[Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Cette cité bretonnienne est également connue sous le nom de Cité des Damnés. Au cours des quinze cents dernières années, Moussillon s’est transformée d’un petit hameau en une vaste et sordide cité. Elle est bâtie dans un endroit particulièrement hostile des rives de la rivière Grismerie. Chaque printemps, les crues balayent les bidonvilles et submergent les rues sous plus de trente centimètres d’une eau fangeuse. Le froid et l’humidité envahissent les moindres fissures : le bois pourrit et se rompt, les pierres s’effritent et les champignons recouvrent tout. Plus de la moitié des maisons de la ville sont vides, témoignage de l’épidémie de choléra d’il y a deux siècles. La ville ne s’est jamais remise de cette hécatombe et est réputée pour être la plus miséreuse de toutes les cités bretonniennes.

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Armand VII de Lyrie
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Armand VII de Lyrie »

Mon arrivée dans le Moussillon est récente, et déjà, j’ai de quoi être absolument blasé. Je n’ai pas encore vu grand-chose de la région, mais on m’en a promis monts et merveilles — une terre sauvage, sans foi, sans lois, où la plus indicible corruption s’expose en plein air au milieu de la foule… …Mais pour l’instant, j’ai surtout croisé un vieux village paumé avec des têtes atroces et émaciées dans la paysannerie, et je me retrouve dans une loge de chasse toute vilaine et bien campagnarde, à devoir tenir la chandelle à deux baronnets quelconques qui se sont mis en tête d’acquérir du patrimoine là où ils pouvaient en trouver — entre le Lyonnesse et le Bordelais.
Comme quoi, même avec des promotions, on se fait toujours autant chier. J’ai de la chance : sire Lavius et dame Gwenaëlle sont un peu mignons, mais leur façon de parler et de se tenir me fait attendre au pire — ils ont l’air de manquer d’un peu de conversation, même si leurs minois sauraient peut-être faire oublier leur diction… Une fois que j’aurai trois verres derrière la cravate, en fait.

À mon arrivée, j’ai eu droit à une poignée de main, à laquelle j’ai répondu par un salut militaire — les nobles adorent quand les gendarmes font un salut militaire, ça humidifie un peu leur froc. Puis il y a eu le moment chiant où il m’a fait le tour de ses trophées, avec l’empressement joyeux d’un gamin qui veut me montrer ses jouets ; là, je n’ai pas de quoi me moquer, la chasse est une conduite tout à fait honorable pour un homme noble et une preuve de virilité, c’est ce qui nous sépare des « aristocrates » pédérastes de l’Empire qui préfèrent les salons à la course dans les bois. Puis, on a discuté un peu d’Oisillon — tout le monde veut toujours savoir ce qui se passe à Oisillon. Et après, j’ai juste observé, dans un coin, tandis que Lavius commençait son spectacle…

Je n’ai pas encore tout bien compris, mais apparemment, les trois gonzesses dans un coin ont subit quelques déshonneurs de la part de manants qu’on a enchaînés aux fers. Et maintenant il y a un petit bout de femme, à la sale gueule, qui a un gros accent de paysanne, qui se met à déclamer qu’il faudrait écouter le jugement des violées pour punir les violeurs. Elle est très bête, mais quand elle parle, je me contente de hocher de la tête dans mon coin, en espérant que quelqu’un me regarde — oh oui, c’est très mal de faire du mal à des femmes innocentes… Je suis un peu surpris que Lavius me demande mon avis. Peut-être est-ce un test pour voir de quelle trempe je suis fait — mais je ne pense pas, Lavius me semble aussi agréable qu’un peu niais, il doit réellement juste vouloir le jugement du gendarme, pour faire bon serviteur du Roi. Ce que je suis, évidemment. Un bon serviteur du roi.

Je m’avance donc avec gravité. Je regarde la pégu qui a fini son laïus à réclamer des lynchages ; puis j’observe le seigneur, à qui je réponds avec le menton levé, et un ton ferme, un peu quelconque, comme si je lançais des évidences — inutile de trop charmer pour faire fonctionner le charme.

« Ce que je vais dire va peut-être paraître choquant, mais le but de la justice royale n’est pas simplement d’assurer la réparation aux victimes — il y a des procédures civiles pour assurer ceci.
L’objet de la justice royale est de réparer le tort qui a été fait à notre monarque — c’est-à-dire le trouble à la tranquillité publique. C’est pour cela que, même si les victimes ont le droit de se représenter, ce ne sont pas à elles de rendre le jugement. C’est à vous, et à vous seul, d’incarner la justice. »


Je le brosse dans le sens du poil et flatte son ego sous des couverts de jargon juridique. En fait, je suis déjà en train de faire mon calcul personnel, pour voir, qu’est-ce que moi j’ai à y gagner…

Évidemment, punir des trafiquants d’être humain ça permet de se donner le beau rôle. C’est trop fort si je voudrais butiner une des femmes assises sur le côté. Mais je me dis — je suis ici pour trouver des informations et des contacts. Je vais pas commencer à donner licence à des pendaisons… Ces deux mafieux en coin enchaînés, ils peuvent faire partie d’un réseau que j’ai peut-être envie de joindre dans le futur…

Franchement, la justice de bonnes femmes sans-le-sou paraît moins peser dans la balance. Il faut juste que je trouve comment tourner ça pour me donner le beau rôle…

« Honnêtement, selon les lois du Royaume, la situation est absolument et on-ne-peut-plus claire : vous pouvez les punir de pendaison. »

Je regarde tout droit les deux mafieux en disant ça. Puis, je regarde, non pas le seigneur, mais… La femme du seigneur. Je prends une petite voix un peu plus doucereuse :

« Votre époux, s’il est un bon seigneur Bretonnien, appliquera à la lettre le droit comme il lui est confié de longue coutume. C’est mon avis de gendarme.
Néanmoins, si vous me demandez mon avis de sire Bretonnien… Je pense que le pouvoir, le vrai pouvoir, c’est quand on a toutes les justifications pour tuer quelqu’un… Et qu’on s’y refuse. C’est ce que les grands rois de notre grande histoire ont eut. Songez à Louis le Juste, le 15e roi de notre nation — un jour, un brigand servant le Fieffé Ranald vola des bijoux de la Couronne, on l’amena devant le trône royal, et voilà qu’il se jetait devant sa Majesté, à implorer pour sa vie, à pleurer pour sa pitié… Il sait qu’il va mourir. Il sait qu’il n’est rien, qu’il n’a personne pour le défendre, aucune excuse, aucune richesse, aucun tour à sortir de son sac, même avec la faveur du Chat… Et le Roi… Lui pardonne. Cet homme qui ne vaut rien, il le laisse juste partir.
La miséricorde… C’est ça le pouvoir. »


Je regarde intensément l’épouse dans les yeux. Puis, je relève la tête pour observer les deux mafieux.

« Vous devriez les faire approcher. »

Lavius fait un signe de la main — je ne le fais pas à sa place, car je souhaite que le sire ait l’impression qu’il soit parfaitement en contrôle de la situation. Alors, les geôliers amènent les deux truands devant les deux fauteuils de la loge de chasse. Et, en les observant tour à tour, je commence à parler :

« Savez-vous en quoi consiste une pendaison, mes bons hommes ? »

Je laisse la question rhétorique flotter dans l’air. Tout est toujours question d’attente. Comme quand on raconte des choses crasses dans le creux de l’oreille d’une femme pour l’exciter… Il faut laisser juste ce qu’il faut à l’imagination.

« J’en ai été témoin, pour diverses sentences qui ont été rendues à certains… Il faut une bonne corde — en solide chanvre — une échelle, et un arbre dont on est sûr des branches. D’abord, on va coller la corde autour du cou du condamné — il sentira comment c’est rugueux, et ça serrera autour de sa nuque, juste assez pour écraser la pomme de Taal. »

Je me caresse la mienne en disant ça.

