[Leuffen] Complot à Quenelles

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Sombre Garde
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[Leuffen] Complot à Quenelles

Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Leuffen essaya de calmer sa respiration. Cela faisait maintenant quatre heures qu'il avait quitté sa chambre à l'auberge où il logeait. Depuis, il avait du courir comme un dératé à travers les rues de Quenelles, pourchassés par une bande de ruffians. Et tout cela parce que le maitre d'armes s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Il était arrivé à Quenelles il y a quelques jours, envoyé là par le seigneur de Gryseracine en prévision du grand tournoi qui allait avoir lieu. Normalement, un groupe de chevaliers devraient le rejoindre bientôt pour y prendre part. Son rôle avait été de préparer le terrain, écouter les rumeurs, les racontars. Ainsi, ils pourraient savoir quel chevalier serait difficile à affronter, quels enjeux cachés il pourrait y avoir, voir sur qui parier lors des mêlées et des joutes. L'honneur était quelque chose de très bien, mais les caisses de Gryseracine n'étaient pas au plus haut et en tant que roturier, Leuffen pouvait passer outre ces considérations.

Il était parti pour vagabonder dans les tavernes, lorsqu'il avait trouvé le Coq Gloussant. Entrant se mettre au chaud, il avait pu voir que la salle commune était bondée et joyeusement bruyante. La seule place assise restante se trouvait en fond de salle, devant un mur de bois. S'y installant avec une bonne chopine de bière brassée localement, il avait pu entendre les ragots. Mais aussi la conversation de personnes se trouvant derrière le mur de bois, qui ne devait être en fait qu'une mince séparation d'une salle privée.


« Il est bien trop jeune je te dis. Himcar apporterait la force et la stabilité. Il n'y a qu'à voir comment cela se passe dans son domaine. »

« Oui, sans doute. Encore faudrait-il que Einhard ne revienne pas. »

« Après plus de dix ans de quêtes ? Bah ! Non, aucun risque là dessus. Ce qu'il faut, c'est s'assurer que Himcar n'ait pas de rival. »

« Je comprends bien ce que tu dis mais ... »


La conversation s'interrompit lorsque Leuffen tomba de sa chaise. La surprise l'avait jeté au sol lorsqu'il avait compris que les deux personnes parlaient de la succession ducale. Et d'après leurs paroles, il semblait qu'ils veuillent s'assurer à tout prix que ce soit Himcar, le neveu du Duc Tancrède II qui prenne la succession. Ces propos étaient dangereusement proches de la trahison.

Une tête sortit de derrière la palissade pour voir ce qui avait provoqué le bruit et aperçut Leuffen au sol. Elle s'écria aussitôt.


« Eh toi ! Je vais t'apprend à écouter. »

Les deux hommes sortirent de la pièce, tenant des couteaux. Le premier était brun de peau et de chevelure, large et grand, avec des habits bien coupés mais sans distinction particulière. Le second était plus pâle et blond, avec une moustache et un bouc. Son manteau rouge était attaché à l'épaule par une broche en argent représentant un faucon. Ils s'avancèrent en direction du maitre d'armes, qui prit ses jambes à son cou, se frayant un chemin à travers la foule.

Il les avait maintenant semé, après trois bonnes heures de course-poursuite éperdue. Maintenant, Leuffen pouvait prendre le temps de réfléchir aux paroles qu'il avait entendu et à leur significations. Et surtout, à pourquoi ces gens étaient prêts à tuer pour garder le secret.

Et c'est parti ! Si tu as la moindre question, ma boite à MP t'est grande ouverte, ainsi que ma tanière.
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Leuffen Histron
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

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Pourquoi, par les tétons cuirassés de Myrmidia, fallait-il toujours qu'il se retrouve dans un merdier sans nom à cause de sa grande gueule ? Enfin, dans le cas présent il avait plutôt s'agit de ses fesses... mais ce n'était après tout qu'un détail.

