[Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Les pics rocheux battus par les vents du massif d’Orquemont dominent les terres en plein cœur de la Bretonnie. Ils s’élèvent au dessus de la forêt de Chalons et sont totalement dénudés sauf là ou quelques pins tordus s’accrochent à la roche. Quelques enclaves orques et gobelines y existent toujours cachées au milieu des pics et des ruines des forteresses détruites par les chevaliers Bretonniens dans leurs efforts constants pour débarrasser cette région des peaux vertes. On raconte aussi que les Skavens y tiennent une forteresse, en plein cœur de la Bretonnie.

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par [MJ] Katarin »

Margot blemit.

- Reinald de Cobie, répéta t-elle dans un chuchotement.

Alors qu'elle agrippait avec poigne les épaules d'Armand un instant auparavant, elle sembla tout à coup perdre en force, ses doigts glissant de leur prise jusqu'à ce que ses deux bras s'affaissent le long de son corps. Lorsqu'elle reprit la parole, le volume de sa voix avait encore baissé, et son regard se perdit derrière eux, sur le tableau posé contre la pierre à quelques mètres.

- Ecoute-moi attentivement Armand. Je ne sais pas quel degré de confiance tu peux m'accorder, alors je ne peux que te supplier de me croire. Les cultistes de Slaanesh, dont faisaient parties nos parents, ont caché il y a longtemps quelque chose d'important pour eux, ici, et je crois que c'est ce tableau. Entre le danger d'Orquemont, et les rumeurs de disparitions et de morts-vivants, cela faisait longtemps que cette partie de la forêt de Chalons n'attirait plus les curieux - un endroit idéal pour enfouir ce qui ne devait pas être trouvé. Je ne connais pas les détails, mais je sais qu'ils attendaient le bon moment pour s'en servir. Pourtant, quelque chose a échoué dans leur plan. Le groupe qui protégeait leur artefact a disparu il y a un an à peu près, et ils ont depuis envoyé de nombreux sectateurs, mais aussi des hommes pieux guidés par des mensonges de gloire et de quête héroïque, pour retrouver ce qu'ils avaient perdu.

Margot grimaça de douleur, puis sautilla d'un pas pour aller s'affaisser contre la paroi de pierre du couloir afin de soulager sa jambe. Son regard glissa vers les deux vilaines blessures qu'Armand arborait au torse et à la cuisse, comme pour jauger ses capacités à se défendre dans son état. Elle attendit qu'il la rejoigne et rapproche à nouveau son oreille de ses lèvres, pour qu'elle n'aie pas à élever la voix.

- Tous ceux qui ont pénétré cette forêt n'en sont jamais ressortis. Je crois que ces fous avaient... abandonné l'idée de jamais retrouver ce qu'ils avaient perdu.

Elle poussa un long soupir dans lequel se mêlaient fatigue et pessimisme, puis croisa à nouveau le regard d'Armand.

- Si ma mère était la magus responsable de la cellule cultiste d'Aquitanie, Reinald de Cobie était celui de la Gasconnie. Il a mené une expédition ici, et a disparu lui aussi, avalé par la forêt et ses tumuli.

Dans une lenteur toute calculée pour ne pas inquiéter son compagnon, elle dégaina sa dague pour en observer l'acier, ignorant le malaise du chevalier avant de lâcher un rire nerveux. C'était une arme grossière, à peine plus dangereuse qu'un couteau de cuisine de ménagère. Une boiteuse avec un petit surin, un danger qui paraissait bien négligeable si elle n'était pas si proche de son ami.

- Maintenant dis-moi Armand, quelles sont les chances que ton compagnon ignorait la réelle identité de son ami ?

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par Armand de Lyrie »

Je souffle d’un long, long soupir qui exhale d’entre mes lèvres. Je me sens étrangement détendu, malgré la tension toujours très palpable. Pourtant ce qu’elle me révèle devrait au contraire m’inquiéter, me tendre, me faire serrer les poings ; Ce n’est pas le cas. Tout semble faire sens. Je suis amené à lui faire aveuglément confiance, quand bien même l’accusation qu’elle lance à l’encontre d’un chevalier de la quête ne repose que sur sa parole – après tout, la réputation de sieur Reinald ne repose-t-elle pas seulement sur celle de sieur Evrard ? Alors qu’elle se repose contre la pierre pour s’éloigner de moi, je me retrouve à faire quelques pas, de gauche à droite, à marcher sans but, en passant une main sur mes yeux et ma bouche, un moyen bien faible pour tenter de faire partir la douleur. J’ai besoin de digérer ce qu’elle vient de m’annoncer.

Et finalement, d’une petite voix, je m’arrête et la regarde de côté, deux pas à peine nous séparant, tandis qu’elle observe son couteau.

« Tu te souviens de Quentin de Beauziac ? Mon maître d’armes, l’homme auprès duquel j’étais en pagerie ?
À mes yeux, il était le plus saint et le plus honorable des serviteurs de la Dame. Ce serait un sacré euphémisme que de dire que je me suis gouré sur sa vraie nature – c’était un putain de sbire, un rustre qui avait moins d’honneur qu’un lansquenet du Wissenland. Tu comprends donc mon embarras à juger de l’allégeance de mon comparse. »


Je pose les mains sur les hanches, et regarde mes pieds. Cette fois-ci, je ne soupire pas : je prends au contraire une grande inspiration nasale, qui gonfle mon torse. Le souffle d’un air frais, souterrain, qui me fait mal à la gorge et au torse à cause de mes blessures et de ma fatigue, en plus de me faire avaler un peu de morve.

« Son nom c’est Evrard. »

Il faut bien commencer quelque part. Et quand on dit le prénom de quelqu’un, ça l’humanise mieux. Ça évite de faire le catalogage policier d’un être humain. Ça évite les condamnations hâtives. Parce que c’est ce que je suis en train de faire : Je suis en train de faire son réquisitoire, comme l’avoué d’une cour seigneuriale qui doit présenter les faits d’une affaire à un baronnet du coin qui va devoir juger des paysans dont il ne connaît ni le nom, ni le visage. Je suis obligé de faire appel à mes souvenirs, à ces derniers jours passés avec le chevalier de Gasconnie. À aucun moment je n’ai senti en lui la trace de la moindre corruption, pas une once de déshonneur ; mais si je n’ai pu la sentir chez mes proches et dans ma famille, comment puis-je prétendre la deviner chez un aristocrate que j’ai croisé il n’y a que quelques jours ?

