[Caleb Wolfgang] Bien que ces vaches de bourgeois...
Posté : 16 mars 2015, 20:42
La pluie rebondissait en gouttes légères sur les vitres du manoir Vermerrand, coulant comme des larmes le long des parois de verre. Dehors, la nuit était claire de la lumière bienveillante de Mannslieb, qui projetait des jeux d'ombres dans les rues et les canaux de Marienburg. Malgré l'heure tardive, il résonnait au loin le miaulement sans fin d'un félin agacé par le temps. Plus proche, un groupe de fêtards tentait de revenir à son logis, renversant tout ce qui pouvait se trouver sur son chemin, cela commenté de rires et de cris. Juste en face de la demeure, sous un auvent percé, tentait de se tenir au sec l'un de ces mendiants qui profitaient de la pluie pour ne pas se faire pourchasser par la garde. La demeure grinçait sous l'humidité, rappelant à tous les insomniaques présents l'âge du manoir.
Caleb était bien l'un des seuls à être encore éveillé. Il regardait d'un air absent le ciel gris, satisfait, au moins, d'être au sec et au chaud. Contre lui se serrait Magda, sa peau de lait disparaissant sous les couvertures, et ses boucles noires formant une auréole autour de sa tête. Elle dormait, semble-t-il, d'un sommeil paisible. Elle était encore jeune et inexpérimentée. Ce visage ingénu disparaîtrait bientôt. Ce n'était qu'une affaire de jours.
Ils n'avaient échangés que quelques caresses, ce soir là. Un comble, pour un homme comme Caleb! Il était fatigué. Du moins c'est qu'il avait prétendu. Mais le voilà là, encore éveillé à attendre que la pluie cesse. Il avait fait cirer les escaliers, aujourd'hui. Avec un peu de chance, le vieux Aelbert se lèverait cette nuit, dans l'une de ses irrégulières crises de folie et chercherai le chien Bragart, qui ne devait exister que dans son très vieil esprit. La demeure s'était bien dépeuplée depuis l'arrivée du proxénète. Un empalement malheureux sur l'une des grilles du manoir, une chute accidentelle dans le canal au revenir d'une soirée à la taverne, des départs à la campagne pour “changer” d'air. Il ne restait là que quelques vieillards et des serviteurs effacés, tant ils craignaient les colères de leur nouveau propriétaire. L'existence corrompue de Caleb avait vicié l'ordre de la famille Vermerran, qui redoutait encore de lui offrir l'une de ses filles afin de 'sanctifier l'adoption'. Bien que personne n'oserais jamais en parler, sa réputation était faîte, et il ne cherchait pas à l'améliorer...
Il y eu soudain du bruit en dessous de sa fenêtre. Le son d'une course effrénée, puis une respiration haletante, et soudain, des coups frénétiques portés à la porte. Magda s'agita dans son sommeil, mais ne s'éveilla pas. Encore l'un de ses badauds trop alcoolisé pour se rendre compte de ce qu'il faisait. Ou pire, un clochard cherchant asile sous son toit ! Il grogna. Qu'on le jette dehors! Et il eut des cris, quelqu'un appelait son nom :
“Caleb ! Caleb ! Par les chausses de Sigmar, laisse-moi passer, bougre d'abruti”. Le nouveau-Vermerran reconnut la voix traînante et désagréable de celui qui était, par défaut, son bras droit dans son activité. Au vu de son nouveau statut de noble, Caleb avait préféré délégué la gestion des tâches sur place à quelqu'un d'autre. Il était d'ailleurs visiblement en train de se frayer un chemin contre le portier qui, d'après les sons qui parvenaient à l'étage, avait été débordé par un coup de poing. Ce fût encore la cavalcade. Le voilà qui montait les escaliers. Caleb serra les dents en sentant ce qui allait arriver. Bien sûr, le visiteur venait de s'étaler sur les marches dans un bruit sourd et un grognement de douleur difficilement retenu. L'étage s'agitait. D'autre servants avaient été réveillé et s'activaient sur le pallier, allant au secours des ancêtres gémissants, ranimés par le tumulte qui résonnait dans le château. A peine quelques minutes plus tard apparaissait l'intrus, le nez et la mâchoire en sang, se massant le coude gauche. Le claquement sec de la porte fit sursauter Magda, qui dans un cri serra plus fort encore Caleb contre elle, perçant de ses ongles la peau de son amant.
“Bonsoir, ma dame” prit le temps de dire le nouveau-venu. Il aimait à se donner ce faux air de gentilhomme. Ironique, pour un homme avec une telle profession.
Il reporta son attention sur Caleb, tentant de reprendre son souffle.
“Caleb. Caleb. On a une urgence une bordel. Je... je peux pas te dire. Faut qu'tu vois par toi-même. On l'a enfermé pour le moment, mais je sais pas si ça va t'nir. Je t'attends en bas!”
