[Armand de Lyrie] Noblesse oblige

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Impassible, Carlomax le resta jusqu'au bout. S'il remercia avec une certaine dignité l'engagement d'Armand, pas plus de sourire que précédemment ne vint accueillir sa victoire dans leur échange. Après l'avoir invité à passer la nuit dans la demeure de feu le régisseur de Derrevin où lui-même résidait, il laissa Armand repartir vers le temple de Shallya en ne lui adressant qu'un hochement de tête.

Après avoir traversé la rue à contre-courant d'une centaine d'individus retournant à leurs foyers, le chevalier de Lyrie parvint aux portes du temple de Shallya. Passant l'arche de pierre et entrant dans la cour intérieure, il atterrit nez à nez avec dame Alys qui raccompagnait un vieil homme voûté vers la sortie. L'apercevant, elle chuchota quelques mots au vieillard avec un sourire tendre, que ce dernier lui rendit avant de s'agripper en tremblotant à sa canne pour dépasser Armand et quitter les lieux à vitesse réduite.

Huit torches éclairaient deux à deux les murs de la cour intérieure, permettant à la sculpture de pleureuse au centre de la fontaine de répandre ses ombres dansantes au gré du vent dans toutes les directions. La nuit tombée, le vent était devenu vraiment glacial, mais dame Alys, protégée uniquement de sa fine robe blanche la laissant pieds nus, ne semblait pas gênée le moins du monde. Se tenant bien droite, elle barrait le chemin du jeune homme.

Il n'y avait plus qu'eux dans la cour. Néanmoins, elle n'attendit pas qu'il la questionne pour prendre la parole.

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- Désolée sire Armand, mais je dois vous demander de quitter ce temple. Vous n'y êtes plus le bienvenu.

Nulle colère dans son ton, mais une autorité naturelle presque effrayante. Si Carlomax avait pour lui une bonne rhétorique et une passion dans la voix qui poussait à embraser sa cause, la grande prêtresse Alys possédait au contraire un talent d'intimidation tout en retenue. Sa voix était restée douce, elle avait parlé juste assez fort pour se faire entendre, et pourtant impossible de ne pas avoir l'impression qu'il émanait d'elle un terrible sentiment de déception, comme une mère aimante atrocement attristée par le comportement de son fils. Les yeux de la sculpture qui pleurait dans la fontaine derrière elle appuyaient encore davantage cet effet, comme si la Déesse elle-même souffrait aussi de la situation.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Ooooooooooooooooooooooooookkkkk. On se détend. Du caaaaaaaalme Armand. Respire, respire. Par le nez, pas par la bouche ; Contrôle donc ces tics faciaux qui envahissent ce visage. Comment Carlomax il fait pour avoir une gueule impassible tout le temps, je suis sûr on ferait tomber un couteau à travers la plante de son pied, il aurait à peine l’air gêné. Moi c’est pas le cas. Oh putain de merde c’est pas le cas.

Je suis passé à travers tout un tas d’émotions en une fraction de secondes, j’aurais pas cru que c’était possible. Mon tout premier réflexe, il a pas duré une seconde, ça a été de croire à une plaisanterie. J’ai eu envie de rire très fort, mais j’ai très vite compris que c’était pas le genre de lieu où on faisait ce genre de blagues, surtout avec ce genre de personnes. Alors du coup j’ai toujours eu envie de rire, mais pas d’un rire plaisant et agréable. Oh non. Non non.
J’ai baissé les yeux. J’ai baissé mon crâne et regardé mes pieds. Mais pas parce que j’avais honte de moi, pas comme un gosse qui se fait gronder. J’ai très vite regardé le sol, parce que je n’avais pas envie que la grande-prêtresse observe mon visage et puisse lire à travers lui. Ou bien elle m’aurait haï, ou bien elle aurait pris peur. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire d’un air narquois et mauvais, avec la même grimace que j’ai prise pour terrifier les pêcheurs qui m’avaient défié avec leurs trognes provocantes ; il me fallait bien un tout petit instant de pause pour faire disparaître ces rides mauvaises de ma face et que je retrouve un air neutre.

Immonde salope. Grosse puterelle immonde. Chienne répugnante. Je fais courir dans mon esprit tous les gros mots que Margot m’a appris dans mon enfance et je serre les crocs pour pas qu’ils s’échappent à voix haute.
Il faut avouer que le concept d’un temple de Shallya qui serait fermé à quiconque, qu’un seul être ne puisse pas être accepté dans ses murs, me paraît extrêmement exotique. Tout le monde vient dans un temple de Shallya. Tout le monde. C’est la déesse la plus accueillante et la plus miséricordieuse de toutes, avec son Papa bien sûr, mais Morr a une miséricorde plus sinistre et perpétuelle. Ils ont accueilli Margot et Ophélie dans ces lieux, et moi, soudainement, je suis reflué devant ? C’est quoi cette arnaque ?! Hey, espèce de salope lécheuse de couilles d’hommes-bêtes, je peux savoir c’est quoi ton-

-Ophélie. C’est elle. C’est forcément elle. Oh je vais lui briser son cou ! À moins qu’Alys me montre son vrai visage, cette garce meurtrière – et c’est pour elle que Carlomax m’envoie implorer la pitié du duc d’Aquitanie ?! Plutôt qu’ils passent tout Derrevin par l’épée ! Ou alors non, c’est l’autre ORDURE, la balance Thécia, elle a l’air tellement suspecte, à me regarder comme… comme elle me regarde, comme une musaraigne qui aurait- PUTAIN !

Du calme Armand. On respire. Je relève lentement ma tête en essayant de contrôler le tremblement de ma main droite et le tic au coin de mes yeux bleus. C’est sûrement une erreur. Tu as mal compris. Ou tu exagères. Du calme du calme du calme. Par le nez pas par la bouche.

« Pardonnez-moi, honorable et éminente sœur, je trouve à dire alors que mon cœur pulse à toute vitesse, que l’adrénaline s’empare de moi, et que je dois contrôler une sourde colère qui a envie d’exploser à sa face. Je comprend qu’étant convalescent, je n’ai plus à abuser des services de votre Temple…
Mais permettez ? »


Je fais juste un pas en avant. Un seul. Je penche légèrement de côté la tête. Je sais pas si j’ai l’air intimidant, ou si je passe pour une racaille qui se diminue. Les deux sont pas exclusifs.

« Je souhaiterais connaître au nom de quel motif je suis ainsi interdit de venir présenter mes prières et mes remerciements à la Douce. Très certainement que c’est par une décision sage, mûrie et réfléchie que vous élisez soudainement de m’interdire l’entrée en ces terres consacrées, là où vous souhaitiez que je me présente à vous il n’y a point plus d’une heure ? »

Je pose la question sans vraiment la poser, en fait. Nous sommes entre nobles, à en juger par sa robe blanche – elle et moi sommes habitués des discours hypocrites et des jolies tournures de phrases qui en cachent plus.
Traduction pour les roturiers, quand même, car je sais que certaines personnes de bien mauvaise naissance écoutent mon récit :

Hey, qu’est-ce tu m’fais, sale pute ? T’es sérieuse là ?! C’est quoi ton problème ?! Tu m’as pris pour qui?!
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 01 août 2019, 08:09, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

- Ophélie s'excuse.

En apparence, elle ne semblait même pas avoir prêté attention aux paroles d'Armand. Son regard perçant était fixé sur lui, voire même à travers lui. S'il essayait d'être poli ou intimidant, aucune de ces méthodes ne paraissait avoir la moindre emprise sur la grande prêtresse.

- Elle est désolée de vous avoir menti, en affirmant que la marque de Margot n'était pas visible. Et elle est désolée d'avoir désobéi à mes directives, en lui permettant de se retrouver seule à seule avec vous. C'était dangereux et elle le savait. Elle espérait qu'un moment d'intimité vous serait bénéfique, que votre passé commun était un lien solide sur lequel s'appuyer pour vous permettre à tous deux de surpasser ce qui sommeille en vous. Qu'ensemble, vous pourriez vous aider mutuellement à surmonter l'héritage de vos parents. Même si elle a été touchée par la grâce de Shallya, Ophélie n'est encore qu'une enfant : elle reste naïve. Margot avait l'interdiction de montrer son dos à quiconque, y compris à vous. Mais, poussée par sa solitude, sa tristesse, son affection pour vous, et sans doutes l'influence de cette chose, elle l'a fait.

Alys se redressa encore davantage, serrant fermement son bâton. Une bourrasque fit tomber sa capuche blanche en arrière, libérant ses cheveux châtains qui volèrent dans le vent au rythme de ses grandes boucles d'oreille cerclées.

- Vous êtes néfastes l'un pour l'autre Armand. Vous avez du le sentir au fond de vous, vous avez du vous rendre compte que vous n'étiez plus vraiment vous-même quand vous vous approchez d'elle. Après votre entrevue, la chose dans son dos était plus active que jamais, plus... affamée. Si vous n'êtes plus officiellement malade, Margot est venue nous trouver il y a un mois pour qu'on la protège du mal en elle, pour qu'on l'en guérisse. Elle est une habitante de Derrevin, qui s'est volontairement mise sous la protection de Shallya, et donc sous la mienne. C'est pour elle que je vous demande de partir Armand. Si vous l'aimez, alors vous devez comprendre que ce que vous pouvez faire de mieux pour elle, c'est de ne plus la revoir.

