[Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Marienburg est le plus grand de tous les ports du Vieux Monde. Située à l’embouchure du fleuve, la ville est un énorme centre de commerce. Le Reik est ici un fleuve énorme, mesurant plus d’un kilomètre et demi d’une berge à l’autre. Marienburg est une cité indépendante (sans lien avec l’Empire), située au sein des Wastelands. c’est aussi le centre de l’activité religieuse du Culte de Manaan, le Dieu de la Mer.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

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Maerten et Gerard saluèrent tous deux les gros patriciens, en faisant usage de formules de politesse similaires. Puis, ils se levaient et déguerpirent de la table, tandis que Niklaus comptait profiter de l’étrange présence de sa sœur pour aller la trouver.
Avant qu’il n’eût le temps d’aller bien loin, le nobliaud se retrouva à ses côtés ; Puisqu’il n’avait pas encore décidé de poliment le congédier, celui-ci crut bon de continuer la discussion avec lui.

« Profil intéressant, les deux gosses.
Enfin, vous avez eu bien raison de faire ce que vous avez fait ; Non pas que se foutre de la poudre dans le nez ce soit un vice si terrible que ça – paraît que c’est à la mode chez la jeunesse éclairée de notre ville – mais à mes yeux il était très clair qu’ils voulaient juste se jouer de vous.
Ils auraient essayé de tester vos limites. Peut-être se seraient-ils amusés à vous humilier. Pour ça que je fais toujours attention à jamais trop boire.
Vous leur avez pillé leur fric aux cartes et avez su reculer quand c’était le bon moment. Ça n’a pas l’air comme ça, mais vous êtes sûr d’avoir suscité leur intérêt. Bravo à vous, c’est ce que je voulais. »

Tout aussi flegmatique, il s’éloigna un peu afin de laisser juste un tout petit peu d’intimité à Niklaus le temps qu’il lance une phrase à Gerard. Le petit Ottenmeir eut une mine grave quand on lui dit qu’il fallait s’entretenir avec lui, mais il se contenta de bien hocher de la tête, déterminé.
Ainsi, tous les trois purent aller jusqu’à la table d’Évelyne.



Comme Niklaus l’avait remarqué, Haam Markvalt était présent. Le petit étudiant était bien habillé, fumant la pipe, ses cheveux blonds gominés en arrière avec de la pommade. Il avait troqué son austère doublet noir pour un complet bien plus étoffé, avec une écharpe autour du cou – il n’avait pas l’air d’être bien riche, mais il savait faire croire qu’il l’était.
Évelyne, elle, était vêtue d’une simple robe blanc-noir, couvrant ses bras et jusqu’à sa gorge. Elle lança un grand sourire éclatant à son grand frère : Elle semblait honnêtement ravie de le voir. Elle le laissa parler en lançant un petit regard à Gerard, et à l’énigmatique bonhomme derrière eux.
Restait le troisième homme qui était accoquiné avec sa sœur. Lui, Niklaus n’avait toujours pas la moindre idée de qui il était.

« Si c’est un ami à toi, il est toujours invité ! Installe-toi donc !
Haam, Giovanni, je vous présente mon frère, Niklaus, et mon petit cousin, Gerard Ottenmeir. Installez-vous ! »


Sitôt que le mot « frère » avait été prononcé, le dénommé Giovanni eut un sourire figé. Il lâcha l’épaule d’Évelyne et glissa le plus discrètement du monde à l’autre bout de la banquette, en mettant bien ses mains un peu trop baladeuses droit devant lui.

« Un honneur pour moi de vous rencontrer, honorable collègue ; Vous ne me connaissez pas, mais votre sœur nous parle beaucoup de vous ! »

Haam s’écarta un peu pour laisser de la place à Niklaus. Maerten, lui, avait saisi à la volée deux sièges derrière lui, en disant à un garçon de ne pas se tracasser ; Ainsi, il put installer Gerard et lui-même autour de la table.

« Je n’ai pas le plaisir de vous connaître en revanche, maître Maerten. Vous êtes un ami de mon frère ?
Monseigneur Maerten. J’ai le privilège d’être noble.
– Oh.
– Héhé, ne faites pas cette tête, mademoiselle ; Les titres de noblesse à Marienburg c’est comme de la bière en Bretonnie, personne n’en a rien à faire.
Je ne connais votre frère que depuis ce midi. Mais il me paraît être un homme tout à fait sensé, sincère et clairvoyant, aussi, il a le déplaisir de me voir le coller aux basques depuis.
Nicolaas, si je commence à te courir sur le haricot, dis-le-moi discrètement à l’oreille ; Tu me verras me volatiliser aussitôt ! »


Évelyne eut un petit sourire aux manières un peu brusques de Maerten.

« Eh bien, sachez que ce n’est pas mademoiselle, mais sœur.
– Ah oui ?
– Je suis officiellement initiée du clergé de Véréna. Puisqu’on en est à parler formalités…
– C’est très important les formalités ! Enchanté de vous rencontrer, ma sœur. »

Giovanni fit un signe de la main à Niklaus. Et il lui parla avec un très fort accent connoté Tiléen ; Niklaus avait même assez de culture pour tracer cet accent-là à la ville de Remas, mais pas certain que cela lui serve beaucoup.

« Vous avez fait impression au Palais du Peuple plus tôt dans la journée, oui ; Les Affaires Étrangères vous intéressent donc, pour poser des questions au Directeur den Euwe ?

