[Surcouf] Avarie commune

Marienburg est le plus grand de tous les ports du Vieux Monde. Située à l’embouchure du fleuve, la ville est un énorme centre de commerce. Le Reik est ici un fleuve énorme, mesurant plus d’un kilomètre et demi d’une berge à l’autre. Marienburg est une cité indépendante (sans lien avec l’Empire), située au sein des Wastelands. c’est aussi le centre de l’activité religieuse du Culte de Manaan, le Dieu de la Mer.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Surcouf] Avarie commune

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

NOUS, Louen, dit « le Cœur de Lion », roy de Bretonnie et duc de Couronne, descendant par le sang de Gilles de Bastogne, par la grâce de la Dame chevalier du Graal, vainqueur d’Archaon et sauveur de Middenheim,

rédigeons cette lettre ouverte, à

TOI, Charles-François, empereur d’Oultremont, qui est grand-prince du Reikland et prince d’Altdorf, et qui a été couronné comme le descendant de Sigmar,

Salut, très cher ami ;

Nous t’annonçons que nous avons reçu devant notre Trône les supplications de ton honorable vassal, Sigismond, qui est par tes mains duc et comte d’Ubersreik, car il a imploré notre aide et notre protection suite à une terrible injustice dont il te rend coupable.

En tant que gardien de la chevalerie, et homme plus mûr que toi, et bon ami, nous avons décidé dans notre immense mansuétude de nous faire précepteur et de te prodiguer des conseils de gouvernement, car nous avons consulté nos conseillers et lu les vieux traités forgeant nos deux nations avant de remettre un jugement guidé par la grâce de la Dame, la pitié de Shallya et la sagesse de Véréna.



Nous avons appris que le susnommé Sigismond, ton vassal, a été dépossédé de sa terre, et a vu sa famille et ses amis menacés par la force des armes, suite à la commise de son fief. Il nous a dit avoir vu sa bonne-ville d’Ubersreik être prise avec grande violence, ses deux plus jeunes enfants disparus sans plus de nouvelle, et son domaine réparti entre tes amis de la façon la plus fourbe qui soit.
La commise du fief est une prérogative du souverain, que tu possèdes ; mais telle commise devient tyrannique lorsqu’elle ne procède pas d’un jugement de pairs, et lorsqu’elle n’a pas lieu pour un motif légitime.
Or, la réunion de tes pairs n’a pas été respectée, puisque telle sentence a été prononcée hâtivement sans possibilité pour Sigismond de se défendre — devant un tel vice de procédure, nous ne pouvons que mettre en doute le motif que tu as invoqué, celui selon lequel ton vassal possédait trop de forces armées en sa mesnie ; il ne t’échappera pas que le devoir premier du vassal est de défendre son seigneur, et que tu ne peux accuser un de tes proches maréchaux de félonie simplement par méfiance, et que la décision de commettre ses fiefs et de mettre au ban lui et sa famille est tout simplement disproportionnée avec la dureté du jugement.

Non seulement cette affaire te concerne toi, mais elle nous concerne également et nos doux sujets de Parravon. Sigismond duc d’Ubersreik est en effet lié par des traités signés du temps du duc Gaston de Parravon, où il fut décidé de créer une marche franche entre les nations de Bretonnie et d’Oultremont, d’une part, et entre les provinces de Parravon et de ce que tu appelles le Haut-Teufel d’autre part. Tel arrangement, unique dans les relations entre nos deux peuples, permet à tes sujets et les nôtres dans les Montagnes Grises de commercer librement entre eux, de se déplacer sans connaître de frontière, de se marier et de former des familles, et de rendre des jugements qui ne les regardes qu’eux. En dépossédant Ubersreik sans même nous en avoir informés, tu as mis en grand péril de sûreté de corps et de bien tous nos sujets qui vivent à l’est de nos frontières, et en ça, tu mets en danger une paix qui dure depuis cinquante-cinq ans, te rendant coupable aux yeux du Vieux Monde de perfidie.

De plus, nous te rappelons à tes livres d’histoire qui t’ont peut-être fait défaut dans ton éducation. Tu dois savoir que la région du sud de ton Reikland n’a pas toujours appartenu à ta famille, et ne s’est même pas toujours appelé ainsi, mais que pendant fort longtemps, il s’agissait d’une terre qu’on nomme le Vorbergland.
Tu dois te rappeler qu’au XXIe siècle, le Vorbergland était un royaume, qui n’a été aboli et réarrangé avec des frontières dessinées artificiellement, en ignorant l’histoire et les peuples qui y vivaient, qu’avec le règne de Magnus, il n’y a que deux cents ans.
Tu dois te rappeler également que la famille de Jungfreud est officiellement, de père en fils, chargée de la défense d’Ubersreik depuis l’année 1031 (2009 de ton calendrier), et régnait sur la ville depuis bien plus longtemps encore ; Ta propre famille, les Holswig-Schliestein, ne peut prétendre régner sur le Reikland que depuis un siècle, à grand-peine, aussi, il t’est nécessaire d’éprouver de l’humilité devant tes vassaux et de régner de façon plus mesurée et respectueuse de tes grands seigneurs, car cela est la marque d’un véritable chevalier.


Étant inquiets de l’injustice avec laquelle tu as jugé toute cette sordide dispute, et personnellement lésés par tes actes, nous avons décidé de ne pas reconnaître la commise de ce fief, mais d’au-contraire considérer Sigismond de Jungfreud comme le seigneur légitime d’Ubersreik. Et nous te demandons de réunir tes pairs, dans une ville neutre à la frontière entre tes fiefs et les siens, et de recevoir les prud’hommes que nous désignerons comme les juges de cette affaire, afin qu’ils puissent assurer la paix et la concorde dans ta nation, selon nos bons conseils raisonnables.

En attendant que tu t’exécutes, nous avons décidé de lever le ban et de diriger l’ost de Bretonnie sur les terres de Sigismond, afin de protéger sa personne et ses biens contre tes actes tyranniques.

Nous savons malgré tout que tu es un homme profondément bon, même si tu as été malavisé par des conseillers partiaux et veules. Et nous savons que tu nous écouteras car tu nous connais comme amis et confidents proches.



Nous t’écrivons cette lettre le 3 du mois de la Dame, de l’Année 1554.
(3 du mois de Sigmar, de l’Année 2532 de ton calendrier).



L.

SIGMAR-DIEU SAUVE L’EMPIRE ET L’EMPEREUR



Recès du Reikland n°2532-13 du 32 Sigmarzeit 2532 relatif aux mesures de rétorsion prises contre le royaume de Bretonnie pour perfidie et assaut contre le Reikland et contre l’Empire.



La Diète du Reikland réunie en session extraordinaire a adopté,
Le Conseil d’État, et l’Empereur de Sigmar et Grand-Prince du Reikland ont promulgué,



Article I :

Que l’ambassadeur de Bretonnie à Altdorf, monseigneur Louis Rochelle, se voit notifier son expulsion, ainsi que celle de tout son personnel, et qu’ils disposent d’un délai de seize jours pour quitter l’Empire sous peine d’être mis au ban et saisis par les hommes de l’Empire.


Article II :

Que tous les résidents du Reikland qui sont sujets de Bretonnie, ou qui sont sujets du Reikland mais nés sujets de Bretonnie, ou qui sont descendants de première ou deuxième génération de parents sujets de Bretonnie, doivent être connus des autorités et leurs noms, domiciles et activités déclarés et adressés aux services du Haut-Seigneur Ambassadeur, Liepmund Holzkrug.


Article III :

Que ces-dits sujets, s’ils possèdent un compte dans une banque du Reikland, verront leurs avoirs gelés, et que s’ils possèdent des biens ou des entrepôts ou des terres, que ceux-ci seront placés sous séquestres judiciaires, le temps d’une enquête de moralité, et que tout pourra être saisi si le-dit sujet est suspecté de trahison.


Article IV :

Que ces-dits sujets peuvent être arrêtés et séquestrés par les patrouilleurs du Reikland et par les hommes de l’Empereur pendant quarante jours sur suspicion raisonnable de trahison, sans qu’ils puissent avoir la possibilité de recourir au droit de Habeas corpus.


