[Klarentza] L'Amour est dans le puit

Middenheim est une des plus grandes villes de L'Empire mais aussi une des plus anciennes et des plus importantes sur les plans économiques, politiques et religieux (en effet Middenheim est le principal lieu de culte du dieu Ulric). Elle a le statut de cité souveraine ainsi que de nombreux privilèges au niveau impérial, statut et privilèges auxquels la famille illustre des Todbringer qui gouverne la ville est très attachée. La cité est surnommée la cité du loup blanc en hommage à Ulric, le Rocher du Coup de Poing ou encore la tour de Grungni par les nains...

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Klarentza
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Sa mission accomplie auprès du Grand-Père, Klarentza alla se coucher le coeur rempli de satisfaction mais l'esprit songeur. La vitesse de propagation de la maladie n'avait rien eu de naturel, mais peut-être était-ce tout simplement la volonté de son Dieu ? On lui reprochait souvent de manquer de zèle et bien des adeptes difformes la prenaient de haut, la toisant de leur face buboneuse pour chuchoter qu'elle n'avait pas le physique, qu'elle manquait d'implication, que sa face lisse était une injure au maître de la pestilence, qu'elle était sans doute une espionne de Tzeentch. Elle leur aurait bien répliqué par un petit sort, mais cela aurait été un écart de conduite, or Klarentza se faisait un devoir d'avoir une conduite irréprochable. Elle s'acquitait prestement de toute tache qu'on lui confiait, sans poser de question ni se permettre d'écarts notables. Et cela convenait tout à fait à Olga qui appréciait l'efficacité de la jeune malédictor qui lui servait bien souvent de commise.

Ce fut sur ces pensées que notre chirurgienne s'endormit. Comme toujours, ses rêves furent hantés par des visions étranges. Elle vit une vallée aride dominée par une colline serpentant sur une crête tordue. Mais comment une colline pouvait-elle serpenter ? Elle se faisait la réflexion que cela n'avait pas le moindre sens lorsqu'une sorte de mélopée se mit à résonner au loin. Surprise, elle trébucha sur une pile de crânes dont les orbites vides laissaient s'échapper une nuée de mouches. Celles ci-devinrent subitement des geais multicolores, puis des aigles rouges, puis des gargouilles bleues, puis des asticots ailés avant de se fondre dans le lointain. A ses pieds, les crânes poussaient des gémissents de plaisir obsènes, semblant se frotter les uns contre les autres. Elle les envoya valdinguer d'un coup de pied, manquant de tomber de son lit par la même occasion: elle venait de se réveiller.

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Après avoir repris ses esprits, elle se rendit à la salle commune de la loge dans laquelle se trouvaient déjà deux adeptes. L'un était si bossu que son menton touchait pesque son bas ventre, l'autre avait le nez au niveau de la tempe gauche au lieu du milieu du visage. Tous deux rognaient un quignon de pain rassit qu'ils trempaient dans un bol d'eau croupie. Sans se soucier de ses congénères, Klarentza se rendit jusqu'à l'étagère qui leur servait de garde manger. Elle sortit un des couteaux qu'elle cachait dans sa manche pour le planter violemment dans la miche de pain mais impossible d'en détacher un bout. Retenant un soupir, elle prit le pain dans ses deux mains pour l'examiner. Un des cotés présentait une teinte vert-de-gris, ce qui indiquait qu'il était pourrit et non pas rassit. Récupérant son couteau non sans peine, la malédictor parvint à détacher un morceau en attaquant la miche par le coté pourri, plus malléable. Une fois sa part prélevée, elle reposa le reste sur l'étagère, alla se servir un peu d'eau dans une écuelle, puis s'assit à table, sur le banc, à coté du bossu. Elle préférait éviter les mutants, ils tendaient à être un peu trop arrogants à son goût.

Laissant son pain tremper dans l'eau pour le ramolir, elle sortit le carnet qu'elle nommait "grimoire d'absurdité" pour se mettre à le feuilleter. Ce matin là, il lui sembla bien naïf et farci d'imbécilités. Au fil des ans, elle y avait noté ses réflexions ainsi que ses pensées, mais tout cela ne l'avait pas menée à grand chose. Une vaine enquête sur la piste du chaos: elle n'était pas capable de lire ne serait-ce qu'un traître de mot de langue noire. Après avoir avalé le bout de pain qui consituerait probablement son seul repas de la journée, Klarentza décida de retourner étudier le grimoire "phonétique" qui lui indiquait la prononciation correcte des syllables. Reprenant le passage en langue noire de la veille, elle s'installa dans sa cellule pour étudier plusieurs heures durant.

