Gastien escortait la demoiselle vers la sortie de cette tour maudite. Il ne semblait plus y avoir d’autres adversaires cadavériques et cela fut vite confirmé quand ils arrivaient au niveau des autres chevaliers. Dans la pièce, les combattants se reposaient après leur rude combat. Quand le bironnois arrivait au même niveau que ses compagnons, il leur informait de ce qu’il avait découvert plus haut mais la damoiselle n’attendait même pas que son sauveur commençait à parler qu’elle le dépassait et se ruait sur Acollon. Celui-ci, d’abords bouche-bée en la voyant, ce précipitait ensuite vers elle. Gastien restait un moment stupéfait en comprenait qui était la dame qu’il venait de sauver. Le groupe lui en avait bien parler de la disparition de la bien aimé d’Acollon mais la retrouver ici, prisonnière d’un nécromancien ? Cela était sûrement un signe de la Dame mais impossible à dire si c’était un signe d’encouragement ou d’avertissement.
Pendant ce temps de réflexion, Gastien avait à peine remarqué que le couple s’était enlacé. Rien de bien gênant à voir mais cela arrivait tout de même à embarrasser le jeune chevalier, son visage virant subitement au rouge. Sigurant demandait donc à son cadet d’aller voir le reste du groupe et de voir si le lieu était totalement sûr. C’est avec un certain malaise qu’il descendait voir le deuxième groupe. Plus bas, il allait annoncer la nouvelle à ses compagnons mais il fut surpris par le cri de colère d’Erec.
Le bironnois hâtait donc le pas, craignant une contre-attaque du nécromant. La réalité était encore plus dure que ce qu’il avait imaginé. Le rez-de-chaussée était dans un sale état. Les deux accès étaient partiellement bloqués, obstrués par un mélange de pierre, de ferraille et d’ossement. Pellinore était adossé à un mur et tentait de se reposer après son rude combat, chose que la douleur lui interdisait. Son armure était tachetée de sang sec et de poussière mais rien de bien grave. Zod était sûrement le plus chanceux des trois. Il avait le moins de blessure et une arche avait miraculeusement tenue au-dessus de sa tête, le préservant ainsi d’une bonne partie de l’éboulement. Malheureusement, Erec n’avait pas eu cette chance...
Son armure était percée à plusieurs endroit et son visage était recouvert mélange de sueur et de sang mais ce n’était pas le plus grave. Son avant-bras gauche était resté en dessous d’un immense pierre et l’infortuné utilisait le peu de force qui lui restait pour tenter de la soulever. Sans attendre une seconde de plus, Gastien se précipitait vers lui pour l’aider à la soulever. Le résultat était moche. Sa main était complétement broyée et pendait tristement au bout de ce qu’il restait de son bras. Même s’il arrivait à la garder, il avait peu de chance qu’il puisse s’en servir à nouveau.
Gastien avait paniqué quand Zod c’était brûlé avec son arme mais ce genre de blessure était bien pire. Complétement bouleversé il restait un moment devant le blessé, ne sachant pas quoi faire. Ce fut l’arrivée de Gaheris qui lui sortait de sa torpeur, attiré par les cris de douleurs de son camarade. Le groupe se réunissaient pour pouvoir faire un bilan des blessés. Le premier groupe avait peu de blessés. Les quelques blessures sur les différents chevaliers n'étaient rien comparée à l’autre groupe. Après examen, il s’avérait que Pellinore et Zod s’en sortiraient. Ils leurs faillaient juste un peu de repos. Or les craintes du bastognois furent fondées car la main d’Erec était dans un tel état qu’il fallait lui amputer, de peur qu’elle ne s’infecte avec le temps. Or s'il perdait sa main, il devrait arrêter son aventure.