Article V :

Que les frontières sont fermées à tous les sujets de Bretonnie et leurs biens, sauf s’ils disposent d’un affidavit signé par les services du Haut-Seigneur Ambassadeur, Liepmund Holzkrug.


Article VI :

Que des mesures de rétorsion économiques sont prises à l’encontre des denrées échangées avec le Royaume de Bretonnie :
— Que le grain sera taxé à hauteur d’un tiers du prix.
— Que la laine sera taxée à hauteur de moitié.
— Que le bois et les produits de la mine le seront à hauteur des deux tiers.
— Que les alcools et spiritueux, et les produits de luxe et transformés comme le verre et les meubles ne sont plus autorisés à être vendus n’importe où dans le Reikland s’ils proviennent de Bretonnie.

Tout manquement à ces mesures fera l’objet de saisine de la marchandise, de séquestration des participants à la vente, et de poursuites pénales.


Article VII :

Que ce présent texte sera adressé aux Primes-États de l’Empire pour être promulgué dans toutes les provinces de la nation, car telle est la volonté de l’Empereur.






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Festag, 5. Sommerzeit 2532,
Suiddock de Marienburg.



Sept jours de la semaine sont à soi, le huitième est aux Dieux ; c’est la règle. Et dans une ville comme Marienburg, où on prie toutes les divinités de la planète entière, y compris les plus malveillantes, il n’y a pas de jour plus solennel que le Festag. Tout n’est que sonnerie de cloches, prêtresses pieds-nus qui réclament l’obole, prêcheurs de rue hurlant debout sur des bancs, odeurs d’encens et personnes agenouillées sur le pavé recouvert d'un tapis de soie.

Dan Surcouf remonte les quais du canal de la Bryunwasser, et dépasse l’immense pont tournant de Draaienbrug, une merveille d’ingénierie. Il connaît toute « l’avenue » par cœur, si tant est que la voirie qu’il remonte mérite un tel nom ; Marienburg est un chaos pour naviguer. Une cité qui est en fait un archipel de dizaines d’îles séparées de canaux d’une eau boueuse, grouillante au milieu d’un marécage, avec des monticules de terres et des appartements penchés se chevauchant les uns sur les autres. Marcher à Marienburg, c’est marcher en esquivant des gens parlant toutes les langues dans tous les alphabets possibles ; c’est devoir s'écarter du passage d'une charrette remplie de tonneaux ; manquer de bousculer un batelier couvert de tatouages et d’anneaux marqués dans sa peau ; et c'est se perdre aisément dans des dédales de ruelles sauvages, se retrouver par inadvertance dans l’arrière-cour d’un quelconque bordel ou l’esplanade d’un entrepôt d’une famille marchande brassant des centaines de milliers de guilders par an après s’être aventuré dans une artère peu familière.

Mais Dan Surcouf est un Marienbourgeois d’adoption. Cela fait des années maintenant qu’il y vit, et qu’il y a prospéré. Le Suiddock, il le connaît par cœur. Il n’est plus surpris par la famille d’Arabéens qui chantent leurs prières depuis leurs balcons. Pas plus qu’il ne l’est par le grand gaillard Kislévite et son épouse venue d’Inja qui s’engueulent en hurlant la fenêtre ouverte, pour que tous les voisins assistent à leurs problèmes de mariage. Ou par la Coiffe Noire, le flic archi-patriote qui écoute les commérages d’une vieille dame se plaignant du bazar qu’a laissé l’éboueur qui n’a pas bien curé les fossés la semaine dernière, car on ne peut plus faire confiance au travail des artisans ;
Tous ces gens, Dan les appelle par leurs prénoms. Et eux le lui rendent bien. Il converse en jutonestall, en reikspiel, il mélange rapidement les patois et les traditions, jusqu’à former dans sa tête une langue franche de toute académie, propre à ce quartier-ci de cette ville-là, ce petit morceau de pays, la capitale du pays des Jutones.



Tant d’aventures sont passées, pour Dan Surcouf. L’ancien contrebandier qui esquivait les galions de la Royale à Bordeleaux, l’ex-taulard sortit de Ryjker, le petit humain qui a serré la main à l’Exarque d’Elfeville et a reçu une médaille de ses mains pour services rendus, il est parvenu à faire son trou. Il n’est pas le patron de Marienburg, et on ne peut pas véritablement dire qu’il est riche — mais on connaît son nom dans le quartier, on le murmure dans des tavernes, et de bouche-à-oreille, de poignée de main en signature, de tonneau tombé du bateau en claque derrière la nuque, Dan Surcouf est enfin devenu quelqu’un, quelque part.


Marienburg est une bonne ville pour les gens qui ont la bougeotte. Il est peu étonnant que la République du Jutonesryk se vante d’avoir des comptoirs sur tous les continents, et des citoyens (Et non sujets) dans tous les pays établis sur Terre. Dan n’a qu’à regarder à sa droite, et il ne voit que ça, des voiles. Des cogues et des galions, des galères et des bricks, des vaisseaux fluviaux ou maritimes, petits et gros, de guerre ou de commerce, souvent les deux, flottant des pavillons à fleurs-de-lys, à tête d’ours ou croix de l’Empire. Et au milieu de ces quais et de ces pontons flottants, sur lesquels s’activent à toute vitesse des mousses et des gros porteurs, il y a son navire : La Dame Blanche.
Sa petite goélette fait pâle figure face au titan de la maison den Euwe qui passe juste derrière. Soixante-douze tonneaux de fret, dix-huit hommes d’équipage, c’est un petit navire frêle, bon pour remonter la mer des Griffes, et tenter de faire le tour du continent jusqu’en Estalie et Tilée — peut-être est-elle assez apte pour faire la traversée jusqu’en Arabie, mais là, ça devient risqué. Et pourtant, c’est déjà un beau bateau, un qui lui rend de fiers services ; Avachi sur une rambarde, Dan observe au loin des artisans de la guilde des charpentiers qui s’occupent de calfeutrer son navire. La Dame Blanche n’est plus toute neuve, il l’a achetée à crédit alors qu’elle était dans un sale état ; mais quelques bonnes affaires plus tard, et voilà que son navire peut faire sa fierté.

Debout sur le ponton, au loin, Darri remarque que son patron l’observe. Il se retourne, siffle, et fait un grand signe de la main à Dan.
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Darri Emundsson est un fils de Norses et de Marienburg, né dans le ghetto de Norsca juste à côté. Autrefois, la Norsca était remplie de fidèles d’Ulric et des dieux Anciens ; ils ont été forcés d’émigrer face à Archaon, sauf pour ceux assez fous pour rester et risquer une mort ignoble face aux serviteurs des Dieux Noirs. Mais Archaon avait perdu, et progressivement, la Norsca était reprise par ces Norses-là réfugiés, qui réoccupaient leurs vieux villages, ouvrant de nouvelles voies de commerce pour faire la richesse de la cité où vit le monde entier.
Dan avait rencontré Darri sur une affaire toute bête ; un client avait besoin qu’on récupère une cargaison d’ivoire et de miel de Norsca, et qu’on la fasse passer en douce à l’Anguille. C’était du temps du Rouge-Gorge. L’affaire s’était mal passée, et avait fini par n’offrir qu’un minuscule profit au fils de Bordeleaux. Mais il avait pu gagner Darri. Bosseur, charmant, avec le pied-marin, il était devenu presque naturellement un ami de Dan ; s’il était parfois assez tête-brûlée, il savait l’assumer, et avec sa grande taille et malgré une certaine maigreur, il pouvait se faire obéir des débardeurs les plus récalcitrants.

Il avait l’œil pour les détails et il était de confiance. On pouvait le laisser s’occuper du calfeutrage du vaisseau sans ennui.



Il y a un lieu au Suiddock que seuls les vrais Suiddocker connaissent : le Perchoir du Pélican. Il n’est pas facile à trouver ; il faut aller derrière des entrepôts, et se retrouver au fond d’une impasse où on découvre une façade quelconque de ce qui pourrait être tout simplement la maison de quelqu’un. Pourtant, si on y va bien tout droit, et que, sans toquer, alors qu’il n’y a aucune enseigne devant, on ouvre simplement la porte comme si on était invité, on bascule dans un tout autre monde.

