[RP Libre] Femme qui voyage laisse voyager son coeur

Marienburg est le plus grand de tous les ports du Vieux Monde. Située à l’embouchure du fleuve, la ville est un énorme centre de commerce. Le Reik est ici un fleuve énorme, mesurant plus d’un kilomètre et demi d’une berge à l’autre. Marienburg est une cité indépendante (sans lien avec l’Empire), située au sein des Wastelands. c’est aussi le centre de l’activité religieuse du Culte de Manaan, le Dieu de la Mer.

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Nimiel
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Message par Nimiel »

Bonjour à vous, lecteurs de ce message. Comme l'indique le titre de ce sujet, voici un RP libre dans lequel sera raconté l'histoire de Nimiel, apprentie de la Tour Blanche de Hoeth. Je sais me trouver dans une sorte de vide juridique entre RP libre V2 et V3. Quoi que soit la version à la fin de cette aventure, soyez sûrs, MJs, que je ne chercherai pas, en tant que joueur, à profiter de la situation pour garnir mon inventaire et ma bourse! Il s'agira juste pour moi de laisser guider mon écriture par mon personnage et ce qui lui arrivera. Cela signifie également que je serais sûrement amené à éditer mes messages au fur et à mesure de mes relectures et de la poursuite de mon écriture. Je posterai au fur et à mesure, puis 'lustrerai' mes messages après qu'ils aient été posté. Hé ! C'est ma technique d'écriture !

Belle transition sur ce que je prépare à mon personnage, d'ailleurs. Je ne sais pas encore combien de posts, donc combien de temps cela me prendra pour arriver à la fin de cet épisode de la vie de mon elfe, toujours est-il que je me laisserai guider tant que j'ai de l'inspiration. J'ai néanmoins pensé à quelques grandes lignes qui guideront mon écriture. Il s'agira donc pour moi d'entamer le voyage initiatique de mon personnage, de son Ulthuan natal jusque dans l'Empire.
Des questions ? MP ! Sinon, bonne lecture à vous...


Les derniers rayons du soleil s'éteignaient sur les pierres de la Tour Blanche de Hoeth, illuminant toute la plaine de Saphéry de faisceaux colorés, qui, un instant d'un rouge aussi profond que le rubis, s'éteignaient plus loin dans un vert aussi clair que les prairies qu'il traversait. Quiconque aurait voulu jeté un œil à la source de l'arc-en-ciel n'aurait vu qu'une forme oblongue, disparaissant dans la vapeur comme si l'astre solaire avait réussi à définitivement dissoudre cet édifice de pierre qui continuait néanmoins à apparaitre dans le lointain. La Tour d'Ulthuan restait cachée, et inaccessible à tous ceux qui n'y avaient pas un jour était conduits. Ainsi, dans le secret de ses hautes pièces de marbre pouvaient s'exercer les initiés elfes, que ceux-ci suivent l'apprentissage des Vents de Magie ou celui des armes. Ce lieu était un sanctuaire de connaissances et de sagesse. D'aucuns disaient qu'il abritait la bibliothèque la plus fournie du monde connue, d'autres que ses caves abritaient les objets les plus terribles, maudits ou dépassant la compréhension de toute créature mortelle, avalant avidement l'âme de celui ou celle qui poserait les yeux dessus. De ce lieu, on entendait nul son. Le silence était la norme plutôt que l'exception, et quelques bavardages entre les étudiants du lieu avaient tout lieu de laisser croire que chacune des chambres de la tour avaient été enchanté afin que nul bruit ne passe jamais leurs lourdes portes de bois noble. Ceux qui habitaient aux alentours murmuraient entendre parfois des explosions et des cris bestiaux, de sentir le souffre et les épices et de voir des jets de flammes et des corps célestes rejoindre le ciel.
Pour celui qui pouvait poser les yeux à l'intérieur, il lui semblait que le temps s'écoula plus lentement qu'ailleurs. Les jours étaient longs et épuisants et les nuits reposantes, certaines rumeurs font même état de cycles nocturnes durant presque douze heures. Pour le voyageur qui parviendrait jusqu'aux hautes portes d'ithilmar forgé, ce haut portail décoré de figures archaïques et divines, des elfes aux hauts cimiers prendraient alors soin de sa monture, le fournirait en vin et en mets divers avant de le diriger vers la cellule qui lui était alloué, sachant que nul ne pouvait venir sans raison jusqu'au pied de la Tour Blanche. A l'intérieur, ce voyageur aurait cette insaisissable impression que l'architecture des lieux changeait de secondes en secondes, bien qu'il trouverait aisément son chemin vers le lieu qu'il souhaitait atteindre. Il rencontrerait alors de petits groupes d'Asur chuchotant, tous vêtus de la même tenue de lin gris, certains chargés d'alambics et de pilons, d'autres de lourds volumes qui semblait pouvoir disparaître en un nuage de poussière au premier clignement d'œil et enfin d'autres portant les symboliques espadons qui les désignaient comme Maîtres des Épées. De chaque meurtrière et de chaque fenêtre, l'on voyait un paysage différent; ici la place du marché de Lothern, ailleurs, une ruine de château aux alentours de Couronne, et encore là, les plaines noires saturées d'éclairs des Plaines de Zharr. A l'occasion, il serait peut-être invité à rejoindre la salle de banquet où mangeaient en silence des centaines d'elfes, où même le tintement des couverts de métal contre les assiettes semblait être absorbé par les murs de bois ancien. S'il était un invité particulièrement important, il pourrait être amené à dîner avec son hôte dans des salons où nulle oreille indiscrète ne pourrait surprendre leur conversation. Puis il irait se coucher. En se réveillant, il se retrouverait sur un frais destrier elfique le menant à son domicile, sans aucun souvenir d'après le moment où il avait paisiblement rejoins le pays des rêves...



