[Zdraski Longues-Cornes]

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Middenheim... L'ultime défi pour tout skaven ambitieux !
Middenheim... La seule et unique ville impériale qui as toujours su résister à l'invasion souterraine, et pourtant il en grouille de la vermine là-dessous !
Middenheim... Théâtre parfait pour l'expression de l'arrivisme forcené, la présomption arrogante et la mégalomanie dévorante d'un rat comme Zdraski Longues-Cornes.

Pour autant, l'ardant appétit de pouvoir et l'orgueil ne suffiront jamais à un nouveau-venu pour s'imposer de fait où il n'est pas le bienvenu. Car, outre Zdraski, les skavens cupides et prétentieux pullulent sous la Cité du Loup Blanc et aucun ne sera jamais disposé à laisser sa place sans montrer crocs et griffes. Et c'est bien ainsi que l'apprenti prophète-gris fut accueilli. Ici, personne ne le connait encore et sa « stature » n'a pas eu le temps de faire son petit effet sur les cervelles décrépies de ses congénères. Néanmoins, aucun ne fut assez fou (ou audacieux) pour s'en prendre à lui physiquement or, dans leurs petits yeux ivres de jalousie, il avait pu lire que ce n'était pas l'envie qui manquait mais bel et bien le courage.

Quoi qu'il en soit, après quelques jours, Krad et lui sont toujours vivants et une entrevue avec une sommité du coin leur est accordée après que Zdraski a su user de persuasion (qui a dit corruption ?) sur quelques sous-fifres.
Ainsi, Krik-ar-krik, un rat encore mieux nourri que lui, s'adresse à Zdraski, avec autant de condescendance dont il est capable, du haut d'un « trône » installé sur un tas d'immondices dans un ancien réservoir situé sous les égouts de la cité :

- Tu sais qui-qui je suis et tu dois me prouver ton allégeance. J'ai un-un problème important, capital, vital. On m'a volé-volé quelque chose de très précieux. J'ai déjà envoyé quelqu'un à la recherche de mon objet-objet, Twiz, mais il n'est pas revenu... Il doit-doit avoir besoin de renforts. J'espère que-que tu seras à la hauteur.

Il ne reste plus à Zdraski qu'à retrouver ce fameux Twiz pour lui apporter son aide et ramener son objet précieux à Krik-ar-krik. Ce dernier lui donne les mêmes indications que celles fournies à Twiz, à savoir que ce serait une sale engeance dissidente (concurrent, opposant ?) vivant dans les anciennes galeries naines près de la surface qui serait à l'origine du vol.

[Zdraski Longues-Cornes]

Les moustaches de Zdraski frémirent de dégoût alors qu'il arpentait les tunnels bondés de la cité souterraine. Middenheim était un coin plus misérable encore que ce que le Prophète avait pu s'imaginer. Comparé à son terrier d'origine, la colonie était ridiculement petite et les ressources aussi peu abondantes que de piètre qualité. Là où il arrivait parfois de tomber sur un peu de viande fraîche dans les échoppes des égouts d'Aldorf, ici son délicat museau n'avait capté que le fumet de la nourriture rance. Cela ne l'empêcherait pas d'en consommer, loin de là, mais ce n'était guère l'unique déception qui lui réservait la cité. A défaut d'une pitance à sa mesure, il s'était au moins attendu à un accueil à la hauteur de son statut. Que nenni ! Point de parade, seulement le mépris et la jalousie de ses congénères jaloux de sa grandeur ! Les misérables n'avaient-ils donc pas connaissance de la soumission qui était due à l'un des porte-parole de leur déité affamée ? Ils devraient se jeter à ses pieds pour avoir ne serait-ce que l'honneur de le regarder dans les yeux ! Enfin du moins telles étaient les illusions dont Zdraski aimait se bercer. En vérité, il n'avait ni l'autorité ni la puissance pour réclamer une telle révérence, sa formation n'étant même pas achevée. Mais il fallait plus que ces petits détails pour convaincre le Skaven qu'il ne méritait pas un traitement royal. S'il s'était écouté, il aurait ordonné le sacrifice de ces insectes en prétextant l'hérésie.
Mais il y avait quelque chose de différent dans le regard des Skavens qui parcouraient ces souterrains et qui le dissuada d'entreprendre de tels extravagances. Peut être était-ce parce qu'ils étaient dans un état de guerre perpétuel, et plus probablement parce que les ressources étaient plus rares ici... Mais ces hommes-rats semblaient plus hargneux encore que ceux de son terrier. Ils brûlaient d'un intense désir de lui arracher la queue, et le bouclier de la foi n'était pas assez solide pour que Zdraski se risque à multiplier vainement ses ennemis. D'une pirouette mentale, il parvint à se convaincre qu'il faisait preuve de retenue envers ces infidèles non pas par couardise, mais parce qu'il était miséricordieux envers ses frères miséreux. Ils auraient tout le temps de se racheter une fois qu'il leur aurait distribué la parole du Rat Cornu. Oui voilà, c'était parfaitement rationnel présenté de la sorte.

