Une odeur rance de transpiration, d’urine et de déjection stagnait dans l’air. La prison était humide et silencieuse. Le clapotis régulier de gouttes d’eau tombant dans une flaque marquait invariablement chaque seconde.
L’obscurité remplissait le cachot. Un soupirail bardé de tiges d’acier laissait pénétrer quelques rayons de soleil.
Jared était assit, le dos appuyé contre le mur de pierre. Il croisa le regard de l’homme en face de lui. Jared ne cessait de fulminer intérieurement contre l’idiot idéaliste qui s’était lancé dans son discours révolutionnaire en plein milieu du bar. Il avait choisi son moment le bougre : un exode massif avait eu lieu le soir même, les prisons étaient pleines à craquer, la ville menaçait d’exploser à tout moment et la garde en sous effectif était à bout de nerf, évidemment. D’ailleurs elle n’avait pas fait dans la dentelle avec les quelques gars sur lesquels elle était tombée. Jared se massa l’arrière du crâne là où une massue l’avait frappé avant qu’il ne s’évanouisse. Dire qu’il était juste dans ce bar pour apprécier une petite bière. Il n’avait rien demandé à personne. Son seul tord avait été de ne pas avoir foutu le camp assez vite, quand cet agitateur avait commencé à balancer son idéologie à la co* aux pauvres types qui se trouvaient là. Bon il y avait pas mal de vrai dans ce qu’il disait, il fallait bien le reconnaître. Mais le monde était ce qu’il était et ce n’était pas demain la veille qu’il changerait pour rendre un peu plus agréable la vie des habitants des bas quartiers.
Sigmund était installé confortablement sur un grand lit drapé de soie. Le dos appuyé contre d’épais coussins moelleux. Les murs de la petite chambre étaient lourdement décorés et une odeur enivrante lui chatouillait le nez. Il profitait avec délectation le spectacle qui s’offrait à lui. La fille était superbe et se mouvait avec sensualité au rythme d’une musique qu’elle était la seule à entendre. La lumière tremblotante de plusieurs bougies dispersées sur les meubles de la salle se reflétait sur les courbes parfaites de son corps. Ses grands yeux sombres lancèrent à Sigmund un regard qui lui en disait long sur ce qu’elle s’apprêtait à lui faire endurer… et lui était près à l’endurer mille fois à n’en pas douter.
La fille s’approcha du lit avec sa démarche de félin et monta sur le lit, à genou entre les jambes de l'escroc. Elle commença à lui caresser la cuisse d’une manière suggestive avec sa main ornée de longs ongles enduit d’un rouge éclatant. Un son rauque et excitant coula de ses lèvres pleines, tel le ronronnement d’un chat au comble du bonheur.
« Alors mon lapin qu’est ce qui te ferait plaisir ? »
Ses doigts habiles se frayèrent un passage sous la chemise de Sigmund, jusqu’aux boutons de son pantalon et entreprirent de les détacher avec une dextérité qui prouvait son savoir faire dans le domaine. La tête du jeune homme tomba en arrière contre un oreiller douillet, il ferma les yeux tandis qu’il se cambrait en arrière en appuie sur ses épaules et ses talons pour facilité le travail à la fille qui tirait ses braies le long de ses cuisses. Elle s’en débarrassa en un tour de main tandis qu’il se laissait retomber comme une pierre sur le matelas rembourré. Il sentait le désir monter au creux de ses reins, et son membre se dresser sans vergogne sous sa chemise. Les mains ensorceleuses remontèrent une nouvelles fois le long de ses cuisses. Sigmund sentait le sang battre à ses tempes, l’envie exacerbé par l’attente. Il n’y avait plus que cette sensation. Tout son corps était tendu dans l’expectative de la libération provoquée par le contact de la langue dévouée sur son membre…
L’information mit un instant avant d’être analysée par son cerveau. La douleur. Une douleur intense et soutenue. Cette salop* venait de lui mordre… un doigt.
Le réflexe de retirer la main vint un peu tard. Sigmund se redressa sur son séant en un sursaut. Il faisait sombre et ses yeux eurent un peu de mal à s’habituer à l’obscurité. Il avait un goût amer dans la bouche, un douloureux mal de tête et une pressente envie de se désaltérer. Où se trouvait-il ?
« Un putai* de rêve ! » Pensa-t-il alors qu’il fourrait son doigt dans sa bouche pour calmer la douleur. Ca pissait le sang. Un couinement satisfait lui fit tourner la tête vers le mur derrière lui. Un rat disparu dans un trou échappant de peu au sort cruel que lui réservait l’escroc. Sigmund se retourna, ses yeux commencèrent à s’habituer à la pénombre de la prison. Il distingua une silhouette assisse contre le mur de pierres. Une grosse grille en métal fermait la seule issue. Il était en prison.
En l’espace d’un instant, tout lui revint en mémoire : l’agitateur, la bagarre général et la milice qui l’avait embarqué…
Les deux hommes restèrent là, quelques heures. La soif devenant insupportable. Vers midi, trois gardes entrèrent dans la cellule et saisirent Jared et Sigmund. Vidés et désarmés, les efforts des deux hommes pour s’évader étaient aussi futiles que ceux d’un enfant dans la gueule d’un crocodile. Les gardiens les maitrisèrent de leurs bras forts comme l’acier.
Geolier : Arrêtez de vous débattre, car c’est votre jour de chance ! Un dénommé Wilhelm Schmidt, un diplomate rattaché à l’ambassade de l’Empire en poste à Marienburg, veut vous voir. On vous amène chez lui, donc pas d’entourloupe, à part si vous voulez finir votre vie en taule ! C'est compris ? |