Pendant des années, Leuffen avait vécu aux crochets de son généreux protecteur, le baron de Gryseracine, sous la condition d'entraîner ses troupes de façon à ce qu'elles soient capables de manier quelque chose de plus lourd et compliqué qu'un tranchoir à viande.
Bien qu'il ne soit pas manchot le fer à la main, l'ancien mercenaire avait trouvé la tâche presque au-dessus de ses forces : ce n'était pas qu'il manquait de fibre pédagogique, mais la façon de combattre des bretonniens, où il convenait de marteler l'armure de l'autre jusqu'à ce qu'elle cède, merci bien ! Et si encore il n'y avait eu que ça... mais même ses disciples les plus motivés semblaient vouloir faire la sourde oreille dès qu'il faisait mine de proposer des méthodes un tant soit peu efficaces, comme un bon vieux croc-en-jambe ou un coups de casque en pleine gueule. La peste soit du sens de l'honneur et des chevaliers.

Après de nombreuses incartades et articulations brisées, Gryseracine avait compris que ses talents de maître d'arme du château et d'ancien va-nu-pied trouveraient à être mieux employés ailleurs, comme par exemple à la préparation officieuse du terrain pour le tournoi de Quenelles qui allait bientôt représenter le premier fait d'armes du jeune Bowen.
Récolter des informations sur ses futurs adversaires, découvrir qui étaient les favoris (car il fallait être stupide pour croire que le vainqueur pourrait être un autre qu'un représentant d'un grande maison) et sur qui parier pour se remplir les poches... un programme qui lui plaisait au plus haut point, surtout si cela lui permettait de casser du fils de noble dans un coin de ruelle obscure en faisant passer cela pour une bagarre d'ivrognes.
C'est ainsi qu'il avait sauté de bon cœur sur l'une des meilleures juments des écuries, avec pour tout bagage son sac de provisions, son épée et une bourse d'écus avant de filer à bride abattue vers la ville. Là, il avait passé quelques jours sans encombre à prendre ses repères dans les ruelles, à repérer les auberges où les proches des compétiteurs (qu'ils soient maître d'arme, gardes ou simple serviteurs) se rendaient et à tenter d'approcher les camps des favoris pour les voir s'entraîner.

C'est alors qu'il était en "repérage" dans la taverne du Coq Gloussant qui lui avait valu de se faire courir après par les deux comploteurs, ne pouvant se résoudre à les affronter du fait qu'il avait connement oublié dans la chambre qu'il avait loué dans un autre quartier. Trois heures de poursuite plus tard avec un crochet par le marché pour profiter de la foule, Leuffen put enfin se réfugier dans une ruelle et s'adosser à un mur de pierre pisseux, le souffle court et les tempes bourdonnantes.
Il repensa à ce qu'il avait entendu : qu'avait-il appris qui puisse lui valoir pareille rage ?
Une rumeur de complot ? Mais il devait en éclore à chaque tour de sablier dans cette chiennerie de ville ! Mais tous n'étaient pas éventés aussi facilement... nul doute alors que les deux affreux allaient tenter de lui trouer le cuir pour préserver le secret.
Il se mit à grincer des dents, davantage par rage que par peur.


"J'ai deux solutions : soit j'attends que Bowen et les autres arrivent pour que nous réglions ça ensemble... soit je fais ça à ma façon. Le problème, c'est que de toute façon on va me réclamer des preuves... et que cela pourrait me rapporter gros si je trouvai la bonne personne à qui rapporter ça, comme l'intendant du duc.
Mais commençons déjà par récupérer mon épée."


Un sourire mauvais commença à tordre les lèvres de Leuffen, qui sortit enfin de la ruelle en veillant à ce qu'aucun éclat argenté n'apparaisse de trop près dans son champs de vision.
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[MJ] Le Sombre Garde
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

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Le chemin du retour vers l'auberge se passa à peu près dans le calme. Certes, les rues étaient étroites, parsemées d'ordure et de déjections, des mendiants dormaient par terre, des hommes ivres rentraient chez eux en chantant des chansons paillardes, mais personne ne vint chercher des noises à Leuffen.