Une longue galerie de bois s’ouvre sur la taverne la plus réputée du quartier. On est accueillis par un tableau de chasse où des vieilles têtes empaillées de poiscaille saluent les nouveaux arrivants avec leurs yeux vitreux, et on a les oreilles bercées par de la musique de matelots qui jouent des instruments. Ça y sent fort le rhum, et le kvas, et la boue et le sel. Un rade de gens de la mer, où on boit du spiritueux qui ne ferait pas tâche sur la table d’un duc de Bretonnie, et où on rencontre de jolies entraîneuses (Et même entraîneurs) peu habillés et fort charmants.

Dan se dirige tout droit vers le comptoir. Sur un des tabourets, un gros pélican se met à regarder d’un mauvais œil le Bretonnien ; le contrebandier sait qu’il ne doit pas manquer de respect à l’animal, car le bâtiment est nommé en son honneur. Ishmael, le taulier, est debout derrière, droit sur sa jambe de bois, à récurer un verre pendant que quelqu’un assis lui parle.
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Un étrange homme, Ishmael. Très peu causant, et carrément superstitieux, d’absolument toutes les superstitions qui existent au monde — même celles qu’on invente simplement pour se jouer de lui. Visiblement, vu ses yeux plissés, la personne qui lui parle est justement en train de l’embêter.

« …Donc tu vois, la solution est insoluble, en fait, parce que les Todbringer, bah, ils sont plus en mesure de mener les pourparlers !

– Huh-hun.
– Et si tu veux mon avis, moi je dis que les choses vont devenir de pires en pires, parce que maintenant que les Bretonniens s’en mêlent, c’est plus qu’une question de se battre pour bouger la frontière de quelques lieues — là ils se font poignarder dans le dos par leur allié !
– Huh-hun.
– C’est presque certain qu’il y a des réseaux occultes en jeu, parce que Holzkrug, ça va faire des années qu’il désire que ça, que cette situation ; il fait genre il était pas pour la mise au ban de von Jungfreud, mais mon œil ! C’est la meilleure chose qui lui soit arrivée ! Tu sais c’est quoi son rêve, ce que je pense ? Immanuel-Ferrand, c’est lui qu’il veut déboulonner ! D’ailleurs, tu sais, ce même Immanuel-Ferrand, il-
– Tiens, Dan ! Fit soudain Ishmael, pressé de changer de sujet. Tu bois quoi ? »


La personne qui l’embête se retourne, et regarde celui qui s’installe en nommant son poison.
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Hylke Geest offre un grand sourire à Dan, et cesse soudain sa longue discussion politique.

« Han ! Surcouf !
Alors, elle est comment la chambre que je t’aie trouvée ? Géniale, pas vrai ? »


Le problème, quand on est un marin qui bouge tout le temps, c’est le logement. Les loyers sont beaucoup trop élevés à Marienburg, quant à devenir propriétaire, c’est carrément un privilège, impossible à moins que Dan économise pour les trente prochaines années. Pas le choix donc — il faut louer une chambre, dans une auberge ou pour une chambre de bonne dans la maison de quelqu'un. Même là, on paye bien souvent trop cher pour une qualité bien médiocre, et donc, on est bien prêt à tout pour dénicher un bon endroit où piauter dans cette cité.
Sur les conseils de la femme, Dan logeait depuis trois semaines dans une petite pièce au deuxième étage d'un immeuble du Suiddock. Sa vue était moche comme tout, elle donnait sur le mur d’une caserne des Coiffes Noires, mais il avait les latrines dans le jardin, il profitait d’une colonne pour se chauffer, il avait le petit-déjeuner inclus et son lit était confortable. Que de sérieux avantages. Seul défaut : la propriétaire de l’immeuble louant toutes les chambres était une très vieille dame veuve, un peu trop gentille au goût de Dan, trop bienveillante et prête à faire son linge ; il était à peu près certain que madame le reluquait quand il prenait son bain au sous-sol.


Que faisait Hylke Geest dans la vie ? Tout. C’était assez impressionnant, de lui parler, et de voir l’étendue de ses talents et des œuvres qu’elle avait pu accomplir. Tout comme Darri, Hylke était devenue une amie proche de Dan. Leurs premières rencontres ne s’étaient pas très bien passées, mais quelques cuites ensemble et des secrets sur leurs histoires échangées, et ils s’étaient bien rapprochés.
Hylke avait été une lavandière dans un régiment militaire, puis une dame de chambre pour la famille de Roelef. Elle avait bossé dans une librairie, où elle avait appris à lire, et avait fait deux ans d’études au collège Baron Henryk. Plus que tout, elle avait été une « courtisane », une prostituée pour riches. Et elle s’était déjà battue au couteau à quelques occasions, assez pour qu’elle en ait un œil crevé. Alors qu’elle n’avait pas encore trente ans, son visage avait déjà les stigmates d’une vie bien remplie, et elle portait en permanence des vêtements noirs que Dan savait être une référence au Dieu Mórr, qu’elle vénérait avant tous les autres ; comme Ishmael, elle était très superstitieuse, et croyait dur comme fer aux mauvais présages et aux rêves prémonitoires.
Elle avait rendu pas mal de services payés à Dan — parce qu’elle parlait et écrivait dans de nombreuses langues, et servait de bonne traductrice. Parce qu’elle connaissait tous les potins de la ville, et tous ses coins secrets. Le souci, c’est qu’elle lisait trop de journaux, et elle avait toujours un avis sur tout, y comprit la politique et les décisions des rois et des princes du Vieux Monde.

« Au fait, ton mulot est là avec une entraîneuse, dans une cabine privée. Il t’a demandé.
C’est pour lui que t’es ici ? »


Celui qu’elle appelait méchamment le mulot, c’était Roel Kuilboer. Elle aimait bien le surnommer comme ça parce qu’il… Avait une tête qui faisait penser à un mulot, tout simplement. Et elle avait bien deviné, maline comme elle était.
Roel Kuilboer n’était qu’un seul des dizaines de sous-fifres et notaires de Jaan van de Kuypers, l’être humain le plus riche du monde, et l’homme le plus puissant de tout Marienburg. Un homme à la fortune de deux millions de guilders, possédant une flotte d’une cinquantaine de navires, créancier de Karl-Franz, Katarina Bokha, et Louen de Couronne. Mais même l’homme le plus riche du monde a parfois des soucis d’inventaires, d’entrepôts à vider, de profits à lisser, de cargaison à faire disparaître pour éviter des taxes, et c’est ainsi que le minuscule Dan Surcouf pouvait, par l’intermédiaire de quelqu’un, servir les intérêts d’une illustre personnalité…

C’était un homme très sympathique, Kuilboer. Charmant, doux, toujours poli, posant des questions au Bretonnien comme s’il s’intéressait sincèrement à sa vie. Mais il y avait toujours ce sale goût, quand on lui parlait, cette impression qu’on était en train de serrer la main au Prince-Serpent. Il n’avait jamais trahit Surcouf, ni arnaqué, ni foutu dans la merde ; Il le chargeait de missions certes difficiles, mais où il annonçait toujours tous les risques à l’avance, et il dédommageait très bien. Au fond, Marienburg est une ville où on fait des affaires, même avec des hommes cupides comme lui.

« Tu devrais faire attention si tu acceptes ce marché, j’ai toujours de mauvaises sensations en ce moment… Tu as bien pensé à faire des offrandes à Manaan et Ranald, pas vrai ? Il faudrait aussi que tu en fasses une à Véréna, on ne sait jamais… »

Un contrebandier qui rend hommage à la Déesse de la loi ; en voilà une drôle d’idée. Pourtant, Hylke semblait véritablement inquiète pour Surcouf.