Finalement, elle entendit ce bruit de pas fluide et léger qui lui était si familier: Olga Mande-peste était de retour. Quittant la chambre qui lui servait d'étude, elle se rendit dans le couloir pour rejoindre sa maîtresse, attendant qu'elle daigne lui accorder la parole ou la congédie. Mais la réaction de la magister des Gueules fétides ne se fit pas attendre: elle la fécilita pour son travail, se montra pleine d'entrain à l'idée que la magie puisse catalyser l'effet des maladies et lui apprit que les répurgateurs avaient brûlés de nombreux innocents dans le quartier du grand parc. Petit bonus: la crédibilité des prêtresses de Shallya étant en berne, on ne les avaient même pas sollicitées pour tenter de guérir les infectés: ils étaient directement placés sur le bûcher qui avait fait bien plus de victimes que l'épidémie en elle-même. En somme, les nouvelles étaient plus que bonnes. Aussi, la magister fut-elle tout à fait disposée à enseigner quelques rudiments de langue noir à son apprentie favorite - du moins à cet instant là.

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Une fois installées dans la large bibliothèque de son bureau, Olga tendit un ouvrage décrêpit à la jeune malédictor. Ce détail était assez étonnant, car bien que les rayons des étagères fussent de guingois ainsi que les couvertures jaunies, les traités de magie se trouvaient tous dans un relatif bon état: les vers n'y étaient pas admis et les reliures permettaient habituellement de tenir les pages ensemble. Mais celui-ci semblait usé plus que de raison et lorsqu'Olga l'ouvrit, quelques pages volèrent dans la pièce, pages qu'elle se hata de récupérer pour les replacer précieusement à la place idoine. Klarentza se fit la remarque qu'il était probablement temps d'en rédiger une copie, faute de quoi son savoir serait perdu.

S'en suivirent des explication sur la manière d'appréhender la langue noire. Elle ne comportait pas réellement de syntaxe à proprement parler, c'est à dire que les mots n'avaient pas de sujet, verbe, complément mais uniquement des préfixes ainsi que des suffixes. Toutes ces notions de linguistiques ainsi que de grammaire étaient totalement inconnues à Klarentza qui peinait à suivre. Heureusement, quelques exemples lui sauvèrent la mise.
- Ainsi, en langue noire, tu ne diras pas "je suis contaminée par la maladie", expliqua la magister, mais plutôt "Klarentza bénédiction-nurgle", ce qui peut être traduit par "klarentza est bénie par Nurgle", "Klarentza dispense la bénédiction de Nurgle" ou encore "Karentza aime la bénédiction de Nurgle", ce qui au final revient au même. Mais comme tu peux le constater dans cet exemple, le verbe est accessoire.


Cette manière de tourner les phrases laissa la jeune mage interdite. De toutes évidences, la langue noire disposait de très peu de mots, usait de tournures alambiquées et une même phrase pouvait signifier plusieurs choses différentes. Pas étonnant qu'elle n'ait jamais pu saisir quoi que ce soit aux textes qui lui étaient tombés sous la main.
- Ce qui donnera le sens correct d'un mot, ce sera son préfixe ainsi que son suffixe, ce qui se rapproche un peu des déclinaisons en classique, mais en beaucoup plus subtil et plus riche. Comprends-tu cela, ma chère enfant ?
Lui demanda Olga sur un ton sucré.

Notre jeune apprentie ne comprenait strictement rien. Elle en aurait pleuré de frustration. Que venait faire le classique dans toute cette histoire ? Olga semblait s'amuser comme une petite folle, débattant à loisir du génitif, vocatif et locatif expliquant les verbes, adjectifs et substantifs par les éléments, substances, âmes et essences. Mais tout cela n'avait pas le moindre sens pour Klarentza qui ne pouvait suivre sa maîtresse dans ses théories gramaticales. Visiblement, Olga avait beaucoup voyagé durant sa jeunesse et beaucoup étudié par la suite, ce qui lui permettait de détenir ce que Klarentza percevait comme une connaissance encyclopédique ; un savoir colossal qu'il lui serait probablement impossible de jamais égaler. Une pointe de cynisme fit supposer à la jeune fille qu'il s'agissait très probablement de l'effet escompté: Olga démontrait sa suprématie sur son apprentie chérie.