Il se retrouva assez vite devant son auberge, Au repos du Routier, tenu par un vieux couple de roturiers. La place était propre, sans être magnificente. Trois niveaux se serraient entre un drapier et un charpentier. Il manquait des tuiles au toit mais comme Leuffen était au premier, il n'avait pas de problèmes d'infiltration.

En rentrant dans l'auberge, il ne vit que le propriétaire, le vieux Cann, qui se réchauffait à la cheminée. Passant inaperçu, il monta les marches de bois grinçant jusqu'à sa chambre. De petite taille tout en lui laissant suffisamment de place, elle contenait un lit et un coffre pour mettre ses affaires. Toujours mieux qu'une paillasse puante dans une écurie. Son épée était là où il l'avait laissé, dans son fourreau contre un mur. Il s'en saisit, prêt à affronter le monde.
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

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Quelle que soit la partie du monde où l'on se trouve, les règles pour survivre en milieu urbain ne varient pas : plus vous détonnez dans le décor, plus vous avez de chance de subir quelques déagéments lorsque vous vous promenez dans les rue. Le mieux est encore d'avoir l'air raisonnablement méchant, de façon à passer pour un homme de main faussement désœuvré cherchant un travail ou la cible d'un travail... ne sachant pas à quelle coterie vous affilier, il est fort probable que ceux qui voudraient vous détrousser y regarderont à deux fois. Bien sûr cela que peu d'impact sur le vacarme de la rue, les immondices qui s’amoncellent depuis deux mois et les assassins à la sauvette, mais l'on peut se prêter à rêver que les mendiants et les escrocs suivront le même exemple que ces tire-laines.
Autant dire qu'avec son sourire torve et sa dégaine de loup en maraude, Leuffen ne craignait pas grand-chose, et que c'est tout naturellement que le trajet jusqu'au Repos du Routier où il avait prit ses quartiers. Un gîte sans prétention qui avait le mérite de proposer des chambres, des couches régulièrement secouées et même de petits coffres, le tout pour un prix fort raisonnable. Pour qui s'était contenté des fossés des chemins pendant deux décennies avant de connaître le bonheur de dormir sur un sommier et entre quatre murs de pierre, cela tenait presque du luxe. De plus, le vieux qui tenait l'établissement était de cette race trop rare de gens presque honnêtes qui se contentent de louer leurs services sans rien demander à personne... certes, il n'était pas exclut qu'il puisse servir de mine d'information occasionnelle pour des détrousseurs ou même pour la milice, mais au moins n'était-il pas du genre à vouloir débarrasser ses invités de leurs possessions. Auquel cas, cela ferait sûrement longtemps qu'il aurait fait reboucher le trou dans le toit qui faisait suinter l'humidité sur les murs jusqu'à l'étage qu'il occupait.

Pénétrant dans sa chambrette, Leuffen décrocha la lame au fourreau qu'il avait accroché à un clou planté dans le mur et s'en ceignit proprement. A présent, quelles étaient ses options pour retrouver ces jean-foutre qui voulaient lui percer la bedaine ?
Comme il ne les connaissaient ni de Sigmar ni de Myrmidia (même si il se doutait qu'il devait s'agir d'individus riches pour afficher une telle arrogance alors qu'ils complotaient contre le duc), il ne pouvait guère imaginer où les trouver.
La meilleure solution qui s'offrait à lui était donc de retourner au Coq Gloussant pour ne fut-ce qu'interroger le tavernier. Après tout, ces types ne pouvaient avoir choisis cette auberge par simple hasard... et si l'un des deux était un habitué, le patron de l'établissement devait forcément savoir quelque chose sur eux.

Le maître d'arme sortit donc en laissant un piécette à Cann et en le prévenant que bien qu'il risqua de découcher, il comptait retrouver sa chambre à son retour. Puis il rejoignit la rue et commença à suivre le chemin inverse.
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Le chemin dans le sens inverse ne fut pas plus beau à voir. La misère des rues de Quenelles tranchait véritablement avec sa réputation de ville sainte et ses cohortes de pèlerins venus dans l'espoir de voir une fée. Dont un certain nombre venait grossir le nombre des miséreux d'ailleurs. La Quenelles des légendes n'avait vraiment rien à voir avec la réalité.

