[Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] Le Grand Nécromancien
PJ
Messages : 23
Profil : Pouvoir Infini
Localisation : Nagashizzar - Pic Dolent

[Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »


Image
Un soleil timide se levait lentement sur le Château d'Eglemont, perçant difficilement la brume persistante qui enveloppait la vallée de son manteau gris. Ce paysage morne correspondait bien aux récents évènements, la mort d'un père et d'un frère, le seigneur et l'héritier tous les deux morts lors d'un affrontement face aux Peaux-Vertes. Un coursier était arrivé la veille pour porter la sombre nouvelle à la désormais Dame d'Eglemont qui avait sentit ses jambes vaciller légèrement à l'annonce du décès des personnes qu'elle chérissait le plus et la nouvelle tragique avait déjà fait son chemin jusqu'aux oreilles des habitants du village en contre-bas de la colline. La douleur et la tristesse se lisaient sur tous les visages et sur certains une inquiétude qu'ils avaient du mal à masquer. La Dame Aveugle allait-elle pouvoir gouverner le fief et veiller à la sécurité de ses habitants comme son père avant elle ou son ascenssion à la tête d'Eglemont allait-elle causer la ruine de sa seigneurie ?

Agathe d'Eglemont dormait d'un sommeil agité, son visage était crispé et son front macculé de sueur avant qu'elle ne soit réveillée par une chose poilue qui bondit sur son ventre avec une agilité surprenante. La jeune femme ouvrit brutalement ses yeux morts, quittant par la même occasion le cauchemar dans lequel elle était plongée pour se réveiller à l'aube d'un nouveau jour dénué de lumière. Minet fixait sa jeune maîtresse de son regard avisé et frotta sa tête contre la joue d'Agathe avant de sauter délicatement du lit à baldequin en poussant un miaulement sonore. Une journée sinistre s'annonçait pour la jeune femme qui allait devoir faire face au retour des corps sans vie de son père et de son plus jeune frère, une délégation du Duc de Montfort allait en effet escorter les dépouilles des seigneurs locaux jusqu'au Mont Egle pour qu'elles soient enterrées dans le caveau familial au côté de ceux qui avaient donnés du prestige au nom d'Eglemont.

La perte de ses proches n'était hélas pas la seule souffrance que la jeune femme allait devoir endurer, au loin perdu dans la brume et jusqu'aux confins de l'Empire, elle pouvait sentir les regards converger sur son domaine comme autant de rapaces prêts à fondre sur une proie affaiblie, les ennemis des Eglemont, bretonniens et impériaux ne tarderaient sans doute pas à se mettre en mouvement pour s'emparer de ce bastion qu'ils jugent usurpés depuis de nombreuses décénies. Les Alliés de l'Héritière étaient peu nombreux, combien de temps le Duc de Montfort allait-il pouvoir la protéger des prétentions des nombreux rivaux alors que des préoccupations bien plus impérieuses requerraient son attention ? Le Marquis de Desfleuves était puissant mais éloigné et gardait un bien lourd secret... A quoi Agathe allait-elle pouvoir se raccrocher en ces heures sombres, elle qui demeurait seule, dans les Ténèbres ?

Bienvenue Agathe. Tu es libre d'agir comme tu l'entends. Il est à peu près 8h du matin et une domestique arrivera bientôt pour t'apporter le petit déjeuner. A toi de jouer ;)

Avatar du membre
Agathe d'Eglemont
PJ
Messages : 15

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Agathe dormait à poings fermés lorsqu’elle fut brusquement tirée des bras de Morphée par une boule de poils qui vint sauter sur son ventre, avant d’avancer jusqu’à son visage pour se frotter la tête contre sa joue. La jeune femme sursauta, et il lui fallut quelques secondes avant que son esprit n’émerge des brumes du sommeil et qu’elle ne reconnaisse l’un de ses chats, Minet, comme l’auteur de son réveil brutal. La bête, tout comme sa mère, ses frères et sœurs, était douce au toucher et avait ses particularités qui l’identifiaient clairement pour quelqu’un qui la connaissait bien. Même si les chats du château étaient très indépendant et se débrouillaient seuls la plupart du temps –ils rendaient d’ailleurs un grand service en débarrassant le lieu des rats et autres rongeurs nuisibles-, Agathe appréciait particulièrement quand ils passaient la voir, ce qu’ils faisaient de temps en temps.

La toute nouvelle seigneur d’Eglemont était d’ailleurs plutôt contente que Minet l’ai réveillée, car il lui avait permis d’échapper à un terrible cauchemar, dont elle ne se souvenait pas très bien, mais sans doute lié avec l’annonce tragique de la veille. Elle soupira en s’adressant à son chat qui venait de sauter du lit avec un miaulement sonore.


-Hum… Minet, c’est déjà l’heure du lever ?

En réalité, Agathe ignorait quelle heure il pouvait bien être. Pour savoir si le jour était déjà levé, il lui faudrait certainement se placer face à la fenêtre afin de sentir ou non les rayons du Soleil réchauffer sa peau une fois les volets ouverts. Les autres indices dont elle disposait pour estimer l’heure étaient la température extérieure couplée à la météo, et les bruits et odeurs caractéristiques, notamment tous ceux qui étaient dus à l’activité humaine –l’odeur de la cuisson du pain, les premiers domestiques et autres habitants du château qui commençaient à s’agiter entre autres-, mais également au monde animal. Les coqs, cela était connu, saluaient le matin, mais également tous les oiseaux des bois qui peuplaient la vallée alentour.

Mais pour l’instant, la Dame d’Eglemont n’avait aucune envie de se lever de son lit à baldaquin. Elle savait que la journée qui s’annonçait serait très difficile. D’abord parce qu’elle avait perdu les derniers membres de sa famille proche, ceux à qui elle tenait le plus au monde. A part de lointains cousins remontant à l’époque de son grand-père Marius (côté von Grenzwald) et de sa grand-mère Constance (côté de Valbrusme) qu’elle n’avait jamais connu et qui étaient de toute manière maintenant des ennemis potentiels plus que des alliés, il ne lui restait maintenant que son oncle et son grand-père maternel, tous deux dans le Moussillon, qu’elle voyait que rarement.

Agathe s’était effondrée en apprenant la nouvelle de la mort de son père Gilles et de son petit frère Etienne, tués le même jour lors du même affrontement contre des orques et gobelins. Elle les aimait plus que n’importe qui d’autre, et savait que ce sentiment était réciproque, elle savait qu’elle aurait toujours pu compter sur eux, dans n’importe quel situation, et inversement elle aurait été prête à tout pour eux. Maintenant, ils étaient morts, et il ne restait d’eux que des souvenirs et un grand vide dans le cœur de la pauvre noble. Un vide affreux qui lui rappelait ce qu’elle avait ressenti à la mort de sa mère et de son frère aîné. Elle ressentait en effet une même douleur qui lui était hélas bien connue, une douleur à la poitrine qui n’était pas physique, une douleur qui lui causait une souffrance encore bien pire que le jour où elle avait complètement perdu la vue. Elle savait bien sûr que cette douleur s’estomperait avec le temps et laisserait vite la vie reprendre le dessus, comme l’aurait dit son frère aîné Raimond. Mais, pour le moment, l’heure était au deuil et aux larmes, au manque, à la souffrance et aux regrets.

A la perspective de ne plus jamais pouvoir parler à Gilles ni Etienne, Agathe ne put se retenir, et craqua complètement. Elle éclata en sanglots et pleura toutes les larmes de son corps. Mieux valait de toute façon qu’elle s’effondre ici dans l’intimité de sa chambre, que devant sa population ou les envoyés du Duc, pour au moins préserver une image de femme forte à leurs yeux.

Car, même si pour le moment ce n’était pas encore sa priorité, elle avait conscience de tout ce que signifiait la disparition des deux êtres qu’elle aimait le plus au monde. Comme le lui avait annoncé le messager, et conformément aux lois de Bretonnie, elle était maintenant « Dame Agathe von Grenzwald, seigneur d'Eglemont ». L’impensable, ce qui n’aurait jamais dû arriver s’était finalement produit, comme si le destin lui avait fait un pied-de-nez. Alors qu’elle n’était même pas héritière, et en rien préparée pour cette tâche, elle se retrouvait du jour au lendemain catapultée à la tête d’un fief qu’elle n’aurait jamais dû diriger et qu’elle n’avait jamais voulu diriger, même.

Cette responsabilité était d’autant plus terrifiante qu’Agathe se savait en position de faiblesse. Non seulement à cause de son infirmité et de la perte des chevaliers protecteurs d’Eglemont, mais aussi parce qu’elle sentait que les vautours allaient se précipiter autour de ce qu’ils considéraient comme une proie affaiblie, son fief. Elle était le seul rempart entre eux et leur objectif, la dernière représentante de la branche des von Grenzwald d’Eglemont, et elle se sentait des épaules bien frêles pour supporter le fardeau qui serait le sien.

En outre, elle se retrouvait également face à des responsabilités internes d’une ampleur terrible. En tant que seigneur, elle devrait rendre la justice sur son fief, et éventuellement édicter des règles, sans compter toutes les autres obligations liées à son rang. C’était beaucoup pour une jeune fille de vingt printemps seulement, qui n’y était en rien préparée.


Pire encore, Agathe savait qu’elle n’aurait que très peu de temps pour faire son deuil. Ses ennemis, ses pairs, ses suzerains, ses sujets et tous les opportunistes qui passeraient n’attendraient pas qu’elle soit prête pour exiger d’elle qu’elle se comporte en tant que seigneur d’Eglemont. Le monde ne s’était arrêté de tourner que pour une seule personne à l’annonce de la mort de Gilles et Etienne d’Eglemont : Agathe. Pour tous les autres, il continuait, avec une nouvelle donne, certains y voyaient même sûrement de nouvelles opportunités.

