[Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Grand Nécromancien
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Les Chevaliers Errants voyagent partout sur le territoire de la Bretonnie et ailleurs, peut-être leur route en mènera t-elle l'un ou l'autre ici à Eglemont. Vous pourrez éventuellement profiter de la présence d'émissaires du Duc Folcard pour leur faire part de la situation militaire préoccupante du fief en ces jours sombres, je suis certain qu'il aura à coeur de venir en aide à la fille de l'homme qui lui a très certainement sauvé la vie. De plus la situation précaire de notre fief n'est hélas un secret pour personne actuellement. plus la situation précaire de notre fief n'est hélas un secret pour personne actuellement." Répondit Her Mahler en se caressant lentement le menton tandis qu'il réfléchissait aux paroles de la jeune femme et ne pu s'empêcher de tiquer lorsqu'elle mentionna la possibilité d'avoir recours à des mercenaires. L'Empire n'avait jamais rechigné à employer des combattants occasionnels mais la Bretonnie elle avait en exergue ce genre de pratiques et les seigneurs qui avaient recours à d'autres soldats que les Bretonniens étaient très mal considérés. D'ailleurs, le seul Chevalier à utiliser pareilles troupes n'était autre que Malbaude, et ce nom n'était prononcé qu'avec haine et dédain dans les cours de Bretonnie.

Prendre le risque d'engager des mercenaires serait insultant et serait susceptible de nous attirer les foudres du Duc Folcard sans oublier que les ennemis d'Eglemont n'hésiteront pas à vous pointer du doigt pour un comportement indigne d'une Noble Bretonnienne. Les Mercenaires ne sont pas une solution, j'en ai bien peur, quant aux émissaires... Mahler se leva de sa chaise pour se placer face à la fenêtre, les mains croisées derrière le dos et le regard perdu vers le village en contrebas d'ou il était possible de voir certains paysans vaquer à leurs occupations. Cela peut s'avérer utile, nous aurons ainsi une meilleure idée de l'opinion des fiefs voisins à notre égard et cela nous permettra d'anticiper au mieux leurs intentions. Cependant rien n'oblige les seigneurs d'accepter d'héberger l'un de nos hommes pour une durée indéterminée et ce sans être nécessairement hostile à Eglemont. Ils pourraient penser que nous voulons les espionner et il en résulterait une hostilité certaine à notre égard, ce que nous voulons éviter... Nous en reparlerons après le départ des envoyés du Duc, je vais tâcher de réfléchir à comment régler notre problème militaire. Ma Dame. S'inclina respectueusement Herr Mahler alors que cette dernière quittait le bureau du vieux précepteur pour se diriger vers les cuisines qui se situaient au rez-de-chaussée. Le cuisinier s'affairait déjà exhaucer les souhaits de la Dame d'Eglemont, un cochon fraîchement abattu était étalé sur le plan de travail du cuisinier et que plusieurs miches de pains frais étaient disposées sur une étagère. Des barriques de vins étaient entreposées dans un coin de la pièce, le meilleur d'Eglemont. Pour un individu extérieur, l'on aurait pu croire que l'heure était à la fête au fief d'Agathe d'Eglemont.

Tout sera en ordre pour l'arrivée des Emissaires du Duc Folcard, Dame Agathe. Jm'en charge personnellement. Dit le cuisinier à la moustache bien garnie et au ventre bedonnant, un gueux particulièrement bien gras par rapport aux gens qui vivaient dans le village d'Eglemont. Être employé au Château d'Eglemont lui assurait en effet de toujours manger à sa faim et des mets d'une certaine qualité alors que les manants devaient pour la plupart se contenter d'une soupe de légumes très claire et d'une miche de pain noir. Johanne revenait d'avoir été préparer les chambres des invités lorsqu'Agathe l'apostropha au détour d'un couloir.

Je m'y rends de ce pas et ne manquerai pas de transmettre vos marques de soutien à Sebastienne si je la croise. Puisse t-elle ramener son père sain et sauf au château. Dit la jeune femme en enfilant un foulard autour de sa tête qu'elle coiffa en pelerine avant de s'échapper au petit trot vers la porte d'entrée et de disparaître à l'extérieur en quête du Prêtre de Morr: Un individu des plus austères et qui avait réputation de faire peur aux enfants. Mais comment aurait-il pu en être autrement avec un serviteur du Dieu des Morts ? Il fallait maintenant qu'Agathe écrive la missive qu'elle enverrait au Seigneur Ladislas von Grenzwald, celui qui était également ce que l'on pourrait qualifier de Chef de Famille, un individu qu'il valait certainement mieux avoir de son côté qu'en tant qu'ennemi. C'est en ayant ce genre de pensées que la jeune femme rédigea soigneusement sa lettre, en y mettant les formes et en soignant particulièrement ses mots.

Alors qu'Agathe mettait la touche finale à sa lettre, l'on frappa à la porte de la chambre, derrière elle pouvait entendre la voix hoquetante de Johanne qui l'appelait.
Dame Agathe... Le, le Prêtre de Morr est arrivé. Il... Il était déjà en chemin lorsque je l'ai croisé sur la route. Il accompagnait Sebastienne, son père, le docteur... Il est partit. Partit, un mot qui avait plusieurs significations, mais prononcé de cette manière, Agathe su qu'il n'y aurait aucun retour.

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Agathe d'Eglemont
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***Dans le bureau d’Otto Mahler, le matin.***


Comme toujours, Agathe se sentit réconfortée d’avoir un tel professeur particulier, et remercia intérieurement le vieil homme pour sa sagesse et la valeur infiniment précieuse de ses conseils. Otto Mahler réfléchissait vite et bien, son jugement était sûr, éclairé. Sans doute était-ce dû à sa capacité d’analyse, de déduction et d’interprétation des nombreuses connaissances qu’il possédait sur à peu près tous les sujets. Réellement, le précepteur n’était pas qu’un simple érudit, un puits de savoir, mais également quelqu’un aux capacités intellectuelles hors du commun, ce qui lui permettait d’exploiter au mieux les nombreuses informations qu’il gardait en mémoire.

En l’occurrence, son analyse de la situation et des idées proposées par son élève fut d’une grande aide à cette dernière. Sur les chevaliers et les demandes d’aides possibles, il sut clarifier les eaux troubles dans lesquelles nageait Agathe, qui s’y sentait un peu perdue, n’ayant jamais été intéressée par le recrutement militaire auparavant. La nouvelle Dame d’Eglemont devait l’avouer, elle se sentait même un peu gênée et bête quand son maître lui déconseilla fortement d’avoir recours à des soldats de fortune. Elle savait pourtant que les nobles bretonniens refusaient catégoriquement d’avoir recours à ce type de troupes. Et elle était bien une noble bretonnienne, non ?
Conçue dans le Moussillon, née dans le Montfort, d’un père et d’une mère nés respectivement dans les deux Duchés, et qui n’avaient probablement pas quittés la Bretonnie de toute leurs vies, à ce qu’elle en savait, du moins. Elle même n’avait jamais mis un pied hors des terres du Roi Louen. Sa vie était ici, à Eglemont, en Montfort, la seule terre qu’elle n’ait jamais connue, hormis les marécages de Mornmar, où elle avait parfois passé ses vacances, en Moussillon. Il n’y avait pas plus bretonnienne qu’elle.
Et pourtant, quelque chose clochait. Elle n’avait pas tout de suite pensé comme une bretonnienne, elle n’avait pas exclu les mercenaires… Son père adorait l’Empire à tel point qu’il lui avait choisi un précepteur impérial, et son grand-père avait même été un puissant margrave impérial, l’espace de quelques jours.
Certes, elle était d’Eglemont, mais finalement, c’était peut-être la vallée d’Eglemont elle-même qui n’était pas si bretonnienne que cela. Après tout, son arrière-grand père Albrecht l’avait conquis au nom de l’Empire.
La jeune noble soupira. C’était l’histoire de sa famille, déchirée entre deux mondes. Les pieds dans l’un, la tête dans l’autre, quand ce n’était pas un pied dans chacun.

Au moins était-elle franchement moussillonnaise par sa mère, pensa-t-elle, cela, c’était certain. Et même si les marais du Duché Maudit étaient dangereux, lui avait-on répété depuis son enfance en la forçant le plus souvent à rester dans l’enceinte du château de son grand-père pendant ces séjours là-bas, leur mélancolie, leur odeur, leur bruit, leur texture même avait pour elle un charme envoûtant, indescriptible, qui lui rappelait sa mère, Alix. Un peu comme dans les forêts par son côté von Grenzwald qui dominait la plupart du temps, elle s’y sentait bien.
Ces pensées lui rappelèrent qu’elle devrait également envoyer un message à son grand-père Thibaud et son oncle Galéran pour leur annoncer la triste nouvelle de la mort respectivement de leur gendre et petit-fils pour Thibaud, beau-frère et neveu pour Galéran. De toute façon, rien ne pressait : le temps que le messager traverse la Trouée de Gisoreux, puis descende la Grisemerie jusqu’au fief de Mornmar, il faudrait au moins cinq ou six jours au mieux, plus probablement une semaine. Elle n’aurait donc pas de réponse de leur part avant au mieux deux semaines, et serait d’ailleurs probablement absente à ce moment, puisqu’elle comptait se rendre dans l’Empire ou au Pays-Perdu (elle ne savait plus trop si les von Grenzwald étaient restés fidèles au Reikland, ou passés sous l’autorité de Marienburg) suite à l’invitation de Ladislas von Grenzwald.

Peut-être tout s’arrangerait-il à l’occasion de ce voyage, fantasmait-elle. Si ses relations avec ses cousins étaient bonnes et que leur famille se réconciliait, elle pourrait envisager de passer avec eux, le temps aidant, d’abord un pacte d’amitié, de non agression, puis même une solide alliance. Mais la seigneur d’Eglemont chassa vite ces rêves de son esprit, et retourna à la dure réalité. Ce n’était pas le moment de tirer des plans sur la comète, elle avait des instructions à donner et une lettre urgente à rédiger.