« Il parle bien. Il connaît les idéaux de la chevalerie. Mais parler c’est pas la même chose que agir.
Je ne sais pas, Margot… Il… Je ne le sens pas dévoyé. Non, je ne le crois pas. Il m’a sauvé la vie. Mais il y a quelque chose en lui… C’est… C’est un homme troublé. Il ne se ment pas à lui-même. Je sens qu’il y a un problème dans son âme ; Quand il a tué un homme qui a essayé de m’occire, tu aurais dû l’entendre. Il paraissait froid, insensible, proclamant que ce qui importait c’était d’agir sur l’instant, de ne pas se soucier de valeurs ou de comprendre qui est son ennemi. »


C’est plutôt un rapport à charge dit comme ça. Et ce n’est que gratter à la surface de tout ce que Evrard a fait.

« Non. Il n’est pas corrompu. Mais il est le genre d’homme qui est tellement déterminé qu’il est aveugle à ce qui l’entoure. Je crois qu’il cherche sincèrement son ami, il ne me semble pas au courant d’une… D’artefacts corrompus. Mais si tu lui révèles que Reinald a pactisé avec Le Serpent, il refusera de te croire. Surtout si c’est ta parole contre la sienne.
Je vais te dire un autre nom, Margot, afin d’achever de me convaincre sur ce que l’on doit faire : Dame Aveline de Gasconnie. La sœur de Reinald. Est-elle corrompue elle aussi ? Car Evrard me semblait très attaché à elle. »


Je levais mon regard vers la peinture murale. Je serrais les dents, et, avec un postillon enragé, j’ajoutais une deuxième question :

« Pourquoi est-ce qu’on ne se contente pas de brûler cette peinture impie ? Cela ne réglerait-il pas tous nos problèmes ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 19 avr. 2019, 14:43, modifié 1 fois.
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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par [MJ] Katarin »

La jeune femme blessée écouta attentivement le monologue du jeune héritier de Lyrie, qui tantôt accusait Evrard, tantôt le défendait. Elle-même paraissait songeuse - après tout, puisqu'Armand n'était pas confiant de sa propre capacité de jugement, Margot devait ajouter à cette incertitude ses doutes sur son ami d'enfance : n'avait-elle pas failli le menacer de sa dague quelque secondes plus tôt ?

- Evrard et Aveline de Gasconnie, répéta t-elle comme pour mieux s'approprier les sons composant leurs noms. Non, ça ne me dit rien. Je ne connaissais le titre de l'ancien Magus de leur duché, "le seigneur de Cobie" que parce que j'ai espionné ma mère. C'est en me renseignant ensuite par moi-même que j'ai appris le nom de cet homme. Je ne sais rien sur sa soeur ou ses amis. Désolée.

Lorsqu'Armand suggéra de brûler le tableau, Margot baissa la tête, observant désormais le sol, comme pour ne pas suivre du regard l'objet qu'Armand pointait du doigt.

- J'y ai songé Armand. Quand j'ai rampé jusqu'ici. Avant de m'évanouir. Mais je n'ai pas... pu...

Sa torche en main, il aurait en effet été aisé pour Armand que de mettre le feu à la toile. Mais alors qu'il la fixait, sa mémoire reconstitua ce qu'elle n'avait étrangement pas réussi à faire la première fois qu'il avait posé ses yeux dessus.
Le style, les couleurs, la façon dont était représenté Gilles, la répartition de la lumière sur la scène l'utilisation de feuilles d'or. Tout cela était familier à Armand, et pour cause. Tous les chevaliers bretonniens avaient déjà vu des peintures de Nicolas Naudin, ou tout du moins des reproductions. Tous les pèlerins et chevaliers du Graal avaient contemplé au moins une fois les originaux, qui trônaient fièrement dans le vestibule de la Tour de l’Eau du château de Bastogne.
Naudin n'était pas juste un peintre. C'était LE peintre. Un paysan bastognois né avec un don, qui a accompagné Gilles le Breton, de l'Unification jusqu'à sa mort. Nombreux étaient les chevaliers qui avaient posé par écrit leur témoignage des exploits de Gilles, plus nombreux encore étaient les artistes qui s'étaient inspirées de ces récits pour créer des oeuvres commémorant le plus grand héros de la Bretonnie. Mais Nicolas Naudin était le seul peintre de l'histoire qui avait été témoin des scènes qu'il avait représenté. Par définition, il était donc l'auteur des représentations picturales les plus fiables de l'Histoire telle qu'elle fut.

Si c'était un original et non une reproduction, alors ce n'était pas juste un tableau qu'observait Armand, mais une relique inestimable pour tout son pays.

- mand... Armand... ARMAND ?

Une pression sur son épaule accompagna la voix qui faisait écho dans son crâne, le faisant sortir d'un état de torpeur dans lequel il n'avait pas réalisé être entré. Se retournant, le chevalier de Lyrie aperçut Margot, qui avait quitté son mur pour le rejoindre.

- Tu vas bien ?

Elle semblait inquiète.

Bien sur, à cause de sa cuisse, elle ne pouvait se permettre de rester sur une jambe sans prendre appui sur lui.
Bien sur, pour conserver son équilibre, elle devait rester proche de lui - le bras tendu, cela lui serait bien trop pénible : dans son état, respecter la distance de courtoisie était secondaire.
Bien sur, avec la faible lueur de la torche, si elle voulait examiner son état il lui avait fallu approcher son visage. A quelques centimètres du sien.

Elle était vraiment belle.


Test de mental d'Armand (END+INT)/2, -1 pour fièvre = 8, raté de 1.
==> Se traduit par le rp dans mon texte, tu es néanmoins totalement libre de décision pour la suite.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par Armand de Lyrie »

Je suis à court de mots. Vous devez pas me croire, moi qui suis d’ordinaire si bavard. Mais c’est la vérité. Je suis arrivé à un instant, un minuscule moment qui n’est même pas de l’ordre d’un battement de cil, durant lequel j’ai eu l’impression d’être vidé de ma substance. Pas endormi, pas inconscient, pas même mort. Juste disparu.

