin de… Loin de moi l’idée de, vous, déranger, après tout ce que vous, avez, fait pour moi… Je commençais à balbutier d’une voix rauque et un peu faiblarde qui m’obligeait à faire des pauses pour ravaler ma salive. Mais, auriez-vous, je vous prie, la gentillesse, de m’apporter, un verre d’eau ? »

J’aurais pu juste dire « soif ! » en faisant un signe de mon doigt qui indiquait ma bouche, mais ça n’aurait pas fait très aristocrate, et nous nobles de Bretonnie on pense beaucoup à bien paraître. Faut être poli, même quand on est dans l’inconfort. Ou la douleur.
Je lève mon poignet. J’ai moins mal à mes lacérations d’épée, juste cette démangeaison qui est de bon augure, ça prouve que ça cicatrise bien. Mais à mes mollets et à mes poignets, j’ai cette… Ce tiraillement endolori. Qui n’a pas de sens, car je ne note aucune rougeur, aucune marque d’irritation. Mais je sens que… Je sens quelque chose. Une chaleur. La chaleur d’un lien sur lequel j’ai tiré.
Le temps que je reçoive un peu d’eau, je peux au moins poser d’autres questions – il me reste plus que ça. Au moins le temps que Carl vienne. J’ai pas la moindre foutue idée de qui est Carl, mais bon apparemment la prêtresse a dit son nom et elle veut qu’il m’observe, alors hein, c’est elle qui sait, pas moi.

« Dame et Shallya soient louées…
Je… Vous avez dit, que… Vous avez dit, « vous nous êtes venus »… Comment je vous suis venu ? Je suis désolé, c’est, heu, c’est un peu… Un peu obscur là. J’avais…
Est-ce que j’avais des, compagnons, avec moi ? Est-ce que… J’avais, des choses, sur moi ? »


La peinture, surtout. Mais je vais pas hurler que j’ai une peinture tout de suite. Mais il faut que je la retrouve quand même.
Une peinture si importante, si magnifique. Il faut que je l’amène à la cathédrale de Quenelles. Voire que j’aille la donner à la Fée Enchanteresse en personne. Au moins ça. Il est tellement magnifique, ce tableau.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 09 mai 2019, 10:54, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 6
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

La grande prêtresse accueillit avec le sourire la première demande d'Armand, trouvant sans doutes son excès de politesse rafraichissant. Elle s'éloigna de quelques pas pour prendre une cruche d'eau posée sur un buffet proche de la porte, duquel elle sortit également un gobelet en terre cuite. Après l'avoir rempli, elle apporta les deux objets au chevet d'Armand, lui offrant l'eau demandée et posant la cruche sur la commode juxtaposant son lit avant de s'asseoir sur une chaise en bois.

- Ce sont les capuches qui vous ont trouvé dans la forêt de Chalons et qui vous ont amené ici, pour que Shallya prenne soin de vous. Vous étiez inconscient, fiévreux, avec deux vilaines entailles et une méchante bosse sur le crâne. Carl viendra bientôt vous voir pour discuter avec vous et expliquer votre présence à Derrevin : ce n'est pas mon rôle de m'immiscer dans vos affaires. Mais n'ayez crainte : je me porte garante de votre sécurité ici : dans notre temple mais aussi dans ce village.

Le ton de sa voix était doux et calme, si maternel que l'écouter était naturellement rassurant et apaisant.

- Vous êtes arrivés en même temps que Margot, une jeune femme blonde de votre âge : j'ai cru comprendre que c'était votre amie. Elle est en convalescence, vous pouvez aller la voir si vous le souhaitez. Quant à...

Alys se fit interrompre par l'irruption soudaine d'une jeune fille d'une dizaine d'années dans l'infirmerie. Vêtue d'une simple bure grise, son visage était absolument terrifiant : un horrible réseau de veines vertes parcourait sa peau, quittant la commissure de ses lèvres pour se répandre sur ses joues, son cou, et même son front. Les yeux injectés de sang, la jeune fille semblait pourtant, de par sa posture, la vivacité de ses gestes et l'assurance de sa voix, en parfaite santé.
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- Grande prêtresse, Gautier et Paulin sont en train de se battre à l'entrée de la cour !

- Encore ? s'exclama t-elle en se levant, manifestant davantage de lassitude que de surprise. Excusez-moi Armand, je dois aller apaiser ces deux-là. Ophélie va veiller sur vous : elle a l'habitude après tout, vous êtes son patient et c'est grâce à sa dévotion et ses prières que vous êtes remis sur pieds.

Alys quitta prestement la pièce, laissant le chevalier seul avec la jeune fille au visage recouvert d'affreux stigmates. Plus on la regardait, plus elle donnait l'impression qu'une forme de vie végétale avait élu domicile sous sa peau, pulsant au rythme de son cœur. Et pourtant, malgré cet aspect repoussant, la jeune fille adressa un sourire angélique à Armand alors qu'elle levait un index autoritaire.

- Déboutonnez votre chemise messire. Je ne permettrais pas à Carlomax de vous faire sortir d'ici sans m'être assurée que vous êtes en parfaite santé ! J'aimerais prier pour vous une dernière fois, et ensuite, si vous le désirez, je peux vous faire visiter le temple ? Votre amie s'exerce à marcher en ce moment, je pourrais vous mener à elle pour que vous puissiez l'encourager, je suis sure que ça l'aidera.

Son apparence était étrange, mais ses manières l'étaient tout autant. Elle parlait un bretonnien impeccable, trop parfait même pour une jeune shalléenne.

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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

C’est des capuches qui m’ont sauvé. J’ai aucune idée de ce que ça veut dire, une capuche, mais ça me dit absolument rien qui vaille. Sérieux, la capuche c’est pas un vêtement d’honnête personne. On m’aurait dit, les tabars ou les robes décolletées de soirée m’ont sorti de la forêt de Chalons, j’aurais opiné du chef, mais les capuches ça m’inspire rien de bien vaillant, ça fait vêtement de gueux, et apparemment des paysans y en a pas mal ici, et qui dépassent les bornes normalement acceptables dans la plus pure relation seigneuriale. Derrevin, Derrevin… Des révoltes paysannes on en a pas souvent. Des révoltes paysannes qui durent plus de deux semaines encore moins.
La sœur de Shallya dit se porter garante de ma sécurité. Comme c’est rassurant. Je sais qu’elle a dit ça pour m’apaiser et me tranquilliser, avec toute sa bonté de jolie grande-prêtresse, mais ça a eu l’effet inverse sur moi. Ça m’a fait grincer des dents et fait apparaître une risette malaisée autour de mes lèvres. Et je n’ai pas pu m’empêcher de souffler, si doucement qu’elle ne m’a pas entendu, une petite réflexion plutôt destinée à moi-même :

« Ah parce que je vais avoir besoin de votre sécurité ? »

Bon sang, entre nobles on a des règles, notamment l’hospitalité. On a pas besoin de dire à un chevalier qui vient dans la cour de son château qu’on se porte garant de sa sécurité – c’est absolument naturel qu’il est en sécurité, on a pas l’habitude de tuer des gens lors d’un dîner ou dans leur lit, on est pas des empoisonneurs Tiléens ou des coupe-jarrets impériaux. Mais ici apparemment y a plus de nobles. Du moins c’est ce que je redoute. Y a souvent des gens, jamais d’ici, qui critiquent l’organisation sociale de la Bretonnie, le fait que les seigneurs aient tout, et les roturiers ne décident de rien – hormis bien sûr les roturiers riches, les hommes libres, mais eux ils comptent pas. Je veux que vous vous chassiez cette idée de la tête et que vous gardiez à l’esprit le fait que les paysans c’est des types violents, rustres, sans scrupules, consanguins, attardés, patentés, jaloux, avides, couards et qui sentent pas bon des aisselles. Je suis très étonné que le temple dans lequel je suis ait encore l’air d’un temple et que les deux femmes que j’ai croisée depuis mon réveil ont l’air de sourire et d’être en bonne santé. Pour moi, il me semble étonnant que sans l’ombre d’un donjon pour les surveiller, les gueux révoltés ne se soient pas mis à se voler leurs affaires et à se répandre en intrigues au bout de trois jours, et qu’ils se soient mis à se piller mutuellement et à violer les femmes de leurs voisins au bout de cinq, et qu’à la fin de la semaine ils n’en soient pas déjà à se cannibaliser et à se reproduire avec leurs propres enfants.

