[Grogmar] Le sombre maître

[[MJ] Le Grand Duc]

Jestan l'observa en coin, son visage et son accoutrement loufoques éclairés par les flammes du feu de camp.

- "Et bien soit, ainsi soit-il." dit-il avec un petit rire, éludant les remarques avisées que l'impérial avait pu faire sur les intentions réelles de son collègue. "Nous ferons équipe. Mais soyez certains, Grogmar, que nos compagnons nous planteront un poignard dans le dos dès qu'ils en auront l'occasion. Ainsi est le prix du savoir." lança-t-il sur un ton énigmatique avant de se diriger vers sa couche et de s'étendre pour passer la nuit.

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Ils voyagèrent ainsi deux jours durant, longeant les sentiers boueux qui serpentaient entre les marais. Ils contournèrent le Guet-de-l'Estran et gravirent le plateau rocheux de Mornemont par le Sud, à l'opposé du bastion frontalier. Une fois arrivé contre la falaise où se trouvait auparavant le village abandonné, Grogmar pu constater que la plupart des masures avaient disparues et que le lieux avait été nettoyé de tout matériaux de constructions. Enguerrand de Rampone avait probablement envoyé les hommes de Vladimir pour récupérer ce qui était susceptible d'être utilisé pour la construction du Guet.

Aubin de Tyrosse ordonna à ses propres soldats d'établir un campement sommaire à l'extérieur, mettant lui même pied à terre en s'approchant de l'ouverture de la grotte que le nécromancien avait déjà visité. Il fit signe à Grogmar et à Jestan de s'approcher, tandis que Fangon venait également se placer à côté de lui et que dernière eux les soudards s'activaient à décharger la charette et à monter des tentes de peau et de tissu.

- "Vous deux ! Sire Rachard m'a dit que vous étiez capable de localiser le minerai que nous sommes venus chercher. Faites vite, avant que je ne me courrouce." dit-il avec une moue hautaine, regardant les deux lanceurs de sort comme de simples gueux.

Jestan coula un regard vers Grogmar, un petit sourire en coin.

[Grogmar]

Le nécromancien resta un moment interdit tandis que son camarade lui répondait de manière assez énigmatique sans vraiment lui donner raison ou tort. Mais était il seulement dans le même camp? Voir simplement pouvait on parler de camps là où chacun des nécromanciens semblaient être à la recherche de plus de savoir et de puissance. Pour le jeune homme, cette situation aurait été incompréhensible, mais désormais, c’était le loup qui dirigeait et pour lui, cela ne voulait dire qu’une chose: La mort! Plus de massacre, tuer, exterminer. La puissance lui appartenait et il écraserait toutes les personnes qui se mettront au travers de sa route pour son dieu vampirique. Si Jestan essayait seulement de le trahir, il lui ferait regretter de manière bien plus cruel que ne l’avait fait Rachard avec la goule qui avait été son serviteur. Mais une fois de plus, pour l’heure il ne pouvait rien faire, car le tuer risquait fortement d’être mal vu par l’importante troupe qui l’accompagnait. Le Loup se dirigea donc simplement vers sa couche pour y dormir. Chose qu’il fit avec prudence, ne voulant pas être aussi désagréablement surpris que la dernière fois qu’il avait parlé “affaire” avec quelqu'un.

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Le reste du voyage se fit en silence, personne ne venant parler au sorcier et celui-ci ne désirant pas plus venir parler à qui que ce soit. Il aimait le calme et se plonger dans sa réflexion. Il réfléchissait à un moyen de garantir de ne pas être tué bêtement par ses deux autres camarades. Car pour le moment, il n’avait pas vraiment réfléchi à ce genre de détail et les paroles du bouffon avaient été pour lui comme un coup de fouets qui lui avait rappelé qu’il n’était pas le seul à chercher à devenir puissant. Il devait donc faire en sorte d’être près si une tentative d'assassinat venait à être tentée à son encontre. Il cherchait dans ses sorts s’il y avait un moyen de s’en préserver, mais il ne disposait pas d’un arsenal bien large et une grande partie de celui-ci n’était tout simplement pas fait pour le combat. Pour ainsi dire, il n’avait vraiment qu’un seul sort d’attaque, le reste étant plus de l’utilitaire et des moyens de fuir. C’était assez fâcheux. Mais que pouvait il bien y faire? La magie du Dhar lui rongeait les os à chaque fois qu’il tentait de maîtriser un nouveau savoir et il devait par conséquent oeuvrer dans le but de se débarrasser de ce fardeau en premier lieu, après seulement pourra t il commencer à apprendre un plus large panel de connaissance.

Deux jours plus tard, un temps qui laissait entendre que cela risquait de prendre bien plus de temps que prévu pour lever une armée, le groupe arriva à destination. Le village avait été totalement ou presque vidé de ses ressources encore utilisable. C’était un travail assez impressionnant de cannibalisme économique. Le sorcier n’arrivait pas à comprendre l'intérêt de cette opération, hormis d’empêcher toute reprise de ce site par des mutants. En effet, le Guet était entouré par des bois qui pouvaient fournir du bois en quantité. Faire une telle distance pour récupérer des poutres dégradées par le temps ne semblaient donc pas forcément être un plan des plus brillant. Mais que pouvait on attendre d’autre de chevaliers Bretonnien? En parlant de cette sorte d’individu, celui qui accompagnait le groupe se mit une nouvelle fois à aboyer ses ordres, comme s’ils avait la moindre valeur aux oreilles du nécromancien qui l’aurait déjà tué s’il n’était pas sous les ordres de Sir Rachard et plus particulièrement s’il n’était pas derrière une troupe de trente hommes d’armes près à le mettre en pièce à la moindre occasion.