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Le quartier du Suiddock. Le Perchoir du Pélican se trouve au numéro 6.
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Dan Surcouf
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par Dan Surcouf »

Le capitaine Surcouf regarda avec fierté la Dame-Blanche. Le Rouge-Gorge avait été un brave compagnon de voyage, un ami plus que fidèle. Malheureusement, le petit sloop n'était pas vraiment adapté aux besoins grandissant du dur monde de la contrebande. Il lui fallait un navire plus rapide, plus grand et plus robuste en haute mer.
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La Dame-Blanche remplissait admirablement ces critères. Longue de plus d'une trentaine mètres et pourvue de deux mats, son gréement la classait dans la famille des brick-goélette, ou brigantine (qu'il ne fallait pas confondre avec un brigantin) selon les eaux où l'on naviguait. Le mat de misaine était ainsi équipé de quatre voiles carrées, parfaites pour la haute mer et pour la vitesse. Le grand mat, lui, était pourvu d'une voile aurique, ainsi que d'une flèche, pour gagner en maniabilité. Enfin, trois focs et voiles d'étais venaient compléter l'ensemble.

Afin de gagner en vitesse, le nombre de canon avait été réduit. C'était un petit navire, qui serait déjà alourdit par sa cargaison. Il n'avait pas vocation à combattre dans de grandes batailles et juste avoir de quoi dissuader d'occasionnel pirate de s'approcher était suffisant. Contrairement à la croyance populaire, les pirates ne s'amusaient pas à bombarder leurs proies, avant de lancer un violent abordage, puis de couler le navire. Ils tenaient au butin, ils tenaient à leurs vies et un navire capturé valait beaucoup de guilders.

Surcouf, bien entendu, avait demandé à ce que soient effectuées un certain nombre de modifications. Essentiellement des "boites à butin". Des sorte de compartiment cachés, dans lesquels une partie de la cargaison était cachée. Si vous transportiez une patate chaude, c'était extrêmement utile pour éviter les ennuis et les regards curieux. Quand vous conduisiez des opérations tout à fait légale, cela vous permettait de gruger les douaniers et de payer moins de taxes.

Mais, bon, en attendait, il fallait déjà qu'elle soit en capacité de reprendre la mer. Il y avait encore du travail sur la Dame. Il salua brièvement son fidèle lieutenant, Darri, avant de partir pour le pélican. Un solide gaillard ce norse. On pouvait compter sur lui.

Le Pélican, d'une certaine façon, rappelait son enfance au contrebandier. Il avait grandis dans ce genre d'endroit. Bercé par les chants des marins enivrés, s'encanaillant auprès de sa très vénérable mère, qui à son époque, était tout aussi charmante que les jeunes demoiselles distrayant la clientèles. Pour Surcouf, ce n'était pas un débit de boisson aux mœurs légères, mais bien ce qui se rapprochait le plus de l'idée qu'il se faisait d'un foyer. Les entraîneuses, pour lui, étaient plus des amies que l'objet de quelconque désir.

Il gratifia le pélican en titre, le seigneur de ces lieux, d'une petite courbette, avant de se diriger vers le comptoir, sauvant le malheureux Ishmael d'une longue et harassante analyse géopolitique d'Hylke. Il s'installa, saluant tout le monde, avant de commander un verre de rhum. Attendant que son verre n'arrive, il répondit à Hylke.

-Géniale est le mot. Mais je t'avoue être pressé que la Dame soit prête... entre ma logeuse et les coiffes noires...
Le rhum revenant à lui, il trempa ses lèvres dans l'alcool, savourant l'arôme sucrée, essayant de chasser son esprit la désagréable sensation qui l'envahissait, chaque fois qu'il prenait son bain là bas.

Hylke l'informa alors que Kuilboer s'encanaillait à l'étage et qu'il l'avait fait demander. Il était plus ou moins au courant. Kuilboer et lui faisaient affaire depuis longtemps, maintenant. Après, il n'était pas spécialement au courant des tenants et des aboutissants de cette invitation. C'était assez courant. Il n'y avait pas besoin de crier sur tout les toit ce que Roel Kuilboer, honorable employé du très honnête et vénérable Jaan van de Kuypers, voulait à Dan Surcouf, le douteux capitaine de la Dame-Blanche. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle "le Mulot" devait le voir.

Il arqua un sourcil face aux propos d'Hylke. Certes, il la savait superstitieuse, mais, quand même...

-Ouais, j'ai déjà fais mes offrandes... par contre, c'est pas un chouia hypocrite, pour moi, d'aller prier la déesse de la loi?
Surtout après avoir fait des courbette à Ranald, l'exact opposé... dans le genre bouffe à tout les rateliers...
-Enfin bon, je ferais mieux d'aller voir ce qu'il me veut. Gardez mon siège au chaud, je reviens.
Il se leva, terminant son verre, avant de partir voir Kuilboer.
Dan Surcouf, Contrebandier
Profil: For 9 | End 9 | Hab 11 | Cha 11 | Int 12 | Ini 9 | Att 9 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_dan_surcouf

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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Hylke corrigea prestement Surcouf, en inspirant bien fort un tas d’air dans ses poumons :

« Au contraire ! Quel meilleur moyen d'être tranquille, que de s'assurer d'être en paix avec tous les Dieux ?
– Oui-da, fit un Ishmael qui se mêla de la conversation. Faut prier tout l’monde, moi c’est ce que je fais. Ulric quand je prépare des glaçons, Taal quand je m’occupe de mes plantes, Véréna quand je remplis ma feuille d’impôts…
– Sigmar… »

Silence gênant. Les trois en train de causer se retournent.
Tout au bout du comptoir se trouvait un étrange bonhomme, avachi au-dessus du bois du bar, un verre à la main, qu’il leva en saluant Surcouf.
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Grand, vieux, une barbe sale et des cheveux gras mi-longs derrière, il était vêtu d’un long vêtement noir, et d’une grande écharpe brune quelconque autour de son cou. Une chaînette en métal pendouillait vers son ventre, et affichait une sorte de quelconque porte-bonheur dont Surcouf n’était pas certain d’avoir la signification.
Sigmar. Le Dieu d’Oultremont. Surcouf connaissait bien les Impériaux et leur dévotion envers ce beau roi au marteau. Et malheureusement, ses fanatiques invétérés, au-devant desquels de tristes sires de l’acabit de Steffon Rückensborg. Marienburg avait beau avoir été une ville Impériale pour plus d’un millénaire, Sigmar était étrangement absent dans ses rues ; les statues de Saint-Ottokar, le Grand-Théogoniste qui avait prêché la soumission des Jutones au VIe siècle, avaient été décapitées dans une grande fureur iconoclaste à la sécession de la cité. Le culte de Sigmar n’était pas réellement interdit à Marienburg (La ville était fascinante par sa grande tolérance religieuse), mais il était certain qu’il faisait mauvais genre, et que ses fidèles, de peur d’être accusés d’être des séditieux à la solde du Reikland, se faisaient discrets.
Ces bondieuseries n’intéressaient peut-être pas Dan. Il se souvenait vaguement que Hylke lui avait expliqué qu’un Grand-Théogoniste vivait à Marienburg ; Johannes Esmer, archi-prêtre du culte de Sigmar en exil, après avoir été viré par un Volkmar revenu d’entre les morts à l’époque d’Archaon. Le chef du culte détestant Marienburg s’y était réfugié, par une grande ironie historique. Peu importe.
Il n’empêche, ce type bizarre et indiscret venait de foutre une sale ambiance, alors que les deux grands superstitieux entourant Dan devenaient soudainement gênés, tordant des lèvres et regardant ailleurs.

« Ui… Sigmar… En effet, il faut prier Sigmar, aussi…
Quand on est chez lui. »


Le type bizarre ricana à la réplique de la jeune femme. Et il cligna de l’œil. Plus par provocation qu’assentiment.




En bout de salle, Surcouf grimpa cinq petites marches d’un mini-escalier, et se retrouva le long d’un couloir qui donnait sur des rideaux très espacés les uns des autres. Hylke lui avait indiqué le troisième ; Il se planta devant, et dégagea sa gorge pour faire connaître sa présence.