Le débat était animé. L'étude semblait s'imprégner de l'ardeur de la conversation, faisant craquer le bois et couler la sueur sur les fronts blancs des initiés qui écoutaient en silence. Baholdin argumentait de la nature des rois avec Maître Gadrick. Pour l'apprenti, la nature vertueuse d'un dirigeant était innée, mais pouvait ensuite se faner ou s'ouvrir en fonction des expériences vécues. Pour le précepteur, cette nature à diriger ne pouvait se révéler que lorsque l'individu prenait acte de sa fonction, et ne pouvait s'épanouir que dans l'exercice et l'expérience de ce pouvoir. La controverse allait maintenant sur le domaine du déterminisme du pouvoir ; il s'agissait de savoir si la nature poussait le plus légitime dirigeant à gouverner et ce, malgré les traditions, les lois et les usages. Malgré toute son application à suivre la classe, Nimiel avait fini par se désintéresser du débat. Ses pensées vagabondaient ailleurs, vers les plaines qu'elle s'imaginait à l'extérieur, sur la botte qu'elle devrait maîtriser pour le lendemain et sur le traité d'escrime qu'elle avait à assimiler. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas réfléchir. Elle s'était découverte cette propension à l'auto-questionnement, qui repoussait chaque fois plus loin les limites de sa propre compréhension de son environnement. Pour ainsi dire, elle n'aimait simplement pas les études. Et elle savait pleinement d'où cela provenait. Elle avait retourné le problème maintes et maintes fois, et chaque fois, elle était parvenue à la même conclusion. Mais cette raison ne serait jamais justifiable aux yeux de ses professeurs. Elle avait fait le vœu d'abandonner son passé. Malgré sa volonté, ces souvenirs revenaient la hanter dès que son attention n'étaient pas fixée, emplissant son cœur de noirs souvenirs. Cela, elle devait le cacher si elle voulait un jour progresser. Tant au sein de la hiérarchie militaire que sur elle-même. Un rayon de soleil vint la frapper dans l'œil, la tirant instantanément de sa rêverie. En se redressant, elle ne put s'empêcher de croiser le regard de cet elfe, dont elle ne connaissait même pas le nom. Un bref contact s'établit entre eux avant que Nimiel ne reporte son attention sur son maître. La fin était venue.
“Très bien, nous reprendrons cette conversation la prochaine fois. Assurez-vous tous d'avoir des informations à apporter la prochaine fois” la leçon prit fin. Baholdin dodelinait de la tête, la bouche largement ouverte. Il avait vraisemblablement l'impression d'avoir remporté la joute verbale. Nimiel ne lui prêta pas plus d'attention ; la tête lourde et les jambes gourdes, l'Asur se traina hors de la pièce.