Le sorcier regarda toutefois de manière quelque peu étonné son homologue, bien qu’il ne laissa rien paraître sur son visage. En effet, ce dernier semblait également être capable de sentir la malepierre ou du moins le prétendait il. Un concourant de taille donc. Mais pour le moment, ils étaient tous deux alliés… Il n’empêche que le mage comptait désormais garder un oeil encore plus attentif à ce que Jestan faisait. En même temps, il s’avança vers la grotte et se concentra pour rechercher la précieuse ressource qu’ils étaient venu chercher. Il n’y avait pas de temps à perdre après tout et il allait sans dire que le premier à trouver un filon allait être bien mieux vu que l’autre.

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Grogmar et Jestan entrèrent dans la première grotte, suivis de près par Fangon et Aubin de Tyrosse, épée au clair. Ils traversèrent la fente naturelle pour déboucher sur l'immense cavité percée de trous par lesquelles filtrait une lumière pâle. L'endroit ne semblait pas avoir changé depuis leur premier passage. La flore mutée était toujours présente, les buissons et les fleurs prenant des formes et des couleurs improbables tandis que les branches des pins se tordaient dans des arabesques inquiétantes et que des visages d'écorce se creusaient dans leurs troncs. Jestan se contentait d'observer tout cela avec un sourire malsain, tandis que le chevalier jurait à voix basse.

- "Cet endroit est maudit." murmura-t-il en tournant sur lui même lentement, posant les yeux sur les champignons difformes et les fougères violettes ou jaunes vif.

Ils s'avancèrent jusqu'à la clairière où se trouvait il y a moins d'une semaine encore le campement des mutants, et les deux nécromanciens s'arrêtèrent pour se laisser aller à une concentration profonde, déterminés à identifier la source des émanations néfastes qui transpiraient de chaque pierre, de chaque plante présentes dans cette grotte.

Test de Sens de la Malepierre, basé sur Int : 1, réussite critique.

Les effluves corrompues de la Dhar sédimentée parvinrent de suite à l'esprit de Grogmar. Son cerveau, comme une toile d'araignée, captait les vents torturés et les particules métaphysiques qui saturaient cet endroit, traçant face à lui une piste invisible et vaporeuse. Les énergies noires battait sa tempe, il sentait sur lui leur effet aliénant et irrésistible. Son flair aethyrique ne pouvait le tromper. Le filon tant recherché se trouvait nécessairement dans la deuxième grotte, celle qu'ils avaient découvert avec Fangon. Plus précisément, au niveau du gouffre et du petit lac souterrain, sous le grand pont qui menait au tombeau. Lorsqu'il croisa le regard de Jestan, il su que ce dernier avait également sentit le courant de puissance qui imprégnait les cavernes de Mornemont.

Pour te faire une idée, tu peux visionner à nouveau les images de ton aventure précédente.

[Grogmar]

L'ensorceleur se déplaça à l'intérieur de la grotte sans montrer la moindre surprise au spectacle qui s'offrait à ses yeux. En effet, il était déjà venu ici et rien ne semblait avoir changer depuis sa dernière visite. Les hommes du guet ne devaient pas avoir osé s'aventurer dans cet endroit qu'ils rapidement croire maudit. Mais comment pouvait-on croire que ce lieu était maudit ? Souillé par la magie et tout particulièrement la Dhar, oui, mais aucun dieu n'était intervenu pour cela et aucune malédiction n'avait été lancée. La corruption était juste là, résulta d'une accumulation et d'une stagnation des vents qui avait fini par créer de la malepierre. Le nécromancien sourit intérieurement à la remarque du chevalier. Il rétorqua donc de sa voix laconique.

-Ne restons pas plus longtemps que nécessaire dans ce cas.

À peine avait-il dit ces mots et qu'il se fut concentré qu'il n'eut aucun mal à voir les émanations de la sombre pierre. Cette fois-ci, nul séjour dans le cosmos tout puissant. Pas de vision comme il en avait eu à sa première interaction avec cet endroit. Une sensation étrange pour le nécromant qui s'était attendu à revivre ce moment fantastique. Son dieu était il fâché de lui ? Non, ce n'était pas possible... Il devait simplement ne pas vouloir le mettre dans l'embarra en le faisant choir.

Quoi qu'il en soit, le sorcier noir se rendit rapidement compte d'où était caché le filon de la précieuse roche qu'ils étaient venus chercher. Il n'avait aucune envie de traîner ici plus que de raison, car le jeune homme craignait de voir arriver les soldats du Guet ce qui impliquerait presque à coup sûr une bataille qu'il ne voulait pas mener. Pas tout de suite. Pas temps que son seigneur et dieu sera le maître de ce village. Mais si cela arrivait, il serait bien dans l'obligation de se battre, car après tout, il devait montrer sa fiabilité à son prétendu maître et ne pas combattre risquait d'être mal vu. Surtout quand on savait que le nombre de soldats du Guet était bien plus grand que celui que Sir Rachard avait détaché pour la mission. Il était bien entendu fort peu probable que tous les soldats viennent à leur rencontre. Mais quand on voyait comment le vrai Sir François avait délaissé le village et ses précédents habitants, il ne faisait aucun doute que la possibilité de voir toute l'armée du bourg était bien réelle.

