[Goëric] Apprentissage en Anguille

[[MJ] Le Sombre Garde]

Henri eut un rire sans joie. Jacques regardait avec mauvaise humeur son assiette. Enfin, Arthur prit la peine de lui répondre.

« Les choses ne sont pas simples mon garçon. Le Seigneur Tancrède est fort puissant, avec nombre de chevaliers à ses côtés. De plus, il est également riche, plus riche que le Seigneur Charles et ton Seigneur père réunit. Si jamais nous mettions à mort son chien enragé, il riposterait à cette déclaration de guerre en rasant nos châteaux, pillant nos terre et en massacrant nos gens. Comme en plus le frère du Duc est marié avec sa fille ainée, il n'y a aucune aide à attendre de ce côté là. Non, la seule chose à faire actuellement c'est de faire comme si de rien n'était. »

Il porta ensuite sa corne de vin à ses lèvres et Henri prit la suite.

« Quant à le défaire en tournoi, ce n'est pas chose simple. Mais Arthur et moi-même essaierons, de même que les autres chevaliers qui viendront avec nous. Vous, vous pourrez toujours tenter de défaire leurs jeunes écuyers. Vous allez courir dans une petite compétition parallèle, et ils sont loin d'être aussi redoutable que cette bête qu'Arthur m'a dit que vous avez tuer en quelques coups d'épée. »

[Goëric]

Goëric esquissa un léger sourire, et lança en riant légèrement

" Leurs ecuyers ? Oh, couper le mal à la racine n'est pas plus mal ! "

Malgré son sourire, Goëric était extrêmement perturbé par ce qu'il venait d'entendre. Comment pouvait-on laisser pareilles crapules salir ainsi leur rang ? Un orc puant était une menace peut être plus terrible, mais lui au moins ne salissait pas l'honneur de la chevalerie par ses méfaits.

"Arrête d'y penser !" se dit-il. Ainsi fut dit ainsi fut fait, les sujets de conversations varièrent au cours du repas et il en valait mieux ainsi, Goëric n'eut pas voulu traiter de couards des chevaliers innocents à qui il devait tant sur un simple coup de sang. Il allait plutôt essayer de faire plus ample connaissance avec ses hôtes

" Au fait, entre les tournois et les batailles, avez-vous de quoi vous distraire ici ? "

[[MJ] Le Sombre Garde]

Le chevalier en face de lui éclata de rire :

« C’est bien mon garçon, pense comme cela, et tu auras plus de chances de les vaincre. La plus grande difficulté du tournoi, c’est le mental. Je me souviens de mon deuxième : en face de moi, j’avais un géant avec un étalon d’une tête de plus que le mien. Et bien comme j’ai eu peur, je me suis fait renversé dès la première lance, sans lui donner la moindre difficulté. »

Arthur renchérit :

« Si tu pars perdant, tu perdras. Mais point d’orgueil mal placé, car trop de confiance peut également conduire à la défaite. »

Suite à sa question sur comment s’occuper en dehors des guerres et des tournois, Jacques lui répondit :

« On s’occupe comme on peut : entraînement, chasse, ménestrels et baladins, et puis toutes les activités fastidieuses mais nécessaires : tenus d’inventaire, rendu de justice, et ce genre de choses. Donc globalement, on ne manque pas d’occupations. Je me souviens de trois acrobates qui disaient venir de l’Empire, et qui avaient avec eux une bestiole étrange, je ne me souviens plus comment elle se nommait … »

Henri lui vint en aide :

« Un singe. »

« Oui, merci, un singe. Une drôle de bestiole, poilu, de petite taille, qui pouvait même se tenir debout, et avaient mains et pieds presque comme les nôtres. Elle pouvait grimper aux murs, et s’est même balancer de chandelier en chandelier. Ca ne l’a pas empêché de se faire percer par la lance de chasse de Gontrand. »

« Et d’être rudement bonne à manger ! » répliqua l’intéressé, un chevalier avec une barbe qui lui descendait jusqu'à la taille et des bras velus, d'un poil noir, situé à deux places sur la gauche de Goëric. Et toute la table d’exploser de rire.

[Goëric]

"Une petite créature pouvant se tenir debout, poilue et avec des mains comme nous ? N'êtes vous pas sur d'avoir fais une veuve chez les Halfling ?" Répliqua l'écuyer, amusé.

" Dans tous les cas, je suis bien aise de savoir qu'il y à fort à faire dans ce château, inactif, je pourrais devenir paresseux, aussi mou qu'un mollusque ou voir même peut être pire .... poète ! Messires, bien que notre départ soit prévu pour demain, je suppose qu'avant le tournoi vous aurez le temps nécessaire à quelques exercices de répétition. Que je puisse prendre mes marques en vous observant avant qu'on ne m'envoie jouter contre je ne sais quel titan ! " Ajouta Goëric. En effet, il n'avait pas le droit à l'erreur. D'ailleurs il ne l'aurait jamais, c'était un luxe auquel les fils de Loïc ne pouvaient prétendre.