Encore un peu groggy par l'après-midi qu'elle venait de passer, elle se dirigea lentement vers les étages inférieur. Il restait encore quelques temps avant le souper, et l'elfe savait qu'elle devait s'acquitter de ses corvées quotidiennes. Elle s'arrêta en haut d'une volée de marche et respira profondément, laissant l'air glisser au fond de ses poumons, fermant lentement les yeux alors qu'elle expirait. L'air frais du crépuscule lui ferait du bien. Elle descendit les escaliers le plus tranquillement possible, marche par marche, réhabituant ses jambes à fonctionner. Ses courbatures lui faisaient encore mal. En bas des marches, elle s'autorisa à se masser les mollets. Nimiel savait que ce n'arrangerait pas son état, mais cela lui faisait du bien. Se mouvant jusqu'à l'autre extrémité du couloir, elle poussa la porte et émergea à l'arrière de la tour. Les dalles de pierre résonnait sous ses pas alors qu'elle s'approchait décidément d'une sorte de square, décoré de statues d'anciens héros. Là était posés de grands baquets d'eau fumante à côté de piles de draps et de linges divers, tous dans cette couleur grise ou blanche. De petits groupes d'elfes s'affairaient déjà autour de leur baquet, échangeant entre eux théories et anecdotes. L'ambiance semblait être au relâchement. Nimiel prit son poste en silence, retroussant ses manches. Elle tenait à sa solitude pour l'heure qui viendrait. Attrapant le premier drap, elle le plongea dans l'eau, qui lui brûla légèrement les doigts. Laissant tremper le linge, elle profitait de son isolation pour se réaventurer dans ses souvenirs...
Il y avait cette poupée, celle qu'elle avait cousu elle-même. Elle voulait tellement faire plaisir à sa sœur qu'elle avait ignoré les perles de sang qui étaient apparues sur ses doigts. Elle avait travaillé la nuit sur son œuvre, à la faible lueur des bougies, craignant toujours que l'un de ses parents ou qu'un serviteur surgisse inopinément dans la chambre. Les coutures étaient certes grossières, les boutons qui servaient d'yeux n'étaient peut-être pas l'un en face de l'autre et les cheveux de laine du jouet se décrochaient parfois... Mais Nimiel y avait mis tout le cœur et le talent d'une elfe de douze printemps. Elle voulait simplement faire la paix, que les choses reviennent comme avant. Elle voulait simplement ne plus être seule. Contemplant une dernière fois sa création, elle se dirigea vers la chambre de sa cadette. La pièce était plus grande que la sienne bien entendu. Mais Nimiel s'y était fait, après tout. Elle ne pouvait rien à dire. Elle avait à supporter cette injustice, et y était à peu près parvenu. Sa petite sœur jouait là, créant et détruisant ses créations de bois, la langue tirée sur le coin de la bouche. Sa création dans le dos, Nimiel s'avança, afin d'annoncer sa présence à sa cadette, qui s'arrêta aussitôt. Un instant de silence gênant s'installa, alors que chacun cherchait et évitait tour à tour les yeux de l'autres. L'aînée finit par lâcher : “Tiens, je t'ai fait ça !” et elle avait tendu la poupée de chiffon. La cadette s'en était emparée, avait pris quelques secondes pour l'observer et finit par la jeter dans un coin de la pièce dans un déchirant “Elle est même pas belle” avant de se reconcentrer sur son activité.

“Encore retenue par son passé, Nimiel?”

La sus-nommée se raidit en entendant la voie de Maître Aristelh venant de derrière elle. Nimiel appréciait le vieil elfe aux yeux aciers et aux cheveux grisonnant. Et il sembla que la réciproque soit vraie. Aristelh avait été l'un des Maîtres du Savoir présent lorsqu'elle avait présenté ses vœux dans le temple de Hoeth. Ils avait eu quelques études ensembles, où le maître enjoignait ses étudiants à réfléchir sur la relation entre l'habitant et sa terre, et les poussaient à visiter le monde afin que leur apprentissage puisse se confronter aux réalités contingentes. Nimiel se sentait simplement plus à l'aise en sa présence, sans qu'elle su précisément expliquer pourquoi. Elle se releva précipitamment, au son du “floc” du drap dans la bassine. Droite, elle se retourna et salua son maître qui, malgré son âge, gardait encore une stature droite et quelqu'ardeur dans le regard.