Son visage devint plus doux, plus ouvert, et elle offrit à Armand un sourire triste et compatissant. Le visage qu'on attendait de la part d'une grande prêtresse de Shallya.

- Je sais que ce que je vous demande doit vous paraître cruel, et j'en suis désolée. Mais n'écoutez pas le Corrupteur qui chuchote à vos oreilles Armand : je ne suis pas votre ennemie, bien au contraire.



Test de charisme d'Armand, malus de -1 car Alys n'est pas du tout réceptive aux flagorneries : 14, échoué.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Elle ment. Les mots d’Alys m’attristent. Ils me frappent plus honnêtement que je ne l’avais imaginé. Elle ment. Pourquoi tu l’écoutes? Ma grimace canaille est restée figée sur mon visage, pour progressivement disparaître. Et au lieu de demeurer Elle ne veut pas que j’aille voir Margot. paré à une riposte, au lieu de me trouver hostile, je baisse à nouveau les yeux – mais cette fois, bien de honte, bien comme un gamin qu’on gronde, bien pour Elle la garde enfermée. Elle veut la rançonner face aux armées du Duc? regarder mes pieds.

Elle n’a pas tort. C’est complètement débile à dire. Vous le savez comme moi, Ou peut-être est-ce pour autre chose. Elle... à quel point la corruption était vive face au… À… À cette… Cette chose immonde. Pour l’Amour de la Dame, elle M’APPELAIT ! Elle a tué Binet ! Elle a tué Binet ! Pourquoi elle hésiterait à tuer Margot ?! Pour l’Amour de Shallya !

Je ferme mes yeux. Je sens mes yeux qui piquent. Et pourtant, nulle larme ne vient les soulager. C’est une fanatique ! Elle prend le manteau de Shallya, mais elle ressemble aux Répurgateurs de nos voisins ! Je suis faible. Si faible. J’ai honte de moi. J’ai tellement honte de moi, j’ai envie de poser mes doigts autour de mon cou pour m’étrangler, ou de me Ou bien elle veut la marque pour elle-même ?! Imagine ce qu’elle doit faire subir à Margot ! flageller avec ma ceinture pour me punir – et je suis terrifié par le fait que ce concept soit arrivé si vite en moi ; J’ai envie de me faire du mal.

Je vrille complètement. Mes genoux se flageolent. J’ai envie de m’écrouler en face d’elle. J’ai envie de pleurer devant elle. De lui annoncer à quel point je suis faible. Elle regarde la marque, elle aussi. Elle l’observe. Et pourtant, elle prétend y résister ?! Elle se fout de toi ! Elle se fout du monde !!! Il n’y aurait aucune honte à ça, ça ne serait pas ma fierté ni mon amour-propre qui serait atteint – les églises et les temples, c’est justement fait pour ça, s’effondrer et pleurer, il n’y a pas plus belle preuve de dévotion que les larmes, chez Shallya en particulier. Je suis à deux doigts de le faire, d’ailleurs.

Je ne tremble plus seulement des genoux, mais j’ai à présent un frisson qui traverse mon corps tout entier. Le souvenir dégénéré de la marque dorsale me hante. Il me torture. Il me fait souffrir, mais il me fait souffrir parce que je ne l’ai pas sous les yeux. C’est comme si mon cerveau était trop faible, trop misérable, trop humain pour comprendre et reproduire la splendeur de ce que j’ai plus tôt admiré. Margot est une hors-la-loi. Bien sûr qu’elle est sous leur protection : Les sœurs de Shallya peuvent lui faire CE QU’ELLES VEULENT.

Je rouvre mes yeux. Aucune larme. Une seule. Peut-être que mes yeux doivent être injectés de sang, complètement rougis. Mais étrangement, je contrôle assez bien mes tremblements. Je suis poussé par un second souffle. Par une invasion d’adrénaline. Pourtant je suis encore assez maître de mon âme – c’est mon corps, ma saloperie de corps, qui me guide tout seul. J’aimerais tellement m’écrouler devant elle et lui implorer son aide. J’aimerais tellement pouvoir reconnaître qu’elle dit la vérité, j’aimerais tellement pouvoir embrasser les pieds de la statue derrière elle, puis partir sans jamais avoir à me retourner.

Mais je ne peux pas.

De la même façon que je ne peux pas jeter le médaillon de ma famille autour du cou, que je ne trouve pas la force de me détourner de mon devoir, je ne peux pas obéir à une prêtresse du culte et à aller justement l’accomplir, mon devoir. Vous voyez le problème ? Vous voyez pourquoi je suis dans une merde noire ? Mon cerveau est envahi de bourdonnements, de… De pensées que j’arrive pas à démêler ! C’est immonde ! J’ai l’impression qu’une main est dans mon crâne et qu’il me gratte avec ses ongles, je le sens derrière mes yeux !

Un pas en avant. Puis un autre. Je me retrouve dangereusement proche d’Alys. Et c’est bien, parce que ça me permet de rendre ma voix plus basse, et par la même occasion, plus rauque. Pourquoi je fais ça ? C’est complètement débile. C’est complètement débile. Elle ne m’a rien dit de mal. Elle m’a conseillé religieusement, elle m’a dit de faire ce qu’il fallait pour le bien de tout le monde – Pour la Bretonnie, pour Derrevin, pour Margot, et même pour moi, tout simplement. Et même, MÊME si je n’avais pas confiance en Alys, même si je souhaitais la rouler, Viole-la ! Attrape sa gorge, serre de toutes tes forces, crache-lui dessus, et viole-la ! la tromper, faire quelque chose dans son dos, alors il était clair que la chose à faire était la même : Me jeter à genoux et pleurer. Qu’importe que ce soient de vrais larmes sincères, ou des pleurs de crocodiles destinés à l’escroquer – je reste intimement persuadé que c’est la seule chose qui pourrait la faire réagir positivement à mon encontre.
Mais c’est pas ce que je fais. C’est ce que je voudrais faire, mais c’est ce que mon corps refuse à faire. Mon corps, il me guide, et il me hurle que ce que j’ai en face de moi, c’est un ennemi.
Alors oui, je baisse ma voix, et bien qu’elle est calme, posée, et douce, elle a ce petit air rocailleux qui fait clairement comprendre que je ne suis plus en bonne disposition amicale envers elle.

« Margot est venue vous voir volontairement. Mais est-ce que cette décision vient d’elle ? »

Avant qu’elle puisse sortir le moindre mot en réponse, je lève mon doigt et la regarde droit dans les yeux, mes sourcils arqués sur mon front. Je veux qu’elle plonge son regard dans le mien. Elle n'est pas la seule qui peut inspirer de l’autorité.

« Je sais – Elle vous doit obéissance, elle n’a pas son mot à dire, vous êtes ici sur votre seigneurie ecclésiastique, elle est sous votre protection, ce que Margot souhaite n’a aucune importance, surtout lorsque vous jugez être parfaitement dans votre bon droit en tant que serviteur de Shallya et rempart contre les puissances de la Ruine. Et absolument personne, ici, dans cette ville, ne pourrait vous contester ce bon droit.
Mais ce n’est pas ma question. Ma question elle est toute simple et elle ne vous demande pas une longue réponse.
Est-ce que c’est Margot qui a émit le souhait de ne plus me revoir ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 01 août 2019, 09:50, modifié 1 fois.
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- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
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Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
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Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
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- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Quand bien même Armand marchait vers elle de manière menaçante, sa voix devenue plus grave, son regard plus agressif, rien de tout cela n'avait la moindre emprise sur la grande prêtresse. Pas une seule seconde elle ne manifesta de crainte ou d'agacement, et son expression resta toujours celle d'une mère bienveillante et patiente envers son enfant.

- Je n'ai pas pourtant pas de réponse simple à vous donner. Aujourd'hui, sans doutes tout autant que vous, elle me déteste pour cette décision. Elle a supplié, pleuré, marchandé, et m'a même frappée. Et pourtant ce choix n'est pas le mien : c'est elle, un mois plus tôt, qui m'a fait promettre de la protéger d'elle-même quoi qu'il puisse arriver, qui a mis sa vie entre mes mains. Je ne faillirais pas à mes responsabilités. La Mère m'a guidée pour réussir à soigner Ophélie, ne m'empêchez pas de faire de même avec Margot.

Jet de mental Margot : caché
Jet d'intimidation d'Armand : 16, lamentablement échoué
Jet de charisme d'Alys : 12, réussi de 4.

