[Suuriel] Un pavé dans la mare

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Les deux farfadets continuaient à s’affronter jovialement en grimpant et en descendant de l’arbre tout en effectuant des danses dignes des plus grands danseurs de guerre. Pendant ce temps, Suuriel Ti Orieleth se préparait à communiquer avec l’arbre vénérable.

Test sous INT/9 +3 (Langue hermétique - Arcane des Arbres)= (12) > (15) échec.

Malgré toute la bonne foi que Suuriel appliqua pour s’adresser a lui, l’arbre resta de marbre. Toisant l’asrai de toute sa hauteur. Le végétal lui paraissant soudainement hautain pourtant dans le peu de palabres compréhensibles que l’être majestueux confia pendant l’échange avec le jeune Asrai sembla confirmer qu’il ne se trouvait pas en Athel Loren.

Suuriel avait pris un grand coup, lui qui avait l’habitude de communiquer pendant des heures avec la flore de sa patrie.

Le vieil Asur rompit le lourd silence qui régnait à présent dans le bosquet.

— Mazette, je crois bien qu’il t’a dit de te débrouiller tout seul. Ricana l’ancien.

— Bien sûr, j’ai oublié de me présenter, je suis Bel-Azoc le Sage, mais tu peux aussi m’appeler Dhilkulkath comme on me nomme en Athel Loren. Ici, nous sommes dans notre pays natal en Ulthuan dans les grandes plaines d’Ellyrion.

— À présent, montre-nous comment tu grimpes. On n’a pas toute la journée, car si tes petits cousins nous tombent dessus ils vont tout gâcher.

L’arbre qui lui faisait face ne semblait pas hostile, et les farfadets continuaient à jouer à ses pieds sans crainte.

[Suuriel]

Suuriel, face au silence de l'arbre, regardait la cime des arbres avec consternation. Il fronça les sourcils et regarda complètement incrédule Bel-Azoc, le regard hébété.

" Il ne répond pas ... Il m'ignore totalement ... "

Il s'assit au pied de l'arbre en regardant les farfadets jouer et se prit à jouer de la main avec eux en les bousculant gentiment, réfléchissant à ce qu'il a pu faire de mal. Il aurait accepté que l'arbre refuse simplement de répondre favorablement à sa demande mais là, il ne l'avait que snobé, refusant tout contact et considération pour cet échange. Il se perdait dans ses pensées puis regarda le vieil homme qui venait de se présenter.

" Pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de vous ? Vous vivez en marge des autres clans ? "

Il se redressait et regardait les hautes branches, tentant de distinguer des fruits ou autres éléments à récolter. Il se préparait à devoir grimper quand le fou lui souligna ce fait. Il acquiesça simplement et commença à se concentrer, fermant les yeux pour ressentir Ghyran qui s'écoulait tout autour d'eux, dans la terre.

Tentative de Sort : Piste de Vie

L'Asrai plongea alors son esprit dans le flux de Ghyran, remontant le long de l'arbre pour tenter de percevoir l'aura des fruits recherchés, le vent vert parcourait la moindre once de vie, il lui suffisait de contempler le dessin éthéré qui se formait, sa cible devant surbriller et lui permettre de savoir précisément où se rendre.

Tentative de Sort : Aisance Arboricole

Sa respiration ralenti et se calquait au rythme des inclinaisons du vent vert, sentant le fluide monter par la plante de ses pieds et parcourir ses veines et ses canaux énergétiques comme il le ferait par les racines d'un arbre. Il murmurait pour diriger, par d'antiques formules, l'énergie vers ses muscles et ses tendons, les assouplissant et augmentant leur résistance en vue de l'ascension. Les muscles de ses jambes, puis sa poitrine et ses bras gonflaient légèrement, des veines jusqu'alors cachées serpentant en suivant visiblement les courbes de son corps. Sa peau halée semblait brunir d'avantage, cherchant à se confondre avec l'écorce. Cette parade aurait permit au milieu des fourrés d'Athel Loren de se fondre dans la végétation et les ombres des bois et pourrait éventuellement cacher une silhouette sur les hauteurs d'un tel arbre au milieu des plaines d'Ulthuan. Avec de l'entrainement ou de manière endémique, ce simulacre permettrait peut-être de se cacher dans la paille des plaines ou au milieu de rochers.

