Finalement il n'en parla pas à l'ingénieur, pas plus qu'il n'eut l'occasion de le recroiser, lui ou les illusionistes. La porte était close pour eux.
Puis vint l'heure d'aller régler les comptes avec Dwimir.
C'était étrange. Le nain n'avait pas réagit au quart de tour avec un défi en gueule ou autre bêtise du genre, mais plutôt par une réponse argumentée, posée, loin de l'image de fort de gueule que le chasseur s'en était fait.Dwaidu a écrit : ↑25 août 2019, 13:31Si j'suis v'nu ici c'est pour une bonne raison qui t'dépasse. Et pour ça j'ai b'soin d'capturer une araignée pour Béoric. Et pour ça il a aussi b'soin d'toi même si c't'idée m'dépasse. Alors j'vais pas t’abîmer avant qu'la mission soit accomplie. On choppe une bestiole et on va chasser du dragon et on verra c'lui d'nous deux qui s'en sortira l'mieux. Et si ça suffit pas à t'prouver qu'j'suis pas qu'une grande gueule et à m'prouver qu't'es pas un lâche alors on réglera ça à ta manière.
Il y eut un silence entre les deux, tandis que Martin regardait plus attentivement le nabot, avant de lentement décrocher son sourire légèrement moqueur.
Bien dit, lui dit il. Et ce fut tout. L'incident était clos, chacun s'en retournant à ses occupations. À savoir : la chasse à préparer.
Le chasseur n'apprit strictement rien en montant à la nacelle, le village étant trop dissimulé derrière les arbres de la forêt. Quand à l'idée de faire un radeau pour y accéder, elle était mauvaise. Il avait complètement mésestimé la topographie du coin, le hameau n'étant pas au BORD du lac, mais légèrement plus loin dans les terres.
L'expédition parée, ses membres se mirent en route vers leurs missions, ou leur mort, les deux n'étant pas tout à fait opposables au vu des objectifs à remplir. En premier lieu, atteindre le village pour voir ce qu'il en était. Jusque là, rien d'insurmontable. C'était pour le reste que ça se compliquait. Capturer une araignée géante. Génial. Pour cela, ils avaient un filet lesté, et du miel de fourmi. Comme quoi les fourmis faisaient du miel tient. Ce qui donnait de plus en plus envie à Martin d'en ramener une à Hargendorff. Déjà que les bestioles pouvaient escalader tout terrain.... ça donnait d’innombrables possibilités pour tout un tas de situations.
Mais pour remplir les deux missions qu'on leur avait confiés.... Le chasseur était partant pour remplir la première – aller au village – en priorité, l'estimant, peut être à tord, comme étant la moins dangereuse. Pour cela, il convenait au groupe de se déplacer en file, le chasseur légèrement en avant, progressant lentement pour inspecter le sol à la recherche de traces de passage, et les espaces entre les arbres pour éviter de soudainement tomber dans une toile tissée par là.
Derrière lui, les autres membres de l'expédition devaient regarder à gauche, à droite, marquer leur passage par des flèches sur les arbres, gravées au couteau ou autre. Puis certains devaient aussi regarder en haut, dans la cime des arbres. Des fois qu'une saloperie s'emploie à les attendre quelque part pour leur tomber dessus.
Ce serait long, fatiguant, mais sûr.
En revanche pour l'autre mission.... capturer une bestiole il voulait bien, mais le ''comment'' posait un sacré problème. Alors il avait bien une idée mais ça ne serait pas aisé à mettre en œuvre.
Soit ils opéraient en plaine, creusaient des trous dans le sol, assez gros et profonds pour qu'un nain puisse y entrer, le recouvrir de fougères, de terre et herbes, et disposés autour d'un autre trou, celui ci bien plus grand. Assez en tout cas pour pouvoir y faire tomber une araignée géante, et que celle ci mette bien 30 secondes pour en ressortir. Trou qu'il conviendrait de recouvrir également de dissimuler. Une toile recouverte de terre pourrait faire l'affaire. Et en son centre l’appât. Le tout positionné sous le vent, de manière à ce que celui ci amène l'odeur du miel à la forêt. Et si ça marchait, alors les araignées avaient un odorat. Ce qui était intéressant en soit. Puis tient, si on pouvait tendre des cordes dans la fosse pour que la bête y perde encore quelques secondes à s'y démêler les pattes.....
Une fois la bestiole tombée dans le trou, les chasseurs dissimulés, alertés par.... Par exemple le bruit de clochettes placées sur des cordes sous la toile, sortaient à vitesse grand V de leurs cachettes pour s'emparer du filet qu'ils tendaient au dessus de la tisseuse de toile.
Point important : on mettait un larron à l'écart avec une corne d'alerte, avec pour instruction de souffler celle ci si plusieurs araignées, au lieu d'une seule, se pointaient. Ce qui entraînait l'annulation du plan, ou l'intervention d'une dizaine de copains planqués plus loin, armés de solides trombones chargés de plomb.
Mais si tout se passait bien, ce qui n'était pas gagné, et que l'araignée tombait dans le trou, que les dragonniers parvenaient à lancer le filet à temps, le maintenir en place.... Il conviendrait ensuite de calmer la bête. Et de la dresser.
Quoique.... Maintenant qu'il y pensait, ce plan avait une faille. Il fallait que la toile supporte le poids de l'araignée pour que celle ci ne lâche que quand la proie était entièrement engagée dessus. Il convenait de mettre au courant la troupe de ce ''détail''.
L'autre plan était bien plus en accord avec la personnalité de Martin :
on se planquait dans les bois, sous le couvert de terre et d'herbes.... Mais aussi dans les arbres. On déposait en contrebas le miel, tandis que les chasseurs perchés, le filet dans les bras, plus haut, attendaient qu'une bestiole se présentasse à eux, pile en dessous, pour qu'ils lâchassent leur tribu et piègent la bête dessous. Une fois fait, les gars planqués en bas faisaient leur boulot, à savoir maintenir la bestiole en place.
Mais dans les deux cas, tout pouvait foirer si une autre bébête se présentait à eux tandis qu'ils étaient occupés à gérer la première. Donc il fallait prévoir un fort comité de secours, ou bien au moins des alarmes. Des clochettes tendues à des cordes faisaient l'affaire pour ce genre de choses. Maintenant restait à savoir ce qu'en pensait le groupe.