Promenons nous dans les bois ..

[[MJ] L'Ange Blanc]

La nuit était tombée depuis bientôt plusieurs heures sur le château de Vaillemont.
La lune surplombait magistralement l’endroit abandonné. Elle éclairait largement le lierre qui s’était répandu sur les murs comme toutes maladies se serait propagées dans un corps, les fissures qui étaient apparues en fil du temps et le jardin mal entretenu.

C’est ce que pouvais observer Claire de là où elle était.
Le château qui avait autrefois connu son heure de gloire n'était plus qu'un amas de ruine, laissé à l'abandon au bon vouloir du temps et de ses caprices. Quel gâchis.

Elle marchait donc dans le jardin, profitant du temps clément que lui offrait la nuit. Son visage était renfermé et froid. Les sentiments ne s'exprimaient plus sur ce visage aujourd'hui mort.
Mais contrairement à d'habitude, ce n’était pas ces cauchemars incessants qui l’avaient conduit à l’extérieur du château mais bien autre chose..

Liam était parti du château trois heures auparavant lorsque la nuit avait commencé à déposer son voile. Il n’avait donné ni explication, ni heure de retour à sa compagne. Il était juste parti, comme ça, en toute hâte. Claire avait cru bon descendre dans les jardins quand elle avait vu que son compagnon ne revenait pas. Une intuition, sans doute.

Une brise légère vint se mêler à la douceur de la nuit. Bien que froide, la vampire ne ressentit pas l’effet de la température. Elle continua à marcher dans les allées, dépassa le mur de l’enceinte puis passa sous le porche du château. Elle se retrouva alors hors des murs de l'édifice, à observer l’horizon. La forêt à perte de vue.

Mais Liam ne semblait pas pointer le bout de son nez.
Elle se décida à faire demi-tour pour rejoindre ses appartements, elle attendrait à l'intérieur.

Une détonation déchira alors l’obscurité, rompant le silence de la nuit. Celle-ci semblait d'ailleurs provenir d'un peu plus loin, quelque part dans la nuit noir..

Let's go

[Claire]

La peur.

La peur n'est pas un sentiment qu'un vampire est capable de concevoir. Tout au plus éprouvera-t-il une certaine impression de danger. Jamais plus je ne devais trembler à nouveau comme j'avais déjà tremblé lors de mon existence, aujourd'hui finie.
Et pourtant, cette détonation dans la nuit, je savais qu'elle venait mettre un terme à cette funeste comédie qui me liait à Liam.

D'une certaine façon, je l'aimais. Le mot est évidemment trop fort, mais on pourrait appeler ainsi la manière dont je le considérais ; pas comme un danger, mais comme un protecteur impavide, une figure de glace en laquelle je pouvais avoir une relative confiance.

De son vivant, il n'avait jamais été le plus grand des combattants de son domaine. Mais il n'en était pas moins un guerrier dangereux. A présent qu'il était dominé par le mal et les ténèbres, je n'aurai jamais cru qu'on osât s'en prendre à lui.
Et encore moins le rapprocher autant qu'il était possible de la peur.

Me coulant dans les ombres de ma chambre, je m'emparais de la chemise de maille qui croupissait dans une malle et attrapai aussi un arc qui n'avait pas été manié depuis des années maintenant... Mais quelque chose en cette arme l'avait toujours gardée des sévices du temps.
Fouillant avec une hâte croissante, je finis par dénicher la paire de cordes qui allait avec, dont une de rechange. D'un geste vif, j'en encordai une et fourrai l'autre dans un sac, dans lequel j'ajoutais quelques objets.

- La nuit est encore moins accueillante que d'habitude, murmurai-je.

Les Répurgateurs de l'Empire pouvaient dénicher leurs ennemis haïs où qu'ils se tapissent. Et bien que mon semblant de vie n'aie aucun attrait, il n'était pas non plus assez funèbre pour me le faire franchement abhorrer.

Qu'avions-nous fait de mal, jusqu'ici ? Seul le destin avait été notre bourreau. Nous avions joué de malchance. Alors, pourquoi le sort s'acharnerait-il encore ?

Je courus, traversant les corridors glacés comme un spectre poursuivant quelque pénombre envolée depuis longtemps. Mes pieds nus claquaient sans un bruit sur les dalles fendues, alors que je ramassais sans ralentir un carquois rempli de flèches. Mes yeux méfiants balayaient l'espace qui entourait l'édifice chaque fois que je passais devant une fenêtre, quêtant un quelconque mouvement.

Liam...

Accélérant le rythme, je finis par sortir en trombe à l'extérieur. Et ce silence de mort...
Muette et légère, je tentais de me fondre dans l'obscurité, tout en m'enfonçant là où la lune n'arrivait pas à porter son regard... Prête à frapper le premier intrus qui se présenterait à moi.