Gastien cherchait à convaincre ses compagnons qu’ils y avaient une autre solution, qu’il devait sûrement y avoir un moyen de garder sa main le temps de trouver un médecin compétent. Mais il voyait dans les yeux de ses camarades que cela était impossible. Il serait plus simple de trouver le Graal ici qu’un médecin capable de lui rafistoler la main, quand bien même il en existait un dans tout le vieux monde. C’était avec amertume que le jeune chevalier assistait donc à la mutilation de son ami. C’était lui qui avait proposé le plan d’attaque et c’était donc à cause de lui qu’Erec perdrait sa capacité à combattre. Pour un chevalier, ne plus pouvoir se battre voulait dire ne plus pouvoir servir la Dame, et donc ne plus avoir de raison d’être. Le bretonnien fautif décidait de rester du début jusqu’à la fin de l’opération pour soutenir le blessé. Gastien demandait préalablement à Zod de bien vouloir attendre dehors, le temps que l’amputation se fessait. Il préférerait qu’il n’assiste pas à un autre moment de faiblesse du malheureux. Sans trop argumenter, il descendait l’escalier et attendait la fin du travail.
C’était douloureux pour lui de voir Enide lentement chauffer sa hache pour l’amputation. Ce fut une horreur de le voir brandir son arme alors qu’Erec se préparait à subir la douleur. Mais au moment où la hache s’appâtait sur sa main et qu’elle fut tranchée net, ceci fût la goutte de trop. Les nouveaux cris de douleur d’Erec ainsi que l’odeur de chair calciné donnait la nausée au jeune chevalier. Il réussissait à se retenir mais les jurons puis les pleurs de son camarade chevalier ne l’aidait pas à se calmer. Il avait d’un coup du mal à respirer et alors que le reste de la troupe demeurait silencieuse, Gastien se précipitait vers l’extérieur.
Dehors le bretonnien pouvait enfin reprendre son sang-froid. La nuit n’allait pas tarder à venir et Gastien c’était enfoncé dans les bois. La tour était toujours en vue et il pouvait facilement y retourner en cas de problème. Avec l’arrivé de la nuit la pénombre se devenait plus oppressante mais pour une fois depuis son départ, cela ne l’infectait pas. Son esprit était encore infecté par ce qu’il avait vu. Il avait encore en tête les lamentations d’Erec et cela l’enrageait intérieurement. Comment il avait pu croire que son plan allait tenir la route !? Il imaginait bien qu’il y aurait quelques bleus et égratignures. Or non seulement la mission était un échec mais en plus l’un de ses compagnons ne pouvait plus combattre. Il venait de ruiner la vie d’un chevalier car il avait juste pensé à foncer dans le tas sans réfléchir. Si ce foutu mage noir était encore en vie, c’était sûrement car il était assez malin pour éviter de se faire trucider par le premier venu.
Les ombres devenant de plus en plus présente, Gastien remarquait enfin la tombée de la nuit. Il reculait instinctivement pour leurs échappés et sursautait quand il se cognait contre un des arbres pourris de la forêt. Il aurait pu revenir vers la tour la peur au ventre. Mais la colère en lui l'en empêchait. Cette peur lui rappelait ce qu’'il était au fond de lui. Sous cette armure se cachait un morveux arrogant, persuadé d’être le protecteur du peuple mais incapable de protéger ses amis. Une soudaine rage l’envahit et le chevalier se retournait pour frapper l’arbre avec ses poings. Même si l’écorche se brisait sous le coup, l’arbre tenait bon et ce n’était pas le deuxième coup, ni le troisième, ni ceux qui suivaient qui risqueraient de le faire tomber. Pourtant il continuait. Il voyait en ce végétal tous ceux sur qui ils voulaient déverser sa haine. Il voyait le nécromancien, qui martyrisait les villageois alentours. Il voyait le meurtrier de sa famille, qui lui avait tout prit. Mais il voyait surtout son reflet. Lui, qui rêvait de suivre les traces de son père entant que vaillant chevalier, n’avait fait qu’échouer dans les moments cruciaux.
Après plusieurs minutes à se défouler sur l’arbre, le bastognois entendait derrière lui des bruits de pas. Il dégainait son épée et se retournait pour faire face au nouvel arrivant. Il s’agissait d’Enide qui avait été attiré par le raffut provoqué par son camarade. En le voyant, Gastien se détendait aussitôt et rengainait sa lame. Il devait sûrement prendre le premier tour de garde :
Ah Enide, ce n’est que toi. J’avais entendu un bruit suspect dans les environs et j’ai décidé d’aller voir. C’était au final qu’un petit animal du coin. Si tu prends le premier tour, je vais de ce pas rejoindre les autres pour me reposer.