C’est pourquoi la Dame aveugle profita de ce temps passé seule pour laisser s’exprimer librement sa douleur, son chagrin, sa peine, son rejet des injustices de ce monde si cruel qui lui avait pris tous ceux qu’elle aimait le plus. Elle implora tous les dieux, tant la Dame du Lac, à laquelle s’en remettait toujours sa mère, que les dieux impériaux que son père invoquait encore souvent dans l’intimité de la famille.

Bientôt déjà, son amie et servante personnelle Johanne Lamare arriverait pour l’aider à se préparer à ce qui promettait d’être une journée éprouvante. Il faudrait alors entrer dans le costume qu’elle devrait maintenant porter toute sa vie, que cela lui plaise ou non, de seigneur. Elle devrait se préparer au retour des corps des êtres aimés et préparer leur inhumation auprès du reste de la famille. Mais elle devrait également accueillir au mieux les envoyés du Duc Folcard de Montfort, son suzerain direct et jusqu’ici le meilleur soutien et allié de sa famille depuis toujours. La toute jeune seigneur devrait se montrer à la hauteur.

Heureusement, la perspective d’être soutenue par ses amis et son mentor et précepteur impérial Otto Mahler, en qui elle avait toute confiance, la rassurait. Agathe savait qu’eux seraient toujours là pour elle, au moins. Elle aurait sûrement besoin de leur soutien et de leurs conseils pour tenir son nouveau rôle.

En attendant l’arrivée de Johanne qui lui apporterait le petit-déjeuner, Agathe se leva et alla ouvrir les volets pour estimer l’heure qu’il pourrait être. L’air était humide et froid, mais elle sentait déjà que le Soleil était présent. Il y avait sûrement de la brume, comme souvent, pensa la jeune femme. Dehors, les animaux et les gens étaient déjà levés depuis peu et commençaient à s’activer. Selon son estimation, il devait être près de huit heures du matin.

Dans la chambre de la noble, tout était parfaitement rangé à sa place, selon une organisation rigoureuse. Agathe connaissait ses appartements et plus généralement le château et une bonne partie de son fief comme sa poche, s’y déplacer normalement ne lui posait plus aucun problème depuis des années. Néanmoins, les objets devaient se trouver à leur place, et notamment ses objets personnels, afin qu’elle puisse plus facilement s’y retrouver, et tout particulièrement avec ses vêtements. Elle savait exactement où était quel vêtement, et de quelle couleur il était. Cela lui permettait d’être totalement autonome là-dessus, même si elle adorait quand même demander conseil à Johanne ou Sebastienne pour son choix de vêtements, en temps normal.

Là, en l’occurrence, elle savait déjà ce qu’elle allait porter. Elle se ceindrait les yeux d’un bandeau noir, et porterait sa pèlerine d’écureuil pour accueillir les envoyés du Duc, par-dessus une longue robe bleue très foncée. Pour une fois, pour faire plaisir à la délégation ducale en montrant son respect des coutumes bretonniennes, mais aussi pour marquer le deuil, elle porterait un voile noir qui cacherait ses cheveux, qui serait maintenu par sa simple couronne en argent, symbole de son rang. Elle porterait également à la taille son épée Nomosthemis, attachée à sa ceinture dans son fourreau de houx, ce fourreau qu’elle avait toujours voulu décorer elle-même en le sculptant. Maintenant, elle se demandait si elle aurait jamais le temps d’apprendre la sculpture.

En l’honneur de sa famille et pour la première fois de sa vie, elle arborerait fièrement la broche en or des von Grenzwald, bien en vue puisqu’elle fermerait sa pèlerine. Evidemment, comme chaque jour depuis qu’elle l’avait reçu, elle porterait également son médaillon familial, qui aujourd’hui plus que jamais lui rappelait sa famille, telle qu’elle était à une heureuse époque bénie où ils étaient encore tous en vie.

Toujours en pleurs, et avec une dernière prière à haute voix pour Morr, Agathe se prépara à l’arrivée imminente de Johanne. Elle savait qu’elle n’avait rien à craindre de son amie d’enfance, elle n’avait pas besoin de lui cacher sa peine, sa douleur, et de toute manière Johanne la connaissait trop bien pour ne pas savoir à quelle point elle avait été touchée par l’annonce de ces pertes, il aurait été inutile de jouer la comédie devant elle.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 10 nov. 2015, 17:32, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total 6 xps
Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

Avatar du membre
[MJ] Le Grand Nécromancien
PJ
Messages : 23
Profil : Pouvoir Infini
Localisation : Nagashizzar - Pic Dolent

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Agathe d'Eglemont s'accouda quelques instants à la fenêtre, inspirant à plein poumon cet air frais et matinal qui ne parvenait pas à chasser les larmes qui s'étaient répandues à flots sur les joues délicates de la jeune femme. La Dame aveugle savait pertinamment qu'il s'agissait probablement des derniers instants où elle pourrait laisser libre court à sa tristesse et à ses émotions, un Seigneur devait rester digne en toutes circonstances, le pourrait-elle au moment de faire ses adieux à ceux qui désormais avaient rejoint le Royaume de Morr ? Les charges seigneuriales étaient nombreuses, tant d'un point de vue administratif que judiciaire, en effet c'était Agathe qui devrait rendre la justice sur ses terres et condamner bandits et manants pour les crimes et délits commis, une responsabilité que portait jadis son père mais qui lui incombait désormais.Le messager du Duc de Montfort avait signalé que les dépouilles seraient rapatriées à Eglemont dans le courant de l'après-midi et que l'organisation des funérailles revenait entièrement à la désormais Lady d'Eglemont qui avait encore quelques heures pour se préparer à recevoir la délégation de son suzerain.
Alors que la Dame aveugle réfléchissait à ce qu'elle allait porter pour recevoir ses invités, trois coups discrets retentirent contre la porte avant que cette dernière ne s'ouvre légèrement, une voix douce et féminine retentit, appelant la jeune femme.


Dame Agathe, je vous apporte votre petit-déjeuner.
Image
Après avoir reçue l'autorisation d'entrer, la porte s'ouvrit plus largement pour laisser entrer Johanne Lamare. La servante, qu'Agathe connaissait depuis sa plus tendre enfance, était une belle jeune femme aux longs cheveux bruns qui tombaient à la naissance de sa poitrine et dont les yeux eux-aussi bruns pétillaient toujours de bonne humeur, hélas en ces heures sombres ils paraissaient avoir perdu tout leur éclat. Johanne portait dans ses mains un plateau sur lequel étaient disposés plusieurs petits pains et de la confiture à la cerise, un verre de jus d'orange fraîchement pressé accompagnait le reste du plateau que Johanne déposa sur une petite table à côté du lit de sa maîtresse. La jeune servante s'assit aux côtés de la Dame d'Eglemont et resta silencieuse quelques secondes, ne sachant pas vraiment que dire pour consoler celle qui avait toujours été son amie malgré les barrières protocolaires entre la noblesse et le peuple puis soudainement posa sa main délicate sur celle d'Agathe dans un geste qu'elle voulait réconfortant.

Nous nous connaissons depuis fort longtemps et je ne peux qu'à peine imaginer ce que vous traversez. Mais sachez que nous serons tous là pour vous aider à traverser cette terrible épreuve. Je n'ai jamais connue une personne avec une aussi grande bonté d'âme et de coeur que vous, des jours meilleurs viendront, la Dame m'en soit témoin. Dit Johanne en serrant légèrement la main de le Dame d'Eglemont avant de relacher son étreinte quelques instants plus tard.

Messire Otto Mahler souhaite s'entretenir avec vous au sujet des récents évènements. Il vous attend dans son bureau dés que vous aurez terminé votre petit-déjeuner et que vous serez coiffée et habillée. Essayez de manger quelque chose, je vous ai apporté des tartines à la confiture et un jus d'orange frais, vous devez prendre des forces avant cette journée éprouvante. Minet sauta alors sur les genoux de la jeune servante pour glâner l'une ou l'autre carresse avant que Johanne ne commence à aider la Dame Aveugle à se préparer pour son rendez-vous avec le précepteur impériale qui était également son mentor, il était peut-être la figure qui se rapprochait le plus d'un père maintenant que le seigneur d'Eglemont était mort. Sans doute n'avait-il jamais imaginé que sa petite protégée allait obtenir de telles responsabilités mais il n'y avait guère de doute non plus sur le fait que le vieil homme allait aider Agathe du mieux qu'il le pouvait dans ses nouvelles fonctions, il n'était sans doute pas des plus au fait de la législation bretonnienne mais sa sagesse et sa vivacité d'esprit seraient un atout de taille pour la jeune aveugle.

Dame Agathe, je voulais aussi vous prévenir... Commença Johanne, l'air hésitante. Sebastienne a quitté précipitamment le château ce matin, son père serait tombé gravement malade et je ne saurais vous dire s'il survivra plus de trois levés de soleil. Une brise glacée s'invita par la fenêtre qu'Agathe avait laissée ouverte, refroidissant encore plus l'atmosphère. La Mort semblait s'être installée sur le village d'Eglemont, pouvait-on lutter face à la fatalité ? N'était-ce que des incidents isolés ou l'Obscurité allait-elle durablement s'installer sur le fief d'Agathe ? La Dame la garde.