Leuffen arriva enfin au Coq Gloussant. La foule était toujours nombreuse. Mais lorsqu'il parvint enfin à se frayer un chemin jusqu'à la pièce du fond, le maitre d'arme put s'apercevoir qu'elle était vide. Ses mystérieux assaillants n'étaient plus là. Il ne lui restait plus qu'à demander au patron.
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

Message par Leuffen Histron »

Alors que Leuffen était à mi-chemin du Coq Gloussant, il avait constater avec une sorte de mépris satisfait que la vie nocturne de Quenelle commençait à s'éveiller : les égorgeurs du soir saluaient amicalement les tire-laines du jour, les trafiquants ayant pignon sur rue surveillaient de leur fenêtre les dernières rondes de la milice, et les prédatrices nocturnes commençaient à s'étirer sous l’œil des derniers passants honnêtes au pas pressé.... le tout dans une chaude odeur de crasse et de misère sordide.
Un contraste certain avec la pureté de la ville pourtant réputée pour la sainteté de ses murs et la pérennité de son commerce, qui mettait particulièrement en exergue l'hypocrisie des valeurs bretonniennes aux yeux du maître d'armes qui avait probablement fréquenté en deux décennies davantage de taudis que ces chevaliers moralistes n'en verraient dans une vie. Une douce ironie qui ne faisait que conforter la vision pragmatique que Leuffen avait du monde mais qu'il taisait bien évidemment, ayant été sorti de sa situation de glaive à louer par l'un desdits moralistes.

Tout cela pour dire que ce petit monde était beaucoup trop occupé à se mettre en branle pour espérer tenter sa chance avec un matamore portant l'épée au côté tel le professionnel qu'il était.

De retour à la taverne, il poussa la porte pour se faire assaillir de nouveau par des remugles de bière et de sueur rance auxquels venaient se mêler à présent l'odeur âcre de la fumée et de la graisse tombant dans les flammes. Nul doute que le propriétaire des lieux venait de commencer à faire cuire la pitance en vue de la soirée, et en particulier le fameux volatile dont l'enseigne se rengorgeait, tandis que les habitués des lieux prenaient leurs aises en allumant leurs pipes au milieu des lampes suffocantes.
Le premier réflexe du maître d'arme avait bien sûr été de chercher un visage connu parmi la foule attablée mais il n'avait discerné là que des trognes bouffies par la vie rude et l'alcool, aussi s'était-il avant tout à pas de loups vers le fond de la salle où il avait surpris les deux comploteur, la main sur la garde de son épée. C'est cependant sans grande surprise qu'il découvrit le petit box à la paroi de toile tendu vide, les choppes sur la table renversées de la même façon qu'au moment de l'altercation.
C'est donc en poussant un grognement de soulagement mêlé d'irritation que Leuffen entreprit à nouveau de s'immiscer entre les tables encombrées de travailleurs en quête d'ivresse pour rallier le bar, vénérable monument de bois d'un sombre orangé s'étendant sur près de la moitié de la largeur de la pièce et qui lui arrivait à hauteur de poitrine. Il saisit par l'épaule un pochtron qui avait dut commencer à s'imbiber dans l'après-midi, le fit glisser de son tabouret et prit sa place sans hésiter face au patron qui devait à coups sûr hausser le sourcil.

Le maître d'armes commanda ce qui passait pour une pinte de bière locale et attira l'attention du barman en posant une pièce d'argent en trop sur la table, bien en vue mais sur laquelle il gardait nonchalamment un doigt. Ce fut presque sur un ton badin qu'il s'exprima, semblant regarder fixement le fond de son verre empli de mousse brune.