Finalement, Mickail se présenta sur le pas de la Porte, ce qui mit fin au cours magistral d'Olga qui remit l'ouvrage usagé à la jeune adepte. Klarentza s'éclipsa aussitôt, non sans avoir remercié sa maîtresse: les études des semaines à venir promettaient d'être ardues.
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La première chose que fit la malédictor fut de brûler son vieux grimoire. Elle se rendait compte à présent qu'elle n'avait fait que noter des éléments de bien peu de valeur. Mais cela avait au moins eu le mérite de l'exercer à l'écriture. Néanmoins, elle décida d'en recopier les deux dernières pages, celles qui contenaient les précieuses indications que lui avaient données la voix du grimoire "parlant" qu'elle avait fini par replacer dans la bibliothèque d'Olga: elle n'en avait plus vraiment besoin.

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La seconde chose que fit la malédictor fut de lire et relire les premiers chapitres du guide de la langue noire que lui avait prêté sa maîtresse. Même si elle n'en comprenait pas la totalité, elle se fit un devoir de noter les préfixes ainsi que les suffixes usuels dans le petit carnet qui lui tenait lieu de nouveau grimoire. Fidèle à elle-même, notre apprentie magicienne dégota une lame de métal effilée qu'elle glissa dans la doublure de son carnet. Cela pourrait toujours s'avérer utile un jour ou l'autre, se disait-elle.

Ainsi, elle mémorisa les dix mots racines venant s'ajouter aux noms des vents de magie, ce qui multiplié par les quarant-deux suffixes ainsi que les trente-septs préfixe répertoriés par le grimoire, formait un lexique pour le moins touffu. Il présentait certe de nombreuses redondances ainsi que des dizaines d' incohérences, mais Klarentza commençait à en appréhender le principe. Chaque mot racine ou dérivé correspondait à un "concept" tel que la "lumière". Ce concept était ensuite décliné en aspects tels que "Bien", la lutte contre le chaos, la belle clarté du jour, les tristes lueurs du crépuscule ou le froid rayonnement de Mannslieb. Par le jeu des préfixes ainsi que des suffixes, on pouvait ainsi préciser à quel aspect on se référait. Mais ce qui rendait l'exercie difficile était que n'importe quel mot racine disposait d'une multitude de dérivés phonétiquement proches mais de sens extrêmement éloignés, ce qui formait un véritable inventaire à la Prévert. Pour reprendre l'exemple d'Hysh, ses dérivés comportaient entre autres: les bougeoirs, le sourire, l'illumination du sage, les rayons des roues, les traits d'esprits, les commérages, les serpents, le savoir, la culture et même les plumes !

Plusieurs semaines ne furent donc pas de trop à la jeune malédictor pour mémoriser tout ce lexique et ce furent bientôt des mois qui s'écoulèrent ainsi. Le matin, la jeune fille potassait son grimoire, et l'après midi, elle se rendait à la Pitié démunie pour s'occuper des patients qui ne manquaient jamais d'affluer. D'ailleurs ils affluaient tant et si bien que deux autres "médecins" avaient fait leur apparition. L'un d'eux était une ancienne disciple de Shallya qui avait perdu la foi en acquérant une mutation pour le moins gênante: une tentacule verte d'un bon mètre de long avait poussé là où aurait pu se trouver autre chose si elle avait été un homme. A l'époque, la malédictor lui avait tranché sa tentacule, mais celle-ci repoussait à intervalles réguliers. Finalement, l'ex-prêtresse s'était fait une raison, et elle arborait maintenant sa tentacule enroulée autour de sa taille, comme une ceinture. Cette dernière avait vu sa dévotion pour la fille de Morr décroître en flèche, mais le goût d'aider les autres lui était resté. Aussi, la trouvait-on souvent à s'occuper des miséreux de la Pitié-Démunie.