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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Elle soutient parfaitement mon regard. Il est de pierre. Sévère. Mais pas menaçant, pas comme le mien. Juste sévère. Je la regarde encore avec la même haine prédatrice, et les crocs qui se serrent. Mais c’est une forfanterie absolument inutile. Elle n’est pas un chevalier errant au sang chaud, elle n’est pas un aristocrate fier de son honneur que je vais pousser à la faute avec une simple trogne de vaurien – Les sœurs de Shallya doivent avoir l’habitude des racailles, c’est pas parce qu’elles sont pacifistes qu’elles sont lâches. C’est pas parce qu’elles n’ont pas l’apparence de brigands tout en muscles et en plastron d’acier qu’elles plient facilement quand un homme les alpagues ; Encore plus quand on sait que c’est à elles que revient la charge de s’occuper des déments, des fous, de ceux qui ne peuvent plus penser par eux-même, qui ne sont plus responsables de leurs actes, et qu’il faut parvenir à contraindre même lorsqu’ils sont persuadés qu’ils ont encore leur libre-arbitre de leur côté.
Un peu comme Margot. Et comme moi. Je flirte dangereusement avec la limite de l’insanité. Je commence à me demander si ma place n’est pas justement dans un asile des Colombes ; Au moins, avec les prières et la mandragore, je ne sentirais plus cette main me griffer le cerveau à chaque instant. Au moins, je ne ferais plus ces rêves étranges et je serais débarrassé de ces pulsions.


Non !

Et si elle me ment ?! Si elle veut du mal à Margot ?! Comment un Temple peut être fermé ?! Elle n’est… Elle n’est pas en sécurité ici ! Tu as vu la marque ?! La marque, elle avait des bords… Comme… Comme de… De la chair brûlée ! Et si… Et si elle la torturait ?!
Elle est pas recluse ici pour recevoir de l’aide. Elles veulent juste lui faire du mal. Et même avec leur bonne volonté, si ça se trouve elles lui en font quand même !


J’aurais tellement aimé qu’elle me dise que oui, Margot ne voulait plus me voir. Que Margot me rejetait. Que Margot comprenait, avec toute sa conscience et son esprit, et avec raison, qu’elle nous avait mit en danger, qu’elle ne devait plus me voir, jamais. Tant pis si ce n’était pas la vérité : C’était un mensonge qui m’aurait remis dans le droit chemin. Même un mensonge pas convainquant, je l’aurais pris pour véridique, je me le serais répété jusqu’à finalement parvenir à chasser Margot de mon esprit, à force de conviction.
On peut tromper mille fois une personne, mais jamais mille fois la même. Mais, peut-être, pour une fois, faire une exception ?

Mais non. Alys m’a répondu la vérité nue. Et maintenant je devais lever les yeux pour observer ce Temple. Et j’avais de plus en plus de mal à y voir un sanctuaire, il ressemblait plus à une cellule à mes yeux.

J’ai regardé dans le vide, en direction de l’édifice. J’ai arqué mes sourcils sur mon front, à cause d’une profonde mélancolie.


Noblesse oblige. J’ai tort de considérer que je suis un homme libre. Ou, pour nuancer, disons que je suis libre de mes choix, mais esclave de leurs conséquences – et les conséquences courent. Nous sommes soumis aux souffrances de ceux avant nous. Si j’avais voulu Margot, alors, mes parents n’auraient pas dû commettre tant de crimes.
Maintenant c’est à moi de réparer leurs erreurs. Et d’assumer cet atroce fardeau. Cette idée ne me paraissait ni inconcevable, ni injuste quand je me suis rué vers l’Orquemont. Pourquoi est-ce que tout devrait être remis en cause à présent ? Rien n’a changé. Je suis toujours le même.

Du coup je me suis effondré. Littéralement. J’ai senti mes genoux devenir si lourds que j’en ai fais tombé un à terre, et j’ai baissé la tête. Et j’ai senti deux larmes de rage enfin humidifier mes yeux secs et rougis. Et ma voix s’est faite tremblante.

« Bénissez-moi, ma sœur… Je vous en supplie…
Je suis faible. Ma chair est faible. Mon âme est faible. Depuis mon enfance j’ai été abusé et manipulé… Je ne trouve plus grâce auprès de personne… J’ai la nausée en regardant mon corps… J’ai honte de moi, de mes pensées, de mes pulsions…
J’aurais voulu mourir auprès de la Fange Verte. »

Même mon crâne tremble. Je le relève vers elle. Je cherche ses yeux, mais plus pour l’impressionner et pénétrer les siens ; À présent, c’est moi qui cherche désespéremment le soutien des siens.

« Comment je peux encore m’en sortir ? »
Jet de Résistance mentale d’Armand, demandé à Katarin : (END+INT)/2 = 9, Bonus : +4 (Charisme d’Alys)
Jet : 6, réussite de 7.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 05 août 2019, 16:29, modifié 2 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 80
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

La main de la prêtresse se posa sur l'épaule du chevalier agenouillé.
Lorsqu'Armand chercha à croiser son regard, elle hocha très légèrement la tête, comme en signe d'assentiment à son comportement de soumission à Shallya - ou à elle ? Avec son étrange tatouage, les bourrasques qui faisaient voler sa chevelure en arrière, et le simple fait de la regarder de plus bas, tout cela contribuait à donner à la grande prêtresse une impression de grandeur mystique.
Si son contact était apaisant, sa voix douce, son regard aimant, il y avait malgré tout quelque chose chez elle qui trouvait écho au fond d'Armand et qui ne pouvait que le faire trembler. Si Alys évoquait naturellement l'image d'une mère aimante, elle semblait aussi être le type de mère qu'on ne souhaitait pas contrarier.

Le type de mère capable de tuer quiconque mettrait ses petits en danger.

Ses doigts se resserrèrent sur son épaule, prenant prise contre le haut de son omoplate. Juste assez fort pour que ce ne soit pas douloureux, mais presque. Ses sourcils de froncèrent, et le timbre de sa voix prit une sonorité plus sombre.

- Souhaiter mourir contre les orcs ? Justifier vos actions présentes par les spectres de votre passé ? Si vous voulez vous en sortir, commencez par cesser cette lâcheté sire Armand. Vous êtes responsable de ce que vous choisissez de faire tout comme ce que vous choisissez de ne pas faire. Si votre corps obéit à ceux qui susurrent à vos oreilles, cela reste votre choix, et donc votre faute que de les avoir écoutés. Et croire qu'il serait honorable de fuir votre culpabilité en mettant en jeu inutilement votre vie n'est qu'un mensonge que vous vous racontez pour vous rassurer.

Son regard était difficile à soutenir. Il semblait traverser Armand de part en part, comme si elle savait tout de lui, chaque erreur commise, chaque pensée hérétique qu'il avait pu avoir.

- Savez-vous ce que c'est, d'être une sœur de Shallya ? Le savez-vous vraiment, Armand ? Vous autres chevaliers, vous entrez dans nos sanctuaires uniquement lorsque vous revenez de bataille, pour exiger des soins de la Mère avant d'aller remercier la Dame de vous avoir si bien guidés. Nous entretenons un mensonge Armand, en vous enveloppant dans notre chaleur, en vous offrant amour, compassion, patience, et espoir. Mais je n'ai pas envie de vous mentir Armand. Je n'ai pas envie de vous bénir, de vous dire que l'Amour de Shallya vous guidera, et que tout ira bien pour vous.

Un silence terrible. A sa façon de parler, on aurait pu la croire en colère, mais son corps n'en montrait pourtant pas la moindre trace : son visage restait digne, elle ne serrait pas spécialement fort son baton, pas plus que sa poigne sur l'épaule d'Armand ne s'accentuait davantage.

- Etre une prêtresse de Shallya Armand, c'est souffrir. C'est partager la souffrance de l'humanité toute entière, chaque jour. C'est oublier notre propre bonheur pour se mettre au service d'autrui, pour apaiser les âmes malheureuses, leur offrir de l'espoir, de l'amour, de la compassion. Chaque malade, chaque blessé, on lui donne une part de nous pour qu'il puisse se rétablir : on se sacrifie. La Déesse ne peut entendre toutes les prières, et les souffrances des hommes sont aussi innombrables qu'infinies. Shallya ne cesse jamais de pleurer pour nous, car elle s'est entièrement offerte à l'humanité pour les apaiser de leurs souffrances. Il n'y a pas de magie dans nos prières ni dans les miracles de la Mère : la peine et la douleur que vous perdez ne disparaissent pas, elles vous sont simplement dérobées par Shallya qui les fait siennes, qui choisit de les subir pour vous. Et malgré ce sacrifice quotidien d'une Déesse et de ses servantes, le mal est toujours partout, gangrenant le monde et se répandant encore et toujours. Voilà la réalité qu'on affronte : peu importe nos efforts, peu importe à quel point on sacrifie tout notre être pour aider autrui, ça ne suffira jamais.

Elle relâcha son emprise sur le chevalier de Lyrie, pour désormais lui tendre la main et l'inviter à se relever. D'une pression rapide, elle le tira sans difficulté pour qu'il soit de nouveau sur ses deux pieds.