Cependant Enide attrapait l’un de ses poignets pour inspecter la main gauche de Gastien. L’arrière de ses doigts étaient éraflés et laissait échapper quelques gouttelettes de sang. Il regardait ensuite directement son compagnon et semblait vouloir une explication. Son silence habituel était bien plus pesant que d’habitude. L’accusé dégageait assez vite sa main pour lui répondre qu’il ne s’agissait que d’une simple égratignure. Gastien retournait seul à la tour, laissant Enide sans rien lui en dire de plus.
Au niveau de l’entré effondrée, il dissimulait ses mains puis rejoignait le groupe. Certains chevaliers lui demandaient où il était passé mais il leur répondait qu’il était épuisé et qu’il allait dormir un peu plus haut, au cas où il voyait une nouvelle attaque au loin. C’est donc en se retrouvant seul au deuxième étage, heureusement débarrassé des cadavres des morts-vivants, que le bretonnien s’allongeait sur la pierre froide pour s’endormir assez rapidement.
Gastien fut tiré de son sommeil par d’étrange murmures. Au début, il pensait qu’il s’agissait du vent mais après un moment, il aurait juré entendre une voix. Elle était trop faible pour qu’il puisse l’identifier clairement, ni même savoir qu’elle disait. Malgré tout, cette voix semblait l’appeler. Ayant un mauvais présentiment, le chevalier se relevait pour rejoindre ses camarades. Or en arrivant au rez-de-chaussée, il n’y avait personne. Plus de camarades chevaliers, plus de damoiselle sauvée la veille et plus d’ogre mercenaire. Le seul indice de leur passage était le feu de camp allumé en début de soirée. La flamme était faible mais arrivait tout de même à illuminer la salle. Inquiet, le bretonnien descendait les marches trois par trois pour inspecter la salle. La tour était censée être en ruine. Pourtant les murs étaient intacts et il était impossible de voir l’extérieur par un quelconque trou. Seul une porte en bois massive, qui n’était pas là à son arriver, semblait indiquer l’unique sortie :
Enide ? Pellinore ? Zod ? Il y a quelqu’un ?
Pas de réponse. Le silence se faisait de plus en plus oppressant. Quelque chose de louche se passait. Avaient-ils été attaqué dans la nuit ? Impossible. Les bruits de combat, ou du moins les traces de lutte, le prouveraient. Était-il victime d’un sortilège ennemis ? Il ne pouvait le dire car il ne connaissait pas les pouvoirs du nécromancien, mise appart de relever les morts. Il décidait donc de remonter pour voir s’il ne voyait pas au loin mais ce qu’il voyait le paralysait. Les ténèbres avait pris forme et se déversait dans la pièce. Elles progressaient lentement, ressemblant à une sorte de gelée opaque de noirceur qui engloutissait le haut des escaliers. Le plus effrayant était que la voix qui l’interpellait, provenant de cette infâme masse d’obscurité :
Menteur... Faible... Lâche...
Elle était emplie de colère et gagnait en volume au fur et à mesure que la salle se remplissait. Plusieurs briques du bâtiment se mettaient soudainement à cracher le même liquide noir. La lumière du feu était comme aspiré par cet obscur produit. De peur, Gastien se dirigeait vers la porte, évitant par tous les moyens de toucher cette horreur. Devant la porte en bois, il tentait de la pousser pour sortir de la tour mais elle était bloquée. Quand la mélasse sombre s’approchait de plus en plus, il essayait de forcer la forcer, allant même jusqu’à la frapper, mais elle demeurait immobile. Désespéré, il se préparait à défoncer la porte avec sa lame mais à ce moment elle s’entrouvrait, laissant échapper un faisceau de lumière. Saisissant cette chance, Gastien ouvrait la porte en grand pour s’y engouffrer. La masse noire semblait désapprouver cela et les murmures se muaient en cris de colère. Quand le chevalier était de l’autre côté, il la refermait aussitôt, sur ce qu’il n’était plus qu’un abîme sombre de hurlement haineux.