Ainsi, le sorcier fit signe de le suivre sans dire un mot. Il se dirigea ensuite vers la deuxième grotte qu'il avait détecté comme étant le lieu où se trouvait le gisement. Il avait pu remarquer que son allié, s'il pouvait déjà l'appeler ainsi, avait, semble-t-il, également repéré la chose. Il était toutefois peu probable qu'il connaisse la grotte aussi bien que lui, car après tout, il ne l'avait pas déjà visitée contrairement à Grogmar. Ce dernier lieu de vie pour le frêle esprit qu'il avait été, mais également le lieu de naissance du Loup. Pour tout dire, ce dernier se sentait presque comme chez lui. Un retour à son lieu de naissance était quelque chose de poignant après tout. Un lieu qu'il ferait sien, cela ne faisait aucun doute, car il ne laisserait personne d'autre que lui en prendre possession bien longtemps et quand il aura développé suffisamment sa puissance, il trouvera un moyen d'y revenir.

Le nécromancien se dirigea d'un pas rapide vers le chemin qui menait vers le petit lac qu'il avait trouvé potentiellement dangereux. D'ailleurs cette pensée lui revint et il fit halte en arrivant au niveau de la descente. Il inspecta alors d'un air septique cette zone qu'il n'avait pas encore explorée. Comment savoir s'il ne s'agissait pas d'un lieu mortel ? Il se tourna alors vers la petite troupe ou en tout cas vers les personnes qui l'avaient suivi et il parla de sa voix calme tout en montrant du doigt l'endroit où il ressentait le plus la magie.

-Le filon de malepierre se trouve là-bas. Nous ne savons pas ce qui peut se cacher sous ces eaux, alors prudences.

Après quoi, il descendit d'un pas lent en faisant attention pour ne pas glisser. Il se rendit compte qu'il n'avait même plus d'arme sur lui, il n'était décidément pas garni, car il n'avait pu garder son épée plus qu'un combat. C'était dommage, car cette arme était de de très bonne facture. Enfin, soit, il n'en aurait sûrement plus trop besoin, lui qui ne désirait de toute manière plus se battre aux corps à corps. Préférant laisser cette tâche ingrate à des subordonnés sacrifiable. Une fois en bas et si rien n'était venu le déranger durant sa descente ou une fois arrivé là-bas, il se dirigea vers le point où la magie était la plus puissante qu'il désigna ensuite sans l'ombre d'une hésitation.

-Il faut creuser ici.

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Fangon et Jestan descendirent avec lui, tandis qu'Aubin de Tyrosse restait sur le pont de pierre et les observait d'en-haut, l'épée tirée, jetant des coups d’œil dans les grandes grottes garnies de piliers alentours, visiblement alerte. Un escalier ancien taillé dans la roche serpentait contre la paroi garnie de mousses humides et débouchait sur la crevasse naturelle. Deux grands pins se dressaient là, eux aussi marqués par la corruption des lieux. Leurs troncs torturés étaient creusés de bouches d'écorce et d'orifices d'où suintait un pus orange, une sève mutée. Des pommes de pins aux lueurs rouges pendaient au bout des branches et les aiguilles des arbres étaient de couleur changeante, passant du mauve au bleu métallique en fonction de la lumière qui filtrait par les orifices de la voûte. Des amas de fougères et de champignons en forme de phallus ou de mains boursouflées poussaient au bord d'un point d'eau peu profond et étrangement limpide. Au font de ce petit lac transparent comme du verre, on pouvait distinguer des poteries et des vases en bronze, des pièces de monnaie et autres morceaux de métal qui miroitaient de manière surnaturelle. Mais les sens de Grogmar l'attiraient plus loin, vers le fond de la crevasse. Le claquement de ses bottes et celles de ses compagnons sur le sol dur se répercutaient dans toute la caverne. Ils firent face à l'une des parois, où la pierre semblait plus friable, faites d'un mélange de calcaire et de gros morceaux de roche, contrairement au granit indestructible qui composait le reste de ces grottes. De la mousse et des lierres aux formes étranges recouvraient cette façade abrupte qui remontait jusqu'aux sépultures qu'avait visité l'impérial, mais la perception de ce dernier ne pouvait le tromper : il le savait, derrière cette masse de roche et de sédiments se trouvait le filon tant convoité, la veine de Malepierre. Le pouvoir de la matière maléfique battait l'esprit du nécromancien avec une force inouïe. Elle était si proche que ses effluves embrumaient la tête de Grogmar et faisant flancher sa vision, à telle point qu'il jugea sage de se reculer. C'était une puissance brute qui se tapissait là, condensée et compressée dans la pierre. Des siècles de sédimentation qui avaient saisi et engloutit les Vents de l'Aethyr qui soufflaient dans ces grottes, pour les digérer et les agglomérer en une forme solide, tangible, matérielle. Un véritable charnier magique assoupis depuis des siècles, peut être des millénaires, et qui ne demandait qu'à être libéré de sa gaine calcaire pour dévorer les plans métaphysiques de ce monde.

