Clames fut d’abord surpris par le geste de Lucy, mais il comprit rapidement qu’après ce qu’elle venait de vivre, Lucy avait besoin de réconfort. Il lui rendit alors son câlin avec douceur, et lui lança le meilleur de ses sourires quand il vit une larme perler à l’œil de la courtisane.
Clames se rendit compte de manière plus qu’évidente de la nudité de Lucy quand il sentit ses seins au contact de son veston en cuir clouté et qu’il toucha son dos nu avec ses bras. Il eut alors un air un peu gêné et s’éloignant en douceur d’elle, il maugréa :
« Hum … On va vous trouver de quoi vous vêtir Mademoiselle, vous devez avoir froid »
Aux remarques de Lucy sur « le maître », Clames tiqua :
« Voleur de vie vous dites ? Mais que faisait-il avec vous autres ? Il vous vendait en tant qu’esclaves ? En tant que catins ?
Avançons, voulez-vous ? Nous discuterons en chemin »
Il prit alors les devants et passa dans la pièce suivante, Lucy sur ses talons.
« Et non, il n’y avait personne à l’étage, même si de ce que j’ai pu en voir, cette maison est vraiment surprenante. L’étage est empli de pièces contenant de nombreuses choses de valeur, comme s’il s’agissait d’un entrepôt, en fin de compte. Vraiment surprenant. Le niveau auquel nous sommes est constitué de toutes les pièces de vie habituelles pour quelqu’un possédant quelque peu d’argent. Observez, nous arrivons dans la cuisine. »
Ils étaient entrés dans une cuisine des plus pratiques, disposant d’un grand plan central pavé de céramique bleue et blanche, d’un accès à l’eau de pluie stockée certainement sur le toit, d’une cheminée large et pratique, ainsi que de plusieurs meubles contenant certainement des ustensiles divers.
« Ce qui est surprenant, vous disais-je, c’est l’agencement des pièces. Tout ce qu’il faut pour vivre est à cet étage, mais il n’y a aucun couloir, on est obligé de traverser la pièce précédente avant de passer à la suivante. Il n’y a que le hall d’entrée qui doit également servir de comptoir de réception qui dispose d’une troisième porte, celle-ci amenant justement à l’étage. »
Ils passent alors une nouvelle porte et entrent dans des latrines plutôt large et lumineuses.
« Tenez ! Qu’est-ce que je vous disais, on passe aux latrines, et ensuite, on a une chambre de maître, puis la salle de travail avec bibliothèque, puis la salle de repos avec sofas, et enfin la très grande salle à manger. Ce n’est qu’une fois dans la salle à manger que l’on a accès aux sous-sols. »
Ils continuèrent alors leur traversée, traversant la chambre de maître et attrapant un chandail, puis entrant alors dans la salle de travail. Lucy se décida alors à répondre à la question de Clames sur son garde, Will.
« Diable ! Le bougre n’était pas mort ! Nous l’avions trouvé sur un sofa dans la salle de repos, en train de dormir. Cette brute, en se réveillant, a voulu nous attaquer, et dans un réflexe commun, nous l’avons percé de nos lames. Il semblait mort. Renvoyant les autres chercher des soins, j’ai continué avec Will, et quand nous avons vu qu’il y avait un sous-sol, je l’ai laissé y aller, rebroussant chemin et explorant le premier étage. Cette bête ne devait pas être morte en fin de compte.
Cela m’attriste pour Will, il s’agissait de mon meilleur garde, il faisait toujours preuve d’un sang-froid surprenant dans les pires moments, alors que dans les moments calmes il était doux et gentil comme un agneau. Une fois ceci fini, vous viendriez avec moi expliquer ce qui s’est passé à sa femme ? Vous en avez déjà fait beaucoup, je le sais et je vous en remercie, cependant je pense que sa femme apprécierait. »
Ils entrèrent alors dans la salle de repos, disposant de moquette partout, de grands tapis, et de sofas moelleux. Toute la pièce invitait à la paresse, si ce n’était l’énorme tâche de sang encore semi-frais sur le plus gros des sofas.
« Vous voyez, la brute était ici. Regardez, des gouttes de sang, une fois qu’il s’est réveillé, il a directement foncé vers les sous-sols, sans aucune hésitation. »
Lucy remarqua alors les gouttes de sang dont parlait le capitaine. Ils continuèrent leur chemin le long des pièces, entrant dans la salle à manger qu’avait découverte Lucy un peu plus tôt. Elle n’avait pas remarqué les tâches de sang sur le sol, dans sa précipitation pour quitter l’endroit. Rien n’avait bougé dans la pièce, la fenêtre par laquelle elle avait sauté était toujours ouverte, et un vent frais et chargé de sel entrait dans la pièce.
La courtisane prit alors les devants, connaissant le chemin. Elle parvint à la porte donnant sur les escaliers amenant aux sous-sols. Elle l’ouvrit avec délicatesse, craignant un coup de sabre malencontreux de Rolla. Les trois voleuses l’attendaient en bas, armes levées.
En la voyant, elles soupirèrent de soulagement, et Belma s’écria alors :
« Enfin ! Lucy j’ai bien cru que tu nous avais abandonnées ! Cela fait vraiment plaisir de te voir. Alors, qu’est-ce qu’il y a à l’étage ? Rien de dangereux j’espère ? »
Clames, qui suivait Lucy de près lui passa devant et les voleuses reculèrent de manière naturelle, à la vue d’un garde.
« Mesdames, bonjour. Je suis Clames, Capitaine de la Garde de Marienburg. Nous, enfin je, suis ici pour vous libérer et vous sauver. Will, mon garde, est mort non loin, n’est-ce pas ? Pouvez-vous m’amener à lui ? J’aimerai le voir. Nous reviendrons avec d’autres gars pour l’enterrer, mais pour l’instant nous n’avons pas le temps. Amenez-moi à lui, puis nous nous en irons à Marienburg. Je vous amènerai dans la caserne de l’Altstadt-Nord, ma caserne. Au vu de la situation et du problème de ce « maître », et de la mort de Will, vous devrez toutes faire un compte rendu de ce que vous avez vécu et ce que vous savez sur ce qu’il se passe ici. Vous certifierez sur l’honneur en trois exemplaire que votre déposition est complète et exacte et nous vous laisserons partir. Tant que ce n’est pas fait, vous êtes toutes quatre sous ma protection et sous mes ordres. »
Au fur et à mesure que le discours de Clames avançait, chaque voleuse commençait à resserrer sa prise sur son arme, ou à serrer ses poings si elle n’en avait pas. Elles essayaient chacune à sa façon de cacher leur anxiété de se faire découvrir en tant que voleuse mais Lucy comprit à leurs têtes que les voleuses n’aimaient pas ce qui allait se passer, et que chacune pouvait réagir de n’importe laquelle des manières à n’importe quel moment. Clames ne se rendait compte de rien pour le moment, attendant qu’on le guide vers le cadavre de Will. Qu’allais faire Lucy ?
100 ans ne sont qu'un clignement d'oeil dans la vie d'un elfe, alors soyez patient, et je posterai !