« Venez. »

Dan tira le rideau et découvrit son mulot enfoncé dans un canapé, avec une femme un peu trop jeune et très maigre assise à côté de lui. Ça sentait très fort le tabac froid, et sur une petite table devant lui, une bouteille avait été débouchée.
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« Tu peux rentrer chez toi, mon ange. »

Kuilboer était un homme sans goût ; les Marienbourgeois sont richissimes, mais ils détestent être éclatants de luxe. Cet homme était vêtu de fringues de bourgeois de la classe moyenne, classe moyenne inférieure même — à Bordeleaux, un type comme ça, Dan l’aurait pris pour un scribe ayant du mal à joindre les deux bouts. Veston râpé, tout brun, sans cravate, sans bagues aux doigts, avec juste sa sale barbe mal taillée qui avait du mal à définir un visage sévère et assez disgracieux.
Pourtant, de la poche de son vêtement, c’est bel et bien un magnifique guilder doré qu’il glissa entre ses doigts, pour le tendre à la gamine qui se leva, fit une courte courbette, et s’échappa en dépassant Surcouf sans oser croiser son regard. Elle venait de se faire deux semaines du travail d’un manœuvre sans même se déshabiller, juste en chauffant la place à côté du marchand véreux.
Le voilà, l’avantage d’approcher d’hommes comme Jaan van de Kuypers.

« Master Surcouf », fit-il avec son plus bel accent bretonnien, assez passable. « How do you do ?
J’ai pu croiser la Dame Blanche en arrivant. Bonne saison pour le calfatage ! Je vous en prie, asseyez-vous, je vous sers ? »


Oui, il était agréable pour un riche, poli, et assez intelligent pour se souvenir du navire de Surcouf alors qu'il n'était pas un ami proche et qu'il devait parler à des dizaines de personnes chaque jour. Il attrapa la bouteille ; L’étiquette en jetait : un casque de type bassinet, surmonté d’un cimier fait de lierre, de roses et d’une petite fleur-de-lys. Boire deux fois du spiritueux en plein après-midi donnait le genre d’être un ivrogne, mais il s’agissait bien là d’un brandy de son pays natal.

« Sacré monde dans lequel on vit. Trois guerres civiles dans l’Empire c’était déjà quelque chose, mais si ça contamine la Bretonnie et dégénère en un conflit gravissime, comment allons-nous nous en sortir ?
Je veux dire, très mauvais pour le commerce, la guerre. Oui, c’est profitable au début, de vendre des armes aux soldats et du grain aux paysans affamés, mais ensuite il y a les faillites de princes, les marques de corsaires, le brigandage… »


On le voyait là, par contre, le truc chiant avec les Marienbourgeois — ils aiment toujours discuter cinq minutes avant de parler de ce qu’ils veulent.

« Il y a eut une escarmouche la semaine dernière, près d’Ubersreik. Deux gendarmes Bretonniens tués, un de la Reiksgarde. Une sorte de tournoi improvisé, foutus chevaliers, ils ne peuvent pas s’empêcher… Enfin, c’est énervant — en apprenant la nouvelle, la bourse a perdu quinze points ! »

Soudain, la cervelle cupide et obsédée par le profit de Kuilboer vit naître une pensée empathique.

« Vous, heum… Vous n’avez pas de la famille ou des amis qui vont être touchés par ça, j’espère ? »

Peut-être que Martin de Mavignon était en train de se battre là-bas. Peut-être que c’était lui, la tête brûlée, qui allait provoquer une immense guerre qui enflammerait le Vieux Monde.
Peut-être que si c’était le cas, Karl-Franz aurait des raisons d’avoir peur.
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Dan Surcouf
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par Dan Surcouf »

Surcouf accepta volontiers le verre que lui proposa le marchand. Il restait un bordelais après tout. Il y avait une réputation à tenir. Il écouta le Mulot se plaindre du conflit qui avait plus ou moins déjà éclaté entre la Bretonnie et l'Empire. Surcouf n'était pas un homme de violence. Comme il le disait toujours: un mort n'avait besoin de rien. Mais il était assez intelligent pour savoir que la guerre n'était pas qu'une question d'homme armés de bâtons pointus, s'étripant joyeusement. Kuilboer aussi.

Surcouf comprenait sans doute moins bien la situation que le marchand. La finance, les géopolitique, ce n'était pas des sujets dans lesquels il était spécialement versé. Son approche, pour ces choses là, était bien plus terre à terre: trouver un équipage, trouver un navire, trouver un boulot et rester à flot. Et la guerre, c'était un gros paquet de boulot. Des ressources qui devenaient plus rares et dont la demande explosait, des marchandises que l'on surtaxait pour faire la nique aux négociants ennemis, les espions et autres intrigants personnages dont l'activité explosait soudainement de part les besoins en information. Quand vous aviez un navire et que vous n'étiez pas le plus regardant des capitaines, c'était une mer entière d'opportunité précédant un océan de guilders.

Il resta néanmoins silencieux. Kuilboer avait un certain goût pour se perdre dans ses longues introduction et Surcouf n'avait pas l'intention de l'interrompre. Il sourit lorsque le marchand sembla délaisser ses songes cupides, l'espace d'un instant. Pour être franc, il devait à présent connaître plus de jutonne et de bretonniens en exil que de bretonniens du pays. Le premier qui lui vint à l'esprit était le chevalier, Martin de Mavignon. Pauvre impériaux...

-Nul qui serait réellement en danger.
Il termina son verre.
-Sinon, je suppose que vous ne m'avez pas fait venir juste pour parler des relations breto-impériales? Avec la Dame en chantier, je suppose que c'est quelque chose qui doit se faire sur le long terme. Je me trompe?
Dan Surcouf, Contrebandier
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Pas juste pour ça, mais si, c’est bien pour discuter des relations entre les deux grandes puissances duVieux Monde que j’ai fais appel à vous.
Quel fratricide immonde. Pourtant, la Bretonnie est née dans les mêmes forêts que l’Empire, votre langue est si proche — comme celle des Jutones, d’ailleurs. C’est au bénéfice de Marienburg, cette inimitié entre les deux pays, ça fait de nous de bons intermédiaires, mais tout de même, j’aurais imaginé Karl-Franz et Louen comme des hommes plus… Habiles. Surtout après avoir saigné ensemble contre les sales Norses.
Je vous ressers ? »

En réalité, il n’attendit pas la réponse de Surcouf ; il lui remplit à nouveau le verre avec le délicieux cognac de son pays. C’est que Dan trouvait ça drôlement bon, ça lui réchauffait la gorge et il se sentait déjà avec l’envie de sourire et ricaner.
Kuilboer n’en prit pas un second. Après avoir fait son commentaire légèrement xénophobe (Mais comment lui en vouloir, quand on savait de quoi était composée l’armée d’Archaon ? Les Norses étaient détestés à travers tout le Vieux Monde), il se remit bien dans son fauteuil, et étudia la bouteille.

« Je vais vous confier quelque chose, monsieur Surcouf. Ça reste entre nous.
Le cognac… je trouve ça absolument répugnant. »


Il explosa de rire tout seul en déposant la bouteille sur la table.

« C’est quand même sacrément surcoté ! Et les goûts, c’est subjectif. Du vin distillé — n’importe qui peut en faire, et il y a de très bons brandys Impériaux.
Qu’est-ce qui vaut le plus cher, dans cet objet ? Pas le liquide, non, alors qu’il a demandé beaucoup de temps à fabriquer ; pas le verre non plus, alors que ça exige la technicité des artisans de Brionne, qui transforment le sable en matériau ; Ce qui coûte le plus cher, c’est l’étiquette. Le fait que ce soit Bretonnien, d’un cépage réputé, produit par des snobs qui survendent leur domaine, et permettent à des œnologues de se rincer le palais avec avant de donner leur avis éclairé, qui, en fait, vaut pas tellement plus que celui de n’importe qui d’autre.
C’est un produit de luxe, le cognac. Et comme tous les produits de luxe, les aristocrates Impériaux, surtout les Reiklander, ils en raffolent. Ils sont prêts à payer tellement cher pour ça, pour montrer leur statut.
Les sanctions économiques déclarées par la Diète du Reikland n’ont fait que renforcer l’exclusivité du produit. D’après mes amis à Altdorf, le prix du verre de brandy Bretonnien a plus que doublé — trois pistoles, au moins. On le sert discrètement, dans les restaurants huppés. Il paraît que ça rend des vignerons et des irrédentistes du Volkshalle complètement barges — certaines franges à la droite de Karl-Franz appellent à graver au fer rouge les fronts de propriétaires de palaces qu’on prend en flagrance. »

Soudain, il soupira, en regardant nerveusement le rideau qui les séparaient du reste du Perchoir. Comme s’il était pris d’un gros mal de crâne, il ferma les yeux et écrasa ses doigts sur ses paupières pour les frotter vivement. Puis il baissa d’un ton, dégagea sa gorge, et se redressa pour rapprocher sa bouche du contrebandier en face de lui.