- Et alors quoi ? Parce que c'est difficile, parce qu'on souffre, parce que l'issue est incertaine, on doit céder ? Sombrer dans l'apathie et laisser les choses se faire, quitte à se faire emporter par le torrent ? Certainement pas. On emprunte cette voie de souffrance et de douleur, parce que c'est celle-là la bonne. On se bat, Armand, contre nous-même, et on avance la tête haute avec le corps meurtri. La Mère nous aime, d'un amour inconditionnel, et elle donne tout son être pour nous. Elle pleure par notre faute, elle ne fait que ça, alors la moindre des choses, c'est de la remercier comme il se doit. Aller mourir héroïquement c'est bien trop facile. Vivez vieux, Armand, de telle manière à pouvoir souffrir le plus longtemps possible. Sacrifiez-vous chaque jour : sacrifiez vos possessions, votre corps, votre dignité, votre honneur, et tout ce que vous pouvez encore abandonner, si cela vous permet d'offrir ne serait-ce qu'une seconde de bonheur à quelqu'un de meilleur que vous.

Les traits du visage d'Alys ne la trahirent pas, mais les larmes qui coulèrent de ses yeux si. Suivant de manière parallèle le sillon doré tatoué sur son visage, les deux gouttes d'eau glissèrent sur ses joues. Elle ne sembla pourtant pas s'en soucier outre mesure, alors qu'elle dessinait solennellement une croix sur le cœur d'Armand avec son index. Puis, sa tâche accomplie, elle hocha de nouveau la tête à Armand, lui esquissant au passage un sourire triste, comme si toute tension s'était désormais relâchée.

- Passez une bonne soirée Armand.

Elle se détourna alors, laissant le chevalier de Lyrie quitter l'enceinte du temple, lui faisant apparemment assez confiance pour ne pas le surveiller davantage.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Genou à terre. Yeux humides. J’avale ses paroles. J’en baisse même les yeux un moment, son regard devenant trop difficile à supporter ; cela n’arrête pas ses mots. La douceur de la voix qui les prononces peine à cacher la véhémence de leur fond. Je suis traité de lâche. Ce mot il est fort. Ce mot, dans la société militaire Bretonnienne, il peut provoquer des vendettas générationnelles atroces ; Mais je l’accepte. Je prend tout sur moi, je reçois le prêche de Sœur Alys, quand bien même ses propos sont plus durs que des coups de poings, peut-être même plus douloureux encore que les estafilades que le Gardien du tombeau m’a infligé.

Il y a pourtant bien quelques passages qui pourraient me faire tiquer. Quelques questions qui pourraient naître, des doutes que j’ai très envie d’adresser à ma confesseure. Mais à quoi bon ? Je passerais pour un enfant qui répond à sa mère. Je n’ai ni l’éducation, ni la sagesse pour parler théologie avec sœur Alys, j’en suis intimement persuadé. Alors je prends tout. J’accepte tout. J’entends bien toutes ses paroles et elles se gravent quelque part en moi – elles se placent juste à côté des mots fermes et preux de mon mentor, Quentin de Beauziac, qui était très fort pour dire des choses honorables à défaut de savoir les appliquer à lui-même.

Je suis faible. Eh bien, j’irai me battre, avec toute ma faiblesse. Sale, pied-nu, ensanglanté, tourmenté, avec le cœur noir et l’âme lourde, les fantômes du passé et mes envies d’errer : Mais j’irai me battre. C’est pas ça, la leçon principale que la Dame du Lac souhaite nous inculquer ? Pas pour la gloire, pas pour les fiefs, mais au service de ceux qui ne peuvent pas lutter ?
De quel droit oserais-je quitter le chemin que les Déesses tracent pour moi ? Morr m’attendra à la fin du sentier de toute manière. Moi je n’ai rien à exiger de la vie. Je vis pour les autres.

Moi je n’ai pas à exiger Margot.

J’ignore si c’est la conclusion qu’Alys souhaitait que je tire. Mais c’est celle qui revient à mon esprit. Lorsque la prêtresse s'éloigne, même si je suis sur mes deux jambes, je ne peux faire rien d’autre que de m’incliner. Je suis vide. Je ne ressens plus rien, sinon une lourde torpeur mélancolique – mais c’est une bonne chose. Je n’entends plus d’étranges voix me parasiter, et cette main qui était dans mon crâne, elle a cessé de gratter mon cerveau. Je suis triste, mais d’une bonne tristesse, pas de la tristesse qui vous donne envie de pleurer et de vous rouler en boule. Une triste plus modérée, plus poétique. Un spleen.

Je suis encore moi-même. Je suis encore le même.

Ou alors je suis un gros abruti. Depuis mon réveil, depuis que j’ai quitté ce lit, je n’arrête pas de basculer d’une minute à l’autre d’un état à un autre. De la rage à la tristesse, de l’excitation à la mélancolie. Depuis combien de temps ai-je revu Margot ? Cela faisait des années que je ne l’avais pas croisée. Si on décompte tous les instants où je lui ai reparlé depuis, on atteindrait à peine une demi-heure passée tous les deux. Et pourtant, j’exigerais de la revoir ? De sauter dans ses bras ?
Ce ne sont pas les Déesses qui ont voulu que je la recroise. C’est à peine ce fieffé taquin de Ranald. C’est très probablement un démon.
Qu’importe au fond que tout le monde te mente et te manipule. Cesse ainsi de penser, de te torturer à chercher des conjectures, à deviner des complots et de mauvaises intentions. Tu es un chevalier. Tu vas là où on a besoin de toi, et rien de plus, et rien de moins.


J’attends qu’Alys parte pour relever la tête. Et alors, je m’avance. Margot est dans ce temple. Est-ce qu’elle m’observe ? Est-ce qu’elle a été enfermée quelque part pour avoir osé frapper Alys durant ce que les sœurs de Shallya imagineraient être une crise d’hystérie ? Je me sens triste parce que j’ai l’impression d’abandonner Margot une nouvelle fois. C’est pas rationnel pourtant. En quoi je l’abandonne ? C’est une hors-la-loi. Je suis un chevalier errant sans fief. Le Serpent l’a marquée. S'il y a un seul endroit dans toute la Bretonnie où elle peut espérer être en sécurité, c’est ici, et certainement pas avec moi.
Mais j’aurais juste aimé pouvoir lui dire au revoir. Pourtant, je n’ose pas héler Alys, lui crier de s’arrêter pour lui implorer d’accéder à cette requête. Tout ce qu’elle ferait, c’est m’expliquer pourquoi ce n’est pas raisonnable, pourquoi c’est inutile, pourquoi je ne devrais pas. Je n’ai plus qu’à l’accepter.

Alors, je cesse mon avancée juste devant la fontaine où se dresse une statue de Shallya. Je voûte mon dos devant. Les yeux de marbre de la sculpture sont moins difficiles à contempler que les pupilles de sa servante.

« Veille sur Margot. Je t’en supplie. Soigne-la. Garde-la. Protège-la. Fait tout ce que ta miséricorde peut pour elle. Et en échange, je jure… Je jure, j’en fais le serment sur tout ce que je porte, et sur tous mes organes et tous les pores de ma peau : Je ferai tout, et plus encore, pour protéger Derrevin, ton temple, et tes fidèles. »

Il suffit pas de le dire. Maintenant, il s’agit de le faire.

Je tourne mes talons et quitte le temple aussitôt. Je le quitte d’un pas très vif, quasiment du trot, et sans même jeter un regard derrière-moi. Je ne sais pas ce que je vais m’imaginer : Mais je suis persuadé, au fond de mon être, que si mon regard croisait celui de Margot, mon serment serait violé aussitôt.

***

Derrevin s’endort. Elle a prit sa couverture et elle s’est retournée dans son sommeil. Ça devient difficile de naviguer sur ses chemins, parce que seule la lueur de Mannslieb dans le ciel m’éclaire encore un peu. Les gens sont retournés dans leurs chaumières, ou dans leurs tentes pour ceux qui n’ont pas encore la chance d’avoir un toit au-dessus de leur tête – il est clair qu’il y a plus de monde ici que Derrevin en a l’habitude.
Je croise bien quelques âmes, alors que je retrace le chemin que j’ai accompli avec Carlomax tout à l’heure, mais je n’ai pas tellement envie de leur parler. Des hommes armés sont rassemblés autour d’un brasero, et portent des torches : ce doit être des veilleurs de nuit. Ils discutent gaiement à voix haute, et ils retournent leurs têtes lorsqu’ils m’aperçoivent. L’un d’eux m'adresse un seul mot d'un ton sec.

