Quel genre de mission me direz-vous ? Et bien, il s'agissait de missions capitales aux yeux du puissant seigneur. Günther avait dû tout d'abord réunir une petite troupe d'homme prêt à le servir fidèlement, il avait eu tout le loisir de le faire au près des gueux du village qu'il avait équipé avec les armes des défunts serviteurs du Duc autoproclamé. En tout, il avait d'abord s'agit d'une dizaine d'homme qui avait pu être monté pour former une cavalerie, certes médiocre, mais mobile. Ensuite, durant les semaines qui avaient suivies, il avait été battu la campagne à la recherche de toutes personnes prêtes à le rejoindre en échange d'un bon repas, ce qui, en Moussillon, valait plus que de l'or pur. En peu de temps, il s'était retrouvé avec une force doublée puis triplé et il avait pu commencer la tâche que son seigneur lui avait dès lors confié : capturer des esclaves pour travailler pour lui ! Il lui fallait plus d'homme, toujours plus, pour qu'il puisse cultiver les terres de son domaine et ainsi pouvoir lever une armée plus grande. L'écuyer s'était débrouillé avec merveille, ne subissant qu'à de rare moment des pertes plus que légères et toujours rapidement remplacée par d'autre hommes à la recherche de quoi se nourrir et ceux-ci ne manquaient jamais à l'appel. Après un moment, Günther avait pu commencé à accomplir une nouvelle tâche pour son maître, établir un réseau d'espion et de contacte pour rechercher des rubis, mais surtout, une pierre de jade. Sans poser de question, l'écuyer s'était exécuté. Mais il lui avait fallu un moment pour trouver un homme capable d'accomplir pour lui cette mission, car il ne pouvait pas être partout pour son maître et ce dernier préférait le garder prêt de lui pour qu'il s'occupe des brigands qui occupaient désormais à nouveau son fief... Mais à ses ordres cette fois.
Pendant ce temps, le sorcier étudiait un chapitre d'un de ses livres en particulier, il s'agissait d'un sort qui devait lui permettre d'étendre son emprise de contrôle nécromantique sur des vivants, leur arrachant petit à petit leur esprit pour en faire des pantins serviles, mais aussi plus puissant que ne l'était de vulgaire morts-vivant mineur tel que l'était les zombies et les squelettes à ses ordres. Il avait cru tout d'abord que la tâche allait être simple, les pages s’enchaînant sans trop de difficulté pour lui, Lucia lui confiant des conseils avisés. Puis, vint une ligne, une toute petite ligne, qui lui sembla être une muraille infranchissable, les jours passant sans qu'il n'arrive à en comprendre correctement le sens. Il s'agissait pourtant d'une étape vitale, car elle était sensé permettre lier le sort d'asservissement qu'il avait appris les deux semaines précédentes à un corps vivant, mais non, impossible ! Le nécromancien pesta, jura, hurla de rage et de frustration, abattant sa colère sur tous les sujets qui semblaient lui manquer de respect et qui périssaient écrasé par les pattes hideuses du rat-ogre qui n'étaient maintenu en morceau que par la magie qui l'animait.
Puis enfin, le calme revint dans le village quand le sorcier parvint finalement à vaincre la maudite difficulté de son art. Les lettres se délièrent, formant finalement une vrai et belle phrase cohérente ! Le nécromancien sauta de joie, redoublant d'effort dans sa tâche avec le secret espoir que plus aucune difficulté de se mette au travers de sa route. Bien qu'à moitié, si pas totalement, fou, le seigneur des lieux décida d'organiser un banquet pour fêter cette réussite glorieuse. Ainsi, pour la première fois pour certain brigand, tous purent voir le seigneur des lieux marchant au milieu du village, entouré de ses trois guerriers squelettes habituels et au côté de Günther, pendant que tous, sauf les esclaves, mangeaient et buvaient, trop heureux de voir que les colères de leur maître étaient visiblement passées pour se poser la question de la raison de son bonheur. Tous en profitèrent pour lui jurer une nouvelle fois obéissance, sans doute vivement conseillé par l'écuyer qui savait, avec le temps, que ce que n'aimait pas par dessus tout son seigneur, c'était de ne voir les gueux ployer le genoux devant lui.
Après cette soirée mémorable, le sorcier repartit se reclure dans sa tour pour continuer son étude fastidieuse et Günther reprit sa sale besogne avec bon cœur, c'est d'ailleurs ce jour-là qu'il reçut la tâche de chercher les pierres précieuses. Les semaines passèrent rapidement, l'écuyer partant parfois plusieurs jours à la tête d'une partie des forces du fief et chevauchant désormais une belle bête sans doute récupérée lors d'un de ses pillages, puis il revenait avec parfois de nouveaux hommes dans sa troupe qui avaient remplacé les morts et un convoie d'esclave tiré entre les cavaliers. Pendant son absence, ce qui restait des forces armées du fief surveillait ce dernier ainsi que les esclaves qui travaillaient désormais dans les champs avec les autres gueux. Ces derniers avaient pris l'habitude de porter des vêtements distinctifs pour bien montrer qu'ils n'étaient pas comme eux, certains avaient également commencé à « s'approprier » des esclaves avec les bons vouloir de l'autorité locale, tel était le cas du forgeron du village qui avaient toujours besoin de bras, mais aussi des travailleur du bois et des surveillant de bétail. Au final, les autochtones avaient même fini par eux même surveiller les esclaves à la place des brigands acceptant que d'autre travail pour eux et se sentant fière d'appartenir à une classe qui n'était plus là plus basse... Le côté pervers qu'Ishar avait immédiatement perçu et dont il profitait désormais, était la peur qu'avait maintenant les gueux de devenir eux-même esclaves et ils faisaient dès lors preuve d'un dévouement total à l'égard de leur suzerain et maître.