« On fera grimper le condamné à l’échelle, et on va nouer la corde solidement autour d’une branche. Puis, on fera tomber l’échelle, afin que le condamné pende autour de l’arbre…
Il n’y aura pas de chute. Alors, généralement, le corps va se mettre à danser. Il va bouger dans tous les sens, incapable de se maîtriser, dans une tentative désespérée de trouver un appui. La mort est… Lente. Très lente. On voit le visage qui devient rouge, puis violet — certains sont si désespérés qu’ils bavent et que leur langue gonfle hors de leur bouche… Les chanceux perdent connaissances. Les malchanceux, ils se retrouvent dans un état primaire, plus que primaire…
C’est les artères, en fait. Mettez vos doigts sous votre mâchoire — vous sentez ? Il y a votre cœur qui pulse sous votre peau. C’est là où du sang passe. Selon un médecin que j’ai fréquenté à Oisillon, le sang circule dans le corps, et c’est ça qui fait que vous êtes irrigué comme la terre l’est avec de l’eau de pluie. Votre cerveau — vous avez déjà vu un cerveau de bête ? — il se dessèche, comme… Comme du pâté de tête, en fait. Vous devez probablement le sentir, petit à petit, alors que vous êtes encore vivant, tout ce que vous êtes, le siège de votre âme, se transformer en de la charcuterie…
Certains ont les yeux qui commencent à sortir des orbites. Certains s’arrachent les doigts contre la corde du chanvre. Ils veulent hurler de douleur — mais aucun son ne sort… »


Je veux continuer, mais on commence à entendre un liquide ruisseler sur le sol.

Un des mafieux vient de se pisser dessus.

Il est là, figé sur place, avec la grosse flaque jaunâtre qui se forme à ses pieds.

Je tords mes lèvres pour ne pas sourire — à la place, je fais les gros yeux, l’air choqué.
Je mime avec mes lèvres un mot : Implore.

Les deux mafieux se jettent par terre, ils lient leurs poings ensemble, et, comprenant la morale de mon histoire, ils crient de terreur avec des voix cassantes et pleine de sanglots, à l’intention de Gwenaëlle — ils espèrent que la femme va intercéder et demander la pitié à son inflexible mari… Ainsi, les deux seigneurs auront le beau rôle :

« PITIÉ ! PAR SHALLYA, PITIÉ !
– ON REFERA RIEN ! J’VOUS EN SUPPLIE ! »
Jet d'intimidation (CHA) (+3) : 1, réussite critique
Armand VII de Lyrie, Chevalier Bretonnien
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Alors que les deux malheureux se jettent et implorent, la sorcière, elle, regarde celui qui prononcera le verdict. Pour la première fois depuis le début de son emploi, Morgane perçoit quelque chose qu’elle n’avait jamais vu auparavant chez son employeur. Dans ses yeux, dans son regard et ainsi dans son expression, quelque chose de… différent, à pris la place de son indifférence habituelle. Une lueur, comme si ses yeux pétillaient, et pourtant, il n’est pas ému. C’est quelque chose que la Bretonnienne ne connaît que très peu, mais cela ressemble à de… l’amusement. Gwenaëlle aussi, affiche un petit sourire, mais elle, plutôt que de regarder les hommes, regarde les trois jeunes femmes, dont l'expression vient de passer de la détermination à la terreur. Elle se lève, et approche d’elle, elle s'assied à leur côté, et commence à discuter avec des murmures, entre femmes.

En effet, seule Morgane est assez proche pour entendre la Châtelaine. Elle l’entend parler d’un travail, plus encore, d’un devoir qui est attendu d’elles, ici. Cependant, en entendant les termes, la magicienne se rend compte que finalement, son traitement et sa paie avec Yves n’étaient pas si horribles que ça…

Simultanément, Lavius se lève.

« Un peu de silence. Cette terre, de son passé jusqu’à notre jour, à connu bien assez d’exécutions et d’horreur. Je vais donc faire preuve de… clémence. Je déclare que vos vies seront de nouveaux vôtres, car je vous les rends.

Cependant, vous devrez faire amende à la Colombe, vous avez invoqué son nom après tout. Chaque jour, pendant les quatre prochaines années, vous devrez rendre hommage à Shallya à la Cathédrale de la cité.

Détachez-les, qu’ils repartent, avec la honte éternelle de leurs actions. Justice a été rendue.
»

Les deux hommes ouvrent grand les yeux, un sourire miraculé se forme sur leurs visages. Tandis que sur celui des trois anciennes esclaves, la peur, la terreur même pour celle de treize ans, se marque alors que leurs voix semblent s’éteindre à jamais. Le bruit des chaînes qui tombent, des remerciements et cris de joie forment une petite cacophonie qui assourdit ceux qui s’y trouvent. Les deux gangsters sont emmenés en dehors de la pièce, heureux comme jamais, lançant des regards à tous.

Morgane, elle, peut observer celle qui est en retrait. La rousse elle aussi à un grand sourire à peine dissimulé. Cependant, ce ne sont pas les deux épargnés qui l’intéresse, non, ce sont les trois jeunes femmes qui retiennent toute son attention. Son époux, qui n’a pas l’amusement mais la fierté aux lèvres, est différent d’elle, qui possède cet égaiement. Elle prend son pied, de voir ces gueuses dans un tel état.

Une chose dégoûte Morgane, elle n’a pas été ignorée, non, loin de là. Lavius en personne lui a demandé son opinion après tout. Pourtant, un inconnu a pu s’immiscer, et soudain, convaincre de faire preuve de pitié un noble. Morgane Leblé a été mise de côté, après avoir été entendue, un véritable sentiment de défaite pour elle, de savoir que deux de ses proies sont désormais acquittées et libres. Elle n’est plus la seule capable de convaincre et d’influer sur l’homme de sang-bleu légitime.

Pendant ce temps, le gendarme n’a pas manqué d’essayer de comprendre un peu mieux ce que les deux malandrins ont commis. En discutant avec Gérard, il apprend qu’ils logent à un endroit précis, le Moulin bleu. Un ancien moulin reconverti en habitation. Au vu de la manière dont le geôlier tenait son poing fermé, il ne fait aucun doute de la façon qui lui permet de trouver cette indication. Gérard est plutôt moyen de taille, il serait plus grand s’il n’était pas trapu. Son visage est couvert de cicatrices, et seul son crâne dégarni par sa calvitie n’en est pas marqué. Ses traits sont grossiers, laids en vérité. Il est plutôt âgé, et il lui manque un doigt.

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Le reste de la journée se passe au calme, chacun de son côté ayant des occupations à régler. Morgane, ayant du temps dans sa chambre, peut enfin découvrir ce sachet mystérieux en l’ouvrant sur la table. Une fumée verdâtre s’y échappe, et pourtant, elle n’a pas d’odeur. Les sens de la démonologue s'éveillent, et en ouvrant son esprit, elle voit. Des milliers de ficelles magiques, viennent s’étirer dans la poudre verte, formant une petite tornade arcanique. Une tornade, car il n’y a aucun équilibre naturel, non, que du contraire, de la magie noire, du Dhar. Il n’y aucun doute pour elle, il s’agit bien de malepierre. De l’énergie de la ruine cristallisée, et ici, réduite en poudre. Dans le grimoire, une demi-feuille collée sur une page en fait la mention.


Quand le Graf von Saponatheim revint de son voyage en Ostermark, dans la cité dont-on-ne-doit-pas prononcer le nom, son escorte avait diminué de moitié. Mais à la place des morts, d’étranges boîtes remplies de l’étrange Pierre Distordante furent ramenées. Grâce à la présence du seigneur, les différentes douanes n’ont même pas osé fouiller les affaires de son illustre propriétaire. Tous les soirs, pendant plusieurs semaines, le Graf s’est enfermé dans son manoir. Je jure devant les Dieux Tout-Puissants que j’ai tenté de le raisonner, mais rien ne fonctionna. Alors que j’hésitais encore à contacter les répurgateurs, il sortit enfin au beau milieu de la nuit. Il m’a assuré que c’était enfin fini, et que les choses allaient rentrer dans l’ordre.