[[MJ] Le Sombre Garde]

« Non, ce n'était pas un halfing, trop maigre pour ça ! »

« Et surtout trop intelligent ! »

La table redoubla de rire sur ce bon mot. Arthur claqua le dos de Goëric dans un élan de gaieté.

« Ah, ça, pas d'inquiétude de manquer de loisir. Et bien entendu que tu pourras nous observe dans nos entrainement, tout comme nous nous esbaudirons devant les tiens. Maintenant, il commence à se faire tard et nous nous levons tôt demain. Je vais aller me coucher et tu ferais bien d'en faire autant. »

Joignant le geste à la parole, le chevalier quitta la table, bientôt imité par ceux qui allaient partir pour le tournoi le lendemain, mais aussi par d'autres qui devraient de toute façon se lever tôt pour gérer le domaine.

[Goëric]

" Vous avez raison, je ne tiens pas à être exténué avant même le tournoi. La douce nuit à tous, et à demain. Si vous aviez l'obligeance de me faire quérir je vous en serais fort gré, avec ma chance le cortège sera déjà parti à mon réveil ! "

Sur ces mots, saluant la tablée,Goëric alla rejoindre sa couche, prenant simplement le temps de regarder la lune qui se découpait à travers une meurtrière. Il eut d'ailleurs l'air bien sot lorsqu'une quelconque servant vint à le surprendre tout courbé, la face aplatie contre l'orifice.

" Quel idiot tu fais ! Un peu de tenue que diable, ce genre d'idioties va te faire passer pour étrange. Et tu sais bien à quel point le peuple voit hérésie à chaque geste sortant du seul confort qu'ils ont : leur ordinaire. " Se dit-il.

Une fois dans son lit, il s'endormit assez vite. Les tournois n'étaient pour lui d'un attrait que très relatif, dans tous les cas pas de quoi l'empêcher d'atteindre les bras de Morphée bien qu'il lui en tardait d'en découdre avec d'autre écuyers.

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Le bruit d'un poing heurtant violemment la porte de sa chambre réveilla Goéric. Arthur entra dans la chambre rapidement.

« C'est l'heure Goéric, habilles-toi, prends tes affaires et rejoins nous dans la cour ! »

Exécutant les ordres du chevalier, l'écuyer descendit. La cour du château était en pleine effervescence : des hommes d'armes courraient dans tous les sens pour mettre des caisses dans les carrioles, apporter leur équipement aux chevaliers, ou amener les chevaux à atteler. Les chevaliers n'étaient pas en reste, qui criant à un serviteur de lui apporter telle chose, qui chantant une chanson sur une demoiselle, un ours et un preux, qui jurant en enfilant sa cotte de maille. Le Seigneur Charles dominait tout ce remue-ménage depuis la porte de sa demeure, les mains sur les hanches, souriant.

« Ah, Goéric, tu es levé. Rien de tel qu'un préparation à partir. Ça me rappelle ma jeunesse, quand j'allais guerroyer dans quelque pays lointain, ou que je me rendais à la joute. Enfin bon, tout cela est derrière moi. Bonne chance petit ! »

Un serviteur apporta sa monture à Goéric. Alors qu'il se mettait en selle, Arthur, qui menait la petite troupe, cria :

« En avant ! Nous avons plusieurs heures de chevauchée avant d'arriver sur les terres de Tancrède. Alors on se dépêche. Hue ! »

Il planta ses éperons dans son palefroi, qui partit aussitôt au petit trot. Derrière lui, Henri portait bien haut la bannière de Charles, Gontrand à ses côtés avec la bannière d'Arthur. Ainsi, ils partirent tous, les chevaliers devant, avec derrière les manants conduisant les carrioles qui contenaient les tentes, le fourrage, la boisson, et tout le nécessaire pour le tournoi. Malgré le fait qu'ils se déplacent sur leurs terres, les chevaliers portaient tout de même leurs armures et leurs armes, plutôt que de les laisser dans les carrioles.

[Goëric]

Goëric regardait au loin devant lui de longues langues de flammes lécher la voute céleste, comme soutenues par le crépuscule dans la quête de brûler l'atmosphère. Des hurlements déchirent la quiétude d'une nuit dont la naissance se fait dans les tumultes d'un carnage. Goëric se met alors à courir, le plus vite qu'il peut, encore et encore. Il ne sait pas que sont ces flammes, mais elles le révulsent aussi bien qu'elles l'attirent. Il doit les atteindre. Il ne sait pas pourquoi, il est comme hébété, mais il sait qu'il doit les atteindre. Soudain, dans sa course, il trébuche et termine face contre terre. Il relève le visage et voit un homme qui le toise. Son visage lui est familier mais hostile. Le pauvre écuyer tente alors de se relever mais sa force le quitte. L'autre lève alors sa masse et frappe, encore et encore, le métal heurte son crâne dans un bruit lourd .. c'est la fin.