Heureusement, je n’ai pas le temps de donner à la grande sœur une idée de ma théorisation sociologique du Royaume de Bretonnie. Parce qu’elle me parle de Margot. La simple évocation de son prénom suffit à me faire écarquiller les sourcils et à tirer la couverture de mon lit. J’ai beau être convalescent, apprendre qu’elle est toujours en vie me donne le réflexe instinctif de me jeter hors d’ici et d’aller la voir. C’est bête parce que j’ai plein d’autres questions – entre autres, j’aimerais savoir qui sont les gens qui m’ont attaqué, où sont passés Evrard et Triboulet, et surtout, où est le tableau. J’avais à peine ouvert la voix pour commencer à lui dire deux trois politesses du style :

« Pardonnez-moi ma sœur, puis-je- »

Et je comprend vite pourquoi dans les autres pays ils ne sont pas polis et sont bien contents de juste grommeler ce qu’ils veulent : Je suis interrompu. C’est très désagréable d’être interrompu, mais c’est encore pire quand on est interrompus par la… chose qui entre alors dans la pièce.
Je dis la chose parce que je manque d’autres termes plus policés. J’ai senti un picotement tout le long de l’échine et j’ai eu un haut-le-cœur. Franchement, je me moque souvent des répurgateurs de l’autre côté des Montagnes qui brûlent tout et n’importe quoi, mais en voyant arriver la… En la voyant arriver, j’ai finalement vite comprit l’obsession maladive des fidèles de Sigmar avec leur purge des mutants. Bon sang.
Elle a l’air d’avoir une physionomie normale – je pourrais la confondre avec n’importe quelle jeune fille si on lui mettait un sac en toile sur la tête, et je maudis d’ailleurs le temple de ne pas l’avoir fait. Cet enfant, sans doute née une nuit de Morraimée (Morrslieb pour vous bande d’impériaux), a un aspect proprement épouvantable. Mon cœur était emplit de pitié pour elle. De la pitié teintée de malaise et d’un léger dégoût qu’on tente de camoufler. Vous m’en voulez, d’éprouver ça ? Vous croyez que ça fait de moi un goujat, de trouver immensément repoussant le visage aux veines boursouflées et verdâtre d’une jeune fille ? Allez vous faire foutre, vous êtes une bande d’hypocrites. Seules les prêtresses de Shallya qui passent leur vie au milieu des lépreux et des mendiants galeux, et les serviteurs de Morr qui vont au fond des puits chercher les corps en putréfaction d’enfants peuvent oser se sentir suffisamment supérieurs et saints pour ne pas partager mon sentiment. Mais vous, osez me dire que vous n’avez jamais éprouvé l’émotion que je ressens, cette envie de vomir et de vous enfuir, en découvrant un clodo aux doigts noirs ou un cancéreux en douleur constante.

Ce que je trouve le plus saisissant, c’est que, effectivement, la bonne grande-prêtresse ne semble absolument pas déphasée par la présence de la jeune fille. Elle lui parle normalement, avec son beau sourire, comme si c’était normal, comme si elle était normale. Non, non c’est pire que ça en fait : Elle m’apprend que je suis son patient. J’avais déjà le visage crispé, là je vous jure que j’ai enfoncé une main dans le matelas pour en serrer très très fort la couverture, tout en forçant sur mon visage un sourire absolument pas naturel pour faire comme si tout allait bien.
Cette chose m’a touché ? Cette chose m’a manipulé ? Bon sang, vous avez vu ses yeux ?! C’est comme si on me disait qu’un pestiféré m’avait recousu ! J’étais persuadé qu’en Bretonnie, se faire soigner par le temple de Shallya c’était le nec-plus-ultra, le seul endroit où on peut compter sur des patriciens compétents avec du matériel sain. J’avais apparemment tort. Si on m’avait laissé le choix, et qu’on m’avait prévenu que ce truc (Pitié, ne m’obligez pas à l’appeler Ophélie…) allait s’approcher de moi, je crois que j’aurais préféré tenter mes chances avec une vieille rebouteuse de village, ou bien un homme-libre médicastre qui prétend avoir étudié dans une guilde d’apothicaires de Bordeleaux, même s’il ne lave pas sa scie à amputer en passant d’un éclopé à un autre.

« Ah-ah, oui, son patient… Heu, m-merci pour toi, ma sœur, merci. »

Sœur Alys doit sentir mon malaise. Je fais pourtant tout pour pas donner cette impression, mais mon énorme sourire figé et crispé doit lui mettre la puce à l’oreille. Je vous dis ça, parce que la fille de Shallya continue de me faire son doux regard rassurant, et elle me dit d’une voix bien mielleuse :

« Ne jugez pas les gens seulement par vos yeux, Armand. »

Et la grande prêtresse s’en va comme ça, régler une dispute entre deux… Gamins ? Je devine que ça doit être des enfants qui se battent. Oh bordel. C’est super facile pour elle de dire ce genre de conneries à deux balles, moi je passe pas mes journées à regarder des nécroses et des escarres. Je songe un petit instant plonger à terre et faire semblant d’avoir des convulsions pour qu’elle ne me laisse pas tout seul avec la chose, mais ça ne serait vraiment pas chevaleresque. Et puis aussi, je suis dans un temple de la Douce Shallya. Rien qu’à voir mon visage crispé et mes manières alors que ses servantes m’ont tiré du trépas, je devine que la Douce doit se sentir très fâchée. J’ai pas envie de fâcher une Déesse moi. C’est franchement pas le moment de se faire des ennemis.

La fille me commande. C’est hyper déconcertant. Voyez, c’est le problème à traiter les gens anormaux normalement. Un tout petit bout d’être humain, au visage atrophié et maladif, qui a l’air dans un très bon état de santé. Elle semble pas trop déphasée par l’apparent dégoût qu’elle m’inspire – peut-être est-ce qu’elle a été trop habituée ? Ça fait ça avec certaines personnes. Genre, quand vous avez un handicap social ou physique, absolument toutes les personnes que vous rencontrez le notent et vous posent des questions parfois condescendantes dessus, au bout de la millième fois vous en avez un peu marre et vous ne notez même plus. Heureusement moi je suis né en bonne santé et noble, alors ce genre de situation ne m’arrive jamais. Fallait mieux naître.
… C’est. C’est une blague, c’est de l’humour noir. Je suis pas sérieux. Oui c’est triste pour la, heu… Pour, Ophélie, mais ça va je suis pas son père ou son ami, ça va à la fin.

Malgré tout, je n’ai pas envie de faire des vagues, ni même d’inspirer le malheur de sœur Alys. Alors, je prend énormément sur moi, et toujours la gorge et les dents serrées, et le sourire crispé, je me lève du lit et m’assoit sur le bord, en faisant craquer mon cou. C’est pas difficile, j’ai dû passer tellement de temps allongé que tout craque chez moi. Je suis froissé, j’ai l’impression d’être passé dans un fumoir à saumon. Parce que je n’ai vraiment pas envie de faire de vagues, je déboutonne ma chemise jusqu’au nombril, mais garde ma pudeur pour ce qui descend à partir de la taille. On m’a pas élevé avec le concept de pudeur mais depuis qu’on a cramé le château de Lyrie j’essaye de me la réapproprier au centuple, et j’espère bien qu’on va vite me refiler un manteau afin que je me recouvre jusqu’au cou devant les prêtresses de Shallya.

« Je suis en parfaite santé, ne vous inquiétez pas... »

Je déglutis. C’est ultra douloureux à prononcer, et j’ai du mal à la regarder dans ses gros yeux globuleux et sanguinolents. Mais je me force malgré tout, et avec un sourire.

« Ophélie.
C’est avec joie que j’irai au temple. J’ai moi-même envie de prier pour remercier la Bonne et les soins que vous m’avez prodigué. Je suis désolé, je ne connais pas beaucoup de cantiques envers Elle, si vous heu, si vous pouviez m’en enseigner un, ou me donner un petit livre pour que je compense cette lacune, ça serait avec une joie certaine. »


Je dis même pas ça pour faire le lèche-cul. Je suis sérieux. Je lui dois beaucoup à Shallya là, si j’avais ma bourse sous la main j’aurais déjà lâché un écu d’or, mais même l’or est pas suffisant pour La remercier.

« Margot marche ? J’en suis très heureux, c'est une excellente nouvelle. Mais, heu… Pardonnez-moi. Est-ce que vous savez où l’on m’a trouvé ? Parce que… J’avais d’autres amis avec moi. Deux autres, des jeunes hommes. J’étais seul avec Margot ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 09 mai 2019, 14:21, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 12
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

La jeune fille ne prêta que peu d'attention à Armand lorsqu'il affirma se sentir en pleine forme. Après qu'il se soit assis et ai déboutonné sa chemise, elle lui fit naturellement glisser le vêtement le long des bras, pour ensuite se saisir du bandage lui recouvrant le torse et commencer à le défaire méthodiquement. Respectant sa pudeur, elle évita soigneusement de toucher aux boutons de chemise qu'il avait choisi de laisser attachés.

- Vous êtes pas obligé de me regarder messire. C'est pas grave.

Elle ne leva même pas les yeux vers son visage à lui. Le bandage défait, elle était occupée à observer de près la cicatrice d'Armand, laissant ses doigts frôler la blessure. Ses mains étaient elles aussi parcourues par de fines venelles verdâtres, mais elles semblaient bien moins marquées que sur son visage. Malgré sa concentration, elle laissa néanmoins échapper un rire cristallin lorsqu'Armand lui demanda de lui apprendre des cantiques.

- On ne prie pas Shallya avec des mots, mais avec le cœur, lui dit-elle en pointant du doigt le petit cœur doré brodé au niveau du sein sur sa bure grise. Je vais vous montrer.