Avatar du membre
Agathe d'Eglemont
PJ
Messages : 15

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Lorsqu’elle entendit frapper trois petits coups à sa porte, avant que Johanne Lamare ne s’annonce en l’entrouvrant légèrement, Agathe se retourna pour faire face à son amie d’enfance. Un léger sourire passa sur les lèvres de la seigneur, qui fut heureuse d’accueillir sa servante si dévouée. Cette dernière ne s’était pas annoncée, mais la Dame aveugle n’avait nul besoin de la voir pour la reconnaître tout de suite, et de manière bien plus certaine que ce qu’un simple examen visuel l’aurait permis. Depuis très longtemps, elle s’était habituée à son odeur, qu’elle trouvait agréable et fraîche, et à sa voix. Même sa manière de bouger, de marcher, de frapper à la porte était caractéristique. Chez chaque personne qu’elle croisait, Agathe d’Eglemont n’avait en effet pas d’autre choix pour les identifier à distance que de retenir une foule de petits détails, de « signatures » sonores ou olfactives.

Evidemment, si elle le pouvait, toucher quelqu’un lui permettait tout aussi bien de l’identifier. Pour dévisager quelqu’un, analyser une surface, ou même lire un texte gravé, ses mains étaient en quelque sorte ses yeux : elles « voyaient » avec une grande précision les formes. Toutefois, le toucher n’était pas permis avec tout le monde, ni en toutes circonstances. Avec les membres de sa famille, ses amis ou ses sujets, cela ne posait aucun problème, car ils la connaissaient et étaient suffisamment habitués pour ne pas se tromper sur ses intentions. Avec un noble inconnu, un émissaire ou une personne de rang, à l’inverse, mieux valait être prudente et demander la permission de le toucher en lui expliquant le pourquoi de la chose afin d’éviter les confusions maladroites et les malentendus, voire tout simplement parfois y renoncer purement et simplement, quand cela ne paraissait pas opportun ou trop impoli, par exemple.

Pour une personne disposant normalement de ses cinq sens, retenir tous ces détails pourrait de prime abord paraître fastidieux, laborieux, et requérir une très grande mémoire. La réalité était très différente. Avec l’habitude, retenir les odeurs, les sons et les formes et les associer devenait un réflexe. De même qu’un voyant n’a pas besoin de réfléchir pas pour voir et associer une chose à une image, un aveugle utilise ses autres sens pour compenser, naturellement, sans y penser.

Agathe n’avait pas eu besoin de réfléchir pour dire que c’était bien Johanne qui était dans sa chambre, et elle aurait pu reconnaître de même n’importe quel habitant du château, et une bonne partie de ses sujets. Même avec les inconnus, ces détails importaient et permettaient de glaner pas mal d’informations qui pouvaient se révéler importantes. Les paysans n’avaient en général pas la même odeur, le même ton, ni les mêmes bruits qu’un seigneur ou un homme d’arme.

De toute façon, dans la situation présente, même si la seigneur d’Eglemont n’avait pas disposé de ces éléments, la force de l’habitude lui aurait quand même indiqué qu’il s’agissait bien de son amie Johanne. Il était réconfortant, très réconfortant de savoir que malgré tous les malheurs qui s’étaient abattus sur le fief, elle était toujours là pour la soutenir, lui apporter un petit déjeuner préparé avec amour et la réconforter. Sentant une chaleur intérieure agréable se répandre dans sa poitrine en pensant à son amie, Agathe cessa de pleurer et s’assit sur son lit où elle fut bientôt rejointe par Johanne qui posa sa main sur celle de sa seigneur et la serra en lui adressant des paroles d’encouragement bienvenues.

Devant une telle démonstration de soutien et d’amitié, Agathe eut du mal à se retenir de fondre en larmes en remerciant son amie, submergée par l’émotion. Au lieu de quoi elle laissa échapper seulement quelques larmes en adressant, à son amie un sourire triste, à cause de la douleur qu’elle ressentait toujours au cœur depuis l’annonce du décès de ses proches, mais sincère. La Dame d’Eglemont prit Johanne dans ses bras et la serra contre elle, la tête sur son épaule, pendant une trentaine de secondes, après quoi elle se remit droite en la remerciant d’une voix émue.


-Merci Johanne. Merci, vraiment. Tes paroles me vont droit au cœur et me réchauffent un peu alors que le monde ne m’a jamais paru si froid et si noir. Ni si effrayant d’ailleurs. A part toi, Herr Mahler, Damien et Sebastienne, je ne sais pas sur qui je peux compter. Qu’est ce que je deviendrai sans vous ? Qu’est-ce que je serais devenue sans vous ?

Puis la Dame commença à petit déjeuner tandis que Minet avait sauté sur les genoux de sa servante pour réclamer des caresses. Tandis qu’elle dégustait ses tartines à la confiture de cerise et buvait son jus d’orange, Johanne lui expliqua que Sébastienne, son autre amie d’enfance et apprentie médecin du château, était partie au chevet de son père gravement malade. Ironiquement, c’était donc le médecin qui risquait de mourir de maladie.

La nouvelle arrivait au pire moment, et l’apprendre fut un choc pour Agathe qui connaissait très bien « le docteur Elenote », comme elle l’appelait étant enfant et, par force d’habitude, encore aujourd’hui. Décidément, le sort semblait s’acharner sur le petit fief montagneux. Normalement, le docteur avait des appartements dédiés au sein même du château d’Eglemont, mais il semblait qu’il était tombé malade alors qu’il n’était pas sur place, ce qui avait obligé Sébastienne à quitter elle aussi les lieux pour se porter à son chevet, et tenter de le sauver. Mais d’après ce que lui avait dit Johanne Lamare, les choses étaient mal engagées pour lui.

Une fois son repas terminé, la jeune aveugle indiqua à sa domestique quels vêtements elle désirait porter, et, tandis qu’elle s’habillait, Agathe commenta avec une certaine nostalgie emprunte de détresse la situation des Elenote :


-J’espère que le docteur Elenote va s’en tirer. Tu te souviens, étant enfants, quand Sébastienne, toi, moi, Etienne et Damien étions entrés dans son appartement et avions commencé à jouer avec ses instruments ? Je crois que je me souviens encore de la peur qu’il nous a faite, quand il s’est fâché et a menacé d’aller en parler à mon père. Jamais plus je n’ai osé entrer chez eux sans sa permission expresse, et même alors je me gardais bien de toucher à ses outils de travail. Au fond, c’est quelqu’un de bien, d’ailleurs, il n’en a jamais rien dit à personne.
Sais-tu où ils se trouvent en ce moment ? Sont-ils simplement au village, ou plus loin ?


Si elle l’avait pu, Agathe aurait sans doute voulu se déplacer en personne pour soutenir son amie dans l’épreuve qu’elle devait traverser. Cependant, la question était en l’espèce plus posée pour savoir où se trouvait Sébastienne et son père au cas où, car il était peu probable que la Dame d’Eglemont ait le temps libre nécessaire pour rendre visite à son amie d’enfance. Elle-même était en grand deuil et ses nouvelles responsabilités la réclamaient déjà et l’occuperaient sans doute à plein temps pendant de nombreux jours, voire semaines et peut-être même plus encore.

Dans un premier temps, elle allait devoir parler avec Otto Mahler de ce qui s’était passé et de ce qui allait se produire. Le précepteur, figure d’autorité qu’elle appelait toujours respectueusement « Herr Mahler », ou « professeur », était peut-être un impérial, mais il était probablement la personne la plus érudite et la plus intelligente du fief. Ses conseils seraient sûrement sages et avisés. Il serait d’autant plus précieux qu’en matière judiciaire, administrative et diplomatique, Agathe était une complète novice. Gilles d’Eglemont avait d’ailleurs choisi Mahler non seulement à cause de ses qualités, mais également de sa nationalité. Ce n’était un secret pour personne au château que Gilles, contrairement à son père Marius, avait toujours préféré l’Empire, ses coutumes, ses idées, ses manières, à celles de la Bretonnie, même si en public il l’avait toujours caché, sagement.

Comme la Dame aveugle l’avait avoué à sa confidente, cette perspective d’affronter ses nouveaux devoirs l’effrayait un peu, d’autant que la tâche paraissait d’une difficulté énorme, insurmontable presque. Agathe avait l’impression d’être toute petite, telle une enfant devant ses responsabilités nouvelles. Tant de gens comptaient sur elle, tant de choses dépendaient maintenant d’elle. Tous ces destins reposaient sur ses petites épaules, et c’était un fardeau bien lourd à porter pour la jeune femme qui n’y était absolument pas préparée. Le fait que cela coïncide avec la mort des deux membres de sa famille proche encore en vie il y a quelques jours à peine, les deux êtres auxquels elle tenait le plus, rendaient les choses encore plus dures.

Mais justement ! Malgré la douleur, malgré la difficulté de la tâche, malgré le sort, Agathe von Grenzwald d’Eglemont savait au fond d’elle-même qu’elle devait et allait trouver le courage d’affronter son destin. Il le fallait, pour les autres, pour tous ceux qui comptaient sur elle, mais aussi pour sa famille, et par-dessus tout, pour elle-même. En ce moment, comme à chaque épreuve que la vie avait mise sur sa route, elle se souvenait de la promesse qu’elle avait faite des années auparavant à son grand frère, Raimond. Quelque soit l’adversité, elle devait continuer à vivre, à aller de l’avant, à se battre, et elle devait le faire pour elle. Pour qu’un jour, quand les années auraient passé, qu’elle serait vieille, elle puisse se dire qu’elle avait bien vécu, ne pas avoir de regret, être fière d’elle-même et faire honneur à sa famille, les von Grenzwald d’Eglemont.