Oh pourtant y en aurait eu des trucs à dire. Des questions à poser. Une réflexion à adopter. Je suis sûr que si vous mettiez la Fée Enchanteresse et toutes les prophétesses de Bretonnie dans ce tumulus, elles auraient chuchoté et conspiré entre elles, pour tenter de comprendre quoi faire. Demander à moi de prendre une telle décision, à moi, à moi le chevalier errant et crotté d’Aquitanie, c’était un coup du sort tellement terrifiant que je rejetais en bloc l’idée que ce soit la Dame qui m’ait amené ici. C’est Ranald, ce fieffé farceur, ce bouffon bonimenteur qui ne mérite pas d’être honoré – mais il sait se faire honorer, l’enfoiré, et même moi je suis obligé de lui rendre ce qui lui appartient. À présent, je l’imagine comme un enfant qui garderai des secrets d’adultes qu’il ne comprend pas. C’est trop important pour que ce soit à lui – et donc, par ricochet, à moi – d’en décider.
Et pourtant ma décision elle était toute faite, en entendant la suggestion de Margot, et en la voyant regarder ses pieds. C’était ce qu’il y avait à faire, brûler cette immonde peinture. Quand on comprend pas quelque chose, on le consume. Si vous êtes un impérial, ça doit pas vous paraître un raisonnement trop arriéré, votre société est basée sur ça, vous avez de lugubres épouvantails avec un chapeau sur la tête et un pistolet sur le poitrail qui passent leur temps à brûler absolument tout ce qu’ils sont trop stupides pour essayer de concevoir : des livres, des dessins, et parfois des gens. Alors, je me suis saisi de la torche d’Evrard encore allumée, je me suis approché par quelques grandes enjambées jusqu’à la fresque, et j’ai approché le bâton incandescent du tableau.
Les flammes léchaient la toile ; il y avait un écart entre le tableau et un microscopique grain de braise qui était proche de l’infinitésimalement petit, et il ne m’aurait pas fallu plus d’un infime tic musculaire de l’avant pour que la toile s’embrase.
Je n’ai pas eu ce hoquet qui aurait suffit à ruiner le tableau. Mon regard s’est perdu dans les dimensions de la toile, et chaque imperceptible détail de l’œuvre me rentrait soudainement dans le crâne par les trous des yeux.

Je suis à court de mots. Vous le décrire, maintenant, c’est avec une grande facilité – et même, j’hésite encore. Je ne sais pas quoi en dire, je ne sais pas comment organiser mes idées. Mais en cet instant, je me suis retrouvé comme écrasé par un souffle immatériel inconcevable qui s’emparait de moi. Le poids de l’histoire, le poids de l’héritage de mes ancêtres, le poids des morts, comme si les corps des braves de Cuilleux enterrés ici n’exerçaient pas déjà sur mon âme une masse qui m’obligeait à plier. J’ignore ce qui me fascinait le plus dans la peinture. Mon corps était prostré, mais mes yeux eux bougeaient dans tous les sens. Tout, tout était source d’un émerveillement. Je crois que j’ai ouvert la bouche, simplement car je ne trouvais plus en moi la force de contenir ma mâchoire.
Normalement, dans une peinture de maître, il y a un ou plusieurs petits détails que l’œil exercé doit déceler, c’est ça qui fait qu’on est un génie et pas juste un barbouilleur. Là, vous devez imaginer une fresque tellement envahie de détails que votre cervelle les lit tous en même temps, au point de picoter à l’intérieur de votre crâne. Je vous en donne un parmi des milliers : Sur le dernier doigt de la main droite de Gilles, il y avait une minuscule petite griffure que je pensais au départ être un insignifiant dégât que le temps a infligé à l’œuvre. Ce n’était pas le cas. C’était une véritable blessure imperceptible qu’il avait reproduit, comme vous pouvez vous étonner de voir un invisible défaut n’importe où sur votre peau. La chose la plus captivante, c’est que la représentation de Gilles de Bastogne, réaliste au point où j’avais l’impression de vraiment l’avoir sous mes yeux, était réellement Gilles. Des sculptures, des dessins et des œuvres de Gilles le Breton vous avez que ça en Bretonnie, il est omniprésent, mais il varie tout le temps. Jusqu’ici, le plus bel art que j’avais vu du Roi légendaire, c’était un vitrail qui tient dans une cathédrale du Graal à Château-Bordeleaux ; Sauf que ce n’est pas Gilles qui est gravé dans de la verrerie fine du Lyonesse, c’est l’arrière-grand-père du duc Albéric qui a servi de modèle à un artiste qui voulait une représentation réelle d’un être humain. Dans ma tête, Gilles n’était pas censé avoir une tête parfaitement définie, même les écus d’or sur lequel on a appliqué son sceau n’est qu’une représentation artistique, et au fond, ce n’était pas si important que ça de savoir à quoi il ressemblait. Là c’est pas pareil. C’est lui. C’est lui.
Mes yeux s’injectèrent de larmes. J’aime me dire que c’était à cause de la torche trop près de mon visage qui avait séché mes pupilles, mais j’en suis pas convaincu. Vous savez le truc incroyable ? Je le trouve pas beau. J’ai envie de me mordre la langue en disant ça mais c’est vrai : Je ne le trouve pas particulièrement beau, là où les représentations du Roi Gilles cherchent tout le temps à le magnifier, à le rendre plus gigantesque que tout le monde, avec des cheveux blonds et brillants (Ou noirs comme la nuit) qui volent au vent et des yeux brillants de manière peu naturelle. L’homme agenouillé que je détaille n’est pas une force de la nature, il m’a l’air plutôt jeune, impressionné, très loin d’être le guerrier légendaire qui a anéanti tous les ennemis de la Bretonnie en douze batailles légendaires – peut-être que cette représentation date de sa première rencontre avec la Dame, lorsqu’il avait tué le dragon Smearghus et qu’il ignorait encore qu’il allait fonder un pays ? Et pourtant, la médiocrité relative de l’apparence du plus preux de tous les preux ne faisait que rehausser cet effroi teinté d’admiration étouffante qui s’emparait de moi. Je n’étais pas face à la personne fantasmée de Gilles, j’étais face à lui, je le voyais, comme je voyais le visage de n’importe lequel de mes compagnons. Je le gravais au fond de ma mémoire, et j’étais terrifié à l’idée qu’il arriverait un jour où je ne pourrai plus jamais savoir à quoi il ressemblait réellement. En brûlant la peinture, j’allais priver les millions de sujets Bretonniens vivants et à venir de ce délice terrifiant qui s’emparait de moi.