Elle apposa ses deux mains sur la blessure d'Armand, ignorant son éventuelle réaction de recul, tandis qu'elle fermait les yeux. La méfiance du chevalier ne put qu'être mise à mal par la douce vague de chaleur qu'il ressentit, dont l'épicentre était le point de contact entre les mains de la jeune fille et son estafilade cicatrisée. Tous ses muscles semblèrent se détendre, et alors qu'il se sentait engourdi et courbaturé à son réveil, la sensation de bien-être se diffusa dans son corps tant et si bien que plus aucune gêne physique ne vint le perturber dans ses mouvements suivants. Son corps débordait d'une énergie nouvelle, prêt à affronter les pires épreuves.
Bénédiction d'endurance de Shallya - +2 en END pendant une journée \o/
Elle croisa son regard, le temps de lui adresser un hochement de tête poli, comme si pareille magie divine était chose commune. Puis elle partit en direction du buffet, et ouvrit l'un des tiroirs supérieurs pour en sortir un nouvelle longue bande de tissu blanche, qu'elle apporta au chevet d'Armand, la posant sur le lit à côté de lui. D'une poche de sa bure, elle sortit une fiole en verre de laquelle elle fit couler un mince filet d'un liquide gras transparent et odorant, qu'elle appliqua sur sa blessure, massant doucement le long de l'estafilade.

Ophélie se décida à briser le silence.

- Margot, elle m'a raconté votre histoire, à vous et à elle. Elle ressemble beaucoup à la mienne vous savez. Nos parents étaient des chevaliers, mais le temps les ont rendu méchants. Nous, on a du intervenir, parce que même si on les aimait, c'était plus important de faire le bien. Et on porte les stigmates qu'ils nous ont laissé.

Elle adressa un nouveau sourire à Armand, mais cette fois-ci teinté de tristesse. Elle était désormais en train d'enrouler le bandage propre autour de sa blessure, qui n'était même plus douloureuse.

- Moi j'ai de la chance. Mes marques on les voit bien. Chaque matin, dans le miroir, dans l'eau de mon baquet, elles sont là, et elles me rappellent ce que j'ai vécu, et l'importance de rester une bonne personne. Margot et vous... elles sont cachées. Dans votre cœur. C'est mieux pour le regard des gens. Mais c'est plus dangereux, parce que vous pourriez oublier. Et quand on oublie, qu'on croit le mal disparu... c'est là qu'il est dangereux.

Le bandage bien serré, elle fit un pas en arrière comme pour jauger son travail, avant de croiser le regard d'Armand.

- Shallya vous aime Armand. Elle vous a guéri, tout comme elle a guéri Margot et moi. Maladie, Poison, Folie, Blessure, elle nous protège de toutes ses forces de tous ces maux. Mais elle sera toujours impuissante à nous protéger de nous-mêmes. C'est pour ça qu'elle pleure. Alors soyez prudent.

La petite fille paraissait très humble. Elle ne semblait pas être en train de réciter un cours, mais vraiment parler avec son cœur. Il y avait un clivage terrible entre son abominable apparence et la douceur dont elle faisait preuve, trop mature pour son âge.
Apparemment satisfaite de ses soins, elle ouvrit la commode voisine du lit d'Armand, lui dévoilant ses affaires. Il y avait là son pantalon, son doublet, son manteau, ses bottes, l'insigne en argent de la Lyrie et le clou trouvé au cou d'un cadavre, ainsi que sa bourse dans laquelle ne manquait pas un sou. Pas de traces de ses vivres, de ses armes, ou du tableau. En revanche, il y avait une lettre pliée en quatre.

Ophélie se retourna, permettant ainsi à Armand de protéger sa pudeur pour se changer.

- Je veux pas dire de bêtises, alors c'est mieux si vous attendez que Margot elle réponde à vos questions vis-à-vis de ce qu'il s'est passé avant votre venue à Derrevin. Elle m'a dit qu'elle devrait s'excuser auprès de vous quand vous serez réveillé, et vous expliquer des choses.

Elle laissa un court silence planer, avant de reprendre :

- Mais je sais où sont vos deux amis ! Celui qui s'appelle Triboulet, il est venu vous voir plein de fois, et il a beaucoup prié pour vous. Je crois qu'il est à la taverne en ce moment : il aime bien raconter vos aventures, et les villageois aiment bien l'écouter. L'autre, le chevalier, il est venu une fois, et il a laissé un message pour vous : c'est le papier plié dans la commode, avec vos habits. Mais je crois qu'après il a quitté la ville. Il avait l'air très triste, mais il a pas voulu que je prie pour lui.

Une fois Armand habillé, ils purent tous deux quitter la pièce. La chambre dans laquelle il avait dormi était voisine de trois autres, toutes reliées par un grand couloir, depuis lequel une grande porte en bois permettait de rejoindre la cour intérieure. Passant devant une seconde pièce, Armand put voir trois lits occupés par des hommes, et entendre quelques quintes de toux surgir de sous les draps. La troisième était occupée par deux femmes : l'une d'elles, la cinquantaine passée, était assise sur son lit en train de tricoter une écharpe. Ses mains étaient décharnées et recouvertes d'horribles pustules, mais cela ne semblait pas la déranger le moins du monde dans son travail.

Ophélie s’arrêta devant la dernière chambre, regarda à l'intérieur, avant de faire demi-tour.

- Elle n'est pas revenue, elle doit encore être dans la cour, venez !

Jetant un œil dans la dernière pièce, Armand découvrit un spectacle des plus inattendus. Chambre jumelle de la sienne, il y avait ici quatre lits, mais l'un d'entre eux attirait naturellement l'attention, tant il était encerclé par des centaines de présents qui ne tenaient plus sur la commode voisine. Sur le sol et sur le meuble, il y avait un vrac de gigantesque de bouquets de fleurs, de vêtements pliés, de tissus, de bijoux, de sacoches de cuir, de petites bourses pleines d'on-ne-sait-quoi, de fioles contenant diverses huiles et herbes aromatiques, mais aussi des gâteaux, des bouteilles de vin, un jeu de cartes, une flute, et bien d'autres choses encore.

- Margot est très populaire, lâcha Ophélie dans un éclat de rire en voyant le regard que devait tirer Armand devant pareil spectacle.

Quittant l'infirmerie, ils arrivèrent dans la cour du temple. Avec la venue de l'hiver, les jardins étaient assez ternes, sans aucune fleur et avec les arbres à nu. Néanmoins, ils restaient bien entretenus, l'herbe humide parfaitement coupée et la fontaine installée au milieu de la cour fonctionnant toujours malgré les températures bientôt négatives.
Le soleil, caché derrière de gros nuages gris, avait déjà bien décliné dans le ciel : ce devait être la fin de l'après-midi, et le crépuscule ne saurait tarder. Le vent était glacial, et si son manteau protégeait bien Armand, difficile de ne pas avoir froid par empathie en voyant Ophélie, en simple bure toute fine en lin, marcher pieds nus devant lui. Elle ne semblait pourtant nullement incommodée.
Par la petite arche permettant de quitter l'enceinte du temple, Armand put voir la grande prêtresse Alys en conversation particulièrement animée avec deux villageois. A voir leur attitude penaude, les épaules tombantes, bouche fermée, ils étaient en train de subir un sermon digne de ce nom.

- Mmhh... elle n'est plus ici non plus. Elle doit être au temple alors, allons voir !

Traversant en diagonale la cour intérieure, ils entrèrent dans le temple en pierre blanche immaculée. L'intérieur était aussi sommaire que l’ascétisme shalléen l'exigeait. Si le matériau employé était agréable à l’œil, les murs et les fenêtres étaient agencés sans aucune fioriture. La nef était entièrement vide de tout meuble à l'exception du fond de la pièce, où l'on retrouvait un autel dédié à la déesse sur lequel étaient posés deux candélabres allumés, et derrière, une magnifique statue en marbre représentant une colombe tenant dans son bec une clé en or.
Des dizaines de villageois étaient à genoux face à l'autel, priant silencieusement avec une piété qui forçait le respect. Si le silence régnait dans la pièce, uniquement perturbé par le bruit des bottes d'Armand, il se dégageait pourtant du temple une ferveur assourdissante qui emplissait l'air, de manière presque surnaturelle.
Aucune prêtresse n'était pourtant présente. A bien y penser, Armand n'en avait vu aucune ni dans l'infirmerie, ni dans la cour non plus - à part Alys, Thecia, et peut-être Ophélie, quel que soit son statut.
Margot en revanche, était belle et bien là. Elle était agenouillée au milieu du groupe de croyants, juste devant l'autel, la tête baissée vers le sol, les yeux fermés, et les lèvres bougeant au rythme de sa prière pourtant muette. A côté d'elle était posé un grand bâton en bois blanc.

- Je vais vous laisser, chuchota Ophélie à l'oreille d'Armand après lui avoir intimé de se baisser. Si vous avez besoin d'intimité, vous pouvez utiliser l'une des chapelles de l'autre côté de la cour : je veillerais à ce que personne ne vous dérange.

Le jeune fille fit un grand sourire taquin - totalement terrifiant sur son visage malade - comme pour appuyer un sous-entendu qu'on ne saurait imaginer chez quelqu'un de si jeune. Puis, alors qu'elle allait quitter le temple, elle sembla se raviser pour revenir vers Armand et lui chuchoter quelques derniers mots.

- Elle vous aime beaucoup vous savez. Et elle a beaucoup souffert. Si vous voulez remercier Shallya, plutôt qu'une prière, faites preuve de compassion, et de pardon. C'est le seul cadeau à la déesse qui soit important.

Puis, sur ces mots, elle tourna les talons et quitta le temple sans un bruit.


***


Armand,

Je n'ai pas été très honnête avec vous et je le regrette.