– Nicolaas a passé toute son adolescence à Bilbali, il n’est pas un homme qui n’a connu que Marienburg dans sa vie.
– Et c’est tout à son honneur. Il y a des choses à l’étranger qui sont fascinantes. Je- »

Alors que Markvalt allait se mettre à parler – il semblait bien être le genre de personne qui adorait s’entendre parler – les garçons de café avaient diminué la luminosité de la pièce en éteignant une à une la plupart des bougies réparties autour de la salle. On entendit quelques toussotements, et sur l’estrade, dorénavant la seule illuminée, un homme tout bien vêtu, comme un pingouin, gros chapeau haute-forme sur la tête et redingote pourprée sur le buste, s’approcha pour saluer les invités de ses gants blancs.

« Honorables gentilshommes et honorables maîtres de Marienburg, très bonne soirée à vous. »

Évidemment, il n’avait pas un mot pour les rares femmes attablées.

« C’est un honneur pour moi de vous accueillir ici, au Chat Noir. Notre club peut s’enorgueillir de produire, pour votre émerveillement, quelques-unes des plus magnifiques curiosités qui traversent le monde. Ce soir, quelques artistes et saltimbanques vont essayer de vous fasciner pour vos réjouissances.
J’aimerais, pour votre bon plaisir, vous présenter un... magicien... »


Il laissa le petit effet d’annonce, quand bien même le programme devait déjà être connu de tous. Il semblait bien surjouer son annonce, en agitant ses petites mains gantées dans tous les sens.

« Un énigmatique pratiquant des arts occultes, connaisseur des arcanes de l’immatériel… Je ne le connais que par son seul surnom : « Bonaventure. ». Il est né loin, loin d’ici, dans les contrées exotiques du Nouveau Monde, fils d’un capitaine de Sartosa et d’une Amazone de Lustrie. Élevé semi-païen, enfant d’un cottereau truand des bas-fonds et d’une sauvage arracheuse de cœurs. Il dispose d’un sixième sens, et d’une grande clairvoyance qui dépasse la compréhension humaine. Il a appris à lire et à parler notre langue tout seul, voyageant à travers le monde pour agrandir son ésotérique maîtrise des capacités humaines…
Ce soir, il souhaite vous montrer l’étendue de sa pratique... »


Alors que l’annonceur sortait sa soupe, derrière lui, des assistants avaient mis en place d’étranges poteaux et boîtes en bois. Et de l’ombre, surgissait un corbeau.

Bonaventure était un homme grand. Très grand, et très fin : on aurait dit un épouvantail. Tout son corps était recouvert d’une épaisse cape noire, qui descendait jusqu’à ses pieds, si bien qu’on ne pouvait pas apercevoir ses souliers. Pas un cheveu, pas un millimètre de sa peau n’apparaissait.
Mais son visage avait été recouvert d’un masque. Un sinistre masque à l’effigie d’un animal, ou d’un démon.


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Deux jeunes femmes l’accompagnaient. Des assistantes, leurs jambes enserrées de jarretières et leurs tailles d’un justaucorps bien indécent comparé aux robes cintrées et couvertes que toutes les femmes de Marienburg portaient. Elles offraient aux spectateurs de grands sourires forcés, tandis que Bonaventure s’approcha tout au bout de l’estrade pour parler.

« Gentilshommes, maîtres, bonne soirée à vous.
Aujourd’hui, Morrslieb n’est pas pleine. Mais je sens bien des vents jeter leurs bourrasques autour de moi, et l’alignement de Voelia avec Verdra. Les arcanes m’offrent la possibilité de vous présenter quelques-uns de mes talents.
Y aurait-il dans cette salle un volontaire pour rejoindre l’une de mes charmantes assistantes ? »


Une espèce de malaise superstitieux semblait avoir bousculé tout le monde. Même Haam Markvalt, un agitateur qui devait être bien habitué à critiquer le clergé, restait bras croisés, visiblement peu à l’aise face à ce mage.
Maerten se permit même un commentaire murmuré à Niklaus :

« Tu crois qu’il est vraiment mage ou bien c’est juste un comédien ?
Il devrait faire gaffe à pas être brûlé par les Chevaliers de la Pureté, celui-là... »


Officiellement, les Chevaliers de la Pureté étaient un groupuscule illégal. Un rassemblement d’auto-justiciers servant un obscur Dieu qu’on nommait Solkan, ils traquaient et tuaient ceux qu’ils suspectaient d’être des mutants ou des serviteurs de la Déchéance. Dans les faits, ils avaient la jugeote de limiter leurs opérations aux quartiers les plus pauvres, et à ne pas s’en prendre aux patriciens ou aux richissimes chefs de maisons qui employaient des astrologues et des diseurs de bonne aventure versant dans le surnaturel. Il n’empêche ; Les Chevaliers de la Pureté étaient populaires auprès de la population, et semblaient disposer de beaucoup de soutien en ville.
Qu’un mage auto-proclamé puisse ainsi se présenter au grand jour dans un quartier riche montrait bien la décadence de Marienburg.
Jet de connaissance de Niklaus : 4, détails supplémentaires obtenus dans la narration.
Jet de reconnaissance de Niklaus (Malus : -6) : 13, échec. Niklaus n’a pas la moindre idée de ce que le masque de Bonaventure représente.
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Niklaus Hänshel
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« Intéressant ? Dites-vous Maerten. »
Regard furtif en direction de la table que nous venons de quitter.