Et si ce n’était que Gilles ! Si Nicolas Naudin, même son spectre, se tenait en face de moi, je jure par tous les Dieux, du nord, du sud, et même ceux de Norsca s’il le fallait, je lui aurais attrapé le cou et serré de toutes mes forces afin de le terrifier, et j’aurais sorti mon épée pour tuer sur-le-champ quiconque aurait essayé de porter atteinte aux dix doigts vénérables du Maestro. Il n’a pas dessiné la Dame ! Cet impair me plongeait dans une dépression accablante. Des représentations de la Dame du Lac il y en a encore plus que des représentations de Gilles le Breton, et les artistes sont encore plus aventureux et moins respectueux des canons artistiques que lorsqu’ils décident de représenter l’Unificateur. Généralement, c’est la Fée Enchanteresse, personne bien physique et vivante, qui sert de modèle. Et chaque Fée Enchanteresse, incarnation humaine d’une Déesse – la plus grande des Déesses – inspire les artistes de sa génération. J’ai vu des Dames du Lac blondes, brunes, rousses, des dodues et des toutes fines, des grandes et des petites, toujours belles, mais d’une beauté qu’on pouvait caractériser de dizaines de manières différentes ; certaines avaient la beauté d’une tendre mère, d’autres d’une sulfureuse maîtresse, et je vous laisse donc deviner comment ces confusions entraînent les syndromes psychologiques qui sont à l’origine de l’amour courtois, vous laissant aisément comprendre pourquoi un chevalier Bretonnien qui vient de tuer quatorze minotaures hommes-bêtes va rougir comme une fraise quand une jeune femme noble ne souhaite lui offrir qu’un minuscule et immensément chaste bisou sur la joue. Pourquoi il ne l’a pas fait ? Pourquoi il ne l’a pas fait ?!

L’explication la plus probable, selon moi, c’est qu’il était un paysan. Comme il était un paysan, la Dame ne s’est jamais révélée à lui – ou bien, si Elle l’a fait, il s’est senti trop modeste, trop minuscule, trop ridicule pour oser tenter d’égaler la magnificence réelle de la Dame. Les artistes qui ont suivi n’ont jamais eu aucun tabou à graver, croquer, et peindre la Dame fantasmée, mais comment Naudin aurait pu ne pas trembler en souhaitant imiter ses traits ? À ses yeux, Gilles ne devait être que son seigneur, peut-être même son ami, il se sentait donc à l’aise à le peindre, il ne le vénérait pas comme les descendants de Gilles et de ses Compagnons se sont mit à idéaliser et vénérer leur passé par la suite, jusqu’à prêter à chacun des Quatorze des vertus chevaleresques. Mais la Dame ? La Dame ? La Dame c’est autre chose. Elle transcende tout. Les chevaliers de la quête ne s’élancent-ils pas sur les routes et dans des combats absolument désespérés dans l’espoir de pouvoir la contempler ? Aurait-il été juste que n’importe qui puisse, en levant les yeux sur une toile, découvrir Celle à qui nous devons toutes nos valeurs et l’existence de notre Nation ?
Ou bien peut-être est-ce autre chose. Il y avait quelque chose de… De… Je ne sais pas. La peinture me mettait mal à l’aise. La tâche à la place du visage de la Dame faisait remonter en moi de la bile et me rendait nauséeux, une émotion aussi forte que la fascination de la beauté des Fées et « l’humanité » de la représentation de Gilles qui m’était induite par la vision du tableau. Je ne suis pas un impérial insensible à l’art, mais jamais une peinture ne m’avait donné envie de vomir. Il y avait quelque chose qui s’en dégageait, et je n’exagère même pas – ou alors, je confond et c’est la vinasse dégueulasse de Magone qui a provoqué un tel ascenseur émotionnel en moi.

Je n’y crois pas. Parce qu’en fait, loin de durer un instant, mon observation a duré un long moment, je n’ai aucune idée de combien. J’ai éloigné lentement la torche du tableau et il a fallu que j’entende un écho résonner dans le vide de mon crâne pour que je sorte de ma torpeur. Je sentais mon cerveau chatouiller à l’intérieur.

Je suis revenu à moi. Mais pas en sautant à pieds joints dans mon corps. Je revenais très lentement à mes sens. C’est l’odeur qui m’est revenu en premier. L’odeur agréable du bois de ma torche qui brûlait. L’odeur froide du tombeau. Et puis, la fragrance moite et forte qui venait de Margot, cette odeur de sang et de sueur qui me collait. En la sentant me toucher, mon corps entier avait été parcouru de la même chair de poule qui recouvrait encore mon cerveau. J’avais fermé ma bouche, et lentement pivoté ma tête pour l’observer. Mon cœur pulsait tellement fort que je le sentais trembler dans le fond de mes oreilles, et mes mains avaient été recouvertes d’une pellicule de sueur.
Elle me faisait le même effet que les Fées de la peinture. Tout ce mélange d’émotions et de visions différentes qui m’envahissaient. J’aurais pu m’arracher les yeux et partir de ce tumulus si seulement mes globes oculaires avaient pu continuer à être dirigés vers la toile. Hey bien, Margot me faisait cet effet. Je me répète, je vous ai déjà expliqué la situation, mais je vais me répéter pour que vous compreniez bien : Je ne suis pas un dégénéré, même avec ma paternité. Déjà, quand le dégoût m’a envahi en me rendant compte des actes contre-natures que ma mère me faisait subir, ça m’a comme qui dirait inoculé du contact féminin. En plus ce cela, en tant que chevalier Bretonnien je n’éprouve envers les dames qu’un contact toujours conventionnel et respectueux, j’allais encore plus loin que tous mes confrères en refusant même les aventures et les amourettes avec des filles du commun, des roturières qui n’obéissaient pas à ce jeu poétique et platonique entre chevalier et demoiselle. Mais si ces deux arguments ne suffisaient pas, je pissais le sang, j’étais dans un tumulus rempli de mort dans un pays de mort après avoir échappé à la mort, j’étais face à une femme en détresse, à deux doigts de la mort, paniquée et sale, et en plus, j’avais un passif avec elle qui me révulsait intérieurement – pour dire les choses clairement, j’ai été un immonde connard avec et je me demande si je serais allé jusqu’à la déshonorer dans mon aveuglement licencieux. Absolument tous les paramètres possibles et imaginables étaient retournés contre moi, et, à simplement raisonner une demi-seconde, il m’aurait paru absolument normal d’éprouver tout l’inverse des sentiments qui naissaient en moi.