Vous avez risqué votre vie pour ma quête, alors que je n'ai été qu'un fardeau. C'est vous qui avez bravé le danger en tombant dans une fosse à pieux car vous faisiez la reconnaissance, vous qui avez tenu bon dans un duel où vous aviez un désavantage de taille, vous à nouveau qui avez su être la voix de la raison quand je perdais la mienne, vous encore qui avez osé aller au-delà du danger dans un tumulus que vous redoutiez hanté, alors que vous étiez blessé et fiévreux.

J'ai été jaloux. De votre fougue, votre jeunesse, votre talent à l'épée, votre droiture. Vous êtes un homme qui a fait passer son devoir avant ses proches, avant sa famille. Je n'ai pas su faire de même, et je vous en ai voulu d'être meilleur que moi, vous, un jeune coq avec la moitié de mon âge.

J'ai aimé cet homme. Il ne le méritait pas.

Je retourne en Quenelles trouver un temple de Morr, afin d'offrir à tous ces cadavres les derniers sacrements qu'ils méritent. Puis je retournerais en Cobie mettre de l'ordre dans mes affaires.
Je sais ce que les herrimaults veulent de vous. Mais je ne me risquerais pas à vous donner de conseils : vous avez prouvé que c'était moi qui avait à apprendre de vous et non l'inverse. Faites ce qui vous semble juste et bon, comme vous l'avez fait à mes côtés, et que la Dame vous protège.

Un ami qui vous remercie sincèrement,

Evrard de Cobie.

***
Un aperçu du temple de Shallya - évidemment, il faut se l'imaginer deux fois plus petit - les fenêtres sont au niveau du sol, et la statue de colombe est à même le sol
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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Je suis le fils unique de mes parents. Ce n’était pas faute de coït entre eux, mais plutôt le mauvais gré des fausses couches et de mes frères et sœurs morts au bout de quelques mois. Leur incapacité à avoir un autre enfant viable était, pour eux, source de profonde tristesse dans leur couple. Et ça explique peut-être pourquoi ils me gâtaient et me choyaient autant ; ils me couvraient de cadeaux et de tendresse – trop parfois –, et alors qu’il est peu habituel pour un enfant de Bretonnie d’être élevé par ses propres parents, qu’il est plus acceptable pour une fille de devenir courtisane auprès de sa tante et d’un garçon de devenir page auprès de son oncle, j’ai passé toute ma vie derrière les remparts du grand bastion de la famille de Lyrie.
Le problème de cette éducation, c’est qu’on a du mal à discipliner un garçon dont on est fébrile d’apercevoir chez lui la moindre affliction, ou le moindre signe de maladie. On ne peut pas le gifler ou le priver de dessert. Comment fait-on, alors, quand le fils unique il met ses coudes sur la table ? Qu’il répond ? Qu’il se comporte de manière grossière ? Qu’il s’amuse à monter aux arbres et terrifier les poules de la basse-cour avec son amie qui a une bien mauvaise influence sur lui ?

Mon père avait beaucoup de défauts, mais il y a un truc qu’on ne peut pas lui reprocher : Il savait comment exploiter son domaine. Beaucoup de nobles ne s’occupent jamais de leurs paysans, ils laissent des échevins, des prévôts et des baillis s’occuper des péages, du commerce, de la justice et des travaux de récoltes, mais mon père savait parfaitement ce qui se trouvait sur les terres qu’il possédait, et il savait comment l’utiliser. Quand il fallait couper les arbres, quand il fallait amener les porcs à la glandée, sur quel lit de rivière il fallait jeter un pont. Et il savait aussi gérer les gens qui se trouvaient sur ce domaine. Le servage n’est pas de l’esclavage, parce que l’esclavage est trop « humain », il est personnel, il est lié à un individu ; le serf n’est esclave que tant qu’il est attaché à la terre, au même titre que le bétail ou l’araire. Ses chevauchées sur ses terres ressemblaient à de la rapine de Norsien, parce qu’il traitait ses terres comme un propriétaire terrien. Tout lui revenait. Et quand il avait un problème dans sa mesnie, c’était sur son domaine qu’il trouvait la solution. Du bois neuf pour faire une charpente. Un joli dix-cors pour servir de festin. Une ou deux jeunes filles pour s’amuser. Et puis Triboulet.

Il a, quatre, cinq ans de plus que moi. Je ne suis pas sûr. Je vous ai dis que je lui donnais autour de vingt-cinq ans, mais il a le genre de visage dont il est compliqué de savoir s’il est vieux ou jeune. Il a un aspect ravagé, des cernes qui lui entourent constamment les yeux, des joues très creuses, trop creuses, et des morceaux qui lui manquent. Et pourtant, Triboulet est comme moi, un jeune homme. On ne le dirait pas à sa grosse barbe sale et aux rides de son front, mais c’est flagrant quand on le regarde droit dans les yeux, droit dans ce regard semi-terrifié, ce regard de garçon qui ne va pas avec ses insultes, sa hargne, et son penchant pour l’alcool fort. On l’a ramené lorsque j’étais encore un enfant, et lui pas encore un adulte. Puisque mon père n’osait pas me faire subir de brimades physiques lorsqu’il y avait à me réprimander, alors, il lui fallait quelqu’un d’autre pour subir ce sort.
Triboulet et moi sommes liés. Lorsqu’un chevalier tout frais part en errance, il part souvent avec des camarades, et rarement sans écuyers, valets et serviteurs en tout genre pour l’accompagner et lui rappeler le confort de son foyer. Moi je ne suis parti qu’avec Triboulet. Un mantel, une épée, un roncin, et Triboulet. On est liés, je vous dis, on est liés par un lien aussi malsain qu’impossible à briser. Pendant une partie de ma vie, Triboulet a subi des sévices, des brimades, et des humiliations quotidiennes, pour moi. À ma place. Et je vous l’avoue : durant une partie de mon adolescence, celle où Margot s’est détachée de moi et n’est plus jamais venue dans le château de Lyrie, il m’est arrivé de provoquer la colère de mon père malgré les supplications de Triboulet, dans le simple plaisir pervers de pouvoir ensuite voir mon futur valet être bastonné par des brutasses de sergents, tout en feignant devant ma famille pleurer et être outré par ce traitement – si je ne versais pas ces fausses larmes, Père aurait comprit que ça n’avait aucun intérêt éducatif et aurait sans doute jeté Triboulet à son chenil. Je n’ai jamais aimé les chiens de Lyrie, ces espèces de lévriers étranges aux yeux entièrement blancs.
C’est plus tard que la pitié est née en moi. Au début, je pervertissais la pitié, comme tout était perverti en Lyrie. Je pensais que la pitié était de la puissance. Je découvrais, de manière un peu incrédule, qu’accorder les requêtes sanglotantes de Triboulet était une forme de contrôle sur lui, et c’est un sentiment grisant que de tenir la vie de quelqu’un entre ses lèvres, entre ses cordes vocales, plus encore qu’entre ses mains. Quel bonheur c’était, de m’assagir et de ne pas commettre un impair qui aurait forcé mon père à redoubler d’ingéniosité tortionnaire à l’égard de Triboulet – on se rend pas compte, mais innover dans la brutalité c’est toute une science, pourquoi croyez-vous que la poliorcétique est considérée comme une matière scientifique ? Y repenser me rend malade. Je me rends personnellement malade. J’avais l’excuse de la jeunesse, de l’éducation, de l’immaturité. Mais à un moment, est parvenue à germer en moi, par je ne sais quel miracle, un modicum de vertu, un fond de tonneau de piété. J’ai juré à Triboulet que j’allais le sortir de là.
Il est comme moi. Il n’a plus aucun endroit qu’il puisse appeler chez lui. Et de la manière la plus glauque qui puisse exister, lui et moi sommes maintenant liés. Seuls nous peuvent comprendre la hantise du mot hérésie, et de toute la réalité pratique et physique qui se cache derrière les sentences que l’on rend à l’encontre des Fidèles du Serpent. Nous en sommes les témoins et les victimes.

Qu’ils brûlent tous.



Si vous saviez comment la nouvelle de sa bonne santé me fait plaisir. Si vous saviez de quel poids ça m’a allégé. Plus que de savoir qu’Evrard s’en est sorti. Plus encore que l’étrange sentiment de bien-être et de vigueur qui m’a été insufflé après les attentions de la ch-… D’Ophélie. D’Ophélie. Sans incantation, sans cantique, sans formule sépulcrale grandiloquente qui est censée résonner dans la nef d’une cathédrale du Graal ou dans le mausolée de serviteurs de Morr, rien qu’avec le contact de ses mains calleuses et froides, la… la jeune fille parvint à m’inspirer une grandeur insoupçonnée. Je n’avais plus seulement envie de me lever, j’avais envie de bondir. Et je ne pouvais pas m’empêcher de sourire, ou, pour être plus exact, mon sourire forcé et crispé se détendait pour maintenant bien afficher mes fossettes et avoir un air bien plus honnête.
Ça me fait mal parce que mine de rien ça va faire un moment que je n’ai pas souris dans ma vie.

Elle a des propos de sainte. Du moins, si je savais ce qu’était la sainteté. Elle envie mon visage clair et sans les marques qu’elle a subit. Sur le coup, c’est une préposition bien peu ordinaire – qui serait ravi d’avoir un aspect de mutant ? Qui trouverait ça agréable d’être désigné du doigt, comme étant différent ? Il y a une raison pour laquelle on enferme les lépreux dans des léproseries, alors que les prêtresses de Shallya prétendent qu’ils ne sont pas contagieux. Mais selon elle, mes marques à moi, elles sont dans mon cœur.
Elle a pas idée d’à quel point elle a raison. Mais je vous avoue que je ne comprend pas ce qu’elle redoute quand elle me confie que Shallya ne peut me protéger de moi-même. Je ne ressens pas en moi la corruption, l’idée me révulse. En tout cas, je crois qu’elle me révulse.