Une fois habillée de pied en cap, Agathe d’Eglemont effaça toute trace de ses larmes et sortit de sa chambre pour rejoindre Otto Mahler, en saluant au passage son garde du corps et lui aussi ami d’enfance Damien Soudre, à qui elle donna congé pour le matin. En effet, elle ne comptait ni s’entraîner à l’épée avec lui, ni sortir du château, et puisque la délégation du Duc Folcard de Monfort et les dépouilles n’arriveraient que dans le courant de l’après-midi, elle n’aurait pas besoin de lui entre-temps. Le plus urgent était de préparer la venue des envoyés du Duc et les funérailles, les affaires courantes étant secondaires par rapport à ces deux évènements exceptionnels, extraordinaires et tragiques.

Je m'habille comme dit dans le post précédent, puis je vais voir Otto comme il me l'a demandé.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 13 nov. 2015, 01:42, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total 12 xps
Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

Avatar du membre
[MJ] Le Grand Nécromancien
PJ
Messages : 23
Profil : Pouvoir Infini
Localisation : Nagashizzar - Pic Dolent

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Je présume qu'il se trouve au village mais je n'ai guère eu le temps de me renseigner davantage, Sebastienne est partie immédiatement le rejoindre dés qu'elle a appris la nouvelle, elle était tellement affolée qu'elle tremblait en préparant ses instruments. Sans doute le le fera-t-elle rapatrié au Château dés que son état sera stabilisé. Je prie la Dame pour que le mal qu'il a contracté ne soit pas incurable et que cette maladie ne contamine personne d'autre. Dit Johanne en débarrassant le plateau du petit-déjeuner qu'elle déposa sur une petite table située à côté du lit de la Dame d'Eglemont. La jeune servante observa la nouvelle Seigneur des lieux se préparer à sa rencontre avec sire Otto, aidant son amie d'enfance dés qu'elle voyait que cette dernière avait du mal à enfiler ses habits, ce qui n'arrivait d'ailleurs que très rarement. De longues années s'étaient passées depuis la mort des yeux d'Agathe et cette dernière avait acquit une bonne autonomie et n'avait besoin de l'aide de ses subordonnés que pour des tâches requérant une adresse particulière qu'elle ne possédait plus. Il lui avait d'ailleurs fallu du temps et beaucoup d'entrainement mais malgré son handicap, Agathe d'Eglemont était parvenue à devenir une breteuse relativement talentueuse, si elle ne pouvait plus se reposer sur sa vue pour observer son adversaire, son ouië s'était décuplée et elle pouvait percevoir les vibrations que faisaient les mouvements de son partenaire et ami, Damien, et avait montré une certaine aptitude au maniement de l'épée qui aurait certainement été encore plus grande en temps normal.

Dois-je préparer des chambres pour la venue des émissaires du Duc de Montfort, Dame Agathe ? Demanda la jeune femme en se levant, plateau entre les mains avant de sortir de la chambre seigneuriale à la suite de la maîtresse des lieux. Johanne s'inclina respectueusement et partit dans la direction opposée, sans doute vers les cuisines pour y ramener le plateau repas et suivre les directives données par la jeune aveugle. Il régnait une atmosphère pesante sur le Château et ses occupants, Damien qui montait la garde devant la porte de la chambre d'Agathe baissa la tête, Agathe pouvait lire dans ses yeux une grande tristesse, lui aussi paraissait très affecté par la disparition de son suzerain et du jeune frère d'Agathe. Enterrer ses parents étaient dans l'ordre naturel des choses, mais dire adieu à un enfant était encore plus insoutenable. Les autres occupants du château étaient eux aussi affectés, mais aussi inquiets concernant ce qui allait se passer dans les prochains jours, les prochains mois. A l'extérieur, le brouillard commençait lentement à disparaître et un faible rayon de soleil traversait les vitres pour réchauffer quelque peu les larges couloir du Château d'Eglemont.

Le bureau d'Otto Mahler se trouvait dans l'aile sud du Château, il y disposait d'appartements assez vastes que pour servir à la fois de pièce de vie et de lieu de travail. Lorsque la jeune femme frappa à la porte, c'est une voix calme et mesurée qui l'invita à entrer dans un lieu qu'elle avait connu depuis sa plus tendre enfance, Agathe connaissait le vieil érudit depuis longtemps, du temps ou elle était encore capable d'admirer le soleil disparaissant à l'horizon durant une soirée d'été. Les connaissances du précepteur étaient vastes mais les lois de Bretonnie n'étaient sans doute pas son domaine de prédilection. Néanmoins, vers qui Agathe aurait-elle pu se tourner si ce n'est celui dont le rôle se rapprochait peut-être le plus de celui d'un père ? L'érudit vivait dans une vaste pièce bien éclairée par deux grandes fenêtres qui laissaient travers le soleil lorsqu'il était à son zénith, Agathe entendit le craquement d'une buche dans une cheminée, la chaleur dégagée par l'âtre donnait au lieu une sensation de réconfort et de plénitude. Le bureau du précepteur était encombré de nombreux parchemins et ouvrages sur les us et coutumes bretonniennes qu'il tâchait d'étudier au mieux pour l'enseigner ensuite à sa jeune protégée.

L'homme était de grande taille, une barbe blanche naissante lui couvrait les joues et des lunettes en demi-lunes étaient posées sur son nez aquilin. Ses yeux pétillaient de malice et il accueillit la jeune femme de cette voix chaleureuse qu'elle lui connaissait si bien.

Dame Agathe, je vous attendais. Pardonnez moi de vous avoir fait quérir si tôt et en pareilles circonstances mais il me semblait important de m'entretenir avec vous avant l'arrivée des émissaires du Duc de Montfort, vous savez bien qu'une fois que les funérailles de votre père et votre frère auront eu lieu, vous serez propulsée à la tête de ce domaine avec toutes les charges que cela comporte. Dit le vieil homme en tapotant sur son bureau de chênes du bout de ses doigts, Agathe ne le voyait guère mais ses traits étaient tirés et malgré le ton rassurant qu'il prenait, l'on voyait qu'il n'avait guère eu le temps de fermer les yeux durant la nuit qui venait de s'écouler. Otto Mahler joignit ses mains devant lui et s'avança quelque peu derrière son bureau.

J'aimerais que vous me contiez ce que vous savez des devoirs d'un Seigneur sur ses terres et sur la hiérarchie féodale qui gouverne le royaume de Bretonie ? Il n'y avait aucun piège dans les questions du précepteur impérial, il était important pour lui d'avoir une idée des connaissances déjà acquises par Agathe d'Eglemont et au besoin de les affiner, les intrigues de cours étaient nombreuses et le jeu de la politique des plus complexes. Agathe et Eglemont seraient-ils capables d'y survivre ?
Fait moi part de toutes les connaissances d'Agathe sur la législation bretonienne.

Avatar du membre
Agathe d'Eglemont
PJ
Messages : 15

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

La réponse de Johanne Lamare rassura un peu sa seigneur. En effet, même si Sébastienne n’était plus au château, au moins n’était-elle pas partie très loin. Cependant, les craintes de la jeune servante au sujet des Elenote étaient exactement les mêmes que celles nourries par son amie noble. Agathe d’Eglemont espérait de tout son cœur qu’aucun nouveau malheur ne viendrait frapper son entourage. Il y avait déjà largement suffisamment de morts à pleurer sans qu’en plus le docteur Elenote ne vienne s’ajouter à cette liste. Le risque de contagion était à craindre, mais, heureusement, avec sa fille auprès de lui, le médecin avait la personne la plus compétente du fief à ses côtés pour la soigner. Sébastienne avait appris son art auprès de son paternel, et, même si elle n’avait pas encore tout son talent ni toutes ses connaissances en la matière, elle était destinée naturellement à le remplacer, le plus tard possible dans l’idéal.

Agathe aurait aimé parler encore un peu avec Johanne, mais elle savait que le temps lui manquerait probablement dans les jours à venir, et qu’elle n’avait plus le loisir de faire passer ses désirs avant ses responsabilités. Aussi se prépara-t-elle à rejoindre Otto Mahler dès qu’elle fut prête. Avant qu’elle ne reparte aux cuisines avec son plateau, la fille du forgeron posa une dernière question à son amie, à savoir si elle devait préparer une chambre pour les émissaires du Duc Folcard de Monfort. Décidément elle pensait vraiment à tout. Souriant devant tant de prévenance, la jeune infirme répondit :


-Oui, tout à fait, et il faudra aussi leur préparer un repas digne de leur rang. Ils risquent de rester quelques jours, ou du moins il nous faut le prévoir. Ce n’est pas la place qui manque de toute façon.

La Dame d’Eglemont avait ajouté cette dernière phrase sur un ton plus triste, plus grave. Avec la mort de son petit frère et de son père, les quartiers nobles seraient bien vides, à l’avenir. Pour sa part, bien qu’elle aurait légitimement pu demander à loger dans la chambre de ses parents, Agathe préférait garder sa chambre actuelle et l’avait fait savoir à sa suivante, pour plusieurs raisons. Premièrement, parce qu’elle n’avait pas le temps d’organiser un déménagement, même d’une pièce à une autre tout proche, les quartiers de la famille von Grenzwald étant regroupés dans le secteur du donjon d’Eglemont. Secondement, parce qu’elle aurait dû réaménager entièrement son rangement et donc prendre un temps d’adaptation pour retrouver des habitudes et une autonomie presque complète, car même si elle connaissait par cœur les lieux, elle devrait changer ses habits et objets d’armoires, et donc revoir leur classification afin de savoir où se trouvait quoi et de quelle couleur étaient ses vêtements. Enfin et surtout, troisièmement, parce qu’elle n’avait absolument aucune envie de quitter la chambre qu’elle occupait depuis son enfance, surtout pour prendre ce qu’elle considérait toujours comme la chambre de ses parents.

