Elle rouvrit les yeux en sursaut, ne comprenant pas où elle était tandis que deux mains la repoussèrent pour la maintenir couchée. Elle se trouvait dans un lit de paille qui se voulait confortable, bien que de nombreux brins avaient transpercer le tissu qui le recouvrait, piquant la peau de la jeune femme. Une épaisse couverture recouvrait son corps et elle pouvait sentir qu'elle portait toujours les mêmes vêtement que lorsqu'elle était tombée inconsciente. Mais où était-elle ? Quand elle regarda autour d'elle, Lucy put voir de large voûte en ogive et de nombreuses statues. Un cœur était entrain de chanter des prières envoûtantes de voluptés tandis qu'un orgue majestueux faisait vibrer l'air dans une musique accompagnant parfaitement les choristes. Tandis que son esprit s'éclairait petit à petit, sortant de la torpeur dans laquelle il s'était plongé, Lucy finit par reconnaître les paroles qui étaient prononcées. Elle était dans un temple de Shallya !
La femme qui l'avait empêché de se relever portait en effet les atours traditionnelles des prêtresses de la déesse de la guérison. Elle lui adressait un large sourire de compassion, épongeant le front de la jeune courtisane avant de lui parler de sa voix douce :
-Mes larmes ne tariront pas pour ta douleur. Vous jetez comme cela dans les flemmes, vous avez de la chance d'être encore en vie... Reposez-vous. Je vais vous chercher de quoi vous nourrir un peu.
Elle se leva, marchant d'un pas léger en direction du centre de l'office où se trouvait une grande marmite et où une autre femme, plus âgée, distribuait de la soupe dans des bols en terre cuite tandis qu'une novice y ajoutait une miche de pain et une cuillère en bois. La prêtresse revint ensuite vers Lucy qui n'avait pas bougé, sans doute encore sous le choc et l'incompréhension de se trouver ici sans aucun souvenir de comment elle était parvenue ici... Ni de qui l'avait amené ici... Ni de si sa maison était encore debout... Ni si... ni...
La femme se mit à genoux à côté de la convalescente et lui tendit le bol de soupe fumante à l'odeur alléchante pour l'estomac vide de la courtisane. En effet, son ventre grogna famine et sa bouche se mit immédiatement à saliver en voyant la nourriture qu'on lui proposait. Et pourtant, elle avait été habitué à manger des choses bien meilleurs, mais quand on a faim, les yeux sont bien moins regardant. Mais une chose était étrange... la prêtresse la regardait avec tellement de pitié.
-Mangez, vous avez besoin de reprendre des forces.
Dit-elle... Non, c'était étrange, elle lui cachait quelque chose, mais quoi ? Elle lui mentait ? Non... Mais alors quoi ? Elle ne semblait pas vouloir ou savoir comment lui dire quelque chose. Mais pourtant, il s'agissait d'une prêtresse de la déesse de la Compassion. Qu'avait-elle de si dur à dire pour qu'elle ne trouve pas les mots ? Où préférait-elle qu'elle aille fini de manger avant de lui en parler ?