Et puis il a tendu la main vers notre chien, qui a pris feu aussitôt. Mon bon seigneur, un sorcier. Dans le manoir, j’ai découvert que les caisses étaient vides, aucune trace de la Pierre Distordante, comme si les rats l’avaient dévoré...



Ce récit corrobore la grande sensation de pouvoir qui émane de la malepierre. Si quelqu’un qui n’a pas le don a pu l’obtenir grâce à celle-ci, qu’est-ce qu’une femme qui le possède déjà, pourrait faire avec ? L’idée de consumer le cadeau traverse l’esprit, mais une autre possibilité apparaît. Beaucoup de pages du grimoire étaient illisibles autrefois, mais en s’améliorant, elle pu… déchiffrer, visualiser, comprendre les enseignements magiques. Peut-être que cette poudre peut devenir un raccourci afin de progresser.

Complètement à l’autre côté du château, Armand de Lyrie s’ennuie. Lavius et sa femme sont occupés, et il découvre qu’il n’a qu’une simple chambre. Après avoir fait quelques fois le tour, il a pu découvrir la place-forte d’un regard plus concret. Lavius possède une quinzaine, peut-être vingt hommes ici. Il est impossible qu’il ait réussi à capturer l’endroit, vu que les défenses sont fonctionnelles. Alors comment a-t-il pu réussir à obtenir ce château ? Un peu délabré, mais en bon état. Ce qui surprend le plus de Lyrie, c’est l’officier en charge.

C’est un véritable colosse, dépassant d’une tête entière le chevalier, qui donne ordre aux autres gardes. Son crâne presque chauve, ne garde qu’une queue-de-cheval à l’arrière. Sa cape est d’une fourrure épaisse, et son armure de plates et partielles. Son visage est presque difforme tellement il est scarifié. Un norse, probablement semi-norse venant de Lyonesse. Ou alors est-ce le fruit d’un mélange entre un norse violeur et une femme locale ? Au vu de son impressionnante laideur, tout est possible.
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Son nom est Ragnar, mais tout le monde l’appelle Renaud, il préfère d’ailleurs. Ainsi la nuit approche, et le chevalier peut rendre visite à Poto (avec huit o), son fidèle cheval, qui réside dans l’écurie. Il est confortable, la paille ne manque pas, il n’y a que trois chevaux ici. Une magnifique jument blanche, et un étalon gris. Alors qu’il retourne vers la cour intérieure, Renaud, accompagné de Morgane, qui fut cherchée par le géant, l’interpelle.

« Pardon, mmm’ sieur, mais faut que vous et Morgane v’niez voir. »

Sa voix est rauque et sèche, quand il parle, on voit que ses dents sont toutes pointues, et que ses sourcils sont rasés. Ou alors ils sont tombés d’eux-mêmes en essayant de fuir cet horrible personnage, difficile à dire. Ils le suivent, alors qu’il montre les escaliers menant à la façade du château. La nuit approche, mais il fait encore assez clair pour voir.

« Comme hier, ça r’commence. »

Il pointe du doigt vers un carrefour, séparant la route vers le château, et celle vers la ville. Soudain, l’entièreté du terrain est couverte d’une brume sortant du sol. Elle est aussi épaisse et blanche que la neige, et monte à deux, peut-être trois pieds de haut. Partout sur les routes, et dans les alentours, c’est identique.

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La seule lumière vient de l’aimée de Manaan, la lune. Cette brume renforce l’humidité et l’aura lugubre du Moussillon. Comme un voile malsain, la brume ne se déplace pas, pourtant, il y a du vent qui souffle et secoue les branches mortes des arbres bordant les routes.

« Voilà. Chais pas c’qui se passe, mais comme dit, ça r’commence. L’problème, c’est pas la brume, non mes bons. C’est c’qui s’y cache. Chaque fois qu’elle vient, y’a des convois marchands qui s’font charcuter comme des porcs. L’problème, c’est qui s’agit de ceux qu’ramènent la bouffe à la ville. »

Il se gratte le front avec son énorme main droite, et puis il reprend.

« C’qui m’emmerde, et que je comprends pas, c’est un aut’ truc. On r’trouve les convois, oui, mais rien est pillé, par contre, l’marchands là, ils sont crevés. Z’avez d’jà connu des trucs du style, vous ? J'espère que oui, Seigneur Lavius y m’a demandé de résoudre ça. Et si j’y arrive pas, ce s’ra à vous d'm'aider. »

Son sourire est un peu gêné, il ne sait pas trop comment s’y prendre à côté de la sorcière et du chevalier. Il tient son énorme hache à deux mains, l’acier de celle-ci est usé, et pourtant, elle semble terriblement tranchante.
Test de CHA(+2) de Morgane : 20, échec critique.
Test de CHA(+6 pour tout, ton magnifique speech + ton intimidation + pour avoir trouvé une faille) de Armand : 15, réussite. Effectivement, aucun doute, ils vont écouter entièrement et totalement ce brave de Lyrie.
Test d’INT(+0) de Morgane : 2, réussite automatique. Pleins d’informations supplémentaires que tu observes.
Test de MAG(+0) de Morgane (bien entendu pas Armand, il a pas de magie lol) : 12, réussite de peu. Tu comprends ce qu’est la malepierre. Ajout : Once de malepierre en remplacement de ton sachet mystérieux.
Dasha fut généreuse.

Test d’Inspiration (INT+2) de Morgane : 5, tu devines une autre utilité.
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Armand VII de Lyrie
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Armand VII de Lyrie »

Mon petit spectacle a eu l’effet escompté. Lavius a réussi à se faire mousser comme pas permis, et surtout, les deux petites merdes que j’ai forcé à se pisser dessus vont avoir la vie sauve. Pour ce qu’ils vont en faire… Alors qu’on leur retire les chaînes, je ne peux pas m’empêcher de pointer l’un d’eux du doigt, fermement, en le regardant intensément dans les yeux. Tu m’es redevable, j’essaye de lui dire par quelque talent latent de télépathe. Une petite discussion avec le geôlier plus tard, et j’ai leur crèche — il est toujours utile de garder les noms et les adresses des gens, habitude des gendarmes. On peut toujours retrouver quelqu’un. On peut toujours lui trouver une utilité aussi…



…Toujours est-il, il y a de quoi être éreinté. Le voyage depuis Oisillon n’a pas été de tout repos, et je sens que mon… affectation dans ce trou à rat ne va pas me permettre de m’arracher beaucoup de temps de gaieté et de sommeil. J’ai pris le temps de faire mon nid dans la chambre, en installant mon paquetage et en vérifiant sous le matelas qu’il n’y ait pas de punaises — je préfère sincèrement dormir par terre sur le sol dur que finir réveillé par des piqûres de puce. Avant de partir d’Oisillon, ma petite amie de là-bas m’a offert quelques petites choses pour passer le temps, notamment des livres — ce qu’elle a oublié, c’est que j’ai horreur de lire, je trouve que c’est un peu une perte de temps, généralement je les écume juste rapidement pour trouver cinq-six citations d’intello à recracher à l’oral et faire comme si j’avais lu l’entièreté, mais il faut être d’une autre trempe pour sincèrement passer ses soirées à la lueur de la bougie, voûté devant son bureau, à juste lire et lire des lignes et encore des lignes… J’avais des difficultés d’apprentissage jeune et j’ai encore une sainte horreur du temps où j’apprenais à user d’un encrier. C’est des incunables, en plus, des bouquins imprimés à Parravon. Y a un livre d’histoire et géographie antique et un roman d’amour chevaleresque. Je pense que j’utiliserai le premier pour essayer de faire parler le premier type avec un peu de culture que je croiserai dans ce désert spirituel qu’est le sud-Lyonnesse, et le second si je dois amadouer des nobles — probablement le couple qui me sert d’hôtes, à un moment ou un autre…
Je range soigneusement les bouquins dans un des tiroirs du bureau. Je le dispose avec un peu de matériel d’écriture, que j’ai demandé. Quand j’aurai le temps, il faudra que je déchire soigneusement une des couvertures, afin de servir de cachette. Je ne sais pas si des gens dans ce château seraient du genre à fouiller mes affaires, mais… On est en Bretonnie après tout. C’est le genre de choses auxquelles on s’attend à des cours de nobles, même des cours de nobles aussi… Vétustes et dépareillées que celles-ci.