Mais le plus important, c'était son rendez-vous avec une des figures les plus importantes de Middenheim. Il avait fallut graisser quelques pattes pour obtenir une entrevue, mais l'entreprise s'était avéré relativement aisé. S'il voulait sécuriser son autorité sur la colonie, Zdraski devait en premier lieu obtenir l'oreille et l'attention des puissants déjà en place. Ce n'était qu'alors qu'il pourrait commencer à tisser un jeu d'intrigues à même de lui ouvrir des sommets.
Et le moins que l'on puisse dire, c'était que le concerné était un sacré personnage. Zdraski le salua d'une révérence qui, si elle le présentait dans une position de faiblesse, pouvait difficilement être interprété comme une preuve de soumission inflexible. L'énergumène était encore plus grasse que lui... Les pensées de Zdraski dérivèrent une fois de plus sur le sujet de la nourriture. Il y avait donc moyen de se procurer des portions correctes même dans cette situation difficile. Voilà une question qu'il se ferait un plaisir d'explorer plus en profondeur au gré de son enquête.
La vermine voulait qu'on lui ramène un objet qu'un rival lui avait dérobé. Un de ses fidèles avait déjà été envoyé pour s'en charger mais n'était jamais revenu, indiquant que l'expédition était plus dangereuse qu'il ne voulait le laisser entendre. C'était une mission périlleuse, mais de tels risques étaient une étape nécessaire sur le chemin de la victoire.

Mais il était un détail qu'il lui fallait régler avant d'accéder à sa requête. Un petit rien qui lui faisait grincer les dents. Le bougre avait parlé de lui prouver son allégeance ! Les doigts griffus du Prophète s'agitèrent nerveusement sur son bâton duquel il frappa doucement le sol recouvert de détritus. Il répondit d'une voix nasillarde mais ferme, faisant valoir son statut de Prophète autant que lui permettait sa stature bedonnante et ses cornes développées.

• - Ma seule allégeance est envers le-le glorieux Rat Cornu et l'infiniment vénérable Conseil des Treize !

La politique Skaven était un jeu complexe d'intimidation et de mauvaise foi. Il fallait faire valoir sa position tout en s'assurant de ne pas froisser les puissants. En tant que Prophète Gris, Zdraski ne pouvait se permettre d'agir en simple serviteur d'un Chef de Clan, sans quoi il finirait traiter comme tel. Sa crédibilité en tant que voix du Rat cornu était en jeu, il devait choisir ses révérences avec soin, sous peine de finir égorger. S'il venait en aide à Krik-ar en tant que vulgaire coursier, il fallait qu'il le justifie, ne serait-ce que pour la forme. Maintenant qu’il avait un peu montré les crocs, il était temps de passer toute la pommade hypocrite de l’univers sur la fourrure de son interlocuteur. Il voulait s’en faire un allié après tout.

• - Mais vous, Seigneur Krik-ar-krik, avez les faveurs du Rat-Cornu. Il loue votre grandeur et votre sagesse. Mon devoir est d’aider un fervent et glorieux chef tel que-que vous. Le dissident ne peut qu-qu’être hérétique. L’objet-objet ne doit pas tomber entre les pattes d’un infidèle. Zdraski Longues-Cornes ne vous décevra pas.