Lorsqu'il eu fait signe à Aubin de Tyrosse, loin au dessus d'eux, ce dernier repartit vers l'entrée de la caverne. Il revint une dizaine de minutes plus tard avec la moitié des hommes de la troupe qui portaient cordages, pioches, tamis, pelles et autres outils de terrassement. Dirigés par le chevalier, ils descendirent dans la fosse par le grand escalier. Jestan, aux côtés de Grogmar, poussa un petit gémissement tandis que ses deux compagnons regardaient les soldats venir à eux.

- "Mmmmh ... Je la sens, mon ami. Je la sens me vriller les tempes, s'infiltrer en moi comme un poison insidieux et délicieux ... C'est exquis." murmura-t-il avec un rictus mêlant visiblement souffrance et plaisir. Il ouvrit les yeux. Ceux-ci étaient injectés de sang, lui donnant un air dément. "C'est un endroit magnifique que vous avez découvert. Magnifique ..." dit-il avant de fermer à nouveau les paupières et de se contorsionner sur place, se délectant des effluves corrompues qui émanaient du sol lui même.

La puissance brute de la Dhar reposait ici comme une chape de plomb, aplatissant sous sa volonté impitoyable ceux qui y étaient sensible, tandis que les hommes qui s'avançaient vers eux semblaient seulement se sentir mal à l'aise sans réellement savoir pourquoi, incapable de ressentir la pression aethyrique qui émanait de la roche tout autour d'eux.

Alors que Grogmar, Jestan et Fangon se tenaient à l'écart, Aubin de Tyrosse dirigea ses hommes vers le fond de la fosse, à l'endroit désigné par l'impérial, et les ordres claquèrent. Rapidement, les soldats retirèrent leurs cuirasses et leurs gilets de cuir pour ne pas être gêné dans leur tâche, et s'emparèrent des outils pour attaquer la paroi tandis que d'autres commençaient à déblayer les débris de pierre à l'aide de seaux et de pelles, essayant de creuser les parties terreuses alentours pour aménager un semblant de terrasse. Leur travail dura plusieurs heures, tandis que les hommes postés à la surface les rejoignaient, ne laissant que deux vigies à l'extérieur pour prévenir toute intrusion. Sous les ordres et la supervision impitoyable du chevalier, les tâches furent rapidement attribuées afin de mettre à jour le gisement. Les travaux de terrassement prirent une journée entière, à la fin de laquelle la troupe en entier remonta à la surface pour passer la nuit dans leur bivouac.

Ils redescendirent le lendemain matin à la première heure et reprirent leur labeur. Aubin de Tyrosse était revenu vers Grogmar tandis que derrière eux, les hommes travaillaient d'arrache pied et attaquaient la paroi à coup de pioche et de maillet. La roche calcaire était maintenant bien entamée.

- "Vous, le sorcier. Ne pensez vous préférable de faire installer le campement à l'intérieur des grottes ? Fangon m'a parlé des troupes postées au Guet-de-l'Estran, elles pourraient s'avérer problématiques si ..."

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une clameur retentissait depuis le fond de la crevasse. L'un des hommes, recouvert de poussière, se retourna vers Aubin de Tyrosse et les deux nécromanciens, pioche à la main.

- "On y est, sire !"

Le chevalier et les deux sorciers s'approchèrent rapidement. Les mineurs improvisés avaient formé un cercle autour du gisement dégagé. Par delà la poussière et les irrégularité de la roche brisée par les maillets, on pouvait voir une petite lueur, très fine, comme une ligne de poudre d'un vert profond qui courrait sur la paroi en une veine ténue qui disparaissait plus loin dans la roche. Et pourtant, ces éclats minuscules irradiaient d'une puissance inouïe qui frappait Grogmar par à-coups comme de puissantes vagues. Le soldat qui les avait appelé s'approcha et passa la main entre les pierres, dégageant la poussière du filon. Soudain, il poussa un cri de souffrance et fit tomber sa pioche avant de tomber à genoux. Tout le monde eu un mouvement de stupeur et recula d'un pas, tandis que l'autre continuait de hurler comme un beau diable, son cri se transformant en un gargouillis de souffrance terrifié alors qu'il se tenait la tête des deux mains.

- "Par les burnes du Breton, qu'est-ce que c'est encore que cette diablerie !" vociféra Aubin de Tyrosse en tirant son épée.

Le soldat continuait de hurler de plus en plus fort, tandis que Grogmar sentait en lui les puissances corrompues à l'oeuvre. A côté de lui, Jestan poussa un cri et tomba inconscient, rattrapé de justesse par Fangon qui saisit son arbalète d'un même geste. Le mineur se retourna en tremblant et tous poussèrent un cri de terreur. Son visage était en train de muter, la partie gauche de sa mâchoire étirait ses chairs et déchirait la peau pour faire pousser un semblant de museau canin sanglant et décharné tandis que le pauvre bougre continuait de hurler, les yeux écarquillés et injectés de sang.