Elle salua et remercia son professeur pour ses conseils avisés, non sans utiliser une métaphore qu’elle trouvait personnellement amusante en temps normal, au vu de sa condition :


-Alors, en ce cas, prenez votre temps, étudiez le pour et le contre. Nous ferrons comme vous le préconisez, Herr Mahler, nous en reparlerons après le départ des envoyés ducaux. Et… Je tenais à ce que vous le sachiez, Herr Mahler : je vous remercie de tout cœur. Je vous dois beaucoup, encore une fois vos conseils m’ont permis d’y voir plus clair là où tout était brouillé à mes yeux. Qu’est-ce que je deviendrais sans vous ?

Sur ce compliment sincère, elle quitta la pièce, non sans effectuer une révérence polie. Quand elle passa vérifier les cuisines et parler à Johanne, elle se félicita d’avoir des serviteurs d’une telle qualité et d’une telle fidélité. Elle avait beaucoup de chance dans son malheur d’être aussi bien entourée, songea-elle.


***Midi, après avoir terminé la rédaction de la lettre.***



Plutôt contente d’elle-même, Agathe von Grenzwald d’Eglemont venait de mettre le point final à sa lettre. Ne resterait plus qu’à l’envoyer après qu’elle y ait apposé son sceau, par ailleurs très semblable à celui des von Grenzwald impériaux, puisque le sceau reprenait le blason familial.

-Curiosité rare, suite à la déchéance de Marius von Grenzwald, pourtant l’aîné, et pour différencier les deux branches des von Grenzwald, c’était la branche cadette, celle de Peter et de ses descendants, qui reprirent les armes pleines de l’héraldique familiale, et l’aînée, celle de Marius, disgracié par sa famille, qui dû adopter une brisure, en l’occurrence un lambel (antique), normalement caractéristique des cadets, mais devenu depuis les armes pleines des von Grenzwald d’Eglemont.
Ainsi, les armes de la famille von Grenzwald impériale étaient les anciennes armes pleines du temps où la famille était unie, et celles des von Grenzwald d’Eglemont étaient celles de la branche cadette du temps où la famille était unie (depuis devenues les armes pleines familiales).
Respectivement, les armes des von Grenzwald impériaux (anciennement les armes pleines de la famille unie), étaient donc « de sinople au noyer d’argent, cantonné de quatre croisettes du même », et celles des von Grenzwald d’Eglemont, dérivées des anciennes armes des cadets de la famille unie, légèrement modifiées depuis avec l’ajout des fleurs de lys (pour montrer leur allégeance à la Bretonnie) et de la bordure par Agathe (qui en tant que fille non héritière avait dû rajouter une brisure à son blason personnel, en l’occurrence la filière d’or, et l’avait donc ajoutée ensuite au blason familial) « de sinople au noyer d’argent, cantonné de quatre croisettes du même, au lambel antique d’or à trois pendants chargés chacun de deux fleurs de lys d’azur, à la filière d’or. »
L’arbre (le noyer en l’occurrence), représentait l’alchimie qu’il y avait toujours eu entre la famille von Grenzwald et la forêt, et en outre, symbolisait aussi l’innocence. Même s’il n’y avait pas de noyers sauvages à Eglemont, contrairement au fief initial de Grenzwald, Marius avait fait planter au milieu de la place principale du village trois noyers lors de la prise de la seigneurie, pour représenter sa famille, qui depuis avaient grandi et s’épanouissaient pleinement. La tradition familiale voulait que le premier fruit de l’année soit offert au seigneur d’Eglemont, mais que toutes les autres noix soient laissés à la libre disposition des paysans, en souvenir de la bataille qui avait eu lieu là, pour remercier les descendants de ceux qui s’y étaient battus. –

Pour en revenir à notre héroïne privée de vision, elle venait donc juste de terminer d’écrire lorsqu’elle entendit frapper à sa porte. La voix hésitante, brisée par le chagrin de sa servante personnelle Johanne Lamare s’éleva alors, apportant une terrible nouvelle de plus. Le père de leur amie Sébastienne, le docteur Jonas Elenote, médecin du fief, venait de rendre l’âme. La nouvelle fut un choc pour la jeune seigneur. Elle lui fit l’effet d’un violent coup de poing asséné alors qu’elle était déjà sonnée et dans les cordes, un coup qui l’envoya au tapis. Par chance Agathe était assise et encaissa donc la nouvelle, tandis qu’une nouvelle vague de tristesse et de chagrin la submergeait, lui arrachant de nouvelles larmes.

Pourquoi le sort s’acharnait-il ainsi sur elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter ça ? Quel dieu lui en voulait donc au point de la mettre à l’épreuve de cette manière ?

La noble n’avait aucune réponse à ces questions, mais savait en revanche ce qu’on attendait d’elle. Une fois de plus, elle serra les dents, sécha ses larmes avec sa manche et se releva. Il n’était pas question de laisser les revers de la fortune lui gâcher sa vie. Tant qu’il lui resterait un souffle, jusqu’au dernier battement de cœur, elle se battrait pour continuer à vivre. Même si ça faisait mal sur le moment, les souvenirs resteraient, et les gens qu’elle aimait continueraient à vivre à travers elle. Ils n’avaient pas entièrement disparu de ce monde, ils étaient là, auprès d’elle, ancrés au plus profond de son cœur, et ils le seraient jusqu’à sa mort, et peut-être même au delà.

Cependant, la mort du docteur Elenote n’était peut-être pas qu’une simple tragédie pour sa famille et ses amis. Il y avait de quoi nourrir des soupçons et des inquiétudes fondées notamment sur un risque de contagion. Et c’était d’autant plus inquiétant que la maladie qui l’avait frappée avait été fulgurante, frappant sans prévenir, foudroyant sa pauvre victime dans un temps très court. Peut-être avait-il déjà des symptômes mineurs auparavant, mais en tout cas, en l’espace d’une journée, il était passé de vie à trépas de manière particulièrement brutale, sans que rien n’ait pu le laisser présager, à priori, de ce qu’en savait Agathe. Mais il est vrai qu’elle n’était pas forcément très au fait de la santé du docteur, et se savait ignorante sur le sujet médical. Sébastienne saurait certainement lui en dire plus, elle seule maintenant avait les connaissances nécessaires à Eglemont et au château pour décider des mesures sanitaires à prendre ou non, et si danger il y avait, elle avertirait forcément son amie et seigneur en premier pour qu’elle puisse agir préventivement. Il n’aurait plus manqué qu’une épidémie mortelle et virulente ne se déclenche dans son fief ! Comme si elle n’avait pas assez de peine et de soucis sur les épaules en ce moment !

Enfin, avec tout cela, le prêtre de Morr était arrivé et n’attendait plus qu’elle. Sa tenue seigneuriale retrouvée, tout risque d’effondrement émotionnel à priori écarté, Dame Agathe von Grenzwald d’Eglemont se leva et alla accueillir le religieux comme il se devait. Avec une mine ouvertement triste de circonstance, mais non feinte, la jeune femme l’accueillit en ces termes :


-Bienvenue au château d’Eglemont, mon père. Encore que vous vous doutiez que comme tout le monde j’eusse préféré ne pas vous revoir si tôt. L’on vient juste de m’informer du décès du docteur Jonas Elenote. C’était une bonne connaissance, un excellent médecin et surtout le père d’une amie très chère. J’ignore quand il sera mis en terre, mais je désirerai assister à la cérémonie si Sébastienne le permet. Et s’il y a le moindre problème de quelque ordre que ce soit à ce sujet, avertissez-moi et je le réglerai personnellement. Il est hors de question que je laisse une de mes meilleures amies sans soutien dans un moment aussi difficile pour elle, même s’il l’est également pour moi. A ce propos, venons-en directement aux faits.

Comme vous le savez déjà, je vous ai fait venir pour organiser les funérailles de mon père Gilles et de mon frère Etienne.
Les corps arriveront dans l’après-midi. Je souhaiterai qu’ils droits à tous les honneurs dus à leur rang et aux hommes qu’ils étaient, et qu’ils soient enterrés aux côtés du reste de ma famille, de ma mère Alix et de mon frère aîné, Raimond, au pied de la colline. Mais vous connaissez déjà les lieux…

Il faudrait que tout le monde puisse venir saluer et rendre un dernier hommage à leur seigneur et à leur héritier, morts au combat pour les protéger en purgeant la région des peaux-vertes. En plus de moi, nous aurons également le privilège d’accueillir plusieurs autres nobles, il faudra donc prévoir le nécessaire pour leur accorder à l’enterrement la place qui leur revient, à mes côtés au premier rang, avec des sièges individuels dans le cimetière pour qu’ils puissent s’asseoir le temps de la prière et des hommages. Pour les paysans, des bancs en bois suffiront amplement, les habitants du château, qui les ont plus souvent côtoyés, devront bien entendu avoir des places juste derrière nous, les nobles, puis les simples villageois.

De toute façon, vous savez comme moi que le fief n’est pas très peuplé, même s’il est en pleine expansion, il ne compte en tout que cent cinquante à deux cent âmes tout au plus, dont une centaine au village et environ cinquante au château. Evidemment, le jour sera un jour de deuil, un temps pour pleurer et non pour travailler, et donc les paysans seront exceptionnellement libérés de toutes leurs corvées afin qu’il puisse se rendre à l’enterrement et rendre les hommages qu’ils doivent à leurs protecteurs bien aimés. Cela exclura le cuisinier et les serviteurs qui devront quand même faire leur devoir, mais une fois celui-ci accompli, eux aussi seront libres.