Il se retira d’une révérence plus basse cette fois, présentant même partiellement sa nuque pour faire valoir combien le Rat Cornu voyait un « Grand leader » dans Krik-ar-krik. C’était un tissu de mensonges, mais ce genre de courtoisies continuait d’occuper une place de choix dans les négociations des hommes-rat. Caressant le poil gras de Krad d’une main discrète, il s’adressa au hasard à des skavens qui se tenaient non loin du trône.

• -Par le Rat Cornu, vous-vous me servirez de guide. Je dois-dois voir ces galeries dés maintenant.

Et le voila en route pour une nouvelle expédition pleine de trahisons et de coup bas. Ses préférées.

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Parcourir les galeries occupées par tes congénères skavens depuis des siècles ne présente pas la moindre difficulté mais s'avère d'une longueur et d'un ennui affligeants. Et c'est ainsi mené par un binôme aux poils collés et puants évoluant la plupart du temps à quatre pattes, que tu parviens sans encombre dans une partie presque intacte des souterrains conçus voilà des millénaires par les ingénieurs et mineurs nains.
En passant sous une haute grille interdisant l'accès à un puits au-dessus de ta tête, un rayon de lumière venu de la surface indique à quel point tu es proche de la surface dans ces tunnels et partout les restes de l'occupation naine se font voir : restes épars de structures de support pour des galeries plus larges, zones de logement ou d'emmagasinement abandonnés, tas de gravats et monticules de terre, débris de rails de mines et même un temple perdu effondré. C'est là que l'un de tes guides te signifie ses intentions :

- Nous-nous, on va pas-pas plus loin-loin...

Et les deux rats se carapatent à toutes pattes sans te laisser le temps de répondre ou de les retenir. Te voilà maintenant seul pour la suite de ta mission.

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C'est donc en rouspétant intérieurement que l'apprenti Prophète Gris avait commencé son périple en direction la surface, en compagnie de deux skavens à l'air pathétiques. Quelle escorte misérable ! Ils n'avaient aucune allure et, sans doute, aucune réelle capacité martiale ! Ils n'étaient utiles ni comme gardes du corps et le cornu aurait même eut honte de les exhiber comme ses serviteurs. Même Krad avait plus de dignité dans son maintien, et lui avait l'excuse de n'être qu'un simple rongeur. Mais au moins fallait-il leur reconnaître que leur présence avait servi de distraction à Zdraski pendant ce voyage ennuyeux. C'est fou combien détester son prochain pouvait occuper l'esprit quand rien ne se passe. Zdraski s'était surpris à compter les cicatrices qui constellaient le dos d'un de ses "valets" temporaires. Un sourire mauvais avait fendu son museau en songeant que chacune des innombrables marques avait sans doute été laissée par le claquement d'un fouet. Un skaven trouvait toujours un certain plaisir dans la souffrance, pour peu qu'elle concerne quelqu'un d'autre.

Mais alors que le Prophète était déjà convaincu qu'on lui avait refilé les plus grands incapables du terrier juste pour nuire à son ascension, l'impensable se produisit. Non content de ne pas guider le serviteur du Rat Cornu jusqu'au bout de sa destination, ils s'étaient carapatés aux premiers signes de l'inconnu ! Ils couraient la queue entre les pattes tels des souriceaux apeurés face à un chat ! Le skaven blanc n'avait même pas eut le temps de leur cracher son courroux au visage qu'ils étaient déjà hors de vue.

• -Bande d'incapables ! Vous-vous paierez votre couardise !

