Levé à l’aube, le soleil s’élevant paresseusement pour entamer sa course, Martin, encore peu réveillé, s’habilla jusqu’au tronc pour, hache à la main, s’en aller vers le lac, non loin des chariots, afin d’accomplir ses ablutions matinales. Se repassant plusieurs fois l’eau glacée du lac sur le visage, le nordland s’éveilla peu à peu, à mesure que les nappes de brouillard survolant l’eau de l’étendue disparaissaient, pour laisser émerger au loin l’autre rive et le cours d’eau dans lequel la réserve d’eau se vidait afin de se noyer dans quelque fleuve ou rivière bretonienne.
Terminant de se réveiller en se passant quelques quantités d’eau sur la nuque puis le dos, le chasseur se sécha en fouettant à la main les gouttelettes s’étant attardée sur sa peau, pour s’en aller rejoindre le camp.
Par l’odeur écœuré de l’infâme bouillasse qui servait à nourrir les équipages, l’impérial s’en alla réveiller son compagnon de chasse, d’abord en lui chuchotant que l’heure était venue, puis en lui secouant l’épaule lorsqu’il devint évident que le dormeur refusait de se réveiller avec pareilles attentions.
Vérifiant qu’il n’y avait nulle arme à portée de main, histoire d’éviter de se faire poignarder par mégarde, le septentrional insista un bon coup, à nouveau, en haussant de la voix et secouant le nain bien plus fort.
Enfin tiré de chez Morr, le fils de Grimnir essaya de chasser son ‘‘réveil’’ d’un geste du bras, marmonnant quelques shinanigans comme quoi ce n’était pas l’heure, mais cette mièvre résistance fut rapidement entamée lorsque le chasseur lui fit remarquer que s’il ne se levait pas, celui ci n’aurait pour se nourrir en ce petit matin plus rien du tout, les goinfres de l’équipage se jetant comme des porcs sur la ‘‘délicieuse’’ mixture servie à l’expédition.
Laissant donc le courtaud sur cette fin, le chasseur, lui, plus avisé après plusieurs jours à devoir se farcir les horreurs de la gastronomie khazalide en campagne, décida d’aller taper directement dans la réserve et de s’enfiler une ou deux tranches de viande séchée.
Ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux, mais c‘était certainement bien meilleur pour l’estomac que ce qui devait être mijoté dans la marmite du campement. Et il subodorait de ne point être le seul à agir ainsi. L’elfe, elle aussi, devait certainement avoir ses propres ressources pour se sustenter, bien qu’il ignora lesquelles….
Ah, qu’il lui manquait son repas matinal au Nordland…..
L’équipe de chasse enfin décemment nourrie, au point de ne pouvoir user de l’excuse d’être tombés d’inanition pour expliquer l’absence de prise, s’élança dans la vallée, à la recherche de prises.
Évitant comme la peste les bois où ils étaient tombés entre les pattes des araignées, ils se contentèrent d’observer le relief environnant pendant de longues minutes, afin d'identifier les chemins naturels que pouvaient emprunter les proies. L'heure suivante fut consacrée à pister le terrain, à la recherche de selles de quelque gibier de taille moyenne. Bouquetin, mouton.... Peu avant midi, ils étaient tombés sur les excréments d'un gibier. Les traces au sol indiquaient que celui ci était un cervidé. Traquant les traces laissées sur le sol légèrement humidifié par le brouillard du petit matin, le duo parvint à rester sous le vent durant la majeur partie de la chasse, échappant ainsi à l'odorat de l'animal, qu'ils trouvèrent enfin alors que le soleil était au zénith.
La créature, en compagnie de ses semblables, broutait quelques buissons et touffes d'herbe grasse. Alors que son compagnon nain sortait l'arbalète, Martin lui fit un signe de la main pour le stopper.