[Grogmar]

Le nécromancien se sentait très peu rassuré de devoir descendre seul ou du moins très faiblement accompagné tandis que le « noble » chevalier bretonnien restait la queue entre les jambes à l'étage. Il eut toutefois l'agréable surprise de ne pas en avoir justement. Il soupira presque de bonheur, sans doute l'aurait il fait s'il n'était pas un monstre tapis dans l'ombre de l’indifférence. Un loup, noir comme la mort et perfide comme la peste. Une créature du néant qui l'avait vu naître et qui le faisait grandir. Un prédateur se nourrissant de la haine qu'il éprouvait pour l'ensemble des vivants. Une abomination psychique n'ayant pour seul but la destruction des êtres qui avaient tué sa partie humaine. Seule cette soif de vengeance était là, poussant tel un arbre millénaire et cultivé par un loup avide de sang et de carnages. Les légions de morts vivant que son ancien lui, cet esprit désormais brisé qui résidait avec le sombre loup dans ce corps et qui était réduit à ne survivre que dans un coin de son âme, ces légions n'allaient servir l'humanité, elles allaient la réduire à l'esclavage, vivant ou mort, tous seraient à ses ordres et à travers lui à ceux de son Dieu.

Le ténébreux ne prit même pas la peine de répondre à son camarade. Il n'était pas d'humeur, cet endroit était à lui, l'intégralité de cette malepierre lui appartenait ! Ce dire que sir Rachard allait lui voler ses précieux biens était pour lui aussi douloureux que la blessure qu'il avait subi et se dire qu'il ne pouvait pour le moment rien y faire était pour lui bien pire encore. S'il l'avait pu, il aurait massacré l'ensemble de ces chiens. Tous devaient mourir ! La mort... la mort était la seule chose qui devait subsister de ces traîtres ! Mais pas maintenant... Non pas maintenant. Patience douce vengeance. Grandit et avec tes fruits je les étoufferais tous ! Il regarda de son regard vide le chevalier donner des ordres à ses soldats. Comment pouvait-on faire confiance à l’engeance humaine qui était toujours prompte à trahir ? La mort ! Seul la mort était la solution ! Non ! J'ai dit pas maintenant ! Destruction, tout détruire ! Tout réduire en esclavage ! Le savoir ! Il me faut plus de savoir pour devenir plus puissant ! Pour servir mon Dieu ! Mais pas maintenant... attendre... patience... Mais ils me volent ! Non... Pas maintenant, la vengeance doit attendre, devenir plus puissant est plus important que tout !

Le travail était terriblement lent pour le sorcier qui voyait son bien lui être lentement révélé avant, il le savait, qu'il ne lui soit dérobé. C'était pour lui une torture aussi douloureuse que de se faire arracher lentement la peau. Mais il devait l'endurer. C'était primordial... Comment pouvait-il faire autre chose. Il était pourtant persuadé que des morts-vivant auraient été bien plus efficace et que cette vermines palpitantes de vies n'était en rien un mal nécessaire.

Quand la nuit arriva, le sombre sorcier s'assit sur sa couche pour méditer. Chercher à se calmer de l'envie de meurtre éprouvée pendant la journée écoulée. Il n'aimait pas ces hommes. Il s'agissait après tout de soldats à la solde du seigneur qui l'avait éloigné de son dieu en retournant les esclaves du Guet contre lui. Il réfléchit plutôt à cette voix qu'il avait entendue durant sa vision. Ses souvenirs de ce moment étaient flou et il n'arrivait pas à savoir qui était la personne qui l'avait parlé. Elle lui avait parlé de savoir... Pouvait elle lui en apporter ? Mais d'abord de qui s'agissait il ? Il ne semblait pas qu'il s'agisse de son dieu, car la vision avait été provoquée par des problèmes dans sa manipulation de la Dhar. Mais de qui pouvait il donc s'agir ? Un dieu du chaos ? Il chassa rapidement cette idée de sa tête, car pour lui le chaos ne valait pas mieux que l'humanité. Tous devaient devenir l'esclave de son Divin maître et les autres divinités n'étaient que des hérésies. Mais en même temps... Cette voix... Le savoir...

L’ensorceleur se réveilla le lendemain matin, se rendant alors compte qu'il s'était assoupi durant ses réflexions. À moins que celles-ci ne se soient passées dans ses songes. Il ne perdit pas trop de temps à y réfléchir, car après tout savoir quand il avait réfléchi n'avait pas d'importance, c'était la réflexion qui l'était. Or celle-ci ne lui plaisait pas trop. Car elle ne lui apportait pas assez de réponses, il lui manquait des données pour comprendre, il lui en fallait plus pour cela... Plus de savoir...

Le nécromancien écoutait négligemment les paroles du chevalier qui n'était pas plus sympathique que durant le voyage. Il lui parlait toutefois de quelque chose d'assez important, car il s'agissait d'une réflexion stratégique. Impressionnant pour une personne venant de Bretonnie et appartenant à la caste des chevaliers, ceux-ci même qui étaient plus prompts à charger avant de réfléchir que de faire l'inverse. Ce grand moment d'éveil intellectuel fut toutefois brisé par l'appel d'un gueux. Dommage, pour une fois qu'un chevalier se servait de sa tête pour autre chose que donner un coup.