Dés qu'il aurait obtenu l'autorité qui lui revenait de droit sur ces souterrains, Zdraski s'assurerait de rajouter une nouvelle couche de cicatrices par dessus celles qu'ils possédaient déjà. Cela leur apprendra à faire faux pas à un envoyé du Rat Cornu en personne ! L'abandonner ainsi tenait de l'hérésie ! Sans doute un stratagème mit en place pour lui causer du tort. Tous des incapables ! Mais le Prophète était confiant. Il était bien plus rusé que tous ces imbéciles jaloux !
Cependant, Zdraski n'aimait pas cet endroit. La proximité avec la surface le rendait mal à l'aise. Les rayons du soleil filtrant au travers de la roche étaient autant de rappels qu'il n'y avait plus qu'une fine couche de terre entre lui et le ciel hideux. Par le Rat Cornu, il ne comprendrait jamais comment les humains pouvaient apprécier de vivre à la surface. Un skaven ne se sentait à l'abri que dans les entrailles du monde, entouré de solides parois de terre. Rien de plus confortable qu’un tunnel.
Et puis ces structures naines ! Brrrr ! Répugnant ! Leur architecture, bien que fiable et, il fallait le reconnaître, d’une certaine ingéniosité, souffrait du manque de goût propre au misérable peuple des montagnes. Leurs structures étaient pensées pour être serties dans l’éternité, croyant que leur pérennité était symbole de grandeur. Mais le Rat Cornu ne voyait pas le monde ainsi. L’état naturel des choses se trouvait dans l’entropie ! Toute chose était destinée à pourrir pour servir de terreau aux suivantes. La société naine ne laissait pas de place à de telles évolutions, ils restaient obsédés par le passé là où les Skavens ignoraient leur histoire pour se tourner vers le futur.
Un reniflement narquois émoustilla les moustaches du Prophète. Le simple fait que ces bâtisses soient aujourd’hui réduites à l’état de ruines était irréfutablement une preuve de la toute puissance de sa déité. Tout comme l’était la lente décadence du peuple de la montagne.

Zdraski devait trouver ce Twiz désormais, ou du moins ce qu’il en restait. Cet endroit était clairement sous la patte d’un rival… Le premier envoyé n’était jamais revenu et les autres avaient préféré risquer la colère d’un Prophète Gris plutôt que de s’aventurer plus loin sur ce territoire. Autant dire qu’ils comptaient fortement sur le fait que Zdraski ne revienne pas vivant de cette aventure, car nul n’était assez naïf pour croire qu’un Skaven pardonnerait ce genre d’affront. Il y avait donc danger… Un danger qui pouvait se terrer n’importe où. L’homme rat ne pouvait se risquer à aller plus loin sans prendre quelques précautions. Fort heureusement, en opposition à l’incompétence de ses congénères, il avait à ses côtés un exemple de loyauté.

• -Krad, viens voir Zdraski.

Le Prophète se pencha sur son compagnon crotté. Depuis le jour où le rat avait sauvé le Prophète du Labyrinthe du Rat Cornu, son volume s’était décuplé. Ce qui était jadis un rongeur chétif s’était mué en une bête bien grasse à la bedaine tendue. Il était doté d’une intelligence certaine pour un membre de son espèce, et était probablement la seule créature pour laquelle Zdraski éprouvait une quelconque émotion sincère. Satisfait de le voir répondre à son appel, le religieux le gratifia de quelques grattouilles.

• -Krad, tu dois devenir les yeux et les oreilles de ton maître.

Puisant dans les énergies impies offertes par sa foi, Zdraski essaya d’étendre son esprit pour toucher celle de son compagnon. Le sortilège du Rat Serviteur était fort pratique, permettant de faire du rat un parfait éclaireur qui repérerait le danger avant que son maître n’ait à s’aventurer plus loin. Et il l’était d’autant plus lorsque l’on a toujours un spécimen fidèle à portée de pattes.

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Lancé rat serviteur sous MAG (9) (sort mineur) >>> 4 (réussite)
+1XpM

Le rat Cornu est avec toi et Kra part immédiatement en repérage dans les environs. A travers ses yeux tu découvres les ruines du temple nain vers lequel il s'est spontanément dirigé comme mu par une force supérieure.
Plusieurs mur sont complètement effondrés mais la majeure partie de l'édifice est toujours en bon état. Subitement, les oreilles de Krad perçoivent des gémissements à moins que ce ne soient des appels pour amadouer l'animal... Soudain, une forme sombre bondit d'un recoin et s'abat sur ton rat. Immédiatement après, tu perds le contact avec Krad.
Tu en as tout de même assez vu pour retrouver l'endroit, dans le temple, où l'incident s'est produit : il te faudra te faufiler par-dessus un amoncellement de terre et de pierre qui encombre l'entrée puis tu seras dans une première pièce où tu devras t'orienter vers un passage sur la gauche avant de rejoindre la pièce dans laquelle tu espères retrouver Krad...

