[Raël Khem] Le cheval, le corbeau et la relique.

[[MJ] Kriegsherr]

A peu près tous ceux qui étaient attablés écoutèrent la question du scythien, puisqu’aucune autre conversation n’avait repris. Et, tout comme Thibault, la plupart avaient un air étonné. Le chevalier errant répondit en ces termes à Raël :

-Est-il possible que vous l’ignoriez ? Y aurait-il donc un endroit sur cette terre où le chaos n’aurait pas porté sa souillure ? Si c’est le cas, messire Khem, alors vous venez d’un endroit béni des dieux.

Pour vous répondre en quelques mots, les chaotiques sont les fidèles des dieux sombres, rassemblés dans une entité appelée « chaos ». Ils vivent au Nord, bien au-delà des terres impériales et kislévites -un pays au Nord de l’Empire-.

Nombre d’entre eux étaient autrefois des humains, mais l’influence du chaos corrompt le corps comme l’âme, après un certain temps. En d’autres termes, il est la cause de mutations. Les chaotiques sont le reflet de leurs dieux, qui sont les aspects les plus abjects et les plus répugnants de notre monde. La maladie, la luxure, la violence forcenée et la mutation, principalement. On raconte également, mais j’ignore si cela est vrai, que les mages qui ne sont ni des demoiselles du graal, ni des fées, ni des elfes ou des impériaux des Collèges de Magie, tirent leurs pouvoirs du chaos.

Ils ont des adeptes partout –enfin, je le croyais, mais apparemment pas jusqu’à votre pays-, infiltrés et caché dans nos sociétés mêmes, où ils répandent en secret la corruption. Ceux-là sont des lâches qu’il est difficile de détecter et de châtier. Mais d’autres chaotiques existent, ceux qui vivent au Nord. Ce sont des monstres barbares assoiffés de sang, de sacrifices humains et d’esclaves. Ils sont incroyablement forts, certains ont même des capacités dépassant de loin celle d’un humain normal, car leurs dieux leur offrent des faveurs bien souvent à double tranchant, mais qui en font de redoutables guerriers. Ils forment fréquemment des armées de la mort qui descendent jusque sur les terres civilisées. A leurs côtés marchent d’innombrables démons –des créatures monstrueuses impossibles, contre nature-.

Dans leur sillage, il n’y a que mort, souffrance, dépravation, servitude. Le chaos est opposé à toute idée d’ordre, de logique, et même de vie. C’est le mal absolu, sans aucun conteste l’ennemi le plus redoutable de tous, et je pèse mes mots.

Tout le monde avait écouté la réponse de Thibault, et la grande majorité de l’assemblée acquiesça à ses paroles. Comme pour confirmer les dires du jeune chevalier, le second des fils du comte-paladin, Henri de Valfleuve, malgré son éloignement à la table, renchérit :

-Tout ce que vient de dire sire Thibault de Pongevin est rigoureusement exact. Par chance, nous autres bretonniens sommes relativement éloignés des routes d’invasion terrestres du chaos. Nous avons surtout affaire, outre la corruption intérieure, aux hordes de pillards et aux armées d’invasion de nordiques qui arrivent par bateau et ravagent nos côtes.

Cela-dit, récemment, lors d’une attaque majeure du chaos qui a fait des dizaines de milliers de victimes au bas mot, notre bon Roi Louen Cœur-De-Lion a déclaré une croisade contre les chaotiques, et nous sommes tous partis aider l’humanité, l’Empire et le Kislev à se débarrasser de ce fléau.

Et les conversations reprirent, portant sur la campagne contre la dernière invasion du Chaos, nommée Tempête du Chaos, la dangerosité des mutants et la punition de l’ennemi intérieur. Puis, le repas terminé, les convives quittèrent la table et retournèrent à leurs chambrées pour y profiter d’une bonne nuit de sommeil réparatrice.

***

Le lendemain matin, après que chacun eut pris son petit-déjeuner, Raël se retrouva à la salle d’armes du château. Aziz l’y avait suivi, afin de l’observer et d’apprendre de lui. Quelques rares combattants s’y entraînaient, en général seuls, dont sire Thibault de Pongevin, le jeune chevalier errant. Il salua chaleureusement le scythien et lui proposa de croiser leurs lames, une fois qu’il se serait échauffé. En souriant, il précisa qu’il allait se battre avec des armes de bois, si cela ne le dérangeait pas.

Ni Eudes de Valfleuve, ni ses frères n’étaient présents. Rien ne s’opposait donc à une petite opposition amicale entre le chevalier errant et le guerrier du Sud. Beau joueur, Thibault laissa à son adversaire le choix des armes.

Je te laisse libre choix de tes armes et de celles que tu autorises à ton adversaire (qui doivent au moins être équitables. A toi l’honneur de commencer le combat.

[Raël Khem]

-"Un pays béni des dieux..."

Des landes de sables infinies, des dangers omniprésents, une rivière dont seule des parties avaient été libérées de la malédiction de Nagash et dont les relents putrescents hantaient les nuits de ceux qui s'étaient aventurés dans les Marais du Désespoir. Des fauves, des orcs, des golems perdus, incontrôlés, qui tuaient à vue tout intrus sur leur territoire. Des pillards qui venaient par vague, sans fin, comme des fourmis attirées par du miel.

-"... Peut-être bien."

C'était chez lui. Et il n'aurait échangé cet endroit pour aucun autre au monde. Les rois devaient être servis, leur volonté accomplie, leur autorité absolue. Ce n'était qu'ainsi qu'un jour ce pays redeviendrait aussi vert que dans les légendes, un endroit prospère où les Scythiens pourraient vivre en paix pour l'éternité. Un nouvel Âge d'Or pour son peuple.

-"Je crois voir de quoi vous parler, j'en ai combattu à Nuln, des êtres avec un visage étrange, comme déformé... Ils saignent et meurent, comme tout le monde."

Raël frissonna pourtant en se remémorant ses affrontements face à ces créatures, leur pouvoir était grand et ils ne semblaient pas craindre les blessures, en faisant des combattants redoutables. C'était une bonne chose qu'ils ne soient pas allés jusqu'en Arabie, les gens là-bas avaient déjà tant à faire pour éloigner les pilleurs de tombes...