En sortant, Agathe nota dans la respiration et la voix de son garde du corps Damien Soudre que ce dernier était plus touché qu’il n’y paraissait par les décès de Gilles et Etienne d’Eglemont. La dame ne regretta pas de lui avoir donné sa matinée, c’était un bon "ange gardien", en qui elle plaçait aveuglément toute sa confiance, mais plus encore c’était lui aussi un de ses rares vrais amis. Il était normal qu’il fût affecté par les évènements récents, et mieux valait lui donner du temps libre pour qu’il soit parfaitement opérationnel quand il le faudrait, à savoir devant les émissaires du Duc. Faire bonne impression auprès d’eux pourrait peut-être se révéler extrêmement important.

Une fois arrivée au bureau d’Otto Mahler, la jeune femme frappa trois petits coups, puis entra quand son précepteur l’y invita. La pièce était chaude, rassurante, tout comme l’était la voix du vieil érudit. L’endroit sentait bon l’encre, les parchemins, les livres et le feu de bois, que l’on entendait ronronner dans l’âtre. Bien qu’elle fût techniquement son employeuse maintenant, la perception d’Agathe n’avait pas changé au sujet de l’impérial. Elle le considérait toujours comme son mentor, son professeur. Savoir qu’Otto la soutenait dans cette terrible épreuve lui apportait un réconfort énorme. Cet homme savait tout, il était bon et se souciait réelle d’elle. Il l’avait vu grandir et l’avait éduquée depuis la mort de sa mère, et un lien très fort s’était créé entre eux. Au fil des années, il était presque devenu un deuxième père pour la jeune aveugle. Evidemment, cela impliquait également que, même si elle était censée être la seigneur d’Eglemont, Agathe se considérait toujours comme la simple élève de l’impérial, envers qui elle montrait un profond respect. Aussi attendit-elle debout que le vieil homme ne l’invite à s’asseoir avant de prendre son siège habituel en face de lui, de l’autre côté du bureau.


-Herr Mahler, vous m’avez fait mander, je suis là.

L’héritière du fief d’Eglemont appelait toujours Otto « Herr Mahler » comme elle le faisait depuis toute petite, non pour mettre une distance entre eux, mais parce que c’était son précepteur auquel elle devait le respect, et également parce que c’était ainsi que l’appelait son père de son vivant.
L’érudit savait probablement l’importance du temps dans un contexte pareil, car il n’en perdit pas une seconde et alla droit au but. Cette ambiance scolaire, studieuse qu’elle appréciait tant et qui n’avait pas changé, était agréable à la seigneur. C’était d’autant plus appaisant qu’Otto semblait prendre la mesure de la tâche qui l’attendait, mais adoptait un ton rassurant, il ne paraissait pas effrayé. Aux questions de son mentor, Agathe répondit d’une voix hésitante, comme si elle passait une interrogation, après avoir pris quelques instants de réflexion avec une moue caractéristique sur le visage, pendant laquelle elle rassembla et ordonna ce qu’elle connaissait sur le sujet.


-N’ayez crainte, je comprends parfaitement… Et pour tout vous dire si vous ne m’aviez pas appelée, je serais passée moi-même vous demander conseil, Herr Mahler.

Quant devoirs d’un seigneur et au système du féodalisme bretonnien, je n’en connais pas les détails, mais juste les grandes lignes. Vous savez comme moi que mon père était plus attaché aux concepts impériaux que bretonniens, même s’il respectait ces derniers. D’ailleurs vous le savez mieux que quiconque, Herr Mahler, ma famille est peut-être la plus impériale de toute la noblesse bretonnienne, et même moi qui n’ai jamais vécu dans l’Empire, j’ai encore une vision parfois éloignée d’une noble bretonnienne moyenne sur bien des choses.

Les devoirs d’un seigneur se divisent donc en deux branches principales, pour reprendre votre question. L’une d’elle concerne la gestion de ses propres terres, l’autre ses relations avec ses suzerains, soit les deux branches de votre question.

La société est séparée en deux classes principales, outre les exceptions que sont les demoiselles du Graal et les étrangers. Il y a en Bretonnie les nobles et les autres, souvent résumés à la paysannerie, bien qu’il y ait aussi là les commerçants, artisans et plus généralement tous les autres métiers bretonniens. Contrairement aux nobles, les paysans n’ont pas le droit à posséder de terres, et leur anoblissement est chose rare. Pour bien différencier ces deux classes, toute une série de devoirs sont imposés aux paysans, et toute une série de droits n’existe que pour les seigneurs, notamment dans tout ce qui concerne la chasse, les constructions, l’habillement… D’ailleurs à ce propos, j’envisage d’accorder aux sujets d’Eglemont une exemption spéciale dont je vous parlerais plus tard. En dehors de cela, les seigneurs peuvent globalement édicter les lois qu’ils veulent dans leur fief et rendre la justice comme ils l’entendent, à condition bien sûr d’être toujours en conformité avec les lois et ordres de leurs suzerains.

L’idée de base est que les paysans doivent travailler pour leurs seigneurs, qui en échange doivent veiller sur eux, les protéger et leur rendre justice. Ce pacte est formalisé par le devoir du paysan qui leur est lu chaque mois.

« …Tu offriras à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne garderas pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera… »

En ce qui concerne la hiérarchie féodale bretonnienne, en revanche, les choses sont plus complexes, car la loi et les coutumes s’intéressent beaucoup plus à eux.

Le système de base repose sur l’idée de fidélité du vassal envers son suzerain, par le biais d’un serment d’allégeance qui le lie personnellement. Il existe quatre rangs principaux parmi la noblesse, chaque noble pouvant revendiquer le rang le plus élevé auquel il prétend, même si par ailleurs il est vassal d’un noble de rang inférieur. La chose me paraît d’ailleurs bien étrange, mais elle est possible, car les liens reposent sur une fidélité personnelle et non pas sur une idée de « grade » abstrait qui primerait, comme dans l’Empire, par exemple. Ainsi, bien que je sois que simple seigneur, je n’ai en théorie pas à obéir à un baron quel qu’il soit ni à un duc autre que mon suzerain le Duc Folcard, même si par ordre d’importance je leur suis objectivement très inférieure en rang et puissance, et serait traitée comme telle à une table d’un hôte neutre.
Mais cela n’est pas toujours vrai, et parfois on peut être soumis à l’autorité d’un noble qui n’est pas son suzerain ou le suzerain d’un de ses suzerains, car l’autorité ducale s’applique en théorie sur tout leur duché, sauf sur les barons directement liés au roi, mais y compris sur les vassaux de ces barons qui ne sont pourtant pas liés même indirectement au duc.

Ces quatre rangs de noblesse -outre le roi qui serait au sommet-, sont dans l’ordre décroissant de pouvoir : duc, baron, seigneur et chevalier. Il y a aussi toute une série de titres honorifiques souvent accompagnés de droits, comme comte, paladin, ou marquis, par exemple.
Le roi, Louen Cœur de Lion en l’occurrence, est au sommet de toute la pyramide des liens de fidélité de toute la Bretonnie : c’est donc lui le suzerain de toute la Bretonnie, celui qui unit toutes les seigneuries sous son pouvoir, directement ou le plus souvent indirectement. Dans mon cas, je suis vassale du Duc Folcard de Montfort, lui-même vassal du roi.

Les nobles n’ont donc de devoir direct qu’envers leur suzerain, et indirectement envers le roi et plus généralement tous les suzerains de leur suzerain. Le roi étant à la base de l’ « arbre » des serments d’allégeances, il prime sur tous les autres suzerains.
L’ennui est que les serments de fidélité et les devoirs du seigneur envers son suzerain impliquent potentiellement des obligations militaires, en plus de la soumission à ses lois et du devoir de respecter ses ordres et de répondre à ses sollicitations diverses. Or, à part Jeanne de Lyonesse en son temps, nous les femmes ne sommes pas admises dans la chevalerie.
Enfin, pour être plus exacte nous pouvons avoir le titre et exercer les fonctions de noble en l’absence de tout héritier mâle, ce qui est d’ailleurs mon cas. Mais en revanche, dès que nous nous marrions, et bien que le titre reste nôtre théoriquement, l’exercice de ce titre est l’affaire du mari, puis des descendants.

Le paradoxe est que dans mon cas, mes fonctions m’obligent à défendre mon fief et à répondre le cas échéant à l’appel de mon suzerain. Or à ma connaissance la loi ne dit pas ce qui doit prévaloir entre ce devoir et la coutume qui veut que le beau sexe ne doivent pas se battre. Je suppose néanmoins, avec l’exemple de Jeanne de Lyonesse et des demoiselles du Graal qui se défendent bien à l’épée si besoin, que le devoir de défendre notre fief prévaut. En même temps cette interprétation ne sera pas forcément celle de tous les autres seigneurs, elle est biaisée car je suis une femme et que donc je choisis l’interprétation qui m’est la plus favorable.
Mais, que la loi l’autorise ou non, personnellement, si jamais Eglemont est attaqué, on ne me verra pas rester les bras croisés à ne rien faire sous prétexte que dans le doute mieux vaut ne pas combattre pour être sûre de rester dans la loi. Dans l’Empire, ce problème n’existe d’ailleurs pas, les femmes nobles peuvent combattre si elles le souhaitent.

Voilà, Herr Mahler c’est à peu près tout ce que je sais. J’espère ne pas m’être trompée ni vous avoir déçu.