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Un mince sourire étira les babines du Skaven lorsqu'il sentit le crépitement magique courir sous ses doigts comme de l'électricité statique. Une aura verdâtre s'échappait de sa fourrure, le baignant dans une lueur fantômique des plus inquiétantes. Le pouvoir surnaturel pulsait en lui comme un courant impie, répondant aux subtiles impulsions de sa volonté. C'était une force comme le commun des mortels ne pouvait l'imaginer, et pourtant elle répondait à son appel. Peu de sensations étaient aussi grisantes que celle que ressentait un mage en puisant dans les réserves infinies du warp. Mais plus encore pour le Prophète Gris, c'était là une nouvelle réaffirmation de sa foi. Une fois de plus, le Rat-Cornu répondait à la requête de son favori et lui accordait la puissance dont il avait besoin pour accomplir sa grandiose destiné. Comme l'avait ordonné sa glorieuse déité, le grand Zdraski Longues-Cornes dompterait les vents de la magie pour servir la cause du peuple souterrain ! Tout en adressant une prière silencieuse au Rongeur du Tissu de la Réalité, le skaven déversa l'énergie ainsi rassemblée dans le corps grassouillet de Krad qui se laissait faire d'un air inquiet. Si le rongeur ne comprenait pas pourquoi cette chaleur verdâtre était en train de lui friser les moustaches, il était suffisamment habitué aux bizarreries de son maître pour ne pas se carapater immédiatement. A moins que la bête ne sente au plus prochain d'elle le regard sévère du Rat Cornu peser sur sa misérable existence.

Un léger vertige empoigna les tripes de Zdraski. C'était toujours étrange de sentir sa volonté se déverser dans l'âme d'une créature inférieure. La connexion psychique ainsi façonnée lui donnait l'impression d'être à deux endroits à la fois. Une infime partie de lui était logée au sein de Krad, et à l'inverse, une once de l'animal déteignait sur son esprit. Il sentait vaguement la structure primitive de la psyché du rat se jumeler à la sienne. C'était presque rafraichissant d'ailleurs. Le rongeur ne se préoccupait de rien si ce n'est son prochain repas ou de se faire gratouiller derrière les oreilles. En comparaison, l'esprit du Skaven était un méli-mélo d'envies complexes, d'intrigues biscornues et de considérations que son compagnon ne pouvait même pas appréhender. Quand bien même le Prophète lui était infiniment supérieur le quotidien de Krad était sans doute moins stressant.

Au travers de son fidèle compagnon, le Prophète commença à explorer les restes du temple qui gisaient à proximité. L'instinct de l'animal l'avait guidé immédiatement dans cette direction, un détail que Zdraski considérait comme une faveur de plus accordée par le Rat Cornu. Le cœur empli de reconnaissance et de piété, il observait attentivement, guettant le moindre indice sur ce qui se tramait entre ces murs. Il s'attendait à tomber sur un quelconque complot, une embuscade prise à revers ou, mieux encore, sur les cadavres pourrissants de ceux là même qu'il était venu chercher. Bref, sur quelque chose qu'il pourrait sans cesse désamorcer grâce à son génie, impressionnant au passage ses potentiels ennemis de sa clairvoyance surnaturelle. Prédire un assaut avant même que les prédateurs ne soient sortis de leur tanière faisait toujours son petit effet lorsqu'il s'agissait d'affirmer son statut et son autorité de religieux. Il en ricanait d'avance.

Mais soudain, tout devint noir.

Zdraski fut agité d'un frisson des moustaches jusqu'à la base de la queue, comme si un misérable venait de verser un seau d'eau glacé directement dans ses neurones. Le lien venait d'être interrompu. Non, il avait été tranché même ! C'était la première fois que cela lui arrivait. Un tel accident signifiait que l'esprit du réceptacle était hors de son atteinte, ce qui voulait dire que...