« Passe encore pour Egmond qui a au moins le mérite de m'intriguer, mais ce pauvre Crispin n'est qu'un « fils de » comme Marienburg en compte tant, de plus il semble avoir passer sa vie avec un caillou dans sa chaussure ce qui explique en partie cette nature belliqueuse. Mais vous avez raison, ce petit jeu n'aurait pas eu de fin.»

Légère interruption avant de reprendre sur le ton de la confidence.
« Cependant, je me demande pourquoi vous avez voulu à tout force avoir cet échange. »
Regard interrogateur.
« L'explication, si vous souhaitez me la donner, devra attendre, venez que je vous présente quelqu'un de bien plus agréable. »

****

A l'invitation de ma sœur je m'installe donc amusé par ce bras qui se volatilise soudainement, bien que cet étranger aux manières familières m'intrigue de plus en plus. Qui peut-il bien être ?

« Ravie de vous rencontré Messieurs, les amis de ma sœur sont mes amis, elle a bien plus de goût que moi en la matière, je me fie donc aveuglement à son jugement.»
Sourire de connivence en direction du Noble.
« Ne vous inquiétez pas Maerten il m'arrive que je fasse bonne pioche. »

Cette fois, mon regard passe d'Evelyne à l'étudiant que j'observe un très court instant avant de répondre d'un ton léger.

« Détrompez-vous, votre nom commence à être connu, vos interventions me paraissent toujours appropriés et vous l'art d'aborder des sujets bien sensibles contre des adversaires d'expérience. Un représentant de qualité que l'université a là, l'honneur est partagé. J'espère que nous aurons le loisir d'échanger plus avant, mais oublions peut-être la politique pour ce soir.

« Après tout mon futur est bien incertain et je ne vais pas l'annoncer sur la place publique. »


"J'espère que ma sœur a été clémente dans son portrait de ma personne malgré la voix qu'elle a choisi d'explorer. Tu n'as pas été trop dure avec ton frère ?

Enfin, permettez-moi de vous offrir à boire après tout, je viens d'acquérir espèces sonnantes et trébuchantes si durement gagné qu'il me faut les partager. »


La commande passée, j'écoute d'une oreille distraite la petite joute que se livre à mes côtés la délaissant un moment pour me tourner vers celui qui accapare une certaine part de ma curiosité d'autant que l'homme se montre également intéresser.

« Je vous remercie … Giovanni ? Giovanni de Ramas si mon oreille ne me fait point défaut. Je dois dire que vous attiser ma curiosité Monsieur si je puis me permettre, ne voyez pas en ces mots le moindre double sens. Juste que je ne vous avais encore jamais croisé dans l'entourage d'Evelyne dont la présence en ce lieu fait déjà parler.

Je te rassure ma sœur la chose m'amuse, m'intrigue certes, mais m'amuse.

Et pour vous répondre Giovanni je crois qu'il est difficile de s'intéresser au devenir de Marienburg sans s'intéresser à nos affaires extérieures. Nous sommes une nation tournée vers le monde, depuis notre indépendance, nous avons tissé des liens à travers des contrées toujours plus lointaines. Et à titre personnel, je trouve ce mélange de cultures tellement enrichissant qu'il se peut que mon avenir s'inscrive de nouveau loin d'ici. J'ai soif de connaissances avant de m'installer durablement dans la ville qui m'a vu naître.»


Paf la patate est enrobée puis lancée, j'imagine que certains vont la saisir en plein vol, oui ma sœur, oui mon cousin, ce soir je suis bien amer et il me faut rebondir. Si l'idée n'est encore qu'un germe, je pense qu'il va ma falloir quitter cette ville pour un temps.

Tout comme Markvalt, je pourrai encore continuer encore longtemps, mais la discussion est interrompue, l'annonce est faite nous avons un « magicien » en ces murs. Bonaventure, sérieusement ? Né dans les lointaines contrées …. bla bla bla … Honnêtement même si la magie existe, même si les miracles existent, ça sent l'entourloupe à plein nez.

Les lumières sont peu à peu éteintes, une mise en scène savamment orchestrée. Au profit de la pénombre et de la plupart des regards rivés sur la scène je me penche à l'oreille de ma sœur ne pouvant attendre plus longtemps, il faut que je le dise, que je vide le trop-plein de mon sac.

« Tu me manques Evelyne.»
Honnêtement, je suis rarement sincère avec mes sentiments, voilà qu'à mes côtés se tient la seule personne avec qui je ne triche pas. A voix plus basse encore.
« Je … Je me suis disputé avec Père … Vraiment … De façon irrémédiable, je crois. »

Pas besoin d'en dire plus, pas le moment, pas le lieu. Mes doigts étreignent brièvement les siens avant de les relâcher. Comment ai-je pu être aussi stupide ? J'oscille encore entre colère, amertume et un certain soulagement, difficile de l'expliquer bien qu'il me semble l'avoir déjà évoquer, radoterai-je ?

Reste que l'arrivée de ce pratiquant des arts occultes me laisse songeur, l'homme soigne la mise en scène. Une grande cape noire, un masque finement ouvragé représentant je ne sais quel démon lui recouvre le visage sans même compter l'évocation de la lointaine Sartosa promesse d'aventures et d'exotisme. Dans cet état d'esprit comment puis-je ignorer sa question, un volontaire ?! Bien entendu !