Après m’être installé, j’ai fais un sommaire tour du château. Des gardes à l’air patibulaire, de la cour intérieure bien dégueulasse… Je suis allé voir mon cheval, après. Enfin, le cheval de la gendarmerie — mon quartier-maître péterait un boulon de savoir que du mal lui arrive. Potoooooooo n’est pas l’animal le plus racé de l’écurie mais si je le perds il me sera facturé sur mes deniers, et je devrai encore aller demander de l’argent à tonton ou papa et c’est agaçant, déjà que j’ai un peu mal utilisé leurs derniers secours… Oui, le cheval s’appelle Potoooooooo, j’attends que quelqu’un me le demande, c’est une histoire à raconter à chaque fois, c’est très drôle.

Je pensais trouver le temps d’aller siester quelques instants, quand, une espèce de golgoth absolument gigantesque est venu me trouver. Pas de moquerie de ma part — je n’ai pas envie de me moquer de quelqu’un qui a des bras larges comme mes cuisses, sauf dans certains contextes nécessaires… Il est accompagné du bout de femme qui a un accent d’Artenois. Une étrange compagnie, et ils n’ont pas l’air de sortir ensemble. Malgré mes cernes et mon odeur d’homme qui a passé trop de temps sur les routes, j’essaye de garder un air pro dans ma belle mise de gendarme, et je les suis tous les deux jusqu’aux parapets du château, afin que le Renaud nous confie ses étranges soucis…

J’admets ne pas savoir quoi en penser. La brume nocturne, ayant malheureusement passé mon enfance dans un coin bien, bien paumé d’Ormérique (C’est-à-dire dans le gros cœur nordique du Lyonnesse), ce n’est pas ce qui m’impressionne le plus. Des meurtres de marchands, c’est déjà un peu moins banal, même si c’est des choses qui arrivent dans des contextes de guerre privée. Il n’y a pas une seule auberge à la ronde, ni de casernes de la gendarmerie, et c’est pas demain qu’on va avoir des chevaliers pégases qui font des cercles au-dessus du ciel pour observer le mouvement au sol, donc je comprends la… Situation épineuse du bonhomme de sire Lavius.
Même si c’est pas très commode de sa part de nous demander de résoudre son travail.

Puisqu’il demande mon avis, évidemment, je ne me prive pas une seule seconde de me faire mousser.

« Qu’entendez-vous par charcutés comme des porcs, si cela ne vous ennuie pas d’être un peu plus précis ? Ils ont des plaies, des mutilations ? Est-ce qu’il y a des traces de lames, de coups ? A-t-on retrouvé des pointes de flèches ? Est-ce qu’il y a des griffures ?
Je suppose que si c’est une attaque d’assaillants humains, ce n’est pas exactement la même chose que s’il s’agissait… D’autres sortes d’adversaires. »


J’ai déjà vu les restes d’attaques de Peaux-Vertes. Mais même les Peaux-Vertes ça pille. Mal, mais ils laisseraient pas de la bouffe sans surveillance, ça adore bouffer ces trucs. On ne m’a pas dit qu’il y avait de Peaux-Vertes dans le Moussillon donc je pense pas une seconde que ce soit ça, mais j’en appelle aux rares choses que je sais…

« Pourquoi les caravanes traversent-elles de nuit ? Il n’y a pas d’endroit où dormir en sécurité avant de tenter le trajet en plein jour ?
Et ces marchands, d’où viennent-ils en général ? Est-ce que ce sont juste des locaux, des gens de villages alentours ? Marchands ça peut désigner beaucoup de choses…
Pardonnez-moi pour mon lot de questions un peu dépenaillées, c’est juste que je souhaite comprendre un peu mieux la situation pour voir comment vous assister. Cela ressemble à du brigandage prémédité. Si je souhaitais conquérir la ville de Moussillon, étouffer ses voies de communication serait un bel endroit par où commencer. »


Et ayant dit cela, je regarde le bout de femme à côté. Je lui offre un petit sourire, et un signe de tête.

« Morgane, c’est cela ? Vous êtes native d’ici, vous-même ? »
Armand VII de Lyrie, Chevalier Bretonnien
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Le colosse écoute, et semble faire un effort de réflexion pour répondre le moins possible de bêtises. Ça n'a pas l’air facile pour lui, mais il fait de son mieux. Soudain, il aide sa description vocale par des gestes, comme un mime.

« Et bien, de ce carrefour à l’ancien pont, genre, à 2 lieues d’ici. Quand on voit les restes, y sont tous décapités. Paf, plus de tête, coupure propre en plus. Homme ou femme d’ailleurs. Parfois, plus près du pont, y sont éventrés, égorgés, parfois les deux. Comme ça, schouwik. Pas d’armes pétées, non. Y’a une fois, je croyais qu’une femme s’était faite, euh, saccagée, mais non, juste ouverte de l’entrejambe au cœur. Pas humain non.»

Il réfléchit à la deuxième salve de questions.

« Y’a pas d’auberges. C’est des marais avec des sables mouvants, et ce, de la côte à l’ancienne route. Contrebandiers, marchands, tous passent par la seule route potable ouais. Locaux ou non, ouais. Avant y’avait une autre route plus vers le nord-est, mais elle passait par le territoire des Fimirs. Abandonnée aussi. Les autres y passent par bateau en longeant la côte. Mais faut pouvoir s’payer un bateau, et y font raquer les prix, un fois cinq d’après un copain.»

Soudain, un éclair de lucidité frappe Renaud, qui clignote trois fois des yeux à toute vitesse.

« Et euh, aussi, l’autre problème, on trouve pas d’traces, pas d'empreintes sur les lieux des crimes. Déjà regardé trois fois.»

Il hausse des épaules, espérant avoir pu répondre correctement aux questions du chevalier.
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Morgane Leblé
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

La sorcière est furieuse. Furibonde. Elle serre les poings, ses sourcils sont froncés, ses joues rougissent sous la colère. Elle grince des dents, mais ne dit rien. Qu’ils aient étés, les truands, sauvés, par ce gendarme venu de nul part qui ne connaît aux gens et à la situation de la ville, la pousse dans une colère, une rage maladive. C’est un scandale ! C’est une honte ! Morgane fait une courte révérence à l’assemblée.

“Je ne me sens pas très bien. J’ai mal au ventre, je vais me reposer dans ma chambre.”

Elle ne le montre pas, mais au fond d’elle bouillonne les enfers. Elle est un volcan sur le point d’entrer en éruption. Elle emmène avec elle les jeunes filles et la petite de treize ans, puis claque la porte en sortant. En privé, elle parle longuement aux jeunes filles. Morgane demande leurs prénoms, ce qu’elles faisaient avant et ce qu’elles comptent faire maintenant. Elle s’occupe de la plus jeune, l’adolescente de treize ans. Morgane lui donne de l’argent de sa réserve personnelle, elle lui donne 15 pistoles, en lui disant de les cacher sur elle et que ça pourrait toujours l’aider en cas de problème. Et à toutes les filles, elle leur dit que si elles sont en danger, si elles sont menacées, si elles ont peur ou si elles ont besoin d’aide, elles peuvent toujours et n’importe quand venir lui demander de l’aide.

Finalement, Morgane rentre dans ses appartements. Elle a du mal à digérer l’information, la colère ne descend pas. Elle tourne en rond dans sa chambre. Fu-ri-euse. Pire encore que la colère, Morgane est totalement désillusionnée. Elle faisait confiance à Lavius pour faire régner la justice, pour protéger les petites gens, les malades et les fragiles, mais il n’en est rien, voilà qu’il relâche des trafiquants de jeunes filles et des tueurs dans la nature avec pour seule peine d’aller prier. Un moment, elle hésite même à parler de ce scandale aux enfants de Gilles pour dénoncer Lavius et son manque de zèle à rendre justice. Elle est en colère, excédée, désillusionnée.