Le trio arriva rapidement sur le lieu de la découverte et Grogmar put se rendre compte qu'en effet, le filon venait d'être découvert. Il manqua de déverser sa puissante pour détruire l'ensemble des mortels présents. Mais il se retint... Car il ne savait pas si cela ne risquait pas de le tuer du même coup et il tenait bien plus à sa vie qu'à les tuer... Les tuer maintenant en tout cas. Il ne fit donc rien, regardant la malepierre avec une joie grandement diminuée par l'idée qu'il allait bientôt en être dépossédé. Il vit alors le soldat s’approcher pour prendre la poudre de malepierre. Le nécromancien voulut d'abord l'en empêcher... Mais le loup retenu son bras. Il voulait voir l'effet de la malepierre sur l'homme. Et il ne fut pas déçu le moins du monde ! L'homme se mit à hurler comme un possédé. Son corps ou plutôt sa tête fut alors frappée par la magie. En même temps, le puissant sorcier recula d'un pas de plus que les autres, comme frappé par la puissance qui s’exerçait. Il put alors voir qu'il était semble-t-il plus résistant que son camarade, car celui-ci tomba dans les pommes. Fagon réussit à rattraper Jestan de justesse... Dommage. Il dit toutefois d'une voix presque amusée. Une nuance vocale presque imperceptible en réalité et une petite ride au commissures des lèvres semblables à des fissures dans un masque sembla montrer un début de sourire.

-Bien venu au club des évanouissements.

Il se tourna ensuite vers le chevalier Bretonnien, son visage revenant à son état originel dans le même temps.

-Je n'étais pas certain de ce fait. Mais la malepierre dispose d'un puissant pouvoir mutagène. Il ne faut mieux pas rentrer en compacte directe avec elle. Je préconise le port de gants de maille et de cuir ou mieux encore, de les mettre rapidement dans des sacs fermés puis dans des coffres cerclé de fer comme il y en a dans le chariot.

Il jeta un rapide coup d’œil au mutant. Une abomination à abattre... Bien qu'il aurait bien aimé l'étudier un peu plus. Mais après tout, il aura bien le temps de le faire plus tard et avec d'autre sujet d'expérience.

-Quant à lui. Il est condamné et une mort sera pour lui la seule délivrance possible. Il aurait du comprendre qu'il est préférable de demander l'avis à un expert avant de toucher à des choses magiques comme vous comptiez sûrement le faire avant cet incident.

Ainsi et avec ces mots, il venait de sortir le chevalier du même sac que les autres gueux, lui prêtant une intelligence et le frottant dans le sens du poile. Il ne pourrait ainsi plus se plaindre sans montrer qu'il n'avait pas pensé à demander conseil ou simple des informations aux deux nécromanciens qui l'accompagnaient pourtant. Faisant du même coup preuve d'un manque de conscience et de sérieux dans sa tâche.

[[MJ] Le Grand Duc]

Aubin de Tyrosse jeta un regard plein de mépris à Grogmar.

- "Parce que vous pensez peut-être que nous avons prévu de prendre une paire de gants par tête au cas où ? Si vous saviez cette roche corrompue, vous auriez du prendre vos précautions avant et nous prévenir à Castel Rachard." lui lança-t-il sur un ton plein de colère. "Non, monsieur le sorcier. Nous n'avons pas de gants en maille ou en cuir. A moins que vous puissiez en faire apparâitre à l'aide de l'un de vos sortilège, ce dont je doute, nous n'avons pas d'autre solution que de revenir à Castel Rachard, prendre le matériel nécessaire et à revenir. Peut-être sans vous d'ailleurs, sire Rachard a tendance à faire tomber les têtes de ceux qui le déçoivent." termina-t-il d'un ton acide, avant de s'avancer vers le mineur qui hurlait toujours, défiguré par cette protubérance immonde.

Sans aucune hésitation, il leva haut sa lame et trancha la nuque du mutant d'un coup sec, séparant la tête du corps. L'homme s'écroula dans la poussière avec une gerbe de sang tandis que sa tête roulait contre la roche avant de s'immobiliser, ses traits figés dans une expression d'horreur pure.

Fangon jeta un regard insistant à Grogmar.

- "Il y a nécessairement une autre solution, sire." dit-il à l'adresse d'Aubin de Tyrosse sans quitter le nécromancien des yeux.

[Grogmar]

Le nécromancien regarda d'un air totalement neutre cet individu qui osait le menacer. Un simple mortel comme lui ? Comment pouvait-il seulement oser faire une chose pareille ! Il était totalement fou de croire qu'il en avait le droit ! Le loup rugit de rage. Mais il parvint à contenir sa colère. Il n'était pas question de commencer à se battre. Ce n'était pas vraiment le moment, bien que le nécromant aurait adoré tous les massacrer. Non... Pour l'heure, il fallait ramener de la malepierre à Sir Rachard et un retour sans pour rechercher du matériel n'était pas vraiment envisageable. Le sorcier noir regarda le chevalier dans les yeux, plongeant son regard comme des lames acéré dans l'âme de l'impudent. Il parla alors d'une voix encore plus glacée qu'à son habitude.

-Parce que vous croyez que ce sera moi qui en perdrais la tête ? C'est vous qui vous êtes empressé de partir sans nous laisser le temps de placer un seul mot. Ne croyez nullement que vous me fassiez peur un seul instant Seigneur Aubin de Tyrosse et je n'ai de compte à rentre que de Sir Henris de Rachard et à lui seul !

Il fit une courte pause avant de continuer d'une voix légèrement réchauffée. Il espérait que ses mots rappellent à ce chevalier un peu trop sûr de lui qu'il n'était pas plus qu'un chevalier au service de son seigneur et que le nécromancien n'était nullement sous ses ordres, mais sous ceux de son suzerain.

