Il resta en arrière de la petite troupe, les laissant discuter. Déchiffrer leur accent sur le long terme demandait trop d'effort pour son cerveau limité. Et puis, il fallait être vigilant, ils allaient entrer en territoire ennemi. Il n'avait aucun mal à suivre leur rythme, étant habitué aux longues marches, mais il soupçonnait qu'ils ralentissaient pour lui. Plus le temps passait, plus sa faim grandissait, et l'ogre commençait à souhaiter qu'ils se fassent bientôt attaquer, car les boites de conserves devant lui commençaient à devenir appétissantes. Malgré son désir d'être aux aguets, il ne put empêcher à son esprit de vagabonder, majoritairement sur de nouvelles idées de recettes lui mettant l'eau à la gueule, mais aussi sur le récit incroyable qu'il raconterait après avoir terrassé le "nécromeucien", assisté par quelques humains.
Le soir finit par arriver, et ils montèrent leur camp. Plus impatient que de raison, l'ogre s'attela fébrilement à la création d'un feu, rassemblant du "petit" bois mort ayant plus l'apparence de tronc d’arbres que de brindilles. Il n'était pas compliqué de trouver du bois mort dans cette zone, où tout semblait plus mort que vivant. C'était bizarre, Zod n'aimait pas ça, il se sentait mal à l'aise. Et pour qu'il se sente mal à l'aise, il fallait le faire.
Bientôt, un feu de camp conséquent ronfla devant lui, sans doute capable de réchauffer même les cœurs les plus froids. Zod ne se rendait pas bien compte, mais il savait que les petits étaient souvent plus sensible au froid que lui. C'était normal, les pauvres étaient si maigrelets, comment peut-on se réchauffer avec que la peau sur les os ? D'ailleurs les chevaliers Bretoniens firent leur feu un peu à l'écart de celui de l'ogre, Gastien restant avec eux, le laissant préparer seul la nourriture.
Avant de commencer, l'ogre utilisa un peu de l'alcool qu'il avait récupéré pour nettoyer ses grosses mains, ainsi que du savon. Ma lui disait toujours qu'avant de cuisiner il fallait avoir les mains propres. Ensuite, il sortit un de ses petits tonneaux où il stockait la nourriture, et déposa délicatement l'omelette sur le plat de son sabre. Il dut la découper quelque peu pour que tout tienne, mais il réussit tant bien que mal à tout mettre. La concentration se lisait sur son visage, plissé sous l'effort, de façon presque comique. Il réchauffa ensuite un peu l'omelette, juste assez pour qu'elle soit bien chaude, mais pas assez pour la brûler. Ensuite il beugla avec toute la subtilité ogre.
A TABLEEEEE SIEUR D'VAGNE !!! VITE SINON CA VA R'FROIDIIRRRR !!!!
Une fois le chevalier arrivé, il présenta son sabre à Gastien pour qu'il puisse commencer à manger, le laissant se servir avant, avant de finir tout ce qu'il restait, avalant goulûment, tout en prenant le temps de savourer, ce qui était assez paradoxale. Ayant encore grand faim, il prit ensuite une tourte, ainsi qu'1 petit litre de lait de vache, qui permit de le rassasier un peu, même si c'était loin d'être suffisant. Vivement les combats !
Alors qu'pensez-vous de ma cuisine Sieur d'Vagne ? Zitez pas à critiquer, j'sais d'fois les gens sont intimidés par moi, mais j'suis un ogre civilisé, pas un sauvage.
L'ogre eut bon ton de pas sourire, ne voulant pas faire peur à son employeur, et commença à se curer les dents avec un bâton qu'il avait taillé en pointe avec les dites dents, pour ensuite utiliser un peu d’alcool pour rincer tout ça. Ensuite, il ne tarda pas trop à aller se coucher, se disant que le sommeil apaiserait un peu la faim qui le tenaillait toujours. De plus, son employeur n'avait pas tardé à rejoindre ses confrères pour discuter. Étrangement, il aimait ces moments de grandes faims avant une bataille, cela ne rendait le festin ensuite que plus délicieux. ...
Un sifflement ? Une attaque ! Zod se leva aussi vite que possible, les yeux encore embués de sommeil. Dans la pénombre, illuminé par le brandon enflammé, le reste de son feu, et une demi Mannslieb un peu palote, il put voir une quinzaine de créatures difformes, sortes de parodies d'humains avec des griffes qui donnaient presque envie à l'ogre. Voir son futur repas acheva totalement de le réveiller. Il semblait épargné par les créatures pour le moment, il fallait en profiter.
D'un mouvement habituel, l'ogre plongea ses gros doigts dans son sac, et en sortit de gros bouchons de cire qu'il se colla dans les oreilles. Un conseil des humains qui lui avaient offert le canon, avant de lui apprendre à s'en servir, pour éviter de devenir sourd. il se saisit ensuite de son crache plomb, qu'il utilisait toujours comme oreiller, et qu'il gardait constamment chargé. Il coinça le canon sous son épaule, visant la bête la plus proche, dégaina une allumette qu'il craqua sur son canon.
UN FESTIN POUR LA GUEULE !