La cérémonie devra avoir lieu sans trop attendre pour éviter que les corps ne restent trop longtemps hors de terre. Disons demain, ainsi, cela ferra trois jours depuis leur décès, ce qui est raisonnable, plus serait malsain, tant pour nous que pour le respect des corps et de la santé publique. Quant à l’horaire, je voudrais que la cérémonie ait lieu le matin. J’ai toujours aimé les matins à Eglemont, ils sont pleins d’espoir, alors que le soir, s’il n’est pas dénué de charmes, est plus mélancolique. Et ainsi, tout au long de la journée, ceux qui voudront pourront se recueillir sur leur tombe.

Mais, par la Dame, j’en oublie mon hospitalité ! Il est presque l’heure du repas, et je vous parle des préparatifs debout ici, sur le seuil de ma chambre. Si vous le voulez bien, partagez ma table ce déjeuner et nous en profiterons pour régler les autres détails…


Chaque village du Vieux-Monde ou presque avait son prêtre de Morr. En l’occurrence, celui d’Eglemont était encore relativement jeune, il n’avait guère plus d’une trentaine d’années, pourtant il avait déjà enterré toute la famille d’Agathe, drames qui s’étaient produit alors qu’il venait tout juste d’entrer en fonctions en remplacement de l’ancien vieux prêtre. Agathe aimait de temps en temps aller se recueillir ou prier sur les tombes de son frère et de sa mère. L’endroit était paisible, calme, isolé et sentait bon l’épicéa, comme partout ailleurs dans le fief d’ailleurs. Des souvenirs qu’elle en avait, le cadre visuel était magnifique, on y avait pas de vue sur village, pourtant non loin de là mais situé de l’autre côté de la colline, mais sur la forêt de conifères partout aux alentours, sur le Mont Egle et le château d’Eglemont qui dominait fièrement toute la vallée. L’herbe y était douce, il y avait des fleurs plantées, et le tout était entretenu régulièrement par les paysans. Eux-mêmes avaient leur propre cimetière, situé derrière le village, à environ cinq cent mètres de celui-ci.

Et la jeune aveugle et son hôte allèrent manger et régler les détails pratiques peu intéressants, mais néanmoins nécessaires à l’enterrement. Le déjeuner serait léger, puisqu’à l’inverse le repas du soir promettait d’être très copieux...
Dans maintenant quelques heures au plus, les envoyés du Duc Folcard arriveraient et avec eux avec les corps de Gilles et d’Etienne d’Eglemont.



J’ai bien séparé les 2 parties de mon post, pour que l’on voie bien que la première est une ellipse (c’est ce qu’Agathe pense, dit et fait le matin avant -et juste après aussi- de quitter le bureau d’Otto Mahler pour rédiger la réponse à Ladislas von Grenzwald, qui est donnée dans le précédent post, et où j’avais éludé le moment, n’ayant pas pu avoir la réponse du précepteur.)

La seconde partie, en revanche, reprend à l’instant présent, c’est-à-dire à la fin de ton dernier post.
Les armes des von Grenzwald d'Eglemont (depuis Agathe, avant elle, il n'y avait pas le contour d'or [=jaune] autour) :

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Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
Armes : Image

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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Après avoir repris ses esprits et effacés les traces de larmes encore humides sur ses joues, la Dame d'Eglemont se leva pour suivre la jeune servante dont les épaules se soulevaient légèrement sous les soubresauts causés par le chagrin. La mort s'était installée sur le magnifique fief d'Eglemont et le Château était pour l'instant plus un immense mausolée qu'une demeure seigneuriale. Il n'y avait guère de joie dans cette grande bâtisse en pierre, seulement la douleur et le chagrin, le vieux docteur Elenotte s'en était allé rejoindre le Seigneur d'Eglemont dans le Royaume de Morr et plus jamais sa voix ne retentirait entre les murs de pierre, tandis qu'elle arpentait les couloirs, Agathe repassa devant le bureau du Docteur, l'endroit ou jadis elle jouait en cachette avec ses appareils et se souvint du jour ou le vieil homme dans sa grande bonté avait caché les petits méfaits de la désormais Dame d'Eglemont, une époque ou elle avait encore ses deux parents, un temps ou elle riait encore avec son frère ainé.

Johanne fit entrer la maîtresse des lieux dans une petite pièce ou était disposée une petite table, deux fauteuils confortables et ou ronflait un feu réconfortant dans l'âtre de pierre. Dans l'un des fauteuils, les mains croisées attendait le Prêtre de Morr, un individu encore jeune mais qui avait beaucoup plus d'affinité avec les morts que les vivants. Il était vêtu d'une longue robe de bure noire à capuche qu'il avait relevée pour laisser apparaître un viage aux joues creusées et au teint légèrement cireux, ses yeux étaient sombres comme aurait pu l'être le plumage d'un corbeau et les flammes orangées dansaient à l'intérieur de ses pupilles. Lorsque la maîtresse d'Eglemont arriva, le religieux se leva et s'inclina avec le respect qui était du au Seigneur et attendit que la jeune femme se soit assise face à lui pour reprendre place dans le fauteuil à dossier haut.

Prêtre de Morr: Sans les bois ;)
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Le cycle de la Vie et de la Mort continue, tous nous rejoindront le Royaume de Morr et danserons avec lui pour l'Eternité. Dit l'homme d'une voix doucereuse, dérangeante en fixant la jeune femme sans ciller. Agathe pouvait presque sentir, malgré sa cécité, le poid du regard intense que le Prêtre du Dieu des Morts lui lançait. Ce dernier se tut et laissa la jeune femme s'exprimer, écoutant ses souhaits avec attention sans cesser de la fixer de ses yeux brillants quand soudain il attrapa rapidement la main de la Dame d'Eglemont dans la sienne et se mit à la serrer, légèrement d'abord puis de plus en plus fort, alors que ses lèvres fines tremblaient légèrement et l'espace d'un instant, les flammes de l'âtre vacillèrent.

Le Dieu des Morts est venu à moi cette Nuit. Je les ai vu, dans mes rêves, les Corbeaux... Tous perchés sur les murailles de votre demeure, Agathe d'Eglemont. Des choses terribles vont bientôt se produire dans ce village, ma Dame. Il relacha la main de la jeune femme aussi subitement qu'il ne s'en était emparé à peine quelques secondes auparavant et les traits de son visage se détendirent peu à peu et son regard se fit légèrement plus paisible, comme si son âme était soulagée d'avoir confessé ces étranges paroles. Il reprit d'une voix plus légère, bien que toujours chevrotante.

Nous ferons comme vous l'avez décidé, Dame Agathe. Je ferai préparer tout le nécessaire pour la cérémonie et chacun sera en mesure de prier pour les âmes de notre Seigneur et de votre frère. Je ne peux hélas rester déjeuner auprès de vous, je me dois de m'afférer aux préparatifs de la cérémonie sans perdre un instant. Morr vous garde, ma Dame.
Dit le Prêtre en se levant de son siège, rabattant sa lourde capuche noire sur la tête avant de s'incliner avec respect et de filer vers la sortie, Agathe pouvait l'entendre au bruit de ses pas, le Religieux n'était guère enclin à rester plus de temps que nécessaire entre les murs du Château d'Eglemont. Etait-ce de la peur que la jeune femme avait décelée dans la voix du Prêtre de Morr, à moins que cela ne soit le trop plein d'émotions dont elle était le réceptacle depuis l'aube.
Sébastienne est dans sa chambre, le Prêtre de Morr s'en va et te laisse seule dans la pièce. A toi de me dire ce que tu veux faire. Le corps de Jonas Elenotte a été entreposé dans une pièce innocupée adjacente au Hall d'Entrée, tu peux donner des ordres si tu n'es pas satisfaite du lieu ou autre.

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Agathe d'Eglemont
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Agathe d’Eglemont n’avait jamais vraiment apprécié Morr et ses prêtres en général. Ce dieu n’était souvent évoqué que lorsqu’il y avait un malheur, et plus précisément un décès. Quant à ses prêtres, jeunes ou vieux, c’étaient tous invariablement des gens renfermés, qui semblaient presque se complaire de vivre entourés de cadavres plutôt que parmi les vivants. Certes, leur rôle était important, et le dieu comme ses serviteurs méritaient le respect, parce que c’était grâce à eux que les âmes des vivants trouvaient étaient protégées dans l’au-delà.

Agathe savait parfaitement tout cela, mais il n’empêche, rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à faire confiance, ni même à éprouvé la moindre sympathie pour ces hommes dont la « vie », n’était en fait qu’une sorte de grande parenthèse pendant laquelle ils permettaient à d’autres de rejoindre tranquillement les jardins de leur dieu. C’était encore plus vrai avec le prêtre actuel, qu’elle rencontrait relativement peu, bien qu’elle allât se recueillir de temps en temps au cimetière familial. Sans-doute l’homme était-il plus occupé avec le cimetière commun, celui des paysans, ou tout simplement était-il très discret, suffisamment pour qu’elle ne remarque pas toujours sa présence.

L’homme était bizarre, à bien des égards. Il le prouva encore une fois pendant l’entrevue. Il était poli, c’était déjà ça, mais était dérangeant. Agathe ne pouvait plus voir depuis longtemps, mais elle avait développé une sorte de sixième sens. C’était quelque chose dont elle n’aurait su déterminer l’origine, mais qui lui indiquait, au plus profond d’elle-même, qu’elle était regardée, suivie, observée, comme un désagréable sentiment. Avec l’expérience, au fil des années, elle avait appris à s’y était fier, car ce sens la trompait rarement. Et en l’occurrence, elle ressentit cette sensation tout au long de sa rencontre. Bien sûr, il était normal qu’on la regarde quand elle adressait la parole à quelqu’un, qui plus est un roturier, et ne pas le faire, si elle le remarquait, l’aurait grandement courroucée, surtout en un instant aussi tragique dans sa vie. Mais là, le regard qu’elle sentait posée sur elle était lourd, trop lourd pour être un simple intérêt professionnel comme il aurait normalement dû l’être.

