[Odia] De l'ombre à la lumière

[Odia]

Le chef de la garde apparut, son regard semblait avoir pâlit par l’annonce de la géante, mais elle en était plus sure. De son naturel curieux, elle jeta un coup d’œil curieux dans la pièce mais la porte claqua aussi tôt, le charismatique guide de la citée avait il honte de ce qu’il avait fais ? Au final elle s’en moquait bien. Ses yeux étaient rivés sur le chef qui aboyait avec son air aimable et gesticulant dans tous les sens. Bien que surement stressé par l’attaque imminente, ses ordres étaient précis et bien ordonné, on sentait là toute son expérience de la guerre.

Là, sa grosse tête se tourna vers Odia, à qui il ordonna de garder la fichue porte ou devait gisez dans son sang le pion d’Engueyran, du moins c’était la conclusion ou en était arrivée l’ogre naine. Non pas déçu du poste ingrat qu’on lui confiait, elle se posta devant la porte, la recouvrant largement. Le château s’était transformé en véritable fourmilière, les habitants totalement paniqués courraient dans tous les sens, certains allant vers l’armurerie, d’autre se dirigeant vers les grandes portes qui devaient être fermées. Le baron avait disparut, probablement parti au front accueillir comme il se doit la pourriture qui lui avait prit sa fille.

Un léger grincement se fit aux oreilles de la géante, dans un premier temps ni faisant pas attention, lorsque celui-ci se reproduisa, elle réalisa qu’il s’agissait surement de la porte qu’elle gardait. Se retournant d’un pas de félin, il en était rien, la porte était solidement close, laissant la géante perplexe.

La géante reprit une position plus conventionnelle de gardienne, droite et raide. Les paysans s’affairaient à diriger d’énormes arbalètes, semblant se fatiguer rapidement à cette difficile tâche. Prise de pitié, la géante allait leur apporter son aide, mais le chef de la garde arrivait à grandes enjambées. Paniqué, il était paniqué, Odia ne l’avait pas encore vue ainsi. Il semblait chercher le baron qui avait maintenant disparu. Un messager … Il fallait l’acceuillir, le baron là ou non. Et dans tous les cas, le pauvre homme avait perdu la tête, à quoi bon l’avoir pour acceuillir le milicien d’Engueyran.

- Nous d’vons l’ôcceuillir, l'bôron n'est point en état d'négocier. Si nous p’vons évité c’te bagarre, il n’en s’rô qu’mieux pour c’te peuple.

Elle réfléchissa deux seconde, donnant un air totalement stupide à son visage.

- Faite gôrder c’te porte pôr quelqu’un d’autre, dit elle en montrant d’un signe de tête la salle d’interrogatoire, d’la nous irons acceuillir c’te gueux.

Prenant les devants, elle commença son avancée vers les remparts de la ville à la rencontre du vil messager.

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Le pauvre chef des gardes mis quelqu'un en position avant de suivre la guerrière, du moins c'est ainsi qu'il la voyait, il n'avait rien de plus approchant dans ses comparaisons. Puis il la rattrapa, il avait un air soucieux donna les ordres pour laisser passer le messager.

Celui-ci n'était pas sortis de l'enfance, il regardait alternativement Odia et le chef des gardes, il finit par s'adresser à ce dernier. Demandant de voir le Baron. Quand il lui fut répondu que la baron n'était pas disposé à le recevoir il donna son message :

Le Seigneur Engueyran vient pendre possession de ce fief en dédommagement de l'alliance qui n'a pu se voir contractée par faute de l'infidélité et de la trahison de sa future.

L'insulte faite à la mémoire de la jeune fille du baron amena une rougeur au visage du chef des gardes, il plissa les sourcils, la violence contenue par l'homme débordait, il n'était même pas besoin d'être un chien pour la sentir, et le messager recula d'un pas.

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La géante avançait à grande foulée, elle entendit le chef de la garde donner ses quelques instructions avait de commencer sa course, ambiancée par les cliquetis de son équipement, pour rattraper l’ogre naine qui avait déjà bien avancée.

Cote à cote, les deux protecteurs de la cité marchait en parfaite coordination. Son regard était livide, on sentait l’inquiétude s’emparer de lui au fil des minutes qui passaient à une vitesse folle. Ils étaient maintenant arrivés devant la grande porte. Il aboya les ordres aux paysans qui baissèrent le pont levis et ouvrirent la porte pour accueillir le fameux messager.