Enfin, la soirée passa et chacun retourna dans sa chambre, laissant le Scythien, pensif, embarquer Aziz.
La discussion qu'il venait d'avoir le tourmentait. Existait-il donc tant de gens de par le monde qui étaient prêts à vendre leur âme pour une puissance plus grande? A se damner éternellement juste pour dominer?

Une fois dans leur chambre, alors qu'ils étaient seuls, Raël se pencha à la fenêtre, observant le ciel étoilé à la lueur d'une bougie. Tout cela était si beau... Puis, se tournant vers son protégé, il se prit d'une envie mi-moralisatrice, mi-prophétique.

-"Aziz, tu le sais sans doute déjà, mais il y a des gens prêts à tout pour obtenir la puissance. Cet objectif ne doit pas t'aveugler, tu dois servir ton peuple, ceux qui te protègent, pas des êtres qui t'apprendront que tu es le seul qui compte, car cela est faux.

Je ne connais pas ce... Chaos. Mais je sais ce que le vampirisme promet et ce qu'il en est réellement. Romain d'Albon pensait être maître des ténèbres... Et comment a-t-il fini? Chassé, acculé par moi-même. Il croyait obtenir un pouvoir capable de lui faire remporter toute situation? Il ne doit sa survie qu'à la chance."

Le guerrier soupira.

-"Il me croyait un combattant piètre... Mais lui n'est plus que l'ombre de l'homme qu'il a toujours voulu être.

C'est ce qui attend les servants des ténèbres, Aziz. La peur. La peur constante de la défaite qui sera aussi éternelle que leur malédiction. Une défaite que toi et moi allons leur infliger."

Après une brève accolade, les deux partirent se coucher, il faudrait être en forme le lendemain matin.

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En surprenant Thibault en plein entraînement, Raël ne fût pas surpris. Cet homme semblait être le genre à prendre le combat au sérieux et à pouvoir s'entraîner dur pour parvenir à ses fins. Le remerciant pour sa proposition, le guerrier s'empressa d'enfiler une combinaison d'entraînement et d'en trouver une pour Aziz. Il saisit ensuite une épée et un bouclier, tous deux en bois, pour combattre

-"Allez gamin, quelques passes rapides et tu iras t'entraîner sur un mannequin ensuite."

Le père et le fils adoptif enchainèrent quelques coups et le plus jeune faillit d'ailleurs passer la garde de son tuteur une ou deux fois! Finalement, satisfait de leur échauffement, le Scythien rompit le combat et se tourna vers le chevalier.

-"En garde, maintenant! J'espère que vous ne craignez pas les coups!

[[MJ] Kriegsherr]

Leur échauffement terminé, Raël Khem et Thibault de Pongevin se retrouvèrent face à face. Le premier de ce qui serait certainement une longue série de duels d’entraînement allait commencer. A la petite pique que lui lança le scythien, le chevalier errant répondit avec entrain :

-Hardi, messire Khem ! Peut-être pourrez-vous me vaincre, mais me faire craindre les coups, ça, jamais !

Allons, en garde ! Voyons un peu si vous êtes à la hauteur de votre réputation !

Les deux adversaires avaient revêtu les gambisons d’entraînement : il n’y aurait donc aucun risque de blessure réelle. Tout au plus le perdant s’en sortirait-il avec quelques vilains bleus. Tout autour d’eux dans la salle d’armes, les bretonniens qui s’entraînaient et Aziz avaient cessé, ou plutôt interrompu, leurs activités pour jeter un œil curieux au guerrier du Sud et à Thibault de Pongevin.
C’était le premier affrontement entre le « champion arabéen », et un chevalier errant. Tous avaient hâte de jauger la valeur réelle de ce dernier, mais beaucoup avaient l’air méprisant, suffisant. Ils semblaient sûrs de sa défaite. Thibault de Pongevin n’était pas de ceux-là. Il savait qu’au combat, il ne fallait jamais sous-estimer son adversaire, et sous son masque de protection ses yeux étaient plissés par l’extrême concentration.

Avant de commencer, comme le voulait la tradition, il salua profondément son adversaire. Puis, il leva ses armes et se prépara à frapper.

Affrontement de niveau 1 : Thibault de Pongevin contre Raël Khem.
(Contre un chevalier errant rang 1 non complété, mais avec ses 4 PCs en ATT (+2) et PAR (+2))

Duel à simili-mort dans le RP. Dans les règles : Affrontement en 3 touches non parées (vu que vous êtes équipés tous les 2 avec épée+bouclier, sinon, les règles auraient été différentes pour tenir compte de la puissance de l’arme).

Round 1 :

Raël touche au torse. Parade ratée.
Thibault attaque, touche, mais l’attaque est parée.
Raël touche à la jambe gauche.

Round 2 :

Raël touche. Parade réussie de Thibault.
Thibault touche encore, mais Raël pare.
Raël touche à la jambe droite. Thibault est fauché par la rapidité et la force du coup et tombe à terre, vaincu.

Raël l’emporte 3-0.

L’affrontement fut bref, mais rude. Le chevalier était brave et prometteur, mais encore trop faible techniquement pour espérer rivaliser avec le maître d’armes qu’il affrontait. Raël était à la fois plus rapide, plus précis et plus expérimenté que lui, et il s’avéra vite qu’il n’avait aucune chance. Toutes ses tentatives furent détournées par l’écu du scyhtien, tandis que les coups de ce dernier pleuvaient et passaient presque tous sa garde. Il ne put en parer qu’un seul, avant qu’un coup de taille lui fauche sa jambe droite imprudemment avancée et qu’il ne s’effondre lourdement au sol. Avant qu’il n’ait pu se relever ou faire quoi que ce soit, l’épée du scythien était sur sa poitrine.

Contrairement à Eudes, Thibault le prit très bien. Il n’avait pas pipé mot ni laissé échapper une plainte pendant tout le combat, seulement un grognement quand il était tombé sur le dos. Il n’avait pas non plus lâché ses armes en tombant. Quand il vit qu’il était vaincu, il éclata de rire en lâchant son arme et en tendant la main à Raël pour que celui-ci l’aide à se relever. Il reconnut ensuite sa défaite :

-Et bien, messire Khem, quel combat ! Je n’ai pas la prétention d’être un grand guerrier dans mon propre peuple, mais je sais me défendre, et rarement j’ai été vaincu de la sorte depuis que j’ai eu douze ans.

Bravo à vous, vous méritez amplement votre place ici, combattant. Vous êtes de loin meilleur que moi, en tous cas.