Il avait laissé son bâton et la plupart de ses affaires pour s'alléger et les confia un peu à contre cœur au vieil elfe et à ses compagnons farceurs. Il retira le haut de son armure de feuilles pour gagner en souplesse et Il se retourna à nouveau vers le tronc et posa sa main sur l'écorce, ses doigts s'insinuant dans les rainures de l'arbre. Sa musculature était fine et athlétique, plus encline à l'agilité que la force brute. La chaleur nourrissait une fine pellicule humide sur sa peau et les reflets du soleil dessinaient le moindre relief, découpant chaque muscle renforcé par le sort et les quelques veines qui glissaient sous sa peau. Quelques cicatrices ponctuaient son corps, signe du vécu de chacun.

Suuriel cessa alors un instant de respirer et sa musculature roula sous sa peau alors qu'il entama son parcours, respirant au rythme de ses mouvements.

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— Oui, c’est typique du quartier. Rajouta le doyen d’un ton moqueur.

L’antique elfe parut soudainement assombri suite au questionnement de son cadet.

— Oui… Ce doit être ça… En marge des autres clans… J’en ai connu des gens. Tous fou ou endormi du sommeil de la tombe.

— Avant j’aimai bien les tierces personnes, il y a fort longtemps, mais j’ai mieux à faire à présent vois-tu ?

Les farfadets quittèrent Ti Orieleth pour rejoindre les robes du vieil Asur, qui instantanément reprit son air guilleret.

— Mais toi tu n’es pas pareil n’est-ce pas ? Allez, grimpe dans cet arbre, ne fait pas ta mijaurée.

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Tentative de Sort : Piste de Vie.
Test sous MAG (10) + 1 Peinture d’Isha (11) > 7 réussite.
Tentative de Sort : Aisance Arboricole.
Test sous MAG (10) +1 Peinture d’Isha -1 deux sorts jetés à la suite (10) < 19 échec > 2 bonne réussite.

Ti Orieleth canalisa le Ghyran et réussit à en accumuler assez pour repérer ce qu’il recherchait malgré la récalcitrance de l’arbre à communiquer avec lui. Les vents de magie permirent à Suuriel de détecter les plus beaux fruits et ainsi déterminer l’itinéraire le plus court pour y parvenir.

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Tentative d’escalade :
Test sous For 8 +End 7+Hab 9/3 +2 Aisance Arboricole (10) 8 réussite de justesse.

L’ascension fut rude, mais l’elfe sylvain arriva jusqu’aux gros fruits à coques qui trônaient à des dizaines de pieds au-dessus du sol. Le monde environnant avait subitement changé et le calme des hautes herbes avait laissé place aux feuillages des frondaisons, où des centaines d’oiseaux y chantaient à tue-tête.
Les fruits verts étaient englobés d’une coque dure de la taille de l’avant-bras de l’elfe.
Dhilkulkath et ses compagnons se trémoussaient en bas en faisant signe au jeune Asrai de leur envoyer le butin comme s’il s’agissait d’un grand trésor perdu tandis que Suuriel commençait à récolter les fruits, puis soudainement ils cessèrent leurs pitreries et les farfadets se volatilisèrent.

Bel-Azoc quitta du regard son cadet et se mit à marcher, égaré dans ses pensées comme s’il avait oublié ce qu’il était en train de faire.

Le vieil Asrai était-il réellement fou à ce point ?

[Suuriel]

Suuriel grimpait en se concentrant du mieux qu’il put pour ne pas perde les avantages de Ghyran qui lui permettaient d’apprivoiser l’ascension avec aisance. Les muscles se crispaient avec l’effort tandis qu’il avalait les mètres, évitant de regarder en bas pour ne pas se sentir aspiré. Afin de focaliser son esprit sur autre chose que l’appréhension de la chute, il se risqua à quelques questions.

«  Mais qu’est ce qui vous a éloigné des autres Asrai ? Un évènement particulier ? » hasarda t-il entre deux souffles.