J’ai retrouvé mes affaires. J’en avais pas beaucoup alors c’est allé très vite. Je note qu’on a lavé mes affaires, et surtout qu’on a reprisé ma chemise – c’est bien parce que comme j’avais été éraflé par des taillades de lames, c’était déchiré et imbibé de sang noir. Je me tourne et dit un « merci » très poli à Ophélie à voix basse, même si en réalité je ne sais pas qui vraiment remercier pour ça ; peut-être est-ce quelqu’un d’autre qui s’est occupé de ça. Je retrouve mon très bel insigne argenté, estampillé de cette maudite vouivre qui croque un homme – belle allégorie, vous en conviendrez. Il y a ma bourse aussi. Je ne l’ouvre pas pour vérifier qu’il y a tout dedans, ça serait franchement impoli d’oser croire un seul instant que des prêtresses de Shallya m’ont détroussé : je reste persuadé qu’il y a tout le compte. Ce qu’il me manque, en revanche, ce sont les lames. Ce qu’il y a en plus, c’est une lettre.
Je prend le temps de la déplier et de me retourner. Et, les fesses à moitié assises sur l’étagère, je la lis silencieusement. Tout d’une traite, d’abord, puis je relis petit à petit phrase par phrase.

Qu’est-ce que je peux vous en dire, de cette fameuse lettre ?
D’un côté, elle me rassure. Je suis content d’apprendre qu’il jure aller à Quenelles chercher un prêtre de Morr pour les malheureux qui ont été enterrés à la hâte – cela semble inutile, mais je vous jure que en Bretonnie on connaît le respect qu’on doit aux défunts. On y prête beaucoup d’importance, aux esprits et aux âmes. Certains se gaussent de nous en nous pensant trop superstitieux, mais ça m’enlève un poids que de savoir que les cadavres qu’Evrard a profané recevront l’attention nécessaire. Ce qui me rassure aussi, de façon plus pure, c’est que Evrard ait tout simplement comprit l’importance de la chose, lui qui semblait si troublé et déterminé. Il est en bonne santé physique, oui, mais aussi en bonne santé psychique. Lui avoir tenu tête était donc une bonne chose, j’ai bien fait de lui avoir arraché la pelle des mains au lieu de l’avoir laissé divaguer comme un dément. Je vous ai dis que ça faisait longtemps que je n’avais pas souris dans ma vie, eh bien, non seulement Ophélie a réussi à m’arracher une risette, mais maintenant, c’est autour du chevalier de Cobie de m’emplir de cette fierté. On continue comme ça et peut-être que dans dix ans je pourrai enfin me regarder dans une glace.
Il reste malgré tout un arrière-goût amer à la missive. « J'ai aimé cet homme. Il ne le méritait pas. » Est-ce que mon compagnon était au courant de la corruption de son frère d’armes ? S’en est-il rendu compte ? Sa promesse de mettre de l’ordre dans sa famille est-elle liée au Serpent ? J’aurais adoré avoir une discussion à cœur ouvert avec lui à ce sujet, mais il s’est dérobé avant ma convalescence.
Dame, protégez-le. Je ne peux pas m’empêcher de prier ceci intérieurement. Ce n’est pas un homme bon, mais il essaye, gardez son âme et son corps. Bien qu’il prétende que c’est moi qui ait tout fait et que c’est mon exemple qui l’a inspiré, je sais au fond de moi que c’est aussi Evrard qui m’a guidé vers mon destin, et qui m’a incidemment sauvé la vie alors que je la pensais terminée. Nous sommes liés à présent.
J’espère le revoir un jour.




Ophélie continue de me mettre mal à l’aise. Pourtant, je me sens étrangement confiant à la suivre à travers tout le temple de Shallya. On passe devant les lits des malades. Y a des gueux qui sont convalescents, comme moi. Ça ne m’inspire ni chaud ni froid, mais je respecte la dévotion que vouent les filles de Shallya aux nécessiteux. Ils sont toujours bien traités, les paysans, quand ils vont dans les hospices et les dispensaires de la Douce, pas étonnant donc que la noblesse de Bretonnie offre d’énormes dons à cette religion et que le Roy de Bretonnie est allé jusqu’à parrainer à grands frais l’installation de son Saint-Siège à Couronne. Un cynique comme mon père dirait qu’ils font ça uniquement pour garder la paix sociale parmi les paysans, et ils n’auraient pas complètement tort, mais il n’empêche que j’ai déjà entendu des rumeurs de jeunes aristocrates qui, au lieu de se jeter sur les routes en errance, ou de devenir des courtisanes dans des palais, abandonnent leurs possessions pour devenir des soigneurs et des médecins, à passer leur temps à prier pour obtenir la paix et la douceur sur cette Terre. Nul doute que ça doit irriter leurs parents.
Je vous avoue en revanche que je suis bien plus inspiré par la vue de la chambre de Margot. J’en ai un peu serré les dents et froncé les sourcils, très songeur. Je me demande bien ce que ça signifie. Y a énormément de choses que je me demande ce que ça signifie. J’ai une liste de questions longue comme mon bras, mais malheureusement ce n’est pas Ophélie qui va toutes les résoudre. Bon sang, qu’est-ce que j’ai hâte d’aller trouver Triboulet et de nous payer une bonne bouteille…



L’autel est magnifique. Encore une fois, traitez-nous Bretonniens de superstitieux, mais je sens quelque chose en pulser. Le même sentiment écrasant que je ressentais dans la chapelle du Graal des tumuli de Cuilleux, ou bien dans le mausolée des braves, mais très différent du sentiment pourtant très fort qui m’a envahi quand j’ai vu la toile… La foi, ça se ressent. Ça picote. Ici c’est un picotement agréable, qui pacifie, qui tranquillise. Une piété douce qui enferme les démons et les repousses loin en vous. Ophélie me désigne Margot. Avant que la jeune servante ne s’échappe, je ne peux pas m’empêcher de l’arrêter, et de lui sortir encore un mot bien minuscule, car j’ai du mal à trouver des paroles qui iraient bien avec ma pensée.

« Merci. »

Je pince mes lèvres en apercevant la blondeur des cheveux de Margot un peu plus loin. Cette fille m’inspire des émotions contraires. Un cocktail sucré-salé qui n’a pas de sens, et c’est rendu encore pire par la sainteté envahissante de l’église où l’on prie.
Je lui en veux. Pourquoi n’a-t-elle pas prévenu comme moi le duc que la corruption grandissait dans sa famille ? J’ai eu le courage, moi, de trahir les miens, elle, elle est juste partie du jour au lendemain sans rien dire.
Je la soupçonne. Que faisait-elle en Cuilleux, et d’où venait son escorte, celle qui portait ce maudit clou que je garde auprès de moi comme un grigri étrange et sans explication ? Elle était là pour le tableau, très bien, mais pourquoi ?
Je la maudis. La revoir m’attriste, c’est comme une cicatrise qui se rouvre et qui recommence à déverser du sang alors que vous pensiez en avoir fini avec elle. Il est tellement loin, le temps où on était des enfants. On peut plus prétexter l’innocence maintenant.
Je l’aime bien. Je peux pas m’empêcher de sourire un peu en la sachant là. Elle était tellement vulnérable, tellement blessée. Elle a souffert comme moi, Ophélie l’a dit. Il y a tellement de choses qui sont enfermées en moi, que je ne pourrai jamais révéler à personne, sauf à Triboulet, sans quoi on voudrait m’enfermer dans un asile. Elle, je sens que je peux lui dire tout ce que je veux.
J’ai envie d’elle. Je jure que je sens encore sa peau contre la mienne, et ça provoque un picotement dans mon échine. Et sur mes mollets et mes poignets.

Je reste agenouillé là où Ophélie m’a dit de me baisser. La petiote semblait me dire qu’il fallait mieux honorer Shallya avec de la compassion qu’avec des prières. L’un n’empêche pas l’autre, je pense quand même, et j’aurais quand même bien aimé qu’elle me file un passage du Livre des Larmes à réciter à voix basse. Là, j’ai l’air un peu bêta, les poings liés, sur mes genoux, à contempler l’imposante colombe de pierre qui étend ses ailes pour protéger ses fidèles. Je regarde longuement les très beaux vitraux de l’église. Tout ce lieu inspire la douceur et la piété. Alors même qu’il n’y a aucune prêtresse qui officie, je me sens dans la solennité d’une messe. Je ferme mes yeux un instant, et, pour une fois, j’ai l’impression de recevoir l’aide d’un Dieu au lieu de simplement servir. C’est un sentiment d’apaisement, plus fort encore que la guérison de mes blessures.
Je crois que je suis resté au moins un quart d’heures agenouillé là. Je me suis senti un peu quitter mon corps. J’ai plus senti ma gorge légèrement assoiffée, mes jambes en guimauve, et une légère envie de pisser qui commence à s’accumuler. Je n’ai senti ni extase ni déplaisir. Je me suis juste senti… Ailleurs. Une inconscience agréable.