« Bonsoir.
– Bonne soirée à vous. »

Je trace en plaçant mes mains dans mon mantel, que je recouvre au-dessus de ma chemise recousue. Je me demande un instant quel genre de personne fournit la milice de Carlomax. Il doit y avoir les anciens hommes d’armes de Binet, n’est-ce pas ? Mon père recrutait ses hommes d’armes parmi sa populace, il dépensait tellement dans des banquets extravagants et dans le mécénat d’artistes dénués de tout tabou, que je pense pas qu’il lui restait assez pour employer des bandes de mercenaires Tiléens. En plus des herrimaults de Carlomax, ils ont dû grossir leurs effectifs en enrôlant les locaux, ça doit expliquer pourquoi ils arrêtent pas de s’entraîner.
Je doute quand même vraiment que ce soit une armée qui sera capable de faire face à la maison de Maisne. Ce ne sont pas des bandes d’infanterie de l’Empire, ce ne sont même pas des milices bourgeoises bien payées et disciplinées comme Albéric de Bordeleaux est capable d’aligner. En face de Maisne a des vassaux, des hordes de preux chevaliers, il peut opposer les hommes d’armes de ses fiefs, et n’allez pas croire que par solidarité paysanne, ceux-là vont refuser de se battre : Si le monde ignore que Derrevin est un grand rêve ambitieux de manants ayant brisé leurs chaînes, alors il sera facile de convaincre la soldatesque de sire de Maisne qu’ils affrontent une bande de vilains-brigands violeurs et pillards qui n’hésiteraient pas à faire un rapt de leurs jeunes filles s’ils en avaient l’occasion. Et puis, il y a tout ce que l’argent peut rapporter. Maisne est riche, le marché du mercenariat est varié. Il a plus qu’à faire son choix. Il peut ramener de cupides arbalétriers Tiléens, ou des affreux Estaliens avec leurs grosses arquebuses bruyantes.
Franchement, à moins que Carlomax ait un plan, ou des soutiens secrets que j’ignore, ça me semble compromis pour lui. Je crois que mon ambassade auprès du duc va vraiment décider de la vie de beaucoup de gens.
La pression me fait vraiment pas du bien, oh non.

Bon. Où est-ce que vous allez quand vous avez un spleen ? C’est bon. J’ai les idées claires. Claires, mais encore noires. Encore trop vives et douloureuses. J’ai réussi à faire taire les voix en moi, mais du coup j’ai peur qu’elles reviennent. J’ai peur de trop penser, et de trop ruminer. Vous avez peut-être un conseil pour moi ? Méditer. Sortir faire une promenade. Aller voir des gens que vous aimez – oh mince, cette dernière option est un peu foutue pour moi. Tant pis. Je vais prendre le choix commun, celui de base qu’adorent pratiquer la majorité des individus sur Terre.
Je vais me mettre une putain de grosse race.

Je vous ai dis que Derrevin était en train de s’endormir et qu’il y avait plus personne dans les rues à part des gens en armes sur les sentiers et les murs de garde ? Pardon, j’avais pas tout à fait raison. Il y a un endroit qui vit encore, qui est encore très bien éclairé et d’où émane de la vie : La taverne, bien sûr. Quoi d’autre ? Je dois pas être le seul à penser qu’après une dure journée, le meilleur remède c’est encore de se flinguer la gueule avec de l’alcool.
C’est pas un beau bâtiment. On dirait une chaumière, sauf qu’elle est plus grande que les autres et qu’il y a un étage, ce qui est assez incroyable pour une construction de paysan. Ça menace pas de s’effondrer parce que c’est bien charpenté en bois, mais je donne pas cher de l’ensemble en cas d’incendie – ça a l’air bon à flamber d’un coup comme une torche. Par contre, il y a une grande vitre, et ça c’est déjà un sacré signe de richesse – dans une grande ville comme Bordeleaux, toutes les maisons et tous les commerces ont des fenêtres, mais dans un patelin paumé comme celui-ci ça relève vraiment plus du luxe, vu comment le verre coûte cher et que la chaleur s’en échappe ce qui est pas pratique en hiver. Mais que voulez-vous ? Dans une bourgade paysanne, les deux endroits de marque c’est le coin religieux (Généralement un autel à Taal et Rhya), et le coin où on se bourre la gueule. De l’extérieur, je peux donc voir qu’il y a bien de la lumière, alors que la cire de bougie ça coûte cher, et que ça rie beaucoup. Sur la devanture se trouve un joli petit panneau en bois sur lequel quelqu’un a gravé le dessin d’un verre de vin, avec le nom de l’auberge : « Chez Jacquot ». On fait pas dans l’originalité ici. Faut dire 80 % des gueux Bretonniens s’appellent « Jacques » ou « Pierre » alors j’en ai croisé des dizaines des échoppes qui s’appellent « Chez Jacquot » ou « Chez Pierrot ». Hey, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Dans certaines seigneuries y a des barons qui vont jusqu’à interdire aux parents de paysans de donner à leurs enfants de trop jolis prénoms, donc Jacquot aurait pu tomber pire.

Quand j’ouvre la porte une petite clochette au-dessus du battant retentit pour annoncer ma présence. Je ferme vite derrière-moi et jette un œil dans la taverne. Y a un tas de regards qui se posent sur moi. La plupart ne durent qu’une fraction de seconde avant de retourner vers ce qu’ils sont en train de faire. La taverne est assez grande, mais disons que ça dépend ce que vous appelez être grand : En tout cas assez pour permettre à plusieurs personnes d’être réunies autour de plusieurs tables. J’aperçois dans un coin des gens en train de jouer aux cartes. Je tourne mon regard vers eux alors que je m’avance en avant, puis je tourne ma tête dans tous les sens pour scruter un peu. Ouais. Du monde. Je croise que des bonhommes. La plupart portent des tuniques, comme il commence à faire un peu froid certains ont sorti les bonnets et des pardessus en toile pour se réchauffer. Ils ont des souliers sales, je remarque qu’un, ou deux sont pieds-nus. Ils ont tous des godets en terre cuite à portée de main – la taverne est pas assez riche pour avoir une vraie vaisselle en verrerie, mais bon, du moment qu’ils ont à boire.
D’ailleurs je m’approche d’un petit pas vers le comptoir. Je remarque que quelqu’un passe derrière pour ouvrir une porte, et à l’intérieur, je vois une pièce dans l’obscurité, soudainement illuminée par toute la lumière de la grande salle : il y a des paillasses là-dedans, et des gens assis dessus qui sont réunis ensemble. Des gens qui dorment à même le sol. Le bruit doit peut-être les déranger s’ils veulent se reposer, mais je pense pas qu’ils soient du genre à se plaindre, vu qu’ils sont quand même mieux ici que dans les tentes dehors. Il doit faire sacrément froid la nuit.

Un monsieur s’approche de moi de derrière le comptoir. Un type grassouillet, moustachu, avec une petite calvitie qui commence à attaquer ses cheveux noirs. Il me fait un grand sourire très agréable, alors je le juge sympathique de prime à bord. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui parlent ou qui rient fort, à se raconter des anecdotes idiotes sur untel ou untel que j’écoute à peine, le mec du comptoir est obligé d’un peu hausser la voix : Elle rugit, c’est évident que c’est le tenancier de l’auberge et qu’il est habitué à hausser le ton pour se faire entendre au milieu du brouhaha.

« Salut messire ! Si vous voulez dormir ici je suis désolé, toutes les chambres sont remplies !
– Salut mon brave », je répond avec un petit sourire chaleureux : je suis content d’enfin entendre un gueux me vouvoyer, ça change de Carlomax on va pas se mentir. « Cela ira, ne te fais pas de soucis. Je vais juste prendre à boire.
– ‘ben je vais pas avoir beaucoup de choix je vous avoue.
– Je cherche pas du kvas ; Mets-moi un verre de vin.
– Vous voulez manger un truc avec sire ?
– Mais enfin mon brave, le vin c’est pas de l’alcool, c’est un aliment. »

Ma plaisanterie fait rire l’aubergiste, mais je me demande si c’est pas un rire forcé comme les commerçants adorent faire – le client est toujours drôle, si ça peut lui faire plaisir. Maintenant qu’il le dit en revanche, c’est vrai que j’ai un peu la dalle. Mais on va ouvrir avec un peu d’alcool avant de se remplir l’estomac.
Et puis, quand on a le ventre vide, l’alcool fait effet plus vite. Ça permet donc d’en économiser. Malin, hein ?

Le temps qu’il me serve, je me retourne et pose mes mains sur le comptoir pour mieux observer les clients. Je regarde de table en table. Que des hommes. Que des gueux. Pas la moindre trace de preux chevaliers, que ce soit en harnois ou en doublet. Tout le monde a les pieds sales de terre, ou bien semble revenir du Gilleau avec leurs pieds-nus. Pas de femme, non plus. Ah si. Y en a une qui est sur les genoux de quelqu’un. Vu comment le bonhomme sur lequel elle est assise se permet, en public, de tirer sur son corsage pour mieux voir dedans, je devine qu’il s’agit pas de son épouse. Ah, et une autre tiens : Une gosse chétive, toute petite, avec les joues creuses et des tâches de rousseur, qui vient attraper des pintes de bière que l’aubergiste a posé sur le comptoir. La scène me choque affreusement – comment autant de gens peuvent ainsi sciemment demander à boire de la bière ? Ce manque de goût me répugne.
Tiens, je croise le regard de quelqu’un. Sur une des tables, des types m’observent. Plutôt que de s’occuper de leurs discutes ou d’un bon jeu de dès, ils choisissent de me regarder. Et ils parlent à voix basse, entre eux. Quand je croise leurs mirettes, ils font le choix conscient de bien tout les quatre me regarder alors qu’ils continuent de conspirer. Hm. Ils ont des sales gueules. Enfin, en vrai, leurs gueules sont pas si différentes de Jacquot l’aubergiste – mais la différence c’est que Jacquot lui en arrivant il m’a fait un sourire, il s’est pas mit à me regarder bizarrement. Je crois que je reconnais l’un d’eux. Il était à la messe, enfin, non, il était au service avant la messe, là où j’ai prié avec Margot. J’ai très envie de le provoquer. De le mettre à l’index en criant à voix haute « Qu’est-ce que tu regardes ? » avec une sale grimace. Mais Jacquot pose gentiment un godet de vin à côté de moi et il est trop gentil pour que j’aie envie de foutre le bordel.