« Un de mes… Prêtes-noms, a eu des soucis. Il a pris une très aimable cargaison de cognac — six caisses, rien que ça — qu’il a amené vers Middenheim, par voie terrestre. Middenheim refuse toujours de ratifier les sanctions anti-Bretonnie prononcés par Karl-Franz. En fait, Boris Todbringer a décidé de ne plus rien ratifier du tout qui vienne du palais de l’Empereur. Il est en froid avec son suzerain, même s’il continue de paraître diplomate et bienveillant envers le Reikland ; ce n’est pas un extrémiste fou à lier, contrairement à ce que certains pensent.
Je pensais que je pourrais écouler le cognac dans la cité d’Ulric. Là-bas aussi il y a des nobles très riches, et puis, au pire, je n’aurais qu’à changer les étiquettes par des estampes Averlandaises avant de descendre le tout vers le sud.
Malheureusement, comme vous le savez, peut-être, Middenheim est en guerre contre son ancien vassal du Nordland. Et j’ai été victime de brigandage. »


Il se mit soudain à devenir haineux, à froncer des sourcils et serrer des dents.

« Ces… Sales… Chiens, semi-Norses… Des militaires à la solde de Theodoric Gausser ont barré le passage à la caravane, et ont enlevé mes hommes, mes voitures et mon cognac pour les ramener dans leur putain de province de merde. Gausser est l’allié de Karl-Franz, il a besoin d’appliquer ses traités pour paraître loyal, et puis, ce chien adore l’argent. »

Il était ironique d’entendre Kuilboer insulter ainsi les Nordlander — historiquement, le Nordland était une terre Jutone. Envahie par l’Empire, puis colonisée par les Norses, avant de devenir le vassal de la cité de Middenheim. Sur quatre générations au moins, les Nikse, barons du Nordland, et les von Wüterich de Middenheim ont maintenu de solides alliances matrimoniales ; Boris « Todbringer » von Wüterich lui-même avait une mère Nikse, et une ancienne épouse Nikse, morte assez jeune et assez soudainement.
Puis, les choses avaient soudainement basculé il y a quelques années. Un jeune général du Nordland, le Nordsmarschall Gausser, avait épousé une Nikse, profité de la mort de l’ancien baron (Son beau-père) pour déclarer l’indépendance de la province, et mobilisé l’armée alors que Middenheim se remettait tout juste de son siège. Boris avait appelé ses alliés du Middenland pour écraser la rébellion naissante — ça avait été un échec. Maintenant, Theodoric Gausser avait un Croc runique, une épée magique volée au Middenland, et il contrôlait les grandes villes du pays, luttant juste contre quelques loyalistes en majorité réfugiés dans la cité du Loup Blanc.

Surcouf savait tout ça, parce que le Nordland est le voisin direct de Marienburg. Et surtout, parce que le Nordland possède une très belle marine. Pas aussi riche ou avec des vaisseaux aussi énormissimes que la Royale de Bretonnie, mais tout de même, Gausser tirait bien son épingle du jeu. Avec de jeunes amiraux entreprenants, et des alliances avec des Norses qui combattaient Archaon, monsieur Gausser commençait à bien faire sentir son influence sur la mer des Griffes. S’il avait en tête de brigander des vaisseaux à la recherche de cognac, comme il avait brigandé une caravane terrestre, ça allait vite emmerder Surcouf.

« Bon… Mon prête-nom avait du liquide sur lui — mon argent. Il a rincé de pognon le capitaine du coin, et il est parvenu à s’enfuir. Mais au lieu de trouver un moyen de retourner à Middenheim, ce gros lâche a décidé de monter tout au nord de la province, dans le chemin totalement inverse. Apparemment, il a enterré la cargaison au beau milieu du Nordland, a demandé à un de ses cousins par alliance de la surveiller, et paf, il se retrouve à Salzenmund où il m’écrit une lettre pour me raconter tout ça.
J’ai un putain de tas de bouteilles de cognac de premier choix qui est planqué au beau milieu du Nordland, et le type qui la surveille est un gros dégénéré couard.
Hargendorf, le village s’appelle. Une sorte de bourgade côtière à la con, ville de pêcheurs sans aucun intérêt…
J’ai aucune confiance au cousin par mariage du prête-nom. Qui sait ce qu’il va faire avec une énorme cargaison de cognac ? Je veux vite la retirer de ses mains et la récupérer, en espérant que le plus possible des caisses soit encore intact. Assez simple comme boulot, non ? »

Il marqua une petite pause, le temps qu’il s’assure que Dan suive tout.

« Une fois la cargaison sur votre navire, vous pourriez juste la ramener à Marienburg, et je vous dédommagerais le transport.
Mais… Je me dis, tant que vous aurez l’alcool sur votre navire… Pourquoi ne pas assurer le transport vous-même ? »


Il regarda le Bordelais droit dans les yeux, comme s’il cherchait à y déceler quelque chose.

« Mon prête-nom a apparemment cherché d’éventuels clients dans la capitale du Nordland. Il pense y trouver des nobles proches de Gausser qui adoreraient avoir du cognac. Et prêts à payer très cher pour.
Mais pour atteindre Salzenmund, il faut passer devant Dietershafen, qui est le port de mouillage de la marine Nordlanderin — puis remonter le fleuve du Salz, ce qui demanderait de louer une barge et des animaux de traits… Ou bien engager un sorcier…
Autrement, j’ai aussi un de mes partenaires qui est à Salkalten, la capitale de l’Ostland. Hans-Hals von Tasseninck est également un allié de Karl-Franz, mais il a, je pense, trop de choses à gérer pour en plus s’amuser à jouer au douanier ; il est aussi en guerre, et pas une petite, il doit gérer le Talabecland et tous ses alliés.
Enfin, tout au bout du voyage, il y a Erengrad, la ville Kislévite. J’en tirerais bien un petit profit là-bas aussi, mais rien d’incroyable. Le cognac n’est pas illégal là-bas. »

Une nouvelle pause.

« Si vous parveniez à décharger la cargaison dans ces trois villes — Salzenmund serait la plus difficile, mais également celle qui me rapporterait le plus, et de loin — vous seriez grassement payé. Et je ne parle pas seulement d’argent, monsieur Surcouf, bien qu’il y en aura…
Cette cargaison de cognac, elle me permettrait de réaliser un bon bilan de fin de saison. Et si Jaan van de Kuypers était satisfait de mes chiffres, il me demanderait comment je m’y suis pris… Vous pourriez bien le rencontrer, et obtenir ses faveurs. L’amitié de l’homme le plus riche du monde vaut bien tous les risques, n’est-ce pas ? »
Jet de résistance à l’alcool de Surcouf (Trait racial : +2, est né à Bordeleaux :orque: ) : 15, échec de 4. Tu es légèrement pompette et a le hoquet ; pour l’heure, ce n’est qu’un effet RP.

Jet de connaissances générales (Empire/Marienburg) : 9, réussite.
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Dan Surcouf
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par Dan Surcouf »

Le cognac commençait à lui monter la tête. C'est vrai qu'il était déjà à deux doses d'alcool fort, à laquelle venait s'ajouter le second cognac. Il décida de laisser le contenu de son verre chauffer entre ses mains, plutôt que de le boire.