“No-non. Bien sûr, seul compte mon apprentissage. Nul ne peut marcher vers son futur en portant l'enclume de son passé. C'est bien la première leçon que j'ai appris ici!”

Le sourire dont le vieil elfe ne se déparait pas lui indiqua que son mensonge n'avait de toutes évidences pas fonctionné. Nimiel soupçonnait Aristelh d'avoir la capacité de lire dans ses pensées. Et c'était quelque chose d'assez inquiétant. Ne pourrait-elle jamais être définitivement seule avec elle-même? Jusqu'où le maître pouvait-il s'aventurer dans son esprit?

"Allons, souriez-donc! Je ne suis pas ici pour vous espionner" dit Aristelh.
"Bi-bien sûr! En quoi puis-je vous aider?” lui répondit précipitamment l'elfe. Il avait bien dit 'espionner' ?
"Pour une tâche pour laquelle, je l'espère, vous serez plus efficace qu'avec la lingerie !" Il désigna du menton la pile de draps encore pratiquement intacte. Nimiel rougit, elle se sentait si bête, tellement prise au piège. En ce moment précis, elle se sentait la plus limitée des étudiants de la Tour Blanche. Quant à Aristelh, il ne quittait toujours pas son sourire. Était-ce une forme de sadisme de sa part, que de voir l'une de ses disciples rouler des yeux et baisser la tête?

"Allons, allons! Nul besoin de vous mettre dans des états pareils, Nimiel" dit-il. " Je viens vous voir car l'un de nos compatriotes de Marienburg, un ami, recherche quelqu'un de confiance pour une tâche qu'il a eu crainte de préciser dans sa missive." Il claqua des lèvres. "Après quelques conversations, mon choix s'est porté sur vous. Car oui, j'estime que vous êtes une personne de confiance, quoi que vous puissiez penser de vous-même..."

L'Asur releva la tête. Pourquoi cette soudaine confiance en elle ? Elle qui ne brillait particulièrement nulle part. Voulait-on l'éloigner d'ici? Peut-être espérait-on son trépas loin d'ici... Et qui pouvait être cet elfe de Marienburg qui semblait avoir tant d'influence ici? Elle approuva de la tête.

"Si vous m'en pensez capable, il semble que j'ai qu'à m'exécuter". Un timide sourire perla sur son visage.

Aristelh sourit, semblant jauger du regard la jeune elfe.

“Allez donc rassembler vos affaires, je reviendrai vous voir plus tard. Je vais annoncer votre décision à vos enseignants. Vous aurez sûrement à partir dès ce soir, alors ne perdez pas de temps.” lui répondit le maître. "Quelqu'un viendra vous remplacer, ne vous inquiétez pas. Je vous retrouverai dans quelque temps pour vous donner plus de détails".

Nimiel salua encore de la tête le Maître du Savoir et prit congé, se redirigeant à pas vifs vers son dortoir. Une opportunité semblait enfin s'offrir à elle. Sortir de ses étouffantes études, s'exercer contre autre chose que des mannequins de bois. Au fond d'elle, son cœur brûlait d'excitation, malgré l'inquiétude qui s'emparait de son esprit. Il n'y avait plus qu'à y aller se dit-elle tout haut en poussant la porte de sa chambrée...
"Sonnez dont la trompette et battez les tambours !
En l'honneur de la guerre et en l'honneur des amours !"

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Message par Nimiel »