Arrivé à la bonne hauteur, dirigé par le flux verdoyant qui serpentait dans l’écorce vers les fruits, l’elfe regardait la vue qui s’ouvrait à ses yeux, l’horizon s’étendant à des miles à la ronde, voyant plus loin que ce qu’il n’avait jamais aperçu en Athel Loren.

«  Sublime » lui échappa dans un murmure pour lui même en voyant rougeoyer le soleil qui dardait ses doux rayons sur la paisible plaine. Il gravait cette vision dans son esprit avant de reprendre ses recherches.

Trouvant, grâce à son sort, le fruit recherché, Suuriel le secoua à son oreille, fasciné. Il fronça les sourcils et se mordit la lèvre en réfléchissant à ce que pouvait contenir ces coques, quelles en étaient les propriétés et une multitude d’autres questions qui abreuvaient les pensées des druides face à une nouvelle espèce.

Il se rappela le vieux en contrebas et fourra quelques fruits dans son sac, vite rempli de sa cueillette. Il alla pour lui jeter un exemplaire comme il s’époumonait à lui demander de le faire et constata l’air étrange de Bel-Azoc. Il plissa les yeux en voyant ce vieillard déambuler, hagard, dans les hautes herbes, observant aux alentours si un danger quelconque se profilait.

Il se prit à user de la Piste de Vie pour déceler un éventuel prédateur alors qu’il s’apprêtait à descendre pour aller à la rencontre du vieillard et voir ce qui n’allait pas

Tentative de sort : Piste de Vie

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Bel-Azoc n’entendait pas les propos de son descendant, à cette distance le gazouillement des oiseaux et des insectes recouvrait la plupart des sons par leurs cacophonies.

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Tentative de Sort : Piste de Vie.
Test sous MAG (10) -1 Peinture d’Isha (11) 9-1 = 8 réussite.
jets cachés.

Une fois de plus, le jeune druide puisa dans les vents de magie et parvint à en maitriser sa puissance. La perte du lien avec Athel Loren ne paraissait plus guère perturber le thaumaturge novice. Perché au sommet de son arbre, l’elfe sylvain put observer au travers des frondaisons qui obstruait sa vision. L’Aethyr matérialisa de petites formes qui n’étaient autres que les centaines de volatiles qui nichaient dans l’arbre. Cependant en arrière-plans, il pouvait distinguer des phénomènes d’énergies vertes beaucoup plus imposantes. À première vue Bel-Azoc avait affaire à deux équidés montés par des formes humanoïdes.
Au même moment Dhilkulkath sorti du champ de vision de Suuriel, il semblait se diriger vers les chevaux, en abandonnant définitivement son cadet.

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jets cachés.

Une flèche vint s’enfoncer dans le tronc de l’arbre majestueux, à quelques centimètres du visage de Ti Orieleth, quelque chose clochait, le jeune elfe sylvain en était sûr à présent. Ceci pouvait être pris comme un avertissement pacifique de la part d’un archer hors pair, ou alors la chance que l’agresseur ait manqué sa cible. Mais à ce moment-là l’elfe sylvain avait d’autres chats à fouetter, loin de chez lui Suuriel était pris au piège et il serait contraint de descendre de cet arbre tôt ou tard.

[Suuriel]

Suuriel sursauta, aucun son ne sortant de sa bouche. Peut-être était-ce l'habitude de la discrétion en milieu forestier ou alors simplement la surprise et la peur qui lui avaient volé la voix. Il observa la flèche une simple seconde qui lui sembla durer des heures. Son sortilège d'aisance arboricole aurait du le rendre imperceptible dans les frondaisons, il y avait donc peu de chances que l'elfe ai été évité par simple hasard au milieu de toutes ces feuilles.

"NE TIREZ PAS ! NOUS SOMMES VENUS EN PAIX, JE DESCENDS !"

Les traces de son sort parcourant encore ses veines, le jeune druide se dépêcha de descendre de l'arbre, quelques fruits dans sa besace. S'il avait commis, sans le vouloir, un sacrilège, le mal était déjà fait et ils le savaient déjà. Arrivé en bas, il ne chercha pas à remettre son armure ou prendre son bâton, ceci pouvant être pris comme une volonté de combattre. Il resta néanmoins à proximité au cas où.