Et pourtant ces sentiments naissaient en moi, jetant par la même occasion dans une fosse à purin tous les livres de philosophes attardés qui sont persuadés que c’est l’âme qui commande le corps. Parfois c’est l’inverse. Là en tout cas c’est plus que l’inverse. Mon âme peinait à garder le contrôle de mes sens, j’étais dans une sorte de semi-état, comme un zombie, qui était d’autant plus horrible qu’il n’était pas désagréable. J’adorais la regarder, mais le fait même que je trouvais grisant de l’observer me remplissait d’une profonde honte envers moi-même. Je comprenais un peu mieux ces fanatiques comme seul l’Empire et le culte de Sigmar étaient capables de produire, ces flagellants qui vont de ville en ville avec des cloches et des fouets pour se faire physiquement mal comme méthode d’expiation. C’est regagner le contrôle de son corps. C’est se donner du déplaisir quand le plaisir devient trop laid.
Si vous saviez comme j’avais envie de l’embrasser. Seule la peur de la terrifier, de la sentir se débattre et me maudire m’en empêchait. Ce n’était même pas la peur de sa dague – si je craquais au point de tenter de l’embrasser de force, je devrais au contraire la remercier de planter une lame à travers mes côtes. C’était la peur de la honte, la peur du regard de la Dame – même si la Dame ici était aveugle à cause du capuchon sur sa tête – et de la malédiction de ma famille qui tentait de m’exorciser.

Cela ne m’avait pas empêché, pour autant, de lever la main qui ne tenait pas la torche pour la passer sur son visage. Pas plus que cela ne m’avait retenu de tendrement lui caresser la joue, du creux de ma main, rempli d’un besoin d’affect plus fort que tout. C’est uniquement quand je sortais de ma torpeur, et que j’étais terrifié de sa réaction, que je retirais subitement ma main et que j’écarquillais si gros les yeux que je devenais incapable de cligner des cils. Et je parlais d’une voix étranglée par la panique.

« Je v-vais bien. »

J’avais la bouche sèche. La gorge si peu humide que je la sentais craqueler et peut-être saigner. J’étais raide, de tous mes membres. Et, alors même que je continuais à la faire face, mes yeux glissèrent vers le côté afin de regarder à nouveau la peinture du coin de mes paupières.

« Mais c’est quoi cette toile putain ? »

C'était même pas une vraie question. Non pas qu'elle ne soit pas légitime - c'était raisonnablement la seule et unique question qui méritait d'être posée. La seule qui aurait pu m'avancer et me permettre de sortir de ces catacombes pour rentrer chez moi. Mais à ce moment, ce n'était qu'un subterfuge, un moyen de détourner mon esprit de son visage sali par le sang et les larmes.
Je me serais maudit sur huit générations pour qu'elle m'embrasse.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 23 avr. 2019, 20:50, modifié 1 fois.
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*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
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Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par [MJ] Katarin »

Alors qu'Armand prenait conscience de ses actes, retirant vivement sa main par crainte de la réaction de Margot, cette dernière lui adressa un sourire timide. Pas le genre de sourire radieux et sincère qui vient du cœur et dévoile son bonheur. Pas non plus le sourire nerveux, le rictus qui trahit sa gêne ou sa timidité excessive. Pas plus que ce n'était ce petit plissement de lèvres séducteur dont ces dames avait le secret pour faire tomber le cœur des hommes. Non, c'était plutôt le sourire qui servait à se protéger, celui qu'on utilisait pour dissimuler sa tristesse, alors que le regard se faisait fuyant et que la gorge se nouait.
Elle n'avait pourtant pas esquissé le moindre geste pour interrompre le contact qu'il avait amorcé entre eux. Il aurait même pu jurer qu'elle avait fermé les yeux, et que son souffle s'était arrêté un instant comme pour mieux profiter de l'instant, mieux ressentir le passage de sa main sur sa peau.
Tout comme Armand, son âme semblait regretter ce que son corps avait apprécié malgré elle.

Alors que le chevalier de Lyrie trahissait son trouble vis-à-vis de la peinture, elle raffermit pourtant sa prise sur son épaule, comme pour tenter de le rassurer, l'ancrer dans la réalité pour ne pas qu'il perde pied dans une autre moment de contemplation béate.

- Il y a quelque chose d'aussi magnifique que malsain dans cette peinture. Si les slaaneshis la voulaient, c'est qu'elle est dangereuse : c'est avec cette logique que j'ai voulu moi aussi m'en débarrasser par les flammes. Mais lorsque je l'ai regardée, vraiment regardée, j'ai compris que je n'en avais pas le droit. C'est une trace de notre passé, le témoignage d'un homme qui a vu ce qu'il a peint, et dont les œuvres cimentent notre histoire écrite depuis mille cinq cent ans. Je ne suis qu'une noble déchue, une hors-la-loi. Ce n'est pas à moi et à ma peur que reviennent la décision de détruire ou non une oeuvre d'art aussi signifiante pour l'Histoire de notre peuple.

Un court moment de silence. Le crépitement de la torche résonnait sur les parois de pierre.

- Par noblesse, par devoir, et par justice, tu n'as pas hésité à livrer toute ta famille, ton château, ton héritage, aux flammes purificatrices. Ce n'est pas pour rien que c'est toi que la Dame a envoyé ici, Armand. Tu lui as prouvé ton abnégation, et elle croit en toi pour prendre une décision guidée non pas par l’intérêt, mais uniquement par ce qui te semble être la bonne chose à faire.
Test de... "séduction" d'Armand sur CHA, -1 pour fièvre : 7, réussi de 2.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par Armand de Lyrie »

On pourrait croire que le petit discours que me tient Margot allait m'engaillardir, me tirer de ma torpeur, me donner toute la force nécessaire pour prendre une décision. Dans neuf poèmes épiques sur dix y a tout le temps la même scène, par tropisme littéraire ; je vous ai parlé du chevalier courageux qui casse une flèche qui lui est entrée dans le poitrail, bah dans les chansons de geste y a aussi le rôle des femmes. Comme nous sommes une bonne société où on sait où les hommes et les femmes ont sa place, on ne voit jamais de femme au combat – une demoiselle lançant des sorts ou Jeanne de Lyonesse ne comptent pas – mais elles sont omniprésentes dans les pensées et les paroles des guerriers, et y va forcément y avoir un moment où le jeune chevalier errant, ou le mûr chevalier de la quête, va douter de la nécessité de ses épreuves et des tourments qu’il subit. Alors, va intervenir une femme, de préférence la sienne, parfois la fille de son seigneur, pour lui parler de la Dame et de l’honneur et de tout ce qu’il doit endurer pour elle, et Elle. Le jeune homme naïf que je suis aurait dû être très sensible aux propos de Margot.
Un simple regard sur la peinture suffit à balayer tout cela du revers de ma main.