« Mon ami, je ne sais pas de quel bois il est fait, mais pourquoi ne pas le découvrir ? »


Mon regard se promène sur notre petite tablée, s'arrête sur mon cousin à qui je donne la chance de se manifester avant de me lever si le courage lui fait défaut

« Et bien Monsieur Bonaventure si aucun autre gentilshomme ne souhaite tenter l'aventure, je suis tout à vous. »


Délaissant mon veston sur le dossier de la banquette, je m'avance au milieu des tables, le regard rivé sur ce masque non sans quelques coups d’œil sur les charmes indéniables des deux assistantes. Les quelques marches franchis afin de rejoindre la scène, le public est devenu qu'une assemblée de silhouettes dont je ne peux que deviner l'interrogation muette de ce qui va suivre.

« Dois-je faire mes adieux à mes proches ?  Marienburg je t'ai aimé, sache-le. »

Inclinaison du buste simulant un au-revoir, léger rire, habitué à la scène de l'assemblée celle-ci n'est guère différente, un artiste, un public, un spectacle, une alchimie.
Niklaus Hänshel, Politicien
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 10 | Int 10 | Ini 9 | Att 10 | Par 10 | Tir 8 | Foi 8 | Mag 8 | NA 1 | PV 65/65

Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_niklaus_haenshel

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Bonaventure garda le buste bien droit, les doigts de ses mains collés entre eux, tout debout sur la scène. Si c’était un Niklaus passablement ivre qui grimpait les marches et qui affichait un air bien rigolard devant le mage, peut-être que ces sentiments pouvaient être balayés lorsqu’il se retrouvait enfin en tête-à-tête face au magicien.
Peut-être n’était-il, comme Maerten semblait le suggérer, qu'un imposteur. Un comédien bon pour porter des costumes et s’inventer des histoires fantastiques pour amuser une galerie de richous tout vêtus de soie. Mais une fois nez-à-nez avec le diable, Niklaus pouvait sentir les yeux vitreux du masque se poser sur lui. Des cailloux d’ambres brillants incrustés au sein d’un masque dont la vision semblait laisser deviner une texture étrange – de loin, on aurait dit un masque de porcelaine peinte. De près, le tout semblait beaucoup trop organique pour. On aurait dit de véritables écailles.


« Et quel est donc votre nom, honorable homme ?
Maître Niklaus ; Saluez donc maître Niklaus je vous prie, il faudra lui reconnaître un courage certain – Maître Niklaus, je vous confie la charmante main d’Ioana, vous êtes en très bonne compagnie. »


Bonaventure approcha son gant de la patte de Niklaus pour s’en saisir. Une sorte de courant froid, une bourrasque glacée, força tout le bras du jeune patrice à être couvert de chair de poule. Il avait senti comme une griffe acérée se saisir de lui. Comme une main de squelette.
Mais le mage tendit vite la-dite patte entre les doigts fin d’une des assistantes, au sourire si éclatant qu’elle aurait pu faire de la prestidigitation aux côtés d’un vendeur d’essences pour les dents. Ioana ne sonnait pas du tout Jutones. Personne dans tout le Pays Perdu ne portait ce genre de patronyme. En fait, Niklaus était persuadé de reconnaître là un nom de Strigany ; Un étrange peuple nomade, dont les origines remonteraient au lointain Golfe Noir. Si leurs coutumes et leurs mœurs étaient probablement victimes de beaucoup de fantasmes, les Strigany passaient pour des diseurs de bonne aventure, des mystiques, et des voleurs de poule qui semaient la zizanie partout où ils allaient. Quelques-uns vivaient de spectacles et de jeux de saltimbanques. Probablement le cas de cette jeune fille et de cet énigmatique mage.

Ioana se retourna et fit s’approcher Niklaus d’une planche retenue sur deux tréteaux. Elle l’invita à lentement s’allonger, tandis que Bonaventure, tout flegmatique, continuait de faire son numéro devant l’assistance :

« Alors que la nuit tombe et recouvre les rues de ténèbres, c’est le vent d’Ulgu qui souffle… Il s’agite en rafales, et couvre le monde d’un voile.
Il y a encore un peu trop de lumières, ici. Cela dérange le vent que je souhaite tordre selon mes désirs… Permettez ? »


Il leva une main, et prononça une phrase dans une langue étrange et inconnue. Et tout autour de la scène, les bougies qui tentaient de faiblement illuminer l’estrade s’éteignirent.
Cela impressionnant suffisamment certains dans la salle pour applaudir. Mais Bonaventure ne faisait que commencer. Il s’approcha tout droit de Niklaus, passa à côté de lui, et se saisit de ses mains pour les lui faire poser contre son cœur.

« Tranquillisez-vous, maître Niklaus ; J’ai besoin de votre coopération alcyonienne pour ce qui va suivre.
Gentilshommes, maîtres, observez donc ; Il n’y a rien en dessous de cette planche. »


Et pour le montrer, il s’accroupit et passa une main en-dessous.

« Ni au-dessus. Ni sur les côtés. Et rien derrière moi. »

Les deux assistantes ramenèrent une large couverture. Elles la posèrent sur le corps de Niklaus. Alors qu’Ioana s’apprêtait à recouvrir le visage du patrice avec, Bonaventure l’arrêta d’un signe de main.