"MON AÏEUL ET MOI SOMMES ICI PAR MÉGARDE ! J'AI ÉTÉ IMPRUDENT ET AI ACTIVÉ UN ARTEFACT, SANS LE VOULOIR, QUI NOUS A TRANSPORTÉ ICI. NOUS CHERCHONS JUSTE À RENTRER EN ATHEL LOREN !" héla t-il aux deux sentinelles.

Il ne mentait pas en disant cela : il avait participé à l'activation d'un sort qui l'avait transporté là sans le vouloir. Il commençait à cerner légèrement le vieil elfe et une chose paraissait de plus en plus sûre : il était fantasque mais sûrement pas fou. Il supposait donc que sa sénilité soudaine était sûrement un stratagème, sa perspicacité l'ayant sûrement alerté de la présence de ces deux individus. Paraître plus fragile et sans défense qu'il ne l'est : non il n'était pas fou, il était simplement très expérimenté.

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Deux hauts elfes cernaient Bel-Azoc du haut de leurs destriers, deux grands chevaux, élancés et majestueux. De magnifiques crinières tressées leur couraient sur le haut de la tête jusqu’en bas de leurs cous et leurs queues figuraient tout aussi splendides que leurs chevelures.

Pour autant, les cavaliers ne demeuraient pas en reste en matière d’élégance. Les elfes juchés sur les coursiers avaient l’air à peine plus vieux que Ti Orieleth, pourtant un halo de grâce les entourait, le premier semblait converser avec Dhilkulkath alors que la seconde tenait en joue l’apprenti druide, tandis qu’il descendait de son perchoir son sac empli de cosses.
Les deux Asurs contemplaient leur cousin d’un œil étonné.
Arrivé auprès de son aïeul, Bel-Azoc reprit la parole, cette fois avec moins de nonchalance et de façon légèrement arrogante a l’oreille du Sylvain.

— Encore merci de m’avoir aidé à faire descendre ce sacripant Dame, Middara, votre adresse a l’arc et a la hauteur de votre élégance. N’écoutez pas ce sot. J’ai tristement hérité de lui à la mort de ses géniteurs, il est un peu singulier, voyez-vous, il n’a de cesse d’effectuer des idioties et de divaguer. Il a un comportement étrange, mais il ne ferait pas de mal à une mouche, ne vous en faites pas.

Les jeunes Asur semblèrent mal à l’aise suite aux présentations qu’avait menées Bel-Azoc.

— Allons, mon petit Suuriel remercie la dame de t’avoir fait descendre de cet arbre.

La dame fit la moue et heureusement pour elle, Le jeune Asur prit la parole, ne laissant pas le temps à Ti Orieleth d’ouvrir la bouche.

— Malgré tout le respect que je vous dois messire, vous êtes au fait que ces arbres sont sacrés et qu’il est interdit de les toucher en cette période, ces arbres restent très dangereux.

— Je sais très bien ce que sont ses arbres. rétorqua le vieil elfe d’un ton agacé.

— Pardonnez-moi, mais il est de notre devoir de protéger les plaines d’Ellyrion. Permettez-nous de vous escorter, nous serions ravis de vous accueillir, nous aurions grand besoin de votre sagesse.

Sans attendre de réponse l’Asur mis pied à terre et proposât ses mains en guise de montoir. En effet, ses derniers semblaient estimer le vieil elfe et ils faisaient preuve de beaucoup de respect en lui offrant son cheval.

Dhilkulkath se retourna vers son cadet et lui fit une moue ennuyée, nul doute, la situation le turlupinait, les fruits qui emplissaient la besace du jeune druide en étaient probablement la cause, mais pour l’heure les deux acolytes n’avaient d’autre choix que de suivre leurs semblables.

À moins que Ti Orieleth ait une brillante idée pour rentrer chez lui pendant le trajet.

— Allons, Suuriel reste sage et suit nous.

— C’est trop d’honneur Itrilic, je te remercie. Fit le vieil elfe en se hissant sur la monture majestueuse.

Le groupe se mit finalement en marche, Suuriel allait le mener à pied avec Dame Middara à ses trousses.