Le sorcier était ravi de voir ainsi son fief prospérer comme jamais auparavant, sans doute, son esprit était-il trop perverti par la dhar pour qu'il ne se rende compte qu'il ne s'agissait plus le moins du monde d'un comportement quelque peu chevaleresque. Mais il n'en avait désormais plus cure, car tout ce qui lui important maintenant était de devenir plus puissant, toujours plus puissant. Car il devait pouvoir servir son maître ainsi que sa déesse quand il ou elle l'appellerait ! Son armée n'était clairement pas ce qui important et encore moins sa composition, l'important était qu'elle puisse répondre à ses attentes et celles-ci étaient simple : Il lui fallait avoir les moyens d'étendre son emprise le plus possible, établir une forteresse inexpugnable où il pourrait effectuer ses recherches sans se soucier du monde extérieur et accumuler le savoir et les biens nécessaires à l'accomplissement de sa quête ; devenir Immortel !
C'est une semaine après avoir une nouvelle fois butté sur une difficultés que le sorcier revit Günther, ce dernier s'inclina respectueusement face à son suzerain, faisant grincer l'armure qu'il portait toujours quand il se mit à genoux. Il tenait son casque sur son genoux levé, l'autre en terre et marteau de guerre posé la masse sur le sol, inclinant la tête et regardant le sol des yeux jusqu'à ce qu'Ishar ne lui face signe de parler.
-Mon puissant seigneur, je vous rapporte une nouvelle livrée d'esclave pour vous servir ce porte leur nombre à autant que l'on puisse en contenir. J'ai également enfin réussi à réunir toutes les informations nécessaires concernant la recherche des pierres précieuses que vous m'aviez confier. Arthur, le chef de vos espions, vient de m'informer de la position de votre pierre de jade. Il m'a dit que ce n'était pas facile, mais rien d'impossible pour lui... Le soucis étant que cette pierre se trouve en possession d'un noble locale qui dispose encore d'une force conséquente malgré la guerre qui déchire actuellement le duché et qui nous a permis de nous livrer si facilement au pillage... Mon seigneur, cette pierre... on ne pourra pas facilement l'avoir. Voulez-vous quand même que je prépare les hommes ?
Le chevalier-mage ne savait pas s'il devait bouillir de rage ou de joie. Savoir que sa précieuse pierre de jade, si importante à son rituel d'immortalité était à la fois à portée de main et intouchable le rendant malade. Toutefois, il ne pouvait pas se permettre d'expulser sa colère contre son fidèle écuyer... Ce n'était pas sa faute après tout si ce « Arthur » n'était pas capable de trouver une pierre facilement récupérable...
-Non... Tu peux dire à mes hommes qu'ils peuvent se reposer pour le moment... Ils ont bien travailler, félicites les de ma part.
-Mais... Mon seigneur... Et pour la pierre ? On abandonne ?
Le sorcier sourit sous son masque de bois
-Oooh non, mon brave... Je dois juste réfléchir à un plan pour m'en emparer sans effusion de sang... Comment s'appellent les deux lieutenants que je t'ai autorisé à nommé ? Gérald et Simon ? L'écuyer hocha de la tête. En lequel des deux as tu le plus confiance ?
-En Simon, sans nul doute, mon seigneur.
-Bien, je partirais avec lui et deux de ses meilleurs hommes demain jusqu'au fief de ce « noble local »
-Trois hommes seulement ? Mais mon seigneur, il vous faut une escorte plus conséquente ! Je...
Ishar haussa le ton :
-SILENCE !!! QUI CROIS TU ÊTRE POUR ME DIRE QUE J'AI BESOIN D'UNE ESCORTE ? JE SUIS UNE ESCORTE A MOI SEUL ! JE DIS ET JE PARTIRAIS DEMAIN !
Puis, s'adoucissant tandis que Günther regardait le sol en s’aplatissant d'autant plus que le lui permettait son imposante armure qu'il avait repeinte en noire.
-Quand à toi, tu garderas mon fief en mon absence... J'ai confiance en toi, ne me déscois pas !
-Je le défendrais au périls de ma vie, mon seigneur !
Le sorcier se leva alors d'un geste et sortit de la pièce pour rejoindre ses quartiers. Son cœur battait à une vitesse folle, il avait peur, peur que son fief ne retombe à nouveau, peur de devoir sortir à l'extérieur de ce dernier, peur d'affronter le monde, peur de La Mort, peur de la peur.