Cet état de fait mis la jeune aveugle extrêmement mal à l’aise lorsqu’elle se tût. Sans plus rien à dire, elle écouta la réponse de son étrange interlocuteur. Mais là encore, la voix de l’homme comme ses paroles ne la rassurèrent pas d’avantage, au contraire ! Elle l’avait oublié depuis le temps, -l’avait-elle d’ailleurs jamais remarqué, avait-il déjà utilisé ce ton devant elle auparavant ? Elle n’aurait su le dire-, mais le prêtre parlait d’un ton doucereux, affecté, mielleux.
Sa réaction fut encore plus surprenante, déplacée, inconvenante, même ! Il s’était brusquement saisi de sa main et l’avait serrée, tandis qu’il avouait ce qui ressemblait fort à un présage funeste pesant sur Eglemont !
Puis, il la relâcha et termina plus normalement, en lui répondant et en déclinant poliment son invitation, et en ajoutant une formule de bénédiction qui semblait bien mal appropriée à la Dame Aveugle « Morr vous garde ». A part les dormeurs, Morr ne protégeait que les défunts. Donc, soit le prêtre était très maladroit, soit il venait de souhaiter à sa seigneur de s’endormir, voire de mourir.

Interloquée par la discussion qu’elle venait d’avoir avec le religieux, Agathe le laissa néanmoins partir, assise dans son fauteuil. Les émotions s’étaient succédées en la présence de l’homme. D’abord la tristesse initiale, le chagrin. Puis un très léger mal-être intérieur, un sentiment dérangeant familier qu’elle ressentait parfois quand on la fixait ou qu’on la suivait. Avaient suivi, dans un laps de temps très court, la stupeur et l’indécision, lorsqu’il lui avait pris la main en lui décrivant son rêve. Enfin, une très forte lassitude fortement teintée d’agacement et de dégoût.

Tout le monde ou presque savait que si Morr était le dieu des morts, il était également le dieu des rêves et des prophéties. Il communiquait parfois avec ses fidèles dans leur sommeil, et qu’il valait mieux prendre ses signes pour argent comptant.
Pourtant, il s’en était fallu de peu qu’Agathe ne perde le contrôle de ses nerfs. Elle avait les sourcils froncés dans une expression typique d’énervement depuis qu’il s’était saisi de sa main, et s’était mordue la lèvre inférieure pour se retenir de parler. Ce n’était qu’à cause de la prophétie qu’elle n’avait d’ailleurs pas retiré sa main, voire appelé sa servante ou répliqué amèrement au prêtre de se tenir à sa place s’il tenait à ses mains. Elle s’était retenue, car elle connaissait la valeur d’un présage, un rêve d’un servant du dieu Morr. C’était aussi pour cela qu’elle l’avait laissé partir sans le questionner d’avantage. Les rêves ne précisaient pas tout, et même si les commandements de Morr imposaient à ses fidèles d’y être attentifs, il était certain qu’une prophétie n’avait pas une précision très importante. Tout n’y était qu’image, que métaphore.

Et en l’occurrence, les présages étaient funestes et faciles à interpréter. Même sans l’expertise du prêtre qui y avait vu un grand malheur, des corbeaux perchés sur les murailles du château n’étaient pas bon signe. Le corbeau, animal rattaché à Morr, symbolisait classiquement la mort, rien que cela. Et la mort guettait son fief. Si même les dieux étaient contre elle, que pourrait-elle faire, elle simple mortelle handicapée ? Ni la haute et épaisse enceinte fortifiée du château, ni même les murs du donjon ne les protégeraient contre la colère des immortels, elle et ses sujets. C’était tellement injuste à son égard : elle n’avait rien fait pour mériter ça, se disait-elle.

Amère, une colère sourde grondant en elle, Agathe se prit la tête dans ses mains pour essayer de se calmer et de réfléchir plus posément. Ce qui fut chose faite après quelques instants et de longues respirations en pensant à une forêt –celle d’Eglemont- un lieu où elle se sentait si bien, puis à un marais –comme à Mornmar-, un lieu mélancolique et très calme, apaisant. Non, ce présage n’était pas forcément si mauvais. Peut-être ce futur n’était-il pas inéluctable, peut-être, au contraire, était-ce un avertissement pour qu’elle fasse quelque chose et que les choses terribles ne se produisent pas.

En tous les cas, qu’elle et ses sujets fussent ou non déjà condamnés, elle ne se rendrait pas sans combattre de toutes ses forces. Il en allait de son honneur et de celui de sa famille, et de ses responsabilités en tant que nouvelle seigneur du fief. Le rêve n’avait pas été assez précis pour révéler l’origine, la cause des choses terribles qui devaient se produire dans le village. Assurément, ça aurait été là beaucoup plus utile, car on aurait ainsi pu couper le mal à la racine. Mais ça ne faisait rien, elle avait toujours son cerveau, son intelligence pour arme. Et en tant que Dame d’Eglemont, elle avait déjà essayé d’identifier les principales menaces qui planaient sur son fief et d’y parer.

Si la menace était très proche et d’origine militaire, elle n’aurait plus qu’à prier, car elle n’avait pas présentement de troupes suffisantes pour s’opposer à un assaut et n’aurait pas d’autre choix que de se rendre ou d’être soumise par la force. Mais, à moins d’une Waagh de peaux-vertes –qui s’aventuraient relativement peu hors de leurs domaines ces dernières années-, c’était peu probable, car les envoyés du Duc arriveraient bientôt, et qu’aucun seigneur bretonnien n’aurait été assez idiot pour attaquer à un tel moment sous peine d’encourir le courroux de Folcard et de s’exposer à ses représailles.

L’autre menace potentielle était la maladie, et elle était fortement plus inquiétante, car insidieuse, invisible pour ceux qui avaient des yeux. Pour elle, Agathe, un malade était plus simple à détecter : chaleur au toucher, transpiration, respiration, des petits détails qu’elle relevait sans même y penser pour s’informer sur les personnes présentes, en remplacement de la vue dont elle était privée.
Mais cela restait difficile à identifier et encore plus à endiguer. A part des mesures drastiques de quarantaine, aucun traitement n’était sûr contre la contagion. Sauf la magie, bien sûr, mais aucune demoiselle du Graal ni aucun sorcier impérial n’était présent sur son fief à sa connaissance.
De toute façon, le cas du docteur Elenote serait à traiter avec Sébastienne pour voir s’il y avait là ou non matière à s’inquiéter.

Une catastrophe naturelle ou un autre évènement majeur de ce type était également possible, mais contre cela, la dernière des von Grenzwald d’Eglemont était impuissante, elle ne pourrait rien faire pour empêcher un tel évènement de se produire si cela se devait.


Dans tous les cas, Agathe ferrait ou avait déjà commencé à entreprendre le nécessaire, prophétie ou pas. Par ailleurs, songea-t-elle, il était plus que temps de passer rendre visite à son amie Sébastienne. La pauvre était dans la même situation qu’elle, et en ce moment, elle comprenait mieux que quiconque ce qu’elle devait endurer. C’est pourquoi elle se leva et alla frapper à la porte de la chambre de son amie en s’annonçant, d’une petite voix timide :


-Bonjour Sébastienne. C’est moi, Agathe. Je peux entrer ?

Evidemment, comme on pouvait s’y attendre, la jeune fille du médecin ne se fit pas prier et ouvrit à la propriétaire du château. Bien qu’aveugle, la jeune seigneur sentit toute la douleur que devait ressentir Sébastienne à cet instant. En fait, la même souffrance, le même chagrin était dans le cœur des deux femmes à cet instant. Toutes deux venaient de perdre leurs familles, leur papa. Submergée par l’émotion, et ne désirant pas rester seule, la Dame d’Eglemont s’approcha de son amie pour la serrer dans ses bras en posant la tête sur son épaule. Elle resta ainsi pendant un petit moment, partageant son émotion et tenter d’apporter son réconfort, son soutien, son amour à son amie d’enfance. Les mots étaient inutiles, la noble et la roturière se connaissaient depuis trop longtemps, et chacune savait ce que ressentait l’autre. Il était inutile de se faire du mal en demandant si ça allait bien, comment cela aurait-il pu bien aller après ce qu’elles venaient de vivre ces dernières heures ? Une nouvelle fois, Agathe laissa libre cours à ses émotions et pleura, ses larmes immédiatement épongées par son bandeau oculaire. Cela faisait du bien, en privé, entre amies, de baisser le masque, de pouvoir montrer sa douleur à quelqu’un qui la comprendrait sans la juger, et de partager avec elle un moment difficile, mais précieux.
Mais toutes deux n’avaient pas d’autre choix que de supporter l’épreuve et de la surmonter. Après un temps indéfini, elle cessa de pleurer, réconfortée par la présence et la chaleur de son amie. Toujours blotties l’une contre l’autre Agathe, chuchota doucement à l’oreille de Sébastienne :


-Tu sais que je suis là pour toi, si tu as besoin de quoi que ce soit. Je serai toujours là pour toi. Et pour ton père, c’était un homme bien. Comme sa fille. Il mérite un enterrement digne de lui.

Mais le temps pressait, et, même si elle aurait aimé pouvoir rester plus longtemps ainsi, il fallait vite manger avant l’arrivée des émissaires, et puisque le prêtre avait décliné son invitation, elle comptait bien convier Sébastienne à sa table. Relâchant son étreinte, la Dame d’Eglemont tandis sa main à son amie, pour qu’elle la prenne si elle voulait la tenir, puis l’invita à partager son repas en parlant :

-Johanne m’a dit que tu étais partie très tôt ce matin, et je ne crois pas que tu aies eu le temps de manger, je me trompe ? Je t’en prie, viens déjeuner avec moi. Je n'ai pas très envie de rester seule aujourd'hui.