« Tout va bien ? Vous n’êtes pas paniqué ? Pas de problème pour respirer ?
Vous êtes un brave jeune homme, mais personne ne vous reprocherait votre vaillance si vous aviez des doutes ! »


Impossible de savoir s’il souriait ou grimaçait derrière son satané masque d’écailles. Mais enfin, après avoir bien eu le consentement de Niklaus à voix haute, il fit un signe de tête à Ioana, et ainsi, la vue déjà bien limitée dans le noir du fils Hänshel fut maintenant totalement obstrué par le linge.

Bonaventure se mit à poser ses mains sur lui. Puis à les surélever. Et lentement, il parla. Parla dans des syllabes décousues et incompréhensibles. Incanta dans quelque ancien dialecte ésotérique. Fit appel à des arcanes.

Niklaus sentit, lentement, la chair de poule le gagner. Et ses muscles se raidir. Et, petit à petit, il perdit le contrôle de lui-même. Il se sentit s’élever. Quitter le plateau. Droit comme une planche, il se mettait à léviter au-dessus du sol.
Dans l’audience, il entendit des spectateurs avoir le souffle coupé. Quelques applaudissements timides. Bonaventure continua de psalmodier. De chanter avec un rythme nasillard et désagréable. Maintenant, la peau de Niklaus le démangeait, mais il était incapable de contrôler le moindre de ses muscles. Un froid glacial s’empara de lui. Il sentait un gros poids, une masse contre son cœur. Une pression dans ses sinus.

Les deux assistantes prirent le linge, et le tirèrent à toute vitesse, et en rouvrant les yeux, Niklaus fut assailli d’une vision terrible.





Image



C’était une chose. Il n’y avait aucun mot dans le vocabulaire de Hänshel pour comprendre ce qui s’affichait devant lui. Une chose, avec une sorte de bouche, géante, dégoulinante de filaments blancs. Niklaus avait envie de se débattre : Mais ses muscles étaient raides. Il avait envie de hurler, mais sa bouche refusait de s’ouvrir. Son cerveau décida alors, en manque d’autres alternatives, de faire la chose la plus accessible : Il sombra dans l’inconscience, et força Niklaus à tomber assommé.


Il entendait des applaudissements. On tirait la couverture sur lui. La pièce était à nouveau toute éclairée, et plusieurs personnes debout lançaient des « bravo ! » répétés. Bonaventure fit une longue révérence, tandis que les deux jeunes filles levaient un Niklaus aux jambes tremblantes, en sueur, pâle comme un linge. En le voyant trébucher et manquer de tomber, Bonaventure se fendit d’un petit rire.

« Il est secoué ! Oh, j’ai déjà vu des réactions bien pires que celles-ci !
Bravo à vous, maître Niklaus, bravo ! »


Sans demander son avis, les assistantes l’accompagnaient jusqu’à sa table. Giovanni, Markvalt, Évelyne et Gerard semblaient avoir les yeux pétillants, avec en plus la bouche entrouverte, totalement émerveillé, pour ce dernier. Seul Maerten semblait faire la tête. Il gardait une pipe dans le bec, et fronçait férocement des sourcils, en toisant Bonaventure du regard.
Gerard sautillait sur sa chaise :

« Comment il a fait pour te faire disparaître ?! Y avait un mécanisme, c’est ça ?! »

Maerten se leva pour aider le pauvre Niklaus à s’asseoir. Il lui posa une main rassurante sur l’épaule.

« Hé ? Ça va ?
T’es tout pâle, Nicolaas, comme quelqu’un qui a rien mangé depuis ce matin. »

Jet de connaissance de Niklaus : 3, réussite.

Lancement du sort ???? par Bonaventure.
Jet : 6, réussite.

Jet de résistance mentale de Niklaus.
Malus : -6 (Vision terrible)
Jet : 16, échec. Niklaus est proprement terrifié et incapable de réagir face à la vision.
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Message par Niklaus Hänshel »

L’orgueil peut mener à nombre d'actions qu'un observateur extérieur qualifiera d'idiotes, je crois en avoir fourni un certain nombre depuis que quelques-uns s'intéressent à mon devenir. Nous pensions, et moi en tête de file, que pour aujourd'hui la coupe était pleine, mais visiblement, il reste encore un peu de place avant qu'elle ne déborde complètement. Imbibé d'alcool et de rancœur, je pensais pouvoir me pavaner sur cette scène, Niklaus Hänshel celui qui osait braver la magie, les hommes salueraient mon courage quand aux rares jeunes femmes elles abandonneraient toute pudeur pour … Je vous laisse imaginer les visions qui me viennent à l'esprit.

Rapidement, ces visions m'abandonnent, rapidement, je sais que ce ne sont là que chimères et le doute s'installe, s'insinue tel un poison dans mes veines jusqu'à se transformer en légère angoisse. Tout proche de ce Bonaventure l'homme n'est plus le charlatan que j'imaginais. Mon sourire s'efface devant ce masque, je détourne les yeux après l'avoir observé quelques secondes de trop, que se cache t-il derrière cette porcelaine à moins que … non mon esprit me joue des tours, un simple objet dont la manufacture est diablement bien exécutée, rien d'autre, impossible. Impossible de reculer non plus, d'ailleurs, il me faut un effort de volonté pour ne pas sursauter alors que sa main m'effleure, une main ? Une griffe ?