La sorcière décide de se relaxer pour faire passer la sensation de dégoût et d’amertume qu’elle ressent. Elle se déshabille et prend un bain chaud relaxant. En chemise de nuit, Morgane s’assied sur son lit et ouvre le cadeau de Dasha. Elle ne comprend pas de suite de quoi il s’agit, mais après une inspection minutieuse et la relecture de quelques pages de son grimoire, la sorcière comprend qu’il s’agit de malepierre réduite en poudre. Elle réfléchit quelques instants à son utilisation, à ce qu’elle pourrait en faire, mais on toque à sa porte. Morgane cache la malepierre au milieu de ses sous-vêtements dans sa garde-robe et fait entrer le garde qui lui explique avoir besoin d’elle. La jeune sorcière s’habille, enfile une robe noire, mais ne se maquille pas et ne se parfume. Elle n’a pas de sac à dos, elle prend juste sa dague avec elle.

Dehors, elle fait la rencontre, pour la seconde fois, du gendarme. Le garde explique la situation, Morgane l’écoute, puis elle se concentre sur les Vents, sur la magie à l'œuvre et à l’origine de la Brume. Elle n’en doute pas un instant : il s’agit bien d’une brume magique. Armand, doit-elle le dire, pose des questions intéressantes, mais cela n’enlève rien à la rancœur et au dégoût que cet homme lui inspire.

“On devrait être miséricordieux envers les créatures qui font ça. Peut-être que si on leur demande d’aller prier tous les jours Shallya, ces créatures arrêteront leurs carnages, n’est-ce pas, monseigneur le gendarme ?” dit-elle avec sarcasme pour se moquer de lui.

Elle toussote et reprend plus sérieusement. Bien sûr, en tant que magicienne de cour, face à une énigme magique, c’est son expertise qui est attendue et sollicitée. C’est tout naturellement à elle d’aider Renaud à résoudre le problème. L’aide d’Armand n’est toutefois pas de refus. Elle réfléchit d’abord, elle essaie de se souvenir si elle a la connaissance d’une créature dans la région qui serait capable de faire ça ? Les hommes-bêtes peut-être ? Elle pense également à cette rumeur sur le nécromancien dans sa grotte, la description de Renaud pourrait correspondre à des attaques de zombies.

“Cette brume est magique, je n’en ai aucun doute. La mauvaise nouvelle c’est que les Vents sont très agités, tumultueux. Je n’arrive pas à déceler la présence d’un Vent plus présent que les autres, mais tout cela ressemble à de la magie noire. J’ai entendu parler de la présence d’un nécromancien dans une grotte, cela pourrait être l'œuvre de ses zombies peut-être ? C’est une conclusion très hâtive, donc ne fermons pas nos esprits à d’autres hypothèses. En tous cas, nous pouvons être sûrs qu’une puissante magie est à l’oeuvre d’une manière ou d’une autre.”

Elle se tourne vers Renaud, Morgane a aussi des questions à lui poser.

"Avez-vous récupérer des corps ? J'aimerais pouvoir observer le lieu d'une attaque ou au moins, voir des corps si c'est possible. Ce serait dangereux de s'enfoncer dans la Brume sans être préparé et sans savoir ce que nous affrontons. J'ai aussi quelques livres à aller consulter dans la bibliothèque après, et peut-être même aller consulter mon grimoire à la recherche de connaissances et d'indices. La Brume apparaît à quelle fréquence ? Des personnes ont déjà pénétrés à l'intérieur de la Brume ? Il faudrait que vous m'escortiez un peu à l'intérieur pour que je puisse étudier les propriétés de cette Brume."
Morgane Leblé, Voie du sorcier illégal
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Armand VII de Lyrie
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Armand VII de Lyrie »

Renaud n’a que très peu de réponses à mes questions. Il précise un peu plus l’attaque, mais il n’y a pas tellement de mode opératoire, même s’il y a apparemment un certain… Goût, dans l’exécution.
Ma théorie personnelle, c’est que ce sont quelques atroces choses guidées par intelligence. Ce qui, il faut l’avouer, est légèrement inquiétant. Un peu excitant, aussi. Cela fera une sacrée histoire à raconter à Oisillon, bien plus que s’il n’y avait que des bandits de grand chemin dans le Moussillon.

L’autre est moins patibulaire. La dame ne se présente pas et ne répond pas à mon ouverture, et ne trouve qu’une question rhétorique peu plaisante à m’adresser. Comment un être humain réagi dans ce genre de cas déjà ? J’hésite. Je décide de jouer à l’innocent : je lève un peu les deux sourcils, et entrouvre la bouche, pour faire comme si j’étais surpris de son invective — en réalité je ne ressens strictement rien, mais il ne s’agit pas de terrifier mon audience…

« La justice ici dépend de l’homme qui peut la rendre. Mais en aucun cas une punition liée aux Dieux ne doit être prise à la légère.
On ne rebâtit pas la société uniquement avec des cordes, et on ne peut jamais réparer ses torts une fois confié à Mórr. »


Évidemment ce que je dis est totalement faux. Évidemment qu’on reconstruit très bien des sociétés à coup de cordes. La paix et le pardon, ce sont des valeurs de pleutre, de Shalléenne, qui commencent malheureusement à avoir un peu trop le vent en poupe dans notre pays — des nobles qui veulent bien se faire voir, peu importe qu’ils soient orthodoxes ou réformés, n’arrêtent pas de vendre des bondieuseries à la con… La seule raison pour laquelle je me suis débrouillé pour épargner les deux mafieux, c’est pour le délice de les voir s’uriner dessus face à moi et pour l’utilité que j’en tirerai.
Mais d’un coup ça me rend moins angelot, n’est-ce pas ?


Encore plus intéressant, viennent les autres questions de la jeune femme. Et je me rends compte, un peu surpris, que j’ai face à moi une sorcière. On m’avait bien prévenu que Lavius avait une magicienne avec lui, mais j’ai eu du mal à faire les raccords dans la cervelle (Soyez indulgent je suis là depuis ce midi seulement…). De façon incontrôlée, un frisson me parcourt l’échine. Oui, ça devient vraiment peu ennuyeux, je me sens tout de suite moins blasé de mon affectation. Est-elle réellement dotée d’un don, capable du Grand Art, ou est-elle une simple charlatan ? C’est toujours compliqué, impossible souvent, d’apprécier la différence entre les deux. Où commence le prestidigitateur qui fait apparaître des cartes dans la main et l’illusionniste capable de changer la forme de son visage ? L’astrologue est-il un simple menteur patenté qui tire des prédictions de voyant pour faire payer des vieilles dames, ou peut-il réellement voir le destin de l’univers dans les trames ?
C’est un monde qui m’échappe, et qui est aussi fascinant qu’inquiétant. Presque sans le vouloir, je salive maintenant un peu en observant la femme qui donne son opinion de magicienne… Soit elle est une excellente menteuse, et elle est amusante, soit elle est folle à lier, et elle est marrante, soit elle dit vrai, et alors il y a de quoi se brûler.

« Nous sommes dans un territoire qui est naturellement très brumeux, presque en toute saison. C’est quelque chose que vous ressentez, qui vous fait dire qu’il y aurait un ensorcellement derrière ? »

Pour une fois ma curiosité n’est pas feinte. Je m’interroge sincèrement de la manière dont elle ressent quelque chose.

« En tous les cas, les assaillants comptent certainement sur la fatigue, la surprise, le manque de visibilité et l’impréparation des assaillis. Si nous sortons en armes et avec des torches, on ne sera certes pas discrets, mais nous pourrons tranquillement enquêter… Si vous pensez voir quelque chose, Morgane. »
Armand VII de Lyrie, Chevalier Bretonnien
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Après que les deux aient pu chacun y mettre du sien, Renaud, lui, prend encore une fois bien le temps de répondre. Il semble d’ailleurs faire bien plus attention à son langage qu’avant, son accent paysan reste, mais il est déjà plus compréhensible. Il agrippe le bord du rempart, se penchant un peu en avant alors qu’il regarde le carrefour. Son expression est froide.