Après qu’elle eut accepté ou refusé l’offre, Agathe se souvint de la prophétie et des craintes qu’elle avait eu, même antérieurement au funeste présage, concernant le risque sanitaire de contagion. Son visage s’assombrit, car parler d’un tel sujet n’était pas très agréable et qu’elle aurait préféré déjeuner tranquille en compagnie d’une de ses meilleures amies en se soutenant l’une l’autre, plutôt que de devoir la questionner à ce sujet, mais c’était son devoir, en tant que seigneur du fief d’Eglemont, comme c’était maintenant de devoir de Sébastienne, en tant que nouvelle médecin du fief, de s’occuper de la santé publique :

-Et aussi, Sébastienne… Dis-moi, je suppose qu’il n’y a pas de risque de contagion, au village, non ? Ton père aurait-il pu être contaminé par quelqu’un ou quelque chose ? Un patient, un rat, ou quoi que ce soit d’autre ? Pardonne-moi, je n’ai aucune envie de te faire replonger dans ça, mais je dois savoir, pour éviter que d’autres ne soient touchés, je sais que tu comprends.

Avec un peu de chance, elle répondrait que non, il n’y avait aucun risque, que c’était une simple infection virulente suite à une coupure ou à l’ingestion d’un aliment avarié, un incident grave, mais isolé, sans aucune chance de se reproduire en masse dans le village. Dans le pire des cas, par contre… Mieux valait ne pas y penser. Sinon, cela lui couperait l’appétit.
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

C'est une Sebastienne épleurée qui ouvrit la porte à la Dame d'Eglemont, ses yeux étaient rougis par les larmes et des myriades de traces sechées maculaient son visage. La fille du médecin et amie d'enfance d'Agathe accueillit la jeune femme dans ses bras avec un hoquet, elle essayait de s'exprimer mais ses sanglots étouffaient sa voix et la rendaient incompréhensible pour Agathe qui se contenta de carresser lentement les cheveux de Sebastienne avec apaisement, les deux amies restèrent là durant de longues minutes dans les bras l'une de l'autre à se réconforter mutuellement sans s'adresser la parole, car il n'y avait nul besoin de mots pour exprimer ce qu'elles ressentaient l'une pour l'autre, une affection profonde qui se rapprochaient parfois grandement d'un amour fraternel car maintenant que sa famille de sang s'était rendue dans le Royaume de Morr, les personnes auxquelles Agathe tenait le plus n'étaient autres que celles qui partageaient sa vie depuis son enfance. Sebastienne releva doucement la tête et la Dame d'Eglemont su au bruit que faisait sa respiration que la jeune femme reprenait peu à peu le contrôle d'elle-même, ses inspirations se faisaient plus régulières et mesurées qu'à son arrivée dans la chambre.

Il allait si bien, encore hier je l'entendais dans son bureau entrain de parler tout seul tandis qu'il nettoyait ses ustenciles... Et ce matin, lorsque je l'ai vu... Je... Commença la jeune femme alors que de nouvelles larmes perlaient dans ses yeux bleu saphir, Sebastienne pris doucement la main d'Agathe d'Eglemont dans la sienne et cette dernière pu sentir à quel point son amie tremblait, elle pris une grande inspiration et poursuivit son récit, mais Agathe pu sentir que son amie n'avait pas l'air très sûre d'elle-même. Je ne saurais vous répondre Dame Agathe, je n'ai jamais rien vu de semblable dans les livres que possédait Papa, il était pratiquement méconnaissable quand je l'ai découvert... Il devait être décédé depuis seulement une heure ou deux lorsque je suis arrivée et l'on aurait dit qu'il reposait depuis déjà plusieurs jours. Expliqua Sebastienne en fixant son amie sans véritablement la voir, le regard perdu dans le vague, alors que des images effroyables se rappelaient à son esprit. De ce que pouvait comprendre Agathe, Jonas Elenote avait succombé à un mal étrange mais foudroyant que son amie n'avait jamais eu l'occasion de voir auparavant

Il faut que je découvre ce qu'il est arrivé à mon père, je vais commencer par réétudier tous les livres dont il disposait, peut-être que quelque chose m'a échappé, je ne sais pas... Je suis perdue. Dit Sebastienne dont la mine s'assombrissait de plus en plus, la jeune femme avait toujours été d'une joie de vivre débordante et sa bonne humeur n'avait jamais été égalée que par sa soif d'apprendre et d'un jour pouvoir succéder à son père dans son rôle de venir en aide aux gens en souffrance mais aujourd'hui c'était une âme en peine qui faisait face à la Dame d'Eglemont, une jeune femme brisée. Elle esquissa néanmoins un léger sourire à l'invitation de son amie d'enfance. Je ne sais pas si je pourrais avaler quoi que ce soit mais cela me ferait plaisir de vous accompagner, je ne veux pas rester seule... J'ai demandé que l'on dépose la dépouille de papa dans l'une des pièces inutilisées du Hall d'Entrée, en attendant que vous ne preniez une décision le concernant.

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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Comme c’était prévisible, Sébastienne Elenote avait réellement été bouleversée par la mort de son père, complètement inattendue. Une émotion semblable habitait la jeune noble, mais, au contraire de l’apprentie médecin, elle n’avait pas le droit de s’y abandonner, du moins pas autant qu’elle l’aurait voulu. Pouvoir partager leurs peines et se réconforter mutuellement apportait néanmoins un peu de baume au cœur d’Agathe von Grenzwald d’Eglemont. Plus que jamais, elles avaient besoin d’être là l’une pour l’autre.

Quand Sébastienne raconta ce qui était arrivé à son père, décrivant la fulgurance du mal qui l’avait emporté, la seigneur elle-même ne put se retenir de frissonner en imaginant la terrible violence des maux que le pauvre docteur avait dû subir. Savoir que quelque chose, sans prévenir, pouvait brutalement vous emporter en une journée, c’était loin d’être rassurant. D’autant que d’après ce que lui en disait celle qui était maintenant la médecin du fief, on ignorait tout de la nature de ce mystérieux mal. S’il s’agissait d’une maladie, comment l’avait-il attrapée ? Y avait-il un risque de contagion ?

Toutes ces questions étaient primordiales et taraudaient la jeune Dame d’Eglemont, faisant écho aux peurs sourdes qui avaient suivi son entrée en fonction en tant que seigneur, et qui l’avaient hantée pendant la nuit, puis par le biais de la prophétie. Serait-elle à la hauteur de ses responsabilité, où sous son règne, son fief dépérirait-il, la laissant seule et malheureuse dans un château vide. Faillirait-elle, détruisant ainsi l’œuvre de ses ancêtres ? Peut-être, mais en tout cas, pas sans se battre et faire tout son possible pour que cela n’arrive jamais. Mais voilà, comment se battre contre un ennemi invisible et inconnu ?

Agathe n’était pas docteur, et n’avait aucune notion de médecine. Et Sébastienne ignorait quelle était la maladie qui avait frappé son père, si toutefois c’était bien une maladie. Cependant, tout n’était pas si noir à ce sujet. D’une part, il se pouvait très bien que la fille du docteur trouve dans ses livres la description des symptômes qu’elle avait vus, et identifie à quoi elles avaient affaire. D’autre part, personne d’autre ne semblait touché.

Heureusement, dans un cas pareil, la violence de la maladie, si c’en était bien une, était contre toute attente un facteur en leur faveur. Car il paraissait impossible d’imaginer ignorer ces symptômes, et donc l’on pourrait facilement identifier qui était touché et prendre ensuite les mesures qui s’imposaient.

Une autre question se posait, bien entendu. Comment le docteur avait-il pu contracter un tel mal, et par quel biais ? Quelque chose ou quelqu’un devait forcément être à l’origine de cela. Une enquête serait nécessaire pour découvrir la cause et le vecteur du mal. Là encore, la fulgurance du mal jouait pour eux. Si la veille encore, Jonas était sauf et en parfaite santé, c’était qu’il avait contracté la chose entretemps, ce qui limitait grandement le champ de l’enquête. Il suffirait de refaire exactement le parcours du médecin pour trouver là où il avait pu attraper cette horreur, bien évidemment en prenant toutes les précautions d’usage dans un tel cas, pour garantir une sécurité maximum.

Le vecteur, quant à lui, pouvait être apparent. Une piqûre de seringue, une coupure, une morsure de bête, une blessure ou n’importe quel signe anormal qui collerait avec le moment où il avait pu être touché serait un indice précieux. Il se pouvait aussi qu’il ait ingéré quelque chose. Il faudrait en ce cas ouvrir son estomac pour savoir ce qu’il avait pu manger ou boire de toxique. Une telle perspective n’était guère réjouissante et peu ragoûtante, surtout avant de déjeuner, mais elle devait être envisagée, il y avait trop d’enjeu pour qu’on la néglige. En attendant, Sébastienne avait placé le corps de son père dans une pièce inutilisée du hall, et c’était tant mieux.

Avec cette double recherche, et l’expertise de Sébastienne pour identifier le mal, avec un peu de chance, ils n’auraient rien à craindre. L’ennui, c’était que la chance semblait avoir abandonné le fief.


En gardant la main de son amie dans la sienne, Agathe d’Eglemont l’emmena à sa table. A vrai dire, elle n’avait guère d’appétit non plus, mais elle savait qu’elle devait prendre des forces pour attaquer l’après-midi qui serait chargé, encore plus que le matin.

Alors qu’elles étaient attablées et partageait un maigre repas, selon les souhaits de la maîtresse des lieux, cette dernière prit la parole pour réconforter son amie :


-Allons, Sébastienne, tu y arriveras, j’en suis sûre. J’ai confiance en toi.