Les spectateurs, choqués par cette victoire inattendue pour eux, sauf pour Aziz, avaient tous repris leurs activités respectives. Visiblement, par ce premier combat, Raël avait impressionné. Il n’avait pas encore gagné leur respect –sauf celui de Thibault-, mais il avait produit une démonstration qui avait marqué leurs esprits.

Soudain la porte se rouvrit, et les membres masculins de la famille de Valfleuve, à l’exception du père et de ses deux aînés, entrèrent dans la pièce. Sans dire un mot, un rictus violent sur le visage, Eudes alla droit sur Raël, et s’arrêta juste devant lui, à un mètre tout au plus. Il avait pris au passage deux lourdes épées à deux mains en bois, et en jeta une aux pieds de Raël, en le défiant. Très arrogant, Eudes semblait avoir changé d'avis et vouloir d'abord vaincre Raël avant de s'attaquer à Aziz :

-Viens prendre ta raclée, étranger, que je te rosse et que l’on ne parle plus de toi que comme un faible ! Ensuite, j’irai rosser ton gosse.

Thibault s’était écarté pour laisser place au duel. Raël allait-il accepter le défi à l’arme à deux mains qu’il maîtrisait mal ? Allait-il ramasser l’arme jetée par défi à ses pieds et combattre ? Dans tous les cas, Aziz devrait sans doute combattre le fils du comte-paladin à la suite.

[Raël Khem]

Malgré sa bonne volonté manifeste, le jeune chevalier n'était clairement pas de taille à affronter la lame déterminée du Scythien. Ce dernier, assez déçu par la performance de son adversaire, ne lui en tint pourtant pas tellement rigueur: il n'était qu'un bretonnien, faible par nature. Des barbares sans aucune connaissance du concept de civilisation, voilà tout... Cela étant, il était plus que positif que ce jeune homme continue de s'entraîner. Peut-être deviendrait-il un combattant correct d'ici quelques années.
Raël sourit, lui non plus n'avait pas été une monstruosité au combat quand il était parti de Numas, des mois plus tôt. Au mieux était-il un guerrier passable, qui avait affiné ses techniques et sa maîtrise de la lame dans des combats sans fin et mortels...

Il se tourna vers Aziz. Cet enfant suivrait ses pas, il serait l'héritier de ses bottes et de ses capacités. Une fierté paternelle l'envahit quand il le pensa déjà grand et adulte, fier soldat des dieux pourfendant ceux qui leur faisaient honte.
Quelques années de pratique seraient encore nécessaires, rien ne pressait.

Le Scythien se dirigeait vers le chevalier qui se remettait du choc et allait lui adresser quelques mots d'encouragement quand la voix désagréable et bien connue du jeune Eudes de Valfleuve, qui, apparemment, n'avait pas été mis au courant de la correction que venait de subir Thibault...
Avec un air arrogant, le guerrier décida de lui tourner le dos et de l'ignorer... Puis le noble finit sa phrase, qui glaça sur place le combattant. Il n'aurait pu dire lui-même si c'était la provocation ou la fatigue de cet imbécile qui le décida à faire ce qu'il allait faire... En vérité, ce qui le motiva fût sans doute les menaces qu'Eudes fit peser sur Aziz.

Dans tous les cas, le Scythien rejeta l'épée à deux mains et jeta la sienne, d'entraînement, ne gardant que son écu de bois. Il s'avança alors, fou furieux, en direction du noble.

-"Je n'ai pas besoin d'arme pour te battre. Tu vas crever ici et personne ne viendra te pleurer, pleutre."

Le Scythien serrait les dents de colère. Il allait débarrasser la surface du monde de cette véritable erreur des dieux. Personne ne l'arrêterait avant que la tête d'Eudes ne trône sur une pique. Il allait prendre ce garnement et le claquer contre le mur si fort que sa vie s'arrêterait.

Raël part donc sans arme mais avec son bouclier. Son objectif est d'attraper Eudes au collet et de le cogner contre le mur jusqu'à ce que... Mort s'ensuive. Evidemment il peut être arrêté par les gens de la pièce. Si tu estimes que le mouvement ne peut pas être accompli avec un bouclier, considère que Raël frappe normalement, mais il a toujours pour but de tuer.

[[MJ] Kriegsherr]

La réaction extrêmement violente du scythien prit totalement Eudes au dépourvu. Le lâche avait prévu une attaque fourbe de toutes ses forces pendant que Raël se pencherait pour ramasser l’épée à deux mains. Il avait d’ailleurs hésité à frapper quand le guerrier du Sud avait tourné le dos, mais, croyant que l’autre abandonnait le combat sans même combattre, il n’en fit rien, préférant se vanter d’une victoire obtenue sur un homme trop peureux pour oser l’affronter.

Le noble allait justement railler son adversaire, l’humilier, le narguer aux yeux de tous en fustigeant sa soi-disant lâcheté, sa peur de se mesurer à celui qu’il savait tellement supérieur. Lorsque soudain, Raël Khem se retourna, un air agressif sur le visage. Il semblait complètement enragé, et ses paroles confirmèrent cette impression. Il repoussa d’un coup de pied l’épée à deux mains en bois, et lâcha l’arme factice qu’il tenait en main, et fonça sur lui, bouclier en avant !

Aussitôt, tous dans la salle cessèrent leurs activités pour se tourner vers ce nouveau combat qui s’annonçait, plus sauvage.

Test d’INT d’Eudes : 19. Raté. Ca vaut peut-être mieux pour lui !
Test d’INI comparées : Raël : 18 = -6. Eudes : 15= -7. Tu gagnes.

Attaque de bouclier (pas de parade ni d’esquive possible puisqu’il fuit) : 3. Touché. Tentative de le chopper (test d’HAB comparés) : 17 VS 2. Ratée. Il y a quand même la force de l’impact. Localisation : dos forcément. Dégâts : 21 !

Un petit cri apeuré et suraigu, semblable à un glapissement de bête terrifiée, retentit dans la salle d’armes. Eudes de Valfleuve, terrorisé par la charge de Raël, avait jeté son arme d’entraînement au sol et tourné les talons sans demandé son reste en hurlant au secours ! Il avait voulu courir à toutes jambes vers la sortie, se précipiter sans regarder derrière lui. Mais sa tentative de fuite fut malheureuse, car le scythien se révéla plus rapide que lui. A peine avait-il parcouru un mètre ou deux qu’il fut impacté fortement dans le dos par le bouclier de Raël et projeté au sol par la force de l’impact, la respiration coupée. Le scythien n’avait pas réussi à attraper le cou de sa victime, mais avait néanmoins réussi à lui rentrer dedans, bouclier en avant, dans une charge dévastatrice.

