[Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Cette cité bretonnienne est également connue sous le nom de Cité des Damnés. Au cours des quinze cents dernières années, Moussillon s’est transformée d’un petit hameau en une vaste et sordide cité. Elle est bâtie dans un endroit particulièrement hostile des rives de la rivière Grismerie. Chaque printemps, les crues balayent les bidonvilles et submergent les rues sous plus de trente centimètres d’une eau fangeuse. Le froid et l’humidité envahissent les moindres fissures : le bois pourrit et se rompt, les pierres s’effritent et les champignons recouvrent tout. Plus de la moitié des maisons de la ville sont vides, témoignage de l’épidémie de choléra d’il y a deux siècles. La ville ne s’est jamais remise de cette hécatombe et est réputée pour être la plus miséreuse de toutes les cités bretonniennes.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] Le Faussaire
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Messages : 184

[Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par [MJ] Le Faussaire »

<< L'individu a toujours dû lutter pour ne pas être submergé par la tribu.
Être soi-même est une tâche difficile.
Si vous vous y essayez, vous vous sentirez souvent seul, et parfois effrayé.
Mais aucun prix n'est trop élevé pour avoir le privilège de se posséder soi-même.
>>

Rudyard Kipling


***


Image

Johannes avait enfin réussi à faire du feu.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ou senti la chaleur d'une flamme. Cela faisait aussi longtemps qu'il n'avait pas pu dormir convenablement. Il avait vécu, oui, et survécu aussi. Il avait survécu au duché maudit, aux marais, aux pièges, aux trahisons, ... Les visages avaient défilé devant lui au fil du temps - tantôt inconnus, tantôt compagnons de route, camarades de galère, félons - et parfois, c'était lui qui avait filé, au gré des vents. Le duché était un territoire libre, un lieu changeant, parfois sec ou gluant, le genre de terre qui vous maintient éveillé le soir, qui s'infiltre sous la peau, qui vous gratte... Qui vous marque.

Après plusieurs mois passés dans un tel endroit, après un tas de baignades forcées dans la fange, les mains dans la glaise et la tête embrumée par les vapeurs locales, on oublie certaines choses. Il avait croisé des sots incapables de langage, des soudards terrifiés au physique digne des héros de conte, des malins aux milles histoires trop bavards pour leur propre sécurité, des bossus, des pieds-bots, des manchots, ... Trop de gens ignorant la vérité ou incapables de produire la leur, là où Johannes s'était accroché à la sienne coûte que coûte : Exister ? Survivre ? Être libre.

Moussillon que ça s'appelait. "Terre-maudite", "fange-noire", "roule-cochon", voilà les surnoms que les gens donnaient à cet endroit abandonné, ouvert à tous. Un endroit sans bornes ni frontières, sans diocèse ni barrières. Un lieu parfait pour les téméraires, les gens hors normes, mais aussi les égarés.

Tout quitter avait été facile d'antan, et la Flèche n'avait pas été le seul étranger à prétendre un tel acte ni le premier à prouver son geste. Mais dans une terre sans fortune, dans ce domaine sans chef, était-ce vraiment une fierté d'être libre si nul ne gouvernait ? Était-ce vraiment logique de déambuler dans un duché ruiné, entre les décombres et les embûches, parmi les ombres et les capuches ?

Quoiqu'il en fût, le feu brûlait bien, malgré la tourbe et les embruns. L'air était à peu près sec, à peu près tiède, mais surtout respirable. De son piteux refuge, il pouvait observer les alentours, entendre le bois craquer, sentir le vent se gâter... Bref, quoi qu'il advienne, il aurait le temps de s'y préparer.
Test d'INT : 3, facile.

De plus, Johannes était seul. Aucun bruissement suspect, aucun souffle bestial, aucune trace de pas à proximité. La lune était bien haute et lointaine... Oui, elle était loin, si loin qu'elle paraissait minuscule : moins grosse qu'un bouton, aussi bosselée qu'un œil laiteux, qu'un œil secoué par une batte ou une masse... Comme tant de gens et tant de bêtes en ont des paires et des paires dans le coin.

Par chance, le brigand n'avait rien laissé derrière lui lors de ses escapades. Il ne lui manquait aucun doigt, aucune main, et ni dent ni pied ne manquait à l'appel. Et par un étrange tour du destin, Johannes n'avait rien laissé derrière lui, lors de ses escapades. Aucun allié, ennemi, ancêtre ou vieil ami. Johannes était seul. Johannes était libre.

Reste à savoir lequel des deux il préférait, et lequel des deux le hanterait ce soir, avant d'être cueilli par le sommeil ou tout autre artifice de la pensée.
Test d'END : 5, réussi.

Tu vas bien. Tu es peut-être fatigué, mais tu vas bien.


Et pour lancer ce Rp, je te laisse rajouter à ta signature ceci :


Tu démarres avec un score de 43 en SAN.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

Avatar du membre
Johannes La Flèche
PJ
Messages : 113

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par Johannes La Flèche »

Encore un jour de gagné.
Alors que le chant des crapauds, des corbeaux et d'autres bestioles résonnaient dans le crépuscule, se faisant entendre au loin dans le marécage, le hors-la-loi s'écarta un peu du feu, pendant quelques instants. Son regard, scrutant maintenant le sol humide qui l'entourait, ne tarda pas à repérer la chose qu'il recherchait. Face à la souche de bois mort qu'il venait de trouver, Johannes lui donna un léger coup de pied, afin de voir si elle avait été pourrie par l'humidité du marais ; apparemment, ce n'était pas le cas. Tant mieux.
La main calleuse du bandit vint alors prendre cette fameuse bûche, et la traîna auprès du feu. Finissant par s'y asseoir dessus, le bretonnien se pencha légèrement vers les flammes orangées, commençant désormais à frotter ses mains face à ce petit brasier.
Encore un jour de gagné.
Une fois ses doigts assez réchauffés, et alors que les ombres nocturnes se rapprochaient de lui, le renégat entama l'inspection de son équipement.
Il jeta un coup d’œil sur ses bottes, au cuir toujours solide, mais maculé par la fange après plusieurs jours passés dans le bayou ; fouillant dans son sac, il examina aussi ses rations, afin de voir si elles étaient toujours comestibles, ou bien pourries par le temps de chien qui s'acharnait sur cette sinistre région ; il vérifia toute la corde qu'il possédait, avant de l'enrouler autour de lui, en bandoulière, confectionnant même une boucle coulissante avec la dernière toise pour créer un lasso. Son arc, ses flèches, son couteau de chasse, son matériel d'escalade, et même sa petite fiole de poison, qu'il examina en la secouant doucement avec son pouce et son index: Johannes inspecta tout, pendant plusieurs minutes.
Il fallait être bien outillé pour survivre dans le Moussillon, et échapper au horreurs qui arpentent ce pays désolé...Cette contrée pourrissante...Ce maudit duché...