La Dame d’Eglemont n’était pas la seule à avoir de lourdes responsabilités dans un moment aussi tragiques, elle venait de s’en rendre compte. Son amie Sébastienne portait seule sur ses épaules le fardeau de la santé publique du fief, et en l’occurrence, quelque chose d’inconnu mais de meurtrier avait frappé très près d’elle, son propre père. A l’instar d’Agathe, qui devait assumer la fonction de son père avant même de l’avoir pleuré, Sébastienne se retrouvait dans la même situation. Pire encore, elles n’avaient pas le droit à l’échec, ni l’une, ni l’autre, sans quoi des dizaines de vies en pâtiraient.

Avant même de faire leur deuil, les deux jeunes femmes allaient devoir faire leur devoir. Et celui de la doctoresse était encore moins facile, dans le sens où il pouvait potentiellement impliquer de « profaner » le corps de son père pour découvrir quel avait été le vecteur de transmission du mal. Et pourtant, la courageuse Sébastienne Elenote avait juré de rechercher la cause du mal, de remplir sa mission avant tout. Elle était un exemple de dévouement, et Agathe était fière d’elle. Même si son côté aristocrate lui empêchait de se l’admettre à elle-même –comment une noble aurait-elle pu être inspirée par une roturière, fut-elle la meilleure-, la jeune médecin était en quelque sorte un modèle pour elle. Si elle arrivait à faire passer ses responsabilités avant son chagrin, il n’y avait aucune excuse pour qu’Agathe, une noble, n’y arrive pas. Cette pensée lui redonna de la force, suffisamment pour continuer à prendre de difficiles décisions.

Très consciente de la difficulté de la tâche qu’allait rencontrer son amie, la Dame aveugle reprit, à la toute fin du repas, d’un ton plus assuré :


-Je suis persuadée que l’on pourra trouver la cause de ce mal, quel qu’il soit. Pour cela, j’ai un plan, même si je ne suis médecin. Tu me diras ce que tu en penses, et s’il te parait bon, je te chargerais de le faire appliquer. Je comptais procéder selon trois axes différents.

D’une part, l’axe médical, là où tu es seule compétente. Je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus, car je n’y connais rien et que tu es l’experte, mais il s’agira de faire ce que tu sais le mieux faire : identifier la maladie en elle-même, ses caractéristiques, ses symptômes, ses modes de transmission, et autres détails. Bref, faire ce que je crois que vous appelez un diagnostic, donc, si je ne m’abuse.

Parallèlement, il nous faudra travailler dans un domaine moins savant, mais tout aussi utile : l’enquête. Je m’explique.

Des maux aussi violents, qui se sont déclenchés ainsi, sans prévenir, ont forcément une source, une origine, autrement dit une cause. Et il y a aussi eu un vecteur qui a transmis ce mal de la source à ton père.

Ces choses, une enquête pourra sûrement les révéler. Pour trouver l’origine, il suffira à priori de remonter le temps, c’est-à-dire de refaire pas par pas tout le parcours de ton père entre hier et ce matin. S’il a visité un patient, testé un produit ou je ne sais quoi, on devra pouvoir l’identifier. Evidemment, il faudra que ceux qui enquêtent prennent un maximum de précautions afin de ne pas subir le même sort.

D’autre part, pour trouver le vecteur, il faudra enquêter sur le corps lui-même de la victime.


A ces mots, Agathe soupira, elle savait que ce serait dur pour son amie, elle le sentait, mais c’était nécessaire. Elle l’aimait et ne voulait pas la faire souffrir plus encore, mais elle n’avait pas le choix, c’était son devoir que d’ordonner une enquête sur le corps du docteur.

-Oui, sur le corps de ton père, Sébastienne. Je suis désolée, mais tu sais que c’est nécessaire pour découvrir comment le mal est entré dans son corps, avant que l’on ne l’enterre. Si tu veux le faire toi-même, tu le pourras, sinon ce sera à un autre de le faire, sous ta supervision. Bien entendu, tu auras toute latitude également pour faire des recherches sur la maladie en elle-même sur le corps, si tu en as besoin.

Tu es consciente comme moi de l’urgence et de l’importance des enjeux : ça ne pourra pas attendre, et j’aimerai que tu commences dès que possible, si toutefois tu es d’accord avec moi. Tu pourras dans ce cas prendre tous les hommes qui te seront nécessaires.

En revanche, j’ai des invités de marque qui doivent arriver cet après-midi, des envoyés du Duc Folcard. Evidemment, ils ne devront pas être dérangés par l’enquête sur le corps. Il faudra donc veiller à le placer dans une pièce isolée à laquelle tu puisses avoir facilement accès sans les importuner.

On va y arriver, tout va bien se passer, tu vas voir.

En réalité, Agathe aurait bien aimé être convaincue que tout allait bien se passer, mais rien n’était moins certain, surtout avec la mort qui rôdait autour du Mont Egle comme un vautour. Mais elle n’avait pas vraiment le choix. Elle attendit la réponse de son amie, afin de savoir ce qu’elle pensait de son plan. Si Sébastienne l’approuvait, alors, la doctoresse n’aurait plus qu’à le mettre en œuvre.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 01 févr. 2016, 22:33, modifié 1 fois.
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Sebastienne ne mangea pratiquement pas durant le repas auquel l'avait conviée Agathe et les victuailles ainsi déposées sur la table par une servante restèrent pour la plupart intacte. Aux paroles réconfortantes de la Dame d'Eglemont, la jeune femme se contentait de répondre par un léger hochement de tête ou un sourire sans joie, plongeant parfois sa cuillière dans son bol de soupe fumant pour la mélanger sans jamais la porter à ses lèvres. Néanmoins, son regard fit plus attentif tandis qu'Agathe exposait son plan pour parvenir à découvrir ce qui était arrivé à Jonas Elenotte. Sa main trembla légèrement lorsque l'aveugle mentionna la nécessité de pratiquer une autopsie sur le médecin, mais il s'agissait là certainement de l'un des meilleurs moyens pour découvrir quel mal foudroyant avait bien pu frapper le Docteur Elenotte.

Je savais que Papa devait rendre visiste à plusieurs patients ce matin mais il ne m'a pas dit lesquels, je pourrai très certainement me renseigner sur cela via son journal, il y mentionne le nom de tous ses patients, des plus préoccupants à ceux qui ont une santé de fer. Sans doute pourrai-je trouver des indications sur les personnes qu'il était susceptible de voir dans l'immédiat, quant à l'autopsie... Je préfère la pratiquer moi-même, je ne veux pas que quelqu'un d'autre profane le corps de mon père, c'est à moi de découvrir ce qui lui est arrivé et de pratiquer les examens nécessaires pour ce faire. Sebastienne marqua une courte pause pour boire une cuillière de soupe fumante et mordre dans un morceau de pain noir.
Je vais demander, avec votre permission, à des serviteurs de transporter le corps de papa dans ses appartements, il sera plus aisé pour moi de pratiquer l'autopsie que dans la pièce du hall d'entrée, ainsi les invités du Duc Folcard ne seront pas dérangés par des mouvements intempestifs.

Il était important de mener cette affaire rapidement et découvrir les tenants et aboutissants de cette affaire promptement. Le problème était que les émissaires du Duc seraient bientôt là et que la jeune femme ne pourrait pas s'occuper du cas de Jonas Elenotte avant que les chevaliers n'aient quittés Eglemont, c'est-à-dire vraisemblablement après les funérailles. Le convoi ne tarderait d'ailleurs sûrement plus à arriver et Agathe devait encore s'assurer que tout était fin prêt pour recevoir les invités. Après que la Dame d'Eglemont lui ait donné son accord, Sebastienne s'empressa de partir à la rencontre de valets susceptibles de l'aider à transporter la dépouille de Jonas, laissant l'aveugle à ses sombres pensées.
Je te laisse faire un dernier poste puis on passe directement à l'arrivée des corps ;). Les choses sérieuses vont commencer.

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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

Agathe d’Eglemont n’était pas surprise que son amie ne mange presque rien après une telle épreuve. Surtout que la vue de son père mort, apparemment dans des conditions horribles, avait dû achever de lui couper l’appétit. Néanmoins, la jeune femme écouta les propositions de sa seigneur et les approuva, au grand soulagement de la noble. Grâce au journal médical de son père, il semblait qu’il serait possible de remonter la piste des dernières activités de celui-ci avant de mourir, et notamment de trouver la liste de ses patients et les observations utiles qu’il avait pu y consigner à leur sujet.

Au sujet des recherches sur le corps même de la victime, l’autopsie, Sébastienne, comme Agathe s’y était attendue, fit une nouvelle fois preuve d’un grand courage en prenant ses responsabilités à bras le corps. Aussi difficile que cette tâche pouvait-être, elle s’en occuperait elle-même, pour éviter que le corps de son géniteur ne soit profané par autrui, et également parce qu’elle était de loin la plus à même de le faire, la plus qualifiée et la plus érudite en la matière.

La fille Elenote demanda à ce qu’on déplace le corps de son père dans un endroit plus propice qui gênerait moins : les appartements du docteur. Sans doute serait-ce aussi plus pratique, puisque tous les outils seraient sur place. Elle n’aurait pas besoin de les apporter sur place et de repartir éventuellement avec des échantillons pour travailler dessus. Cela était parfait, et la jeune héritière n’y voyait aucun inconvénient. A la condition, bien sûr, de faire très attention à ne pas se contaminer elle-même –cette simple idée était insupportable-, et de vérifier avant d’utiliser un instrument, que celui-ci ne contienne pas la source de la maladie, par exemple, s’il y avait une seringue remplie d’un liquide bizarre que le docteur avait utilisée juste avant de tomber malade, il faudrait d’abord examiner la seringue en question et son contenu. Cela, Sébastienne, qui était loin d’être stupide, le savait probablement déjà. Il n’empêchait : un rappel ne coûtait rien et éviterait tout oubli, chose qui pouvait arriver, étant donné que la situation affective dans laquelle se trouvait la jeune médecin aurait pu la distraire. C’est pourquoi la Dame aveugle donna son accord à la fin de repas, en ces mots :


-D’accord, fais comme tu l’entends, tu as carte blanche. Mais n’oublie pas de bien vérifier les instruments avant et surtout… Sois prudente, mon amie. Pour rien au monde je ne voudrais te voir contracter ce terrible mal.