Son entrée fut timide, c’était un jeune garçon brun, mais ses yeux avaient perdus toute l’innocence de cet âge tendre. Son visage avait les rondeurs de l’enfance, bien que crasseux. Ses petites mains étaient secouées de léger tremblement alors qu’il fixait les deux géants qui se dressaient devant lui,
Regardant alternativement Odia et le chef de la garde.

Une voix qui se voulait pleine de sang froid s’éleva alors du corps frêle. Il souhaitait parler au baron. La géante porta son regard sur le chef, qui esquissait frénétiquement de la tête. Il apprit au jeune garçon que le roi était indisposé à le recevoir. Alors, d’une voix toujours monotone il annonça son message qu’il avait du apprendre par cœur.

Le sang du chef de la garde ne fit qu’un tour dans sa tête, le visage de nouveau rougeâtre, sa rage allait éclatée, les yeux exorbités, le jeune messager recula de terreur. En plus d’avoir tué la pauvre dame du royaume, il insultait maintenant sa mémoire. Odia coupa alors la route d’une main fermement tendu devant le guerrier expérimenté, au cas ou une mauvaise idée lui passe par la tête.

« C’n’est pô ô c’t enfant qu’il faut s’prendre » dit elle au chef.

Elle tourna sa grosse tête vers le jeune garçon, et elle posa ses mains sur ses épaules, même si il était un jouet d’Engueyran, Odia ne ferait jamais de mal à un enfant.

« T’peux dire à Engueyran l’message suivant, Odia l’ogre naine et s’n armé extermineront tous les gueux qui oseront s’vanturer dans c’te terre. »

Elle se releva, et ébouriffa les cheveux du garçon, qui devait être un simple paysan. Paysan … mais oui. Odia revoyait la bataille qu’elle avait vécue sous les ordres d’Engueyran, la plupart des pauvres gens envoyé au front étaient des paysans comme elle.

« M’garçon, dit aussi à tous l’paysans qui souhaitent r’joindre Odia qu'il l'peuvent. Mais pour ça, y f’dra r’tourner leurs armes contre el chien d'engueyran lorsqu’la bataille s’ra v’nu. »

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Le messager avait pu repartir sauf, le chef des gardes lui aussi avait tourné casaque vers les murs et hurlait sur les paysans qui mettaient en place les arbalètes. Il n'avait pas encore digéré ce que le messager avait dit, Odia pouvait se douter qu'il n'était pas mauvais bougre, la colère passée il se concentrerait sur la fin d'Engueyran.

Tout était en place il ne restait qu'à attendre les troupes de l'ennemi, une odeur de graillon sortis de la cuisine à ce moment là vidant la tête de l'Ogre naine. C'était l'heure d'un en cas, les hommes et les femmes quittèrent leur postes pour aller, comme Odia en avait eut l'intention, se sustenter, celui qui gardait le prisonnier fit de même sous le nez de la géante.

Il pleuvait de nouveau. C'était à croire que la journée suivait le tempérament des gens du pays, maussade et triste.

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Odia regardait le jeune garçon traversé à nouveau le pont levis pour rejoindre l’armée D’Engueyran, la géante ne comprenait pas comment ce monstre pouvait se permettre d’entrainer avec lui de si jeunes gens. Le peu d’estime qu’elle avait pour lui, suite à sa libération, avait volé en éclat après cette rencontre. Le chef de la garde lui, toujours sous le coup de la colère était parti aboyer auprès de pauvre paysan occupé à monter les arbalètes. Malgré l’injustice de ces remarques grossièrement grondé par le chef, Odia pouvait le comprendre, voir ainsi insulté la mémoire de la demoiselle du pays devait être inconcevable, même si ses durs mots avaient été prononcés par un pauvre pantin aux mains d’un homme mauvais.

Après avoir suffisamment aboyé auprès de tous les pauvres malheureux qui osaient passer dans son champ d’action, il perdit enfin son teint rougeâtre et semblait de nouveau calmé. La géante quand à elle, espérait que une partie des rangs les rejoindrais, cela ne ferait qu’augmenter leurs chances de prendre la tête du loup. Elle resongea au pauvre Guillaume qui serait probablement anéanti en apprenant la mort de ce monstre, mais la Bretonnie tout entière ne s’en porterait que mieux.

Les hommes du baron avaient fini le travail de préparation, et tous se reposaient après un longue période de dur labeur. Les douces senteurs émanant de la cuisine sortirent la géante de sa profonde réflexion, faisant rager son estomac très peu nourri ses derniers temps. Alors que chacun quittait ses occupations, Odia partit elle aussi en direction de l’onctueuse nourriture. Longeant les petites maisonnettes des villageois, et rejoignit rapidement la salle d’interrogatoire, ou le garde avait quitté ses fonctions, sifflotant en direction de la cuisine.