À cette pensée, et tandis qu'il terminait la revue de son matériel, une sorte d'aigreur, âpre, commença à s'insinuer dans l'esprit du renégat.
Lorsqu'enfin, il se retourna vers le feu, celui-ci éclairait maintenant un visage à l'air assombri, à moitié dissimulé sous un foulard et une capuche ; un visage dont les yeux, d'habitude si perçants, étaient désormais ternis par l'amertume.
Se rasseyant lourdement sur la bûche, le hors-la-loi tenta de dissiper les nuées d'idées lugubres qui ne cessaient de l'assaillir. Saisissant une petite branche de bois qui traînait au sol, Johannes essaya de se distraire en commençant à tailler ladite branche avec son couteau.
Mais au final, cette activité ne lui occupa que les mains. Même si beaucoup de copeaux de bois tombèrent par terre, la rancœur, elle, continua de monter dans le cœur du brigand.
Tandis que la nuit raffermissait son emprise sur le Moussillon, et que la lune rejoignait sa place au sein du ciel nocturne, le renégat, broyant du noir, ne pouvait s'empêcher de ressasser les choses et les causes qui l'avaient conduit ici, dans cette région malsaine.
Imbibé par un certain dépit, l'esprit du bandit ruminait sans cesse son passé, qui à ce stade, pouvait se résumer en deux mots: Abandon et Trahison, tantôt subis, tantôt infligés. Sa taillade de la branche se fit alors plus sèche, ses gestes devinrent de plus en plus nerveux, au fur à et mesure qu'il se rappelait du seigneur Enguerrand, de Kragrim, de Ragnar, de Viktor, du blondinet impérial, du seigneur Archibald...
À l'évocation de ces noms, de ces visages, et des souvenirs qui les accompagnaient, une colère, à la fois sourde et froide, s'empara du bretonnien, lui faisant froncer ses sourcils, et durcissant un peu plus les traits de son visage.
Connards de nabots...Enculés de sang-bleus...Ces gens-là l'ont abandonné, voire l'ont même humilié et pourchassé, pour le simple fait que son existence, exposée juste devant leurs yeux et leurs esprits bornés, leur avait déplu. Johannes en était persuadé, c'était à cause d'eux qu'il se retrouvait ici, obligé de survivre dans la tourbe comme le dernier des reclus, dans des marais qui puent littéralement la mort.
Encore un jour de...de perdu.
D'un coup, le hors-la-loi jeta nerveusement sa branche de bois dans le feu, avant de se le lever brusquement pour s'en écarter.
Au beau milieu de la nuit, entre les ombres et la lueur des flammes, entre la fange et les arbres décrépits, voilà que le rôdeur, à l'allure glauque, commence désormais à faire les cent-pas, croisant ses mains émaciées dans son dos, et marmonnant dans son foulard quelques mots incompréhensibles.

Un véritable torrent de ressentis s'abattait sur l'esprit du bandit, d'habitude porté sur des choses bien plus concrètes et pratiques ; des fois logiques, des fois contradictoires, ces sensations nébuleuses se succédaient, les unes après les autres, sans que le malandrin ne puisse les arrêter ou mettre le doigt dessus. Après l'aigreur, ce fut la nostalgie qui se présenta, rappelant au renégat qu'il y a bien trop longtemps, dans une précipitation presque honteuse, il avait abandonné ses proches et sa petite vie de paysan dans le Bordeleaux ; un choix peut-être regrettable, et un remord désormais ineffaçable.
Mais d'un coup, voilà que la hargne, rageuse, surgit à son tour, bousculant cette mélancolie passéiste, et imposant son emprise fielleuse sur l'esprit du bandit ; de ces pensées, amères comme brûlantes, germa alors quelque chose d'encore plus sinistre et pernicieux: la haine. Cette haine, cette maîtresse malicieuse, orientait maintenant l'âme de Johannes vers un chemin sanglant, lui pressant d'accomplir une sorte de vendetta, aussi aveugle que féroce, contre tous ceux qui lui avaient causés du tort, et tout ce qui pourrait lui nuire par la suite.
Cependant, même cette exécration finit par s'éteindre, à l'image d'un feu de paille brûlant bien trop vite. Et après que les cendres de la vengeance se soient dispersées, la désillusion lui succède, accompagnée par la déception ; les voilà qui interpellent le malandrin avec fracas sur sa présente situation. Leurs questions envers Johannes furent des plus crues, mais aussi des plus exactes.
On dit que la nuit porte conseil ; mais dans le cas du brigand, il semblerait que les ombres glaçantes du Moussillon ne lui apportent que doute et défiance.
Où est-ce que toutes ses petites aventures et ses coups de tête l'avaient emmené? C'était donc ça, la fameuse Liberté qu'il avait tant souhaité? Vivoter comme un miséreux dans un marécage putride? Dans un duché maudit? Tout en étant méprisé par le reste de la société bretonnienne?
Où sont passés l'argent facile et la vie palpitante que le brigandage lui promettait? Quel fierté, quelle satisfaction y avait-il à tirer de tout cela?
Le rôdeur pouvait-il sérieusement prétendre qu'il avait réussi à faire quelque chose de son existence après de tels constats?
Quels espoirs fallait-il encore nourrir vis-à-vis de l'avenir? Fallait-il encore espérer d'ailleurs? Avait-il encore une famille? Ou bien même un futur?
Le bandit, lui-même, n'en était plus si sûr désormais...

Soudain, le regard agité du renégat se posa sur la lune, culminante dans la voûte étoilée.
Alors ses jambes comme ses pieds se figèrent, ses mains se détachèrent l'une de l'autre, ses lèvres se refermèrent, et la multitude d'émotions qui le parcourait s'estompa, petit à petit, tandis que ses yeux continuaient leur contemplation de l'astre blanc.
À croire que le bandit avait été frappé par quelque chose.
Un silence, pesant, enveloppait désormais la silhouette immobile de rôdeur, à moitié éclairée par la lueur de la lune, et à moitié engloutie par la pénombre environnante.
Lorsque celle-ci se retourna enfin vers les flammes crépitantes, ces dernières dévoilèrent un regard froid, austère ; mais un regard dont les yeux brillaient cette fois-ci, animés par une obscure résolution.
Après tout, les geignards, les indécis et les nostalgiques ne font pas long feu dans le Duché Maudit...

Ainsi, si Johannes ne sait plus grand chose par rapport à son avenir, il sait par contre ce qu'il fera le lendemain.
Demain, dés l'aube, à l'heure où la rosée recouvrera le marécage, le hors-la-loi s'en ira vers le nord, à la recherche d'une bande de malandrins, de pillards, ou bien "d'alliés" avec qui il pourra s'associer. Si seul, le rôdeur pouvait survivre dans ce duché perdu, alors au sein d'un groupe, il pourrait accomplir bien plus de choses. Et si jamais il n'arrivait pas à trouver des partenaires dans le Moussillon? Alors il cherchera à quitter ce duché, afin de poursuivre sa nouvelle quête de "compagnons". On verra bien ce qui se passera par la suite.

