La tactique de Raël Khem allait-elle payer, ou au contraire paierait-il chèrement le risque pris ? En tous cas, leur avenir dans le tournoi allait se jouer à la pointe du kopesh ou à la masse du fléau.
Après avoir soudainement lâché son attrape-coquin, Khem ne parvint malheureusement pas à se saisir de ses armes suffisamment rapidement pour prendre de vitesse le bretonnien qui, malgré sa lourde armure, effectua une leste roulade en arrière afin de se remettre dans un premier temps sur un genou, bouclier en avant, puis de dégainer en se relevant. L’avantage de l’immobilisation s’était donc évaporé !Conformément à ce que j’avais indiqué, j’autorise sur un test d’INI réussi une attaque surprise imparable de ta part :
Test d’INI (avec modificateur pour dégainer rapidement) : 18. Raté. La configuration est donc normale.
Round 1 :
Raël porte son attaque : 13. Touché. Parade de Jean : 9. Réussie. Localisation : torse. Dégâts : 0 !
Jean riposte de son fléau d’armes : 19. Raté.
Raël ré-attaque : 9. Touché ! Localisation : jambe gauche. Dégâts : 17.
A Jean de nouveau : 17. Raté.
Raël attaque encore : 3 ! Touché. Localisation : bras droit. Dégâts : 21.
Jean re-riposte : 18. Décidément quand ça veut pas !
Round 2 :
Raël : 20 ! Echec critique. Pas de parade gratuite possible durant ce tour !
Jean attaque : 6. Touché. Raël ne peut rien faire ! Localisation : jambe droite. Dégâts : 20.
Raël réplique : 19. Raté. La chance aurait-elle tourné ?
Jean à son tour : 6. Touché encore. Localisation : torse. Dégâts : 21.
Raël pour sa troisième attaque : 1 ! Réussite critique => imparable. Localisation : jambe gauche. Dégâts : 25.
Jean attaque : 8. Touché ! Localisation : jambe droite. Dégâts : 23.
Il te reste donc 17 PVs virtuels à la fin de ce round ! Mais comme vous ne portez pas de réelles blessures votre potentiel est toujours intact, jusqu’à 0 PVs virtuels et parfois même moins vous pourriez vous battre à plein régime. Par un curieux hasard du destin, Jean d’Estamille a à ce stade exactement le même nombre de PVs virtuels que toi.
Le moindre coup non paré peut donc être décisif !
Round 3 :
Raël : 18. Raté !
Jean : 19. Raté !
Raël : 6. Tu touches ! Pare-t-il ? 17. Raté. Relance du bouclier : 6. Réussite ! Dégâts : 0.
Jean : 12. Touché ! Parade (modificateur négatif à cause du fléau, difficile à parer) : 7. Tu pares néanmoins le coup. Dégâts : 0.
Ni toi ni lui n’avez plus de parade dans ce tour ! Tout peut se jouer maintenant !
Raël pour sa 3ème attaque : 4 ! Touché ! Ca sent bon pour toi, néanmoins il peut encore survivre si tu tapes bas dans ta fourchette de dégâts et lui haut dans sa fourchette de résistance ! Localisation : torse. Dégâts : 18. Ouf ! Juste assez pour le mettre hors de combat !
Joli, ça s’est joué à rien.
Mais il n’empêchait. Plus légèrement protégé, le guerrier du désert était plus vif, plus rapide que son adversaire, gêné par sa lourde armure et subissant sans doute encore le contrecoup de sa chute de cheval. Durant la première dizaine de secondes, les échanges de coups furent nettement en la faveur du scythien. Le fléau de Jean avait systématiquement un temps de retard sur le redoutable kopesh de Raël. L’arme, à mis chemin entre la hache et le sabre, était pourtant réputée pour être plutôt lourde, lente et facile à parer, en dépit de sa redoutable puissance. Mais si le premier coup atterrit effectivement dans l’écu du noble chevalier qui absorba totalement le choc sans broncher, les deux assauts suivants ne furent repoussés, au prix de blessures virtuelles, que par l’armure lourde du compétiteur local.
A cet instant, d’Estamille paraissait grandement en difficulté. L’avantage avait largement été pris par Raël, qui venait d’enchaîner les succès, tandis qu’il n’avait eu de son côté à déplorer aucun dommage depuis la première passe d’arme.
Sans doute poussé par l’euphorie, à moins qu’il n’ait sous-estimé son adversaire ou que ce dernier, professionnel des tournois et touché dans son orgueil par ce freluquet nouveau venu qui avait osé le mettre à terre avec cet arme si particulière puis le rouer de coups, « messire Khem » constata avec désarroi qu’il ne serait pas si simple d’achever la bête blessée. Usant des avantages de son arme avec l’aisance d’un maître d’armes renommé, Jean d’Estamille parvint à esquiver le coup suivant et à reprendre l’initiative.