Goëric se réveilla subitement, transpirant, Arthur tambourinait encore sur sa porte.

" Telle est donc l'origine de ce vacarme. " se dit Goëric, grognon, mais tout de même soulagé que son crâne soit intact.

Arthur entra finalement dans la chambre comme une tempête.

« C'est l'heure Goéric, habille-toi, prends tes affaires et rejoins nous dans la cour ! »

" Tout de suite messire Arthur, mes effets sont déjà prêts. "

L'écuyer s'habilla le plus prestement possible et descendit avec Arthur en direction de la cour. Quelle précipitation ! Quelle joyeux bazar ! Goëric était ravi de pouvoir se mêler à toute cette agitation. Toute sa vie il avait du se contenter de regarder les hommes partir, le laissant dans les jupons de sa mère, et n'avait pu assister qu'aux tournois " à domicile ". Il tourna la tête et aperçut Charles, il lui fit un signe de main et s'inclina. Il avait visiblement l'air de bonne humeur, comme à son habitude.

« Ah, Goéric, tu es levé. Rien de tel qu'un préparation à partir. Ça me rappelle ma jeunesse, quand j'allais guerroyer dans quelque pays lointain, ou que je me rendais à la joute. Enfin bon, tout cela est derrière moi. Bonne chance petit ! »

" Mille merci messire, mais ma chance je compte bien la provoquer ! " lui répondit-il avec un petit sourire.

Le rêve de Goëric l'avait chamboulé, et bien que la sympathie de ses hôtes l'avait jusque là poussé à être d'une humeur fort agréable, le jeune écuyer sentait sa nature revenir doucement. Il ne prit pas le temps de remercier le servant lorsque celui-ci lui apporta sa monture, perdu dans ses pensées. Il l'enfourcha et se mit en route avec le reste de la troupe. Sur la route, les mêmes questions le taraudaient. Comment était-ce possible que sa situation soit si agréable ? Comment le seigneur Charles et ses hommes pouvaient-ils être si chaleureux et attentionnés ? En effet, Goëric était né dans une maisonnée austère ou l'ordre régnait. Mais il savait très bien que partout ou il était allé, il avait toujours eu des tentions, des complots, des froids, des rivalités. Hors chez Charles, il n'avait rien ressenti de tout cela. Certes il était nouveau au château, mais il avait comme l'impression d'être tombé au beau milieu d'un compte pour enfant où il devait servir le gentil roi contre un méchant baron. Certes cette situation serait magistrale, mais il n'était pas confiant, tout ça était trop beau pour être vrai. Il ne savait pas pourquoi ce songe réveillait tout cela en lui, et ne savait même pas de quoi ou de qui se méfier, mais il en était atteint.

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Le voyage se déroula sans histoire, la précaution de porter armes et armures s'étaient révélé inutile. Comme la compagnie conserva un rythme de trot élevé, elle parvint à destination en fin d'après midi. Elle fut accueilli par le bruit des trompettes et d'une immense foule. Devant eux se dressait le campement du tournoi, avec des tentes bigarrées de partout, accueillant des délégations de toute l'Anguille et même de régions voisines. Des hommes vaquaient à leurs occupations, allant acheter à manger, s'entraînant à la mêlée avec des armes en bois, s'occupant du cheval de leur seigneur. Une belle pagaille en sorte. Des ménestrels et des saltimbanques amusaient la foule en plusieurs lieux.



Arthur leva son poing pour arrêter la troupe. Celle-ci se composaient de lui, Henri, Gontrand et six autres chevaliers, tous avec leurs écuyers dont Goëric qui était celui d'Arthur, vingt hommes d'armes, serviteurs et palefreniers.

« Très bien. Nous allons établir notre camp à la lisière nord du champ, près de la rivière si mes souvenirs sont bons. Henri, va au château pour confirmer notre participation au tournoi. Gontrand, je te charge d'installer le camp. Fais toi aider d'Édouard. Les autres, vous avez quartier libre pour ce soir. Ne vous abreuvez pas trop d'alcool, les joutes commencent dès demain. Goëric, avec moi. »

Henri partit aussitôt en direction du château accompagné de son écuyer. Gontrand, Édouard, leurs écuyers et tous les manants partirent vers le Nord pour établir le camp. Le reste des chevaliers et des écuyers s'égailla par petits groupes pour aller profiter de leur soirée. Goëric rejoignit Arthur qui l'attendait. Ils partirent eux aussi en direction des tentes des autres troupes, parlant tout en marchant.