Le chevalier prenait un moment pour reprendre son souffle. Ses deux mains étaient encore sur la porte, comme pour bloquer ce qui avait tenté de le submerger. Cela lui prit un moment avant de constater que sa tenue avait changer. Il ne portait plus son haubert ni sa tenue de voyage. Il était habillé de brais longs ainsi que de soulier. Il avait bien sa tunique bleue, mais elle était propre et ne témoignait pas des semaines de voyage du chevalier. Sa fidèle épée pendait toujours à son ceinturon en cuir. Alors qu’il essayait de comprendre ce changement subit, il remarquait que la porte n’avait plus les mêmes proportions qu’à l’intérieur de la tour. Elle était deux à trois fois plus haute qu’avant. On n’aurait plus dit l’entrée d’un château fort que d’une tour décrépite. En regardant une nouvelle fois ses pieds, il constatait qu’il n’était pas sur un sol de terre mais de pierre taillée. Or la tour n’avait pas ce genre de chemin. En se retournant, il comprenait qu’il n’était plus au Moussillon. Il se trouvait dans une grande salle d’apparat très familière.
Ce qui sautait aux yeux immédiatement était l’immense vitrail au fond de la salle et qui surplombait la pièce. Elle était accessible par un escalier en pierre, elle aussi reliée par deux autres escaliers plus modestes menant vers d'autres couloirs du château. Ce vitrail représentait un chevalier en armure doré à genou devant une femme en robe blanche, tenant dans ses mains un calice. Gastien savait que cela représentait la Dame ainsi que son aïeul. Antoin de Vagne, premier chevalier de la famille de Vagne à avoir réussi la quête du Graal. Sur les murs de gauche et de droite figuraient un tableau, illuminés par deux chandeliers sur pied à leur côté. Ils représentaient deux autres de ses ancêtres au combat. Sur celui de gauche il apercevait François de Vagne affrontant un redoutable guerrier vampire en armure rouge sanglante. Sur celui de droite, Arnaud de Vagne faisant face à un chef de guerre orque, monté sur une vouivre, qui menaçait une forteresse naine. Cet honneur était réservé au chevalier aillant réussi leur quête du Graal et un jour, Gastien espérait figurer parmi eux.
Alors qu’il admirait les exploits peint de sa famille, il entendait alors des bruits de pas qui résonnait dans la grande salle. Au loin, une silhouette descendait l’escalier de gauche pour se retrouver au même niveau que le vitrail. Un homme d’une quarantaine d’année, plutôt robuste pour son âge. Il avait des signes de vieillesse assez visible tel que ses cheveux grisâtres qui semblait d’argent dans la lumière. Il avait des vêtements classiques de la noblesse bretonnienne. Une tunique bleue comme celle de Gastien, avec en plus des motifs en or brodés, ce qui valorisait encore plus l’habit. A cela s’ajoutait une fourrure d’animal, sûrement de vison, sur ses épaules pour mettre en évidence son statut social élevé. Il avait quelques bijoux sur lui. L’anneau des de Vagne à sa main droite et un pendentif argenté du Graal en forme d’écu. A sa ceinture pendait une épée, avec un fourreau très décoré pour une arme de combat. Le grand seigneur Henry de Vagne se tenait en face de Gastien et de son regard ferme, il jugeait le jeune chevalier. Celui-ci se pressait d’aller en bas des escaliers et mettait aussitôt le genou à terre alors que son père lui disait :
Tu m’as fait attendre mon fils. J’ai demandé à te parler il y a de cela une heure. Qu’étais-tu donc en train de faire de plus important que d’écouter ton seigneur et père ?
Malgré la reproche, le seigneur de Biron n’avait pas haussée la voix. Il semblait surtout lassé de toujours devoir attendre son fils :
Veuillez m’excuser père. J’étais en train de m’entraîner dans la cour et je n’ai point vu le temps passé. J’ai pris aussi un peu plus de temps pour me paraître présentable devant vous.
Son interlocuteur laissait échapper un soupir d’exaspération :
Je comprends tes raisons mais tu dois répondre à tes obligations de noblesse bironnoise. D’autant plus que tu n’as toujours pas mon accord pour partir.