« Oh des corps il n’en manque pas, et j’vous garantis que ce soir y’en aura quelques-uns de plus. Mais ouais, j’allais proposer d’aller regarder ça. Cette brume, elle apparaît certains soirs, pas tous. D’un coup comme ça, sans prévenir, au beau milieu de la nuit. Vous avez pu le voir avec moi. Et ouais, plein de gens pénètrent dedans, il y a toujours des trucs à faire dehors. Vous voulez, euh, étudier ? Bah si vous devez aller là-bas, y’a pas de soucis.

Et comme dit m’sieur de Lyrie, on y va avec des torches et en armes. Trois on sera bien. Je vais éviter de réduire la garnison, au cas où.
»

Sur ces explications, le colosse va voir un des arbalétriers, et il lui donne des ordres. Après s’être assuré que tout soit compris, il revient auprès de ses deux nouveaux compagnons. Désormais, avec des torches allumées, ainsi que des torches de réserve, ils se tiennent devant la herse qui se lève. Dehors, Armand sur son cheval, ils avancent, le géant leur servant de guide et de gros bras.

Après une centaine de pas, ils arrivent au carrefour, la brume arrivant au torse de Morgane, aux hanches de Renaud, et au ventre de Poto. Ce brouillard est épais, et les torches parviennent péniblement à l’écarter afin d’y voir plus clair. La visibilité est réduite, mais existante. Enfin, ils peuvent commencer à remonter la route vers le pont.

« Voyez ? On peut rentrer dedans, aucun souci. »

En étant plus proche, la sorcière commence enfin à ressentir les vents autour d’elle. Ulgu est puissant, mais il n’est pas seul. Une chose est certaine pour elle, ce phénomène ne provient pas d’un simple sort ou d’une incantation. Il dure trop, est trop… ancré localement pour ça. Les vents refusent de partir, comme si quelque chose les gardait en place.

Plus loin encore, des panneaux, montrant la voie. Certains marqués par des crânes humains, d’autres par des croix rouges. Une stèle en pierre, assez haute, sur laquelle une héraldique est gravée sur une peinture noirâtre. Un lézard. Que ce soit la sorcière ou le chevalier, les deux ont cette étrange impression d'avoir déjà vu ce symbole. Ils continuent, et le vent se met à souffler fort, au point de presque faire vaciller les flammes des torches.

Alors qu’ils avancent, Morgane, peut être trop concentrée sur les vents de magie, ne remarque pas qu’elle manque de frôler quelque chose au sol. Alors qu’Armand regardait très loin devant, Renaud, contre toute attente, parvient à laisser tomber sa hache et sa torche, et soulever sous les aisselles la jeune femme.

« Bordel ! C’était pas loin. »

Surprise, car désormais dans les airs aussi haut que le chevalier, Morgane et Armand regardent le sol, là où le guerrier à laisser tomber sa torche. Juste à côté de l’empreinte laissée par Leblé, une fleur couleur charbon. Une rose à la hauteur de cheville. Sur la tige, de très longues et pointues épines l’entourent, comme un collier de chien berger. Il s’agit d’une Rose du Moussillon, la plante la plus mortelle du Duché, dont même le Lotus Noir n’est point comparable. Le moindre contact direct sous-cutané peut s’avérer regrettable. Or, la sorcière, n’a pas d’énormes bottes comme les deux autres hommes.

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« Un pas de plus, et vous étiez bonne pour rejoindre le V- euh, Morr, ouais, Morr et son jardin là. »

Le musculeux nordique pose alors la sorcière à l’arrière sur Poto. Étant donné qu’elle ne pèse pas grand-chose, ça devrait aller. Ensuite, il saisit sa source de lumière et sa hache, et fout le feu à la fleur empoisonnée. Ils reprennent alors leur chemin. Après quelques minutes, le chef de la sécurité s’arrête, regarde à gauche et à droite, acquiesce et part à gauche. Soudain, une odeur infecte attaque leurs narines. Il balaie la torche violemment, comme pour chasser le brouillard, et désormais, ils voient clairement.

Devant eux, un chariot à moitié détruit. Dessus, des caisses et un tonneau. Sur les flancs, reposant dans l’herbe, des corps humains. Ou du moins, ce qu’il en reste. Des têtes manquent, laissant à leur place des flaques ensanglantées. Il n’y a même pas de morceaux de nuques, ou des pièces d’appendices de viande humaine qui pendent encore. Il y a cinq corps, non, un sixième est sous le chariot. Deux femmes, au vu des robes. Un détail apparaît tout de suite, c’est que les corps sont figés comme des statues. Comme si la foudre elle-même les avait frappés et enfermés dans une position. L’un tient une main levée, tandis qu’un autre semble courir vers le sol. Ce qui s’apparente à une rigor mortis, est bien étrange. Les corps sont très espacés, d’au moins cinq, si ce n’est sept yards.

En approchant des corps, Armand de Lyrie remarque… qu’il n’y a plus aucun bruit. Pas d’hululement d’oiseaux nocturnes, pas de frémissement de buisson par les rongeurs. La nature elle-même, dernier témoin encore en vie, semble avoir pris la fuite. Morgane, descendant au sol, au grand bonheur de Poto, peut elle aussi mieux observer l’horreur. De prêt, la Bretonnienne voit que les nuques sont intactes, et que la coupure est… linéaire ? Pas de rature, net, précis. Enfin, si ce ne sont les vers qui commencent à essayer de se loger à l’intérieur, avec grand succès.

Alors qu’ils observent, et tentent de comprendre l’étrange, des cris stridents retentissent et brisent le silence. Leurs oreilles ont mal, et les cris continuent, à gauche, à droite, devant, derrière. Ils dégainent leurs armes. Cependant, parmi les cris lointains, vers l’est, ils entendent… un hennissement ?
Test de VOL(+4 et +6 respectivement) de Morgane et Armand : 7 et 2, belles réussites. Vous ne subissez pas la moindre peur. Pour l’instant.
Test de MAG(+2 car tu es plein dedans) : 10, réussite.
Grâce à la compétence Monte, Armand n’a pas besoin de faire de jet pour garder calme Poto malgré l’environnement anxiogène.

Test d’Initiative(-4) de Renaud : 2, réussite automatique. Contre toute attente, il le fait !
Test d’Initiative (-2) de Morgane : 16, échec large. Renaud ou Armand vont peut-être te sauver la mise.
Test d’Initiative (+0) de Armand : 20, échec critique. Tu n’as strictement rien vu.
Test de For(+3 car il a réussi à le voir) de Renaud : 14, une réussite.


Test de ??? : 4, et 10.
1D100 : 4, ok.
Vous avez le droit d’agir avant la suite, cependant, ça doit rester assez court, considérez que vous avez… trente secondes.
Trente c’est bien. :mrgreen:
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Morgane Leblé
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

Morgane se tient droite, les bras croisés, tournée vers la Brume. Fixée sur ses pensées, elle réfléchit à plusieurs hypothèses. Lorsqu’Armand VII de Lyrie prend la parole, la sorcière hésite à lui répondre, à le snober, toujours peu encline à coopérer avec le chevalier à cause de l'incident précédent. Elle inspire et soupire, lassée d’être trop bonne pour ce monde, la femme aux cheveux noirs finit par prendre la décision de faire table rase du passé pour l’instant.

“Nous autres mages sommes éduqués à affiner ce que j’appelle le septième sens sire. Nous percevons naturellement les manifestations physiques de l’autre monde, qui, pour vous, les profanes, les ignorants de l’Art, restent imperceptibles comme des fantômes. Moi, je vois les fantômes et ils sont déchaînés, cela ne peut être que mauvais signe.”

Afin d’offrir au chevalier une réponse convaincante, Morgane fait allusion aux Vents de l’Aethyr, mais face à Armand elle essaie de se montrer claire et pédagogique. Elle évite les termes et concepts magiques qu’il pourrait ne pas connaître. Morgane ne pouvait pas être plus claire et plus imagée. Même Renaud devrait avoir compris à présent le nœud du problème.