Je déglutis, tente de reprendre un peu de superbe et trouve refuge dans les bras de Ioana.
Mes doigts effleurent les siens, mon regard ne se prive pas pour l'admirer. Une strigany, bon d'accord, on peut faire mieux en terme de parti, mais pour l'exotisme admettez qu'une saltimbanque à la peau cuivrée reste tout à fait acceptable.

En guise de literie pour un ébat sauvage me voilà installé sur une planche, les battements de mon cœur accélère lentement mais sûrement, le moment approche et je ne sais à quoi m'attendre. Par tous les dieux épargnez moi l'humiliation, pas ici, pas devant eux.

« Ma … coopération alcyion …. »

Bordel que ma bouche est pâteuse, je n'arrive même pas regarder ce masque qui luit très faiblement dans la pénombre, à moins que cela ne soit là encore qu'un tour de mon esprit.
Bon en gros, il me demande de me calmer, plus facile à dire qu'à faire, inspire doucement, expire, inspire, regarde l'assistante, bombe le torse, sourit, tu es fort, tu es un homme, tu es Niklaus Hänshel.

« Euh elle fait quoi avec sa couverture ?  Quoi, comment ça tout va bien ? Mais enlève ton satané masque quand tu causes, c'est vraiment trop perturbant.... »

Hochement de tête, ouais bien entendu que personne ne me reprochera ma vaillance et mon cul, c'est du poulet. Vous savez où vous êtes Monsieur Bonaventure ? Si je recule maintenant je n'ai plus qu'à vous suivre sur les routes pour m’exiler, bien qu'au vu de ma situation actuelle, l'idée pourrait être tentante, vous recrutez ? Je tiens très bien une comptabilité.

« Et bien tout comme les spectateurs, j'attends la suite avec grande impatience !  Vous nous faites languir Monsieur Bonaventure. »

J'ai réussi, un léger effort pour qu'aucune bafouille ne vienne gâcher ce mensonge.
Non... non pas la couverture... trop tard, me voilà maintenant complètement coupé du monde enfin juste aveuglé mais c'est déjà de trop.

Combien de temps s'écoule ?
Aucune idée, je tends l'oreille, je hume l'air, mes doigts effleurent tour à tour ce qui passent à leur portée. Mes membres s'engourdissent peu à peu, premier constat guère rassurant que quelque chose se passe bel et bien. Puis je perds le contact avec la planche pour me sentir lentement m'élever sans que je ne puisse bouger le moindre muscle, un froid à glacer le désert Arabéen envahie chaque cellule de mon corps, je dois bien avouer que ce n'est plus du doute qui trotte dans ma tête à ce moment-là, mais la peur.

Une peur qui devient terreur, mes paupières s'ouvrent devant un … une ….
Rien ne m'avait préparé à une telle chose, rien de ce que j'ai déjà vécu ne peut rivaliser avec ça.
Rien ne peut retranscrire la puissance de la frayeur qui est mienne, je veux hurler à m'en faire péter les cordes vocales, pourtant aucun sort ne sort de ma bouche.
Aucune fuite n'est possible physiquement alors je prends la seule qui m'est offerte, je sombre dans une réconfortante inconscience.

Des lumières, des sons, des odeurs, je reviens à moi, mes jambes tremblent, je manque de trébucher un goût de bile en bouche avant que je ne sois rattrapé par des bras qui me guident jusqu'à ma table. Tout me paraît si lointain, Maerten prend le relais des assistantes pour m'installer sur la banquette sur laquelle je m'écroule ou presque. Ma main s'empare d'un verre qui traîne sur la table, renverse un peu de son contenu avant d'en avaler une gorgée.

« Je …. Je sais pas trop s'était … »
Difficile de faire le point, les idées s'enchaînent avec peine et cette vision …. Cette chose.

« J'ai vu quelque chose, c'est complètement fou mais … mais j'ai vu un … un visage... ou une bouche... quelque chose, je peux pas le décrire, je veux pas le décrire. Je connais rien à la magie mais ce n'était pas … pas de l'illusion ou des « trucs » il … Il a vraiment fait quelque chose. »

Un frisson parcourt mon échine, mon veston enfilé afin de lutter contre ce froid inexplicable qui perdure mon regard revient sur la scène mi-intrigué, mi-effrayé par l'homme qui se tient encore dessus.

« Vous m'excuserez, j'ai besoin de prendre un peu l'air afin de me remettre de cette expérience. »

Je me lève encore un peu secoué, me tourne vers ma sœur.
« Tu m'accompagnes ? »
Niklaus Hänshel, Politicien
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Si tout le monde, Maerten excepté, avait les yeux brillants et semblait sous le charme, les mines changèrent d’aspect en voyant à quel point Niklaus semblait avoir été chamboulé, décrivant quelque vision horrible. Giovanni eut un petit sourire gêné, Markvalt et Gerard froncèrent les sourcils en ayant une petite mine – Évelyne fut apparemment la plus touchée, sa bouche entrouverte, elle glissa sur sa banquette pour s’approcher de son jumeau lorsqu’il se lève pour lui demander de sortir un instant.