Gastien se sentait poignardé dans le dos quand son père lui parlait de cela. Pas du fait qu’il devait entretenir une vie politique à la cour, il trouvait cela inutile mais faisable, mais plutôt que son père était contre son départ pour devenir un chevalier errant. A cela, il lui répondait la même rengaine que les fois précédentes :
Mais père, j’ai bientôt 17 ans et je ne suis toujours pas sur les routes. Armand est bien parti à cette âge-là, si ce n’est plus jeune encore, alors pourquoi me retenir ici ?
Ton frère est d’abords partie à la cour des Fleurai pour continuer son entraînement, aussi bien au combat qu’en haute-société. Répondait-il avec fermeté.
Dans ce cas envoyer moi là-bas ou même ailleurs. Je ne peux continuer de rester en ces murs alors que des nobles de mon âge bravent le danger et repoussent le mal de nos terres.
J’ai dit non !
Sa voix résonnait dans la salle et Gastien se taisait aussitôt. Bien plus que ses talents de guerrier, Henry de Vagne était aussi un chef-né et on l’ignorait rarement quand il prenait la parole. Le jeune impétueux se contentait de baisser la tête sans répondre. Son père le regardait cette fois si avec un peu plus de tendresse et lui répondait :
Tu n’es pas comme ton frère. Quand il avait ton âge, j’ai pensé que c’était la meilleure option pour lui. Tu n’as pas les mêmes lacunes et ce n’est pas avec de l’entraînement que tu pourras t’en défaire.
Alors dite le moi. Que dois-je faire pour avoir votre accord et accomplir mon destin ? Demandait-il à son père.
Le vénérable chevalier réfléchissait un peu avant de lui demander :
Gastien, sais-tu quel est le plus grand défi d’un chevalier ?
La question semblait tellement évidente que l’interrogé répondait aussitôt :
Le plus grand défi d’un chevalier est de devoir combattre le mal sous toute ses formes. Peaux-vertes, morts-vivants, hommes-bêtes... Peu importe la nature et le nombre de l’ennemis, un chevalier ce doit d’être en premier ligne pour repousser les ennemis de la Dame.
Tu te trompes.
Cette simple réponse perturbait le jeune guerrier qui ne semblait pas comprendre ce qu’on son père lui disait :
Mais... Un chevalier se doit de combattre le mal ?
En effet. Un chevalier bretonnien sera toujours là pour vaincre les démons et autres créatures qui menacent notre royaume. Cependant une chose permet de distinguer une victoire d’une défaite.
Le nombre de mort. C’est cela, le plus grand défi d’un chevalier.
A cette réponse, Gastien se relevait d’un coup, choqué par ce qu’il venait t’entendre :
Vous insinuez qu'une victoire n'en ai pas une si nous perdons des hommes !? Père, entant que chevalier nous avons prêté serment de protéger la Bretonnie. Et si nous devons partir en guerre avec des paysans et qu’ils doivent mourir au combat, qu’il en soit ainsi. Peu importe si un, dix ou même cent d’entre eux doivent mourir. Si cela apportera un an ou deux de paix, cela est un sacrifice que je suis prêt à faire.
Peux-tu faire face à tes hommes, leur promettre qu’ils pourront rentrer chez eux après ce combat et au final devoir annoncer à leur famille que tu as échouée ?
Les paroles du seigneur était dur et le futur chevalier se taisait immédiatement. Il baissait même la tête car il ne pouvait supporter le regard de son père. Celui-ci émettait un nouveau soupir pour continuer de parler :
De plus il n’y a pas que les paysans qui craignent la mort. T’ai-je déjà raconté le dernier combat de la compagnie du loup hurlant ?
Gastien hochait négativement de la tête et son père s’empressait de lui raconter l’une de ses nombreuses aventures :
Il s’agissait d’une compagnie de mercenaire provenant des Principautés. Leur chef avait reçu une lettre d’un intendant d’Artenois. Le fief se trouvait proche de la forêt d’Arden et un groupe d’homme-bêtes se préparait à piller le village de celui-ci. Le seigneur des lieux ne prenait pas au sérieux la menace et était partis à la cour d’un ami chevalier. Je ne me souviens plus trop pour quelle raison d’ailleurs. Quand je suis arrivé au village, j’étais encore un chevalier errant et le chef de la compagnie, un tiléen du nom de José, m’a proposé d’aider son groupe pour la défense du village. En bon chevalier, j’ai accepté sa proposition et nous avons attendu l’arrivée de la harde.