Allongés au sol, ils observèrent la harde de cervidés paître paisiblement. L’œil averti du chasseur lui permit enfin de sélectionner leur proie. Plutôt que de s'en prendre à une bête au hasard, le coureur des bois, grâce à l'enseignement de feu Ottmar, avait apprit à privilégier les prises âgées si possible. Ainsi, lorsque vint le temps de bander son arc, il ne pointa guère sa flèche sur un gros cerf ou quelque jeune faon, mais une biche aux abords du groupe. Son pelage, le fait qu'elle n'ait pas de petits dans les pattes, et sa taille, indiquaient celle ci comme une bréhaigne.
D'un rapide coup de menton à son partenaire, le nordlander se leva silencieusement pour bander son arc, viser.... Et tirer. La distance, le vent et un réflexe de l'animal sauvèrent celui ci.
Plutôt que d'être frappée au coup, la vieille et stérile biche reçue la flèche dans le corps. Une bien mauvaise blessure puisqu'elle ne tuerait pas la créature sur le coup. Non. Celle ci allait paniquer, stressant la viande, la rendant moins bonne sous la dent, puis elle irait courir et se vider à plusieurs lieues de là.
C'est l'arbalète du nabot qui sauva le coup, et abattant la proie à son tour, la frappant cette fois ci à la tête.
Un heureux tir dans l’œil, venant percuter le cerveau de la créature qui s’abattit soudainement sur ses pattes, pour tomber dans l'herbe fraiche de la vallée, alors que le reste du troupeau s'éloignait en courant à toute allure.
Sortant de leur buisson, les chasseurs se dirigèrent alors vers leur prise. Ne sortant pas sa dague pour accorder une dernière miséricorde à la créature désormais froide, celle ci ayant été mise à mort proprement, le nordlander inspecta le pelage de la biche afin de repérer d'éventuelles tiques, puces ou autres parasites qui s’empresseraient de leur sauter dessus.
Retirant les projectiles du corps, Martin s'agenouilla ensuite brièvement afin de clore les yeux de la créature, et de marmonner quelques salamalecs à Taal pour le remercier d'avoir mis sur son chemin la bréhaigne.
Aidé de son assistant, le duo porta à tour de rôle la biche aux épaules jusqu'à la ramener au camp.
La, Martin fit disposer au sol une grande bâche à côté d'une table, simple planche posée sur des tréteaux, à côté de laquelle on déposa une bâche et un seau.
posant la bestiole sur le côté, le chasseur retira sa veste pour se mettre torse nus, et poser un torchon autour de ses hanches pour protéger son pantalon.
Un bon couteau en main, il commença par tracer une longue entaille sur le ventre du gibier, de haut en bas. Pas trop profond pour ne pas venir tâter les organes, mais pas trop faiblement non plus au point de manquer la membrane sous la peau. A l'aide de sa propre dague de chasse, plus fine, petite, et aisée à manier dans le tas de viande qu'était le ventre ouvert de la biche, Martin se mis à sectionner les organes de la bête, les séparant de la membrane. Une fois fait, à pleines mains, il mis ceux ci sur la bâche, en faisant bien attention lorsqu'il se saisit de la vessie qu'il jeta au seau. Un piège où les apprentis tombaient souvent, se faisant arroser de l'urine qu'elle contenait, ou pire, arrosant la viande. De même, le couteau ne vint pas titiller les intestins et la rate, ces zones là pouvant se faire ouvrir à cause de l'inadvertance d'un chasseur peu expérimenté, et alors gâcher là la viande.
Les abdominaux vidés, vint le thorax, où il fallu couper finement à travers le muscle. Ici, pas mal de sang vint agresser les narines du chasseur, qui, prévenu, avait reculé sa tête afin de ne pas avoir le nez bourré par les odeurs d'hémoglobine. Les autres petits organes retirés, e chasseur sorti à pleines mains le cœur et les poumons, pour les déposer sur la bâche.
