« Ahah ! »
Je ris de bon cœur devant l’infortune de mon amie, puis, prenant un ton légèrement taquin.
« Je te remercie de t’être pressée, par contre, tu me déçois, il me semblait que tu étais capable d’éviter la moindre griffure ! A te voir, on dirait bien que tu t’es battue avec un ours en ayant les mains attachées dans le dos ! »
Je remarque cependant que mon histoire inquiète Viri, elle doute de ce qui pourrait arriver ensuite. Je tente de rassurer ma soigneuse du mieux que je puisse.
« Ne te tracasse pas inutilement, nous n’avons pas les éléments de réponse nous permettant de tirer cela au clair. Il est inutile de s’embrouiller l’esprit avec des questions sans réponses. La seule chose que nous savons, c’est que ces hommes-bêtes ont avec eux quelque chose laissant des traces d’enfant, et qu’ils sont allés par là. Ils s’éloignent de la lisière, donc soit ils sont perdus et la forêt les faits tourner en rond, soit ils cherchent un refuge. Suivons les traces et voyons ce que ça donne ! »
J’ai beau dire, je n’en sais pas plus que Viri, seulement mes suppositions semblent fondées, et il me faut la rassurer pour qu’elle reprenne contenance.
Viri se lève alors, me demandant si je suis en état de poursuivre. Je lui réponds à l’affirmative en me levant vigoureusement. Un peu trop d’ailleurs, car je sens ma jambe qui me tiraille un peu, mais une fois le geste brusque passé, la douleur se calme. Viri m’aide alors à finir de me relever, un peu plus en douceur cette fois-ci.
Nous continuons alors le voyage que j’avais entrepris, c’est-à-dire que nous nous mettons à suivre les traces des hommes bêtes. La zone reste compliquée d’accès, les arbres et les racines font comme de petites collines tortueuses et encombrées, le tout agrémenté de pièges pour les pieds poussant à la chute. Tout ceci m’aurait paru presque insurmontable il y a peu, au vu de l’état de ma jambe. Mais revigorée par la présence et les soins de Viri, ainsi que par la certitude que nous allons trouver ces hommes bêtes et les détruire, je passe alors sans encombre cette obstacle naturel avec une certaine grâce en partie retrouvée.
Alors que nous avançons, je remarque les rayons du Soleil traverser les arbres, devant nous. Ces arbres sont presque morts, et cela m’attriste et me désolé. Tout ceci à cause du Chaos, de ses dieux et des immondices qu’il propage dans le Vieux Monde et ailleurs. C’est à ce moment que je comprends avec certitude ma vénération de Loec. Lui seul ose combattre les dieux du Chaos, jouant de ruse et d’esquive là où la puissance brute ne peut rien contre le Chaos.
Je me fais alors une promesse, que je compte tenir jusqu’à ma mort, et même au-delà si jamais mon âme fusionne avec un arbre et forme un lémure :
« A chaque fois que je devrais faire un choix, si l’un des deux choix favorise la destruction ou l’expulsion du Chaos ou de ses congénères, je ferais ce choix, quoi qu’il m’en coute ! Et quoi que cela puisse couter aux autres également ! »
Non loin, les traces se séparèrent, d’un côté l’enfant et les hommes bêtes, et de l’autre côté, les traces mystérieuses de la chose qui m’avait potentiellement sauvée la vie. Mettant en pratique la promesse que je m’étais faite quelques minutes avant, et bien que tiraillée par la curiosité de cet être mystérieux, j’incite Viri à venir avec moi, suivre les hommes bêtes.
C’est alors que Viri revient à la charge avec toutes ses interrogations et inquiétudes. Et en effet, elle se pose des questions tout à fait judicieuses. Après un court laps de temps de réflexion, je lui transmets ma réponse, cherchant avant tout à la recentrer sur notre tâche.