- Hum... pas très bien fréquentée ta taverne, l'ami. J'ai failli me faire ouvrir comme un poulet en plein milieu de tes clients. Mais je ne t'en veux pas, chacun ses affaires comme on dit.
Néanmoins, si tu pouvais me dire quelque chose sur ces malandrins de façon à ce que je leur rende la politesse, cela éviterai que la réputation de cet endroit en pâtisse... en plus, tu pourrais peut-être même empocher la sœur de cette tête du duc. Qu'en penses-tu ?
N'importe quoi, un nom, un lieu... peu importe, tant que c'est intéressant.
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Message par [MJ] Le Sombre Garde »

La cohue et le bruit qui régnait au Coq Gloussant ne le différenciait pas de toute autre taverne fréquentée par la plèbe et la roture à toute heure du jour et de la nuit dans cette ville oubliée des dieux. Tout au plus pourrait-on dire que l'odeur de pisse était moins prononcée, malheureusement compensée par celle du vomi. Ce qui rendait d'autant plus étrange la présence de personnes nobles, ou qui semblaient l'être, comme tout à l'heure. Leuffen ruina sans aucun doute la semelle de ses bottes en se frayant son chemin. Rien ne pourrait les nettoyer totalement maintenant. Même un champ de bataille était plus propre qu'une taverne à Quenelles.

Le patron était à l'image de sa taverne : gros, suant, puant et sans ménagement pour le client. Tout au plus jeta-t-il un coup d’œil dédaigneux lorsque Leuffen se débarrassa sans ménagement du client affalé sur le bar. Et il accueillit la question d'un grognement d'ours. Ours avec lequel on pouvait le confondre vu la pilosité de ses bras. Interrompant le nettoyage des verres, il tira une pinte de bière pour le maître d'armes et la posa brutalement devant lui. Ses mains furent cependant bien assez preste à se saisir de l'or.

Test de charisme : 3, réussite
Appâté par la perspective d'un gain facile, le tavernier répondit à Leuffen par dessus le vacarme des conversations et du début d'une bagarre dans un coin. Autrement dit qu'il lui criait à l'oreille, avec un nuage de postillons à chaque parole.

« J'en ai rien à fiche de ce que tu penses de ma taverne, p'tit gars. Mais j'vais t'répondre. Par courtoisie, comme qui dirait. Les deux types dont tu m'causes, j'les avais jamais vu avant. Se sont amenés tout à l'heure. Y cherchaient un endroit où causer. Pas bien aimé leur manière de m'parler, comme si j'étais d'la bouse sur leurs godiaux, si tu vois c'que j'veux dire. Bref. C'est le p'tit brun qu'a mené la transaction. Sans doute que le grand blond s'sentait trop bien pour m'parler. Bah ! J'ai r'connu quand même sa broche au blondinet. Le faucon d'argent, c'le blason du sieur Hector de Passgué. L'a un manoir dans l'quartier d'la haute. Jamais vu, les gens comme moi on est pas les bienv'nus l'bas. J'peux avoir ma pièce ? »
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Re: [Leuffen] Complot à Quenelles

Message par Leuffen Histron »

A défaut d'avoir la gueule avenante, le tavernier du Coq Gloussant avait tout du genre d'homme que pouvait apprécier Leuffen : de la poigne, une grande gueule et un don pour piger rapidement ce que l'on attendait de lui. A quoi s'attendre d'autre dans un quartier où sévissait la plus commune des misères ? Nul doute que l'homme à carrure et odeur d'ours devait passer la moitié de son temps à assurer aux chefs de bandes locales un terrain neutre pour mener leurs petits accords sordides et l'autre à jouer du gourdin se trouvant sous le comptoir pour encaisser l’addition des mauvais payeurs.
Autant dire que malgré sa tronche de résidu d'inceste il devait avoir l'habitude de rapidement voir où était son intérêt... et c'est pourquoi il ne s'était guère fait prier pour répondre à sa question, bien évidemment aidé par la vue du bel argent.