Incapable de reprendre ses esprits à temps, le noble tenta de ramper misérablement vers la sorti, ses petits yeux affolés passant sans cesse de la porte à son assaillant, qui était encore debout, à un mètre derrière lui, et allait sans doute foncer sur lui pour l’achever. Une odeur forte d’urine envahit la pièce, tandis qu’une tâche se formait au niveau de l’aine sur les vêtements d’Eudes.

Sans défense sur le sol, il aurait sans doute été tué par Raël sans l’intervention de son grand frère, Geoffroy, qui s’interposa entre le pleutre rampant et gémissant et le grand guerrier. Un gourdin de bois et un bouclier d’entraînement à la main, il engagea le combat sans hésiter ni attendre. Son objectif n’était pas de vaincre, mais de donner suffisamment de temps à son frère pour qu’il puisse s’enfuir.

Raël VS Geoffroy de Valfleuve (profil d’un chevalier errant [rang 1] complété, ses 4 PCs 2 en FOR, 2 en END).

Round 0 :

Attaque surprise de Geoffroy de Valfleuve : 19. Ratée.

Round 1 :

Raël : 18. Raté.
Geoffroy : 13. Raté.
Raël : 6. Touché. Test de FOR comparées : 9 VS18. Tu gagnes largement. => Goeffroy est repoussé. Tu peux rattaquer Eudes.
Test d’INI d’Eudes : 1. Réussite critique : il a quand même eut le temps de s’enfuir !

Sans l’intervention opportune de son frère, Eudes aurait sans doute fini écrasé sur le sol du château de son père. L’interposition in-extrémis de Goeffroy avait été providentielle pour lui, et, tel un lièvre, il avait détalé aussi vite que possible vers la sortie sans demander son reste. Raël ne prit pas longtemps à repousser son protecteur hors de sa route, d’un coup de bouclier, mais il était trop tard. Sans doute spécialiste de la fuite, la peur avait donné des ailes à Eudes qui s’était volatilisé dans un claquement de porte, ne laissant sur le sol tapissé de la salle d’arme qu’une auréole humide encore tiédasse, collante et puante à l’endroit où il avait été projeté au sol par la violence du choc de Raël.

Goeffroy, quand à lui, se tenait en retrait, en alerte. Il ne semblait pas agressif, mais était prêt à parer à toute attaque du guerrier qui serait dirigée contre lui. Les autres chevaliers qui s’entraînaient approchèrent doucement du scythien, en cercle, comme pour maîtriser le combattant s’il était pris d’un nouvel accès de colère.
Thibault de Pongevin, qui était parmi eux, tenta de raisonner le scythien par des paroles apaisantes :

-Allons, paix messire Khem ! De grâce reprenez vos esprits, il est parti et vous ne pourrez pas le rattraper, maintenant. Quant à Sire Geoffroy, vous pouvez le remercier, il vient de vous sauver la vie en vous empêchant de commettre un meurtre sur le fils du compte-paladin Foulques de Valfleuve.

Venez, oubliez donc cet importun, il ne vaut pas la peine qu’on lui prête attention et ne se représentera pas devant vous de sitôt. Que diriez-vous plutôt, en attendant votre affrontement avec Sire Henri de Valfleuve, de vous initiez à l’art de la joute avec moi ? Si vous allez au tournoi, cette épreuve vous sera sans doute demandée à un moment où à un autre. Et sans entraînement, vous n’avez aucune chance.

Tous attendaient la réaction de Raël Khem. Personne ne semblait manifester d’intention hostile envers lui, mais tous restaient prudents, craignant sans doute un nouvel accès de colère non contenue.

[Raël Khem]

Sans l'intervention de Thibault, il n'aurait fait nul doute que Raël se serait jeté à la poursuite d'Eudes, écrasant au passage Geoffroy dont la force, bien que plus importante que celle de son petit frère, était bien incapable de rivaliser avec celle du puissant guerrier. Heureusement pour le jeune chevalier, son compatriote, ayant acquis une certaine sympathie auprès du scythien après leur discussion de la veille ainsi que leur combat amical, su calmer quelque peu les nerfs du maître-d'armes.
Raël jeta à terre son bouclier et se tourna vers Aziz, haletant, le regard encore vif de colère. Personne ne menacerait plus cet enfant tant qu'il serait sous sa garde. Il en avait fait son fils, peut-être un peu malgré lui, alors il devait se comporter comme le ferait un père. Et un père devait protéger sa descendance, surtout contre les chevaliers un brin trop orgueilleux pour leur bien.

Ceci étant médité, il se retourna vers Thibault, puis vers Geoffroy.

-"Vous avez raison, messire. Tant que ce gamin ne reviendra pas devant moi, cette affaire est finie. Quant à vous, De Valfleuve, je ne vous conseille pas de vous mettre de nouveau entre un scythien et son ennemi. Ce n'est contre vous, c'est un conseil."

Après quoi il contempla la petite foule amassée autour de lui, prête à l'attraper en cas de problème. Ces gens ne l'arrêteraient pas s'ils étaient au niveau de ses précédents adversaires, mais se battre contre eux était pour le moment inutile.

-"Allons voir ces... Tournois et ces joutes. Mon peuple adore chevaucher."

[[MJ] Kriegsherr]

Les mots de Thibault de Pongevin suffirent à apaiser le scythien enragé. La plupart des bretonniens qui s’entraînaient alentours furent soulagés de voir le guerrier du Sud enfin calmé. Il aurait été peu agréable pour eux de devoir le maîtriser pour l’empêcher d’attaquer ses hôtes, quand bien même il avait des raisons d’être remonté contre eux, à juste titre. D’autant qu’il était peu probable que lui ou Aziz recroisent Eudes de Valfleuve durant le reste de leur séjour. Le prétentieux mais lâche chevalier préférerait sûrement faire profil bas plutôt que de s’attirer de nouveaux les foudres de Raël Khem, et c’était tant mieux pour lui.