-Pour ce qui est de récolter la malepierre. Comme je vous l'ai dit, que vos hommes prennent des sacs qu'ils rempliront avec les pelles avant de les mettre dans les coffres. Cela devrait suffire pour le temps du trajet du retour. Il est surtout important de ne pas rentrer en son contacte directe. Pour le reste cela devrait aller.

Le sorcier était prêt à lancer son sort qui lui permettait de lâcher une décharge magique si le chevalier se montrait un peu trop zélé et en venait à oser attaquer un serviteur de son suzerain bien plus vital que lui. Chose que bien sûr il préférait éviter, bien que l'idée de tuer cette personne ne lui déplaisait pas plus que cela... C'était surtout les trente autres gueux qui le dérangeait. S'ils avaient été seul... Oh si le chevalier et lui n'avait pas été entouré. La mort aurait frappé cet idiot bien plus vite. Mais il ne pouvait pas le faire. Non, pour le moment, la mort devait attendre. Aussi frustrant que cela pouvait paraître. Le sorcier réfléchit également un court moment avant de recommencer à parler, prenant à parti Fangon en parlant plus bas pour être certain que les gueux et le chevalier ne puissent pas l'entendre, car il ne savait pas si ces derniers étaient au courant de sa nature.

-Est-il au courant?

Une phrase ne voulant rien dire si on n'était pas au courant de la chose. Mais qui voulait clairement dire « Est-il au courant que je suis un nécromancien ? ». Dans le cas où la réponse serait positive, alors il dira ensuite au chevalier tout en étant également sous le sceau de la confidence.

-Sinon, je peux également relever quelques mutants enterré dehors, ils ne craindront pas les mutations et je pourrais les forcer à faire le travail à la place de vos hommes. Mais il serait alors préférable que ces derniers fassent autre chose en attendant. Comme aller patrouiller, ils n'ont de toute manière pas à voir cela.

Dans le cas où la réponse fut elle négative. Le sorcier comptait simplement dire d'une voix calme :

-Bien, je pense que Jestan a plus besoin de moi que vous. Si vous me le permettez, j'aimerais l'amener dehors pour qu'il puisse prendre l'air. La magie est puissante en ces lieux et il récupérera bien plus vite à l’extérieur.

[[MJ] Le Grand Duc]

Sire Aubin jeta un regard mêlant colère et perplexité à Grogmar. Il ne semblait pas s'attendre à ce qu'un manant ose lui répondre de la sorte, mais devait bien admettre qu'il n'avait affaire à un simple cul-terreux. Quant à Fangon, il se contenta de hocher la tête en direction du nécromancien. Le chevalier regarda tour à tour l'impérial et l'arbalétrier, visiblement hésitant, avant de reprendre son air méchant.

- "Soit. Je vais amener les hommes à l'extérieur, et nous allons effectuer une patrouille rapide autour de Mornemont. Soyez prompts." se contenta-t-il de lâcher, avant de se retourner vers les hommes encore choqués par ce qu'il venait de se dérouler. "Laissez le matériel ici et suivez moi ! Les ordres ont changé, les sorciers vont s'occuper de cette pierre maudite à l'aide de leurs pouvoirs pendant que nous irons patrouiller le secteur. Avec moi !" ordonna-t-il en levant sa lame et en se dirigeant vers les escaliers, suivi par les soldats trop heureux de pouvoir s'éloigner de cette crevasse maudite et du corps muté et décapité de leur camarade.

Fangon et Grogmar les regardaient monter les escaliers et franchir le pont à la hâte tandis que Jestan émergeait lentement.

- "Je ... j'ai vu ... des choses étranges." dit-il lentement et se massant le crâne, reprenant peu à peu ses esprits. "Les brises obscures sont puissantes, ici. Très puissantes ..." murmura-t-il comme à lui-même, visiblement plus dérangé qu'il ne l'était déjà.

Fangon lui expliqua rapidement ce qu'il venait de se dérouler ainsi que ce qui allait suivre, et Jestan leur fît signe qu'il souhaitait participer. Une fois que Aubin de Tyrosse et sa troupe furent suffisamment éloignés, les trois compagnons escaladèrent à leur tour les grands escaliers et ressortir des grottes. A l'extérieur, nulle trace des soldats, ni du cheval de sire Aubin. En revanche, il y avait toujours, dans un coin, le petit monticule de tête retournée moins d'une semaine auparavant, sous laquelle dormaient trois dizaines de cadavres mutés par les émanations du lieu.

Jestan et Grogmar se placèrent de part et d'autre de la fosse et appelèrent la puissance de la Dhar à eux.

Incantation d'Invocation de Nehek (normal) : 2, réussie.
+1 xpms
Grogmar relève 8 Zombies (16 LN).

Incantation d'Invocation de Nehek (normal) : 16, raté.