Et tandis que son amie d’enfance docteur allait vaquer à ses occupations et que la table était desservie, la noble se leva et se prépara à l’arrivée imminente de ses invités. Elle vérifia rapidement son apparence au toucher, puis alla retrouver son autre amie et servante personnelle Johanne Lamare pour que celle-ci lui confirme que tout était bien prêt pour l’arrivée des invités et des corps.
Les dépouilles du seigneur des lieux, Gilles, et de celui qui fut son dernier héritier, Etienne, seraient placées dans la petite pièce qui servait de chapelle privée à l’intérieur du château, en attendant l’inhumation qui aurait lieu le lendemain au cimetière familial, comme prévu.

Une fois qu’elle se fut assurée que tout avait été correctement fait, la Dame d’Eglemont n’avait plus qu’à attendre. Il fallait espérer que son garde du corps et lui aussi ami d’enfance, Damien Soudre, reviendrait à temps : elle lui avait donné sa matinée, pas la journée. Et même si Agathe n’aurait très certain aucun besoin des services de son « ange gardien », il était plus convenable d’avoir un protecteur à ses côtés, ne serait-ce que pour montrer qu’elle n’était pas totalement sans défenses, et pour la soutenir si elle défaillait. Elle irait accueillir les envoyés du Duc et le retour des corps de son père et son frère non pas seulement à la porte du donjon, mais à la grande porte de l’enceinte du château, celle qui ouvrait sur la cour.
Tandis que l’on mènerait les chevaux des invités aux écuries, elle guiderait ces derniers et les corps jusqu’au donjon –non pas qu’ils ne puissent le trouver par eux-mêmes-, et à la petite pièce qui servait de chapelle privée.

Nerveuse et anxieuse, Agathe faisait inlassablement les cent pas sur le mur d'enceinte au dessus de la porte principale, attenant d'entendre le moindre signe annonciateur de l'arrivée des hommes du Duc Folcard. Bien que privée de la vue, son ouïe était très fine, et les sons montants, il se pouvait peut-être même qu'elle parvienne à entendre leur arrivée, le bruit des chevaux et d'un chariot, probablement, avant même que ses gardes ne l'avertissent qu'ils avaient le convoi en vue. Le grand air avait au moins l'avantage de la calmer un peu, de lui permettre de respirer les senteurs qu'elle appréciait tant et d'écouter les bruits de fond de la forêt, de la montagne et ceux, très lointains, du village en contrebas. A l'intérieur, elle aurait été comme une lionne en cage, tournant sur place en rongeant son frein. Ici, au cœur de ce fief qui était désormais le sien et qu'elle aimait par dessus-tout, le considérant comme l'un des plus beaux endroits au monde, elle ressentait au moins un peu de réconfort, et pouvait respirer à pleins poumons le même air que dans son enfance. L'espace d'un instant, elle se revit petite fille, contemplant toute la magnifique beauté de la vallée d'Eglemont depuis ces mêmes remparts, point de vue idéal qui dominait les lieux. Aujourd'hui encore, elle était touchée par cette beauté qu'elle connaissait sur le bout des doigts, littéralement. Elle avait beau être aveugle, cette terre était la sienne elle l'avait vu naître et grandir. Avec ou sans la vue, elle s'y retrouvait à merveille, connaissant presque parfaitement chaque recoin de son fief.

Quoi qu'il en soit, dès qu'elle aurait vent de l'arrivée imminente des corps et des envoyés du Duc, elle ferrait ouvrir les portes et descendrait les accueillir comme il se devait, tandis que des serviteurs s'occuperaient de mener les chevaux aux écuries du château.
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Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

Equipement de combat :
-"NOMOSTHEMIS", épée sainte à 1 main : 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc..
-Bandeau en acier : 2 points de protection à la tête.
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par [MJ] Le Grand Nécromancien »

Tandis qu'Agathe était plongée dans ses pensées, un coup de cor retentit à l'extérieur du château, annonçant l'arrivée des émissaires du Duc Folcart de Montfort. Le convoi venait de pénétrer à l'intérieur du village en contrebas du Château d'Eglemont et les habitants de la petite bourgade cessèrent leurs occupations pour observer le convoi funéraire qui s'avançait lentement sur la petite route en terre qui menait vers la demeure des seigneurs d'Eglemont. Les hommes baissaient la tête avec respect, les enfants se cachaient dans les jupons des femmes et quelques unes d'entre-elles versèrent quelques larmes en voyant les deux cercueils drapés de noir, entourés par une cohorte de chevaliers. Il y avait à peu près une quinzaine d'hommes pour escorter les dépouilles de Gilles et d'Etienne vers leurs terres. Les chevaliers avaient le visage fermés et l'un d'entre-eux, en tête du convoi, brandissait la bannière du Duché de Montfort.

Les cercueils avaient été disposés côte à côte sur une charrette tirés par deux chevaux à la robe noire, un drap de la même couleur les recouvrait avec une fleur de lys brodée dessus, symbole de Bretonnie et de la Chevalerie. Folcart de Montfort avait pris les choses à coeur et l'imposante escorte avait très certainement dissuadé les quelques vauriens qu'ils auraient pu croiser en chemin. Agathe s'engagea dans le couloir pour se diriger à pas lent vers le Hall d'Entrée, elle entendit d'autres bruits de pas se diriger dans la même direction qu'elle, apparemment tous avaient à coeur d'accueillir les dépouilles de ceux qu'ils avaient servis et aimés. Le convoi mortuaire arriva finalement au sommet du Mont d'Eglemont et les portes du Hall s'ouvrirent, les cercueils furent descendus de la charrette avec précautions par quatre chevaliers et ces dernières les transportèrent en silence à l'intérieur où tout le monde retenait son souffle en voyant les boites dans lesquelles reposaient Gilles et Etienne d'Eglemont, qui n'était encore qu'un enfant.

Tous étaient là, Otto Mahler était aux côtés de Johanne et observait le cercueil d'Etienne avec un regard brillant d'émotion. Le vieil homme avait toujours beaucoup apprécié le plus petit des enfants d'Eglemont et n'aurait sans doute jamais imaginé qu'il lui survivrait. Hélas, telle était la vie des hommes, cruelle, difficile et souvent injuste. Sebastienne était descendue également pour soutenir son amie d'enfance, malgré la peine personnelle qui lui rongeait les entrailles. L'un des Chevaliers qui avait accompagné l'escorte s'avança doucement vers Agathe et s'arrêta à une distance respectable, enlevant son casque à cimier noir. L'homme était de haute stature, engoncé dans son armure métallique. Les traits de son visage étaient secs et sa bouche était surplombée par une petite moustache finement taillée, ses cheveux noirs, légèrement grisonnants, lui tombaient au bas de la nuque.


Salutations à vous, Dame Agathe d'Eglemont, je suis Gédéon de Rimeoa. Chevalier du Royaume au service du Duc de Montfort et de sa Majesté Louen Coeur de Lion. Le Duc Folcart m'a chargé de vous transmettre ses plus sincères condoléances et de vous dire qu'il partageait votre peine. Dit Gédéon en baissant la tête en signe de respect envers la maîtresse des lieux, rapidement imité par les autres chevaliers qui l'accompagnaient.

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Agathe d'Eglemont
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Re: [Agathe d'Eglemont] Perdue dans les Ténèbres

Message par Agathe d'Eglemont »

L’arrivée des envoyés du Duc Folcart et des corps des von Grenzwald d’Eglemont qui étaient tombés au combat à ses côtés fut annoncée de loin par une sonnerie de cor. Quand elle l’entendit, Agathe comprit tout de suite de quoi il s’agissait. Complètement bouleversée intérieurement, elle se retint cependant de pleurer et se prépara à la réception de ses « invités ». Ce n’était pas le moment de flancher, pas maintenant.

Au moins n’était-elle pas seule pour supporter cette difficile épreuve. Car, d’après les bruits de pas qu’elle entendait autour d’elle et qui convergeaient tous dans la même direction, tout les habitants du château ou presque devaient être là. Il semblait que tout le fief était en deuil, comme sa Dame. Les roturiers, les paysans, les gardes, les serviteurs, et tous ceux qui, nombreux, travaillaient et vivaient dans le château étaient à ses côtés pour accueillir l’ultime retour de Gilles et Etienne sur leurs terres natales. C’était là un magnifique hommage à leur bon seigneur et à son héritier, mort bien trop jeune au combat contre les abominables peaux-vertes, le fléau de toute la région.

Malgré la relativement récente croisade contre les peaux-vertes moins d’une cinquantaine d’années auparavant, ces créatures pullulaient toujours dans les massifs montagneux, que ce soit celui d’Orquemont, les Irrana ou les Montagnes Grises, dans le cas du Duché de Montfort. Ces monstres avaient pourtant été saignés à blanc et beaucoup moins actifs depuis lors, mais l’on racontait qu’ils avaient profité de l’arrêt de la croisade pour faire profil et le temps refaire leurs forces pendant quelques décennies. Maintenant qu’ils s’étaient suffisamment renforcés, ils se faisaient de nouveau menaçants pour les habitants des régions montagneuses, ainsi que les convois de marchandises et de voyageurs qui traversaient les cols et les défilés. Récemment, les rumeurs parlaient même d’un terrier d’orques niché au beau milieu des montagnes, le « fort de Garban », une sorte de repaire de vermines d’où les orques et gobelins planifieraient leurs actions.