Nimiel finissait d’empaqueter ses effets. Elle n’avait de toutes façons pas grand chose. Fort heureusement, d’ailleurs, tout n’aurait pas tenu dans son baluchon. En soupirant, elle se vêtit de son armure de cuir, prenant soin d’ajuster chaque sangle et chaque lanière pour que la cuirasse ne gêne pas ses mouvements. Elle tourna le bassin, de gauche à droite, pour s’assurer que la protection se mouvait parfaitement avec son torse. Avec un nouveau soupir, elle attrapa l’espadon posé sur le mur pour s’en ceindre. S’observant dans le miroir aux tâches brunâtres, elle ne reconnaissait plus vraiment l’elfe fragile qu’elle était il y a quelques temps déjà, lorsque on l’avait retrouvé, affamée, à Lothern. Elle avait suivi ce qu’elle avait assimilé comme étant une chance qui lui avait été offerte. En se baissant dans un grincement de cuir pour ramasser son sac, elle se souvenait de la dernière fois qu’elle avait eu à faire cela… Le même voyage, de Saphéry à Lothern. Les dieux pouvaient parfois être bien ironiques. D’ailleurs, depuis combien de temps était-elle ici ? Combien de temps avait-elle été enfermée dans cette tour ? Elle ne savait dire. Des mois ? Des années ? Quelques jours seulement ? Et finalement, elle allait s’en extraire, revenir au siècle… Qu’est-ce qui aurait changé dehors ? Les choses seraient-elles tellement différentes ? Et si plusieurs années s’étaient déjà déroulées sans que Nimiel n’ait pu s’en rendre compte ? Que faisait maintenant sa famille ? A quoi bon y penser. Celle-ci n’avait pas voulu d’elle, pourquoi voudrait-elle maintenant de son foyer ?

L’elfe entendit frapper à la porte. Enfilant son sac, elle ouvrit le battant pour voir apparaître Aristelh, toujours vêtu de sa robe blanche, brodée de motifs et de volutes bleus qui attestaient de son rang supérieur. Il se tint au centre de la cellule et fit un tour sur lui-même, mesuré, avec un objectif inconnu. Tournant de nouveau son visage vers son apprentie, il lui dit :

« Prête à partir semble-t-il, Nimiel ? »
« Je pense n’avoir rien oublié… Quelle est la suite, Maître ? » répondit-elle.
Son interlocuteur alla s’asseoir sur la couche.
« Je nourris un certain intérêt pour cette demande qui vous a été demandée, ma chère. Je songeais néanmoins à pousser plus loin votre petite aventure… ». Il contemplait ses ongles.
« Que… que voulez-vous dire, Maître Aristelh ? Que sous-entendez-vous ? ». La voix de Nimiel avait retrouvé cette inquiétude si habituelle. Elle ne le faisait pas exprès, ni ne le voulait. Il y avait seulement ce… confort. De ne pas avoir à réfléchir, de laisser aux autres la félicité de savoir pour vous et de vous l’expliquer.
« Je suis sûr que vous le savez. » sourit-il « J’ai une requête pour vous. Comme vous le savez, nous sortons peu de ce lieu. Vous avez la chance de pouvoir le faire. Voilà pourquoi j’aimerais que vous rapportiez de votre voyage cinq choses. Des éléments qui auront marqué votre voyage. Quels qu’ils soient. »
« Mais, comment ? Pourq… » les yeux du maître étaient devenus durs.
« Arrêtez ! ». Son ton sec, qui gardait néanmoins un volume mesuré, avait coupé court à toute parole de Nimiel.
« Veui… » elle s’était tue de nouveau en croisant les yeux acier du Maître.
« Dès lors que vous quitterez ce lieu, vous seule pourrez répondre à vos questions. Oubliez vos interrogations ou trouvez vos réponses. » Il s’était détendu. « C’était tout ce que j’avais à vous dire. Un coursier et des provisions vous attendent dehors. Vous chevaucherez jusque Lothern. Ici, un amiral du nom de Valedhiel vous attendra. Il vous emmènera jusque Marienburg. Ensuite, ce sera à vous de voir ce que veux mon vieil ami Lalwendë et de souscrire à sa requête. »
Nul son ne provint plus de Nimiel. Le vieux maître acquiesça en silence.
« Vous pouvez prendre congé ».