• *Krad !*

Les doigts griffus de Zdraski se crispèrent sur son bâton jusqu'à en blanchir ses phalanges. L'espace d'un instant, l'émotion lui fit perdre le contrôle de ses glandes odorantes et l'entêtant parfum du mucus de la colère se dégagea de l'homme-rat. Un bouillon négatif embrasa le cœur du Prophète Gris en pensant au sort de son animal de compagnie. Ce n'était pas de l'inquiétude pour un être cher, bien sûr, de si nobles sentiments étaient étrangers au Skaven. Non, c'était davantage la rage sourde que ressent un individu cupide lorsqu'un voleur s'en prend à sa possession la plus précieuse. Krad était son bien ! Il n'était ni rare ni particulièrement utile, mais il n'en était pas moins que nul n'avait le droit de poser la patte sur son rat.
Abandonnant toute prudence, Zdraski s'élança à la poursuite de celui ayant eut l'audace de s'opposer indirectement à lui. La cupidité de l'homme-rat, mêlée à son égo et à sa colère, lui faisaient oublier jusqu'à la légendaire couardise prudente des Skavens. Si le moindre petit poil de Krad avait été abimé, il ferait comprendre à ces misérables ce qu'était le courroux d'un Prophète Gris.

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Arrivé rapidement sur les lieux du « drame », tu tombes sur un congénère apeuré sur le point de lâcher Krad entre ses mâchoires béantes. Il sursaute lorsqu'il t'aperçoit et te tends sa proie comme une offrande, en gémissant :

- Pro-prophète g-gris pas taper moi-moi. Gentil Twiz, gentil. Rat cadeau pour le-le Cornu. Bon. Mange-mange. Gentil Twiz, gentil.

Ce congénère là est encore plus miteux et couard que les deux qui t'ont guidé jusqu'ici. Il tremble comme une feuille faisant s'agiter Krad inanimé - mais vivant - sous ton museau. Son autre patte avant, sur laquelle il passe quelques coups de langue de temps à autres est toute sanguinolente et en piteux état. De même, son oeil gauche boursouflé et tuméfié est à moitié fermé.

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C'est avec un mélange de colère et de soulagement que Zdraski posa ses petits yeux haineux sur la misérable créature qui avait eut l'audace de s'en prendre à son rat domestique. C'était un Skaven comme on en trouvait que dans les fosses à esclaves les plus sordides, tant dans son apparence que dans son comportement. Difficile de dire s'il était plus crotté ou blessé, mais il n'aurait pas fallut un grand effort d'imagination au Prophète Gris pour le confondre avec une serpillère oubliée.
Sans attendre, le cornu arracha le corps inconscient de Krad des pattes de son ravisseur, gratifiant ce dernier d'un coup d'œil mauvais. Si les yeux de Zdraski avaient pu lancer des éclairs, il ne resterait du coupable qu'un immonde petit tas de cendres. Avec attention, l'oracle passa ses doigts griffus dans la fourrure sale de son compagnon pour s'assurer de sa santé. Mais si le rongeur grassouillet était encore plus lourd que dans les souvenirs du serviteur du Rat Cornu, son cœur racorni battait toujours nerveusement dans sa poitrine. La chaleur et les infimes tremblements de la bête apaisèrent un peu le tempérament du Prophète Gris. Maintenant qu'il était aussi proche, le magicien pouvait d'ailleurs sentir quelques résidus de la conscience de son protégé. Le coup l'avait simplement assomé et il profitait désormais d'un sommeil dépourvu de songes. Une bien piètre récompense pour un animal ayant fait preuve de davantage de dévouement à son encontre que ses compagnons Skavens.

D'un geste théâtrale soutenu par le drapé de sa cape, Zdraski se tourna enfin vers son "interlocuteur" du moment. Ses babines étaient retroussées en un rictus féroce, laissant bien voir les longues canines tranchantes qui décoraient sa gueule. Si cette vermine s'était soumise d'office, il restait du devoir du Prophète d'exposer clairement sa position de supériorité. Tout chef skaven qui ne fait pas comprendre à ses suivants qu'ils peuvent finir en casse-croûte à la moindre contrariété s'expose à leurs puériles velléités de révolte.

• -Si toi-toi toucher à nouveau à Krad, je te fais avaler ta propre langue-langue !

Dans d'autres circonstances, Zdraski ne se saurait probablement pas fatigué à donner un quelconque avertissement avant de mettre sa sentence à exécution. Mais ce Twiz avait de la chance... Relativement parlant. Il était encore dans l'intérêt du religieux que de garder cette créature pathétique en vie. Il avait besoin de ses informations. Si les circonstances de la rencontre étaient malheureuses, il était évident que le Rat Cornu avait prêté son aide à son favori afin qu'il trouve rapidement celui qu'il était venu chercher.
Toisant son interlocuteur de toute sa hauteur, Zdraski gonfla le torse pour paraître encore plus impressionnant. Sa queue fouettait l'air en signe d'impatience et d'autorité.

