Il faudrait encore attendre de longs jours avant qu'enfin le cor ne retentisse à nouveau aux portes du fief de Sombre-bois. Pendant cette longue période, le sorcier allait commencer à écrire dans un de ses grimoires une ébauche d'idée pour un enchantement d'objet qui devrait lui permettre de stocker l'énergie vitale qu'il récupérerait de ses ennemies vaincus à l'aide de son sort permettant d'en dévorer l'esprit. Il ne pouvait toutefois pas encore espérer appliquer ce qu'il pensait, car il lui manquait à peu près tout dans son donjon lugubre. Il avait abandonné l'usage d'une bougie pour se servir de son galet flottant au quel il avait ajouté le sort lumière permettant à l'objet de briller d'une douce lumière tout en flottant paisiblement sur son bureau.
Cette technique lui permettait d'économiser les bougies, mais surtout cela évitait que la cire de ces dernières ne coule sur ses pages en papier ! Maudite cire qui rendait imperméable à l'encre le papier une fois qu'elle avait été mise dessus sauf si on perdait un temps stupide à la gratter pour qu'il n'en reste rien ! Il s'était maudit de ne pas avoir penser à cela bien plutôt, car au final, il s'agissait d'une idée brillante... Enfin, lumineuse... je veux dire logique ! Quoi qu'il en soit, cela lui avait également permis d'arrêté d'être dérangé par cette gueuse qui venait pour renouveler le stock de bougies. Pour lui permettre de conserver le contrôle du temps qui passe, Ishar avait toutefois demandé à Günther de monter le voir plus régulièrement. Ainsi lui avait-il confier la liste des objets dont il aurait rapidement besoin pour son laboratoire d'alchimie, le demandant par le fait même de réunir ces dits objets en même temps que de vendre les livres. Le chef de la garde informa également le nécromancien que par le billet du même réseau, il pourrait se fournir en esclave. Le seigneur de Sombre-bois, trouvant que la récolte alimentaire était trop faible, décida donc d'en profiter pour en commander cinq, des hommes vigoureux pour le travail dans les champs et au passage transporter prudemment le laboratoire jusqu'au fief.
Le seigneur liche fit également appel à l'ingénieur du fief pour discuter d'un de ses projets. La place forte était trop vulnérable, si les chevaliers avaient été moins imprudent et avaient décidé d'attaquer en défonçant les palissades en bois à l'aide de corde et autres outils, ils auraient pu sans trop de mal ouvrir d'autre brèche dans les remparts et les défenseurs auraient été submergés. Si le noble voulait pouvoir compter sur ses défenses afin d'étudier en paix, il devait avant toute chose combler cette lacune et pour ce faire, il n'y avait pas trente-six milles solutions, il fallait construire une nouvelle muraille ! Le fief disposait, comme tout bon château, d'une carrière de pierre, cela limitait le temps de trajet et surtout les coûts, les paysans travaillant directement pour le seigneur. François, l'ingénieur, réfléchit donc à comment faire en sorte que les travaux puissent être réalisé, traçant des plans et les montrant au seigneur. Pour finir, il fut décidé de partir sur une enceinte qui suivrait le long de l'enceinte actuelle en la débordant légèrement. Il ne faudrait alors que détruire une petite partie de la palissade, au niveau de l'enceinte en pierre préexistante, pour commencer la construction en laissant en place le reste de la structure et en construisant devant celle-ci. Le fief restant ainsi bien moins vulnérable à une attaque pendant le temps des travaux.
Ceux-ci furent d'ailleurs estimé à près d'un an ininterrompu, ce qui bien sûr n'était pas possible, car durant l’hiver, il n'était pas possible de travailler. Il faudrait donc compter dans les deux ans pour que l'enceinte soit totalement établie et le fief renforcé. Ishar avait pesté quand à la lenteur des travaux, mais il savait d'expérience qu'il s'agissait bien là d'une des raisons qui avaient empêché ses ancêtres d'entreprendre de tel œuvre. Le temps et les bras, heureusement, le fief était désormais remplis d'esclaves pouvant travailler pour lui et fournissant la main d’œuvre que le fief n'avait jamais su se fournir.
Une fois ces tâches seigneuriales accomplies, la liche avait décidé d'entreprendre le démantèlement total du corps du vampire qui trônait encore dans son laboratoire. Le corps n'avait pas pourri, restant figé dans le temps comme un être éternellement endormi. À ceci près qu'il avait déjà la poitrine ouverte et le cœur manquant. Le puissant nécromancien découpa donc la chair morte qu'il plaça dans des bocaux, nettoyant les os avec précaution et minutie. En faisant cela, il récolta les fluides du mort dans d'autre contenant qu'il ferma hermétiquement avant de les ranger dans une de ses étagères. On ne savait jamais si ce genre de matériels rares pouvaient être utile et il ne comptait pas en gâcher la moindre parcelle. C'est ainsi que le félon usurpateur qui avait osé défié le sorcier ne devint rapidement plus qu'un ensemble de morceaux répartis dans une armoire.