Toujours est-il, Jeanne laissa Katya se débrouiller avec son for intérieur. La chevaleresse retourna sur la route, où elle découvrit comment le Tiléen était parvenu à calmer instantanément son âne. Fabrizio se retourna, une main tenant les rênes de la bête, l’autre sur sa hanche. Il avait un grand sourire très chaleureux à l’intention de Jeanne, un beau sourire qui se transforma en rire très clair à pleines dents – la plupart jaunes et mal alignées d’ailleurs – en entendant son remerciement.
« Chanceux ? Ahaha ! Chanceux ! Quelle mauvaise foi, ma toute belle ! » S’esclaffa le Tiléen, ayant probablement reprit le terme qu’avait utilisé Jeanne comme une pique amicale. « T’en connais beaucoup toi des tireurs qui peuvent coller une balle dans l’œil d’une peau-verte ? Chanceux ! Ahlàlà ! Chanceux, chanceux ! T’as de la chance que je le prenne avec amusement, t’as de la chance, toute belle, sinon je serais capable de me vexer ! »
« Aaah… La toute belle… T’as été courageuse, tu m’impressionnes… Mais, tu vois, je tiens à toi. Ouais, crois-moi ! Enfin, disons que t’es jeune, et gentille, c’est rare de trouver des gens avec ton courage dans les Principautés, j’ai plus de chance de tomber sur des violeurs et des rapaces que des vierges guerrières comme toi – Tiens tu me fais penser à Myrmidia, oui, je rigole pas ! Et nous en Tilée, Myrmidia c'est du sérieux ! C’est pour ça, pour te préserver, que je te conseille de ne pas me poser de questions sur mon fret…
Je ne fais rien d’illégal ! Mais la Bretonnie c’est un pays bizarre. C’est pas parce que quelque chose n’est pas prohibé, que c’est toléré pour autant… Aussi, tu n’es pas une de mes caravanières. Je ne te rémunère pas. Si on te pose des questions, si on te soupçonne de quoi que ce soit, tu ne risques rien. Donc, pour continuer à te préserver, je préfère ne rien te dire.
Tu comprends, la belle ? N’est-ce pas ? »