« Hésitez pas si vous avez besoin d’autre chose, messire.
– Oui, bien sûr, ça ira pour l’instant. Merci. »

Tu m’étonnes qu’il ait pas envie que j’hésite. Il doit croire que j’ai du pognon. Et c’est vrai que j’en ai, j’ai peut-être dans ma bourse plus que ce que gagneraient ces paysans en une année de boulot, voire deux. Paysan c’est un métier difficile en Bretonnie, et avec les droits seigneuriaux ça rapporte pas beaucoup – certes, quand le seigneur est juste et qu’il s’attache à la prospérité de son fief, ça permet d’entretenir les fours, les moulins, les routes et les chaumières, mais c’est pas pour autant que du jour au lendemain ils vont avoir assez d’argent pour vraiment faire quelque chose de leur sort.
Mais qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? C’est pas mon problème.

Merde, à m’interrompre du coup j’ai arrêté de regarder les types qui me… ah oui. Qu’est-ce qu’ils ont à me regarder ? J’ai bien envie d’aller leur mettre la tête au carré. Ils m’ont prit pour qui ? Franchement, des sous-races comme ça, des gueux immondes de leur genre, ça me donne envie de les discipliner par le fouet. Ça me donne envie de leur faire bouffer leurs dents avec-

-OH ! TRIBOULET !

Je l’avais même pas remarqué en arrivant ! Il est là ! Un peu au fond de la taverne, le pif rouge et en train de rigoler aux éclats. Rien que de croiser sa gueule d’ivrogne attardé, j’ai un énorme sourire aux lèvres. En voilà un qui va enfin me remonter le moral après tout ce que j’ai vécu aujourd’hui. J’attrape mon godet de vin et je m’élance tout droit vers sa table. Je remarque qu’il parle avec Félix, le troubadour de tout à l’heure, qui est aussi en train de rire – mais d’un rire quand même plus poli et moins sonore que le braillement insupportable de Triboulet. Je remarque aussi que Maussade est là. Elle, contrairement à ses deux compagnons de table, n’a pas de verre à la main. Et elle me regarde aussi, tout droit.
Mais c’est quoi le problème des gens ici, à me regarder ?

« Bah alors Triboulet ? » Je crie très fort pour avoir l’attention de mon valet qui se retourne sur son tabouret. « Me dis pas que tu bois sans moi ?
– Eh ! S-sieur Armand ! Comment va ?! »

Merde, il est déjà complètement pété. Il se lève et se gamelle presque de son tabouret, ce qui fait que je me crispe un peu ; heureusement il retrouve son équilibre tout seul et ne m’oblige pas à m’élancer pour le rattraper et l’empêcher de se faire mal. Tout pataud comme un chien, il s’approche de moi pour me tendre sa main. Ça se voit qu’il hésite à la manière d’être affectueux envers moi. D’ordinaire, j’ai horreur qu’il me touche ou qu’il paraisse trop aimable en public.
Mais d’ordinaire je n’ai pas échappé à la mort, été convalescent pendant des jours, retrouvé une personne de mon passé que j’aimais, observé une marque immonde sur son dos, puis été condamné à être séparé brutalement de cette personne après avoir été traité de lâche par une prêtresse du culte de Shallya. Oui dit comme ça j’ai quand même eu une longue semaine. Alors du coup, j’étends mes bras et attrape Triboulet pour le serrer très, très fort contre moi. Il passe ses mains dans mon dos et le tapote. On se fait une courte étreinte, qu’on brise vite pour faire semblant de lutter : On pose nos fronts l’un contre l’autre, on se fait un tête-à-tête violent dans lequel on mesure nos forces respectives. Comme on est tous les deux de bons garçons pas chétifs, même si c’est vrai que j’ai des épaules un peu courtes, ça fait que j’ai pas l’ascendant sur lui, et inversement.
Bon allez, faisons pas trop les zouaves quand même. Je met fin à la fausse lutte en donnant un coup du plat de ma main sur son torse et en pivotant mon corps, sinon il était parti pour essayer de me faire une clé de bras. Tout sourire, je fais un hochement de tête à Félix et Maussade.

« Bonsoir à vous deux. J’espère que Triboulet vous embête pas trop ! »

Je regarde un peu derrière moi pour voir s’il y a de quoi m’asseoir. Triboulet me tapote sur l’épaule et trottine – ce qui m’inquiète, parce qu’il est ivre et risque de se gameler magistralement – pour aller me chercher une chaise. Moi, ça me permet de faire face à Félix.

« Est-ce que je peux vous payer à boire ?
La belle jeune fille à côté de vous ne prend vraiment rien, même pas un verre de lait ? »


Je me sens taquin tiens. Je vais lui commander un verre de lait à la Maussade. Si on peut pas communiquer en parlant on peut toujours trouver d'autres moyens.
Jet de perception d’Armand, demandé à Katarin : (INI+INT)/2 = 9
Jet : 1, réussite critique.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 07 août 2019, 09:15, modifié 2 fois.
Raison : 6 xps, +1xp pour avoir fait la description de taverne car j'avais la flemme :D / Total d'xp : 87
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

- Bien au contraire, répondit Félix avec un grand sourire alors qu'il invitait Armand à s'asseoir sur un tabouret libre, c'est un excellent compagnon de tablée, qui ne manque jamais d'histoires à conter. Il nous parlait justement de vous, et de votre duel contre un mystérieux chevalier de rouille... vous auriez survécu à une fosse à pieux, puis à un ennemi en armure alors que vous ne portiez qu'une simple chemise : sacrée journée !

Il fit un clin d’œil à Armand, avant d'évaluer sa réaction, puis d'éclater de rire en frappant dans le dos de Triboulet.

- Merde alors, c'était vrai ! Je n'aurais pas du mettre en doute ta sincérité Triboulet ! Hors de question que ce soit vous qui invitiez alors, sire !

Levant la main, il se mit à gueuler à travers l'auberge pour alpaguer le tavernier.

- Hey Jaquot ! Envoie ta meilleure bouteille d'hydromel pour le sire Armand ! Le type est un maître épéiste qui part affronter chevaliers fous et spectres dans les tumuli, il sauve la jeune fille en détresse, et il atterrit dans la seule ville où y a plus un seul chevalier du royaume pour le féliciter de son héroïsme - il peut au moins picoler un truc décent tu crois pas ? Et mets-en une deuxième pour qu'il l'emporte en souvenir !

Profitant de l'intervention de Félix, le chevalier interpella lui aussi l'aubergiste afin d'ajouter à sa commande un verre de lait pour la kislévite, ce qui déclencha chez le ménestrel un rire supplémentaire : il semblait adorer l'idée, quoi que paraissait un peu inquiet.
Maussade haussait un sourcil curieux en examinant Armand, ne le lâchant pas du regard une seule seconde. Lorsque le gobelet de terre cuite rempli de lait arriva devant elle, elle observa son contenu pendant plusieurs longues secondes, avant de saisir le contenant d'une main, et de se lever en jetant un regard terrible au chevalier. D'un geste vif, elle jeta tout son contenu au visage du sire de Lyrie, éclaboussant aussi bien ses cheveux, sa barbe, et sa chemise.

Puis, aussi incroyable que cela puisse paraître, Maussade sourit. Sur sa vilaine trogne, ça ressemblait à une grimace carnassière, celle d'un prédateur prêt à jouer avec sa proie affaiblie, un affreux rictus dont la lèvre retroussée se mettait dans l'axe de son cette gigantesque cicatrice sur sa joue qui remontait jusqu'à son oreille, sur le côté de son visage où son crâne était rasé - mais c'était un sourire.

- Que la Dame vous protège, Maussade vous apprécie. Fuyez la ville tant que vous le pouvez Armand !

La guerrière, toujours levée, se saisit de la bouteille d'hydromel et la déboucha avec les dents, recrachant le bouchon au sol avant de s'en descendre un bon tiers en quelques secondes. Elle la reposa ensuite avec tant de force sur la table en bois que l'impact fracassant qui s'en suivit fit sursauter plusieurs paysans, interrompant quelques conversations. Puis elle se mit à s'approcher du chevalier. Elle le fixait de haut : elle devait faire quelques centimètres de plus que lui. Son sourire avait disparu : au contraire, elle avait retrouvé sa trogne de terreur. Impossible de savoir quelles étaient ses intentions : elle se contentait de franchir pas après pas la distance les séparant, faisant fi de toute règle élémentaire de savoir-vivre au sujet de la proximité tolérable entre deux inconnus.