Libérant les intestins en les coupant aux deux extrémités, le nordlander essaya ensuite de retirer ceux ci en un sol morceau... Et échoua. Il y eu une partie qui se déchira, heureusement sans rien déverser à l'intérieur de la carcasse. Le tout fut évacué par l'anus, proprement découpé.
Vint ensuite le vidage. Le cœur et le foie étaient placés dans un coin de la bâche, tandis que la rate, les yeux et les ganglions étaient jetés au seau. Il garderait le cerveau pour plus tard, lorsqu'il aurait le temps de s'occuper de la tête. Un bouillon avec celui ci serait possible. Apostrophant quelqu'un, n'importe qui, le taalite demanda à ce que des préparations soient prises afin que l'on cuisine au plus vite le cœur, le foie et le cerveau. Mieux valait les passer au chaudron au plus vite avant qu'ils ne se gâtent.
Voilà. C'était fait. S'occupant de la tête, Martin fit de son mieux pour transférer le cerveau à l'extérieur de celle ci, sans trop abimer le poil ou l'os de la créature. Bon gré mal gré, la masse molle finit par atterrir dans ses mains pleines de sang, pour être jetée dans un bac d'eau vinaigrée pendant un certain temps, puis être rincée à l'eau fraiche. Rhya merci on avait un lac juste à côté.
Lorsque cette masse informe prit enfin un beau blanc, on la jeta dans de l'eau bouillante. A partir de là, il fallait la laisser cuire quelques 10 minutes avant de la cuisiner à la poêle ou autrement.
Pour le reste des organes dans le seau, il furent jetés au scarabée et à l'araignée géante capturée.
Ah. Et il avait également prit grand soin à mettre les tendons à l'écart, pour le projet de l'ingénieur d'ériger des balistes.
Martin en avait finit pour ce qui était des organes et des muscles. Restait maintenant à s'occuper de la peau, des os, de la tête... Tout un travail qui prendrait certainement une bonne journée. Il n'avait pas le courage d'empailler la tête comme trophée - et qui d'ailleurs de sensé irait se vanter d'avoir abattu une biche ? - aussi laissa-t-il ce plaisir à d'autres, pour se contenter de surveiller la cuisson des dragonniers, se fendant d'un commentaire ici où là devant le processus employé, pour finalement abandonner à leurs occupations ceux ci et aller se laver dans le lac. Il avait en effet les avants bras peints de sang.
Ayant emprunté un briquet au camp, ainsi qu'un peu de petit bois, il alluma un petit feu au bord du lac, et posa soigneusement ses habits à quelques pas de celui ci.
Laissant son armement sur la plage, le nordlander se dévêtit pour ne garder qu'une mince serviette autour des hanches avant de s'immerger lentement dans l'eau glacée du lac. Et Taal qu'elle était glacée la garce !!!
Se jetant de l'eau sur la nuque pour plus facilement se noyer dans cette putain d'eau glacée, Martin prit finalement son courage à deux mains et s'immergea jusqu'à avoir de l'eau aux hanches, pour replier ses jambes mettre la tête sous l'eau.
Un très mauvais moment à passer puisque comme dit l'eau était foutrement froide. Bougeant des bras et des jambes dans tous les sens dans une tentative pour se réchauffer, le chasseur usa du sable dans l'eau pour se frotter sévèrement la peau et ainsi rapidement faire partir le sang qui avait séché sur ses avants-bras.
Et hors de question de s'attarder là dedans davantage ! Courant vers la plage, il vint se poser auprès du feu, une serviette sur le dos pour se sécher aussi rapidement que possible, et venir coller ses mains aux flammes accueillantes de son petit âtre. Cinq minutes plus tard, il était propre et rhabillé. Et pouvait se remplir le ventre du bon ragout qui leur était servit, et non plus l'infâme mixture de ce matin, et des autres jours. Il mangea même comme dix. Ce n'était que de l'eau, avec de la viande, mais par Ulric qu'est ce que c'était putain de bon !