Il y avait bien eu quelques attaques d’éclaireur mais rien de plus. Au bout de quatre jours sans réel défi, nous avons pensé que l’intendant avait simplement eu peur et c’était affolé pour un rien. Mais c’était dans la nuit du cinquième jour que le massacre commençait. Une centaine d’homme-bête sortait des bois, foncent sur nous avec l’intention de nous tuer pour ensuite dévorer nos cadavres encore frais. Ma monture avait péri et je ne me battais plus pour protéger les autres mais pour survivre. Je ne savais même pas s’il restait encore d’autre combattant.
Puis quand l’aube arrivait, un son de cor retentissait. Un groupe de chevalier était arrivé et avait repoussé les derniers hommes-bêtes. C’était le seigneur local qui avait rassemblé à la hâte un groupe pour sauver ce qu’il restait de son fief. Le résultat n’était pas joli à voir. Bien que la majorité des villageois avaient survécus à l’attaque en se réfugiant dans le château, il ne restait presque plus rien des défenseurs. Quant à la compagnie du loup hurlant, pas un seul n’avait survécu. En errant sur le champ de bataille, je trouvais leur cadavre un par un. Les deux frangins impériaux massacrés. L’un sans tête et l’autre éventré par une lance. Le vieux nain encastré dans le sol, le crâne complétement défoncé. Pour ce qu’il était du chef, on ne retrouvait pas son corps... Seulement son épée, avec son bras accroché à celui-ci. Le seigneur local avait beau dire que ceci était une victoire, que le mal avait une fois de plus étés vaincus, je ne pouvais pas être d’accord avec lui. Avec l’aide des villageois, nous avions enterrer ce qu’il restait de mes camarades et je suis partis, avec comme seul récompense une bourse de couronne et une épée toute neuve.
J’ai appris beaucoup de chose pendant mes voyages. Ne jamais sous-estimer ses ennemis. Exploiter au maximum chaque atout qu’offrent le terrain, le climat et ses alliés. Toujours vérifier ce qu’il y a dans un verre que nous offre un étranger. Mais cette histoire m’a appris la chose la plus importante qu’il soit. Peu importe le rang social, l’expérience, l’équipement ou encore la magie : Nous sommes tous égaux face à la mort. Et même si les dieux peuvent nous accorder quelques années de plus, ils ne peuvent pas nous en défaire.
Henry de Vagne se retournait ensuite pour pouvoir contempler le vitrail de son château alors que son fils réfléchissait à l’histoire qu’il venait d’entendre. Son père avait l’habitude de lui raconter ses anciennes aventures mais c’était la première fois qu’il lui racontait une aussi sombre. Ce n’était pas seulement car il avait grandi. Quand il était plus jeune, ces histoires le faisaient rêver. Maintenant, elles lui apprenaient une leçon :
Je ne vais pas te mentir. Je refuse que tu partes. Pas parce que tu ne sais pas te battre ni pourquoi. Ce qui me fait peur, c’est que tu ne te rends pas compte des conséquences que cela pourrait engendrer. On peut aiguiser une épée émoussée, reforger une armure cabossée et replanter des champs brûlés. Mais rien ne pourra remplacer une vie. En est tu maintenant conscient ?
Cette fois si, Gastien regardait directement le seigneur de Biron dans les yeux, avec un regard déterminé, pour lui répondre :
Oui père, je comprends maintenant. Une bataille ne consiste pas seulement à vaincre l’ennemis. Cela implique aussi de défendre ses hommes ainsi que ses camarades. Si c’est cela qui vous inquiète, je peux vous garantir que je les protégeraient du moindre danger. Je le jure sur la Dame et sur notre nom.
Cependant celui qui répondait n’était pas son père. C’était la voix lugubre qu’il avait entendue plus tôt :
Mensonges...