Elle s'arrêta juste à côté de lui, puis leva les poings serrés pour faire craquer les articulations de ses doigts. Il comprit alors son erreur : ce n'était plus lui qu'elle regardait, mais quelque chose derrière lui. Tournant la tête, il aperçut alors le groupe de quatre fermiers qui l'avaient observé avec des mines patibulaires lors de son entrée dans les lieux, et qui s'étaient désormais levés pour approcher sa table. A leur attitude, ils n'étaient pas venus pour féliciter Armand de son héroïsme - néanmoins, la vision de la guerrière prête à en découdre sembla diminuer leurs ardeurs combatives, puisqu'ils gardèrent une distance de sécurité raisonnable avec leur objectif.

- Et bah alors, sire, au lieu d'être au chevet d'Margot comme l'ami qu'parait qu'vous êtes pour elle, vous v'nez picoler avec vot'ami l'poivrot ? Moi j'parie qu'vous avez voulu utiliser vot'titre pour dérober not'Margot, mais qu'les soeurs vous ont foutu dehors, alors vous tentez de v'nir ici mett'vot'bite dans l'premier trou v'nu même s'il est franchement dégueulasse.

Ses trois compagnons s'esclaffèrent de la plaisanterie, même si tous semblaient en même temps jauger la réaction de l’intéressée, comme par crainte qu'elle ait soudainement appris le bretonnien. Cette dernière ne réagissant pas à la provocation, il s'enorgueillit de sa première pique tandis que Jacquot tentait de rétablir le calme.

- Arrête tes provocations Rémon. T'sais bien qu'sire Armand est sous la protection d'Carlomax. C'pour ça qu'la géante est là.

- Ta gueule Jacquot. Carlomax et sa grande pute peuvent aller s'faire foutre, il dit qu'il protège Margot mais il a pas hésité à r'fourguer à l'aut'noble qu'est v'nu la dernière fois pour l'envoyer dans la forêt d'Chalons. Elle s'est faite tirer d'ssus, et les sœurs disent qu'elle boit'ra sans doutes à vie ! C'pas à lui d'décider : Margot c'moi qu'vais la protéger maint'nant, et j'vais commencer par c'sire d'mes deux. Margot elle est arrivée ici en pleurs et malheureuse. C'est bien qu'son "ami d'enfance", l'était trop à chier pour la protéger non ? D'vait êt'trop occupé à prier l'malin avec sa famille d'dégénérés... et ouais, d'Lyrie, on a entendu parler d'toi. T'es l'même genre d'noble qu'Binet, l'genre qu'faut purger. Ton héroïsme c'est des conn'ries, l'seul témoin qu't'as c't'un ivrogne abruti qu'tu trousses sans doutes quand l'est ivre mort. Margot c'est une femme pure, t'as pas à l'approcher, t'as compris l'baiseur de ch'vaux ? Elle est à nous, et tu nous la prendras pas. T'es pas l'bienv'nu, alors tu vas t'casser d'Derrevin, maintenant.

Si le brouhaha général s'était tu, nombreux étaient désormais ceux qui chuchotaient entre eux dans la clientèle de la taverne. Certains signalaient ensemble leur assentiment, manifestant que oui, il fallait à tout prix "protéger Margot", et levant eux aussi le poing pour encourager le groupe de Rémon. D'autres au contraire semblaient hésiter à intervenir pour empêcher le trouble-fête de faire des dégâts : ils semblaient n'apprécier ni son comportement, ni son jugement à l'égard de Carlomax. Les derniers quant à eux étaient déjà en train de s'embrouiller avec leurs voisins de tables, chacun y allant de son argument pour expliquer pourquoi il serait le plus désigné pour être le protecteur de Margot.

Le dénommé Rémon semblait plutôt fier de son petit effet. La trentaine passée, il portait sur sa bedaine un tablier brun recouvert de tâches grisâtres, qui puait le vieux poisson. Il avait une voix grave portée par un bon quintal de gras et de muscles, qui s'échappait d'une bouche en partie édentée entourée par une barbe brune hirsute dans laquelle des gouttes de bière étaient encore accrochées.
Ses trois compagnons n'avaient pas pareil gabarit : plus secs, ils n'en restaient pas moins des pêcheurs et des fermiers du même âge que Rémon, des hommes habitués à faire travailler leurs muscles douze heures par jour depuis des années.

- Putain, Carl avait raison...

Derrière Armand, deux bruits de tabouret raclant le sol se firent entendre, suivi d'un cri effrayé et d'un bruit sourd. Félix et Triboulet venaient de se lever pour soutenir le chevalier, mais ce dernier avait perdu l'équilibre et sa tête avait percuté la table dans sa chute - c'est inconscient qu'il gisait désormais au sol.


+1 PdC Shallya pour prière, et retour sur le droit chemin \o/
Jet de charisme d'Armand, malus de 2 car Maussade n'est pas très réceptive : 8, réussi tout juste !
Jet de résistance à l'alcool de triboulet : 19, joli raté :D

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Mais qu’est-ce que Triboulet est allé raconter ? J’ai toujours ce petit sourire en coin légèrement gêné, tandis que Triboulet me pose un tabouret au sol pour que je puisse bien asseoir mes fesses dessus. Je remue légèrement la main alors que je rassure vite Félix sur les racontars de Triboulet.

« Oh, la chose est un peu enjolivée… Déjà, il y avait pas beaucoup de pieux dans cette fosse. Et puis, le pauvre hère que j’ai combattu tenait plus du malade qui aurait mérité la félicité de Shallya pour l’aider plutôt que de devoir m’affronter – j’ai essayé de raisonner avec lui d’ailleurs, mais malheureusement, raisonner avec homme dangereusement armé m’a mit en danger autant que lui. Si je suis encore en vie pour parler avec vous ici, c’est uniquement grâce à l’intervention de l’autre chevalier qui était avec moi – il me semble qu’il est bien venu jusqu’à Derrevin, et qu’il est resté un moment à mon chevet ? »

Mais vous savez ce que c’est, le problème, quand vous êtes modeste face à un accomplissement ? Les gens sont encore plus persuadés que vous dites la vérité. Bah oui. Si un type invente mille racontars et qu’il se met à sortir des dragons et des jarls Norsiens de nul part, les gens vont lever les yeux au ciel avec des petits « ben voyons ! » pour ponctuer le récit – à moins que vous fassiez rimer tous les accomplissements fantastiques, dans ce cas, on appelle ça une chanson de geste et c’est la base de tout le système d’amour courtois Bretonnien. Du coup, Félix semble vraiment impressionné – alors qu’il y a vraiment pas de quoi, je n’ai fais que mon devoir madame – et me commande de l’alcool.
Eh bien, ça me fait encore plus sourire. J’arrête pas de sourire. C’est rare ces derniers temps. Bon c’est vrai que j’aurais préféré recevoir des congratulations polies, retenues et pincées d’un duc, ou bien le baiser sur la joue froid et sinistre d’une Damoiselle, mais c’est comme ça dans la société aristocratique où on parle avec un ton apprêté et en cachant bien nos émotions.

Triboulet me tape dans le dos et me le pince. Je grogne un peu pour de faux et lui donne une petite gifle, qui lui décroche également un rire nasillard. Le problème c’est qu’il a prit de l’avance sur moi, il est déjà fin pété alors que je suis sobre comme un chameau (Le chameau y paraît que c’est un animal d’Arabie, je le sais parce que j’ai un ancêtre qui a participé aux Croisades ! Trop la classe hein?!) et toujours affligé de mon spleen. Mais qu’il attende que je le rattrape : une fois une bonne quantité derrière la cravate on peut devenir de vrais fous furieux insupportables, j’espère juste pas perdre ma bourse dans la bacchanale.

« Hey ! Heu, mon brave ! » Je hurle de toutes mes forces en me retournant à l’intention de Jacquot afin de le retenir, vu qu’il était déjà en route pour servir la commande de Félix. J’ai une main toujours dressée vers Triboulet pour l’empêcher de me prendre en traître. « T’as pas… T’as pas du petit lait qui traîne ? J’en offre un à la damoiselle ! »

Je fais un tout petit sourire que j’essaye d’estomper en levant mes yeux vers la trogne couturée de l’étrangère. Je dois avoir la même tête qu’un gamin qui essaye de cacher sa plaisanterie dont il est trop fier – et avec Margot, qu’est-ce qu’on en faisait des plaisanteries, des cachotteries d’enfants qui m’amusent encore même si c’est plus par bête nostalgie qu’autre chose. Ça me fait mal d’y repenser maintenant. Mais allez, hop, on se siffle quelques verres, et bientôt Margot ne sera plus qu’un souvenir, à moins d’avoir la malédiction de l’alcool triste et que je finisse roulé en boule dans un coin, mes mains couvrant mes yeux, à pleurer toutes les larmes de mon corps. J’aurai l’air con.

En tout cas, Félix a l’air trop ravi de ma commande. Il a exactement la même tête que moi. Triboulet, en revanche, cesse soudainement de m’embêter et affiche des gros yeux inquiets. Il se met même à balbutier.