Ce qui m’a réveillé, et qui m’a ramené à la réalité sale de mon corps qui aime bien suer, puer et uriner – notons que c’est un corps quand même, et que je ne fais pas ce genre de réflexion à voix haute sinon une prêtresse de Shallya serait capable de me dire qu’il y a pas de honte à avoir de son corps, facile à dire quand on passe son temps à s’occuper de vieux malades qui se chient dessus – c’est Margot. Ou plutôt, c’est le bâton de Margot. Je la vois avoir du mal à se relever, et claudiquer avec un morceau de bois taillé qu’elle colle sous son épaule. En se retournant et en quittant la nef, elle croise mes yeux entrouverts. Elle me fait un sourire, que je lui rends. Je me rends compte trop tard que son sourire à elle était plus amer et moins prononcé que le mien. Je lui fais un très, très léger signe de tête pour désigner la direction d’une des chapelles qu’Ophélie a parlé, et je crois qu’elle comprend ce que je veux dire. En tout cas, j’attends une minute qu’elle ait bien quitté l’édifice avant de moi aussi me relever, me signer une dernière fois en direction de la colombe, et sortir.

Je traverse la cour, tout silencieux. Y a pas grand monde dehors. Mais j’aperçois un peu plus loin une figure très lente qui s’aide d’un bâton et qui pousse la grosse porte grinçante d’une petite chapelle. J’arrive, m’arrête juste devant, hésite un petit instant sans pour autant réellement me faire une réflexion, puis finalement j’entre à l’intérieur et ferme derrière moi.
Et je me retrouve tout seul avec Margot.

Je lui fais encore un sourire à la con. Je lèche l’intérieur de mes lèvres, et, d’une voix bien peu assurée, je trouve bien quelque chose à dire.

« Je… Tu, tu vas bien ? On m’a- Les prêtresses, m’ont dit que tu allais bien. Enfin, que tu pouvais marcher. C’est, ‘fin, je suis très heureux. Pour toi. Et, heu, heureux. »

Bon je vous avoue que c’est pas super bien ordonné. Mais heu, vous comprenez un peu la situation.
J’ai le réflexe de prendre une grande inspiration nasale.

« J’aurais dû parler plus tôt. Je veux dire, mes parents, j’aurais dû les renier plus tôt. Ça aurait épargné beaucoup de souffrances, à beaucoup de gens.
Mais c’était mes parents. Je les aimais. Je me maudis, Margot, j’ai envie de me flageller quand j’y pense, j’ai envie de souffrir comme ils ont fait souffrir d’autres… Mais même après tout ça, une minuscule partie de moi les aime encore. C’était mes parents. »


Oh putain. C’est sorti tout seul. Et de nul part.

« Tu sais que je me suis battu ? Dans le massif d’Orquemont. Les Orques ils sont simples à combattre : il n’y a aucune malice, aucun vice, aucune raison chez eux. Ils pillent et tuent parce que c’est dans leur nature. C’est presque du sport pour eux. On les combats pour se défendre, il y a pas besoin de beaucoup réfléchir, faut « juste » trouver le courage de leur tenir tête, même si c’est plus facile à dire qu’à faire.
J’ai regretté de ne pas avoir trouvé la mort là bas. Quelques chevaliers errants se sont fait tuer. Personne ne pourra mettre en doute leur courage et leur loyauté. J’ai… J’avais pas l’impression d’être parti y chercher ma mort. Et pourtant, ça me terrifie, mais je sens qu’au fond de moi, ça aurait été, je sais pas, satisfaisant. »

Je rentre mes lèvres un instant. J’ai pourtant pas l’haleine d’un suicidaire. Je pense pas m’être déjà fait ce genre de réflexion – à moins que, je ne vous ai déjà confié cela, durant mon périple avec Evrard… Disons que c’est quelque chose de refoulé, profondément en moi.
Et là, devant elle, ça sort tout seul. Sans même qu’elle n’ait à dire un mot.

« Mais si j'avais trouvé la mort là bas, je ne t’aurais pas trouvé.
Est-ce que c’est une bonne, ou une mauvaise chose ?
Est-ce que tu aurais préféré que ce soit un autre chevalier qui te sauve la vie ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 13 juin 2019, 22:08, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Traverser la cour intérieure ne fut pas une partie de plaisir pour Margot. Plusieurs des villageois qui priaient à ses côtés avaient quitté l'intérieur du temple en même temps qu'elle, et marchaient à son rythme claudiquant, à ses côtés, parlant tous en même temps pour obtenir son attention. Comment allait sa jambe ? Aimait-elle leur présent ? Voulait-elle s'appuyer sur eux pour marcher ? Pourquoi ne disait-elle pas aux autres de s'éloigner pour qu'ils puissent parler tranquillement ?

Armand n'eut pas besoin d'agir pour aider son amie. La grande prêtresse Alys, talonnée par Ophélie, intervint dans les secondes qui suivirent, s'approchant du groupe avec un air sévère.

- Messieurs, apprenez à vous tenir ! Si c'est vraiment le bien de Margot que vous souhaitez, alors accordez-lui le repos dont elle a besoin, et retournez chez vous : ma messe ne commencera qu'au coucher du soleil comme d'habitude. A moins que vous ne souhaitiez à nouveau prétexter un mal imaginaire pour voler un lit de l'infirmerie aux personnes en ayant vraiment besoin ?

Si le ton de la femme en robe blanche était étrangement sarcastique pour une prêtresse de Shallya, son autorité eut un effet incontestable. Tous les hommes présents baissèrent la tête, marmonnant des excuses tantôt à Margot, tantôt à Alys, puis repartirent tout penauds, certains vers le temple pour retourner prier, d'autres vers la sortie. Armand put distinctement entendre un soupir las s'échapper de la bouche de la femme encapuchonnée, avant qu'elle ne dirige ses pas vers l'infirmerie. Derrière elle, Ophélie observa tour à tour Margot qui atteignait la porte de l'une des chapelles, puis Armand, à qui elle fit un grand sourire, avant de suivre sa mentor.

L'intérieur de la chapelle était assez sombre : il était tard, le ciel était nuageux, et la lumière traversant les fenêtres bien blafarde. Margot posa son bâton contre un mur, puis utilisa la boite d'allumettes posée sur le minuscule autel présent pour allumer les quatre candélabres présents. La lumière des faibles flammes dansait sur leurs deux visages, créant une atmosphère intime dans la petite pièce.

Elle ne put s'empêcher de sourire en entendant Armand bégayer et bafouiller tandis qu'il s'inquiétait de sa santé. Avant même qu'il ne termine ses balbutiements, elle s'avança d'un pas vers lui et le serra de toutes ses forces dans ses bras.

- Je vais bien. Et je suis contente que toi aussi.

Ils restèrent ainsi, immobiles pendant une poignée de secondes, avant qu'elle ne s'éloigne pour l'écouter. Son visage avait changé : son sourire était plus sincère encore, exprimant sa joie sans retenue, mais pourtant des larmes s'échappaient maintenant de ses yeux alors qu'elle écoutait Armand lui parler de son passé.

- Encore heureux que tu ne sois pas mort, idiot ! s'exclama t-elle.

Elle essuya ses larmes de sa manche, puis détourna son regard avant de reprendre la parole.

- J'aurais préféré que personne ne me sauve la vie, Armand. Je m'étais résignée, au fond de ce tumulus, seule devant cette peinture.

Elle tourna la tête à nouveau, croisant le regard de son ami, sa voix retrouvant la même assurance que ses yeux.

- Mais de tous les chevaliers qui peuplent la Bretonnie Armand, si j'avais du choisir lequel j'aurais préféré voir venir me sauver, c'est ton nom que j'aurais donné. Idiot.

Elle saisit les deux bras d'Armand, et laissa son regard pénétrer plus profondément encore dans les yeux bleus du chevalier.

- Peu importe le temps que ça t'a pris Armand. Tu t'es libéré d'eux. Tu as réussi. Bon sang, tu as réussi ! Toute ta vie tu n'as jamais baigné dans autre chose que la corruption, et tu as réussi ! Ça veut dire... ça veut dire...

La pression qu'elle exerçait sur ses bras faiblissait. Armand pouvait sentir les tremblements incontrôlés qui la secouaient, et voir la nouvelle crise de larmes qui se déversaient sur ses joues.

- Ça veut dire... que je... tout ça... ça a eu un sens Armand ! Je le savais quand les forces du duc ont démantelé le culte. Mais te voir... Putain regarde toi ! Tu sers la Dame ! Tu as réussi ! Tu l'as fait !

A nouveau, elle franchit la distance les séparant, enfouissant cette fois son visage sur l'épaule d'Armand, contre laquelle elle se mit à pleurer sans sembler pouvoir s'arrêter.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Donnez-moi la peine, la douleur, les cris et la rage. Donnez-moi la terre qui tremble sous les sabots de dix mille chevaux chargeant, les murs qui se secouent sous le battement de cinquante trébuchets déchaînant des boulets de deux-cent livres, et la grêle de fer ininterrompue de bandes et de brigades d’archers qui bandent et décochent chaque minute assez de flèches pour assombrir le ciel. Je suis un chevalier de Bretonnie ; J’ai juré de tout faire pour bannir la peur, fermer mes sphincters et ma vessie, baisser la visière de mon heaume et m’élancer contre l’Orque, l’Homme-Bête et le Norse avec l’aide de l’alcool, d’un cri de guerre et d’une dévotion fanatisante envers la Dame. Je le sais, enfin, plutôt ; j’imagine au fond qu’aucune situation, peu importe la haine et la hargne qui s’abat sur et autour de moi, ne saura me troubler ni parvenir à toucher mon cœur.
Qu’elle a l’air bête, ma vaine vantardise intérieure face à des ennemis imaginaires. Je me suis persuadé que je pourrai tenir tête à un Orque sans sourciller, sans rien faire d’autre que serrer les dents ; et là, pourtant, dans la chapelle de la Déesse la plus douce et la plus pacifique de tout le Panthéon des Êtres qui veillent sur nous, devant une jeune femme fine et boiteuse, je me sens incapable de réagir, livide, et les membres tremblants. Je me dis à moi-même que je serai stoïque contre un housecarl haut d’une toise ; j’ai les jambes en coton face à une fille qui pleure dans mes bras.