Pour le reste de l'après midi, il fut embrigadé volontaire pour aller enfumer les grosses pelotes de poil qu'étaient les araignées géantes. En compagnie de l'ingénieur, l'elfe, un stirlander à l'étrange nom et deux nains, une équipe somme toute assez peu nombreuse, Martin s'en alla vers la grotte où, selon la longues oreilles, les arthropodes mutées avaient établies leur repaire. Le plan était simple : placer des explosifs au-dessus de l'entrée de la place pour faire s'effondrer la roche et ainsi boucher l'accès à l'air libre, tandis que les créatures à l'intérieur seraient enfumées. Cela permettrait de les tuer sans subir quelque perte, et de mettre la main sur leurs corps intacts, qui pourraient être usés pour divers projets. L'ingénieur méridional semblait ainsi avoir quelques idées sur l'utilité de certaines parties de l'anatomie des araignées tandis que Martin lui même était curieux de la possibilité d'utiliser leur fil pour tisser des vêtements, ou même des cordes d'arcs.
Lorsqu'arrivés sur place, l'équipe, aux effectifs bien trop bas au goût du chasseur, qui se serait senti plus en sécurité avec une douzaine au moins de compagnons, travailla à mettre au point un "détonateur", une sorte d'engin similaire à une mèche, mais plus rapide, qui serait relié à des explosifs placés au-dessus de l'entrée de la grotte. Escaladant jusqu'au point où les mineurs semblaient désireux de placer la machination, le nordlander s'installa confortablement pour pouvoir se mettre à marteler au burin un coin de roche où il installa ultérieurement des piquets, qui accueillirent ensuite des cordes solidement fixées.
Redescendant en rappel, il assista ensuite à faire partir le feu et projeter la fumée vers la cavité.
Sauf qu'il y eut un imprévu.
Les bestioles ne désiraient pas se laisser enfumer sans rien faire. Rompant avec la gêne procurée par le soleil, elles projetèrent d'aller apprendre aux malpolis qui venaient troubler leur demeure que l'on ne fichait pas le feu chez les gens.
Le nordlander entendu ainsi un crissement au loin, puis des pierres qui chutaient. Relevant la tête pour cesser de travailler au feu, il concentra son attention en direction de la grotte et ses obscures ténèbres....
Yep. Il avait bien entendu un bruit.
Se relevant définitivement, armes à la main, l'impérial fit signe à ses collègues qu'il était temps de remballer leurs affaires.
Mais à peine avait il levé le bras que voilà que les créatures surgissaient déjà de la pénombre pour s'approcher d'eux.
"
Merde" fut tout ce qu'il eu le temps de penser avant de ses mettre à courir comme un dératé vers le canon qui avait été posé perpendiculairement par rapport à l'entrée de la grotte.
Se jetant littéralement sur le déclencheur prévu à cet effet par Amerkan, il tira avec toute la force que lui donnait la peur qui montait petit à petit en lui.
Et rien ne se produisit.
Rien de rien.
Rien du tout.
Si ce n'est qu'une mer de créatures très poilues, dentées et énervées surgit en force de la cavité. Vers eux. Leur quatre heure.
Se plaçant derrière le canon chargé, prévu en cas de coups durs et "imprévus", l'impérial entrepris alors de le mettre en batterie, vers le rocher qu'ils étaient justement supposés faire tomber pour bloquer la sortie des araignées. Ils auraient peut être le temps de faire feu une fois, voir deux, avant que les horribles bestioles mutantes ne leurs tombent dessus. Avec l'aide d'Amerkan et de deux autres compagnons, la pièce d'artillerie fut mise en batterie, pointée vers la roche et au signal de ses compagnons, le coureur des bois, placé sur le côté du tube de fer - rapport à une histoire de "recul" - alluma la mèche pour faire.... Et feu !
Et tandis que leurs compagnons se saisissaient de leurs armes à distance pour pourfendre en relative sécurité les bestioles qui les approchaient, le boulet rouge s'envolait pour frapper...