Qu'au moins l'un des creveurs de boudouille soit un noble, ça il l'avait deviné tout seul. En revanche, avoir un nom à se mettre sous la dent était toujours le bienvenu, même si celui-ci ne lui évoquait strictement rien. Un nobliau local sans doute pris de la folie des grandeurs, une maladie commune aux gens de cette race... le maître d'arme en avait ainsi trop souvent vu précipiter des compagnies entières de mercenaires dans des assauts suicidaires, rien que pour un arracher un ruban de gloriole à attacher au caparaçon de leur cheval.
Son envie d'en découdre monta d'un cran tandis qu'il levait les doigts pour laisser le tavernier s'emparer du prix de son information et qu'il portait à ses lèvres la pinte de bière. Une pisse d'âne qui était néanmoins loin d'être la pire qu'il ait connu.


- Hector de Passgué, hum ? Inconnu au bataillon.
Pas étonnant, je suppose...
Autant aller lui présenter mes respects maintenant, histoire qu'il apprenne qu'on essaye pas de planter Histron alors qu'il est en train de boire sans en payer le prix. Merci de l'information.


Leuffen finit posément sa choppe, essuya d'un revers de main sa moustache et sa barbe, puis quitta sans regret la taverne sans penser au bruit humide que faisaient ses chausses. Nul doute que le quartier riche serait aisé à trouver, si il fallait se contenter d'aller vers les hauteur et de voir si les demeures commençaient à gagner en prestance ou non. Ensuite, ne resterait plus qu'à chercher des armoiries au faucon sur le pas d'une porte.
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Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Au fur et à mesure que Leuffen avançait vers les quartiers nobles, il pouvait voir autour de lui la transformation des rues et des maisons. Là où il se trouvait, les gens étaient bruns de peau, nombre d'entre eux marqués au fer rouge sur la face ou mutilés, qui avec une main en main pour avoir volé, qui avec les deux yeux brûlés pour avoir regarder un noble en face. Les maisons n'étaient pas mieux, délabrées et resserrées les unes contre les autres. Les rues étaient à l'image de la population, pleines d'ordures et de choses trop horribles pour s'y attarder dessus. Des bâtards jappant fouillaient dans les détritus dans l'espoir de trouver de quoi manger.

Mais en allant vers le nord et les collines qui dominaient la cité, le paysage était tout autre. Les rues s'élargissaient, étaient désormais pavées au lieu d'être un mélange de boue, de déjections et de liquides dont il valait mieux ignorer la provenance. Les maisons n'étaient plus des taudis mais des manoirs. Les gens qui vaquaient à leurs occupations dans la rue se tenaient droits et semblaient exempts de mutilation. Leur livrée indiquait qu'il s'agissait de serviteurs. De temps à autres un carrosse passait dans la rue, le conducteur insultant les passants qui ne s'écartaient pas assez vite. Leuffen dut même s'arrêter pour laisser passer une compagnie de chevaliers qui plaisantaient et chantaient tout en galopant vers les portes de la cité. Le tournoi attirait les nobles et cela se voyait ici : les nobles étaient partout en vue.

Ici, la milice patrouillait : des colonnes d'hommes en arme, portant des lanternes et des armes d'hast qui regardaient tous les piétons d'un œil noir de sous leurs chapelles de fer. Ils avaient une réputation de violence et de corruption hors norme. Seuls les gardes civils de Brionne et de Couronne les surpassait à ce niveau-là. Leurs brigandines étaient lustrées et des gourdin cerclés de fer pendaient de leurs ceintures .

Mais en y regardant bien, on trouvait aussi un peu de délabrement : plusieurs des tours des manoirs étaient brisées, et nombre de demeures étaient en travaux perpétuels. Le bruit des charpentiers et des maçons au travail résonnait en bruit de fond continuel. Pour la plupart, il s'agissait d'étrangers : des impériaux, des tiléens ou des estaliens, venus trouver du travail auprès des nobles chevaliers de Bretonnie.

