«Ma belle Lucy, mais je vais magnifiquement bien très cher! Je devais avoir l’air concentré c’est tout, je pensais aux quelques jours de célébrations qui nous restaient ici. Après, la vie terne et monotone allait revenir au manoir. Par chance, votre présence égayera fort heureusement le décor. Margaret et son attitude de rabat-joie quitteront nos murs pour aller rejoindre son nouvel époux, et nous pourrons enfin nous concentrer sur vous, douce Lucy. Je m’excuse encore d’ailleurs, cela fait bientôt plus de 30 jours que vous êtes, telle une prisonnière, enfermé entre nos murs. Mais je tiens à vous rassurer, plus le temps passe à l’extérieur, plus les gens qui vous en veulent vous oublieront. Selon mes sources, les Chapeaux Noirs ne parlent plus du tout de vous dans les casernes depuis une semaine au moins. Une fois le mariage célébré, une nouvelle vie s’offrira à vous! Je vais devoir vous laissez belle princesse, j’ai encore beaucoup à faire pour ce soir au Brelan, vous venez j’espère bien? Fantastique! Une telle soirée aurait été bien triste sans vous! Profitez-en! Faites la fête avec Jean, buvez, dansez, amusez-vous!» |
Si ces quelques mots, Saïd s’inclina doucement en signe de politesse, prit la main de Lucy et y déposa un tendre baiser. Pendant une fraction de seconde, l’arabéen sourit subtilement et fit un lent clin d’œil à sa protégée. Il se releva, relâcha la main de Lucy et d’un geste calculé, prit son départ. Jean avait tout vu, il la rejoignit et passa un bras dans son dos découvert.
«Tu es p-prête? Je dois allez porter un co-colis à Margaret avant de p-partir à la fête de ce soir, tu m’accompagnes?» |
Alors qu’ils profitaient du crépuscule orangé du ciel lors de leur randonnée, Jean expliqua pourquoi Margaret n’était pas au Manoir depuis 3 jours. La tradition familiale insistait pour une longue célébration, mais aussi une dernière séparation. Margaret était depuis dans une résidence privée, éloignée du manoir. À y vivre ses derniers moments de solitude avant de devenir une tendre épouse, dévoué à son mari comme la coutume le doit. La maison se trouvait dans le fond d’un cul-de-sac peu éclairé, un endroit qui ne présageait pas la présence d’une femme si bien placée dans la société. Quelques lueurs de chandelles traversaient les rideaux de la chaumière en bois. Jean cogna 3 fois à la porte et puis 2 fois plus lentement. Un code secret surement. Quelque instant plus tard, Margaret vint ouvrir, visiblement ennuyé, mais encore plus qu’à son habitude. «Il était temps Jean, c’est long ici toute seul, oh tiens, la nouvelle. Dis-moi, comment trouves-tu jusqu’à maintenant MON mariage, j’espère que TU t’amuses bien, parce que pour moi, c’est fort probablement la plus longue et la plus décevante fête que je n’ai jamais vécue.» Jean intervint rapidement avant que le caractère explosif de Maraget ne fasse plus de dégât que nécessaire. «Du calme Maggy, il ne reste que 2 jours, et tu rencontreras ton futur mari. Comme prévue, tu te souviens, ça ne vaut pas la peine de t’énerver. Voici les ouvrages que tu voulais pour lire, nous devons y aller, nous sommes attendus.» Margaret agrippa le paquet de livres et claqua la porte derrière elle. «J-je suis désolé, elle est un peu toujours comme ça, mais au fond d’elle c’est un b-b-bonne personne».
---------------------------------------------------------- Musique d'ambiance
La route vers le Brelan était d’un calme magnifique, les soirées froides avaient comme avantage de vider la rue des bedeaux. Ils allaient tous se réchauffer dans les maintes tavernes et trous afin d’y boire un vin épicé chaud et échanger maints potins sur la vie du quartier. Le Casino se retrouvait à l’entrée d’Elfsgemeente, Elfeville, sur le pont principal qui menait au bastion du Roi Phénix. Le bâtiment faisait plus de 3 étages, 2 au niveau du pont et un dans la structure soutenante de l’ouvrage architecturale. L’accueil de l’endroit était occupé par une magnifique femme aux traits forts, Morgane Bauersdottir, une impériale, administratrice de l’établissement. Malgré le contexte plus privé de la soirée, la Dame expliqua les règlements du Brelan. Toute arme doit être remise au vestiaire, il n’y aura aucuns frais d’entrés pour tous les invités, aucune dispute ne sera tolérée vis a vis les décisions du casino et de son administration. Aucun avertissement ne sera donné avant une expulsion sommaire par l’équipe de sécurité mise en place.