Tout ceci étant médité, Johannes récupéra tout son matériel, avant d'étouffer son feu de camp. En effet, garder ce petit brasier allumé, au beau milieu des bayous hantés du Moussillon, était une véritable invitation à se faire repérer par toutes les créatures malveillantes et les prédateurs endurcis des environs ; inutile de dire que le rôdeur voulait franchement éviter ce genre de situation.
Une fois sa besogne terminée, il commence ainsi à s'écarter un peu de l'endroit.
Dans ces marécages lugubres, toujours figés dans un silence qui confinait au surnaturel, le rôdeur se mit alors à regarder les quelques arbres qui lui faisaient face, puis marcha parmi eux, recherchant surtout un tronc et des branches qui ne seraient pas pourris.
Une fois qu'il trouve un tel arbre, mettant son arc en bandoulière, le rôdeur commence alors à l'escalader, cherchant à se mettre à une hauteur respectable, bien à distance du sol. Une fois perché dans l'arborescence, il essaye de se caler entre deux branches, afin de trouver une position plus ou moins "confortable" pour se poser et dormir, sortant une couverture de son sac, qu'il aura entre-temps accroché à une autre branche, et s'emmitouflant avec pour supporter le froid nocturne.
Sûrement que le malandrin ne dormirait que d'une oreille ce soir, comme quasiment toutes les autres nuits d'ailleurs. Mais perché sur son arbre, il aura au moins l'avantage d'entendre ses ennemis ou de les voir venir de loin ; et cela sans compter sur le fait qu'il leur faudra escalader l'arbre pour atteindre Johannes.
Si on veut s'en prendre à lui pendant qu'il dort, alors il va falloir se lever tôt...
Johannes "La Flèche", Hors-la-loi
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | SAN 37 | PV 8/65

"Être prévisible est une faiblesse"

Avatar du membre
[MJ] Le Faussaire
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Messages : 184

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par [MJ] Le Faussaire »

Test secret : 5, réussi.
Lorsqu'il trouva enfin une position confortable, il fut aspiré sans un mot de plus vers les toiles du sommeil...

Il faisait nuit.
Il faisait froid, mais il n'avait pas froid. Quelque chose l'empêchait de bouger - Non, quelque chose l'empêchait de parler. Quelque chose remuait de l'eau - des rames ? Des rames. Des rames lourdes, qui ne claquent pas, qui coulent. Il... Il était sur un bateau ? Une barque ? Oui, une barque.

Sur une longue coque en bois, lui et un autre individu avançaient dans le brouillard. L'autre individu ne ramait point. L'autre individu ne le regardait point. Johannes était en train de ramer. Johannes soufflait des lourdes bouffées d'air opaque, inspirant d'autres volutes selon un effort éreintant, grinçant. Tout autour de lui était flou, glacé, grisonnant sinon bleuté. Tout, sauf la barque. Tous, sauf le passager.

L'embarcation était tiède, silencieuse, absorbant de rares clapotis à peine suffisant pour signaler du mouvement. Les rames lui brûlaient les membres et les os. Et pourtant, il n'arrivait pas à s'en défaire. Il n'arrivait pas à s'arrêter de ramer.

Lorsqu'il leva les yeux vers l'autre individu à bord, ce dernier était toujours le dos tourné. Il - en admettant qu'il était un homme - n'avait aucun signe distinctif, aucun symbole, aucun vêtement autre que cet étrange voile trouble, cette paroi d'ombres cendrées qui donnaient l'impression que l'individu flottait sur les planches de bois, tout en flottant dans son vêtement. Malgré tout cela, il n'avait aucune silhouette propre, aucun stigmate. Il n'était qu'un passager, un hère sur un navire enseveli dans la brume.

Soudain, un trait se révéla chez le passager. La longue coule se tourna, le tissu de minuit s'étendit pour révéler une main glabre, noueuse, laiteuse, qui tenait fermement une lanterne. La lanterne était en jais, en éclat de ciel, tant elle semblait absorber toutes les émotions avec son noir étincelant, tout en éclairant le monde de sa lumière opaline.

- "Souviens-toi, et surtout n'oublie pas : Méfie-toi des menaces légères, car elles te feront tomber."

Le passager se dressa sans bruit, et sans un geste de plus, il fit face à Johannes. Les regards se perdirent sous la coule, dans le noir, dans le vide entre les étoiles du ciel.

***
Chose assez rare, seul le soleil fut assez dérangeant pour réveiller Johannes. Et lorsqu'il ouvrit un œil, le bandit observa qu'il était encore dans son arbre. Il était entier, en vie, intact - hormis une empreinte que les branches avaient imprimée sur ses chairs durant la nuit. Autour de lui, il n'y avait pas un mouvement, pas un soupir, au point où il fut le seul à agiter les environs.

Après un rapide coup d'œil sur son équipement, rien ne manquait à l'appel, pas même une dent. Il se mit alors en route, comme il en avait convenu la veille, cherchant d'abord un point de repère qui pourrait s'affilier au Nord.
Test d'HAB pour descendre de ton perchoir silencieusement (+2 vu tes compétences) : 19, c'est raté
Test d'orientation, à +2 : 16, 10, du deuxième coup. Tu perds au moins une vingtaine de minutes, le temps de te rendre compte de ton erreur.

Après avoir repéré un hêtre suffisamment grand et étonnamment bien placé, la route était toute tracée pour le brigand. Il ne restait plus qu'à redescendre sur terre, à respirer un grand coup, et à se mettre en route pour la journée. Se servant de ses bras comme d'une boucle d'attache, il ancra ses mains jointes sur la branche la plus solide du lot. Sauf que la branche grinça, se mit à plier dangereusement et - par un réflexe tout à fait humain -, elle se délesta de tout effort, et tout occupant. Le nombre de branches alentours permit au brigand de ne pas s'écraser la tête la première, mais il dut tout de même abandonner toute chance de discrétion pour les quelques minutes qui suivirent.

Une fois arrivé à terre, le point de repère avait évidemment disparu entre la masse partiellement inondée qu'était le sol et les futaies étriquées qui servaient de végétation. Le bandit dut donc se fier à son instinct personnel. C'est seulement après de longues minutes passées entre les racines montantes et les poches d'eau saumâtre que le hêtre jaune qu'il avait remarqué n'était plus au "nord" de sa position, mais à son "ouest", comme si lui ou sa cible s'était déplacée entretemps.

Désormais fixé sur la direction à prendre, il n'y avait plus qu'une seule chose à faire : avancer.

***
Cela faisait des heures qu'il crapahutait dans la fange et dans la forêt. Comme à chaque fois, il n'avait croisé personne durant les premières heures de ses trajets, et comme à chaque fois, il savait que s'arrêter offrirait plus de chances aux prédateurs locaux de le repérer. C'est alors que, peu après la mi-journée, il tomba sur une étendue de terre meuble et en partie dégagée.

Il y avait toujours de la végétation, mais ce n'était plus la canopée étouffante qu'il avait tant côtoyée. Il avait devant lui une sorte de plaine terreuse, grasse, où poussaient quelques larges arbres courageux et suffisamment habiles pour ne pas siéger à-même le sol - il y avait un espace vide entre les souches et la terre, comme si les frênes et les bouleaux s'étaient plantés sur la pointe des pieds.
Test de perception : résultat secret.

Une fois qu'il eut franchi ce premier cap, il y eut un bruit, comme une course effrénée. La chose courait très vite, et elle soufflait très fort. Au bruit, elle ne devait pas être immense, et plutôt fatiguée. Quelques minutes plus tard, d'autres pas se firent entendre, plus calmes, mais aussi plus nombreux.