Désormais, dans un curieux effet de miroir par rapport à la première partie du combat à pied, il semblait que c’était toujours Raël qui avait un temps de retard. Il encaissa un, non deux, non trois coups d’affilée ! La masse du fléau passait outre ses parades avec une facilité déconcertante pour lui asséner de puissants chocs. Enfin, des chocs qui l’auraient été si la boule métallique n’avait pas été pour le tournoi recouverte d’une gaine de cuir et de tissu afin de la neutraliser et d’éviter toute blessure grave.
Malgré tout, le brave serviteur des dieux de Nehekhara ne se laissa pas démonter et parvint même à placer une riposte parfaite entre plusieurs coups reçus. L’attaque était très rapide, très pure et tout simplement imparable. Elle fut saluée de sifflements appréciateurs dans le public.
A l’issue de cette deuxième phase de leur combat, les deux concurrents savaient qu’il ne leur restait que très peu de « vie virtuelle », décomptée par une assemblée de juges experts située au premier rang des gradins des roturiers.
D’ailleurs, malgré les précautions prises pour éviter qu’ils ne se blessent et leurs armures respectives, la fatigue et les contusions commençaient déjà à se faire sentir sérieusement. La moindre erreur pourrait être « fatale ». Cela joua sûrement dans l’inconscient des deux hommes. Trop timides, les premières tentatives, d’un côté comme de l’autre, se soldèrent par des échecs. Ils n’avaient sans doute pas voulu se mettre en danger en se découvrant trop dans une attaque franche. Prenant les devants, Raël se fendit et frappa dans une attaque qui aurait sûrement été victorieuse si elle n’avait pas rencontré le bouclier fixé au bras ferme de Jean. Ce dernier, voyant une occasion d’en finir, riposta immédiatement. Là encore, le coup aurait pu être gagnant, si le scythien n’avait pas réussi in-extrémis à le parer.
Puis enfin ce fut la délivrance. Dans un ultime assaut, le kopesh troua la solide défense bretonnienne et atteint le chevalier au niveau du flanc gauche. Les juges hésitèrent une seconde, se concertant même du regard pour se demander si en réalité le coup aurait été décisif, puis, unanimement ils décidèrent de déclarer Raël vainqueur.
Beau joueur, Jean d’Estamille ôta son heaume, révélant une tête marquée par le combat qui venait d’avoir lieu. Ses cheveux étaient ruisselants de sueur, son visage maculé de sang sûrement dû à la lourde chute subie. Ses yeux étaient flous, perdus dans le vague, sans doute ne réalisait-il pas encore très bien qu’il venait de perdre, ou sonné par les coups, la chaleur sous le soleil de plomb et dans armure ou une nouvelle fois la chute.
Toutefois, en dépit de tout cela, l’homme se reprit vite, et en combattant professionnel qu’il était. Il salua le public, les juges, les autres seigneurs, les organisateurs et bien sûr son vainqueur du jour, qu’il félicita à voix basse, dans l’intimité qui régnait entre combattants dans l’arène, si l’on pouvait dire :
-Bravo, sire Khem, vous m’avez battu et je dois dire que je ne m’y attendais pas… Surtout au coup de l’attrape-coquin. Mais la prochaine fois, s’il y en a une, je serai prévenu et j’ai bon espoir que cette fois, le résultat sera différent.
Il était difficile de dire si le compliment était teinté d’étonnement, d’admiration ou d’une certaine amertume. Sans doute un peu des trois à la fois. Mais en tous cas, même s’il ne goûtait à l’évidence pas la défaite, l’homme serra les dents et sut préserver les apparences avec un sourire et un salut de la main au public avant de quitter le champ. Ce genre de comportement « fair-play » était à l’évidence très apprécié par la foule ici, et pour un homme dont le métier consistait à passer de tournoi en tournoi, avoir la ferveur du public pour soi n’était pas négligeable.
Quant à Raël Khem, il fut acclamé par une partie de la foule, notamment beaucoup de bourgeois et de roturiers. Avoir vaincu un chevalier était un exploit du genre de ceux pour lesquels la Confrérie du Phare l’avait engagé. Aussi aperçut-il Jeannot parmi les membres de la tribune officiel, qui le félicita d’un pouce vers le haut et d’un clin d’œil. Chez les nobles, bien sûr, cet enthousiasme n’était pas partagé, et la retenue était de mise.
Quoi qu’il en fût, une fois sorti du pré aux combats, Raël Khem apprit que son opposant pour les quarts de finale serait Yvon Bamorel, le candidat soutenu par les autres marchands de la ville. Chose étrange, il ne vit nulle part Ranya Labelle durant le reste de la journée, soirée comprise. Allait-il pour autant s’en inquiéter et enquêter, ou considérer cette absence comme normale ?