Dehors, comme d’habitude, le soleil était radieux. L’herbe était d’un jade profond et faisait ressortir plus encore la brillance des dalles de marbre qui parsemaient les jardins de la Tour. L’elfe s’avança, comme elle ne l’avait jamais fait, vers le haut portail de fer qui gardait l’entrée de la tour. Un destrier blanc comme neige l’attendait là. Un dernier regard en arrière fit prendre conscience de l’importance que ces lieux avaient eus pour elle. Pour sûr, elle avait changé, depuis qu’elle était venue ici. Et maintenant ? Quand reverrait-elle ces pierres blanches, la calme sérénité des lieux et ce sentiment de confiance qu’elle éprouvait en son sein. Et si cette aventure ne faisait que lui prouver qu’elle ne pouvait plus revenir ici ? Ne cherchait-on pas à l’éloigner ? Serait-elle jamais la bienvenue de nouveau ici ? Nimiel soupira. A quoi bon ? Il fallait se concentrer sur ce qui arriverait. Qui était ce Lalwendë et que voulait-il ? Aristelh n’avait-il pas dit qu’il s’agissait de l’un de ses amis ? Quel genre d’homme pouvait-il avoir de telles accointances avec les Maîtres du Savoir ? Elle se mit en selle. Elle verrait bien en arrivant. Son destrier, d’un pas placide, s’approcha des portes, qui s’ouvrirent seules. Nul ne semblait en actionner l’ouverture. Alors que l’animal passait les limites du domaine, il accéléra jusqu’au galop. Les montagnes, les forêts et les paysages formaient un flou coloré aux yeux de Nimiel, qui tentait de se tenir tant bien que mal en selle, serrant les rênes de sa monture. Elle ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour atteindre Lothern, mais il semblait que son destrier le savait. Elle n’avait plus qu’à faire confiance à la bête pour la mener à destination…

L’odeur salée des embruns atteignit ses narines avant même de voir les hauts murs blancs de la cité maritime de Lothern. Elle n’avait passé qu’une semaine sur les routes d’Ulthuan et avait passé bien rapidement les nombreux kilomètres qui séparaient Saphéry de la cité méridionale. Chaque soir, elle avait pu faire un feu, manger à sa faim et dormir confortablement. Sa monture galopait du soir au matin à travers les terres elfiques sans que nul essoufflement ne vienne jamais la gagner. La nuit, la jument venait se coucher près de l’elfe, offrant son flanc tiède comme oreiller, formant un abri contre les vents parfois violent qui pouvaient parcourir l’île. En serait-il encore de même une fois qu’elle aurait quitté Ulthuan ? Le coursier ralentit alors que Nimiel approchait de la porte est du port. Elle posa pied à terre et conduit par la bride le cheval qui l’avait si fidèlement amenée ici. Le placide animal se laissa faire, adaptant son allure à celle de l’elfe. Un garde la toisa, remarquant l’arme qui pendait dans le dos de Nimiel. Il prit la parole d’une voix calme :

« Que nous vaut la visite d’un émissaire de la Tour Blanche ? »
« Je viens pour l’amiral Valedhiel ». Rien d’autre n’était nécessaire.
« Très bien, je pense qu’il vous attend. » Il fit une pause, comme pour déglutir « Nous allons prendre soin de votre monture, vous pouvez entrer. L’un de mes hommes vous accompagnera ».
Il fit quelques gestes et un homme au cimier conique et à l’écu reconnaissable des Gardes Maritimes accourut au côté de la voyageuse, qui le salua de la tête.

« Je vais vous mener à Valedhiel. Suivez-moi. »
Elle acquiesça.

A mesure qu’elle traversait Lothern, elle se rendait compte que bien peu de choses avaient changées depuis sa dernière venue dans le port elfique. Les mêmes maisons se dressaient le long des vastes avenues pavées. Les mêmes commerces parsemaient les rues. Ne reconnaissait-elle pas, ici, le Comptoir des Epices ? Et là, les remèdes de Maître Finaviel ? Il y régnait une atmosphère tranquille et constante, de calme que rien ne semblait pouvoir troubler un jour. Et dans dix ans ou cents ans, les mêmes échoppes habilleraient les allées, les mêmes gens parcourraient les mêmes rues. Mais elle n’eut pas le temps de s’attarder pour le paysage. Déjà, son guide improvisé traversaient les boulevards, écartait les foules et se dirigeait d’un pas décidé et sans un mot vers le quartier portuaire. Le passage du corps de garde ne fut qu’une formalité, et seulement une heure après être entrée dans la ville, Nimiel se retrouvait sur le quai lustré de l’Amiral Valedhiel. Le Garde Maritime qui l’avait accompagné prenait déjà congé, saluant une dernière fois l’apprentie de la tête avant de repartir vers le tumulte urbain.

