Malgré la gravité de l'instant et de leur situation, Julius goûtait de plus en plus l'humour du nain et se mit à lui sourire avant de répondre :
- On m'a effectivement appris à danser, maître-nain, mais cela fait longtemps que je n'ai pas eu à faire valser ma cavalière. Il se peut je trébuche un peu si je ne connais pas la musique. |
L'humidité ambiante et leurs vêtements complètement trempés rendaient le froid piquant et des frissons parcouraient leur échine jusqu'à les faire claquer des dents.
L'odeur âcre caractéristique de la fumée indiquait que l'endroit était éclairé par des torches ce qui ne tarda pas à être confirmé de visu.
Peu à peu, la galerie s'élargissait et gagnait en hauteur sous plafond. Des voix se faisait entendre mais contrairement à celles qui avaient poursuivi Grimbergald et Julius, celles-ci n'étaient en rien agressives. Il semblait au contraire entendre des rires ponctuant quelques boutades et ou autres plaisanteries.
Avançant prudemment, les deux acolytes se rapprochaient car il n'y avait nul autre chemin que celui qu'ils suivaient. Soudain, sur leur gauche un homme surgit d'une alcôve dissimulée dans un renfoncement de la roche. Un instant surpris de tomber sur eux, il afficha un large sourire en voyant Julius.
- Mais que vois-je ? Ce s'rait-y pas cett' vieille fripouille de Julius ?! s'exclama l'homme. Ah, ça fait plaisir d'voir des bobines connues. J'commençais à m'sentir un peu seul. Allez, dépêchez-vous d'nous filer la main, on a pas tout' la nuit.
Apparemment, l'homme ne semblait pas avoir compris que ni Julius, ni Grimbergald n'était là pour l'aider dans sa tâche et qu'il ne devaient leur présence ici qu'à un concours de circonstances défavorables dans une mission des plus obscures. Néanmoins, Julius prit les devants et décida de donner le change. Cela éviterait sans doute d'avoir à "danser" avec ces messieurs. Car l'homme n'était pas seul et il y avait une demi-douzaine de gars déjà au travail à décharger des caisses que d'autres amenaient dans un ballet bruyant de wagonnet de mine.
L'endroit était vaste et servait de zone de déchargement et de stockage pour des marchandise qui, il ne fallait pas être très malin pour le comprendre, étaient sans doute de contrebande. Outre, cette zone, Grimbergald put voir que l'alcôve d'où avait surgi l'homme était en fait une salle contenant une table entourées de plusieurs tabourets et quelques paillasses posées à même le sol. Un peu plus loin, ils passèrent devant un gouffre au-dessus duquel avait été jetées quelques planches pour permettre aux travailleurs d'accéder à la caverne destinée à accueillir la cargaison des wagonnets. Il semblait y avoir encore une salle mais les deux compagnons furent obligés de stopper leur reconnaissance des lieux pour se mettre à leur labeur.
Julius s'approcha de Grimbergald alors qu'il s'emparait d'une caisse de bois pour la sortir d'un wagonnet et lui murmura.
- La situation ne va pas en s'améliorant mais au moins, on garde l'initiative et l'effet de surprise au besoin. En tout cas, maintenant, nous voilà conviés à la petite sauterie. Si vous pouviez laisser votre cavalière au vestiaire... Elle est un peu trop voyante. |