Lorsque les bruits de pas se rapprochèrent de Johannes, il put entendre une voix sèche, qui lançait d'un ton rieur :

- "Petit cochon, par ici... Petit-petit-petit, viens voir papa... Petit cochon ? Allons, je sais que tu es là ..."
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

Avatar du membre
Johannes La Flèche
PJ
Messages : 113

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par Johannes La Flèche »

Et c'est reparti pour un tour.
Encore une journée passée à gambader, à batifoler, paisiblement, dans une forêt luxuriante et débordante de vie! Un paysage enchanteur -voire même féerique, où tout ce qui vous entoure, de la terre émeraude au soleil radieux, en passant par les grands chênes, à la majesté plurimillénaire, ne vous souhaite que joie, plénitude et bonheur! Qu'il est bon de savoir qu'aucun danger ne vous guette, qu'aucune menace nébuleuse ne suis vos pas ; qu'il est reposant d'entendre uniquement les gazouillis enthousiastes des oiseaux, ou bien le souffle léger de la brise qui se contente, simplement, de faire bruisser les milliers de feuilles colorées qui vous entourent ; qu'il est apaisant d'écouter, dans le lointain, l'écoulement paisible d'un ruisseau à l'eau limpide et au cours tranquille. Et que dire, que dire de ces nymphes rieuses, à la superbe chevelure, aux visages angéliques, et aux corps plus qu'envoûtants, qui accourent vers vous pour vous honorer de leur agréable compagnie?
Rien. Il n'y a rien à dire justement.
Tout ceci n'existe pas ; tout cela n'est qu'un agréable mirage dans l'esprit du rôdeur ; et bien évidemment, cette douce illusion finit par se dissiper, laissant place à la réalité, toujours aussi décevante.
Cette même réalité rappelle ainsi au bandit qu'il ne se trouve pas dans les bois enchantés d'Avelorn, ou dans les clairières surnaturelles d'Athel Loren, mais bel et bien dans une immense fosse à merde : le Moussillon.

Alors, Johannes, poussant un bref soupir, continue sa marche, dans ces bayous sur lesquels plane un silence de plomb, uniquement perturbé de temps en temps par le bruit de ses bottes, quand elles marchent sur des feuilles mortes, ou s'enfoncent un peu dans la boue, omniprésente dans ces marais pourrissants.
Derrière sa capuche et son masque miteux, sous ses sourcils froncés, ses petits yeux perçants montent la garde avec vigilance, balayant sans relâche son environnement, scrutant les ombres étranges, ainsi que les souches tuméfiées, qui parsèment les environs ; après tout, le danger vient souvent de l'endroit où on ne l'attend pas. Cependant -assez bizarrement même, cette fameuse menace que le renégat cherchait tant resta bien discrète, voire ne se montra pas ; pas un cadavre réanimé ne fut à signaler entre les roseaux et les mares stagnantes ; pas un mutant, pas l'ombre d'une sinistre créature ne surgit dans le coin de l’œil du bretonnien, ou même dans son dos.
Non mais, sérieusement, c'était à croire qu'il n'y avait pas de...

Danger?

Le hors-la-loi se fige d'un coup, ses yeux et ses oreilles sont désormais grands ouverts, en alerte, à l'affût du moindre son, du moindre mouvement. Voilà maintenant qu'il commence à fléchir ses jambes, doucement, avant de se baisser lentement, devenant aussi silencieux qu'un mort ; ses longs doigts pâles, animés par l'instinct et le sang froid, se portent alors sur la poignée de son arc.
Les sons sont toujours là.
On aurait dit des bruits de pas, trop agités pour être ceux d'un zombard ou d'un squelette, mais trop irréguliers pour appartenir au genre humain.
Johannes plisse alors ses yeux, tentant de voir à quel genre de créature il avait affaire ; cependant, ses vertes rétines n'aperçoivent que de la fange gluante, et des fougères malades. Avec un peu de chance, peut-être que c'était du gibier qui se remuait là, sous ses oreilles.
Peu à peu, la curiosité fit son chemin dans l'esprit du rôdeur, intrigué qu'il était par cette situation. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut croiser un animal vivant dans ce duché maudit -en excluant les escargots et les grenouilles bien sûr.
Ainsi, l'ancien paysan commença à se redresser, son arc à la main, afin de voir de quoi il en retournait.

"Petit cochon, par ici... Petit-petit-petit, viens voir papa... Petit cochon ? Allons, je sais que tu es là ..."

"Crévindju d'mes deux."

Lâchant un juron au passage, fronçant un peu plus ses sourcils, le brigand s'immobilisa à nouveau.
De nouveaux bruits font leur apparitions, plus réguliers, mais aussi plus nombreux...Des humains?
Qu'est-ce que c'est que tout ça? Depuis quand on chasse le cochon dans le coin? Est-ce que Johannes venait sérieusement de passer à côté d'un porc quelques instants plus tôt? A cette simple pensée, le bretonnien, habitué à manger, sur le pouce, des rations insipides, ne put s'empêcher d'imaginer des côtelettes, cuites au feu de bois et bien juteuses, ainsi que de la saucisse, et des tranches de jambon savoureuses...
Une sinistre conclusion frappa ainsi l'âme du malandrin: tout cela, toute cette bouffe, il l'avait entendu courir plutôt...Et il venait de rater tout ça...
Non, pas encore ; il n'avait pas tout à fait loupé cette opportunité.
Ainsi donc, le voilà qui se redresse à nouveau, et, semblant animé par un nouvel objectif, il marche maintenant à la rencontre de cette voix assez particulière...avant de s'arrêter, une troisième fois, après avoir fait quelques pas seulement. Un détail, à la fois léger mais aussi important, avait encore immobilisé ses pieds et ses jambes. Selon toute vraisemblance, cette fameuse voix n'avait pas repéré le rôdeur...Ce qui veut donc dire que...
D'un coup, Johannes baisse légèrement sa tête et son dos, puis entame une marche rapide, aux foulées irrégulières et aussi discrètes que possible, vers l'arbre le plus proche. Une fois au pied de ce frêne aux attaches hypertrophiées, le rôdeur prendrait justement appui sur ses racines pour grimper, puis se hisser rapidement et furtivement dans les branchages de l'arbuste. Si jusqu'ici, tout se passerait comme prévu, alors une fois installé dans les branches, il prendrait une flèche de son carquois, avant de l'encocher à son arc.
En effet, on est jamais trop prudent face au gibier...
Enfin, une fois tout ceci effectué, le hors-la-loi plisserait des yeux dans un effort d'observation, mettant sa main gauche en visière au niveau de son front, et essayant de repérer cette étrange voix. S'il n'avait pas réussi à voir un cochon alors qu'il était au sol, Johannes aurait sûrement plus de chance d'apercevoir quelqu'un d'un point de vue en hauteur. Pour le reste, il improvisera.
Johannes "La Flèche", Hors-la-loi
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | SAN 37 | PV 8/65

"Être prévisible est une faiblesse"

Avatar du membre
[MJ] Le Faussaire
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Messages : 184

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par [MJ] Le Faussaire »

Test d'écoute - ??? : 15, il ne t'a pas entendu.

Malgré la pauvreté du décor et l'absence de buissons ou de cachettes à ras-terre, le bandit démarre furtivement son plan. Malgré le son provoqué par son juron, la scène ne semble pas changer. La voix inconnue continuait de chercher et d'appâter le cochon, tandis que le cochon ne pointait toujours pas ses oreilles ou son groin. Arrivé près d'un saule assez bas de souche, voilà une autre étape qui s'annonce : l'escalade. Alors qu'il cherche un appui ou une prise qui ne soit pas trop lisse ou trop large, l'appel redouble, et se complète même avec un :

- "Petit cochon, par ici... Tu sais ce qu'il t'attends, hm ? Petit-petit-petit..."
Test de perception - ??? : 18, raté.

Test d'escalade, à +3 vu ton équipement - 18, 8. C'est toujours difficile le premier coup.

Déplacement silencieux ? - 11, tout juste.

Test de perception - Johannes : 8, c'est déjà mieux.

Test secret - le cochon : 20. Ah.

