Dokird.... A Marienburg, j'ai vu des norses. De ces bâtards du Nord. Et ils foutaient pas le feu au coin. Ce que je veux dire... Ça peut pas être aussi terrible que tu dis. On se réveille pas un jour avec l'envie de mettre le monde à feu et à sang. Sauf pour les hommes bêtes. Et les peaux vertes. Donc tes druchiis là...
Fit Martin, essayant de mettre le doigt sur ce qu'il cherchait à exprimer, définir... "
Comment dire... Je suis chasseur. Je suis chasseur parce que les leçons ça me barbait. Et j'en voyais pas l'utilité. Courir dans les bois, et ramener du lapin. Ou du faisant, ou juste grimper des arbres, c'était plus amusant. Excitant. Donc je suis devenu chasseur. Car j'avais le talent, le cœur, et l'opportunité. Les braconniers braconnent, parce qu'ils ont faim. Ou qu'ils sont pauvres. Souvent les deux. A moins qu'ils ne cherchent juste à se faire des sous, par cupidité. Parce qu'ils en ont l'opportunité et en font le choix. Et les compétences. Le boucher tue les animaux, pas parce qu'il aime ça, mais par nécessité, opportunité et talent. Et le soldat... Le soldat tue. Il fait le choix de tuer, pour protéger ceux qu'il aime, sa terre, sa ferme. Il tue... Parce qu'il n'a pas le choix. Il doit protéger la terre... Et servir les nobles aussi..."
Martin faisait un certain effort, remuant ses pensées encore et encore, cherchant, laissant paraître son malaise à mesure qu'il se passait la main dans les cheveux, essayant de mettre un mot sur ce qu'il voulait exprimer, définir.
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Le point commun dans tout ça... Entre le boucher, le soldat et le chasseur.... Ils remplissent un devoir. Ils sont utiles. Au groupe. Et en sont aussi le fruit. L'arbre fait pousser le fruit. Mais il est le... produit ? Résultat ? Ce qu'il donne dépend du temps, des abeilles, et des saloperies qui peuvent le gâter. Le groupe est un arbre. Donc.... Le fruit est le résultat... De ce que produit l'arbre, mais aussi ce qui l'entoure. Mais quel nom donner à l'arbre ? Il y avait un terme, qu'avait utilisé son tuteur il y a bien longtemps.... La famille ? Le clan ? La cité ? Non non et non... Euh.... Qu'est ce que c'était déjà... Quelque chose de grand. Mais qu'on ne pouvait pas toucher... L'Empire ? Non plus.... Argh.... C'était pas Sigmar non plus.... La société ! C'était ça ! Les individus étaient le résultat de la société ! De la société, de ce qui les entoure et de leurs choix !"
Les druchiis, reprit Martin, sa voix étant clairement confidente car ses pensées ordonnées quand au discours qu'il s'apprêtait à tenir, fruit de ses réflexions,
sont, comme moi, toi, ou ces bâtards de norses, le résultat de la société. On est pas chasseur ou soldat que par choix. On l'est parce qu'on a fait ce choix. Par nous même ou pour nous. Et parce qu'on a les compétences pour. Et parce que c'est ce qu'on attend de nous. Par lignage. Tradition. Ou nécessité. Donc... Si tu dis vrai... Si les druchiis sont cruels, vicieux... C'est parce que leur société est comme ça. Pour répondre à des nécessités. Sauf que, reprit le chasseur dont les pensées recommençaient à aller dans tous les sens,
il y a les enfants. Ils ne naissent pas vils, cruels et vicieux. Ils le deviennent. Et puis il y a les brebis galeuses. Les bandits. Les traîtres. Les pirates.... Et ces salopards de norses que j'ai vu à Marienburg, qui ne foutaient pas le feu à la ville, reprit le nordlander, un triste sourire en coin.
Au regard peut être confus que devaient bien lui lancer ses compagnons, Martin essaya d'aller plus loin dans son raisonnement qui commençait, de son point de vue, à se tenir.
Peut être que l'elfe, là bas, est une saloperie vicieuse, cruelle et se réjouissant du mal infligé... Mais on ne peut pas juger une personne avant d'avoir discutée avec elle. De comprendre pourquoi tels choix. Donc... Si on peut éviter de la hacher sur place, peut être qu'elle est pas aussi mauvaise que tu le dis. Ou pas. On sait pas. Lui faire confiance ? Non. La comprendre, et agir ensuite ? Oui. Rien est tout noir ou blanc. C'est pas comme si on était en plein combat et.... Euh... Qu'est ce que je voulais dire déjà ? se questionna le nordlander après avoir tenu une raisonnement qu'il réalisait être complètement alambiqué et ne pas lui ressembler.
Ne pas juger un livre à sa couverture ? Est ce que... Vous m'avez suivi, reprit, plein de doutes, le chasseur ?