« Heu… M-messire, zêtes sûr que c’t’une bonne idée ?
– Chuu… Chut-chut, Trib’. »

Je regarde Maussade droit dans les yeux avec mon petit sourire en coin. Je lui fais même un clin d’œil. Elle, elle a l’air plus suspicieuse qu’autre chose, au départ ça me fait trop rire mais en fait mon petit sourire d’enfoiré se met à progressivement s’estomper jusqu’à complètement disparaître lorsque Jacquot revient avec la commande. Je vous jure elle est terrifiante. Je commence à me demander si c’est une bonne idée.

Enfin, je « commence » à me demander parce que j’ai pas tellement le temps d’y réfléchir plus de dix secondes, alors qu’elle regarde ce qu’il y a dans son verre. Elle me le balance au visage. Je suis tellement surpris que je bondis un peu sur mon tabouret, et ensuite j’ai les yeux qui s’écarquillent. Je dois devenir tout blanc, totalement choqué. Pendant un instant je me l’imagine déjà me ruer sur moi, me foutre à terre et commencer à me rouer de coups : Et je peux même pas crier que c’était une plaisanterie, vu qu’elle parle pas la langue !
Et puis après elle a sourit. Enfin, « sourit », disons qu’elle a sourit avec une tête atroce. Félix s’est mit à rire. Triboulet aussi. Alors moi aussi j’ai forcé une petite grimace toute tremblante, tout en faisant un petit rire très forcé, semi-terrifié.

« Ahaha, ouais, c’est… Héhé… Ouais c’est drôle… C’est drôle parce que… Haha. »

Elle arrache le bouchon de la bouteille d’hydromel et le cogne contre la table. Du coup j’arrête de rire mais je garde la bouche ouverte. Oh bon sang. J’en ai vu des choses étonnantes dans ma vie. Mais faut que vous compreniez, pour moi, la figure féminine typique, c’est une jeune femme toute maigre et diaphane, ou ronde et dodue quand c’est une mère de famille ; en haillons ou en robe, selon son niveau social. Mais dans tous les cas, tout ce que j’ai jamais vu, c’est des femmes en infériorité. Que ce soit par des gestes contenus et des paroles froides en milieu aristocratique, ou parce que leur mari leur gueule dessus comme du poisson pourri en public quand c’est des paysans, et allez pas croire que la classe intermédiaire des bourgeois traite mieux leurs épouses, même quand elles savent lire et tenir leur comptabilité. Je n’ai jamais vu une femme me jeter quelque chose à la figure. Ni faire un raffut suffisant pour attirer l’attention de tout le monde. Ni descendre le tiers d’une bouteille – même moi j’y arrive pas ! Ou alors je vomis dans les deux minutes qui suivent !
Je suis bouche bée ouais. Je sais pas si je suis terrifié ou fou amoureux.

J’ai eu le temps d’être amoureux d’elle genre deux secondes. Parce qu’elle se rapproche de moi juste ensuite et je redeviens terrorisé. Alors que je me forçais à rire parce que c’était rigolo que maintenant j’étais tout trempé et couvert de lait (Pitié Maussade me frappe pas j’ai trouvé ça drôle !), j’essayais de faire rentrer ma tête dans mes épaules comme une tortue, tout petit face à son regard. Elle aurait pu siffler en faisant un geste du pouce pour indiquer la porte, je serais parti immédiatement en trottant. Mais, merci la Dame, ce n’est pas pour moi qu’elle recommence à faire sa tête de terreur. C’est pour des gens derrière moi. Et si je peux être terrifié devant une femme capable de me boxer, c’est pas du tout la même devant des bonhommes. Surtout des gueux.
Je reste bien assis sur ma chaise, n’affichant que mon dos aux malotrus. Je tourne même pas la tête pour les écouter. À la place, je me penche au-dessus de la table pour récupérer la bouteille d’hydromel que Maussade a ouverte, et je m’en sers un verre. Contrairement à elle, je n’ai pas le courage de boire au goulot. J’affiche un air nonchalant envers mes camarades, comme si de rien n’était, mais en vérité j’ouvre grand, très très grand mes oreilles pour écouter ce qui se dit derrière moi.

Ça commence par insulter Maussade. Ça va, ils prennent pas trop de risque, ils affichent vraiment un « courage paysan » – courage paysan, vous avez compris la blague ? Je veux dire, quand on fait un duel de chevaliers, on se lance pas des insultes de gros gueux, au contraire, on se respecte, et à la fin du combat on relève le type qui a perdu. Mais les gueux c’est pas pareil, ils ont pas cet honneur qui rend notre race supérieure, pour ça qu’on les fouettes d’ailleurs. Par contre, plus étonnant, il insulte ouvertement Carlomax – le Sans-Visage Herrimault ne ferait donc pas l’unanimité ici ? Ça peut être compréhensible. Mais étant donné que Carlomax semble avoir un quotient intellectuel bien supérieur au sien, ce qui me laisse dire que Carl est très probablement un bâtard de noble, il ferait bien de fermer sa gueule. Pour autant, c’est pas pour l’honneur de ce hors-la-loi sympathique que je me sens piqué.
C’est son rapport fort étrange à Margot.

C’est quoi son problème, sérieux ? « Notre » Margot ? Après, je dois dire que je suis quand même un peu vexé qu’il retienne bien le nom de Lyrie et pas celui de Ternant, c’est la rançon de l’infamie tiens ; que mes parents soient Slaaneshi, certes, mais ces enfoirés c’était des Slaaneshi célèbres, pour ça qu’Evrard de Cobie m’a conseillé de ne pas dire mon nom à voix haute à tout le monde quand je l’ai rencontré dans cette auberge, quoi que maintenant que je sais qui était le chevalier qu’il était venu chercher…

Bref. Moi, ça me fait rire. Oui je déconne pas. Je dis pas ça pour faire mon pédant héroïque, genre : « et même que quand je me fais menacer moi je souris vous avez vu comment je suis trop courageux ?! ». Non, je souris vraiment. Je sais pas trop pourquoi. Pour le provoquer comme une canaille ? Ou juste parce que c’est vraiment trop hilarant, un gueux immonde qui pue le poisson qui est persuadé qu’il peut protéger Margot ? Le seul problème, c’est qu’ils sont quatre. Un seul attardé, ça va, mais quand ils sont en groupe, c’est gênant.

J’ai un groupe moi aussi pour me protéger, quelle chance ! Félix et Triboulet se lèvent pour accompagner Maussade, et – Oh putain, Triboulet ! Je me raidis dans mon tabouret et tend la main pour retenir sa chute, mais non, il se gamelle n’importe comment. Et voilà ! Et voilà ! Je vous l’avais dis, non ?! À toujours boire ce qui devait arriver arriva ! Ah mince, je suis autant en colère que je suis inquiet ! Et j’aimerais bien me ruer sur lui pour vérifier qu’il a rien, mais c’est pas possible. Du coup, je me lève en soupirant, après avoir descendu mon verre d’hydromel, et je me retourne pour faire face aux malotrus. Toujours avec ce grand sourire sur mon visage.

« Quel courage inspirant Rémon ! Un véritable paladin, à faire pâlir d’envie le Bon Roy Louen ! »

Je crie tout fort dans l’auberge, avec une fausse voix grave. Invoquer le nom de Sa Majesté Louen Cœur-de-Lion, généralement ça a son petit effet auprès de la paysannerie. C’est que notre Roy a une aura providentielle et messianique auprès d’eux. C’est un homme juste. Des hommes justes il y en a très peu en Aquitanie. Alors rêver qu’il vienne tous les sauver, ça doit aider pas mal d’entre eux à garder l’espoir chaque jour. Espérons que cette aura rejaillisse un peu sur le Duc que Louen a nommé dans notre pays.

« Tu vois au départ, j’étais très inquiet. Je pensais que Margot était en danger ici. Que lorsque le cruel sire de Maisne viendra avec son ost et ses soudards, il y ait quelques pleutres trop braillards de ton espèce qui leur ouvrent grand les portes pour tenter de sauver leurs misérables vies, quitte à offrir celle de tous leurs voisins ; Mais t’es pas ce genre de personne Rémon, hein ? Preux guerrier, toujours en première ligne, tu vas garder ma Margot de minotaures et d’orques noirs par la pureté de ton cœur !
Rémon le preux ! Rémon l’héroïque ! Rémon le fauve ! Putain, j’ai envie de t’applaudir ! »


Poings sur les hanches, énorme sourire carnassier, je fais un pas en avant.

« Allez, Rémon. Raconte-moi tes braves faits d’armes, toi aussi. Et je suis sûr que, contrairement à moi, tu trouveras de nombreux témoins ici ! Qu’as-tu fais pendant la bataille de Derrevin ? Est-ce que tu étais le premier à franchir la porte ? Est-ce que tu as défié Binet en duel singulier ?
Où étais-tu, pendant que Carlomax et ses herrimaults se battaient ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 07 août 2019, 12:36, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 93
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
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- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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