Geoffroy de Valfleuve, quant à lui, lança un regard froid mais neutre au scythien. Il se savait plus faible que lui, la manière dont il avait été repoussé facilement par le guerrier armé d’un seul bouclier ne lui laissait guère de doute sur ce fait. Toutefois, il ne craignit pas de répondre d’un ton égal :

-Vous défendez votre famille, messire Khem, et c’est tout à votre honneur. Je ne fais que la même chose, et je continuerai à le faire quoi qu’il m’en coûte. Je serai un bien piètre chevalier dans le cas contraire.

Puis, le troisième fils de Valfleuve se détourna de son interlocuteur et de Thibault de Pongevin, et alla s’entraîner un peu plus loin dans la salle d’armes, comme si de rien n’était.

De leur côté, comme promis, les deux partenaires d’entraînement sortirent de la salle pour se rendre aux écuries. Là-bas, Raël put constater que l’on ne lui avait pas menti. Sa nouvelle jument noire, Asaph, était très bien traitée et semblait très heureuse. Son poil était luisant, lustré, sa nourriture saine et en quantité suffisante. Les écuyers du château semblaient particulièrement doués en termes de soins aux montures, car toutes les bêtes qu’il voyait dans leurs box respectifs semblaient traitées de la même manière.

Thibault, de son côté, échangea quelques mots avec le maître palefrenier qui le rassura : les équidés étaient bien reposés, frais et prêts à faire de l’exercice. Satisfait, le noble donna ses ordres pour que leurs montures soient préparées en vue de leur entraînement à l’art de la joute.

Pendant qu’on harnachait leurs chevaux, les combattants, eux, allèrent s’équiper pour l’exercice de la joute. La pratique de cette discipline était très stricte. Elle demandait à la fois une grande habilité, une grande aisance à cheval et une certaine maîtrise au combat. Il fallait être assez vif pour frapper le premier, assez précis pour toucher l’adversaire en le désarçonnant, et assez stable pour encaisser la violence du choc d’une force inouïe, l’impact étant presque frontal.

Toutefois, cet art nécessitait en plus de ces qualités un important entraînement. Raël Khem se rendit vite compte en regardant la longueur des lances d’arçon que celles-ci n’avaient rien de commun avec celles qu’utilisait généralement son propre peuple. Les cavaliers et cavaliers squelettes maniaient des lances comparables à celles qu’on utilisait aussi dans l’infanterie. Polyvalentes, ces armes avaient l’avantage d’être maniables aussi à pied. Ici, les lances de cavalerie n’auraient eu aucune utilité à pied, mais étaient clairement conçues pour maximiser l’impact de la charge. Ces armes redoutables nécessiteraient sûrement un temps d’adaptation et d’apprentissage avant d’être maîtrisées par le guerrier scythien.

Par chance, Thibault de Pongevin s’en aperçut en remarquant le regard étonné de son compagnon sur ces armes. Il lui dit :

-Je parie que vous n’avez jamais manié de telles lances, hein ? Il est vrai qu’on n’en trouve pas tellement au Sud de la Bretonnie. Mais pas d’inquiétude, je vais vous montrer comment vous y prendre. La joute bretonnienne est un art qui demande beaucoup de pratique pour se perfectionner, on n’en devient pas un maître du jour au lendemain.

Toutefois, avec certaines prédispositions, certains y arrivent bien plus rapidement que d’autres. Et vu les talents que vous avez montrés jusqu’ici, je n’ai aucun doute sur le fait qu’on pourra faire de vous quelqu’un de pas trop mauvais, avec un peu d’entraînement.

Avant de commencer, je vais vous montrer comment faire ici, sur le sol, pour vous enseigner la théorie. Ensuite, je vous ferrai une démonstration contre un mannequin pivotant d’entraînement à la joute. Vous pourrez aussi vous y essayer si le cœur vous en dit. Puis, je ferrai une petite démonstration réelle contre sire Godemar de Longflot, un ami. Enfin, si vous vous sentez prêt, nous pourrons passer à une opposition entre nous.

Le chevalier s’équipa de son armure complète, et enjoint à Raël de faire de même. Des écuyers étaient chargés de les aider à enfiler les lourdes protections indispensables à la pratique de la joute bretonnienne, et bientôt ils furent fins prêts. Une lance d’arçon en bois dépourvue de pointe dans une main, et un solide bouclier sur l’autre bras, Thibault de Pongevin commença son cours :

-Bien, commençons sans plus tarder, si vous le voulez bien. Regardez, la première position à adopter est la suivante. On l’utilise pendant l’approche… Oui, c’est, cela, comme ceci… Bien… Habituez-vous à la longueur et au poids de la lance. A pied, ça peut vous sembler lourd, encombrant et difficile à manier, mais à cheval, c’est une arme redoutable qu’aucune autre n’égale en charge. Ca fait même plus mal qu’un marteau ou une hache à deux mains, et surtout, ça a beaucoup beaucoup plus d’allonge.

Bien, essayer de viser et de placer le bout de la lance là où vous le souhaitez… Non, pas comme ça… Regardez le mouvement : il faut bien que la lance soit callée, sinon, il n’y aura pas assez de force. Mais il faut de la précision et de la rapidité d’exécution aussi. Et être prêt à s’adapter à tout moment. Je sais… Au début, c’est assez difficile, mais il vous faudra pourtant essayer de diriger très précisément le bout de votre lance sur l’adversaire en pleine charge, tout en gardant assez de lucidité pour se protéger et diriger votre animal... Et esquiver si possible l’attaque adverse… Cela nécessité une vraie symbiose entre votre monture et vous, sans quoi il est impossible de tout faire en même temps.

…

Pensez à utiliser votre bouclier pour vous protéger. Le mettre en opposition totale, perpendiculairement, n’est pas forcément une très bonne idée. En condition réelle de bataille, la violence du choc ferrait que le fer de lance adverse traverserait sans aucun mal le bouclier et l’armure pour vous embrocher de part et d’autre, ce qui n’est pas souhaitable, convenez-en. En revanche, en mettant son bouclier de biais et vers l’extérieur, vous obtenez un double avantage. Non seulement vous augmentez ainsi artificiellement son épaisseur, mais en plus, vous vous donnez la chance de faire glisser la lance adverse et de détourner le coup au lieu de le stopper. Ca rend aussi le choc beaucoup moins violent, car toute l’énergie ne se dissipe pas à l’impact, alors que quand c’est le cas, cela désarçonne souvent la victime, même à l’entraînement, et c’est assez douloureux, voire dangereux, même en armure…

…

Pas facile, certes, mais vous aurez tout le temps de vous entraîner sur un mannequin. Et puis, vous ne vous débrouillez pas trop mal pour un débutant. J’ai déjà vu bien pire.