« Mais… Mais oui bien sûr, aucun problème, bafouilla-t-elle en se levant.
– Oh, n’oublie pas ton manteau ! se rattrapa Giovanni en lui tendant son vêtement, tout sourire.
– Bien sûr, merci. »

Maerten semblait beaucoup se soucier de Niklaus. Il passa une main sans le toucher tout près de son flanc, comme pour prévenir une éventuelle chute. Et avec une toute petite voix un peu maniérée – ce qui ne lui ressemblait pas, pour le peu qu’il avait pu voir de lui – il lui demanda d’un air rassurant :

« Tout va bien, pas besoin de manger quelque chose ? Essayez de boire de l’eau, ça requinque pas mais ça vous évitera de tourner de l’œil. »

Évelyne prit le bras de son frère en se recouvrant d’une grosse pèlerine en toile qui la fit ressembler à un épouvantail ; Elle cachait toute sa silhouette sous le pardessus, peut-être le moyen idéal de ne pas être emmerdée en se baladant dans les rues de Marienburg. Dans le noir, ils traversèrent la salle du Chat Noir, tandis que Bonaventure et ses Stryganis passaient au second numéro : Pour ce cirque-là, le mage était en train de jouer avec des cartes, comme Maerten tout à l’heure.
En faisant fureter son regard vers la scène, il croisa les yeux d’ambres du masque de Bonaventure. Un frisson parcourut l’échine de Niklaus – il était persuadé que le magicien l’avait longuement observé, parmi tous les autres spectateurs.



Évelyne entraîna Niklaus jusqu’à un petit escalier qui menait vers une arrière-cour du Chat Noir. Rien de bien sympathique à voir de ce côté ; C’était une sortie de service, où un cuisinier balançait un seau rempli de coquilles de moules, tout en engueulant un de ses commis comme pas permis, insultant sa mère et sa grand-mère dans la même phrase. Le froid dehors était mordant – l’hiver picotait d’autant plus que Niklaus sortait d’une grande salle remplie. Mais au moins, il respirait beaucoup plus. Il retrouvait l’air salé et un peu plus sain que le renfermé empestant le tabac froid et les herbes fumées – même si ça schlinguait le mollusque.

« Tout va bien mon Nicolaas ? Ce que tu me décris, c’est…
C’était si terrible que ça ? »


Évelyne lui offrait un petit sourire compassionnel, en posant une main sur son épaule.

« Dis-moi tout. »
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Niklaus Hänshel
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Message par Niklaus Hänshel »

Si l'alcool n'embrumait pas mon esprit, la dispute n’assombrissait pas mon humeur et cette dernière expérience n'avait pas éveillé quelques frayeurs populaires, j'aurai pu noter avec une certaine surprise le geste de Maerten en mon encontre, un geste d'amitié,de sollicitude ou juste de pure courtoisie ? Mais c'est tout juste si ma main attrapa la carafe d'eau et un verre avant de me laisser guider entre les tables au bras de ma sœur, le regard un peu vide jusqu'à croiser le masque de Bonaventure qui se livrait à quelques tours de passe-passe sur la scène du "Chat Noir".

Un frisson remonta le long de mon échine malgré la chaleur de l'intérieur. L'échange visuel dura tout juste le temps d'un battement de cœur qui me parut bien long. Était-ce mon imagination ou l'individu me scrutait ? Ma hanche rencontra le dossier d'une chaise, je bafouillai une vague excuse auprès de l'occupant mécontent de ce inopportun incident avant de presser le pas sur les talons d'Evelyne non sans un dernier coup d'oeil furtif en direction du centre de l'attention, oui, il me regardait !!

Avec soulagement, je rejoins l'extérieur, une petite cours où l'air vivifiant à l'odeur que trop iodée est aussi efficace qu'une gifle pour m'extirper en partie de cet état léthargique dans lequel je me trouve engluer. Une grand inspiration avant de venir poser mon séant sur l'une des caisses qui traîne. La bouteille à la main j'en verse un verre que je tends à ma sœur, pour ma part, c'est au goulot que j'en bois une longue rasade, Dieu que je suis assoiffé conséquence d'une journée bien arrosée.

Quelques minutes s'écoulent, seule l'activité ambiante brise le silence qui s'installe entre nous. Je rassemble mes idées, j'ose à peine croiser son regard, elle est mon ancre et pourtant elle est partie. Je lui en veux, je lui en veux terriblement et pourtant.

"Dis-moi tout."


Je répète ses propres mots dans un murmure à peine audible.
Si seulement.

Nouvelle inspiration, je me relève et m'avance.
Ma main se lève et effleure sa joue avec la plus grande des tendresses comme pour graver ce moment dans ma mémoire avant de me détourner.

"Ce qui devait finir par arriver vient de se produire. Tu as eu raison, il t'a fallu le courage que je n'ai pas eu, mais tu as eu raison.
Nous avons eu une réunion de famille en début de soirée, enfin Père, Alexander, moi et les conseillers pour faire le point sur la campagne à venir.
Entre choses, j'ai ... Je lui ai dit qu'il avait une politique rétrograde et misogyne, qu'il fallait revoir certaines choses afin d'évoluer avec l'opinion d'un nouvel électorat. Se séparer des casseroles et promouvoir de nouveaux visages dans notre liste.

Bref, je te passe les détails, au final le ton est monté, j'ai été quelque peu insultant
*haussement d'épaule* j'imagine et il m'a rayé de sa liste alors que tous semblaient partager au moins certaines de mes idées, mais tu le connais. Certes, j'aurai pu prendre le temps pour infléchir son opinion et encore que. Cela fait maintenant trop longtemps qu'on subit constamment ses remontrances, son humeur, jamais un sourire ou une satisfaction sur son visage."