Il ignora les commentaires sur le cognac et sur les norses. Surcouf devait lui même le reconnaître, si il aimait le cognac, il n'avait pas spécialement le palais assez développé pour commencer à en apprécier toutes ses qualités. Il reconnaissait la différence entre le cognac et le rhum, mais de là dire qu'il était capable goûter la supériorité du cognac bretonnien au brandy impérial... quand aux norses, même si Darri avait remis en perspectives pas mal de choses à ce sujet, il comprenait aisément la raisonnement qui amenait à de tels propos, de la part du Mulot.

Le boulot était simple. Rejoindre un point de rendez vous sur la côte, récupérer le cognac puis mettre les voiles vers l'une des trois destinations possibles. Rien de spécialement compliqué, si l'on faisait exception du contexte douanier actuel. Chassant les brumes d'alcool et son cerveau, Surcouf réfléchit quelques instants.

L'option la plus lucrative était, de toute évidence, Salzenmund. Mais c'était aussi la plus risquée. Il fallait faire mouiller la Dame dans les docks de Dietershafen, au milieu d'une flotte qui semblait très enjouée à l'idée de les délester de leur cognac, le temps de faire l'allez retour par le fleuve.

La deuxième option était de pousser un peu plus à l'est, à Salkaten, où il pouvait toujours en tirer un prix honnête, à moindre risque.

La dernière option était de simplement livrer le cognac à Erengrad, en Kislev. Une transaction tout à fait légale, pour laquelle employer quelqu'un comme Surcouf n'avait sans doute aucun sens.

Le contrebandier s'éclaircit la gorge.

-Si vôtre contact à Salzenmund est capable de réceptionner la marchandise à Dietershafen, on devrait pouvoir s'arranger. Je ne tiens pas spécialement à laisser la Dame mouiller trop longtemps avec la marine nordlandaise. Sinon, je livrerai à Salkaten.
Dan Surcouf, Contrebandier
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le Mulot réagit au quart de tour à la dernière phrase du Bretonnien, un large sourire égayant son visage jusque-là fermé.

« Aaah ! Mais si c’est faire mouiller votre navire qui vous inquiète, je peux vous offrir quelques garanties !
Pour commencer, Dietershofen est certes le port militaire du Nordland, mais si vous décidez de remonter le Salz, c’est une autre ville à l’embouchure qui va vous intéresser : Neues Esmkrank. Je crois que, compte tenu de votre profession, le nom vous dit quelque chose ? »


Au grand désarroi de Surcouf, oui.

Neues Esmkrank était la plus grande arnaque de tous les temps. La sécession de Marienburg avait fait terriblement souffrir l’Empire — la cité maritime tout au bout du Reik quittait leur giron, et étranglait le fleuve principal qui faisait vivre les trois quarts de leurs provinces. La façade maritime Impériale est traite, rocailleuse, adossée à des montagnes, des tourbes et des forêts qui ont intéressé bien peu de marchands de l’histoire, exception faite des drakkars Norses. C’est pourquoi, fonder un nouveau port a toujours été un doux rêve pour tous les Sigmarites de toutes les classes sociales.

En 2460, un fonds privé dirigé par un certain Jens-Pieter Riemmans avait fait le tour de toutes les cours des grandes villes de l’Empire pour proposer la construction, au milieu du Nordland, d’un magnifique port flambant-neuf, avec des quais le long d’une rade artificielle, des entrepôts, un arsenal… Et puis, Riemmans eut tellement de succès, il se mit à promettre plus encore : des habitations pour loger des ouvriers, des locaux de commerce, une muraille avec des châteaux pour garder le tout d’un assaut terrestre — ça avait emballé tellement de nobles et de comtes-électeurs, que le promoteur immobilier se retrouvait à crouler sous les couronnes, au fur et à mesure qu’il gonflait ses promesses.
Riemmans s’est arrangé pour faire expulser les villageois d’un coin paumé, puis s’est attelé à engager des centaines et des centaines d’ouvriers pour commencer son ambitieux projet. Problème : Tout magnifique que serait le port qu’il promettait, les marchandises déchargées devaient soit continuer leur chemin par la terre, soit remonter le Salz pour aller à Salzenmund, et ensuite gagner le sud — or, le Nordland est tout proche de la forêt des Elfes de Laurelorn, les routes sont de qualité médiocre, les brigands et barons-voleurs pullulent, et au final, toutes les grandes associations marchandes ont très vite dit qu’ils trouvaient moins cher de payer le péage à Marienburg. Ça partait mal.
Ensuite, tout ce qui s’est succédé est devenu une suite d’événements dramatiques dignes d’une comédie reposant sur le Schadenfreude. D’ailleurs, Surcouf connaissait l’histoire du bled à cause d’une pièce de théâtre humoristique : Il y eut un incendie, un graf écrasé sous un tas de charpente, un contremaître-en-chef qui fut découvert en train de sacrifier son chat pour apaiser un esprit de la forêt du coin, une crue du Salz (Ce qui n’était jamais arrivé de mémoire d’homme)… Le comble du comble, fut lorsque le tout premier navire sorti de l’arsenal fut mis à la mer : il coula aussitôt. Toutes les personnes qui avaient donné de l’argent pour le projet, invitées pour l’occasion, comprirent vite qu’on avait jeté un mauvais sort sur l’entreprise. Le fonds privé fit faillite, Riemmans fut jeté en prison, et, à ce qu’on en dit, le stathouder de Marienburg, qui avait 98 ans à l’époque, devint tellement hilare qu’il en mourut.

Neues Esmkrank était une ville d’au moins huit cents personnes, mais qui avait été construite pour en accueillir vingt fois plus ; même si les locaux vivaient toujours de la pêche et avaient un Temple de Manaan, quasiment toute la cité se trouvait être une ville fantôme, avec des entrepôts énormes pour trois caisses de poisson, d’immenses rues symétriques totalement abandonnées. Elle est même séparée en deux, avec la « vieille ville » d’Emskrank, faite des descendants des habitants d’origine qui ont été salement expulsés, et dont l’existence est techniquement illégale (Le baron du Nordland était vraiment prêt à tout pour encourager les gens à rejoindre sa « Neues » Emskrank…), et la grande cité quasi-vide juste en face.

Dan Surcouf avait mit les pieds une fois à Neues Emskrank — quand il pensait être poursuivi par un sale navire Bretonnien trop persistant. Un crétin de capitaine, probablement semi-pirate, lui avait donné chasse jusqu’au dessus de la pointe de Manaan, alors même qu’ils entraient en territoire Impérial ; les Bretonniens ont rarement eut du respect pour les frontières des Sigmarites. On avait parlé de ce village pourri à Surcouf ; Il parvint à s’y réfugier, paya un pêcheur de hareng trop ravi d’avoir un client, et il avait passé une semaine à planquer le Rouge-Gorge au milieu de nulle part.
Ça avait été une très mauvaise semaine. Tous les pêcheurs de la vieille ville lui lançaient de très mauvais regard quand il s’approchait de « leur » côté du fleuve, et des gamins lui avaient jeté de la boue au visage pour le faire déguerpir. Quant à la nouvelle ville, il s’était vite retrouvé à être coincé dans une auberge sans aucun client, entouré de gens dépressifs qui regardaient le fond de leurs verres, ou bien au contraire d’habitants beaucoup trop empressés de faire sa connaissance et de lui poser dix mille questions, tellement ils étaient peu habitués à voir qui que ce soit venant de l’extérieur.

« C’est assez calme et discret pour planquer la Dame-Blanche. Ça ne coûtera pas cher de graisser la patte de quelqu’un.
De plus, je suis en mesure, si vous l’acceptez, de vous offrir quelque chose d’autre : Un manifeste, et une cargaison.
J’aimerais remplir votre navire de céréales et d’un peu de laine. Ça ne vaudra pas énormément, mais ça vous permettra d’être accepté un peu partout assez officiellement, et puis, ça n’encombrera pas votre cale — l’avantage d’avoir un navire digne de ce nom.
Si vous êtes arrêtés par un navire, vous pourrez présenter le manifeste. Si vous avez affaire à un sale con qui décide de fouiller, en revanche, ça sera plus compliqué… Vous pourrez flotter avec le pavillon de la République du Jutonesryk, ce qui devrait vous ouvrir les quais de tous les ports de l’Empire. »


Il retroussa ses lèvres.