Passons à la pratique réelle contre un mannequin, maintenant. Ce sont des mannequins pivotants, ce qui réduit considérablement la force de l’impact, cela n’a pas de commune mesure avec une joute réelle. Néanmoins, cela permet déjà de maîtriser sa précision et sa charge, ce qui est déjà l’essentiel. En fonction de la difficulté souhaitée, on peut augmenter la résistance au pivot du mannequin, voire lui donner un fléau d’armes factice ou une lance factice pour qu’il puisse « attaquer ».

Pour commencer, je vous conseille de simplement vous habituer à améliorer votre visée et votre position, sans vous rajouter de difficultés supplémentaires, cela viendra avec le temps. Votre objectif est de frapper le bouclier adverse avec votre lance…

Une fois que vous serez suffisamment précis et régulier dans vos essais, nous pourrons augmenter la difficulté, voire même passer aux confrontations réelles pour que vous puissiez voir. Avant, c’est hors de questions, vous risqueriez de vous blesser ou de blesser le cheval adverse, ce qui est rigoureusement interdit.

L’apprentissage continua toute la matinée. Il était dur, demandant à la fois une grande habileté avec les armes, une communion parfaite avec son cheval et une concentration de tous les instants. Mais c’était quelque chose de complètement nouveau pour Raël Khem, qui ne vit pas le temps passer, totalement absorbé par sa découverte de ce « sport national » bretonnien.

Test d’apprentissage de la joute : (INT+HAB+1 pour équitation –1 pour arme de prédilection épées à une main)/2 : 4. Réussite.

Bien ! Tu as appris les bases.

Au départ, comme c’était souvent le cas pour les élèves motivés et naturellement doués, les fondamentaux rentrèrent vite. Dès qu’il se fut habitué à la longue lance, après quelques essais, sa précision s’améliora et il touchait souvent le bouclier mannequin en croix. Asaph, sa jument, semblait rodée à l’exercice. Elle avait déjà connu la bataille sans fléchir, et ce n’était pas une simple joute contre un mannequin de bois qui allait l’effrayer.

Thibault l’observait entre ses propres charges d’entraînement, et le conseillait parfois, corrigeant une mauvaise position, donnant un conseil ou faisant une remarque, qui était globalement positive tant Raël était doué et progressait vite.

L’après-midi, ils pourraient passer aux premiers tests réels. D’abord avec la joute de démonstration opposant Godemar de Longflot à Thibault de Pongevin, puis, s’il se sentait prêt, entre Raël Khem et le même Thibault. Mais avant cela, il fallait manger, car il était déjà une heure de l’après-midi et qu’ils s’étaient entraînés tout le matin, des heures durant. Leurs chevaux pourraient aussi souffler.

Comme il faisait beau et qu’il n’y avait pas de banquet prévu, Thibault avait décidé de manger dehors, dans les jardins du château. Le repas leur avait été apporté par des serviteurs. En allant manger, ils avaient aperçu Aziz, Sybille et Marguerite qui jouaient non loin, eux aussi dans les magnifiques jardins de la haute-cour, insouciants et rieurs. Visiblement, ils avaient déjà mangé ensemble.

A peine Thibault et Raël se furent-ils assis à une table dans les jardins qu’un homme dans la vingtaine approcha d’eux. Il avait une barbe et des cheveux noirs gris tous deux rasés très courts, avec déjà quelques poils et cheveux blancs ici et là. L’homme avait les yeux marron et l’air jovial. Il était bien bâti, comme un combattant, et portait lui aussi un tabard à ses armoiries : rouge avec une flèche blanche qui monte vers le haut, mais « coupée » verticalement à gauche (« De gueules au chevron pal d’argent, rompu à senestre »). Il serra chaleureusement la main de Thibault de Pongevin, puis tendit sa main à Raël en se présentant :

-Godemar de Longflot. Je suis un vieil ami du frère aîné de Thibault. Enchanté de faire votre connaissance, messire Khem. On ne m’a dit que du bien de vous. Il paraît que vous avez donné une bonne leçon à certains qui le méritaient bien par ici.

A ce propos, avant que je n’oublie, sire Henri de Valfleuve vous cherche, il dit qu’il sera ravi de se mesurer à vous après que vous vous soyez restauré. Il n’a pas beaucoup de temps, toujours à s’occuper d’affaires politiques et de la gestion du fief de son père, mais sera ravi de vous accorder une demi-heure en début d’après-midi si vous avez le temps. C’est un combattant qui n’est pas trop mauvais non plus, sans arriver au niveau de son frère aîné, et encore moins de son père. En même temps, je connais très peu d’hommes qui peuvent se vanter d’arriver à la cheville du comte-paladin, c’est vraiment un combattant hors-pair, doublé d’un homme de valeur, quelqu’un de très précieux, de très fidèle et de très honorable.

Puis la discussion s’orienta pendant le repas sur la joute, les techniques de combat, et bien entendu le pays d’origine de Raël et ses combattants. Visiblement Godemar et Thibault étaient très intéressés par tout ce qui avait trait au combat, mais pas uniquement. Ils voulaient également en savoir plus sur tout. Ils montraient une réelle curiosité pour la vie des gens là-bas, les dangers qui les menaçaient, l’organisation politique,… Ils n’avaient pas souvent l’occasion de parler à des étrangers et comptaient bien en profiter un maximum avant que leurs routes ne se séparent.

Je n'ai pas été super précis sur les descriptions, mais libre à toi de décrire plus précisément les entraînements, de donner des détails, de parler et d'agir. J'ai surtout essayé de créer une "ambiance" de l'entraînement à la joute.

De même pour la discussion finale autour de la table : tu peux si tu le désires répondre précisément via un dialogue, juste résumé ce que tu leur as dit via la narration, ou encore ne rien leur avoir dit si tu le veux (on considère alors que tu n'as pas répondu à leurs questions et a recentré le débat sur le combat ou les joutes.

Aziz, Marguerite et Sybille jouent tranquillement autre part dans les jardins. Vous les voyez de temps à autre. Ils jouent et ne sont pas gênants.