L'autre médecin était apparu plus récemment, il s'agissait d'un homme de haute taille dont le cou était si court que son visage semblait emboité directement dans ses épaules. Il portait une ample robe violine dont la capuche était rabatue sur le masque d'onyx recouvrant son visage. Cela lui donnait un faux air de mage d'améthyste, d'autant plus qu'il rodait souvent autour de la pièce nommée le "miroir" où l'on installait les patients qui étaient au delà de tout espoir. Klarentza supposait, peut-être à tort, qu'il s'agissait d'un ancien adepte du vent Shyish qui s'était tourné vers les arts occultes.

Et c'est ainsi que le temps passa, alternant entre studieuses études et jeux de bistouris, chaque jour ressemblant au précédent. Du moins, sauf cette fois où elle décida de s'adresser au mystérieux mage chaperonné de violet.
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Ce jour là, elle avait de nouveau rêvé cette une vallée aride où serpentait une colline dressée sur une crête tordue. Sauf que ce n'était pas une colline qui serpentait, mais une tour. Elle s'en rendait compte à présent: il s'agissait d'une immense tour, comme aux trois quart enterrée sous terre, ne laissant que sa partie supérieure émerger. Au fur et à mesure que la jeune malédictor avançait sur le chemin zigzagant de la crête, la tour semblait se déplacer ; se retrouvant tantôt proche d'elle, tantôt excessivement éloignée, ce qui faisait qu'au final la jeune fille ne savait plus si elle s'en approchait ou si elle s'en éloignait. Mais peu importait. Elle ne pouvait rester indifférente à cet édifice qui l'attirait tout en provoquant chez elle un malaise léger mais persistant.

Ce rêve la troubla au plus haut point mais il fut comme un déclic: il lui fallait parler au mage violet. Il savait peut-être quelque chose de capital pour son avenir ; elle devait en avoir le coeur net et ne pouvait rester là à simplement l'ignorer.

Aussi, sauta-elle son petit déjeuner pour se rendre directement à cette vieille batisse délabrée qu'était la Pitié-Démunie. Elle fut quelques peut désapointée de ne pas y rencontrer son mage d'améthyste. Au lieu de cela, elle ne trouva guère qu'un pauvre hère au dos vouté. Dès qu'il vit la malédictor entrer, il se précipita vers elle en claudiquant de manière incertaine, car sa jambe gauche était plus longue que sa droite - et ce d'un bon pied, sans jeu de mot. Quant à ses bras, le premier était ridiculement court comparé au second ce qui lui donnait un faux air de manchot. De plus, le malheureux se tenait fortement courbé et de nombreuses bosses déformaient son dos, comme si quelques créature avait pondu une multitude d'oeufs maléfiques sous sa peau. N'ayant rien de mieux à faire, la jeune chirurgienne décida de l'examiner.

Prenant sa main dans les siennes, elle lui fit retourner sa paume vers le haut afin d'en éprouver la qualité. Ses doigts noueux étaient si tarabiscotés qu'ils semblaient dotés d'articulations supplémentaires. Mais contre toutes attentes, sa peau était aussi fine que lisse, elle n'avait pas du tout cet aspect de cuir rugeux auquel elle s'était attendu. De plus, sa main avait ce que l'on nomme le petit doigt des artistes: l'auriculaire tendait à rester écarté des autres doigts. Autant de signes qui trahissait une origine élevée.

Après quelques instants, le diagnostique de la malédictor fut qu'il était trop difforme pour qu'il s'agisse d'une seule et unique mutation et trop humain pour qu'il s'agisse d'un cumul de plusieurs mutations. Selon toutes probabilités, il s'agissait là d'une personne ayant survécu à une fièvre osseuse. Sauf que son regard avait quelque chose d'anormal. Il posait sur elle des yeux emplis d'intelligence et non de l'habituel désespoir qui allait de pair avec les anciens notables frappés par quelque horible maladie.
- Vous recelez bien plus qu'il n'y parait, commença la malédictor.


Mais elle fut interrompue par le bruit du parquet craquant sous les sandales d'une silhouette enchaperonnée de violine. Se désintéressant aussitôt de son patient, la malédictor adressa un léger sourire au nouveau venu avant de l'interroger de manière pour le moins directe:
- Salutations à vous, messire. Je me nomme Klarentza et je cherche à louer un maître afin de m'apprendre quelque langue étrangère. Se pourrait-il que vous puissiez m'aider ?