Le nécromancien sentit les racines nécromantiques jaillir de son esprit et s'enfoncer dans la terre, la labourant pour trouver les corps dont elles étaient avides. Elles léchèrent les chairs déjà putréfiées, les os et les tissus, pour s'enfoncer dans les cadavres comme des harpons, prêtes à les tirer du sol. Devant l'impérial, la poussière se mit à bouger et bientôt des doigts blanchis aux ongles noirs se frayèrent un chemin. Les zombies se relevaient, lentement, quittant leur fosse pour se redresser avec des râles d'outre-tombe et des craquements sinistres. Sales, certains brûlés, leurs blessures béantes grouillants de vers, ils se relevèrent sous les ordres de Grogmar, le regardant de leurs yeux blancs et vides. Jestan, à l'opposée, fit de même, les yeux fermés par la concentration. Ses mains écartées tissaient des liens invisibles et de son côté également, les corps se relevèrent. Ils étaient d'autant plus nombreux, une dizaine, à venir se placer sous ses ordres en grognant, tirés de leur sommeil.

[Grogmar]

Le nécromancien fut très satisfait de la réponse du chevalier qui était retourné à sa place. C'était une bonne chose, car après tout, il n'était là que pour garantir le bon déroulement de la mission, rien de plus. Quoi qu'il en soit, le sorcier ne comptait pas pousser le bouchon plus loin. Il ne s'agissait pas de relancer un conflit qui avait été évité. Bien qu'il aurait bien aimé tuer cette personne, un serviteur comme celui-ci ne serait jamais aussi bon en combat une fois mort, sauf peut-être avec un sort plus puissant que celui dont disposait le ténébreux. Il avait entendu parlé de ces gardes des cryptes, anciens chevaliers ou grands guerriers. Mais de là à savoir comment en créer, il y avait un monde de connaissance que le nécromancien ne connaissait pas. Le savoir, il lui fallait plus de savoir. Sir Rachard allait lui en apporter... Il devait lui en donner ! Concentre toi sur la mission !

Le loup regarda le groupe d'humain partir rapidement à l'extérieur, les gueux ne devaient pas être très rassurés parce qu'ils venaient de vivre, encore une preuve de la faiblesse de la chaire palpitante. La mort était la seule voix correcte à adopter... Le sorcier devait trouver un moyen de l'atteindre, d'atteindre l'excellence qui lui permettra de servir son dieu pour l'éternité. Mais comment ? Le savoir ! Il lui fallait plus de savoir ! Sir Henris avait intérêt à le lui donner s'il ne voulait pas mourir ! En parlant de lui, son serviteur assoupit s'était semble-t-il réveiller. Le nécromant lui tendit la main pour l'aider à se relever. Sentant une fois de plus la magie qui pulsait dans son camarade. Une sensation grisante que de sentir la puissance... Et énervante de ne pas la posséder en plus de celle qu'on avait déjà. Le savoir, il devait également en avoir, non ? Si ! Mais il était l'allié du loup... pour l'instant.

-Et bien l'ami, tu as vécu une expérience fort similaire à celle que j'ai vécu avant mon départ.

Sans plus attendre, le trio refit surface et les deux sorciers vinrent se mettre de part et d'autre de la fosse commune. Après quoi, ils commencèrent tous deux à réciter les mots de puissances. La dhar était puissante et elle allait les servir. La plier à sa volonté était tellement grisant ! Les mots de magikan qu'il connaissait bien. Il réussit à maîtriser les vents, canaliser le flux et en contrôler la puissance. Une fois la chose faite, il put sentir les morts se relever, relié à lui par cette laisse magique qu'il avait renforcé avec l'expérience. Il la sentait encore fragile et le maintient de ses esclaves encore sommaire, mais il était certain qu'avec encore un peu d’entraînement, il n'aurait plus aucun problème à les contrôler comme il le désirait. Quand il chercha à en invoquer d'autre, il se rendit compte que quelque chose n'allait pas, les vents étaient un peu trop turbulent et ne voulant pas faire une nouvelle rencontre avec la voix ou simplement perdre une nouvelle fois le contrôle, il stoppa simplement l'invocation, préfèrent se contenter de ce qu'il avait déjà relevé. Car après tout, son camarade avait fait de même et à eux deux, il avait un bon compte d'esclaves à leurs ordres. Il s'adressa donc à son « ami ».

-Bien, je crois que nous en aurons bien assez. Retournons à la grotte et finissons ce travail.

Sur ces mots, il tira la laisse de ses esclaves pour qu'ils le suivent tout en faisant bien attention à la tension dans les liens pour être certain de les garder sous contrôle. En même temps, il prit la précaution de se retourner à certaine reprise pour les attendre et être certain qu'il soit dans son champ d'action. Surtout lors du passage étroit menant à la première grotte. Une fois chose faite et qu'il fut arrivé à la seconde grotte, il ordonna à ses serviteurs de descendre en premier. Ils n'étaient pas très habile, c'est pourquoi il le fit descendre un à un et à une certaine distance l'un de l'autre pour être certain qu'ils ne choient pas bêtement. Enfin, il descendit à son tour suivi de Jestan et de Fangon.

-Bien, une bonne chose de faite. Je propose que mes esclaves s'occupent de l'excavation de la malepierre. Pendant ce temps, les tiens récolteront cette précieuse ressource et la stockeront dans des sacs puis dans les caisses en fer. Pas besoin d'outil pour eux, aucune miette de malepierre excrète ne doit être laissée.

Après avoir dit cela, il donna l'ordre muet à ses cadavres asservis de faire pourquoi ils avaient été relevés. Creuser et continuer à le faire en suivant le filon de malepierre qui avait été découvert. Le nécromancien pouvait alors contrôler le travail de ses esclaves.