• -Je suis le Seigneur Zdraski Longues-Cornes, élu du Rat-Cornu ! Par miséricorde, je te donne l'occasion de racheter ta faute-faute.

Comme pour ponctuer la grandeur de ce geste de pure bonté, le Prophète frappa le sol du bout de son bâton. Sa langue râpeuse passa sur ses babines. Il commençait à apprécier la tournure des évènements finalement. Il avait trouvé Twiz, la victoire se rapprochait à grands pas et avec elle, la récompense. Il brûlait aussi d'envie de savoir quel pouvait bien être l'artefact que le chef de clan cherchait à récupérer si ardemment. Bien entendu, Zdraski n'était pas encore certain d'accéder à la requête de Krik-ar-krik. Il n'était pas exclu qu'il conserve le butin en guise de "généreuse donation" envers l'Ordre, si jamais le jeu en valait la chandelle.

• -Le Seigneur Krik-ar-krik m'envoie. Il veut son objet-objet. Raconte moi-moi.

La peur était une motivation suffisante pour qu'un Skaven fournisse des efforts, à fortiori un misérable au bord de la mort comme celui là. Mais Zdraski avait aussi appris que la loyauté, du moins ce qui s'en approchait dans l'empire souterrain, s'obtenait aussi par le biais des récompenses. Toute la science était de savoir alterner le bâton et le fromage afin d'obtenir les meilleurs résultats.

• -Si toi-toi te montrer utile, tu seras récompensé. Nourriture et rang. Le Rat-Cornu sait se montrer généreux avec ceux-ceux qui le servent bien.

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A grands renforts de courbettes et de tous les signes de soumission de circonstance, Twiz reprend confiance et s'enhardit à se rapprocher de toi pour susurrer à tes oreilles :

- Les choses-hommes, grand prophète Zdraski, les choses-hommes ont pris-pris l'objet.
Z'ont tués-tués les autres et z'ont tout pris. Twiz gentil-gentil mais presque mort-mort. Twiz vient raconter à son maître. Mais objet-objet perdu, j'en ai peur. C'est fini-fini.

Timidement, il commence à rebrousser chemin en direction des galeries skavens plus sûres à ses yeux. Mais voyant que tu n'as pas l'intention d'en rester là, il se met à couiner :

- Pas retourner là-bas, grand prophète, non-non. Tous morts-morts. Gentil twiz...

Est-ce la couardise légendaire des homme-rats poussée à son paroxysme par cet individu plus misérable encore que tes autres congénères ou quelque chose de réellement dangereux tapi plus avant dans les tunnels qui remontent vers la surface, qui pousse Twiz à agir de la sorte ?

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Si les courbettes de ce skaven mité n'avaient probablement aucune valeur de sincérité, le Prophète devait reconnaître qu'il y trouvait une satisfaction certaine. C'était toujours agréable que de sentir son égo caressé dans le bon sens du poil et s'il savait ne pas se laisser aveugler par les flatteries, le religieux ne les trouvait pas moins douces à ses oreilles. Rien ne rappelait davantage l'importance de son statut que de voir ses congénères se plier en quatre pour s'attirer ses faveurs et s'épargner sa colère.
Mais au delà des humiliantes formalités d'usage, ce que venait de dire ce moins que rien de voleur-de-Krad était d'une importance capitale. Les choses-hommes se seraient emparées de l'objet ? Voilà une information critique qui attisait la curiosité du Prophète. Aussi ridicules et stupides qu'elles soient, ces créatures immondes de la surface savaient reconnaître un gain potentiel lorsqu'il se présentait. Ils étaient infiniment moins doués que les Skavens dans cet art, cela allait sans dire, mais malgré tout, ils ne se seraient pas emparés d'un artefact n'ayant aucune potentielle valeur. Et Krik-ar-krik avait mit un point d'honneur à ne pas lui révéler la véritable nature du butin.
Une main griffue vint gratter le museau de l'homme rat, l'air songeur. Zdraski resta un moment à toiser Twiz d'un air impérieux, jaugeant du regard la capacité de ce misérable à lui mentir. Le malheureux était un lâche, rien n'était moins flagrant, mais dans la société skaven la couardise était une seconde nature apparentée à de la prudence. Et son piteux état ne l'incitait guère à prendre des risques déraisonnables. Le cornu doutait que son "compagnon" ait assez de cran pour lui cracher des fables à la figure sans sourciller. S'il cherchait à mettre autant de distance que possible entre lui et ces tunnels, il devait y avoir une bonne raison. Une raison suffisante pour qu'il soit prêt à retourner auprès de son maître cruel les mains vides et à endurer les coups de fouets qui viendraient avec.