Par deux fois, des larmes ont coulé de ses yeux, et par deux fois, elle s’est collée à moi.

La première fois, j’ai pas réagi, me contentant de rester droit comme un « i » et mou comme un caramel ; Je me suis senti très surpris, et beaucoup gêné. Une gêne assez étrange, qui est une sorte de mélange de pudeur falsifiée – j’ai été élevé par des corrompus, vous vous doutez bien que la pudeur n’a pas fait partie de mon éducation et que c’est uniquement depuis que j’ai quitté mon foyer que je me met à craindre instinctivement tout contact physique – mais, aussi, simplement à cause de tout le contexte qu’il y a autour. Ma culpabilité, même si j’ignore si elle est fondée ou non, je suis dans la merde, j’ai aucune idée de ce qui est de ma faute ou pas et j’ai jamais pris le temps de trier. Que nous ne nous soyons pas revus depuis des années, si bien que son souvenir est assez nostalgique et fantasmé, et malheureusement encore perdu dans les limbes de ce qui a précédé la période de mon adolescence et des « enseignements » de ma famille. Sa blessure, aussi. Le fait qu’on soit dans une chapelle religieuse, même si Shallya n’a peut-être pas la frayeur de l’intimité que partage son sévère père Morr.
Et peut-être, mais ça c'est minuscule et bien tapis au fond de moi, de la jalousie. De l'attention que tous les gueux de cette bourgade semblent lui offrir avec empressement.

La seconde fois en revanche, mon cerveau convalescent, celui qui se remet de la grippe, de la blessure et surtout du retour de bâton soudain du passé que j’ai fuis en galopant vers Quenelles, s’est enfin décidé à se sortir les doigts du cul – heu, attendez, je me perds dans les métaphores anatomiques… Enfin bref. Je veux dire que, quand elle s’est mise à se serrer contre moi la seconde fois, j’ai enfin fait quelque chose. Elle était en train de pleurer, et pas des fausses larmes, ou alors si c’était des fausses larmes c’était des fausses larmes très convaincantes, mais il faut vraiment que j’arrête de me méfier et d’attendre des arrières-pensées de partout, ou alors il faut que je continue, ou-… Merde.

Je lève mes bras et les refermes sur Margot. Je la touche du bout des doigts, puis, en la sentant sangloter contre mon épaule, ses larmes et un peu de morve mouillant ma chemise, je me met à la serrer beaucoup plus fort, tout contre moi. Je passe ma main droite, l’avant-bras collé à son dos, à travers ses bouclettes blondes. Je suis contrit. Et c’est bête parce que j’ai aucune idée de quoi dire. Je sais pas comment dire des choses rassurantes, ni même si c’est vraiment à propos. Elle est bouleversée, et même si je crois deviner pourquoi, je ne l’ai pas véritablement entendu de ses lèvres, juste en substance, avec sa petite réflexion sur le fait qu’elle s’était résignée à mourir un instant. Et elle a parlé de la peinture, aussi. Ce putain de tableau.
Je sais pas combien de temps je l’aie serrée. C’était pas une petite accolade. Même quand elle a tourné un peu sa tête pour pouvoir respirer (J’allais pas l’étouffer en lui écrasant la tête contre mon épaule non plus !) je l’aie pas lâchée, et j’ai gardé son corps tout frêle et tremblant dans mes bras. Je me sentais un peu con, mais surtout très penaud. J’ai pas pleuré, mais ça m’a fait quelque chose, mes yeux sont devenus un petit peu humides. J’ai senti mon cœur pulser sous mon torse, également. Et, j’ai tourné ma tête pour poser ma bouche au sommet de son crâne, sur ses cheveux.

« Cchhhhh… Chut… Je suis là... », je me retrouve à murmurer un peu bêtement, en pensant que ça a quelque chose de rassurant, alors que je fais un peu bouger mes doigts pour lui masser le dos et le derrière du crâne.

« Crie pas victoire trop vite, Margot »
, je trouve finalement à dire d’une petite voix rendue cassante par une tristesse étrangleuse. « Je sais pas si je suis le plus preux enfant de la Dame… Mon passé, ce que-… Je veux-...'fin j’essaye juste de pas y penser. De le cacher au fond, dans un coin. Te revoir, ça a fait tout ressortir…
C’est pas possible que ce soit juste un hasard, merde. Y a une Déesse à l’œuvre. »

La Dame, certainement. Mais ça pourrait intéresser Véréna aussi, elle qui aime tellement la justice et que chacun reçoive la monnaie de sa pièce.
J’ai retrouvé Margot. Mais ce n’était pas elle que je cherchais. Je ne sais vraiment pas quoi en penser.

« En fait, j’ai bien peur que ce que tu prennes pour de la pureté ne soit en fait que de l’ignorance. Margot, j’ai fuis l’Aquitanie parce que je pensais que j’avais le devoir de me racheter. Mais te revoir ici… J’ai tellement de questions à te poser. Des dizaines. J’ai tellement de mal à faire sens de tout ça, et une partie de moi redoute de comprendre. »


Je pose mes mains sur chacune de ses joues dégoulinantes d’eau, et je lui bouge tendrement sa tête pour avoir ses yeux débordants de pleurs en face des miens.

« Margot. Qu’est-ce que c’est que ce tableau ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 13 juin 2019, 22:08, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 24
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Blottie contre Armand, Margot accepta son étreinte en sanglotant. Le visage enfoui contre lui, elle préféra profiter du réconfort de cette étreinte que de réagir à ses mots, que ce soit lorsqu'il tenta maladroitement de la rassurer, ou quand il évoqua une destinée divine. Cependant, dès lors qu'il parla du tableau et quand bien même elle avait été la première à évoquer ce sujet, elle rompit le contact. Posant ses mains sur le torse d'Armand, elle tendit ses bras pour reculer d'un pas, et pour le fixer à nouveau droit dans les yeux. Comme pour imposer une légère distance entre elle et lui tandis qu'elle essayait d'évaluer ses intentions.

Malgré sa tendresse, une part d'elle restait clairement méfiante.

- Cinq ans que l'on ne s'est pas vus, des dizaines de questions à poser, mais la première que tu choisis porte... sur cette chose ?

Son ton s'était fait plus dur. Sa tristesse s'était évanouie, remplacée par... de la déception ?

- Je n'en sais pas plus que ce que je t'ai dit dans la crypte ! Je...

Elle se mordit la lèvre, comme pour catalyser son émotion. Après une longue respiration, elle retrouva son calme, et reprit plus calmement.

- Je ne savais pas ce qu'il y avait dans ce tumulus. Je connaissais seulement le chemin tu comprends ? C'est pour ça que sire Jourdain a suivi mes traces après que le Duc Armand m'ait déclarée hors la loi. Il est venu ici, à Derrevin, avec ses hommes, et a demandé à me voir. Il avait échappé à la purge, et avait encore de l'influence auprès du Duc. Ses sous-entendus étaient très clairs : ou je le guidais, ou il utiliserait son influence pour briser le statu quo entre les paysans en insurrection et les seigneurs locaux afin que la ville soit rasée. Je... Je n'avais pas le choix, Derrevin était mon seul et dernier refuge, je me suis attachée aux gens d'ici qui ont bien voulu accueillir une paria comme moi dans leurs rangs. J'ai accepté. Mais Carl, le sans-visage à la tête de Derrevin, a compris qu'il y avait quelque chose qui clochait derrière les sourires du chevalier du royaume. Il m'a non seulement adjoint deux protecteurs, mais a aussi permis à une troupe de herrimaults de nous suivre discrètement dans la forêt.

Lentement, son regard se baissa pour se perdre dans la contemplation des dalles de marbre blanc au sol.

- Ils ont vu les cadavres, vu ton ami seul au milieu du charnier, et ont préféré par précaution agir que parler. C'est eux qui t'ont assommé à ta sortie du tumulus. Carl a la toile, mais je lui ai interdit de la regarder. Il connait notre passé, il connait les risques. Et après avoir vu ce que tes parents, les miens, ou encore le seigneur de Derrevin a fait... quoique soit cette chose, j'ai plus confiance en lui pour la garder qu'en un quelconque autre seigneur corrompu de notre foutu pays.

Elle se ressaisit de son bâton, mais pas pour s'aider à marcher. Elle avait juste besoin de serrer et desserrer ses poings sur quelque chose pour évacuer sa tension. Elle semblait se méfier de la réaction d'Armand à chaque mot qu'elle prononçait.