La jeune aveugle attendit la réponse de son précepteur, un sourire légèrement amer sur le visage. La législation bretonnienne était si injuste avec les femmes, trouvait-elle. Là-dessus au moins son père avait eu raison de préférer l’Empire.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 07 déc. 2015, 13:55, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total 18 xps
Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

Avatar du membre
[MJ] Le Grand Nécromancien
PJ
Messages : 23
Profil : Pouvoir Infini
Localisation : Nagashizzar - Pic Dolent

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Otto Mahler écoutait pensivement sa jeune élève derrière ses lunettes en demi-lunes, il était venu pour former et éveiller une jeune enfant à la culture et la voilà qui allait à présent gouverner un morceau de territoire tout entier, il ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire en écoutant Agathe s'exprimer comme dans un temps lointain ou il lui faisait passer une interrogation. Elle était parfois hésitante, craintive de décevoir son mentor mais lui non plus n'était pas un expert de la legislation bretonnienne, ils allaient devoir démêler les jeux de la politique ensemble et plus rapidement qu'ils ne le pensaient. Le précepteur impériale laissa la Dame d'Eglemont arriver jusqu'au bout de son élocution, non sans avoir froncer les sourcils lorsqu'Agathe avait mentionné d'exempter son peuple de quelque chose dont il n'avait pourtant pas idée, les Bretonniens n'étaient guère ouverts d'esprits et attachaient une grande importance aux lois et coutumes de leur nation. Her Mahler croisa finalement ses mains au-dessus de son bureau avant de prendre la parole, un air appréciateur dans la voix.

Vous avez déjà de très bonnes bases Dame Agathe, ce que vous dîtes est correct et me laisse penser que la tâche sera peut-être un peu moins ardue que je ne le croyais. Hélas, comme vous vous en doutez, il ne s'agit pas ici uniquement que de théorie, les devoirs d'un Seigneur sont parfois lourds et pénibles à respecter, surtout lorsqu'ils vont à l'encontre de ses convictions personnelles. Vous devrez vous montrer forte et intraitable aux yeux de votre peuple mais aussi vis-à-vis des seigneurs voisins, ils guetteront vos moindres faits et gestes et n'attendront qu'un instant de faiblesse de votre part pour vous nuire. Nous devrons aborder un sujet délicat dans quelques instants. Déclara Otto Mahler avec une voix grave alors qu'une buche craquait dans la cheminée qui ne parvenait pas à réchauffer une atmosphère qui s'était refroidie suite aux paroles du vieil érudit.


Vous allez également devoir rendre la justice au sein de votre peuple et écouter les problèmes que rencontrent les paysans, trancher en équité et parfois les punir comme le veulent les lois bretonniennes. Votre père a parfois été contraint de faire des choses qu'il n'appréciait pas mais qui était nécessaire pour maintenir ordre et justice au sein d'Eglemont, pensez-vous pouvoir y arriver, Agathe ? Il était du devoir du précepteur impérial d'exposer les faits sans détour, sa protégée devait se rendre compte que son entrée dans la cour des Seigneurs Bretonniens ne se feraient pas sans de profonds changemens, la jeune femme devrait sans doute prendre sur elle, sa bonté d'âme et sa vertu faisaient d'elle une personne exceptionnelle mais pourraient également lui nuire d'une certaine manière. Her Mahler se baissa légèrement pour ouvrir l'un des tiroirs de son bureau en chêne et en sortir une lettre frappée du sceau des Von Grenzwald.


Nous avons reçu un courrier très tôt dans la matinée, vous étiez encore endormie et je préférais que nous découvrions le contenu ensemble. L'enveloppe est frappée du sceau des Von Grenzwald Impériaux. Otto Mahler brisa le sceau et déplia le parchemin, ses yeux parcoururent le message et se firent de plus en plus fins au fur et à mesure qu'il progressait dans sa lecture. Agathe ne pouvait pas voir le visage de son interlocuteur, sinon elle aurait certainement apperçu une inquiétude croissante tirer les traits du précepteur, il relut la lettre à haute voix, à l'attention d'Agathe.
A l'attention de Sire Gilles Von Grenzwald d'Eglemont,

Les tensions qui règnent au sein de notre famille ne peuvent perdurer indéfiniment, les générations se succèdent et certaines rancoeurs persistent. En ma qualité de Seigneur de Grenzwald, je vous invite dans une quinzaine de jours à la grande réception que j'organise en ma demeure et qui rassemblera une vaste partie de notre famille.
Je requierts une réponse rapide de votre part et l'espère positive.

Veuillez être assuré de ma considération la meilleure.

Ladislas von Grenzwald, Seigneur de Grenzwald.
Otto Mahler releva la tête et et fixa intensément sa jeune protégée, le dénommé Ladislas qui devait certainement être un lointain cousin d'Agathe n'était pas encore au courant de la disparition du Seigneur d'Eglemont. Quelles étaient les véritables intentions de Ladislas ? Agathe était-elle prête à affronter l'ensemble de la Famille des Von Grenzwald à la place de son père ?

Avatar du membre
Agathe d'Eglemont
PJ
Messages : 15

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Lorsqu’elle s’était tue, Agathe d’Eglemont avait ressenti une petite appréhension caractéristique de l’élève qui attendait le verdict de son professeur. Aussi ne put-elle réprimer un léger sourire de satisfaction quand son mentor la complimenta sur ses connaissances. Cet état ne dura cependant guère que quelques secondes, avant que les dures réalités de la situation ne lui soient rappelées par l’intermédiaire de l’érudit. Globalement, cela confirmait ce qu’elle avait pensée dès le matin. Il faudrait être forte à tout prix, quitte à se faire violence.

En tant que femme, elle serait forcément perçue comme vulnérable, influençable, faible par les bretonniens, et devrait donc être irréprochable dans sa gestion comme dans son comportement. C’était à se prix là seulement qu’elle gagnerait le respect, l’estime et la considération de ses sujets et de ses pairs. La moindre de ses fautes lui serait reprochée, serait imputée à son sexe. Si un jeune seigneur homme faisait une erreur, on mettait en général ça sur le compte de sa fougue, de sa jeunesse, de son inexpérience. Pour une femme, il était clair que si elle faisait le moindre faux-pas, on la critiquerait et on dirait que cela prouve l’incapacité des femmes à diriger et la nécessité de trouver vite un mari. Oui, si elle était née homme, les choses auraient été beaucoup plus simples, assurément.

Mais la politique au sens large ne serait pas le seul problème qu’elle aurait à gérer, même s’il était probablement le plus dangereux. En effet, son accession au titre de seigneur d’Eglemont faisait également d’elle la représentante de l’autorité sur son fief, l’unique juge suprême sur ses terres, hormis son suzerain le Duc Folcard et le Roi, qui étaient théoriquement au dessus d’elle, mais dans les faits ne s’abaisseraient jamais à juger eux-mêmes les affaires internes relevant d’un fief aussi petit et insignifiant que le sien. Ce serait donc à elle et à elle seule de trancher les litiges en dernier recours, s’ils ne se résolvaient pas à l’amiable entre paysans, ce qui était le cas la plupart du temps pour les petites affaires sans aucune importance où les roturiers préféraient généralement ne pas impliquer de nobles. Agathe pouvait donc logiquement supputer que seules les affaires les plus graves arriveraient jusqu’à ses oreilles.
Serait-elle prête à assumer cette tâche, à appliquer la justice et l’ordre bretonnien sur ses terres quel qu’en soit le prix ? C’était une excellente question que lui posait là son précepteur.

La jeune femme hésita quelques instants, se mordillant légèrement la lèvre inférieure en réfléchissant.
*Serai-je capable de prendre de telles décisions ?* , se demandait-elle. Sa réflexion fut de courte durée. Si son père et son grand-père en avaient été capables, elle, en tant que dernière représentante des von Grenzwald d’Eglemont, se devait d’être à leur hauteur, ou au moins de tout faire pour essayer de l’être. Il en allait de son propre honneur comme de celui de sa famille, elle n’avait pas le droit de détruire l’œuvre des êtres qu’elle aimait le plus et de ses ancêtres. Ils avaient toujours fait ce qui était juste, elle ferrait de même, pour eux, pour elle et pour ses sujets. Renforcée dans ses convictions alors qu’une vague de chagrin qu’elle tentait vainement de repousser l’envahissait en repensant au retour des corps prévu l’après-midi, elle hocha la tête affirmativement, avant de répondre d’un ton malgré tout très déterminé :

-Je le pense, oui, Herr Mahler.


Elle ne put en dire plus, ses pensées divagant vers les défunts membres de sa famille proche. Par chance, son bandeau oculaire absorba les quelques larmes qu’elle laissa couler pour son père Gilles et son petit frère Etienne, avant qu’elle ne se ressaisisse un peu. Mentalement, elle se reprocha d’être si sensible. Il ne faudrait pas se laisser submerger par les émotions à l’arrivée des envoyés du Duc. Il y aurait un temps pour pleurer, oui, mais le reste du temps, elle devrait se contrôler. Pourtant, Agathe n’était pas du genre à se lamenter longtemps sur ce qu’elle avait perdu, mais ici, la perte était trop dure et trop proche chronologiquement parlant pour qu’elle puisse l’ignorer. Son deuil venait juste de débuter, il n’était pas encore fait, et ne le serait sûrement pas avant au moins la mise en terre, et probablement pendant encore quelques jours après, où les êtres aimés qui quelques temps auparavant vivaient avec elle hanteraient encore ses pensées. Puis, avec le temps, ce serait plus facile, comme toujours…

Enfin, entre-temps, la vie continuait et deuil ou pas, la Dame aveugle savait qu’elle devrait se maîtriser en toutes circonstances, surtout pour faire une bonne première impression dès son entrée en fonction, qui serait sans doute primordiale pour la suite. S’étant reprise, elle remisa dans un coin de sa tête sa douleur et sa peine, et se concentra de nouveau sur le présent. En l’occurrence, Otto faisait mention d’un courrier reçu tôt le matin, qu’il n’avait pas encore ouvert, l’ayant attendue pour cela. Selon lui, -et Agathe le croyait sur parole- la missive portait le sceau des von Grenzwald impériaux, les descendants de ceux qui avaient destitués Marius et suivi Peter, quatre vingt ans plus tôt.