Mon poing se serre un bref instant, nouvelle goulée d'eau.

"Je te l'ai dit, tu me manques, terriblement, je voulais te voir même avant ça. Alors je ne cherche pas vraiment la compassion ce soir, il me faut assumer ce choix maintenant. Mais je devais te le dire, je ne sais pas ce que je vais faire maintenant, je ne sais pas si vais te revoir avant un certain temps, j'envisage de partir, peut-être."


Long soupire avant de tenter un léger sourire.

"Et toi comment vas-tu ? Tu me parais rayonnante, je suis si heureux que le hasard nous ait réuni ce soir. Et comme je ne crois guère au hasard, je me demande ce que tu fais là très chère Soeur ?"

Appuyant d'un ton très légèrement taquin sur ce dernier mot afin de mettre en avant son statut plutôt que notre lien de sang.

"Et qui est l'homme avec qui tu t'acoquines ? SI cela n'est pas trop poussée ma curiosité."
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Re: [Niklaus Hanshel] Je maintiendrai

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le sourire d’Évelyne disparut pour afficher à la place une mine grave. Sérieuse. Elle semblait soudain songer à quelque chose, assez contrariant pour la forcer à lier ses mains dans le dos.
Plutôt que de répondre tout de suite à Niklaus sur le sujet de leur père, elle prit une expression faussement détendue pour parler d’elle-même :

« L’homme avec moi, Giovanni ? Ou Markvalt ?
Giovanni c’est un frère convers du culte de Véréna. Il n’a aucune intention de faire une carrière ecclésiastique, mais c’est un sculpteur, très talentueux. Et un ami.
Markvalt aussi, mais c’est… Disons qu’il a voulu me faire une proposition, j’hésite encore à accepter. Il souhaite porter plainte contre la commission à la sûreté, faire un procès public contre Rothemuur. Il a des camarades étudiants qui ont été envoyés à la prison de Rijker pour sédition, et il compte les faire sortir. Tu n'étais pas là quand il y a eu des émeutes, c'était il y a des années, t'étais à Bilbali, mais... Mais Markvalt et moi, on a perdu des copains.
Il aimerait que je sois son avocate pour ça.
Et puis...
J’ai pas souvent eu l’occasion d’aller au Chat Noir, parce que je suis une femme, tu sais. Il m’a proposé, j’ai accepté. C’est tout. »


Elle resta silencieuse un petit instant, puis haussa les épaules.

« Je dois beaucoup à papa. Il m’a payé mes études. C’est pas tous les patriciens de Marienburg qui tiennent ainsi à l’avenir de leurs filles. C’est grâce à lui que j’ai pu obtenir un poste, que j’ai la chance d’avoir un avenir – ça correspondait peut-être pas avec ce qu’il avait en tête pour moi, mais ce n’est pas grave, je ne lui en veux pas. On s’est séparés en bons termes, tu sais ; Je lui ai demandé de cesser de me verser une pension, et que je me concentrerai sur ma sinécure et mon office. Il avait l’air… Triste, mais compréhensif. »

Puis, soudain, comme si quelque chose venait de refluer en elle, elle se mit à froncer les sourcils, et à reparaître bien coléreuse.

« Non et puis, en vrai, il y a une autre raison pour laquelle j’ai quitté le manoir tu sais. Je… C’est pas parce que j’ai épousé un capitaine des Coiffes Noires. Ça c’est ce que je dis à tout le monde, mais la vérité, c’est que papa était heureux que j’épouse quelqu’un par amour. Et il apprécie son gendre. C’est un brave homme.
Non, ma brouille, c’est pas avec lui. C’est avec mère. »


Elle serra son poing. Regarda derrière elle. La petite cour. Un garçon avait fini de poser des poubelles devant la voirie et rentrait à nouveau dans les cuisines. Ils étaient seuls, et pourtant, elle parlait avec une voix bien mesurée.

« C’est tout de même un sacré gâchis… Tu sais que sans père, tu ne serais jamais rentré à Marienburg ?
Maman et sa famille, les Ottenmeir… Ils voulaient pas de ton retour. Ils ont arrangé un avenir pour Alexander. La famille Hänshel a accumulé des dettes, pas eu de chances sur pas mal d’affaires, la faute au Déluge des Norses y a quatre ans, la guerre, tout ça… C’est la famille de maman qui aide papa, mais en échange, ils misent beaucoup sur Alexander et sur nos sœurs. Toi, ils te prennent pour... Bah, pour ce que t'étais avant de partir. Un vaurien, et un criminel. Ils voulaient que tu sois déshérité. Te séparer définitivement de la famille.
Nicolaas, écoute, si papa avait pas insisté pour que tu reviennes, en promettant que tu t'étais rangé, tu serais resté en Estalie toute ta vie avec Philippo. Pour ça que je comprends pas la réaction de notre père. Peut-être que c’est à cause de maman, en fait. Je ne sais pas. Je ne l’ai pas revue depuis tellement longtemps... »


Elle haussa une énième fois des épaules, en ayant l’air maintenant plus triste qu’énervée.

« Tu ignores ce que tu comptes faire, du coup ? De ta vie, je veux dire.
Est-ce que… Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »

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