[Suuriel]

Suuriel descendit prestement de l'arbre et arriva en trottant. Voyant que tout était sous contrôle et ne décelant pas d'animosité particulière, il se décida à enfiler son armure de feuilles et pris son bâton à Bel-Azoc en arrivant à leur niveau, s'appuyant à son tour nonchalamment dessus. A mesure qu'il approchait, il avait noté le ton supérieur du vieil elfe et il put observer plus en détail les mines déconfites et guindées de leurs cousins d'Ulthuan.

Le vieux fou n'était décidément pas si fou que ça, c'était même l'exact opposé : il savait tirer profit du prestige qu'il paraissait avoir auprès des Asurs. Mieux valait-il ne pas contredire ce que disait l'ancien et il se mit rapidement à revêtir un sourire idiot bien qu'un peu crispé. Ceci restait compréhensible aux vues de la situation aussi ne chercha t-il pas à trop se dérider. Il accentua cependant une désinvolture et un air un peu pataud en se grattant la tête et en regardant les trois elfes discutant en allant de l'un à l'autre, faisant mine de ne rien comprendre à ce qu'ils racontaient en les dévisageant comme une poule face à un couteau.

Il voyait le vieux monter à cheval et la quasi cérémonie qui s'articulait autour de celui-ci. Restant à pieds, il continua son manège en s'étirant et en souriant bêtement, l'idée de prolonger leur séjour ne lui plaisait cependant absolument pas. Il avait deviné l'aspect sacré de ces arbres par l'importance qu'accordait Bel-Azoc à ces fruits, aussi ne fit-il pas de geste suspect pour trop surprotéger sa besace afin de ne pas éveiller les soupçons. Ils auraient du rentrer rapidement selon ce qu'il avait compris et ce n'était clairement plus d'actualité, cependant, il ne parvenait pas à ficeler de boniment qui justifierait le refus d'hospitalité sans éveiller les soupçons. Par ailleurs, il n'était rien et le plus prudent était de rester le bêta qu'il paraissait être et laisser le vieillard diriger l'opération. Il s'en remettait à lui et cette idée ne le rassurait pas spécialement étant donné l'imprévisibilité dont il avait fait preuve depuis seulement quelques heures.

Le Jeune Asrai s'inclina en signe d'accord pour avancer avec eux, se soumettant à leurs directives puis avança d'un pas léger en fredonnant une musique inventée et guillerette. Affichant toujours une bonhomie contemplative, il tendit lentement et amicalement la main à la Dame en signe de salut presque enfantin :

"Je m'appelle Suuriel, merci de nous accompagner Dame ..." s'essaya t-il avec toute la franchise abrupte qu'il pouvait réunir en restant toujours aussi aimable et joyeusement idiot. Quitte à passer pour un nigaud, autant essayer de glaner des informations. Les langues se déliaient plus facilement généralement quand on ne se méfiait pas de l'interlocuteur.

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Le jeune druide rentra donc passivement dans la comédie que son ancêtre avait mise en œuvre…

Le royaume des seigneurs des chevaux s’étendait à perte de vue, Ellyrion reconnu pour ses vastes plaines sans cesse traversées par de gigantesques troupeaux des meilleurs coursiers elfiques connus. Les maîtres des chevaux vivent en harmonie avec leurs montures qui les servent de plein gré. Les Ellyriens sont un peuple fier, hautain et farouche. Ce sont des cavaliers émérites, capables de réaliser des prouesses en accomplissant des acrobaties et en tirant à l’arc à dos de cheval, et Suuriel avait pu contempler l’adresse à l’arc un moment plus tôt.
On dit d’eux qu’ils apprennent à monter avant de savoir marcher et qu’il est préférable de blesser le frère d’un Ellyrien, plutôt que son destrier.

Le chemin se fit sans encombre, les grandes plaines d’Ellyrion apparaissant relativement calme comparé à ce qu’avait pu connaitre Suuriel en Athel Loren. En effet, les maîtres des chevaux maintiennent des unités constantes à l’intérieur de leur pays pour le protéger de toute incursion, et c’était surement à une de ses patrouilles que Ti Orieleth était confronté.