Non sans mal, le brigand se tend, se dresse, se hisse jusqu'à l'étage supérieur - celui où se trouvent les souches des arbres, puisque ceux-ci semblent refuser de se poser correctement au sol. De cette hauteur supplémentaire, il arrive à épouser la silhouette du tronc, et à mieux distinguer celles d'autrui. En quelques secondes, les voix s'accrochent à des formes, et les formes prennent vie. Il y a là trois hommes, trois rudes gaillards aux vêtements dépareillés, aux armes de fer et de bois, salis par le temps et le soleil, usé par l'habitude et la faim. Tous sont vêtus comme des forestiers ou des campagnards, avec des braies de laine drue, des brassières de cuir par-dessus les manches trop courtes ou trop longues qu'ils portent sous leur doublet molletonné. Les vêtements sont tâchés par endroits, recousus à d'autres, sans aucun but. Ces deux-là sont armés d'arcs et de capuches, celui-là d'une cognée et d'une corde étrangement longue et lourde.

*** Style relatif du trio décrit ***
Image

Soudain, quelque chose fait irruption dans le champ de vision de Johannes. Quelque chose de vif, mais de maladroit. Un humain. Un homme. Un quatrième homme, qui tremble comme une feuille, qui a les mains pleines de glaise, les cheveux trempés de sueur. Il essaye de se faufiler entre les racines des arbres, mais l'espace entre chaque souche est tel qu'il doit ramper ou plonger à chaque fois.

Mais cette fois, les pisteurs semblent avoir flairé l'astuce.

- "Tu sais s'qui s'passe si tu r'viens pas. Allez, sors de ta cachette..."

Les archers se mettent en joue, tandis que le "cochon" se fige derrière quelques racines.

- "J-J-J'ai rien, j'ai pas s'que vous cherchez !

- Pffff..."

Voilà que le bandit de tête leve les yeux au ciel, prend une grande respiration avant de parler, lançant un ordre sec et impératif :

- "Si tu reviens pas maintenant, tout l'monde y passe. Et après... On t'chassera. On t'chopera."

L'un des archers s'écarte et se place dans un autre angle, sans doute pour assurer les mouvements alentours. Malgré ces précautions de dernière minute, Johannes est toujours à l'écart de cette scène, à l'abri. Il est à la fois seul spectateur et seul être vivant en hauteur, armes en main.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

Avatar du membre
Johannes La Flèche
PJ
Messages : 113

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par Johannes La Flèche »

Dans cette plaine déserte, presque désolée, et entre ces arbres aux formes tordues, Johannes, conseillé par la patience, avait jusque-là suivi et "subi" le cours des évènements. Mais l'heure n'est plus à l'attentisme désormais ; après avoir compris tout ce qu'il vient de voir et d'entendre, le bandit doit désormais agir, dicter à son tour le rythme de toute cette petite affaire, s'il ne veut pas que cette occasion, présente juste sous son nez, ne lui file entre ses doigts. Ainsi, aidé de sa furtivité, il se décide finalement à passer à l'action.
Le bretonnien encoche pour de bon sa flèche à la corde de son arc, tandis que son regard, toujours austère, se balade une dernière fois entre le "cochon" et l'autre malandrin à capuche. Tandis que le silence, pesant, plane à nouveau sur la clairière, le rôdeur relève alors son arme, puis commence à la bander ; sa flèche et ses yeux perçants sont maintenant dirigés contre ce péon, à moitié planqué dans les racines.
La Flèche commence à plisser ses yeux, tirant un peu plus la corde de son arc, ramenant l'empennage de son trait jusqu'à sa joue gauche.
Ce pauvre type n'avait sûrement rien demandé ; peut-être même qu'il avait une famille à nourrir d'ailleurs...
Le bandit, retenant d'un coup sa respiration, réajuste légèrement sa flèche, du bout du doigt.
Lui aussi avait été à la place de ce pégu, face à Viktor, au blondinet impérial, et ses gorilles à la gâchette facile...
Où est-ce qu'elle est sa jambe? Ah. Juste là...Viser la jambe...
Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. De toute façon, dans ce maudit duché de merde, personne ne lui ferait de cadeau.
Une étrange lueur se met alors à briller dans les petits yeux de Johannes.
Cet homme était juste là au mauvais endroit, au mauvais moment ; il n'était...qu'un simple dommage collatéral...

Le bandit tira ; sa flèche, sifflant dans l'air, fila à toute vitesse vers le fameux petit cochon.
Ce tir est d'ailleurs un excellent exercice pour le rôdeur, car il ne tarderait pas à savoir si sa visée et son talent à l'arc se seraient ramollis ces derniers temps ; même si à vrai dire, il ne se faisait pas non plus trop d'illusion sur les chances de toucher sa cible.
En fait, finalement, un tir raté ne dérangerait pas Johannes...
Ce serait d'ailleurs à ce moment-là qu'il faudrait vraiment se concentrer, car dans tous les cas, que sa flèche déchire ou non la chair de sa cible, cette dernière, se sentant à très juste titre repérée et visée, bondirait très probablement hors de sa cachette pour tenter d'aller se terrer ailleurs, en vain...
Si son premier tir aurait échoué, alors le brigand profiterait justement de cette seconde opportunité. Reprenant immédiatement une flèche de son carquois, le bretonnien, avec toute la célérité qu'on voudra bien lui prêter, la réencocherait aussitôt à son arc, avant de viser les jambes et de tirer une fois de plus sur sa cible. Et si jamais second ce tir, se moquant de la détermination et de l'adresse de Johannes, échouait à son tour?
Eh ben il lui balancera un troisième tir dans sa gueule. Et puis un quatrième si ça marche pas. Et puis un cinquième ; et puis un sixième.
Il va saigner ce petit con. Il faut qu'il pisse le sang comme un gros porc justement. Comme ça qu'est-ce qu'on fait si on le perd de vue? Eh bien on suit les traces de sang qu'il aura laissé derrière lui, voilà l'idée.
D'une manière ou d'une autre, aux yeux du bandit, le compte de ce pégu semble déjà réglé, à condition bien sûr de garder un œil dessus.
Quand aux autres malandrins, qui restent dans le fond de ce décor lugubre, l'attitude du rôdeur envers eux dépendrait de leurs propres réactions.
La réponse de Johannes, si jamais réponse il y aurait, resterait en tout cas silencieuse, afin de garder un semblant de discrétion face à sa cible.
Il pourrait peut-être - il faut bien insister sur le peut-être, faire quelques signes de la main au trio, si ce dernier se montrait coopératif, histoire au moins de leur signaler sa position.
Toutefois, son objectif principal resterait la traque et la capture du cochon.
► Afficher le texte
Johannes "La Flèche", Hors-la-loi
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | SAN 37 | PV 8/65

"Être prévisible est une faiblesse"

Avatar du membre
[MJ] Le Faussaire
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Messages : 184

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par [MJ] Le Faussaire »

Jet de TIR : 10, tout pile - touche le dos/torse - 21 pv
Jet d'END - "cochon" : 18, c'est tout sauf discret tout ça.
Jet d'INT pour le trio : 18, 17, soit. Ils ne t'ont pas vu.
Test secret - "cochon" : échec, il va tenter de fuir/courir
Test d'INI - Cochonnet vs Trio : 8v8, le trio gagne - 22pv
Le "cochon" va s'arrêter net et se rendre.
L'air s'étend, le souffle s'étale, et puis... Et puis un trait, un fil s'élance au loin, vers l'inconnu, dans une courbe incisive qui siffle légèrement avant l'impact. Le choc est net, direct, suffisant. Une saccade vient conclure le tir - pas de doute, il est touché. Johannes a vu juste, visé juste, touché juste. La respiration du "cochon" se bloque, il tremble, et ne peut que cracher un soupir bruyant qui sera très vite ravalé, en vain.