Lorsqu'ils arrivèrent au cercle de wagons, Martin eu tout loisir d'observer l'excellent travail réalisé par les nains. Certes on était pas en présence de la confrérie des bûcherons, mais tout de même. Ils avaient accomplis un excellent travail par ici. Non seulement la coupe était correcte, mais en plus le site des bucherons était organisé de manière cohérente, chacun n'ayant pas coupé à tout va, au contraire, mais suivant un schémas, permettant aux travailleurs de ne pas se gêner mutuellement. Excellent travail. Presque aussi bon que les superbes bûcherons de la maison. Ça forçait le respect.
Mais ils n'était pas là pour admirer les méthodes de travail naines, supervisées par l'ingénieur. Nop. Là ils s'en allaient voir Béoric le jeune, pour faire leur rapport sur ce qu'ils avaient vus, faits et pensaient utile de faire à l'avenir.
Lorsque le chef avança finalement d'aider l'elfe, bien qu'il employa le terme d'elgi, à l'étonnement du septentrional, qui mis sans doute ça sur la diction du petit peuple pour rapidement oublier ce début de réflexion sur la linguistique khazalide, le chasseur eu tout loisir de voir en œuvre, une fois de plus la... comment dire ? Disposition de Dokird vis à vis des longues oreilles ? Oui, disposition donc, de Dokird à leur égard, et de se faire la réflexion que, en effet, celui ci avait peut être une dent contre eux. Voir même toute une dentition.
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Bon par contre, "aider", c'est bien gentil... Sauf qu'elle a pas l'air d'être si prompte à accepter une main tendue la miss. En fait elle pourrait prendre ça pour une insulte, vu comment elle a réagit l'autre fois... M'enfin. C'est pas moi qui mènera la discussion de toute façon."
Énième intervention extrêmement constructive de Dokird sur la présente situation et sa position aussi claire que limpide sur le sujet.
Dokird... On parle pas de faire confiance au point de lui confier notre dos. Juste un échange de bons procédés. Informations contre... Quoi ? Des vivres ? Un arc ? Une aide dans sa quête de vengeance ? lui chuchota Martin, d'un ton lassé.
Sortis de chez le chef, pour être invités à y revenir plus tard, une fois la tête reposée, et émettre un plan d'action pour le lendemain, le chasseur profita de l'occasion pour demander à Thralgran, ou tout autre membre de l'expédition, s'il avait la moindre idée de ce que les alentours pouvaient avoir comme type de gibier. C'est qu'il n'était jamais allé chasser en montagne lui ! Il connaissait que les forêt et côtes du Nordland. Donc peu probable qu'il trouve des coquillages à cette altitude. Alors certes, il y avait bien eu ces bestioles étranges qui sifflaient, en montagne, observées par moment lorsqu'il était arrivé dans les sœurs pales pour rejoindre le convoi, mais il ignorait tout de celle ci. Comment elles se cuisinaient, certes, mais également leurs habitudes alimentaires, si elles étaient hostiles au point d'être dangereuses - bien qu'il ait des doutes sur ce point là, au vu de leur gabarit - ou même sur les endroits où elles vivaient. En désespoir de cause, il pouvait bien sûr errer aux abords des bois pour y chercher des empreintes et, potentiellement, placer des collets... Mais sans grand espoir. La chasse à l'arc lui semblait plus opportune pour ramener un gibier en quantité suffisante pour la troupe. D'ailleurs s'il pouvait avoir au moins une personne avec lui, tant par sécurité que pour le transport de la bouffe, si la chasse se révélait chanceuse pour cette première tentative...
Dans le pire des cas, une besace sous la main, il y avait toujours moyen de revenir avec quelques plantes donnant un peu de goût à un repas. Menthe, myrtille, oignons sauvages, champignons... Sans trop se faire d'espoirs, car ça n'était pas la saison pour nombre d'entre eux.
Le soir venu, le chasseur et le groupe discutaient avec Sedum, lorsque celui ci les interrogea sur la présence de charnières aux volets, dans le village.
Oui. C'est bien pour ça qu'on est allés au village non ? demanda le chasseur à l'assemblée. Ou alors il n'y avait que lui qui avait songé à récupérer tous les petits bouts de métal, du moindre clou au chanceux lingot trouvé, dans le village ? Nah, surement pas...
Quand au bois par contre... Là Martin était un poil moins confiant. Certes, c'était sans doute pas du bois pauvre utilisé pour bâtir les maisons... Mais il avait été sans entretien pendant des mois, peut être des années. Donc il était possible que le bois ait pourri. Vermoulu, celui ci aurait vraiment une faible utilité, même pour le brûler. M'enfin bon...
Ah. Au fait. Il paraît que les araignées quittent pas les bois. Donc j'imagine que tant qu'on coupe pas trop profond, les bucherons devraient être tranquilles.
Le groupe des quatre réunis, le chasseur ne savait pas trop quoi dire. Qu'on allait sous doute emprunter le même chemin que la dernière fois, expliquer à l'ingénieur la manière dont les maisons avaient étés placées et construites, qu'elles étaient vides.... Bref le compte rendu qu'ils avaient fait à Béoric en rentrant.
Et sinon, de ton côté, à part couper du bois, vous avez fait quoi ? Des nouvelles du dressage de l'araignée, ou bien c'est laissé de côté cette affaire ? s'enquit il à l'ingénieur.