Les chevaliers errants d’Ellyrion sont réputés à travers tout Ulthuan pour leur hardiesse et leurs prouesses au combat. Ils peuvent chevaucher pendant des jours entiers, dormant à dos de cheval, avant d’arriver sur le champ de bataille.
L’excursion s’accomplit tranquillement au son du vent égaillant les hautes herbes de la campagne. La jeune elfe qui avait ignoré la présentation de Ti Orieleth un peu plus tôt, n’avais pas quitté du regard se dernier, une considération une pointe dégoutée voir agacée. Cela va sans dire que la présence de l’Asrai déguisée en asur bobet la mettait mal à l’aise.

La compagnie fit halte auprès d’un grand bosquet d’arbres épineux. En son milieu, un petit édifice en dur y était établi et une tour d’une dizaine de mètres de haut la surplombait. Le tout caché à la perfection par la végétation, nul doute que le lieu était tout d’abord un centre d’observation de la plaine.
Les cavaliers démontèrent et les magnifiques chevaux prirent leurs aises en allant boire dans une source d’eau claire à quelques mètres de la bâtisse. Dhilkulkath prit alors Suuriel par la main et l’emmena à l’écart de dame Middara et de son compagnon Itrilic. Le vieil Asrai avait toujours cet air agacé.

— Faut qu’on trouve un moyen de se barrer de là gamin, tu n’imagines même pas ce qu’ils te feront s’ils voient se que tu as fait. Tu as un plan dit moi que ta un plan p’tit ?

— Non ? Ouais ouais, regarde-moi pas comme ça, s’ils me ramènent à Tor Elyr ? Je n’ai pas envie d’y passer des années à bavasser entouré d’antiques fous à propos de leurs problèmes d’égaux. Ces gars-là ils ne rigolent jamais je te dis, pire que la vieille Erialdrin.

— D’ailleurs, tu devrais me donner cette besace, ils n’oseront pas regarder dedans si c’est moi qui la porte.

Les deux farfadets portés disparus profiteraient de ce moment à l’abri des yeux indiscrets pour quitter le sac de Suuriel. Ils avaient à présent pris la forme d’elfes sylvains miniatures et leurs bras minuscules se mirent à tirer sur les lanières pour essayer de lui arracher son fardeau.

[Suuriel]

Le jeune Asrai se prit de plein fouet le chaleureux accueil de la sentinelle Asur. Il ravisa simplement sa main d'un air gêné mais toujours aussi benêt et pataud alors que ses méninges turbinaient à plein régime. Il entama alors sa marche en suivant cette procession réduite qui lui paraissait davantage être une escorte vers le pilori qu'un accompagnement formel.

"Ne surtout pas toucher le sac ..." cette idée l'obsédait. Se sachant observé, il contemplait les plaines et la végétation en poussant des "Oh !" et des "Quelle beauté !" emplis d'une admiration qui ne servait qu'à cacher sa nervosité et sa réflexion. Ses pensées se bousculaient et une multitude de plans se carambolaient pour assourdir son esprit. "Ne surtout pas toucher le sac ...". Un Leitmotiv qui l'agaçait plus que cela ne l'aidait. Il savait Bel-Azoc malin mais ne pouvait être certain qu'il maîtrisait quoi que ce soit, et la pointe d'agacement qu'il avait perçu sur ses traits ne le rassurait pas. "Ne surtout pas toucher ... attends !" Le refrain fut brusquement interrompu par une nouvelle idée qui le vaporisa. Il devait se servir de son sac, au contraire, puisque s'y trouvait peut-être la clé de leur fuite ! Ou alors ce qui précipiterait leur exécution…

Avant toute chose, il devait organiser son coup pour ne laisser de place à aucun impair. Il aurait besoin de deux choses :
- Une fleur, racine, feuille, sève ou pollen, peut importait tant que les propriétés recherchées étaient là
- son matériel d'artisanat dans sa besace afin de raffiner tout cela

Dès le départ, un problème se posait : il ne connaissait pas la végétation endémique et le temps manquait pour qu'il puisse étudier la flore locale sous le regard "bienveillant" de la dame elfique. Il fallait donc tenter le tout pour le tout :

Sort : Piste de Vie

Il se risqua à incanter, murmurant son sort en tachant de continuer à sembler admiratif devant tel ou tel panorama. Il s’affairait à être aussi subtil que possible. Le vieillard sentirait assurément la manipulation de Ghyran, aussi douce soit-elle, mais il ne pouvait tirer la queue du diable et faire dans le rapide et efficace au risque de se faire démasquer. Tout le pari se jouait sur la sensibilité des cavaliers à la magie ou non.