- "Le voilà ! Chopez-le !"

Là, le vent change de sens, et tout s'accélère. Le porc s'élance sur le côté, le corps basculé en avant, les mains collées au cou. Il passe une souche, une autre, plonge... Et un autre impact vient le cueillir. Séché sur place, couché comme du bois mort, il s'étale de tout son long sur cette terre adhésive. Il balbutie, il gémit, les mains sur la tête. Dans son baragouinage, il semble se rendre, implorer pitié, pardon, et un tas d'autres choses encore.

- " On est pas seuls. Trouvez l'aut' courtard !"

Les deux archers de campagne se collent un instant dos à dos, avant de s'éloigner dans des directions opposées. A priori, Johannes a fait mouche plus d'une fois en un seul tir, vu les visages agités qu'il toise depuis sa cachette.

- " Alors comme ça on prend la bonne décision ? C'est tes cousins qui t'remercieront, crois-moi. Allez, lève-toi ! Et amène not' part !"

À nouveau, le cochon grogne, se confond en pleurs et en pardons, entre deux quintes de toux grumeleuse.
Choix du joueur : Je sors de ma cachette et je siffle un coup, histoire de dire que je suis là. J'essaye de parler avec eux, et de me rendre utile pour eux. Mais je garde un œil sur les archers et les gestes qu'ils font ... Juste au cas où ...
Lorsque Johannes s'écarte de son abri, rien ne se passe. Mais lorsqu'il siffle pour s'annoncer, toutes les têtes se tournent à l'unisson. Les émotions passent de la surprise au doute, puis s'ancrent dans la méfiance.

- " Qui c'est qu't'es ? T'es humain j'espère ? C'est quoi ton nom ?" qu'on lui lance à la volée selon la tête qu'il fixe.

Une fois qu'il s'est présenté et expliqué, seul un des soudards baisse son arme. L'homme de tête s'avance alors, traînant par la nuque et les mains - à présent jointes par une corde - le fugitif récemment capturé.

- " Tu sens l'humain et tu tires bien en tout cas. T'es seul ? Nous, non. Mais à s'que j'vois, on avait un but commun, alors viens voir avec nous. T'façon j'ai à discuter avec l'merdeux. Gaet' ! "

Dès que le vagabond répondit, l'homme de tête changea de direction, les mains fermement accrochées au cordage et à la tignasse de son prisonnier. La délicatesse ne fut pas de mise, vu les coups de talon dans les mollets et les étranglements volontaires lorsque ce dernier essaya involontairement de résister - soit parce qu'il trébuchait, soit parce qu'il compliquait un peu trop la marche de son meneur et porteur.

Très vite, ils arrivèrent en vue d'une bourgade, une sorte de village crotté et isolé de tout. L'endroit était pratiquement désert, tant il semblait repousser la végétation et le relief alentour. Dans cette sorte de bassin sec, les quelques traces d'activité étaient une tentative bien pittoresque de plantation, où de nombreuses tiges luttaient tant bien que mal avec la glaise et les gravats. Le reste du paysage était vide d'intérêt, sinon de choses à observer. Ils bifurquèrent légèrement avant de tomber sur un muret d'enceinte et une porte rafistolée. Ainsi, c'était l'entrée véritable de ce hameau, même aux yeux de Johannes, n'importe quelle partie du mur était franchissable en une ou deux enjambées.

Image
- "Nous v'là avec l'pactole, enfin presque. Ouvre tout ça, qu'on s'débarasse de s'fardeau."

Le garde posté à l'extérieur du village s'exécuta sans un mot, calme comme un automate bien rodé. D'allure, cet homme-là n'en avait guère, aussi dru et épais que ses collègues, si ce n'est qu'il portait une sorte de cagoule en maille, un veston tressé et qu'il tenait dans ses mains une lance pratiquement droite et un haut bouclier semblable... Oui, semblable à une porte de nain. L'homme n'était pas très haut - une tête de moins que Johannes - mais il semblait plus gras de visage, et plus large de corps. Une fois que tous sauf lui-même furent entrés dans la bourgade, le garde referma la porte sans broncher, se contentant d'écraser du regard le prisonnier déjà malmené.

Durant le trajet, on avait laissé à Johannes la place de maître - c'est-à-dire celle qui est à l'arrière, sans être en dernier. Il avait ainsi marché une dizaine de minutes maximum, juste derrière le prisonnier et au-devant du second archer. Malgré la rapide entente qui s'était formée entre eux et lui, les soudards n'avaient qu'à moitié baissé leur garde, se contentant de tenir leurs arcs à mi-ventre, cordes détendues, mais flèches encochées.

Une fois à l'intérieur, le hameau se révéla être aussi intéressant qu'il l'eût été en extérieur. Il ne s'agissait que d'un amoncellement de masures en pierre sèche, de murs bricolés, de grandes parois en torchis couvertes par des toitures constellées d'eau ou de moisi. La place centrale, s'il y en avait, était actuellement occupée par quelques autres soudards, mais surtout par une douzaine de paysans apeurés. Les visages étaient blêmes, les vêtements effrités. Tous regardèrent arriver Johannes et son cortège comme des bovins abrutis et atterrés.

- "Voilà vot'sauveur, m'sieurs dames !" dit l'homme de tête en jetant à terre son prisonnier.

- " Assez de prières, nous l'avons retrouvé. On vous tuera pas aujourd'hui, sauf si vous résistez !"

Il y eut un mouvement de tête, puis un pas coordonné de la part de tous les individus armés. Les paysans se collèrent en paniquant, rassemblés comme des moutons humainement habillés.

- " Tout c'qu'il vous faut, c'est tenir parole. Vous vouliez être libre, pas vrai ? Eh bah on vous a libéré. Maint'nan, faut payer, sinon on va rester. Et tant pis si y'a pas d'or, on s'servira dans s'que vous donn'rez. T'as compris merdeux ? Va chercher l'magot, ou tes marmots vont ..."