« Oui Viri, très certainement quelque chose nous échappe. Qu’il s’agisse de l’enfant ou de la direction suivie par les hommes bêtes, il y a quelque chose en effet derrière tout ça que nous ne pouvons comprendre. Seulement, il y a une certitude que nous pouvons avoir, c’est que nous traquons des hommes bêtes, des immondices du Chaos. Rappelle-toi que chaque engeance du Chaos que nous tuons parait inutile, mais il s’agit d’un coup de dague dans le dos d’un des Dieux du Chaos. Un coup de dague ne les arrêtera pas, certes, mais à l’usure, nous vaincrons ! Nous n’avons d’autre choix à grande échelle face au Chaos, nous devons le détruire ou nous faire submerger et être aspirés par celui-ci.
Maintenant, reste calme, nous devons garder notre concentration. Ce que je viens de te dire ne dois pas nous inciter à nous jeter dans une embuscade en courant, nous allons continuer, débusquer ces bêtes, et les détruire. Méthodiquement et de manière réfléchie. Bien, nous y allons maintenant ? »
J’enchainais avec un sourire engageant, et voulant couper court à toute réponse de Viri, voulant lui laisser le temps de réfléchir à mes paroles et de les appréhender, je m’avance en prenant les devants quelques instants.
Après un moment de marche où je suis les traces, d’un seul coup, je remarque Viri s’accroupir vivement et m’inciter à faire de même ! Mince alors ! Perdue dans mes pensées et trop concentrée sur les traces que je suivais, j’avais raté ce qui était le plus voyant ! Non loin devant nous, les couleurs s’évanouirent d’un seul coup, et il y avait également l’entrée d’un ancien Hall, remarqué par une carcasse d’arbre. Cette gigantesque carcasse était parcourue par une fente faisant la taille d’un homme de taille plus que correcte, et devant il y avait un de mes ennemis jurés, un Ungor ! Une engeance de plus à détruire !
Alors que Viri me demande comment gérer le problème qui se pose devant nous, je remarque que l’Ungor est autant terrifié que son congénère, tandis qu’il dispose d’un tatouage particulier sur la poitrine, un œil cerné de tentacules, ou un œil à l’intérieur d’un soleil. Il doit très certainement s’agir de la première proposition, ce qui inciterai à penser qu’il s’agit d’une tribu inféodée à Tzeench, le Dieu du Chaos voué à la magie et aux mutations. Gardant cette information dans un coin de mon esprit j’expose alors ma stratégie à Viri, stratégie destinée à être le plus efficace possible tout en restant la plus discrète possible.
« Bon alors, si je résume, notre tactique serait d’éliminer rapidement et silencieusement cet Ungor, afin d’être tranquille pour infiltrer le Hall ensuite. Il semble terrifié, ce qui risque de nous embêter car il aura une réaction peu prévisible. Il va nous falloir gérer ce problème, afin qu’il n’alerte pas ces congénères.
Ça y est, j’ai une idée ! Il s’agit d’un garde, n’est-ce pas ? En cas de potentiel intrus, il est sensé enquêter, normalement. Seulement, si le danger lui parait trop grand, il risque de s’enfui à l’intérieur et de rameuter tout le monde. Donc voici ce que je propose, on va s’aider de cet arbre ! Tu vas grimper à l’arbre, l’absence de couleur qui est revenue va t’aider à être discrète et à ne pas te faire remarquer. Nul besoin de monter trop haut, je vais rester caché derrière l’arbre et faire volontairement un peu de bruit. Rien de bien effrayant, juste de quoi l’intriguer. Il va devoir s’approcher, et alors nous lui tomberons dessus.
Résumons : je fais du bruit, ça va l’attirer et cacher les éventuels bruits de ta grimpette. Rien de trop inquiétant, sinon il ira chercher de l’aide ou ira se terrer. Quand il arrive, tu lui tombe dans le dos et on l’attaque de concert. C’est bon pour toi ? »