Il y eut un temps de silence pendant lequel le vieux professeur lut la lettre pour lui-même, mentalement. Agathe mit à profit ces quelques secondes pour se demander quelle pouvait bien être la raison de ce pli de ses cousins éloignés ? Se pouvaient-ils qu’ils soient déjà au courant de la mort de Gilles et d’Etienne, du seigneur et de son héritier ? Non, ce n’était pas logique, même si les nouvelles allaient vite, aucun messager n’aurait pu faire l’aller-retour si vite. Et il était peu probable, pour ne pas dire presque impossible, que la branche impériale de la famille soit déjà au courant des derniers évènements, quand bien même elle s’y serait intéressée de très près avec des informateurs.
Mais alors, comment expliquer cette lettre, quelle en était la raison, le motif ? Se pouvait-il que son père ait … ? Non, elle se refusait à évoquer, même en pensée, cette hypothèse. Quoi que… Gilles n’avait jamais caché dans le cercle familial sa préférence impériale très marquée, et depuis la mort d’Alix sa compagne, il était de moins en moins lié à Bretonnie. Etait-il possible qu’il ait voulu opérer un rapprochement avec ses cousins, les autres von Grenzwald ? Souhaitait-il même plus encore, une réunification sous la bannière du Reikland ou du Pays-Perdu ? Ces pensées taraudaient la jeune noble aveugle qui rongeait son frein en attendant que le suspens ne soit enfin levé sur le contenu de la lettre. Mais le vieil homme à lunettes prenait son temps pour lire attentivement.


*Non, il est mort au service du Duc, avec Etienne à ses côtés. Il était loyal, fidèle, brave, et c’était un père aimant. Il n’aurait jamais trahi son serment de fidélité au Duc Folcard. Et pour nous, ses enfants, il n’aurait jamais pris ce risque revenir à la guerre. A moins que justement il ne l’ait fait pour nous. Pour que nous ne soyons plus toujours déconsidérés par les autres seigneurs traditionalistes qui nous regardent comme des étrangers usurpateurs, pour que nous soyons sous l’égide de l’Empire et du puissant fief de Grenzwald, protégés des velléités et des ambitions de nos voisins bretonniens. Pour que moi, pauvre fille aveugle, je puisse avoir une meilleure condition que dans ce monde patriarcal… Oh par la Dame et par Sigmar, non ce n’est pas possible, ça doit simplement être les impériaux qui veulent nous contacter pour renouer des liens ou je ne sais quoi…*

Alors qu’elle se morfondait en hypothèses sur ce qu’avait bien pu faire ou non son père, enfin, le savant impérial mit fin au suspens en lisant les quelques lignes de la lettre à haute voix. A la fois curieuse et anxieuse, Agathe prit ainsi connaissance de l’invitation de Ladislas von Grenzwald.

Quelques instants auparavant, la jeune infirme ignorait même jusqu’à l’existence de celui qui était sûrement un de ses cousins issu de germain, voire même peut-être un petit cousin ou arrière petit cousin. Toujours était-il que ce Ladislas était maintenant le chef de la parenté qui était restée dans le fief initial, celui d’où venait sa famille paternelle, celui où était nés Marius, Albrecht et leurs ancêtres. Cette terre de ses ancêtres, le bois de von Grenzwald, elle ne l’avait jamais connu, de même que son père né en Bretonnie et qui y avait vécu toute sa vie, mais elle l’attirait. Comme un retour à ses racines, à un lieu profondément ancré dans ses gênes du côté de son père et grand-père paternel, un lieu où son nom était lié à la terre même depuis de temps immémoriaux. Oui, le « bois frontalier » ou « Grenzwald », avait donné son nom à la famille éponyme, sa famille. Depuis, tous les von Grenzwald, y compris les von Grenzwald d’Eglemont, avaient toujours développé plus ou moins inconsciemment une relation privilégiée avec la forêt, en l’occurrence celle qui recouvrait presque intégralement la vallée d’Eglemont dans le cas d’Agathe. Ils s’y sentaient bien, en sécurité, entourés par les arbres et la nature.

Pensive, la Dame aveugle imaginait à quoi pouvait bien ressembler ce Ladislas, et quel serait son caractère. Etait-il jeune, vieux ? Etait-ce un descendant de Peter ou un membre d’une autre branche ? Etait-il bon ou mauvais ? Et surtout, quelles pouvaient être ses intentions ? Dans la lettre, rien ne permettait de dire si oui ou non il y avait déjà eu contact auparavant entre son père Gilles et le chef des von Grenzwald impériaux. Elle espérait secrètement que ce fût le cas, car ainsi elle aurait moins à craindre un piège et pourrait même continuer l’œuvre de son père. Cependant, si c’était le cas, la lettre n’en faisait pas mention, l’hypothèse était donc incertaine, sinon improbable.

Dans tous les cas, deux solutions s’offraient à Agathe d’Eglemont, et elle seule devrait décider. Elle pouvait accepter ou décliner l’invitation. Refuser était une option qui pouvait de prime abord paraître plus séduisante, car plus simple et potentiellement plus prudente. On pouvait effectivement soupçonner un piège, un guet-apens pour capturer le seigneur. Mais Agathe n’y croyait pas. De tels procédés auraient été indignes d’un noble, contre tout honneur et surtout, n’auraient apporté aucune victoire, car jamais ceux qui étaient restés en Bretonnie n’auraient cédé à un chantage : on ne sacrifiait pas un fief entier contre la liberté ou la vie d’une personne, fut-elle seigneur. Qui plus est, Ladislas s’adressait à Gilles, et donc si c’était un piège, à l’époque son plan n’aurait pas fonctionné car Etienne, l’héritier, serait probablement resté gouverner en l’absence du seigneur, et capturer Gilles n’aurait donc pas démuni Eglemont.
Décliner l’offre avait un autre avantage, au plan politique. Les plus traditionalistes des bretonniens et ceux qui convoitaient le fief d’Eglemont critiquaient déjà ouvertement le caractère impérial de la famille von Grenzwald d’Eglemont. Voyager dans l’Empire pour rencontrer des nobles impériaux von Grenzwald également ne pourrait que renforcer ces rumeurs et alimenter des accusations fallacieuses, certes, mais néanmoins potentielles, de trahison ou de double-jeu.
Enfin et surtout, refuser pouvait au long terme s’avérer plus dangereux que d’y aller. C’était prendre le risque de fâcher, d’offenser ou simplement de contrarier les von Grenzwald impériaux, dont le fief était beaucoup plus puissant qu’Eglemont, et même qu’Eglemont et Montjoly réunis. Cela pouvait donc ranimer des vieilles rancunes, faire perdre des perspectives économiques intéressantes, voire mener à la guerre.

Accepter était une option beaucoup plus séduisant aux yeux de notre héroïne. Jeune et plutôt naïve, elle ne craignait pas trop le risque d’un enlèvement. Ce Ladislas lui proposait une occasion unique de resserrer des liens distendus depuis des décennies. Peut-être même les deux fiefs pourraient-ils devenir alliés, amis forger des relations fortes basées sur les liens du sang, l’ancêtre commun. Après tout, elle pouvait avoir confiance en eux, ils étaient sa famille, et des nobles de surcroît, ce qui dans l’esprit dans la jeune aveugle impliquait forcément une certaine conception de l’honneur.
Intérieurement, surtout, et ce fut l’élément décisif même si elle aurait rougi de l’avouer tellement il était peu rationnel, elle brûlait d’envie de découvrir ces racines, surtout en cette période tragique de sa vie où elle se retrouvait seule. La lettre avait fait naître en elle une curiosité nouvelle. Elle ressentait plus que jamais l’envie de découvrir cette famille et ces lieux légendaires qu’elle ne connaissait que par les histoires que lui racontait son père quand elle était petite, des histoires que lui-même tenait de ses propres parents.

C’est pourquoi elle sourit timidement à son percepteur et lui dit, en prenant bien garde à ne lui exposer que des arguments objectifs, auxquels elle croyait, certes, mais non les sentiments qui la poussaient réellement et plus profondément à vouloir accepter cette offre. Il ne fallait pas que le précepteur pense qu’elle faisait passer ses désirs personnels avant le bien-être de son fief, même si elle se sentait un peu coupable quand même sur les bords :


-Herr Mahler, je veux y aller. Je pense que l’on peut faire confiance à ce Ladislas, il semble proposer un rapprochement qui nous serait bénéfique mutuellement. Dans ces temps troublés, si nous pouvons nous assurer de notre frontière Nord, et mieux encore, nous en faire des alliés, ce serait l’idéal. Et refuser serait dangereux : cela pourrait offenser ou du moins donner un mauvais signal à ce Ladislas qui nous tend pourtant la main de la réconciliation.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 20 déc. 2015, 17:57, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total 24 xps
Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

Avatar du membre
[MJ] Le Grand Nécromancien
PJ
Messages : 23
Profil : Pouvoir Infini
Localisation : Nagashizzar - Pic Dolent

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

De longues secondes s'écoulèrent avant que le précepteur impérial ne reprenne la parole, celui-ci fixait la lettre d'un regard un peu vague avant de fixer à nouveau ses yeux sur la jeune femme qui se trouvait en face de lui. Il finit par replier le courrier et le déposer sur le coin de son bureau en chêne, le vieil homme ne pouvait guère reprocher à sa protégée de vouloir renouer contact avec les membres de sa famille d'origine et de découvrir enfin l'endroit ou la grande famille des Von Grenzwald avait ses racines, néanmoins il n'était guère certain de la sincérité des propos de Ladislas von Grenzwald et surtout il était difficile de connaître la réaction du Seigneur de Grenzwald lorsqu'il apprendrait la mort du Seigneur d'Eglemont et que le fief était à présent dirigée par une jeune femme qui n'avait, pour l'instant, aucune expérience dans la politique bretonnienne.