Il adressa ces dernières paroles au prisonnier couché par terre, qu'il souleva des deux mains pour le relever. Il mima un hoquet et un sursaut en indiquant les gamins du coin, ce qui fit accélérer l'homme ligoté. Il y eut ensuite un temps de flottement, de calme, où nul n'osa prononcer mot ni bouger. Les regards fébriles des "mercenaires" sentaient l'impatience, tandis que ceux des villageois étaient laiteux, bigarrés, parfois évasifs ou tout simplement déformé.
Test d'INT, à +2 vu tes compétences : 11, raté de peu.
En regardant autour de lui, Johannes remarque un léger détail dans la piètre muraille qu'il venait de franchir. Au sommet de l'entrée, un blason siégeait encore malgré l'usure et les calamités. Un blason bretonnien, sans aucun doute, mais un blason fatigué, gondolé, rouillé. Depuis son poste, il y vit un lys, un fond cramoisi et puis... Et puis le reste était effacé. Effacé par le temps, ou bien volontairement.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

Avatar du membre
Johannes La Flèche
PJ
Messages : 113

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par Johannes La Flèche »

Bingo. La journée commence plutôt bien pour le renégat.
A ce moment-là, un sentiment effleure le cœur du hors-la-loi, un sentiment que son âme, amère et méfiante, ne connaît pas souvent : celui de la satisfaction. Satisfaction d'avoir visé juste ; satisfaction par rapport à la capture du petit cochon ; satisfaction vis-à-vis des autres lascars, qu'il avait plongé dans le doute et l'agitation. Ce bref instant de flottement, où ces racailles avaient été désorientées par son action, lui avait d'ailleurs arraché un petit sourire, malicieux, sous sa capuche en cuir.
L'effet de surprise, la confusion: il n'y a que ça de vrai.
Par contre, dans les instants qui suivirent, le rôdeur ne se dévoila ni ne se déclara à ces trois malandrins, prenant bien soin de rester caché, encore et toujours. Non, Johannes ne les a pas rejoints ; Johannes est resté derrière cet arbre étrange et décrépit. Il y restera bien dissimulé d'ailleurs, sous le couvert des branches, de la sournoiserie, de l'imposture et...de la peur?

Image
Ainsi, dans les clairières maudites du Moussillon, ce n'est pas Johannes qui chemine avec ses comparses du jour. C'est Jean: un chasseur, surtout un survivant en fait, le dernier en vie de son village, après que celui-ci ait été rayé de la carte par une attaque de morts-vivants. Vivotant dans les marais, Jean est alors tombé sur cette petite scène, il a ensuite décidé qu'il fallait rejoindre le camp des gagnants.
Cependant, même s'il est du côté des vainqueurs, même s'il est "à la place du chef", Jean ne doit certainement pas se reposer sur ses lauriers. La journée ne fait que commencer, et s'il se trouve dans le rôle du "maître", le chasseur sait pertinemment qu'en réalité il n'est pas le chef. Johannes, fidèle à sa nature suspicieuse, n'est pas aveugle sur les sentiments qu'entretiennent ces lascars à son égard ; il les voit assez bien même, et la chose est réciproque. Que le rôdeur fasse un geste brusque, qu'il ait seulement l'air de faire un truc pas net, et ils l'attendront tous au tournant...
Toutefois, tandis que la bande arrive en vue du petit bourg miteux, le bretonnien tente de réprimer ce pessimisme qui monte dans ses pensées ; après tout, la journée ne fait que commencer, et qui sait de quoi elle sera faite...
Mais alors que le bandit cherche à se projeter dans le futur, voilà que le passé -ou du moins une évocation de ce passé, surgit devant lui, à peine soutenue par son bouclier et ses deux courtes jambes.

Pourquoi y a un putain de nabot ici? Les grottes dans les montagnes c'est pas assez bien pour eux? Et ça en plus c'est le planton du patelin?
Bah ils sont tous foutus alors...

Le doute commence à ronger l'esprit du renégat en marche ; son regard se balance rapidement, entre la porte et ce garde, trop petit pour son propre bien. Une phrase émerge soudain de ses souvenirs ; des mots, qui résonnent sous son crâne, prononcés lors d'une nuit sinistre et étouffante.

"Souviens-toi, et surtout n'oublie pas : Méfie-toi des menaces légères, car elles te feront tomber."
Petit et court sont synonymes de léger.
...Tout est lié...



Finissant par se détacher de la scène qui se déroule sous ses yeux, le rôdeur s'en va à la rencontre du blason qu'il vient d'apercevoir. Johannes le prend alors dans ses mains, avant de le décrocher du mur. Il relève la tête pour regarder l'emplacement du blason, afin d'observer, de voir s'il y a une cavité cachée dans laquelle on aurait pu dissimuler le magot. S'il n'y a rien de particulier à remarquer, Johannes emprunte la porte et sort du village. Peut-être que le demi-planton, qui a l'air d'être là depuis un petit bout de temps, connait quelque chose par rapport à l'héraldique et la signification de ce blason.
Pourrait-il lui fournir de précieuses informations?
Etait-il vraiment un nain?
Telles était les interrogations auxquelles le hors-la-loi souhaitait répondre ; la suite dira s'il a eu raison de se les poser, ces questions.
Johannes "La Flèche", Hors-la-loi
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | SAN 37 | PV 8/65

"Être prévisible est une faiblesse"

Avatar du membre
[MJ] Le Faussaire
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Warfo Award 2022 du meilleur membre - Développement
Messages : 184

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par [MJ] Le Faussaire »

Un certain temps passa avant le retour du prisonnier, ce qui permit à Johannes d'inspecter plus longuement le blason. L'emblème, figée à jamais sur un bouclier désormais vétuste, avait perdu de sa superbe depuis longtemps, vu les coulures qui le constellaient - Johannes en éplucha même quelques-unes lorsqu'il voulut décrocher l'objet. Désormais surélevé, le rôdeur se rendit vite compte d'un problème : le bouclier était coincé, comme collé à la paroi, ou bien ancré dans la roche friable qui servait d'arche et de rempart. Il fut ainsi obligé de forcer pour déloger l'outil de son perchoir, et c'est avec une sorte de "crac" que le bouclier céda.

De nouveau sur la terre molle et sèche, l'écu était encore plus miteux qu'il lui semblait : la peinture épaisse avait gondolé par endroits, les bordures tournaient à l'huile, et l'héraldique - s'il en était une -, n'avait subsisté que grâce au relief du métal. Au dos de ce piteux coloriage, des lanières de cuir craquelé semblaient avoir soutenu le poids des âges, tandis que la poignée pliée révéla l'origine de ce craquement si singulier. Lové derrière l'écu, se trouvaient quelques cordelettes, des plantes séchées, des ronces mortes, et un sachet qui semblait avoir été oublié. À l'intérieur du pochon, quelques babioles moisies - porte-bonheurs, talismans en bois, chasse-marée -, des fleurs fanées, et quelques piécettes grises... Rien d'autre à signaler.

Toujours libre de mouvement et d'action, Johannes s'extirpa du hameau sans un mot, sans une interjection à son encontre. À l'extérieur, le garde s'écarta pour le laisser passer - mais aussi pour éviter de se prendre la porte sur le nez. La seule émotion du garde fut un mouvement de tête et de sourcils, suivi d'une grimace qui semblait dire "Hé, qu'est-ce que tu fais ?"

Quelques secondes passèrent, et le bouclier fut mentionné. Le garde - qui n'avait finalement rien d'un nain, sauf si l'on le comparait à Johannes - recula d'abord d'un pas, avant de lâcher :

- "C'est leur emblème, à ceux d'icitte. Cui d'leur sire. J'étais pas là-bas avec eux, donc j'sais pas tout s'qu'il s'est passé. C'quoi ton nom ?"

Ainsi, l'homme posté avait décidé de laisser Johannes - enfin "Jean", mener la conversation. Lorsque des précisions sur le blason furent demandées, il répondit :

- " Ben, c'est des nobliauds du coin. des Daffaloi, quelque chose comme ça. D'Havre-quequ'chose-quoi. 'fin, s'ils sont pas là, c'est qu'ils sont plus. Paix à leur âme, et à leur terre, hm ?"

Le portier ne s'arrêta pas un seul instant de fixer "Jean", plongeant ses petits yeux gris-bruns dans ceux du rôdeur comme s'il y cherchait des poissons à ferrer, ou des pièges à relever.

- "T'es là pour quoi de ton côté ?"