En un instant, toutes les lumières de la salle c’étaient éteint sauf celle qui illuminait le vitrail mais elle était teintée en rouge, rendant l’atmosphère bien plus menaçante. Gastien, paniqué, reculait instinctivement face à cette étrange lueur mais cette voix, qui était la même que celle de la tour et qui était dans son dos, continuait de lui parler :
Tu dis vouloir protéger tes alliés mais tu n’as fait que les envoyer vers une mort certaine.
Après l’effroi venait la colère et le bretonnien se retournait pour faire face à celui qui mettait en doute sa parole :
Comment ose-tu me critiquer ainsi !? Je ne suis peut-être encore qu’un jeune chevalier mais tous mes compagnons ont survécu et aucun d’entre eux ne périront à l’avenir.
En se retournant, il constatait qu’il n’y avait en fait personne. Juste les ténèbres à perte de vue. Après avoir répondue à cet affront, une silhouette émergeait des ombres et continuait de critiquer Gastien :
Au contraire. Je suis la preuve vivante que tu as été trop faible pour sauver qui que ce soit. Tu as attaqué l’ennemi sans penser aux conséquences et au final, j'ai payé le prix de ton incompétence.
La silhouette prenait forme au fur et à mesure qu’elle avançait vers le chevalier et quand celle-ci devenait distinct, la colère de Gastien se muait en peur. Il s’agissait d’Erec, complétement ensanglanté et avec sa main gauche broyée, tenant une épée brisée. Son regard était empli de haine et ses deux yeux rouges fixaient ceux de son camarade terrifié :
Non... Je... Je ne savais pas que cela allait finir ainsi... J’avais pensé qu’en le stoppant, tout serait réglés.
Tu n’as pas penser à nous une seule seconde. Tu as imaginé ce plan pour pouvoir récolter toute la gloire, laissant derrière toi les autres prendre les risques à ta place. Mais tu sais ce qui me dégoûte le plus chez toi ? C’est que tu n’aies même pas capable de faire face à tes erreurs. Tu as fui quand tu m’as vu souffrir par ta faute. Et le pire, c’est que je ne suis même pas le premier...
Suite à ces mots, un bruit sourd se fit entendre en haut des escaliers. Comprenant la cause de ce son, Gastien montait les escaliers aussi vite que possible pour retrouve, horrifié, le corps de son père au sol, la gorge tranchée :
Non... Non... Non... Pourquoi... J’aurais dû l’en empêcher...
Et pourtant tu es partie. Tu as fui devant le danger, laissant ta famille ainsi que ton fief et ses habitants à la merci du tueur. Tu prétends que celui-ci à user de magie noire pour t’effrayer mais en réalité tu te cherches des excuses pour justifier ta lâcheté. Tu as sali le nom de ta famille. Tu as abandonné tout ce que tes ancêtres se sont forcés à protéger car tu n’es qu’un incapable. Tu caches ton désespoir derrière un masque d’arrogance mais cela ne cachera jamais ce que tu es...
Faible...
Cette dernière phrase brisait le chevalier, qui se laissait tomber à genou. Il couvrait ses oreilles pour ne plus entendre l’affreuse vérité et poussait un cri de colère, de tristesse et de désespoir. Le vitrail volait en éclat et la lumière s'éteignait avec elle.
Le chevalier se réveillait en sursaut après avoir senti que quelqu’un le secouait. C’était Gaheris qui lui disait que c’était son tour de surveiller les alentours mais il lui demandait aussi ce qui pouvait autant l’agiter. Gastien lui disait seulement qu’il n’arrivait pas à dormir car le sol était très peu confortable. Il s’empressait ensuite de sortir pour faire son tour de garde. Il faisait encore nuit dehors mais avec sa torche et son cauchemar récent, le chevalier n’était pas trop inquiété par le noir. Ce qui le dépitait n’était pas que celui-ci semblait réel. C’était que ce qu’on lui avait reproché n’était pas faux. Pour l’instant il avait fui sa demeure, sérieusement blessé un camarade et tous cela pour quoi ? Faire fuir un nécromancien. Il ne voyait même pas le temps passé tellement il était dépité. Il comprenait que son tour était fini quand Sigurant venait pour prendre sa place.