“Oui, je veux étudier. J’ai beaucoup de choses à faire au château. On se contente de partir en reconnaissance et on revient dès que j’en sais assez sur l’affaire pour comprendre la source de la Brume et ce que nous affrontons.”

En marchant dans la Brume, Morgane se sent peu rassurée, mais elle parvient à conserver son calme par la présence du guerrier et du chevalier. Bien entourée, elle n’a probablement rien à craindre se dit-elle. La sorcière répète encore aux deux hommes.

“On ne s’aventure pas très loin, compris ? Et attendez moi, n’avancez pas trop vite. Je dois me concentrer pour étudier cette Brume.”

Ils marchent encore quelques instants, soudain la sorcière s’arrête.

“Stop !”

En effet, Morgane se concentre sur les Vents. Elle ressent Ulgu, mais garde cette information pour elle-même, car elle juge que le dire aux guerriers ne sert à rien.Toutefois, à présent qu’elle pénètre et s’avance dans la Brume, Morgane découvre quelque chose de très intéressant qu’elle se décide à partager.

“Que les fantômes, dit-elle toujours en référence aux Vents, soient déchaînés, ce n’est pas encore très grave. Ce qui est grave, c’est la stabilité avec laquelle je perçois cette tempête. C’est comme si face à moi une tornade stagnante balayait tout, mais sans bouger. Vous comprenez maintenant, Sire, pourquoi je suis inquiète ?”

Elle se penche et regarde la végétation.

“J’ai besoin de lumière par ici. Ramenez-vous.”

Morgane inspecte l’écorce des arbres, les plantes, l’herbe, la terre. Elle cherche à voir l’effet de la Brume sur la végétation ou même la faune locale. Est-ce qu’elle trouve des insectes morts ? Des oiseaux ? Des rongeurs ? Elle se redresse et continue de marcher en prenant la tête du groupe.

“Plus on avance, plus clairement je perçois le problème. Nous devons encore faire quelques mètres, mais après, on rentre. J’aime pas cet endroit.”

A peine finit-elle sa phrase que quelque chose vient la soulever du sol. Morgane laisse s’échapper un cri de peur, pensant qu’une chose malsaine est en train de s’emparer d’elle.

“AAAAAAAAH NOOOON A L’AIDE”

Vite stoppée par le garde, la sorcière s’arrête de crier et se rend compte que ce dernier vient de lui sauver la vie. Elle tousse.

“Hum. Merci pour votre rapidité et votre clairvoyance Renaud.”

Morgane s’accroche à la taille d'Armand en passant ses mains autour de lui. Elle en profite pour ne plus du tout faire attention à ce qui l’entoure, mais plutôt pour pleinement se concentrer sur les vents. Elle cherche le centre de la tempête, l’endroit où objet, ou la chose qui fixe les Vents pourrait se trouver. Finalement, lorsque le groupe arrive à la caravane, elle descend du cheval. La première chose que fait la sorcière est de se pencher vers un cadavre pour l’examiner. Soudain, interrompue par les cris et le hennissement d’un cheval, Morgane appelle ses camarades.

“Renaud ? Armand ? Venez ici, ne me laissez pas toute seule !”

Elle prend le temps de réfléchir un peu, elle enroule une mèche de ses cheveux autour de son index. Les torches et les lanternes de la caravane attirent l'œil de la sorcière. Il ne faut pas beaucoup de temps à Morgane pour arriver à tirer quelques conclusions de ses observations.

“Les corps sont à peine dispersés, l’attaque a dû être très rapide. Le cheval indique probablement que quelqu’un a cherché à s’enfuir avec mais a échoué. Les créatures sont probablement dans leur élément dans la nuit et dans la brume. Les cris doivent certainement provenir de monstres nocturnes, des prédateurs forts et rapides. La lanterne du chariot est éteinte et il reste de l’huile. Si mes conclusions sont bonnes, les créatures ont peur du feu et de la lumière. Gardez bien vos torches messieurs, la lumière, le feu, c’est probablement ce qui nous gardera en vie si ces choses se rapprochent. Et elles se rapprocheront.”

Très vite, stressée, presque sous la panique à présent et à mesure que les cris se rapprochent, Morgane cherche quelque chose pour conserver le feu de sa torche, mais elle tremble et n’a pas vraiment d’idées. Elle s’avance pour récupérer la lanterne du chariot et l’allume, ça sera toujours ça de plus, ensuite, elle essaie de récupérer les torches des cadavres.

“Armand ? Renaud ? Vous avez trouvé quelque chose ? Des idées ? Récupérez les lanternes et les torches sur les corps, allumez les s'il faut, il nous faut de la lumière par tous les moyens.”
Morgane Leblé, Voie du sorcier illégal
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Armand VII de Lyrie
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Armand VII de Lyrie »

Est-elle réellement une sorcière, ou une dingue ? L’arbitrage n’a que peu d’importance, et mon avis propre sur ses capacités n’est pas formé au fond de mon for intérieur. C’est inconséquent — elle est intéressante, assez pour m’entraîner dans la suite des événements. Les cinglés sont les personnes les plus passionnantes qu’il existe sur cette planète, les gens à l’esprit droit et commun, qui vivent des vies simples et mornes et toutes tracées sont bien pire que les fous à lier… Alors, on va faire un petit tour dehors, dans la brume et le froid, une promenade pour s’ouvrir l’appétit avant le repas, on imagine…

Il y a quelque chose d’apaisant dans la nuit. Beaucoup de gens ont peur du noir, mais il n’y a pas endroit où on sent plus sa pesanteur et son manque de signifiance que lorsqu’on a pour seule compagnie l’abysse… Enfin, ma petite poésie grandiloquente est aisée quand j’ai un cheval alors que mes deux camarades sont obligés de marcher à pied. Alors que je rêvasse bêtement, Renaud sauve de justesse une Morgane hurlante qui allait marcher sur une plante empoisonnée. Cela, on m’a prévenu, par contre — qu’il y avait des roses aux ronces terriblement empoisonnées en Moussillon, ça se vend bien à Oisillon… Je me sens soudain très coupable de m’être perdu dans mes rêves — je me penche un peu pour aider Morgane à grimper, et je félicite le gros ogrelet qui nous accompagne :

« Vous avez des yeux de félin, bonhomme. J’espère que vos services sont bien rétribués. »

Je lui offre un petit sourire que j’essaye de rendre sincère — ce qui est tout un exercice. Brave garçon.



Enfin. On passe, et on se retrouve tous les trois pieds à terre dans un immense charnier. Des corps un peu partout, tous aux têtes tranchées. Pas de pillage. Ça correspond donc au mode opératoire que nous a décrit le semi-Norse. Morgane se met alors à se lancer dans ses observations d’enquête, alors que personnellement, je erre à pied, tenant la bride de mon cheval, à essayer d’enregistrer la scène au fond de mon crâne.
J’ai l’impression de parler tout seul en lançant moi aussi une remarque :

« Où sont leurs têtes ? Je ne vois aucune tête autour… »

On ne les a pas juste décapités pour laisser les crânes rouler au sol. Il n’y a vraiment plus rien. Alors, notre sorcière, dans un tas de conclusions à la volée, se met à indiquer que la lumière serait salvatrice… J’ignore si elle dit vrai, mais je n’ai pas tellement le temps d’approuver ou désapprouver ses conclusions : il y a un terrible cri au loin, qui perce jusqu’aux oreilles - je me dis qu'il faudra se préparer à les boucher. Nous dégainons nos armes et nous nous préparons au combat.