À peine le rôdeur eut-il terminé de se présenter et de se justifier qu'une voix râpeuse se fit entendre, suivi de la porte qui s'ouvrait à nouveau :

- "Merooooo ! Ta part !"

C'était l'un des pisteurs, l'argousin auto-proclamé qu'il avait aidé.

- "Ah ben te v'là, j'te cherchais. Tiens, et tiens, pour ton tir. Et pour l'aut' truffe."

Il lui lança une poignée de pièces à chacun d'entre eux, et Jean n'eut aucun mal à réceptionner de son coté. Il y avait là une dizaine de pièces sales, poussiéreuses et un peu ternes, mais bien plus qu'il n'en avait espéré. Pour une simple flèche, le soudard venait de lui offrir une demi-douzaine de pistoles, et quelques sous de cuivre.

- " Va voir les aut' Mero, y'a du merdier à porter."

Bien qu'accompagné d'une tape amicale, l'ordre fut exécuté moins d'une seconde plus tard. Désormais seul, le leader reprit la parole, s'adossant contre la porte fermée.

- " J'sais pas d'où tu viens, mais des gars comme toi, on en a besoin. Si ça t'dit, on va au Nord, rejoindre d'autres gars, et après, tu verras par toi-même. Avec tes pognes, j'suis sûr qu'tu sais chasser, donc tu t'arrangeras comme tu l'souhaites sur l'chemin. Tout s'qui compte, c'est qu'on décampe dès qu'on a ficelé les sacs - on voyage léger."

Il leva soudainement la tête, fixant Johannes avec ses yeux pétillants et son air rieur :

- "Alors, envie de décamper d'ce trou paumé ? T'peux garder s'bouclier si ça t'arrange. Heh, personne viendra t'le réclamer"
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

Avatar du membre
Johannes La Flèche
PJ
Messages : 113

Re: [Johannes la Flèche] Combattant de la liberté

Message par Johannes La Flèche »

Ouf. Ce n'est pas un nain.
La méfiance du bandit se relâcha d'un chouïa face à ce petit portier ; ce gars-là avait peut-être la taille d'un nabot, mais sûrement pas la lourdeur d'esprit qui va avec, vu sa réaction face à Johannes. Cependant, le regard direct, qu'il lança au malandrin, se heurta face à un visage dont l'expression était assez trouble, évasive, à moitié cachée derrière son foulard et sous sa capuche.
Soudain, voilà que ses yeux se plissent et que ses sourcils se froncent, légèrement, face à ce portier:

"J'vois. Merci pour l'tuyau, fit-il, d'une voix effacée, presque murmurante.

De suite après, le rôdeur ne peut s'empêcher de reporter ses deux petits yeux sur cet écu délabré. Son regard parcourt une fois de plus la surface décrépite du bouclier. Comme une charrue labourant un champ, la curiosité commence à travailler l'esprit du renégat, et les questions ne tardent pas à germer en son for intérieur.
Qu'est-ce que tous ces symboles veulent dire? Quelle est l'histoire qui se trouve derrière cet emblème? Qu'est-ce qui est arrivé aux sang-bleus qui géraient le coin? Y-avait-il des secrets et des découvertes à faire dans le coin à partir de ce blason? Les "Daffaloi" ont-ils laissé quelque chose derrière eux? Est-ce que cette même chose ou cet "héritage" valait la peine de rester ici pour faire des fouilles? Aux yeux intrigués du brigand, plus ça va, plus ce petit village n'est pas si paumé que ça en fait ; il doit avoir une importance dans toute cette histoire. Mais laquelle? Et comment démêler le vrai du faux dans ce genre de recherches?
Johannes se gratta la tête. Dommage qu'il n'y connaissait rien à l'héraldique, ça l'aurait bien aidé pour le coup.
Toutefois, sa curiosité ne s'avouait pas encore vaincue. Elle lui fit d'ailleurs relever la tête, et l'obligea à jeter un coup d'œil tout autour de lui, sur les environs. La vision de ce paysage lugubre, de cette végétation rabougrie, de ces bois dérangeants, et de ces clairières maudites: tout rappelait au bandit qu'il se trouvait dans le Moussillon ; un endroit où il ne fait certainement pas bon vivre, où il n'y a pas grand-chose à prendre, à gagner, ou même à manger ; un endroit déserté -à raison, par quasiment toute l'humanité, et où l'on côtoie la mort comme la non-mort pratiquement chaque jour, chaque nuit.
Mais derrière tout ce décor sinistre, derrière cette corruption, est-ce qu'il ne se cachait pas quelque chose...d'intéressant? Un genre de pouvoir ou d'artefact qui n'attendait que d'être découvert par un rôdeur intrépide comme Johannes?
Il n'eut pas le temps d'aller plus loin dans sa réflexion:

"T'es là pour quoi de ton côté?

-Hmm? répondit le malandrin, à peine sortit de ses pensées, redirigeant un regard désormais froid vers le petit portier, Oh t'sais..."

L'explication du renégat ne dura pas longtemps -quelques secondes tout au plus, à cause du fait qu'il était aussi bavard qu'un tombeau ; mais ce qui empêcha définitivement le nabot de poursuivre la discussion, ce fut l'arrivée retentissante de l'autre lascar.
Si le brigand resta stoïque face aux pistoles qu'il reçut et face à ce caïd bien enthousiaste, tout son corps se raidit, instantanément, lorsque ce dernier lui donna cette petite tape dans le dos ; le voilà maintenant qui recule de deux pas face à son vis-à-vis, lui adressant des yeux de marbre alors que le chef lui expliquait déjà la suite des évènements, ou plutôt SA suite des évènements.
Combien de temps Johannes avait passé en solitaire dans les marais de ce maudit duché? Assez au moins pour le rendre mal-à-l'aise avec l'idée même de la proximité. À vrai dire, le rôdeur se défiait du large sourire et du regard joyeux de ce mec. À la limite, il lui aurait même fait plus confiance s'il aurait déboulé brusquement tout en se comportant comme un bourru, parce que là...
Là c'était presque trop beau pour être vrai.
Toutefois, malgré toute la suspicion qui rampe dans son esprit, le hors-la-loi écoute d'une oreille attentive les paroles du type.
Lorsqu'il posa finalement sa proposition au malandrin, ce dernier cligna des yeux, avant de jeter un dernier coup d'œil sur le bouclier qu'il tenait entre ses mains. Il le rangea alors dans son grand sac, avant de remettre celui-ci sur son épaule.
Est-ce le pli d'un sourire qui se dessine maintenant sur son masque?

"Mouaip, Mero i'vient avec toi, lui répondit-il, presque à voix basse, tout en hochant légèrement de la tête.

Si le lascar n'avait plus rien d'autre à lui dire, alors le renégat retournerait dans le hameau, avec le reste de la bande, pour participer aux préparatifs du départ. D'ailleurs, durant son trajet vers le nord, il essayerait ce fameux écu dés la première occasion, afin de savoir si cet objet est encore utilisable en combat par exemple. Pour le reste, comme l'autre l'a si bien dit, Johannes verra par lui-même. Cette histoire ne se terminera pas de la même manière que celle avec Bobliano, grâce à un peu de chance peut-être...
Johannes "La Flèche", Hors-la-loi
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 8 | Int 8 | Ini 11 | Att 9 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | SAN 37 | PV 8/65

"Être prévisible est une faiblesse"

Répondre

Retourner vers « Moussillon »