Quand il retournait à sa couchette il n’arrivait pas à retrouver le sommeil, de peur de revivre le même mauvais rêve. Il décidait donc de profiter de cet instant pour fouiller la bibliothèque du nécromant. Avec un peu de chance, il y aurait des indications sur d’autres cachettes du mage noir. De plus il pourrait en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de cette odieuse pratique magique, ou du moins savoir de quoi d’autre elle était capable et comment y résister. Arrivé à l’étage voulu, il commençait donc ses fouilles.
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Test d’intelligence pour trouver des informations sur le nécromancien : 13
Test d’intelligence pour en apprendre un peu plus sur la nécromancie : 20 (Au final je pense pas que je sais lire ^^”)
Ses recherches ne donnaient finalement rien de concluant. Pas d’information sur le nécromant et aucun information utile face à sa magie. Cela était sûrement dû au fait qu’il ne comprenait absolument rien de ce qui était écrit dans ses grimoires. Il décidait donc d’abandonner ses recherches et d’aller chercher ses camarades pour détruire toute ces écrits impies. En passant à l’étage d’en dessous, il remarquait qu’un chevalier partait seul sur sa monture. C'était d’Erec qui partait vers l’inconnu mais l’inconnu était synonyme de mort par ici. Gastien aurait bien voulu le rejoindre pour lui empêcher d’aller vers une mort certaine mais les souvenirs de cette nuit le hantaient toujours. De plus il n’avait pas la force de faire face à son camarade à qui il lui avait fait tout perdre. Sans un mot, il observait donc son ancien compagnon disparaitre au loin.
Après avoir rejoint les autres, ils les aidaient ensuite à détruire cette sombre tour. Trop de de chose horrible si était produite et il fallait empêcher quiconque de pouvoir retomber sur ces connaissances blasphématoires. La seule chose qui ne brûlerait pas avec ce lieu était la lame du revenant qu’Enide avait combattue. Une grande épée à deux mains qui avait assez peu souffert des affres du temps. Malgré sa victoire en solitaire face au revenant, Enide était bien trop attaché à sa fidèle hache à deux mains pour l’abandonner et après débat, c’était à Gastien de la recevoir. Il pouvait voir cela comme une récompense pour avoir réussi à mettre en fuite le nécromant avec son plan. En entendant cela, il se remémorait les paroles de son père. Certes il avait gagné une belle épée mais le prix avait été bien trop élevé. Une lame pour un ami.
Il récupérait à contre-cœur sa nouvelle lame. D’après ses compagnons, il s’agissait d’une épée de Gasconnie, l’une des meilleures lames de Bretonnie. Bien qu’elle soit un peu rouillée, on pouvait encore voir de splendide gravure mais aussi un nom. Engrevain, fils d'Armen de Gasconnie. C’était probablement le revenant qu’Enide avait occis. Cette épée semblait bien lourde mais Gastien ne s’avait pas si c’était le fait qu’il ne combattait pas habituellement avec une arme à deux mains ou plutôt qu’il avait une épée d’un combat qu’il n'avait même pas participé. Cependant il savait qu’il pouvait faire quelque chose pour l’ancien propriétaire de cette épée. L’épée entre les mains, il se mettait un genou à terre et plantait la lame devant lui :
Même si je n’ai pas aidé ce malheureux à retourner à la terre, je me dois de lui rendre un service pour l’aide qu’il nous apportera à l’avenir. Que la Dame entend mon serment. Moi Gastien de Vagne, 10ème fils de la ligné de Vagne, jure sur mon nom que je ramènerais cette lame au fief de la famille de sir Engrevain après avoir vaincu ce nécromancien. Sir Engrevain, permettez-moi d’utiliser votre épée pour vaincre le mal qui ronge nos terres. Prêtez-moi votre force pour les épreuves à venir j'honorerais ma parole entant que chevalier.
Et sur ce serment le groupe repartait vers bourg-la-Demoiselle, laissant derrière eux des ruines en flamme de ce qui fut la première grande bataille du chevalier de Vagne.