Enfin, si tu veux terminer le repas, tu as le droit de rentrer dans le château et de te rendre à la salle d'armes ou Henri de Valfleuve t'attend pour l'affrontement que tu lui avais demandé.

[Raël Khem]

Aux derniers mots de Geoffroy, Raël offrit un silence royal, agrémenté d'une tournée du dos magistrale. Suivant Thibault, le guerrier se contenta de siffler entre ses dents:

-"C'est bien, chevalier, mais à affronter des adversaires trop forts pour soi, on périt en vain..."

L'incident terminé, les deux hommes s'en allèrent aux écuries récupérer leurs chevaux pour l'entraînement. La vue d'Asaph dans son box, hennissant de bonheur aux côtés d'autres chevaux lui mit du baume au cœur. Cette belle jument allait devenir un nouveau compagnon de vie, comme Aziz l'était, son état de santé était donc essentiel. Au combat, il n'y avait rien de pire qu'une monture faible ou fatiguée qui ne suivrait pas les ordres correctement, qui prendrait trop facilement peur ou qui s'effondrerait au milieu de la bataille.
Heureusement, rien de tout cela ici, les palefreniers semblaient connaître leur métier et s'occuper plus que bien de leurs animaux. A tel point que Raël eut du mal à tirer son cheval du confort de son box. La bête, en effet, se débattit, souhaitant terminer les végétaux qu'on lui avait apporté. Quelque part, cette noble créature faisait penser à un enfant capricieux. Il ne faudrait pas trop la choyer.

Cet incident réglé, des écuyers insistèrent pour harnacher la bête pendant que Raël allait apprendre les rudiments de la joute avec son nouveau maître.
La réaction du basané en voyant la longueur des lances d'arçon fût indescriptible. Un mélange d'incompréhension, de fascination et d'interrogation. Quel était l'intérêt de faire des armes si imposantes? Une fois à terre, elles ne devaient plus être utiles, juste encombrantes. Les cavaliers nehekhariens, vivants ou morts, préféraient largement des attaques rapides et légères à l'arc. Les puissantes lances, on les réservait pour les chars.

Thibault lui expliqua rapidement le principe. La mettre sous l'aisselle, pivoter avec, viser le bouclier adverse, comment tenir sa propre protection. Au début, ils s'en occupèrent à pied, exercice auquel Raël montra quelques facilités. La lance était lourde à bouger, difficile à manier, mais on finissait par s'y habituer en s'y prenant bien.
Une fois sur Asaph, son intérêt devint plus clair. En effet, ce pauvre mannequin de bois ne faisait pas vraiment le bois comparé aux puissantes charges qu'il recevait. Cela étant, armé d'un fléau-d'armes -autre arme inconnue du scythien-, il parvint toutefois à frapper à plusieurs reprises le guerrier en formation.

En bref, au bout de quelques heures de sueur et de douleur, le guerrier parvint à comprendre les bases de cet art du combat. Même si ce ne fût pas de tout repos et qu'il se jura de ne jamais utiliser cette arme en situation réelle, le maître-d'armes ne put s'empêcher d'être impressionné par le courage que sous-entendait cette lance: foncer jusqu'au corps-à-corps sans peur et frapper juste au risque de ne jamais pouvoir retenter sa chance. Ca demandait un certain talent.

Enfin, la matinée était passée depuis un bon moment, les enfants s'amusaient tranquillement dans la cours, Aziz devant sans doute faire le fier devant la belle Marguerite. Il était bien qu'il joue avec des enfants de son âge.
Raël s'assit et allait commencer à discuter avec Thibault quand on leur apporta pains, viandes et fruits pour le repas. Bien vite un dénommé Godemar les rejoignit, le guerrier le salua poliment, comme le demandait les us et coutumes ici.

La discussion entre les trois hommes porta rapidement sur la culture du guerrier. Raël, qui avait promis de ne rien dire sur Numas ou la Terre des Morts aux prêtres-liches, se contenta de leur décrire l'Arabie:

-"Que dire... En Arabie, il fait déjà bien plus chaud qu'ici et nos chevaux en sont bien grand et fort! Nous avons plutôt des élevages de pur-sang arabéens, des bêtes fines et rapides, robustes devant Ptra l'éclatant et la chaleur qu'il nous apporte. Habituellement, d'ailleurs, nous n'utilisons pas de charge de cavalerie comme ici, nous avons des archers sur chevaux -ce n'est pas un privilège de noble- qui harcèlent nos adversaires.
Ils sont d'ailleurs bien utiles, si vous saviez le nombre de brigands et de pilleurs venus des terres du Nord qui débarquent par la mer, convaincus de trouver des trésors d'époques passées sur notre territoire! Mais il n'y a plus d'or depuis longtemps chez nous, tout a été pris au cours des siècles...

Pour parler de la légèreté de nos chevaux, il faut savoir que, dans mon pays, nous sommes globalement tous légèrement équipés. Ce n'est pas un manque de savoir-faire du métal, non, mais la chaleur empêche de porter des armures trop lourdes et des protections d'acier ne sauvent pas des insolations.
Mon arme, vous dites? C'est un kopesh. Une arme rare, même par chez nous. A vrai dire, je ne suis pas arabéen, je suis scythien, un peuple un peu à part dans le pays et cette lame est une de nos armes traditionnelles. Elle est sans doute assez... Comment dites-vous, quelque chose de vieux? Obsolète? Drôle de mot! Mais je crois que cela convient. Pour autant, elle reste très efficace, croyez-moi.

Par contre, vous m'excuserez mais je vais aller défier Henri de Valfleuve tant qu'il a du temps libre. Nous reprendrons cette discussion plus-tard."

Se levant de table, il se dirigea, suivi ou pas de ses nouveaux compagnons, vers la salle d'entraînement, où son duel l'attendait.

[[MJ] Kriegsherr]

Les deux chevaliers qui partagèrent leur repas avec Raël Khem se montrèrent très intéressés par ce qu’il avait à leur dire de l’Arabie. Bien entendu, ils ignoraient que le scythien faisait en réalité partie des gardiens des tombeaux des rois nehekariens de jadis, et qu’en conséquence il enlaidissait volontairement la situation afin de ne pas leur donner l’envie ou l’idée d’aller fouiller sa terre en quête de trésors. De toute façon, il ne semblait à première vue pas y avoir de danger immédiat de la part de Thibault de Pongevin et de son ami Godemar de Longflot. Apparemment, les deux hommes semblaient plus s’intéresser à la culture du pays des sables qu’aux richesses potentielles qu’il pourrait contenir. Peut-être indirectement, cependant, par le bouche à oreille, les fausses informations partielles distillées par Raël joueraient-elles leur rôle et dissuaderaient-elles quelques seigneurs ou commerçant de tenter un raid sur les cités des morts. Qui pouvait savoir ?

