Il était arrivé à Quenelles il y a quelques jours, envoyé là par le seigneur de Gryseracine en prévision du grand tournoi qui allait avoir lieu. Normalement, un groupe de chevaliers devraient le rejoindre bientôt pour y prendre part. Son rôle avait été de préparer le terrain, écouter les rumeurs, les racontars. Ainsi, ils pourraient savoir quel chevalier serait difficile à affronter, quels enjeux cachés il pourrait y avoir, voir sur qui parier lors des mêlées et des joutes. L'honneur était quelque chose de très bien, mais les caisses de Gryseracine n'étaient pas au plus haut et en tant que roturier, Leuffen pouvait passer outre ces considérations.
Il était parti pour vagabonder dans les tavernes, lorsqu'il avait trouvé le Coq Gloussant. Entrant se mettre au chaud, il avait pu voir que la salle commune était bondée et joyeusement bruyante. La seule place assise restante se trouvait en fond de salle, devant un mur de bois. S'y installant avec une bonne chopine de bière brassée localement, il avait pu entendre les ragots. Mais aussi la conversation de personnes se trouvant derrière le mur de bois, qui ne devait être en fait qu'une mince séparation d'une salle privée.
« Il est bien trop jeune je te dis. Himcar apporterait la force et la stabilité. Il n'y a qu'à voir comment cela se passe dans son domaine. »
« Oui, sans doute. Encore faudrait-il que Einhard ne revienne pas. »
« Après plus de dix ans de quêtes ? Bah ! Non, aucun risque là dessus. Ce qu'il faut, c'est s'assurer que Himcar n'ait pas de rival. »
« Je comprends bien ce que tu dis mais ... »
La conversation s'interrompit lorsque Leuffen tomba de sa chaise. La surprise l'avait jeté au sol lorsqu'il avait compris que les deux personnes parlaient de la succession ducale. Et d'après leurs paroles, il semblait qu'ils veuillent s'assurer à tout prix que ce soit Himcar, le neveu du Duc Tancrède II qui prenne la succession. Ces propos étaient dangereusement proches de la trahison.
Une tête sortit de derrière la palissade pour voir ce qui avait provoqué le bruit et aperçut Leuffen au sol. Elle s'écria aussitôt.
« Eh toi ! Je vais t'apprend à écouter. »
Les deux hommes sortirent de la pièce, tenant des couteaux. Le premier était brun de peau et de chevelure, large et grand, avec des habits bien coupés mais sans distinction particulière. Le second était plus pâle et blond, avec une moustache et un bouc. Son manteau rouge était attaché à l'épaule par une broche en argent représentant un faucon. Ils s'avancèrent en direction du maitre d'armes, qui prit ses jambes à son cou, se frayant un chemin à travers la foule.
Il les avait maintenant semé, après trois bonnes heures de course-poursuite éperdue. Maintenant, Leuffen pouvait prendre le temps de réfléchir aux paroles qu'il avait entendu et à leur significations. Et surtout, à pourquoi ces gens étaient prêts à tuer pour garder le secret.
Et c'est parti ! Si tu as la moindre question, ma boite à MP t'est grande ouverte, ainsi que ma tanière.