C’était dans ce contexte que Gilles et Etienne étaient partis guerroyer suite à l’appel du bon Duc Folcart de Montfort. Lorsque les feux d’alarmes sur les montagnes -un système de fanaux créé à l’initiative du Duc pour communiquer rapidement dans la région et répondre au plus vite aux attaques de peaux-vertes sur les villages isolés- s’étaient allumés, les deux hommes n’avaient pas hésité une seule seconde à faire leur devoir. Ils avaient pris les armes, et étaient partis répondre à l’appel de leur suzerain, pour défendre la population du Duché en danger. Il était au moins réconfortant de voir cette même population paysanne reconnaître leur valeur et la noblesse de leur sacrifice.


*Ainsi est la guerre, cruelle. Les plus nobles y meurent pour protéger les plus faibles.*
Songea Agathe. En Bretonnie, il en avait toujours été ainsi, d’ailleurs, comme les devoirs du paysan le résumaient on ne peut mieux : «Fils de la terre, tu es né pour travailler et servir, sous la protection de l’élite. À ton glorieux seigneur, tu accorderas les impôts exigés. Tous les jours tu travailleras, à l’exception des fêtes, et ne garderas pas plus d’un dixième du fruit de ton labeur pour tes parents et amis. Réjouis-toi ! Car un Chevalier de Bretonnie est ton bouclier.»

Finalement, le convoi mortuaire arriva jusqu’à l’enceinte du château. On leur ouvrit et les chevaliers purent descendre de monture dans la cour. Il était difficile, très difficile même à Agathe d’estimer précisément leur nombre, mais ils devaient à priori y avoir là entre une dizaine et une vingtaine d’hommes à cheval, entourant une calèche.

Plusieurs chevaliers, probablement huit en tout, soit quatre par cercueil comme il était d’usage, portèrent à l’intérieur les deux lourdes bières dans lesquelles reposaient maintenant les corps sans vie du père et du petit frère d’Agathe d’Eglemont. Elle le sut sans trop de mal, en entendant les petits bruits de leurs armures et leurs pas beaucoup plus lourds que s’ils avaient marché normalement, non chargés. Lorsqu’ils passèrent à côté d’elle pour entrer dans le château à proprement parler, le donjon et ses annexes intérieures, la jeune aveugle faillit défaillir. Elle tressaillit et trembla quelques secondes au passage des cercueils, puis elle se reprit, grâce notamment au soutien de ses amis de toujours qui étaient là, à ses côtés pour la soutenir. Elle sentait leur odeur si familière et rassurante, entendait leurs respirations saccadées et y décelait de la peine. Tous étaient là, même la pauvre Sébastienne. Raffermie par ce soutien psychologique important, la Dame d’Eglemont se resssaisit. Il y aurait un temps pour pleurer, mais ce temps n’était pas encore venu. D’abord, il convenait d’accueillir comme il se devait les nouveaux arrivants.

Un autre homme s’approcha directement d’elle, s’arrêta à quelques mètres et se découvrit. Le bruit d’un heaume qu’on enlevait été caractéristique et ne trompait pas pour qui avait l’oreille fine et savait prêter attention à ce genre de détails. L’homme portait apparemment une armure complète, comme l’indiquait la multitude de petits bruits métalliques lorsqu’il bougeait. Pour l’instant, l’odeur de l’homme n’était pas très significative : elle était perturbée par la présence de nombreux autres inconnus, et par le long voyage à cheval et en armure lourde qu’il avait dû faire. Si elle l’avait bien connu, elle aurait sans doute été à même de l’identifier par ce biais malgré la sueur et les odeurs parasites –chacun avait une odeur particulière, et même lorsqu’il était en sueur, il la conservait-, mais ce n’était apparemment pas le cas. Lorsqu’il se présenta, sa voix tomba de haut : l’homme était donc assez grand. Poli, le chevalier se présenta : il s’agissait d’un chevalier du Royaume du nom de Gédéon de Rimeoa, vassal du Duc Folcart de Montfort et du Roy de Bretonnie Louen Cœur-de-Lion, comme tous les seigneurs de ce pays sans exception qui partageaient ce dernier lien de fidélité commun, à un degré plus ou moins direct. Il apportait un message de condoléances sincères et de compassion de la part du Duc.

Cela n’était guère étonnant, mais le message semblait réellement véridique, puisque le Duc Folcart avait pris grand soin d’offrir une importante escorte funéraire aux dépouilles de ses deux vassaux tombés au champ d’honneur. Il se souciait donc réellement d’elle, et c’était d’autant plus réconfortant à savoir que les deux hommes qui allaient bientôt être mis en terre étaient morts pour lui, à son service. Au moins, le Duc de Montfort était-il reconnaissant envers ses vassaux, et leur rendait-il ainsi un beau dernier hommage.

Puis le chevalier de Rimeoa, et d’autres chevaliers qui suivaient Gédéon et étaient restés légèrement en retrait derrière lui s’inclinèrent eux aussi. Comme le voulaient les règles de la courtoisie et de l’étiquette, ils la saluaient les premiers. Agathe von Grenzwald d’Eglemont leur adressa un pâle et triste sourire, leur meilleur qu’elle pouvait leur offrir alors que son cœur était submergé par la tristesse, et leur rendit leur salut d’une révérence. Après quoi, elle les accueillit dans son château :


-Salutations à vous, Sire Gédéon de Rimeoa, et à vous également, mes seigneurs. Soyez les bienvenus au château d’Eglemont.

Vous remercierez le Duc Folcart de ma part pour sa sollicitude qui me touche beaucoup. J’apprécie son geste, et je suis sûre que mon père et mon frère seraient fiers de savoir en quelle considération le Duc les tenait pour leur offrir une telle escorte.

Mais ne restez pas sur le seuil de mon donjon, entrez donc, Sires. L’on vous indiquera vos quartiers et dès que vous serez prêts, nous pourrons passer au dîner.

La maîtresse des lieux invita les chevaliers à pénétrer dans sa demeure, s’enquérant du nom et de la fonction de chacun d’entre eux individuellement, pour se montrer polie et connaître l’identité de chacun de ses invités. Elle essaya de mémoriser, les odeurs, les voix, les façons de s’exprimer, de bouger, de respirer de chacun d’entre eux, et plus généralement tous les détails qui lui permettrait de les identifier à coup sûr, et de les associer à leurs noms et titres de manière à ne pas se tromper si elle devait ensuite s’adresser à l’un d’eux ou lui répondre. Puis, une fois chaque homme accueilli, elle les laissa entre les mains de ses serviteurs qui leur indiqueraient leurs chambres et leur permettraient de se reposer, de se laver et de revêtir des tenues un peu plus présentables que leurs armures avant le repas du soir.

Quant à elle, Agathe d’Eglemont se tourna vers celui qui semblait le « chef » de la troupe, puisqu’il s’était adressé à elle en premier et avait parlé au nom du Duc : Gédéon de Rimeoa. Elle s’adressa de nouveau à lui, mais cette fois plus individuellement :


-Pardonnez mon impatience et ma curiosité, Sire Gédéon, je devrais peut-être plutôt attendre le repas que vous et vos compagnons soyez plus reposés et dans de meilleures conditions pour me répondre, mais une question me brûle les lèvres, et mon cœur ne sera pas apaisé tant que je ne le saurais pas. Je ne vous demanderais pas de détails avant ce soir, mais juste, si vous étiez près de mon père et mon frère lorsque… Lorsqu’ils ont rencontré leur destin : ont-ils souffert ?

Agathe avait toujours du mal à associer Gilles et Etienne d’Eglemont à la mort c’est pourquoi elle utilisa une périphrase pour l’éviter. Cela ravivait la douleur terrible au fond de sa poitrine, cette douleur qui la consumait comme une braise rougeoyante, mais qu’elle devait maîtriser pour garder contenance. Toutefois, elle n’avait pu s’empêcher de poser la question qui la taraudait et qu’elle n’aurait pas osé poser en public. Vouloir savoir si ses proches avaient connu une atroce douleur avant de succomber était très humain, mais elle se voyait mal poser une telle question au dîner.

Autour de la table, elle n’hésiterait pas à les questionner sur les circonstances précises du décès, ni à demander s’ils étaient morts avec honneur. Mais les souffrances que les défunts avaient pu connaître avant de trépasser, ce n’était pas un sujet très convenable autour d’une tablée funèbre. Et qui plus est, si leur mort avait été douloureuse, elle aurait risqué de craquer devant tout le monde. En revanche, en privé, elle espérait que Gédéon de Rimeoa comprendrait son besoin de savoir pour faire son deuil.

Quoi qu’il réponde, la Dame d’Eglemont le laisserait ensuite monter à ses appartements comme les autres chevaliers, tandis qu’elle irait se recueillir dans la petite chapelle seigneuriale du château, là où elle avait demandé que soient amenés les cercueils en attendant l’inhumation. Pendant que les envoyés du Duc se détendraient, se laveraient et enfileraient des vêtements de circonstance, elle prierait et pleurerait tout son saoul dans la petite pièce, aux côtés des corps de ceux qu’elle aimait plus que tout au monde et qu’elle venait de perdre…

Une fois que tout le monde serait prêt et qu'il serait l'heure, elle se rendrait ensuite au dîner. Elle y aurait beaucoup de questions à poser aux chevaliers.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Nécromancien le 26 févr. 2016, 23:54, modifié 1 fois.
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Agathe von Grenzwald d'Eglemont :
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 60/60

Nox, jument : Profil: For 8 | End 8 | Sau 9 | Rap 9 | Int 7 | Doc 9 | Att 6

Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... d_eglemont

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