Lorsque celui-ci eu finit sa tirade, Lucy s’empressa de chercher de l’aide auprès de son sauveur, et également de demander de quoi se vêtir un minimum.
Le garde voyant la situation, et n’ayant rien pour libérer les jeunes femmes avec lui, retourna dans le couloir en courant, sans un mot. Les quatre femmes se regardèrent sans un mot, dans l’attente d’un nouveau mouvement, d’une quelconque information sur ce qui allait se passer ensuite.
Dix bonnes minutes plus tard, le garde revint, un marteau dans une main et un drap sur l’autre.
Il s’approcha de Lucy et lui posa en douceur le drap sur les épaules. Il détourna le regard avec dignité, ne voulant pas gêner la jeune femme, même s’il est évident qu’elle ne l’aurait pas été, au contraire.
Il saisit alors sa masse des deux mains et commença à taper dans l’attache de la chaîne au niveau du pilier. BAM ! Il frappa de toute ses forces, et le métal se tordit à peine. BAM ! Un second coup puissant dont l’onde sonore se propagea surement dans toute la maisonnée. BAM ! le troisième coup tordit violemment l’attache. BAM ! Le quatrième et dernier coup de masse arracha l’attache du pilier, un bout de pierre l’accompagnant. Lucy était libre, du moins elle était toujours liée à la chaine au travers de l’anneau lui enserrant la jambe, mais elle pouvait aller où elle voulait.
La garde commence à s’approcher de Mathilda, la halfeline, quand un hurlement de rage emplit l’air.
Danfer, torse nu, un sabre ensanglanté à la main apparut dans l’embrasure de la porte. Il avait dû être attaqué par surprise pendant son sommeil car une vilaine plaie lui barrait le flanc, dont le sang coulait à flot continu. Son sabre était dégainé, et il s’élança sur le garde de Marienburg qui, lâchant le marteau, fit un pas sur le côté pour éviter le choc. Il ne fut pas suffisamment rapide, et son bras gauche prit un coup de sabre, qui fut amorti par la maille. Malgré cela, le choc fut terrible, et le garde en tomba à genoux. Celui-ci s’empressa alors de sortir son épée et de se relever tant bien que mal, le bras gauche ballotant le long de son corps, haletant à cause du choc, il se mit en garde.
De son côté, Danfer semblait ivre de rage, la folie du combat et de la hargne s’était emparée de son esprit. Hurlant avec vigueur, il leva son sabre et l’abaissa aussitôt dans la direction du garde avec toute sa force. Le garde leva alors son épée de biais, afin de dévier le coup et d’enchainer avec un contre-attaque, mais Danfer avait le dessus, sa force monumentale affaiblissait le garde à chaque coup. Ainsi, lorsque le choc se fit entre les deux épées dans un éclat assourdissant, l’épée du garde se brisa en son centre, et le sabre continua sa course jusque dans le trapèze du garde, s’enfonçant profondément dans la chair du garde. Celui-ci hoqueta à cause de la douleur, et dans un dernier sursaut de lucidité, il planta les restes brisés de son épée jusqu’à la garde dans la gorge dévoilée du monstrueux Danfer.
Celui-ci s’écroula à la renverse au centre de la pièce, cherchant désespérément à retirer l’épée de sa gorge. Ses mains pleines de spasmes finirent par y arriver, mais alors le sang se fit à couler abondamment de la large plaie et Danfer s’étouffa dans son propre sang.
Au niveau du mur du fond, assis et appuyé contre la pierre froide, le garde était silencieux, observant avec étonnement le sang et la vie s’écouler de son épaule déchirée. Certes le pauvre homme était encore en vie, mais pour combien de temps ?
Après un combat aussi bref qu’intense, un long silence s’installa dans la pièce. Lucy était la seule à être libérée, et le marteau n’était plus visible. Qu’allait donc faire notre courtisane favorite ?