« Viens, je vais te faire visiter un peu et te présenter à quelques seigneurs. Je vais aussi t'expliquer ce que sera ton rôle dans ce tournoi. Demain, le tournoi sera ouvert par les joutes de chevaliers oints par la Dame. Tu devras m'aider à m'équiper, et me tendre les lances lorsque j'en briserais une. Le jour d'après, ce sera les joutes d'écuyers, où tu participeras. En même temps auront lieu la mêlée, et les concours de tir pour les manants. Cette mêlée-ci se fera en dix groupes de trois personnes tirées au hasard, qui s'affronteront à pieds jusqu'à ce que seul un groupe soit debout. Elle est souvent sanglante et il est déjà arrivé qu'un participant meurt. Mais ne t'en fais pas, tu n'y participeras pas. Maintenant, que veux ... »

A ce moment-là, Arthur fut interrompu par un grand gaillard qui devait faire sept pieds pour le moins, avec une grande barbe noire, des épaules très larges, une cape de fourrure, et un surcot montrant un loup de sable sur fond gueule.

« Arthur ! Jeune chenapan ! Tu participes aux tournois maintenant ? Je me souviens encore quand tu pissais du lait par le nez. »

Arthur sourit et se tourna vers Goëric :

« Le grand balourd malappris que voilà est le Seigneur Antoine, Goëric, un vieil ami du Seigneur Charles qui n'a jamais compris ce que politesse et intelligence voulait dire. »

L'autre éclata d'un rire bruyant et étreignit Arthur dans ses bras.

« Ça fait du bien de te revoir mon petit. Mais si tu me présentais le jeune chiot qui t'accompagne ? »

« Antoine, voici Goëric de Bretiniac, mon écuyer. Il est le fils du Seigneur Loïc l'austère. Il est jeune mais a déjà accompli un grand exploit en m'aidant à défaire une bande de bêtes en maraude et en pourfendant leur chef. »

Le Seigneur Antoine s'inclina devant Goëric.

« Eh bien mon p'tit gars, tu es déjà un homme alors. Mais je doute que tu parviennes à démonter les jeunes que j'apporte avec moi. »

[Goëric]

Goëric, à l'arrivée sur les lieux du tournoi, observa avec un certain amusement l'agitation qui y vivait. Ici et là, on pouvait voir un jeune bougre qui courrait, ricanant, une volaille à la main, suivi de près par ses complices tout aussi hilares. Plus loin, on pouvait apercevoir par instants les traits disgracieux d'un cuisinier bouffi qui devait sans nul doute être la victime de l'amusant larcin à en juger par son expression. Il fulminait, le bras tendu aussi haut que son corps grotesque, enflé et maladroit le lui permettait. La colère donnait à sa grasse face un air encore plus dégoûtant. On eut dit qu'un feu sous sa peau lui faisait le teint rouge tout en fondant la graisse qui semblait perler dans chaque une de ses gouttes de sueur.

" IL SUINTE L'ANIMAL ! Même Nurgle le fuit ! " Cria l'un des garnements en lui montrant son respect, les chausses abaissées. Sur la bouteille il avait en effet un peu forcé.

D'un autre côté, il put ensuite admirer le savoir vivre de deux maisons rivales, dont des chevaliers se saluaient sans une seule fois démontrer le moindre signe d' animosité l'un envers l'autre tandis que des gueux de chaque maison respective se faisaient dans leur dos des geste grossiers.
La confusion totale régnait mais tout le monde semblait heureux, des nobles à l'air aussi fragiles que de la porcelaine en train de discuter à l'ombre d'une tente aux écuyers s'imaginant de grands actes de bravoure en passant par les zélés du pichet qui roulaient déjà par terre à chanter des airs d'une vulgarité sublimement révoltante.

Il finirent par rencontrer un grand gaillard. Apparemment, il était un ami de longue date d'Arthur, à en juger par ses dires, peut être même un ancien mentor ? Dans tous les cas, malgré son vocabulaire des plus douteux, Goëric avait un bon pressentiment vis à vis de cet Arthur. Peut être était-ce son aspect rude mais chaleureux qui lui donnaient cette impression d'honnêteté ?

« Eh bien mon p'tit gars, tu es déjà un homme alors. Mais je doute que tu parviennes à démonter les jeunes que j'apporte avec moi. »

" Eh bien sauf votre respect messire, si les jeunes gens que vous avez pour suite sont taillés comme vous, je ne devrais pas éprouver moult peines à en défaire six ou sept ! " rétorqua t-il, affichant un grand sourire défiant.