Après plusieurs heures de recherche, alors que l'aube commençait à apparaître, Leuffen trouva enfin ce qu'il cherchait : un faucon d'argent surplombait un portail de fer. Le manoir semblait avoir deux étages, excepté pour la tour qui partait du centre et qui s'élevait encore sur trois étages supplémentaires. Il était ceint d'une muraille de pierre mangée par le lierre. À l'intérieur, dans la cour, des serviteurs entraient et sortaient, délestant une dizaine de chevaux des affaires qui y étaient installés avant de les amener dans l'écurie qui longeait le mur de gauche.
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Message par Leuffen Histron »

Bien que le trajet au milieu des taudis eut été court et la lumière crépusculaire, Leuffen avait pu se faire une idée assez précise de son environnement, si semblable à celui des rares grandes villes où il avait eut l'heur de séjourner brièvement. En effet, quelle que soit la grandeur dont une cité souhaita s'enorgueillir, il n'y avait rien de tel que de parcourir ses taudis pour se prendre une douche froide. Enfin, ça et jeter un coups d’œil du côté des quartiers qui étaient sensé rappeler à tous l'opulence de l'élite locale.

A ce sujet, le tavernier du Coq Gloussant n'avait pas menti : les déshérités n'étaient pas les bienvenus dans les beaux quartiers. Cela se sentait aux regards des passants qui ne vous accordaient l'aumône de leur attention qu'à cause du risque infime que vous puissiez les approcher à moins de trois pas, à la milice aussi présente que dans les quartiers populaires un jour d'émeute, au claquement des bottes et au grincement des roues de fiacre sur les pavés de la chaussée... tout ici n'était fait que pour rappeler à l'homme du commun égaré à quel point son existence n'était que tolérée.
D'autres détails attiraient cependant le regard de l'ancien mercenaire : les petits écussons aux airs d’armoiries épinglées sur le torse d'un grand nombre de miliciens, le nombre de riches demeures qui auraient nécessité les services d'un bon maçon ou d'un peintre, les teints pâles aussi empreints de consanguinité que les faces rougeaudes des petits hameaux de paysans... nul besoin d'être répurgateur pour comprendre que la plus commune des formes de corruption était à l’œuvre : celle qui se cache dans le cœur des hommes qui pensent que leur rang et leurs richesses leurs sont dus dès le moment où leur mère les vomit en ce monde.
Cet état de fait convenait tout à fait à Leuffen. Après tout, sa lame bien aiguisée et ses
vêtements à la coupe décente tous droits sortis des réserves du seigneur Gryseracine ne pouvaient être confondus avec ceux du tout-venant... et si il ne pouvait guère escompter se faire passer pour noble, il pouvait faire un homme de main convaincant.

Ce n'est cependant que peu de temps avant l'aube qu'il parvint à dénicher un portail surmonté d'une paire de faucons que lui avait obligeamment indiqué une charmante roturière qui passait avec sa carriole pour livrer des vivres aux demeures voisines.
Celle du seigneur Passeguet paraissait transpirer l'or : deux étages de pierre massive agrémenté d'une tour, d'un jardin où l'on aurait pu stationner une compagnie et de tout un bataillon de domestiques en train de ranger tout un train de paquets. Les hauts murs pouvaient donner une impression de forteresse, mais le lierre qui courait sur toute sa surface était une invitation presque obscène au cambriolage.
Leuffen décida donc de faire le tour du propriétaire pour repérer d'autres possibilités d'entrer discrètement et d'observer un peu les occupants de l'endroit depuis un renfoncement de la rue en faisant mine d'attendre quelqu'un. Si cela ne menait à rien, il devrait alors en venir à des méthodes d'approche plus draconiennes; et bien qu'il soit loin d'avoir les méthodes ou l'esprit tordu d'un cambrioleur, l'impérial ne manquait pas de cordes à son arc...
Queeb Queue-fouet, Clan Moulder
Profil: For 7 | End 8 | Hab 10 | Cha 5 | Int 10 | Ini 9 | Att 9 | Par 8 | Tir 7 | NA 1 | PV 55/55
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