Nous enverrons un messager porter votre réponse au Seigneur de Grenzwald demain matin. Ce sera pour vous l'occasion de vous rédiger votre première missive en tant que Dame d'Eglemont. Dit Otto Mahler qui fixait intensément sa jeune élève derrière ses lunettes en demi-lune. Il s'agirait pour elle de choisir ses mots avec tact et justesse pour se présenter en tant que nouvelle dirigeante d'Eglemont.

Les semaines et les mois qui s'annoncent seront sans doute des temps difficiles mais je n'ai aucun doute sur le fait que vous serez à la hauteur des espérances de sire Gilles, le destin de cet endroit et celui de ses habitants est à présent entre vos mains, je vous aiderai de mon mieux. Dit le vieux précepteur en se levant lentement de son siège, signifiant par la même occasion que l'entretien était à présent terminé et que la Dame Aveugle pouvait s'en aller si elle le souhaitait ou rester encore si elle avait d'autres questions à poser à son mentor, le convoi du Duc de Montfort n'arriverait de toute manière que dans quelques heures, ce qui laissait à Agathe le loisir de disposer de son temps comme elle le souhaitait.
Poste un peu plus court, tu es libre de faire ce qu'il te plaît avant l'arrivée des dépouilles de tes proches.

Avatar du membre
Agathe d'Eglemont
PJ
Messages : 15

Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Agathe fut soulagée de constater que son précepteur ne s’opposait pas à ce qu’elle aille rendre visite à son lointain cousin Ladislas. Evidemment, accepter n’était pas sans risque, elle le savait, mais refuser non plus, et dans l’esprit de la jeune aveugle, il valait toujours mieux laisser une chance à la paix. Et puis, on pouvait se fier à l’honneur d’un noble, qui plus était un von Grenzwald. Cependant, avant de rendre visite aux maîtres de la terre de ses ancêtres, la Dame d’Eglemont devrait rédiger une réponse à l’invitation de son cousin. Elle s’empresserait de le faire dès qu’elle en aurait le temps.

En attendant, son professeur la complimenta une fois encore en lui disant qu’il pensait qu’elle serait à la hauteur des espérances de son père. Les joues d’Agathe rosirent, car elle avait été touchée par la référence à son géniteur, surtout venant d’une personne qu’elle admirait et qui avait toujours été très proche de Gilles d’Eglemont.

Maintenant, elle devrait se préparer aux dangers qui allaient la guetter au cours des prochains mois, et pour cela, elle aurait besoin de toute l’aide nécessaire. Même si elle était plus affectée émotionnellement par le retour des corps des derniers membres de sa famille proche, elle savait qu’elle aurait la force de gérer cela, et qu’elle devait donc surtout se concentrer sur les questions qui la dépassaient sa personne physique, mais qui avaient attrait à sa fonction. Aussi n’hésitât elle pas à faire part de ses pensées à son maître :


-Herr Mahler, sans chevaliers pour le protéger, notre fief est faible militairement. Et vous savez comme moi que certaines convoitises pourraient se réveiller et tenter d’en profiter. Si nous pouvions faire part de notre situation aux envoyés du Duc, peut-être lui relayeraient-ils notre état de faiblesse. Mais j’ignore si cet aveu serait une bonne chose.

Recourir à des mercenaires ou à une armée pour nous défendre serait une autre solution, plus sûre et plus indépendante, mais peu conforme aux coutumes bretonniennes. J’ignore même si les lois autorisent le recours à des soldats de fortunes ou à la formation d’une armée professionnelle pour nous autre nobles. Nous prêterions alors le flanc aux accusations de trahison et d’impérialisation de nos terres.

L’idéal serait de trouver quelques chevaliers errants qui seraient enclins à prendre la défense d’un fief sans chevaliers. Mais je n’aurai rien d’autre à leur offrir, outre le gîte et le couvert, que ma gratitude et celle de mon peuple, et le réconfort de savoir qu’ils sont engagés pour une juste cause.


Ce danger militaire la tourmentait, car seule avec ses quelques gardes du château, certes bien équipés et bien entraînés, mais peu nombreux et simples roturiers, elle serait incapable de remplir son rôle de protectrice en cas d’attaque. Elle ignorait également quelles étaient les ressources et les revenus moyens de son fief, et donc quelle était sa marge de manœuvre financière. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’actuellement, elle n’avait que très peu d’économies, soit la somme de dix sept écus d’or.

Par chance, ce danger n’était pas immédiat, car nul noble n’oserait attaquer le fief juste après la mort de son seigneur et son héritier, et encore moins en présence des envoyés du Duc. Qui plus est, il faudrait du temps à ses voisins pour lever des troupes, et si elle se montrait suffisamment maligne, pensait-elle, il y aurait moyen d’anticiper de telles actions. Envoyer à Valbrusme et Montjoly des émissaires qui pourraient également servir d’informateurs serait une bonne solution. Aucun noble digne de ce nom n’oserait lever la main sur des ambassadeurs, les envoyés ne risqueraient donc rien. S’ils étaient renvoyés, et donc par conséquent si ses voisins refusaient d’avoir des relations diplomatiques avec elle, là, par contre, il y aurait du souci à se faire, et l’envoi d’espions se justifierait pour « garder un œil » -expression qui avait toujours fait sourire Agathe depuis son infirmité- sur leurs agissements et s’assurer qu’ils restent pacifiques.

Elle rajouta donc, pour clore le chapitre de ses pensées relatif à la sécurité extérieure et aux relations diplomatiques de son fief :


-En outre, je pense qu’il serait judicieux d’envoyer des émissaires permanents dans les fiefs voisins de Valbrusme et Montjoly. Ainsi, nous pourrions nous assurer de le leur absence de bellicisme à notre égard, et peut-être établir des relations plus saines avec eux. A défaut, s’ils les renvoient, il faudra sûrement se résoudre à les espionner, car je n’aimerai pas qu’une armée frappe à ma porte sans prévenir. Dans notre état actuel nous n’aurions pas d’autre choix que celui de nous soumettre ou mourir.


Puis elle cessa momentanément de penser à la politique, et put reconcentrer ses pensées sur sa peine. Elle allait rendre visite au prêtre de Morr au plus vite. Il fallait fixer une date prochaine pour l’enterrement, et une cérémonie en présence de tous, nobles comme paysans.

Et il y avait toujours cette lettre à rédiger, avant l’arrivée des envoyés du Duc Folcard, car une fois que ceux-ci seraient là, avec les corps, Agathe savait qu’elle n’aurait plus la tête à ça. Ce serait alors le temps de la politique bretonnienne et des larmes, plus celui de la réponse à une invitation impériale.

Sans perdre plus de temps, dès qu’Otto lui eut répondu, la jeune femme le salua d’une révérence polie et se retira dans ses quartiers où elle comptait se mettre à la rédaction de la lettre. En chemin, elle fit un détour par les cuisines où elle s’assura que ses ordres avaient bien été compris et que tout était fait pour accueillir les envoyés du Duc avec le respect dû à leur rang. Il faudrait dresser une belle table, avec beaucoup de mets à base de viande et du bon pain. Ensuite, elle appela Johanne et lui demanda :


-Johanne, pourrais-tu aller mander le prêtre de Morr au village ? Dis-lui que c’est important… Et, si tu croises Sébastienne là-bas, assure là de tout mon soutien. Je suis cœur et âme avec elle.

En attendant l’arrivée du prêtre de Morr et des corps de ses proches, Agathe d’Eglemont se mit à la rédaction de sa réponse pour ce Ladislas von Grenzwald. Au brouillon, elle écrirait avec un stylet sur ses petites tablettes de cire, afin de pouvoir effacer ou reformuler sa lettre. Ensuite, elle prendrait la plume et l’encre pour recopier sa missive sur le support papier qui serait envoyé.

La rédaction n’était pas anodine, beaucoup d’enjeux dépendaient de ce pli. En conséquence, il ne faudrait pas bâcler la lettre, mais apporter le plus grand soin à son écriture. Celle-ci prit beaucoup de temps. Après maintes hésitations et reformulations, la version finale était la suivante.

Au Seigneur Ladislas von Grenzwald,


Je vous sais gré de votre généreuse et ô combien courageuse invitation. Sachez que je partage entièrement votre avis sur les relations entre les deux branches de notre famille, et souhaite moi aussi un rapprochement qui nous serait mutuellement profitable. Je suis véritablement honorée de votre considération pour ma famille, preuve de votre sagesse qui a su dépasser les vieilles inimités, et j'accepte donc votre invitation avec le plus grand plaisir.

Malheureusement, je suis au regret de vous informer du récent décès de mon père, Sire Gilles von Grenzwald d’Eglemont, et de mon frère cadet, son héritier, Sire Etienne von Grenzwald d’Eglemont, au cours d’une bataille contre des peaux-vertes. Suite à cette tragédie, en ma qualité de dernière héritière vivante, j’ai été investie du titre et de la fonction de seigneur d’Eglemont.


Dans l’espérance de bientôt vous rencontrer, je vous prie de bien vouloir croire, Seigneur von Grenzwald, en l’assurance de ma sincère considération,

Agathe von Grenzwald d’Eglemont, Dame d’Eglemont.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 29 déc. 2015, 20:56, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total 30 xps
Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

Répondre

Retourner vers « Les autres régions »