« La Dame… Comme tu y vas, Margot. Tu ne me disais pas il y a dix minutes que c’était impossible que ce soit la Dame qui m’ait amené jusqu’ici ? J’en suis très sceptique. Non pas que je ne me bat pas pour Elle, mais Elle a mieux à faire que s’occuper de moi.
De l’abnégation… De l’abnégation… Tu crois qu’il m’en a fallu beaucoup de l’abnégation, pour trahir ma famille ? »


Je tournais légèrement ma tête pour l’observer. Je vous avoue qu’une partie de moi avait envie de lui hurler dessus. D’accuser sa famille. De lui demander pourquoi, elle, si elle était si pure, elle n’avait pas décidé de dénoncer ses parents immondes ? Mais sitôt que mes yeux croisaient les siens, mes traits se détendirent, et je retrouvais l’envie de la prendre dans mes bras et de l’embrasser. Une envie dévorante que je devais retenir en serrant mes poings.

« Il n’a pas fallu plus d’abnégation pour aller rapporter les méfaits des miens qu’il en faut au paysan pour servir son seigneur. Si j’avais été plein d’abnégation, il m’aurait fallu participer moi-même à la curée, retourner sur les terres où j’ai grandi pour passer les miens à la lame et à la torche. J’ai été trop lâche pour le faire. Non, toute l’abnégation dont j’ai fais preuve a consisté à pleurer, la tête baissée, et à donner tout un tas de nom, de personnes, de lieux et de vices que ces personnes avaient commis dans ces lieux. Je ne doute pas de la sincérité de Son Excellence le duc dans la répression qui a suivi. Mais tu crois vraiment que ce qui s’est passé dans les semaines qui ont suivi n’ont été guidées que par la pureté de l’âme et la volonté de sauver la terre du Compagnon Frédémond ? Tu crois que le seigneur de Maisne n’était guidé que par le service de la Dame ?
Il suffit pas de regretter une faute pour en être pardonné. Et ne crois pas que parce que j’étais manipulé, j’étais irresponsable de mes fautes. Je te trouve bien prompte à me pardonner. Tu ne te souviens pas… Tu ne te souviens pas de la manière dont je te traitais, lorsque j’étais encore page ? »


Je regardais à nouveau la peinture. Et je soupirais longuement, si longuement que je retirais l’entièreté de l’air de mon corps.

« Si tu es incapable de prendre cette décision, alors je ne le suis pas plus que toi. »

Je tournais ma tête pour la regarder. Il y avait une solution, mais elle allait être tortueuse. Brûler la peinture c’était la solution de facilité, la solution du répurgateur de Sigmar, la solution qui allait épargner le voyage, les risques, les explications, les secrets face à tous les acteurs que j’allais rencontrer. Comment expliquer à Evrard que son frère d’armes est corrompu, sans compter qu’il l’est lui-même peut-être ? Comment lui expliquer ce qu’est l’œuvre que je tiens sous le bras ? Et le temps de mon chemin, à combien de gens il allait falloir que je risque de faire confiance ? Qui était Slaaneshi ? Qui était corrompu ? Qui allait croire que je l’étais, comme ce pauvre fou dont j’ai provoqué la mort après avoir cherché à le raisonner ? Landry de Magone ? Le comte Hincmar ? Je me mettais à craindre tout le monde, tout le monde sauf cet imbécile de Triboulet, dont l’imbécilité comme la superstition assurait la pureté de son cœur. Brûler c’était une assurance, celle d’éloigner tous les conspirationnistes, d’anéantir ce qu’ils cherchent, de ne pas chercher à comprendre. De fermer un livre sans en lire la fin.
Mais je ne le pouvais pas. Par la Dame, je ne le pouvais pas ! Je le savais, en regardant à nouveau la toile, j’en avais le cœur qui se serrait. Si je brûlais cette peinture, elle me hanterait jusqu’à la fin de mes jours. Et il n’y aurait pas eu un instant, jusqu’à ce que Morr vienne me donner la paix, sans que je pleure de ne plus jamais pouvoir observer la magnificence de ce travail.

« Nous devons confier cette peinture. À Château-Quenelles, dans la chapelle de l’Enchanteresse – rien de moins ne serait acceptable. Si ni moi, ni toi ne sommes assez bons pour la tenir, et si il y a trop de risques qu’elle soit subtilisée par les adorateurs du Serpent, alors il faut que les mains des damoiselles du Graal nous en délestent. »

Et je m’approchais de la toile, que je devais retirer du cadre avec la plus grosse précaution qui soit possible, avec encore plus de précaution que j’avais utilisé pour tenter de soigner Margot.

« Lorsque nous sortirons, ne dis absolument rien au sire Evrard. Rien. Je m’occupe de lui…
Je vais t’aider à sortir de là, attend un instant. »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 24 avr. 2019, 17:27, modifié 1 fois.
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par [MJ] Katarin »

Alors qu'Armand soulevait une contradiction au sujet de la Dame dans le discours de Margot, cette dernière sembla vouloir protester. Elle bafouilla un début de phrase, puis se ravisa dès lors qu'il aborda le sujet de la trahison de sa famille.
S'il l'observa pendant son monologue, elle préféra quant à elle détourner le regard pour observer leurs deux ombres sur le mur, dansant au rythme de la torche allumée du chevalier. Impossible de deviner ce qu'elle pensait alors qu'il extériorisait ses propres remords : son visage resta figé, et ses lèvres closes.
Elle relâcha sa prise sur l'épaule de son compagnon, pour prendre à nouveau appui contre le mur. Un acte logique s'il voulait marcher jusqu'à la toile et faire ce qu'il avait à faire sans poids mort gênant ses mouvements. Mais était-ce seulement ça, ou bien cet acte signifiait davantage ? Armand venait d'expliquer à haute voix ses intentions au sujet de l'oeuvre d'art, mais maintenant qu'ils n'étaient plus liés ni par le toucher ni par le regard, elle ne l'approuvait pas plus qu'elle ne le désapprouvait : c'est comme si elle avait délibérément choisi de l'abandonner face à sa décision, de se retirer pour ne pas l'influencer... ou ne pas en prendre la responsabilité.

Séparer la toile du cadre ne fut pas bien difficile. Si l'aura de mystère entourant l'artefact pouvait faire craindre son contact, Armand n'éprouva pourtant rien de particulier pendant qu'il manipulait l'objet à loisir, sinon la crainte d’abîmer pareil trésor, et la tristesse de ne plus pouvoir la contempler lorsqu'il enroula la toile pour la transporter.