Les gouttes commencèrent à tomber du ciel, mouillant légèrement la géante. Un vrai temps de chien. Elle ne pouvait ni se résigner à sauter ce repas, ni à laisser l’espion sans surveillance, le cliquetis de la porte derrière elle était toujours trop présent dans son esprit. Elle se dirigea vers sa prison d’un pas lourd avant de tambouriner la porte.

« C’est l’heure d’grailler, fais pô l’bête et tout irô bien pour ti » lança t’elle.

Odia rentre dans la pièce et embarque le type pour aller manger.

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Elle poussa la porte et que ne fut pas sa surprise quand elle ne découvrit pas le prisonnier, la salle était vide, personne ne se tenait là, par terre il y avait un peu de sang et une dent, c'était tout ce qu'il restait de leur espion.

L'ogre naine se souvint alors du bruit de la porte. Mais mis à part le messager, personne n'était sortis du bastillon. Se souvenait-elle précisément du visage de la fouine ? Où pouvait-il se trouver ?
Questions qui la traversèrent perturbées par une crampe à l'estomac, déjà quelques hommes sortaient de la cuisine et regagnaient leurs postes, c'était les gardes, une petite escouade robuste.

Un poulet sortit en courant de l'écurie, la pluie redoubla, une femme vint à elle.

Dame ! F'drait p'têt tr'ver un coin pour l'gosses ?

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Les mots de la géante laissèrent un silence total dans la salle d’interrogatoire, était il ne serait-ce qu’en état de répondre ? Elle porta sa grosse paluche sur la clenche et fit tourner la porte sur ses gonds dans un grincement macabre. Volatilisé ! L’espion avait disparut sans laisser la moindre trace dans la pièce sombre et crasseuse. Odia rentra paniquée et commença à regarder partout s’il n’y avait pas le moindre indice. Tout ce qu’il restait du passage du vil homme était une dent et les traces des souffrances qui lui avaient étés appliquées.

Comment s’est-il échapper ne cessait de se répéter l’ogre naine tournant les talons dans la pièce, essayant de trouver par quelle entourloupe ce chien à la botte d’Engueyran leur avait faussé compagnie. Une chose était sure, si elle lui mettait la main dessus le peu de virilité qui lui restait serait anéanti. Odia avait fait une erreur, elle aurait du vérifier ce qu’il se passait dans cette fichue pièce lorsqu’elle avait entendu la porte, mais ses sens l’avaient trompée. La panique avait laissée place à la colère que ressentait une personne coupable. Il fallait retrouver le dernier gardien, peut être aurait il plus d’information.

Elle sortit de la pièce, sous l’averse de pluie qui s’épandait délicatement sur les terres du baron, toujours sous le coup de la faim qui la prenait après une dure journée de travail et baston. Elle avait beau réfléchir, seul le jeune garçon qui servait de messager à Engueyran était sortit de ces murs, donc ce vil personnage était toujours ici. Il fallait gérer les problèmes, et vite, la géante allait s’apprêter à faire d’une pierre deux coups, allez à la cuisine à la rencontre du stupide garde qui avait laissé la porte sans surveillance. Un groupement de garde passa devant Odia, elle les accosta rapidement, il fallait faire vite.

« L’prisonnier s’est enfui, allez l’courser, sinon on va avoir des ennuis. Q’ceux qui ont un poste d’guetteur y r’tourne »

Maintenant le sale fugitif ne pourrait plus se trainer tranquillement, la garde était au courant de sa fugue. La géante termina ses réflexions et quitta le "cachot".

Marchant à grande enjambée en direction de la cuisine, Odia décalqua à grand coup de sabot un pauvre malheureux poulet qui avait eu le malheur de se mettre en travers de son chemin, elle n’avait pas le temps de s’amuser. Une femme au visage frêle alla à sa rencontre et la fit s’arrêter et lui posa un nouveau problème, comme si il y en avait pas déjà assez.

« Faite bien d’me l’rappler gente dame, faite les mener dans c’te château, y d’vraient y être en bonne sécurité, si quelqu’un vous le déconseille dite qu’c’est un ordre d’dame Odia »

Sans un mot de plus, elle poursuivit sa route en direction de la cuisine, bien décidée à trouver le garde incapable et à s’en mettre plein la couenne.

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La femme hésita, mais devant l'assurance d'Odia elle partit en direction du bâtiment principal.