« Néanmoins… Je peux comprendre que vous n’aimiez pas cet arrangement. Je veux dire, vous allez rencontrer des gens que vous ne connaissez pas, vous risquez de laisser votre navire seul — à moins que vous n’engagiez un sorcier… Et puis, vous êtes un Bretonnien, ça s’entend à votre accent. En ce moment, les Bretonniens font peur et provoquent la haine. Remarque, ça a toujours été le cas. Vous pouvez remercier vos gendarmes : On les accuse de piller des villages du Reikland et d’enlever des femmes pour les épouser de force.
Si vous acceptez malgré tout mon offre, je pourrais vous offrir… »


Il réfléchit. Dès qu’on parlait d’argent, son cerveau s’affûtait.

« Cinquante guilders d’or d’avance sur la somme. Ça vous permettra d’engager un équipage, d’éventuellement faire quelques travaux, et puis, graisser les pattes ou acheter le matériel dont vous aurez besoin au fur et à mesure. »

La somme semblait correcte. Kuilboer ne trichait jamais sur l’argent. Mais peut-être que vu le risque encouru, Surcouf pourrait négocier plus.
Il pouvait également refuser de faire voile jusqu’à Salzenmund tout court. L’opération paraissait tout de même risquée, même si Kuilboer avait au moins le tact de vouloir mettre sa propre réputation en jeu — signer un manifeste avec son nom bien officiel était assez courageux de sa part. Dans une certaine mesure, puisque ce n’était pas lui qui risquait de finir en prison.
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par Dan Surcouf »

Ah oui. Neue Esmrank. De tout les coins paumés qu'il avait visité, ce port atteignait aisément le podium des destinations les plus glauques qu'il ait jamais visité. Bien entendu, la première et la deuxième place étaient occupés, respectivement, par l'ile muette et la cave nurglite. Laisser son navire là ne l'inspirait pas spécialement, même si c'était bien plus sûr. Et puis, il y avait toujours l'option du mage, mais ça allait clairement couper leurs marges.

Néanmoins, cela pouvait être un excellent investissement. Entre le manifeste et le mage, leurs chances de réussites étaient nettement augmentées. Et si ils parvenaient à déposer le cognac au beau milieu de Salzenmunt, ils pouvaient se faire un énorme paquet de fric.

-Je veux soixante-dix guilders pour l'avance. Avec un mage dans l'équipage, il vaut mieux prévoir large. Si cela vous conviens, je pense que nous pouvons faire affaire. Néanmoins, je dois vous prévenir, la Dame est encore en calfeutrage, donc il me faudra un peu de temps, que j'utiliserai pour rassembler mon équipage. Il faudra également organiser les détails de la réception auprès de votre contact. Je ne tiens pas spécialement à tout déballer à un douanier en pensant que c'est votre homme.
Dan Surcouf, Contrebandier
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Hors de question. »

Kuilboer avait répondu ça au tac-au-tac, sans la moindre once d’hésitation. Direct, d’une voix grave, rejetant immédiatement la demande de Surcouf.

« C’est peut-être de ma faute, peut-être n’avez-vous pas les prix du marché en tête. Je vais vous renseigner, et vous allez vite comprendre pourquoi ce que vous demandez est irréaliste.

D’ordinaire, le cognac s’achète en tonneau, cela ne vous aura pas échappé, vous en avez beaucoup fait tourner sur votre navire. J’ai réussi à trouver un marché pour la bouteille, du grand luxe, grâce à des souffleurs de verre de Brionne plutôt que ceux de Nuln ou Miragliano — la main d’œuvre coûte tellement moins cher en Bretonnie, c’est véritablement miraculeux, à se demander pourquoi les Impériaux ne font pas tout produire là-bas.

En comptant l’achat, le transport, et les taxes, je suis parvenu à calculer que chaque bouteille de cognac des cuvées Château-Avernes et Château-Castellanne, m’ont coûtées en moyenne un guilder et deux pistoles chacune — il y a du dix à quinze ans d’âge là-dedans, et c’est du très bon alcool fait avec des vins de Parravon et Quenelles. Chaque caisse contient douze bouteilles, il y a six caisses, soit un coût total de… »


Il pencha sa tête en arrière, plissa les yeux, et un instant, il semblait être entré en transe religieuse. Mais très vite, il regarda à nouveau son interlocuteur droit dans les yeux, et lança le prix sans hésiter une seconde sur la justesse de son calcul.

« Soixante-dix-neuf guilders et quatre pistoles.

En chargeant mon prête-nom d’aller à Middenheim, je comptais lui ordonner de ne vendre aucune bouteille en dessous de deux couronnes neuf pistoles la bouteille. Soit un profit brut de… mh… une couronne sept pistoles la bouteille, ou… quatre-vingt-dix-sept couronnes et quatre pistoles le profit total de toute l’opération. Mais sur cette très, très jolie somme, je dois compter la part qui revient à Jann van de Kuypers — un huitième — les salaires de mon équipe, l’impôt de Marienburg et d’autres frais annexes.

En tant que contrebandier, je suppose que vous ferez tout votre possible pour éviter les taxes. Et si vous allez dans des endroits dangereux, vous pourrez faire augmenter le prix de la bouteille de cognac, et donc la marge. Il n’empêche : en vous proposant cinquante guilders d’or, d’avance, et surtout, en espèces trébuchantes, je vous propose concrètement de tranquillement partir avec plus de la moitié du profit que j’avais prévu, sans vous poser la moindre question. Est-ce que vous connaissez quiconque à Marienburg qui serait aussi généreux que moi ?

Mais bon, je suppose que c’est vrai, ce qu’on dit sur les Bretonniens — on leur serre la main, ils veulent tout le bras… »


Il eut un petit sourire narquois après sa petite réflexion, mais le fit vite disparaître.

« Relax, c’est qu’une blague…

De Marienburg à Neues Emskrank, c’est… Sept à neuf jours de navigation, il me semble ? De Neues Emskrank à Salzenmund, en barge, ça doit taper dans du quatre jours. Neues Emskrank à Salkalten, ça se fait en deux jours, dans le pire des cas vous arrivez dans la nuit. Et Salkalten et Erengrad, une grosse grosse journée. Erengrad-Marienburg en voie direct, par contre, ça va de neuf jours dans le meilleur cas, treize dans le pire.

Il faut voir comment vous négociez l’affaire, mais la dernière fois que j’avais engagé un magicien, ça m’avait coûté dix pistoles la journée d’emploi, la moitié d’avance l’autre au retour. Si vous faites le trajet complet que je viens vous décrire, dans le pire des cas, il vous coûterait… sept fois… Et huit…
Je pense que si vous faites l’effort de passer par les trois villes, et si on prend le pire scénario possible, afin de ne pas avoir de surprise, il faut partir sur trente-huit jours de voyage. Le magicien vous coûterait dix-neuf guilders, c’est une somme immense — mais s’il vous évite d’utiliser une barge, il vous ferait économiser du temps, il pourrait dépasser et ignorer de force les péageurs fluviaux, et il serait une sécurité supplémentaire contre les naufrageurs.

C’est à vous de voir comment recruter votre équipage, et ce qui est risqué ou non. Du reste, je peux vous parler un peu de mon prête-nom, mais si vous voulez y réfléchir quelques instants… »


Il resservit un nouveau verre à Surcouf alors qu’il n’avait même pas terminé le sien.

Jet de marchandage (Malus : -3) : 17, échec
Jet d’intelligence de Kuilboer : 8, réussite
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Dan Surcouf
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Re: [Surcouf] Avarie commune

Message par Dan Surcouf »

Surcouf haussa les épaules. Erf, ça valait le coup d'essayer.
-Très honnêtement, je ne compte pas passer par les trois villes. Mais, bon, je suppose qu'un magicien ne sera pas si cher payé. Plus on peut gagner de temps et d'avantage contre les douaniers et les pirates, mieux ce sera.
Il soupira.
-Et du coup, votre prête nom? Il est fiable?
Dan Surcouf, Contrebandier
Profil: For 9 | End 9 | Hab 11 | Cha 11 | Int 12 | Ini 9 | Att 9 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_dan_surcouf

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