Pour effectuer le trajet du retour, Margot posa son bras autour de la nuque d'Armand, prenant appui sur son épaule. Si elle resta muette dans un premier temps, plusieurs jurons vinrent trouver leur route à travers ses mâchoires serrées pour colorer leur trajet après quelques mètres, alors qu'elle luttait contre la douleur à chaque pas sur sa jambe gauche. Malgré l'aide d'Armand, la manière qu'elle avait de lui broyer l'épaule en disait long sur la souffrance qu'elle subissait et extériorisait comme elle pouvait. Ses joues se recouvraient peu à peu de larmes qu'elle ne pouvait pas contenir.

Quand enfin ils parvinrent devant l'entrée du tumulus, ils marquèrent un temps d'arrêt, évaluant en silence la meilleure manière de procéder pour faire passer une infirme à travers le maigre défilé.

- J'ai réussi à passer dans un sens, je vais bien y arriver dans l'autre...

Cela sonnait davantage comme une tentative de se convaincre elle-même que l'exposition d'une vérité.

De l'autre côté de l'éboulement, Evrard avait du percevoir leurs voix. Il avait même du entendre les jurons étouffés de Margot pendant leur cheminement jusqu'à l'entrée, vu la puissance de l'écho sur les parois de pierre du tumulus.

Alors pourquoi ne se manifestait-il pas ?

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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par Armand de Lyrie »

Je sens le sentiment de sérénité qui précède le désastre. Vous l’avez déjà ressentie, cette sensation, j’en suis sûr et certain. Cette espèce de douceur, de calme, alors que vous savez que ça ne durera pas. Le monde autour de vous tient bien, mais il va lentement s’effondrer sous vos pieds. C’est le sentiment que vous ressentez lorsque votre amoureuse souhaite vous revoir, mais en voyant les yeux de son visage, vous devinez que c’est pour vous dire au revoir. C’est la pointe de malaise que vous décelez dans le regard morne, sans trace d’un sourire, du patron de votre mari qui vient étonnamment vous rendre visite en fin d’après-midi. C’est l’émotion que, à un moment ou à un autre de votre vie, vous ressentirez en allant sur le perron d’une église, en sachant que tout au bout de la nef, se trouve une boîte dans laquelle repose l’un de vos proches.

Je n’ai senti aucune détresse à ne ni voir, ni entendre Evrard. Aucune peur. Aucune anxiété. J’avais trop donné, vous ne trouvez pas ? J’avais trop souffert, j’étais passé à deux doigts de la mort deux, peut-être trois fois aujourd’hui. À la place, ce que je ressentais, c’était ça. Pour l’instant, tout va bien. Dans deux minutes, ce sera l’enfer.
J’ignore précisément pourquoi la curée m’attend. Tout peut être arrivé. Une milice locale, celle responsable du charnier de là-haut, l’a peut-être réduit en otage. Un criminel, peut-être celui qui occupe la cabane que Triboulet est en train de fouiller, est arrivé pour l’égorger. Evrard lui-même, parfaitement au fait de la peinture et de la raison de la venue de Margot, nous attend en embuscade pour nous assassiner. Ou bien, peut-être que ce sont des esprits déchaînés et réveillés par un nécromant ? Ou des peaux-vertes qui sont descendues jusqu’ici ? Je m’en contrefous. Ça peut vous paraître exagéré, mais c’est la vérité : je suis beaucoup trop exténué pour encore réfléchir au danger qui m’attend : j’ai la bouche pâteuse, je suis affamé et en même temps j’ai la gerbe, j’ai le besoin d’être en sécurité, un besoin trop pressant pour me soucier de ce qui pourrait atteindre à cette sécurité.
Et même si je m’en souciais, est-ce que j’avais seulement le moyen d’y faire quelque chose ? Bien sûr que non. Je suis ensanglanté, tremblant, même un gobelin avec une petite lance pourrait larder en ricanant comme un dément en attendant à la sortie. Quand on est dos au mur on a plus d’autre choix que d’avancer.

Alors, je pose le corps fiévreux et endolori de Margot contre la pierre. Je me retourne en levant bien haut la torche devant moi, et, je m’approche des petites appliques murales où des bâtons incandescents se trouvaient. Je n’avais pas osé les allumer lors de mon entrée. Cette fois, j’en brûle deux, une à gauche, une à droite, juste devant le couloir du mausolée, et laisse tomber la grosse torche d’Evrard sur le sol. Je lie mes mains, et adresse tout de même une petite prière aux défunts :

« Messeigneurs. Je dérange votre sommeil, j’en arrache une fresque magnifique qui était censée honorer et magnifier votre souvenir. Malgré ça, je vous implore de ne pas me prendre pour un pilleur de tombes, venu ici souiller ce pour quoi vous vous êtes battus, dans l’idée de me faire un profit monétaire. C’est tout l’inverse.
Vous êtes perdus. Votre deuil est fait depuis longtemps. Mais je ne laisserai par l’Histoire vous oublier. Il y a là-dehors des forces obscures qui seraient heureux de souiller votre terre, de manière plus insidieuse que la fange verte brutale qui est arrivée pour saccager votre doux pays. J’en fais le serment, devant la Dame, sur ma vie et sur ma descendance, sinon mes ancêtres qui le méritent nullement : je ramènerai la peinture en sécurité, et je m’assurerai que personne n’oublie votre- »


Je coupe ma prière avec une réalisation soudaine. Elle avait pourtant commencée de manière sincère, cette prière, pure et sincère, croyez-moi. Mais, il y a quelque chose qui ne va pas. Quelque chose qui me fait douter. Qui me plonge dans une hantise de l’Histoire.
Son Excellence Tancrède est Duc de Quenelles. Il est aussi comte de Cuilleux. Cela peut ne rien vous sembler, mais quand sire Tancrède doit légiférer sur les affaires de cet endroit, qui a été à une époque un duché, il ne signe jamais « duc de Quenelles », mais bien « comte de Cuilleux », par respect envers l’Histoire. Il n’a jamais connu Cuilleux, la province a été emportée il y a des siècles, mais ça vous montre la dévotion que nous avons envers ce pays perdu. Maintenant, j’ai une question toute bête. Pourquoi des chevaliers honorables sont enterrés dans un tumulus écroulé et éboulé ? Pourquoi on ne leur a pas construit, à grand frais, une cathédrale du Graal magnifique ? Quitte à devoir exhumer leurs corps pour les enterrer un peu plus loin, dans une autre partie du comté de Cuilleux – c’est pas comme s’il y avait pas plein d’autels et de sépulcres dans cette région. Je me demande aussi pourquoi Cuilleux, anéantie avant l’Unification, a une peinture de Gilles le Breton. C’est peut-être que le monument, dans les décennies qui ont suivi la reprise du duché anéanti, a été à une époque bien entretenu, puis au fil des siècles il s’est dégradé et il n’a plus autant attiré des foules – des chapelles du Graal qui tombent en ruine aussi il y en a des centaines en Bretonnie. Mais je ne sais pas. Je délire peut-être tout à fait. Mais je me demande soudain quel genre de personne était Berthelemy le Sanguin.
Mais je n’ai pas le temps d’aller le réveiller pour tailler le bout de gras. J’inspire par le nez et termine ma prière. Si Margot a trouvé ma pause bizarre, je n’aurai qu’à prétexter que j’ai eu une absence.

