La route était longue, tout comme le chemin qui lui restait à parcourir pour devenir un véritable chevalier du Graal, mais il ne faisait aucun doute qu’il arriverait au bout de ce chemin, fut-il terrasser un dragon pour y parvenir! Ne s’était-il pas entrainé de nombreuses heures durant pour devenir un fier représentant de son pays? Le chevalier du Graal qu’il avait vu dans le fief de son père lui avait donné la force de faire ce qu’il désirait le plus et l’aventure lui tendait les bras. De toute manière, n’étant pas l’ainé d’une famille nombreuse, c’est comme si le destin lui-même lui avait tracé une route et il se voyait mal échouer dans sa noble et juste tâche. Une bande d’orque en maraude n’allait pas lui faire peur, oh ça non !
Tandis qu’il faisait doucement marcher son fidèle destrier dans une forêt aux bois légèrement clairsemés. Il pouvait laisser trainer son regard sur le paysage magnifique qui se présentait à lui. Les arbres étaient parés de leurs habits d’été. Des fleurs poussaient çà et là sur les branches de certains d’entre eux, tandis que d’autre ne laissait voir que des feuilles d’un vert partant sur toutes les déclinaisons de cette couleur annonciatrice de vie. Un doux parfum flottait dans l’air en même temps qu’un vent léger soufflait sur le visage du chevalier, faisant onduler ses cheveux. Son casque était attaché à sa selle pour le voyage, il n’y avait de toute manière nul raison de le porter hors d’un combat et la chaleur ardente du soleil, seulement atténuée par l’ombrage des arbres, ne préconisait pas une telle folie. De même que son écu finement travaillé était attaché à son dos, toujours prêt à être décroché de sa position pour venir se porter à son bras et son épée frappait au rythme de sa monture contre sa selle.
Des bruits d’animaux étaient facilement perceptibles. Un pivert frappait un arbre en même temps qu’un autre oiseau chantait, rapidement accompagné par une myriade d’autres. Il avait même pu entrevoir un biche avant que celle-ci ne disparaisse aussi vite qu’elle était venue à ses yeux. Comment espérer meilleur paysage pour voyager calmement? Sauf qu’il ne s’agissait pas du désir du noble chevalier à l’allure digne d’un chevalier de la quête. Ainsi peut-il sourire, ou non, quand il vit un nuage d’oiseaux s’envoler dans le ciel en poussant des bruits de paniques et qu’un instant plus tard, il put entendre des cris de guerre visiblement orques.
Il s’attendit alors à voir les peaux vertes surgir des buissons pur l’attaquer. Mais il dut bien se rendre compte qu’il n’en fut rien. En effet, les cris semblèrent même s’éloigner et se mêler à un autre son, celui d’un combat! Les chocs et les cris semblaient venir de plus loin sur le chemin et gageons que le chevalier, après avoir mis son casque, sortit sa lame et placé son bouclier, se dirigea vers la source de tout ce raffut. C’est donc au détour du chemin qu’il put voir la bataille dans toute sa folie. Une bande d’orque, une dizaine à première vue, avait chargé une troupe d’homme portant des armures sommaires et se battant avec des masses d’arme. Leurs vêtements étaient délabrés par une marche et une errance longue et sans pause, certains avaient des bandages sur le visage ou sur des parties du corps laissant à penser qu’ils n’en étaient pas à leur premier combat et qu’ils en avaient souffert.
A leur tête, Sir Michael de Quenelles put voir qu’il y avait un chevalier paré d’une armure à la beauté sans pareil, il portait une arme à deux mains d’une grande noblesse et semblait se battre avec la rage d’un soldat de la Dame. A ses côtés, un autre chevalier, visiblement plus jeune et ne portant pas de casque se battait également comme un lion. En y regardant de plus près, le jeune homme put d’ailleurs remarquer qu’il n’y avait pas eu seulement une dizaine d’orque, mais que sur le temps qu’il arrive, une bonne autre dizaine était tombée! Le combattant à la tête de ses dévots ne pouvaient être autre chose qu’un noble chevalier si ce n’est du Graal au moins de la Quête. Mais tandis qu’il pourfendait un d’une main habille un orque, un autre à la taille bien plus grande et aux épaules bien plus large le saisit par l’arrière de sa cuirasse et d’un mouvement sec le fit choir de sa monture.
Un pèlerin tenta bien de se jeter sur lui pour le défendre, mais un orque s’interposa l’empêchant d’aller au secours du chevalier au sol. L’instant d’après et malgré la lame de ce dernier qui s’était plantée dans le ventre du chef orque, ce dernier lui broya le casque à coup de tête répété. Un bruit horrible se fit alors entendre en même temps que le chevalier du Graal arrêtait de se débattre pour commencer à convulser. Puis ce fut fini, ses bras tombèrent au sol et le peau-verte se releva de toute sa taille avant de hurler le « Whaaaag ! » caractéristique de cette race ignoble. Les dévots commencèrent à chanceler et on pouvait voir qu’ils n’allaient pas tarder à perdre espoir sauf une petite partie qui se battait avec encore plus de rage. En même temps que l’autre chevalier regardait la scène sans bouger. Sans doute paralyser par ce qu’il venait de voir.