- Je t'ai dit que le culte avait caché cette toile dans ce tumulus il y a longtemps, car les bretonniens avaient abandonné l'idée de revendiquer cette portion de terre tant elle était inhospitalière. Je t'ai dit qu'ils l’avaient caché car ils attendaient le bon moment pour l'utiliser... mais ça je ne le sais que par bribes de conversations volées à ma mère, dame Loyse. Elle n'aimait pas en parler. Elle ne m'a jamais détaillé ce que serait ce "bon moment". Elle m'a appris la localisation de l'artefact, mais ne m'a jamais dit à quoi il ressemblait, à quoi il servait, et comment ils prévoyaient de l'utiliser. Elle a toujours été terriblement évasive, refusant de répondre à mes questions. Je crois...

Son regard oscillait maintenant entre Armand et la porte de sortie. Ce n'était pas le souvenir que le jeune chevalier avait d'elle : c'était une jeune adolescente forte et déterminée, à la volonté inflexible, le genre à subir la douleur d'un carreau planté dans son corps en serrant les dents. Elle disait ce qu'elle avait à dire avec un vocabulaire peu recommandable pour une dame, et ne craignait rien au monde. Rien à voir avec cette femme effrayée dont tout le langage corporel suggérait avec évidence son désir de fuir cette conversation, cette pièce, et surtout, Armand.

- Armand, je crois... ma mère... la magus à la tête de la cellule slaaneshie d'Aquitanie... si je ne la connaissais pas aussi bien, si je ne savais pas quel genre d'abomination elle a été, j'aurais juré... qu'elle en avait peur.
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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Mais qu’est-ce que c’est que ce putain de tableau ? On ne m’a jamais apprit que Nicolas Naudin était un sombre ensorceleur, c’est pourtant la seule explication logique que je trouve à tout ça, à voir Margot se crisper et soudain se mettre sur la défensive à la simple évocation de la peinture, alors qu’il y a une seconde elle se blottissait contre moi. Elle a l’air à fleur de peau. Mon premier réflexe, ça aurait normalement été de la retenir et de la reprendre dans mon étreinte, mais il m’a pas fallu beaucoup de jugeote pour voir clairement que ça n’aurait pas eu d’autre effet que de la faire paniquer encore plus. À la place, je me suis éloigné, je lui ai tourné le dos, et j’ai discrètement serré mon poing en même temps que ma mâchoire.

Par où commencer ?

J’écoute. Trop ouvrir ma bouche ça gêne la compréhension. Un instant, au court de son récit, j’ai le réflexe de mettre la main à mon mantel, et d’en tirer le clou des sergents de sieur Jourdain. Je le pose dans le creux de ma main et l’observe, les sourcils froncés, comme si me concentrer pour la quatrième ou la cinquième fois sur ce ridicule gri-gri allait soudainement me révéler des explications que ma conscience ignorait tout ce temps. Jourdain est corrompu. Mais Jourdain a l’oreille du duc. C’est une sentence que Margot a lancé comme ça, au détour d’une phrase, mais elle suffit à provoquer un tremblement le long de mon échine.
J’aime Son Altesse Armand. Il n’est pas seulement mon lige : je reste persuadé qu’il est le seul et unique espoir de l’Aquitanie. C’est un chevalier du Graal, et ça c’est déjà en soi un gros argument pour sonder l’âme de quelqu’un ; mais Sa Majesté Louen a outrepassé les règles normales de la succession pour le mettre en place, et je pense que c’est justement parce que le bon Roy pense également qu’il est homme à réussir à purger ce merdier absolu. Savoir qu’il y a encore des restes de corrompus qui encrassent sa cour me rend malade : Je pensais naïvement que ma dénonciation, et toute la longue liste de noms que j’avais refilée, allait suffire à sauver notre duché. Je me sur-estimais grandement. Une partie de moi a très envie de récupérer mon cheval et mon épée qu’on m’a subtilisé, et fuir le plus loin possible de cette province maudite pour aller à nouveau trouver la mort face à une quelconque menace qui pèse sur le Royaume.
Mais est-ce qu’il y a vraiment une menace plus insidieuse et agissante que celle qui gangrène le pays de l’intérieur, qui ronge ses os et empoisonne son sang ? Dix mille Orques sont un grave danger, dix mille Norses une tempête qui se déchaîne, mais il suffit de cent chevaliers qui pactisent avec des puissances dédiées à la déchéance, et alors ils sont capables de s’emparer de châteaux sans les raser, et de conquérir le Royaume sans le renverser.

Je me maudis de ne pas avoir brûlé la peinture. Je savais que ce devait être fait, je n’avais pas besoin d’entendre les explications de Margot pour me rendre compte, dans le peu d’innocence et de piété qui reste en moi, que cette toile était immorale par sa seule existence, et à présent je comprenais un peu mieux les répurgateurs aux esprits étroits de l’autre côté des Montagnes – Sigmar, pardonne-moi de m’être moqué de toi ! Je revois encore, lorsque je ferme les yeux, les flammes de ma torche imbibée d’amadou lécher l’huile colorée du chef d’œuvre, et je dois contrôler une pulsion qui souhaite m’auto-étrangler en punition pour mon inaction ; Pourquoi est-ce que je n’y ai pas mis le feu ? C’eût été si simple. L’enflammer, la voir se consumer en un battement de cil, dire mes adieux à Margot et repartir à l’aventure. À la place, il va falloir maintenant gérer les retombées de la Purge.
Je n’en veux même pas à ce gueux immonde de Carl d’avoir demandé à ses sbires de me bastonner jusqu’à l’inconscience. Je lui en veux de garder cet artefact maudit auprès de lui. Il devrait en faire un feu de joie sur-le-champ. Ou alors, trouver un moyen pour la confier discrètement à des damoiselles du Graal. Mais c’est peut-être plus facile à dire qu’à faire.
Je me demande ce que je ferais si l’occasion se présentait à nouveau ? Est-ce que je trouverai un courage incendiaire ? Margot m’avait dit, dans cette grotte, que c’était à moi de prendre cette décision, ce n’était pas pour qu’à présent ce soit à mon tour de refiler la patate chaude à un autre.
Vous auriez fait quoi à ma place, vous ?

J’ai un peu envie de sortir les vers du nez à Margot. De lui poser beaucoup plus de questions sur cette peinture, sur le réseau de sa mère, sur le sort de tous les responsables, voir s’il y en a qui ont échappé à cette maudite curée. Des noms de gens qu’il faudra à un moment ou à un autre occire. Mais il suffit que je tourne mon regard vers ses yeux terrifiés pour que je me détende aussitôt. Je cesse de serrer les poings. Je cesse de serrer les dents. Je cesse de lui tourner le dos. À la place, je m’approche d’elle, doucement, en présentant bien mes mains, essayant de tout faire pour ne pas la mettre davantage sur la défensive.

« Margot... », je lui fais d’une toute petite voix peu assurée. On m’a jamais apprit à rassurer les gens, j’ai pas la moindre foutue idée de comment on est censés faire. Mon seul contact humain a peu près normal c’est avec Triboulet, et je veux dire, c’est un type qui fait disparaître ses souvenirs du comté de Lyrie dans l’alcool et la grossièreté, donc vous voyez le niveau de mes capacités sociales. Je suis terrifié à l’idée de paraître antipathique, et pourtant, j’ai très clairement l’impression que c’est ce qui est en train de se produire. J’en ai la voix cassante et l’estomac noué. Je pince mes lèvres.
J’ai même un peu envie de chialer putain, heureusement qu’en bon Bretonnien on m’a apprit que pleurer c’était pour les fiottes et les invertis, ça m’oblige à forcer de retenir des larmes qui malheureusement ont commencé à courir sur mes yeux.

« Comment tu t’en es sortie ? ». Je demande pas ça sur un ton de reproche, je demande surtout pas ça pour sous-entendre quoi que ce soit. Je me rends compte que, pour la première fois depuis que je l’aie revue dans cette grotte, je ne lui demande pas des explications sur la situation, sur des ennemis et des danger à affronter. Je lui pose une question sur elle. Sur elle personnellement. Et je me maudis à nouveau de ne pas l’avoir fait plus tôt. Je m’en fous de savoir de quels alliés dispose Jourdain, de si les Cobie sont un danger, je ne veux pas avoir à lui montrer à nouveau le pendentif pour la forcer à me jurer qu’elle ignore de quoi il s’agit. Je ressens le besoin, au fond de ma peau, de savoir comment elle va, elle. Je m’approche plus près, pour pouvoir la prendre dans mes bras si elle en a envie.
« Tu n’es pas obligée de me dire ce qu’ils t’ont fait, si tu n’as pas envie d’en parler… Je sais que mes parents, ils… » je me rend compte qu’à nouveau je me perd bêtement dans des phrases qui n’ont pas de sens, c’est très gênant, et ma voix devient tellement étranglée que ça en devient dur de parler, faut vous imaginez que mon ton de chevalier s’est transformé en des chicotements de souris à cet instant. « Je tremble en repensant à ce que j’ai… Ce qu’ils faisaient. Et je suis malade à l’idée qu’on ait pu te faire subir quelque chose. Je m’en veux, j’ai l’impression qu’en quittant l’Aquitanie je t’ai abandonnée, à ta famille, puis à la justice de Son Altesse… Si j’ai commis une faute, je te supplie de me pardonner. Qu’est-ce qui s’est passé dans la seigneurie de Ternant ? »

Ah ça y est je chiale.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 19 juin 2019, 16:55, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 30
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Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

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Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
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- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

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- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
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- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
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Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

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