Dans la cuisine tout le petit monde était attablé, gardes, paysans, chef des gardes... Odia repéra les hommes qui devaient garder le prisonnier, elle leur passa un savon en pleine tablée sans même attendre qu'ils se lèvent.

Dehors les gardes qui étaient sortis dans les premiers cherchaient l'homme, enfin ils cherchaient un homme qui se cache, sans vraiment savoir qui.

Le chef des gardes se leva et sortis pour, lui aussi, chercher.

Pendant qu'elle leur hurlait dessus on vint la chercher, il y avait un problème, un paysan avait été retrouvé mort, avec les habits de leur espion sur le dos. On pouvait reconnaitre le paysan car il était brun de peau mate et les mains calleuses.

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La porte de bois massif de la cuisine claqua violemment contre le mur de pierre, laissant en son antre une Odia quelques peu remontée devant tous les yeux rivés sur elle. Elle rentra dans la pièce baignant dans l’odeur du poulet cuit à la broche et de jambon fumé … tous les yeux écarquillés la virent se diriger vers une tablée, et arracher une cuisse d’un de ses pauvre poulet qu’elle porta à sa délicate bouche. Mastiquant ardemment la chaire tendre, elle cherchait des yeux le groupe occupé à la garde de l’homme d’Engueyran.

Ils étaient là, tous aussi pétrifié que les autres, n’osant pas bouger le petit doigt devant la géante qui les toisait ouvertement. Leurs corps commencèrent à se faire tout petits lorsque la géante s’approcha avec sa délicatesse naturelle, faisant tomber pichet et assiette des tables qu’elle effleurait. Ce fut un mélange violent de postillons, de mots crus et de morceau de poulet volant dans tous les sens. La géante était déçue par ses hommes, et maintenant toute la colonie devait être au courant, il faut dire que sa voix criarde était des plus porteuses.

Les léger cliquetis d’une armure furent taire Odia, qui se retourna pour voire qui en était la cause. Lorsqu’il eut comprit que l’espion s’était enfui, le chef de la garde s’était levé et sortait de la pièce sans un mot. Il allait lui aussi à la poursuite du malotru. L’ogre naine porta l’os de poulet passablement rongé maintenant à sa bouche et reprit ses accusations avec force accompagné d'un hoquet bruyant, ne laissant pas la moindre chance à ses pauvres messieurs de s’expliquer.

La porte claqua à nouveau, un des gardes qu’elle avait envoyé à la recherche de l’espion se tenait dans son encadrement. D’un pas rapide il s’approcha de la géante.

« M’dame Odia, faut qu’vous m’suiviez » dit il à son oreille.

La géante lança finalement un regard noir sur le groupe qui, on pouvait le dire, venait de passer un très très mauvais quart d’heure.

« B’gez vous et allez l’chercher maint’nant » beugla t’elle en conclusion.

Leur allure était vive, et il entraina la géante dans des ruelles qu’elle n’avait pas encore foulée jusque là. Au détour d’une de ses petites rues se tenait le groupe de quelque milicien qu’elle avait envoyé sur les traces de la sale fouine. A leur pied, un corps inanimé portant les habits de l’espion. Ils leurs expliquèrent très rapidement que ce n’était qu’un paysan portant les habits du filou. La géante réfléchissait, comment pourraient-ils le retrouver maintenant qu’il se fondait dans la masse… Et qu’essaierait il de faire une fois libéré de sa cellule … Une réponse vint spontanément, apporter les informations recueilli à son maitre.

« J’veux une unité à chaque entrée de c’te bourgade, qu’chacun aille chercher des hommes et s’y postent, mettez vous d’accord. Y faut prév’nir l’chef d’el garde aussi, donc faite le, dite lui qu’j’me dirige vers c’t entrée principale. »

Laissant les hommes avec le cadavre, la géante se dirigea vers la sortie principal, celle que l’espion avait le plus de chance de se faire attraper, certes, mais aussi celle ou il y avait le plus de monde, et donc le plus de facilité à se fondre dans la masse.

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Il y avait effectivement du monde sur la place devant les portes closes de la petite bourgade fortifiée, le chef des gardes était là, il filtrait la foule, les gens lui demandaient qui était le bougre assassiné, ça n'avançait personne. Quelques enfants se tenant la main étaient entrainés par des femmes vers le château.

Un homme vint la trouver :

Dame ! Que fait-on pour le passage secret ? On le condamne ?

L'homme était quelconque, les habits de meilleure qualité que ceux d'Odia mais de qualité égale à ceux des autres habitants, il n'était pas paysan, peut-être artisant...