En attendant, les deux chevaliers souhaitèrent bonne chance au scythien et le prévirent que, s’il était plus un dirigeant dans l’âme, un homme charismatique, intelligent et instruit, le second fils du comte-paladin Foulques n’était pas un trop mauvais combattant non plus, mais un chevalier moyen confirmé, tout à fait apte à se défendre.

Comme on le lui avait annoncé, le jeune homme était prêt à se mesurer au guerrier du Sud. Revêtu d’une tenue d’entraînement, Henri se trouvait dans la salle d’arme, où il parlait avec une sorte de page, l’entretenant d’affaires sans le moindre lien avec le combat. Visiblement, le noble était très occupé par ses fonctions, et il prenait très à cœur son rôle administratif de direction, sans doute plus important à son niveau que celui de combattant. Après tout, peu importait que le fils du seigneur ne soit pas un excellent chevalier. Il y en avait des centaines d’autres à travers tout le royaume. En revanche, il aurait été plus problématique qu’il soit mauvais gestionnaire quand on savait la fortune, l’étendue et la puissance du domaine de son père. La prospérité du fief, sis principalement en zones pacifiées, reposait davantage sur les talents d’économiste que ceux de guerrier de ses dirigeants.

Pourtant, si Foulques de Valfleuve avait réussi à obtenir de tels titres et de si nombreuses terres, c’était uniquement grâce à sa valeur au combat, son exemplarité en tant que chevalier. Mais là encore, il y avait une différence entre recevoir des terres méritées, et savoir bien les gérer. Il était peu probable que Foulques s’occupe seul de son fief : il se reposait en fait dans une très grand proportion sur sa famille, ses amis et des hommes de confiance pour l’aider à expédier les affaires courantes, lui-même ne gérant personnellement que de très rares dossiers, les plus importants ou ceux qui lui tenait le plus à cœur. En temps normal, c’était donc des gens compétents comme son fils Henri par exemple, qui assumaient la gestion d’une partie du fief. C’était là la raison pour laquelle il semblait toujours occupé. Le fief prospérait grâce à lui, et il entendait bien continuer à le développer et à faire fructifier l’héritage de son aîné.

Néanmoins, même s’il n’était pas combattant dans l’âme, Henri de Valfleuve restait un chevalier du royaume très respectable, entraîné régulièrement, pas assez pour progresser, certes, mais suffisamment pour maintenir son niveau martial. Le bretonnien, en voyant arriver Raël Khem, interrompit sa discussion et congédia d’un geste de la main le serviteur en lui disant :

-Nous traiterons des droits internes de péage sur le sel en ce qui concerne les exportations à nos vassaux plus tard, Marc. Et je veux aussi que tu ailles voir où en est la médiation avec les guildes de marchands concernant leurs revendications de baisse des charges. Je compte sur toi.

Puis il se tourna vers le nouvel arrivant et lui dit :

-Ah, messire Khem, très bien. Je suis assez occupé en ce moment, comme vous pouvez le constater, mais je suis un homme de parole et au lieu de ma séance quotidienne d’entraînement, je vais vous accorder votre duel. On m’a déjà prévenu que vous étiez une fine lame. Je doute de faire le poids contre vous, je ne m’entraîne pas assez pour cela, mais sait-on jamais. Et puis, combattre quelqu’un de plus fort que moi ne pourra que me permettre de m’améliorer.
Choisissez vos armes et commençons, si vous le voulez bien.

Je te laisse choisir tes armes et me décrire ta technique de combat. Henri manie rapière+bouclier.

[Raël Khem]

Par un heureux hasard de la nature, il semblait que dans la famille Foulques, plus le garçon était âgé plus ses compétences à l'épée étaient élevées. Bien sûr, on pouvait sous-entendre qu'il ne s'agissait que de temps d'entraînement supplémentaire venu avec les années, mais la pensée d'un cheminement du plus jeune vers le plus vieux amusait le Scythien.
D'un œil distrait aux enfants qui continuaient de discuter et de jouer non-loin. Il sentit un brin de nostalgie l'envahir mais le réprima rapidement. Certes, la période de l'enfance était moins complexe, mais aussi moins libre. Pouvait-il se vanter à ses dix ans de pouvoir parcourir le monde comme bon lui semblait? D'honorer les dieux du bout de sa lame comme de la pureté de son cœur? Non. Chaque période de la vie avait ses avantages et il devait profiter de ce qu'il avait maintenant. Regretter le passé était bon pour ceux qui avaient tout perdu.

En se dirigeant vers la salle d'entraînement, il eut une moue contrariée en repensant aux deux chevaliers qu'il venait de rencontrer. Dans son pays, on ne rencontrait que des blancs avides, cyniques, assoiffés de pierre précieuses et ayant une terrible faim d'or. Ces gens n'étaient pas comme ça, enfin ils n'en donnaient pas l'impression. Se pourrait-il que les différences de mentalité soient si vastes? Même chez les Scythiens on trouvait des différences d'opinions, mais pas un tel contraste blanc-noir...
Raël entra dans la première pièce du donjon, où Henri discutait avec un serviteur, à propos d'un sujet économique quelconque. Le guerrier n'y connaissait strictement rien à la gestion ou au commerce, se contentant de ses propres besoins matériels. Avec un peu de chance, il n'aurait d'ailleurs jamais à s'y intéresser.

Le chevalier congédia son interlocuteur et entra avec Raël dans la salle d'entraînement pour commencer à s'équiper. Ils discutèrent un peu alors que le maître-d'armes saisissait une épée et un bouclier, tous deux en bois, ses armes de prédilection.

-"Le combat, c'est de la préparation, du talent et une part de foi. Et si je peux vous donner un conseil, ne partez jamais en pensant que vous allez perdre. Si votre adversaire est trop fort, ne le défiez pas. Si le combat est inévitable, soyez persuadé que vous pouvez le faire. Vous en aurez besoin, pour survivre."

Convenablement protégé et armé, il se mit en garde, attendant que le jeune homme fasse de même.