-Est-il possible que vous l’ignoriez ? Y aurait-il donc un endroit sur cette terre où le chaos n’aurait pas porté sa souillure ? Si c’est le cas, messire Khem, alors vous venez d’un endroit béni des dieux.
Pour vous répondre en quelques mots, les chaotiques sont les fidèles des dieux sombres, rassemblés dans une entité appelée « chaos ». Ils vivent au Nord, bien au-delà des terres impériales et kislévites -un pays au Nord de l’Empire-.
Nombre d’entre eux étaient autrefois des humains, mais l’influence du chaos corrompt le corps comme l’âme, après un certain temps. En d’autres termes, il est la cause de mutations. Les chaotiques sont le reflet de leurs dieux, qui sont les aspects les plus abjects et les plus répugnants de notre monde. La maladie, la luxure, la violence forcenée et la mutation, principalement. On raconte également, mais j’ignore si cela est vrai, que les mages qui ne sont ni des demoiselles du graal, ni des fées, ni des elfes ou des impériaux des Collèges de Magie, tirent leurs pouvoirs du chaos.
Ils ont des adeptes partout –enfin, je le croyais, mais apparemment pas jusqu’à votre pays-, infiltrés et caché dans nos sociétés mêmes, où ils répandent en secret la corruption. Ceux-là sont des lâches qu’il est difficile de détecter et de châtier. Mais d’autres chaotiques existent, ceux qui vivent au Nord. Ce sont des monstres barbares assoiffés de sang, de sacrifices humains et d’esclaves. Ils sont incroyablement forts, certains ont même des capacités dépassant de loin celle d’un humain normal, car leurs dieux leur offrent des faveurs bien souvent à double tranchant, mais qui en font de redoutables guerriers. Ils forment fréquemment des armées de la mort qui descendent jusque sur les terres civilisées. A leurs côtés marchent d’innombrables démons –des créatures monstrueuses impossibles, contre nature-.
Dans leur sillage, il n’y a que mort, souffrance, dépravation, servitude. Le chaos est opposé à toute idée d’ordre, de logique, et même de vie. C’est le mal absolu, sans aucun conteste l’ennemi le plus redoutable de tous, et je pèse mes mots.
Tout le monde avait écouté la réponse de Thibault, et la grande majorité de l’assemblée acquiesça à ses paroles. Comme pour confirmer les dires du jeune chevalier, le second des fils du comte-paladin, Henri de Valfleuve, malgré son éloignement à la table, renchérit :
-Tout ce que vient de dire sire Thibault de Pongevin est rigoureusement exact. Par chance, nous autres bretonniens sommes relativement éloignés des routes d’invasion terrestres du chaos. Nous avons surtout affaire, outre la corruption intérieure, aux hordes de pillards et aux armées d’invasion de nordiques qui arrivent par bateau et ravagent nos côtes.
Cela-dit, récemment, lors d’une attaque majeure du chaos qui a fait des dizaines de milliers de victimes au bas mot, notre bon Roi Louen Cœur-De-Lion a déclaré une croisade contre les chaotiques, et nous sommes tous partis aider l’humanité, l’Empire et le Kislev à se débarrasser de ce fléau.
Et les conversations reprirent, portant sur la campagne contre la dernière invasion du Chaos, nommée Tempête du Chaos, la dangerosité des mutants et la punition de l’ennemi intérieur. Puis, le repas terminé, les convives quittèrent la table et retournèrent à leurs chambrées pour y profiter d’une bonne nuit de sommeil réparatrice.
Le lendemain matin, après que chacun eut pris son petit-déjeuner, Raël se retrouva à la salle d’armes du château. Aziz l’y avait suivi, afin de l’observer et d’apprendre de lui. Quelques rares combattants s’y entraînaient, en général seuls, dont sire Thibault de Pongevin, le jeune chevalier errant. Il salua chaleureusement le scythien et lui proposa de croiser leurs lames, une fois qu’il se serait échauffé. En souriant, il précisa qu’il allait se battre avec des armes de bois, si cela ne le dérangeait pas.
Ni Eudes de Valfleuve, ni ses frères n’étaient présents. Rien ne s’opposait donc à une petite opposition amicale entre le chevalier errant et le guerrier du Sud. Beau joueur, Thibault laissa à son adversaire le choix des armes.