Une fois à l’intérieur de l’établissement, une chaleur excitante faisait vibrer l’endroit, il y avait foule. Animation aux quatre coins de la salle de spectacle, sur scène, équilibriste et contorsionniste à rendre jaloux toute courtisane. Dans la salle même, entre les invités, musiciens et saltimbanque costumé mettaient l’ambiance aux maximums. La pièce éclairée par un immense chandelier, les murs en bois massif brûlé. D’immenses tapisseries représentant artistes et célébrations d’un peu partout au pays peuplaient la salle. Les gens riaient, dansaient et s’amusaient. Le jeune marié était déjà arrivé et entouré par ses amis proches. La rumeur courrait que certaines tables du casino de l’étage inférieur n’offraient une place que si l’on misait au bas mot 20 couronnes. Dame Cassandra était bien assise dans une banquette capitonnée, elle riait, pour une fois, à gorge déployée. Un immense sourire traversait son visage qui était normalement si stoïque. Elle était assise avec 3 dames d’égal rang si on se fiait aux accoutrements de chacune. D’un autre côté de la grande salle, un invité qui avait visiblement pris quelques boissons de trop se faisait montrer poliment la sortie. Il surenchère en criant à un des propriétaires de l’établissement, Trancas Quendalmanliye, de retournés sur son île avec tous ses cousins aux longues oreilles. Nous pourrions aisément décrire le grabuge que l’homme provoqua alors qu’il se faisait raccompagner vers la sortie, mais ce serait pâle en comparaison a la réaction du public lorsque l’homme se fit promptement éjecté par une porte savamment placée pour les trouble-fêtes, direction l’eau glaciale de la rivière qui coulait sous l’établissement. Une ronde d’applaudissement et de chanson suivit ces débâcles et la fête continua.
Pour une fête, c’était très bien réussi. Le vin, la compagnie, le chef cuisinier, tous les éléments clés d’un casse-tête y étaient réunis et l’œuvre finale était magistrale. La musique d’accordéon se jumelait aux explosions de rires. Les danses et chansons valsaient ensemble tout la soirée. Jean profita de sa douce invitée en visitant une des chambres privées présentes à l’entrée du Casino, l’alcool rendait les esprits libres et les mains téméraires. Trop téméraires pour la grande salle. Moult chaudes caresses et entrechoque des corps plus tard, Lucy se retrouva un moment seule, assise au bar à commander une boisson pour la revigoré. Saïd se glissa jusqu’a elle à ce moment, lui aussi très bien enjoué par la traîtresse qu’était l’Eau-de-vie.
«Tu sais Lucy, je suis vraiment désolé de tout ce qui t’est arrivé, l’incendie, les répurgateurs, tout ça. J’ai l’impression que sans ça, rien de tout ceci ne se serait passé comme ça et peut-être nous ne nous serions perdus de vue, qui sait.» Le personnage charmeur de Saïd était différent ce soir, fort probablement l’abus de vin lui avait trop fait tourner la tête. Il renchérit, «J’espère vraiment que ça va bien se passer pour toi avec nous. Que Cassandra va t’accepter, je travaille encore là dessus en passant. Je sais... je ne suis pas… je ne suis pas comme elle tu comprends, enfin… Je…" Il regarda vers son verre à moitié vide. "Je suis... désolé.”. |
Ses mains agrippèrent les cheveux de Lucy avant de se propulsé, lèvre entrouverte vers Lucy. La vélocité de son corps fut difficilement acceptée par son tabouret qui fut projeté au sol. Il tenta d’embrasser vigoureusement la jeune femme. Mais fut interrompu par la maîtresse gravité. Saïd s’écroula sur le sol, présenta mille excuses à moitié prononcées, rampa hors du champ de vision de Lucy et se dirigea vers le casino à l’étage inférieur. De retour au bar, le serveur lui offrit son verre, un compliment de la maison lui dit-il en offrant une carte de visite pliée en deux.
Sur un côté de la carte, il n’y avait qu’une lettre. Une sordide et malveillante lettre. Cette lettre qui était la source de bien des malheurs pour la pauvre Lucy. À l’endos, un jugement bien pire que tout ce qui aurait pus être prononcé.
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Visiblement troublé, le serveur voulu montrer à Lucy qui lui avait offert le verre et la lettre, mais un rapide coup d’œil dans la salle le força à abandonner, l’homme était malheureusement disparu.