Au fur et à mesure qu'Ilieth s'éloignait du front, les quelques échos de combat qui traversaient par instant les branchages se firent plus rare, avant de disparaître tout à fait. L'elfe se retrouvait à nouveau seule dans Athel Loren. Rapidement, elle franchit la clairière où la Pierre Gardienne s'élevait encore, comme un défi lancé aux sombres puissances qui convoitaient sa destruction. Puis elle s'enfonça à nouveau dans l'ombre des bois.
Cependant, tout n'allait pas aussi bien qu'elle aurait pu le souhaiter. Sa jambe, sur laquelle les crocs du molosse s'étaient refermés, saignait, et elle avait du mal à basculer son poids dessus lors de la marche, la contraignant à un boitillement assez peu digne de la légèreté d'une apprentie Garde Éternelle. Plus grave peut-être, elle laissait sur le sentier une piste ensanglantée qui, sans poser de risque immédiat pour sa santé, risquait tout de même de la rendre aisément traquable par une bête telles que celles auxquelles elle n'avait échappé que de justesse. Il lui fallait regagner des lieux plus sûr au plus vite.
Aussi la jeune elfe suivait-elle le plus fidèlement possible la voie la plus directe et plus rapide vers le camps; ce sentier où trois elfes pouvaient voyager de front traçait, malgré ses détours et ses virages tortueux, un chemin vers les profondeurs du bois et la route des renforts. Ici, la lumière passait encore les frondaisons, et l'air parfumé que dégageaient les immenses tronc et les fougères des bas-côtés auraient presque rendu cette promenade agréable, si l'on excepté l'état de guerre auquel toute la forêt était soumise.
Par chance, Ilieth avait l'oreille aux aguets et les réflexes toujours vifs. Alors qu'elle s’apprêtait à suivre la courbe d'un lacet du sentier, un son l'arrêta brutalement. C'était le grognement rauque et parfaitement audible de deux hommes-bêtes qui se dirigeait dans sa direction... c'est-à-dire venant du chemin que devaient en théorie suivre son père et les renforts!
Mais il n'y avait guère de temps pour de telles considérations, si ?