Après un silence aussi bref que pesant, le Prophète Gris frappa le sol de son bâton à nouveau, faisant sursauter Krad dans son sommeil de plomb.

• -Non-non ! Les choses-hommes ne doivent pas obtenir les merveilles skavens ! Le secret doit être protégé. C'est la volonté du-du Rat Cornu !

Un des piliers de la société skaven reposait sur leur capacité à entretenir le secret sur leur existence. La plupart des choses-hommes pensaient que l'Empire Souterrain n'était qu'une légende, une histoire utilisée pour effrayer les enfants, et cela convenait parfaitement au Conseil des Treize. Plus ils se noyaient dans l’ignorance, moins les autres races seraient prêtes le jour où leurs glorieuses légions sortiraient des entrailles de la terre. Si les affrontements avec les gens de cette ville et la présence des nains avaient sans doute émoussé le voile d'ombre, il n'en était pas moins que la deité gloutonne exigeait de ses fidèles qu'elle prive ses ennemis de toute source d'informations sur le peuple des rongeurs géants.
C'était des mots puissants que venait d'utiliser Zdraski. Car si les skavens craignaient bien des choses, la colère de leur déité et l'accusation d'hérésie étaient leurs plus vils cauchemars. Suffisamment du moins pour qu'ils soient enclins à ignorer d'autres raisons d'être terrifiés.

D'un point de vue plus pragmatique, malgré sa foi inconditionnel, Zdraski désirait désormais mettre sur la patte sur cet artefact qui attirait visiblement tant de convoitises. Et puis il ne pouvait pas rentrer les pattes vides auprès de ce parvenu. Mais comment procéder s’il y avait un réel danger ?... Méditant à une solution, les yeux cruels de Zdraski Longues-Cornes se posèrent sur Twiz.
Un rictus mesquin fendit les babines du rongeur, dévoilant une rangée de crocs capables de déchiqueter même la plus hargneuse des chairs. Sa queue fouetta l'air de satisfaction quant à sa propre vilénie.

• - J'accepte ta-ta courageuse proposition de me guider. Le Rat-Cornu apprécie ta dévotion.

Et voilà le pauvre Twiz désigné d'office pour une mission dont il se serait sans doute fort bien passé. Avec ce pauvre rigolo terrorisé en première ligne, Zdraski aurait l'occasion de tourner les talons s'il s'avérait que la menace était en effet trop grande. Il n'aurait ni scrupules ni difficulté à l'abandonner comme appât.
Mais là encore... Le bâton devait être suivi de la carotte.

• -Dis m'en plus sur l'objet-objet... Twiz, acolyte du Grand Prophète.

Rien n'était plus précieux pour un skaven que sa propre vie. Mais rien ne l'attirait davantage que la possibilité d'avancer dans leur société grouillante de haine et de complots. Devenir l'aide d'un Prophète Gris était une promotion inestimable pour quelqu'un de la condition de Twiz. Certes, cela ne le protégerait pas du Prophète Gris en question, mais il serait en position de donner plus de coups de fouet qu'il n'en recevrait en le plaçant hors de portée des griffes de ses tortionnaires habituels. Car peu se risquaient à toucher aux propriétés d'un membre de l'Ordre sans de bonnes raisons. Et dans tous les cas... Krik-ar-krik n'était probablement pas du genre à laisser un de ses subordonnées repartir entier après l'avoir déçu. Le miséreux n'avait que peu d'options à sa disposition. Peut être valait-il mieux pour qu'il s’abrite derrière l’autorité d’un autre puissant pour échapper au châtiment. Pour peu qu'il survive pour voir le lendemain.