Nimiel se retrouvait de nouveau seule avec elle-même. Elle s’avança un peu sur le ponton, pour voir que des marins finissaient de hisser des caisses et des ballots de marchandises sur le Navire-Epervier. Un homme aux cheveux bouclés par l’air salé leur donnait des ordres, et se mit à leur hurler dessus lorsqu’une des caisses fut déposé un peu trop violemment sur le pont du navire. L'elfe s’approcha encore pour se mettre bien en vue des navigateurs. Valedhiel héla ses hommes pour qu’ils arrêtent leur travail, avant de hurler :

« Qui êtes-vous ?! Je vous préviens, si vous n’avez rien à faire sur ce navire, vous feriez mieux de partir avant de vous blesser ! »
« Je suis Nimiel. De la Tour Blanche. On m’a signifié de trouver l’Amiral Valedhiel. J’espère être au bon endroit ! »
« Nom de bougre de bouffaille à poisson ! Allez, bande d’incapables ! Abaissez la planche et laissez la dame monter ! Et plus vite que ça ! Si j’ai à le faire moi-même je vous jure que vous pourrez vous trouver un nouveau travail de mendiant dans le coin ! »

Quel personnage ! Nimiel en était presque choquée de rencontrer un individu aussi vulgaire. Elle qui était si habituée au calme réfléchi de ses confrères et consœurs, voilà qui la préparait au choc culturel qui l’attendait. Avec quelques grommellements, deux des membres d’équipage mirent en place la planche de bois qui permit à la maîtresse des épées de monter à bord.
« Et en plus, on a une bonne femme à bord. Je savais… »
« Qu’est-ce que j’entends, bougres de triples crétins ?! Vous avez intérêt à vous incliner bien bas pour notre invitée de la Tour si vous ne voulez pas vous retrouver comme appât à poisson. Et ce ne sera encore que la moins pire des sentences, vous pouvez me croire ! ».

La légende du franc-parler marin était vraie, même en Ulthuan. Nimiel passa à bord du navire, devant les sourires forcés des quelques matelots qui étaient en faction sur le pont. Valedhiel s’approcha de la nouvelle-venue, essuyant ses mains sur sa tunique, avant d’en tendre une à la nouvelle-venue. Il sentait fortement le poisson.

« Bienvenue à bord ! On m’avait dit que vous viendriez. C’est un honneur de recevoir un membre de la Tour à bord. Ne faîtes pas attention à ces bâtards à moitié formés. Ils sont paresseux mais pas trop sots. N’hésitez pas à casser quelques figures s’ils vous ennuient ! Sévère mais juste ! C’est comme ça que marche la vie à bord de mon navire ! »
« Mais pardonnez mon absence de manière. Amiral Valedhiel, pour vous servir » dit-il avant que Nimiel ait pu ouvrir la bouche « Je vais vous mener à votre cabine. Nous ne devrions pas tarder à partir. J’espère que vous n’avez pas le mal de mer, car vous aurez à le supporter une semaine avant que nous arrivions à Marienburg » dit-il, tout en s’avançant vers les escaliers qui menaient sous le pont, jusqu’à une porte percée d’un hublot, qu’il ouvrit. Nimiel l’avait suivit sans mot dire.

« Voilà, c’est votre coin ! Aménagez-le comme vous voudrez. Je ferai en sorte que personne ne vienne vous déranger sans bonne raison ! Vous avez ma parole ! » Nimiel ne disait toujours rien.
« Il faut que je retourne là-haut. Ces incapables seraient bien capables de me casser quelque chose le temps que je sois parti. A bientôt, ma Dame ! »

La cabine était étroite. La seule lumière provenait de l’ouverture circulaire dans la porte et d’une écoutille de bois sur le côté gauche pour le moment fermée. A droite, un matelas, luxe sur un navire, reposait sur un meuble à tiroirs. De l’autre côté, un simple bureau avec une chaise, sur lequel étaient ordonnés quelques parchemins et un nécessaire d’écriture. Ce n’était pas plus spartiate que la chambre de laquelle elle venait. Nimiel laissa tomber son sac de ses épaules et fit un très rapide tour de la cabine, avant de s’asseoir sur la couche.
Oui, espérons qu’elle n’ait pas le mal de mer…
"Sonnez dont la trompette et battez les tambours !
En l'honneur de la guerre et en l'honneur des amours !"

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