Au fur et à mesure de ses manipulations éthérées et discrètes, il constata que les Asurs ne semblaient pas ciller, malgré les quelques regards qu'il croisa du vieux mage. Un brin rassuré, il se concentra pour continuer à incanter son sort encore et encore, à la recherche de ce qui les sortirait de là. La tension montait à mesure qu'il puisait dans le Vent Vert tout en jouant l'idiot, le tout en gardant une certaine contenance pour rester le plus discret possible. Il peinait dans ces conditions à visualiser quoi que ce soit.

Ce stress imposé à son esprit lui fit perdre encore et encore le fil de son sort, aussi devait-il reprendre la recherche dès qu'il s'assurait de la sécurité relative de la situation. Un plante narcotique, un hallucinogène ou un somnifère, peu lui importait, il fallait handicaper ces archers et il misait sur la Vie pour avoir placé quelques cadeaux de ce type dans ces plaines.

Une fois de plus, il perdit sa concentration en se sentant observé, il sourit bêtement à la dame, s'arrêtant de chercher en arrivant à la tour. Il observa les environs et la végétation qui s'épanouissait aux alentours. Voyant que leurs hôtes s'occupaient de délasser leurs chevaux, il repris son sort avec un peu plus de témérité, se risquant à brouiller sa couverture pour débusquer la verdure providentielle.

Bel-Azoc approchant, il n'écoutait que distraitement le vieux qui rattrapait surement les dernières heures de silence en l'abreuvant de paroles, ignorant par la même les farfadets qui se permettaient une sortie. Il n'entendait qu'un brouhaha distant en l'écoutant parler avant qu'un halo émeraude ne lui tire un sourire malicieux, les yeux grand ouverts devant ce miracle qu’il commençait à ne plus attendre. Il coupa le vieux en lui tendant le sac tout en y fourant la main pour en sortir sa trousse d'artisanat qu'il ceint à sa taille.

"... j'ai un plan mais il va falloir les distraire. Dites leur que je pars chercher des brindilles pour le feu, je serais toujours en vue dans les buissons pour ne pas les inquiéter."

Il avança alors vers les fourrés, ne lâchant pas des yeux la lueur d'un vert éclatant qui détachait une plante en particulier du reste de la végétation. C'était une plante haute d'un pied, aux larges et sombres feuilles et aux fleurs groupées en clochettes violettes. Un tapis poudreux et pourpre s'étalait autour de la tige et une musaraigne y était vautrée, la respiration saccadée et les yeux grands ouverts. Il cherchait via Ghyran une drogue à concocter, et le voilà servit d'un pollen paralysant prêt à l'emploi.

Il s'accroupit près de la plante en retenant son souffle dans un petit bout de tissu et secoua des clochettes dans le bol d'un petit mortier de bois de son attirail. Un amas de pollen pourpre s'y déposa et, remerciant la Fôret pour cette aide providentielle, il arracha proprement la plante et pris les racines pour en goûter un tout petit bout. Les sensations de sa langue s'amoindrissant pour la laisser pâteuse, sans pour autant que ce soit alarmant, il ajouta au pollen les racines les plus sèches pour les piler ensemble. Le jour faiblissant, il regarda dans la pénombre son mélange poudreux et soupira pour calmer son appréhension.

" Quand il faut y aller ..."

Il plongea alors les mains dans le mortier et pris deux grosses poignées avant de se lever et de retourner vers le trio elfique avec le même sourire niais qu’il arborait précédemment. Arrivant près des deux Asurs, il ria d'un air gêné.

" Désolé mais je ne trouve pas ..."

Sans prévenir il s'interrompit et tendit les mains pleines de poudre en soufflant un nuage pourpre au visage des deux acolytes. Sans attendre de réaction, il recula alors, le corps brusquement tendu, et pris son bâton pour faire reculer le vieux qu'il avait pris soin de placer dans son dos pour le protéger. Son visage était crispé et la mâchoire serrée en appréhension du résultat.