Caleb le savait. On ne serait jamais venu le déranger pour quelque chose de peu d'importance. Certainement pas la nuit, ni chez lui. Quelque chose de vraiment grave semblait s'être produit. Mais s'il s'agissait de quelque chose de vraiment grave, que pourrait-il y faire? Se pourrait-il que ces sales gosses, Aîné et Puîné, soient venus pour se venger? Son cœur se mit à battre plus vigoureusement. Il aurait du les tuer il y a longtemps, dès qu'il le pouvait... Un dernier coup d'œil à l'extérieur.
Dehors, la pluie semblait vouloir se calmer...
Caleb était bien l'un des seuls à être encore éveillé. Il regardait d'un air absent le ciel gris, satisfait, au moins, d'être au sec et au chaud. Contre lui se serrait Magda, sa peau de lait disparaissant sous les couvertures, et ses boucles noires formant une auréole autour de sa tête. Elle dormait, semble-t-il, d'un sommeil paisible. Elle était encore jeune et inexpérimentée. Ce visage ingénu disparaîtrait bientôt. Ce n'était qu'une affaire de jours.
Ils n'avaient échangés que quelques caresses, ce soir là. Un comble, pour un homme comme Caleb! Il était fatigué. Du moins c'est qu'il avait prétendu. Mais le voilà là, encore éveillé à attendre que la pluie cesse. Il avait fait cirer les escaliers, aujourd'hui. Avec un peu de chance, le vieux Aelbert se lèverait cette nuit, dans l'une de ses irrégulières crises de folie et chercherai le chien Bragart, qui ne devait exister que dans son très vieil esprit. La demeure s'était bien dépeuplée depuis l'arrivée du proxénète. Un empalement malheureux sur l'une des grilles du manoir, une chute accidentelle dans le canal au revenir d'une soirée à la taverne, des départs à la campagne pour “changer” d'air. Il ne restait là que quelques vieillards et des serviteurs effacés, tant ils craignaient les colères de leur nouveau propriétaire. L'existence corrompue de Caleb avait vicié l'ordre de la famille Vermerran, qui redoutait encore de lui offrir l'une de ses filles afin de 'sanctifier l'adoption'. Bien que personne n'oserais jamais en parler, sa réputation était faîte, et il ne cherchait pas à l'améliorer...
Il y eu soudain du bruit en dessous de sa fenêtre. Le son d'une course effrénée, puis une respiration haletante, et soudain, des coups frénétiques portés à la porte. Magda s'agita dans son sommeil, mais ne s'éveilla pas. Encore l'un de ses badauds trop alcoolisé pour se rendre compte de ce qu'il faisait. Ou pire, un clochard cherchant asile sous son toit ! Il grogna. Qu'on le jette dehors! Et il eut des cris, quelqu'un appelait son nom :
“Caleb ! Caleb ! Par les chausses de Sigmar, laisse-moi passer, bougre d'abruti”. Le nouveau-Vermerran reconnut la voix traînante et désagréable de celui qui était, par défaut, son bras droit dans son activité. Au vu de son nouveau statut de noble, Caleb avait préféré délégué la gestion des tâches sur place à quelqu'un d'autre. Il était d'ailleurs visiblement en train de se frayer un chemin contre le portier qui, d'après les sons qui parvenaient à l'étage, avait été débordé par un coup de poing. Ce fût encore la cavalcade. Le voilà qui montait les escaliers. Caleb serra les dents en sentant ce qui allait arriver. Bien sûr, le visiteur venait de s'étaler sur les marches dans un bruit sourd et un grognement de douleur difficilement retenu. L'étage s'agitait. D'autre servants avaient été réveillé et s'activaient sur le pallier, allant au secours des ancêtres gémissants, ranimés par le tumulte qui résonnait dans le château. A peine quelques minutes plus tard apparaissait l'intrus, le nez et la mâchoire en sang, se massant le coude gauche. Le claquement sec de la porte fit sursauter Magda, qui dans un cri serra plus fort encore Caleb contre elle, perçant de ses ongles la peau de son amant.
“Bonsoir, ma dame” prit le temps de dire le nouveau-venu. Il aimait à se donner ce faux air de gentilhomme. Ironique, pour un homme avec une telle profession.
Il reporta son attention sur Caleb, tentant de reprendre son souffle.
“Caleb. Caleb. On a une urgence une bordel. Je... je peux pas te dire. Faut qu'tu vois par toi-même. On l'a enfermé pour le moment, mais je sais pas si ça va t'nir. Je t'attends en bas!”
Caleb le savait. On ne serait jamais venu le déranger pour quelque chose de peu d'importance. Certainement pas la nuit, ni chez lui. Quelque chose de vraiment grave semblait s'être produit. Mais s'il s'agissait de quelque chose de vraiment grave, que pourrait-il y faire? Se pourrait-il que ces sales gosses, Aîné et Puîné, soient venus pour se venger? Son cœur se mit à battre plus vigoureusement. Il aurait du les tuer il y a longtemps, dès qu'il le pouvait... Un dernier coup d'œil à l'extérieur.
Dehors, la pluie semblait vouloir se calmer...