Je lâche mon cheval, fait le tour du chariot, et découvre un superbe tonneau de vinasse qui attend. Si la sorcière veut du feu, on va lui en trouver du feu…

« Cher Renaud, aidez-moi à descendre ça ! »

J’attrape une de mes torches de rechange, et l’allume. Puis, j’élève mon bras, et jette la première au loin, le plus loin possible de nous — ça nous permettra de baliser la brume, et si effectivement ces monstres craignent la lumière, ça permettra de voir comment ils réagissent face à ça…
…Puis, je me jette sur le chariot, et pousse la petite planche de bois qui le retient. Renaud est doublement plus musclé que moi, donc c’est lui qui va m’être utile — mais on peut utiliser ce tonneau en cas d’urgence, soit comme une arme, soit comme un moyen de fuite…

Dans tous les cas, nous n’avons que très peu de temps pour agir. Une fois le tonneau bien au sol, Renaud et moi nous collons chacun à un flanc de Morgane. Je lance une suggestion :

« On devrait être discret, se rendre moins voyants… Peut-être éteindre les torches ?
– Heu… Yep yep, excellente idée, et j’en rallume une comment, mon sire ? Au briquet ? »

On dirait que Renaud est habitué à travailler pour un noble : il arrive à me faire passer pour un gros abruti en faisant genre que c’est lui. Ça marche très bien avec les Bretonniens. Je me mords les lèvres de ne pas l’engueuler et fait plutôt confiance à son expérience.

« On peut juste trouver un moyen de se faire plus petits sous des couvertures, non ?

– Si c’est tout mouillé pour pas qu’on crame, ouais… »

Il retire sa grosse cape de fourrure, et il la… Plonge dans du sang ? Comme ça, sans aucune hésitation ? Juste dans une grosse flaque de boue et d’hémoglobine à côté du corps avec un gros trou au milieu de la nuque d’un des passagers. Et voilà que, sans trop d’élégance, il balance la cape au-dessus de sa tête, et se planque avec la torche, pour essayer d’en réduire un peu la lueur et nous cacher dans l’ombre.
En voilà un surhomme…

« Silence et observons, alors ! »

J’ai beau dire cela, Morgane se pose sur ses deux genoux, et se met à… Chanter ? Chanter quelque chose d’inquiétant, en chuchotant tout bas, dans une langue que je ne connais pas… Là, je commence à avoir légèrement peur d’elle, aussi, je force bien sur la main de mon épée, tandis que je plante le bout de ma torche dans le sol…
Armand VII de Lyrie, Chevalier Bretonnien
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Les trois aventuriers s’activent, Morgane, après avoir fait goûter aux flammes une torche, commence à attirer les vents envers elle. Ils s’agitent, d’une façon contrôlée, et ce, malgré la tendance maligne de la sorcière de créer du Dhar. La magie noire est plus puissante, mais aussi bien plus… instable. Cependant, alors qu’elle oblige par la force de son esprit la magie à venir, elle la ressent beaucoup mieux. Cette brume, n’est pas la cause des vents qui s’agitent, et vice-versa. La brume vient de quelque chose d'autre. Oui, elle provient, quelque chose génère la brume, volontairement.

Pendant ce temps, les deux hommes sont bien plus mouvementés. Ils saisissent le tonneau rempli de vin, et ils le placent à terre, devant eux. La musculature imposante de Renaud se révèle plus qu’utile, permettant un gain de temps certain. Toujours fermés, et posé pas trop loin d’eux sur sa surface plane, il attend son heure alors que le vin blanc à l’intéreur, lui, secoue encore. Les cris ne se sont pas réduits cependant, ils sont toujours stridents, et toujours présents.

Enfin, Armand, décidé à en voir plus, jette une torche devant eux, aussi loin que possible. La torche, embrasée tourne, et tourne, avant de venir s’écraser plus loin devant. Avant même qu’il n’ait le temps de regarder, le colosse revient avec sa cape trempée dans du sang. La fourrure, imbibée par le vin humain, pue terriblement. Renforçant ainsi la putride odeur déjà présente. Désormais à genoux, ou simplement très penché en avant pour Morgane, les trois sont cotes à cotes, et observent.

La torche, envoyée par le chevalier, dissipe la brume autour d’elle, et éclaire très bien. Trop bien. Au centre de deux arbres morts, une figure très haute et étrange se dresse. Un cheval, avec une forme humaine dessus. Sa longue cape bat au vent. Soudain, il lève son bras, montrant une hache acérée qui reflète la lumière de la torche aux pieds de sa monture. La brume est enfin entièrement dissipée par la torche, et devant leurs yeux, ce n’est pas un humain. Comme tous ceux qui les entourent, il n’a pas de tête. Il n’a pas de tête. Il n’a pas de tête.

Et il vient en chercher.
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Les deux hommes gardent leur tête froide, et ne cèdent pas à l’impulsion de l’inconnu. Renaud serre sa hache avec fermeté, ses yeux sont fixés sur le monstre. Pour Armand, il ne comprend pas vraiment ce qu’il ressent, mais il commence à suer. Il oublie de cligner des paupières, et sans s’en rendre compte, ses muscles se tendent. Cependant, rien, rien ne peut se comparer à la jeune femme. Soudain, elle perd la voix, elle qui incarnait dans une langue obscure, ne dit plus rien, sa bouche grande ouverte et muette. Ses mains sont prises de spasmes, quand tout à coup, les orbites brunes de Morgane… deviennent rouges. Comme deux petites lanternes aux verres teintés couleur-sang, une lueur malsaine émane de son regard. Le plus costaud semble choqué, mais essaie tant bien que mal de ne pas y prêter attention, ce qui est assez dur quand il se trouve à moins d’un yard d’elle.

Pendant ce temps, dans la tête de Morgane Leblé, quelque chose se trame. Ce que voit la magicienne, n’est pas seulement un monstre, mais une horreur. Les remparts de l’esprit s’écroulent, ne laissant qu’incompréhension et irrationalité dans son foyer. Morgane, ne comprends pas. Elle sait bien que c’est un mort-vivant, elle le sait et pourtant… Elle voit de l’intelligence, et surtout quelque chose que ceux qui reviennent de l’au-delà ne peuvent jamais posséder. La liberté. Il est son seul et unique maître. Face à l’inconnu, et face à quelque chose qu’elle croyait impossible, elle a peur.

Soudain, le cheval se tourne vers eux d’un geste sec. Soudain, il avance au pas, puis au trot, il prend de la vitesse dans leur direction. Armand ne peut qu’y voir l’évidence, il prend de la vitesse et charge vers eux. Les bruits des sabots ferrés de l’animal retentissent. Le gendarme réagit immédiatement, et hurle de ses pleins poumons :

« GENDARMERIE ! AU NOM DU ROI, STOP ! »

Au son de sa voix, qui vient lutter contre les cris, le cavalier continue d'avancer. Mais Armand peut jurer devant tous les Dieux, que pendant un très court instant, le cavalier s'est redressé et à ralentit avant de continuer. Est-ce que sa trajectoire est la même ? Impossible de le savoir.
Test de TIR(+6) de Armand : 17, bon, ça reste un échec, mais tu peux pas rater réellement ça, juste, elle va aller plus loin que prévu…
Test de VOL(+0) de Morgane : 6, réussite large, informations supplémentaires. Tu comprends plusieurs choses sur la brume.
Test de FOR(+2) de Renaud : 10, large réussite. Il peut manier le tonneau comme vous voulez sans difficulté.

Et désormais, vous vouliez voir ? Vous voyez.

Test de VOL de Morgane, Renaud, Armand(+2, +3 car Sang Froid, +5 car SF et Folie)(bonus dans le même ordre) pour la Peur.
Morgane : 20, échec critique. Tu avais donc
Renaud : 6, large réussite.
Armand : 5, large réussite aussi.
Seule Morgane à un problème, elle vient de canaliser, et de perdre tout contrôle. Nous appliquons la règle d’Interruption. Sur le D13, tu as eu un 3, donc tu obtiens les Yeux de sorcières en fiasco. Et tu perds ta canalisation. De plus, tu gagnes un Point de Folie. La totale. Aussi, toute action contre lui te donneras automatiquement un malus de 2.

Test de ??? de ??? : ???
Test d’INT(+4 car gendarme) d’Armand : 19, échec automatique. tu n’auras que cette information comme aide. Le cavalier charge.
Renaud semble prêt à tenter de l'intercepter.

Choix d'Armand, tenter de gueuler quelque chose.
Test d'INT(+2) de Armand : 13, échec, cependant, tu peux jurer que tu as vu quelque chose. Décris dans le poste, bien entendu.

Le reste sera des actions majeures, donc il faut faire un poste.
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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