Le masque noir de l'homme qui venait d'entrer se tourna vers la jeune fille qui avait fléchit les genoux en pinçant sa robe afin d'exécuter une révérence polie. L'homme resta ainsi immobile à l'examiner quelques secondes durant lesquelles Klarentza se fit la remarque qu'il semblait vraiment ne pas avoir de cou. Peut-être encore une de ces mutations incongrues qui caractérisaient le chaos ? Elle n'eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions car il lui répondit avec un fort accent étranger qui semblait être de l'estalien:
- Je suis maître en bien des domaines, en effet. Mais mes tarifs ne sont pas à la portée de tous. Auriez vous de quoi payer ? Ajouta t'il en se tournant ostensiblement vers l'épée que l'on devinait sous la cape de Klarentza. Mais la malédictor se contenta de répondre par une autre question:
- Sauriez-vous lire ceci? demanda-t-elle en brandissant un feuillet.


L'homme encapuchonné tendit une main gantée pour se saisir de la feuille, puis après l'avoir soigneusement examinée, il se mit à lire à haute voix:
- Akhamshy'ak n'urdhar ghyraneth
A peine eut-il commencé que notre apprentie afficha une mine si contrariée que son interlocuteur dut le sentir et interrompit sa lecture.
- En réalité, j'ai bien peur de ne pas pouvoir m'offrir vos services, prétendit-la malédictor en lui reprenant sèchement le feuillet.


Pour qui la prenait-elle ? Le premier mot était clairement "Akhamshy'y" et il signifiait le "Guerrier". Cet idiot n'avait même pas prononcé le suffixe en 'y. Il était clair qu'il ne pouvait guère l'aider à apprendre la langue noire. Alors que notre apprentie allait faire demi tour, elle senti des doigts effleurer son dos. La créature difforme de tout à l'heure s'était approchée d'elle pour lui sussurer d'une voix douce.
- Akhamshy'y akh n'gurhdhar Ghyraneth ; les guerriers, par leur sanglantes batailles, contrecarrent l'ouvrage de Ghyran.


Les yeux de la créature brillaient d'une lueur indéchiffrable alors qu'elle précisait:
- Du moins, c'est la traduction poétique qu'on en donne généralement. Apportez moi quelque chose de valeur, et je vous enseignerai.


-- 09 Jan 2016, 20:16 --

De retour à la loge des gueules fédides, la malédictor repensait à la créature difforme ainsi qu'à la traduction qu'elle lui avait donné de sa phrase. Il l'avait qualifiée de "poétique" et cela la perturbait au plus haut point. Olga était à son bureau, aussi Klarentza en profita t'elle pour lui rendre une petite visite. Cette dernière confirma la traduction à l'exception de "Ghyranneth" qui se traduisait littéralement par: les maîtres du vent de jade, ce qui ne pouvaient être que les hauts druides. Mais Klarentza se fit la remarque que si l'on considérait qu'ils accomplissaient l'oeuvre de ghyran, alors on pouvait considérer la traduction comme acceptable.

Lorsqu'Olga voulut savoir d'où provenait cette phrase, Klarentza lui montra le livre parlant qui lui avait enseigné la phonétique de la langue noire. Olga semblait déjà connaître cet ouvrage car lorsqu'elle s'en saisit dans la bibliothèque, elle marmona une formule avant de l'ouvrit à une page quelconque. Elle se mit aussitôt à prononcer des paroles dans une langues aux sonorités légères que Klarentza n'avait jamais entendu auparavant. Changeant de page, la magister se remit à lire, mais cette fois-ci dans un dialecte aux sonorités rudes évoquant les régions nordiques.
- Ma chère enfant, il est étonnant que vous soyez tombée sur un passage rédigé en langue noire. Car cet ouvrage est un florilège pour polyglotte. C'est à dire un recueil de poèmes rédigés dans des langues diverses et variées. Cela n'en fait donc certainement pas le meilleur ouvrage pour apprendre quoi que ce soit. D'où provient ce passage que vous m'avez fait lire ?


Après quelques minutes de recherche, Klarentza retrouva la phrase qu'elle avait recopié sur le feuillet, et sa maîtresse entreprit d'en parcourir la suite. Elle tourna une page, puis deux avant d'annoncer à la grande surprise de son apprentie, que la suite du texte était rédigé dans un dialecte qu'elle ne comprenait pas. Il ressemblait à de la langue noire, mais sans en être vraiment. Peut-être était-ce là un texte rédigé dans la mythique arcane noire ? Une langue si ancienne et si pure qu'elle ne serait connue que des seuls les démons ainsi que des plus fameux élus du chaos - tels qu'Archaon.