« Je m’assurerai que personne n’oublie votre courage et votre dévotion. Inspirez-moi les vertus de la chevalerie par votre exemple. Ainsi je jure. »

Je me retourne à nouveau. Avec les torches allumées, on y voit un peu plus clair, ça va nous aider pour la remontée, surtout en l’absence de celle d’Evrard. Je saisi alors la peinture, la roule pour l’amincir le plus possible, et m’approche de Margot. Je lui prend ses doigts, et lui colle la toile à son corps, la faisant serrer la merveilleuse relique. Elle a pas l’air de comprendre sur le coup, alors je lui pose une main sur sa joue – j’ai du mal à m’en empêcher – et je lui parle tout bas.

« Je vais passer en premier, comme ça tu pourras t’enfuir s’il y a un danger de l’autre côté. Si tu n’arrives pas à traverser, préviens-moi, on trouvera une autre issue. »

Je fais un pas en arrière, attrape fermement le fourreau de mon arme, et en tire l’épée à une main que l’on m’a confiée. À la lueur du soleil de dehors et des torches, je l’observe. Evrard m’a juré que des demoiselles du Graal l’avaient bénie. En cet instant, je n’ai aucun moyen de confirmer ou d’infirmer ce fait. La lame me semble parfaitement commune, et ne révèle à mon regard aucun enchantement particulier. Et pourtant, je refuse de croire qu’il m’ait menti. Mais si cette épée était maudite ? J’en serrais les dents. J’avais hâte de retrouver ma lame bâtarde et vulgaire qui m’attendait dehors – mon épée à deux mains me ressemblait, elle était parfaitement commune et sans intérêt, mais au moins on pouvait compter sur elle.
Je fais un pas dans le couloir qui va mener vers la sortie. Débarrassé de la fragile toile comme de la torche, je peux à ma guise utiliser ma main pour garder la fine épée près de mon corps, et Margot avec l’autre main. On va s’engager dehors.

Je sens que quelque chose m’attend à la surface, et je risque de déguster. Alors, damné pour damné, je fais le truc le plus con au monde.
J’approche mes lèvres pour les poser sur la joue de Margot.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 25 avr. 2019, 10:17, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 175
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Pénurie de problèmes

Message par [MJ] Katarin »

Malheureusement pour le romantique chevalier, le baiser d'adieu qu'il avait souhaité déposer sur la joue de son amie était la marque d'affection de trop qu'elle refusa d'accepter. Elle intercepta son visage de sa main levée, avant de le repousser doucement en arrière. Elle affichait de nouveau une mine attristée, mais son visage ne manifestait plus de sourire de circonstance cette fois-ci.

- Ça suffit Armand.

Sa voix était calme. Elle ne le réprimandait pas sèchement comme pour le rejeter. C'était plutôt un ton maternel, comme pour guider un enfant entre le bien et le mal.

Ce n'était ni le moment pour parler, encore moins pour bégayer au sujet d'affaires de cœur. Aussi Armand s'engagea dans le défilé rocheux. Les parois étaient toujours aussi rapprochées, comprimant son corps de part et d'autre, appuyant sur ses blessures, le forçant à progresser centimètre par centimètre. Margot pourrait-elle vraiment, malgré sa volonté de fer, traverser pareille épreuve avec sa jambe perforée ?

Craignant la mauvaise surprise qui pouvait l'attendre à l'extérieur, Armand s'arrêta à un petit mètre de la sortie, tendant l'oreille pour obtenir des indices sur la situation.

Pas un bruit, sinon celui du vent. Par l'ouverture, rien d'autre de visible que la végétation, les arbres dénudés de la forêt hivernale tels qu'il les avait laissés, ainsi que les cadavres des sergents reposant dans l'herbe. Ce silence n'avait rien de rassurant, puisqu'il ne donnait aucune information sur ce qu'il avait pu advenir d'Evrard ou de Triboulet. Ce dernier mètre à travers le défilé sembla demander une infinité de temps et d'efforts pour être parcouru.

Armand s'était attendu à une embuscade. Il avait eu raison.

Sa tête n'avait même pas encore dépassé de l'ouverture que déjà surgirent deux paires de bras de part et d'autre de la sortie du défilé, qui le saisirent à la chemise, au bras, à la gorge et aux cheveux. Il fut tiré de son abri de pierre avec une force contre laquelle il ne put résister, et se fit jeter au sol sans la moindre ménagement.

Il voulut se relever, mais on ne lui en laissa pas le temps. Une botte écrasa les doigts qui tentèrent de saisir son épée, des mains le bloquèrent à terre, juste avant qu'un objet contondant percute sa tête.

- Non ! Ne lui faites pas de mal !

Ce fut la dernière chose qu'il entendit, avant de perdre connaissance.


Scénario partie 1 terminé ! (Un peu brutalement certes, mais t'as bien choisi ton moment pour foirer tes jets tiens :D)
Tu gagnes un bonus d'étape de 25 xps, ce qui te fait un total de 200 xps à dépenser. Je t'attends dans mon palais pour signaler les améliorations que tu souhaites acheter. Pour les compétences, je te demanderais toujours une justification rp à leur achat, que ce soit par ton bg ou par ce que tu as accompli pendant le scénario.
TU gagnes également 2 PdC envers la Dame pour ton attitude pendant l'histoire, Armand ayant toujours essayé de suivre les idéaux de la chevalerie. Vaillance ok, Loyauté ok, Courtoisie faudra faire un peu moins de bisous à l'avenir.

La suite... bientôt :D


Résumé des jets du tour :
Jet de séduction d'Armand : 12, échoué de 2
Jet de perception d'Armand : 20, échec critique
Jet de force opposé : Agresseurs : 5, réussi de 5 - Armand, 19, raté de beaucoup trop.

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