Sur ce, Olga lui conseilla un autre ouvrage afin de s'exercer au noir parler. La malédictor acquiesca au conseil de sa maîtresse, troquant les grimoires précédemment emprutés pour celui qu'on lui recommandait. Après avoir pris congé de la magister, notre apprentie consulta son nouveau livre. Rédigé dans une langue noire approximative, il relatait les exploits d'un Champion du chaos ayant levé une armée dans le grand nord pour marcher sur Kiev. Ce faisant, la malédictor se rendit compte qu'elle lisait maintenant la langue noire avec une aisance certaine. Malgré ce, elle ne se sentait pas satisfaite: le texte sur lequel elle s'échinait depuis des mois ne lui était toujours pas accessible et cela la frustait au plus haut point ; d'autant plus que sa maîtresse elle-même s'était avérée incapable de le déchiffrer en totalité.

Peut-être devrait-elle considérer la proposition qu'on lui avait faite ce matin ? Mais la créature lui avait demandée d'apporter quelque chose de valeur. Or, elle ne disposait de rien de tel. Alors comment faire ? Essayer de la capturer pour l'obliger à lui enseigner ce qu'elle savait ? Tenter de dérober quelques babioles ? Et tout cela pour déchiffrer quelques lignes dans un vieux recueil de poésies ? C'était pure folie et n'avait pas le moindre. Telles furent les pensées de la malédictor alors que Morphée venait de l'emporter vers son royaume.
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Cette nuit là, les rêves de la malédictor furent agités par les visions d'un homme dont la tête était celle d'un homard. Sa main gauche était remplacée par un pic noirci alors que la droite était ornée de doigts démesurés. Son torse était déformé par de multiples bouches hurlant de douleur. Il traversait une étendu gelée, et à chacun de ses pas, des hommes et des femmes se convulsaient sous l'effet de maladies toutes plus douloureuses les unes que les autres. Subitement, l'homme s'arrêta et son regard glissa pour parcourir les alentours jusqu'à se planter droit dans les yeux de la jeune fille qui se réveilla en sursaut.

Une fois de plus, l'inspiration lui était venue durant son sommeil. Il était clair que les mages tape à l'oeil, les hommes-hommards, et les professeurs secrets attachaient de la valeur à des choses différentes. A présent, tout était clair, et elle savait ce qui pourrait contenter son mystérieux inconnu. Ramassant sa besace à la hâte, la jeune apprentie sorti en trombes de la loge des gueules fétides pour se précipiter vers la pitié-démunie. Elle retrouva sans peine la créature au dos bosselé de la veille - elle n'avait pas changé de place. Visiblement, elle s'accomodait fort bien de sa condition, alors que venait-elle faire dans cet hopital miteux du Fauschlag ? Peu importait à la malédictor qui s'approcha de son potentiel futur maître qui le toisait d'un air pétillant de malice.
- Alors, que m'avez vous apporté, ma tendre amie? Demanda-t-il d'un ton mordant d'ironie. Ce à quoi la malédictor répliqua qu'elle allait lui offrir la seule chose qui ait de la valeur. Sur ce, elle retroussa sa manche gauche tout en sortant sa dague de jet de sa droite. Puis, elle énonça trois principes: ce que vous montrez ; ce que vous cachez ; ce que vous ignorez. Sur ce, elle s'entailla légèrement le bras gauche en se concentrant sur la créature. La malédictor l'ignorait, mais autour d'elle le vent d'Azyr se mit à vibrer, tournoyant lentement aux alentours. Son interlocuteur, lui, dut le sentir car il fit mine de reculer, mais lorsqu'il se rendit compte que rien ne se passait, il interrompit son geste afin d'assister à la suite des évènements.
- Ce que vous montrez, répéta-t-elle. Puis elle se pencha sur l'entaille qu'elle venait de s'infliger pour l'examiner. Le sang vermeille coulait abondament en formant des stries évoquant le malheur, aussi déclara t'elle: un grand malheur afflige votre corps. Il est déformé, torturé, usé. A bout de souffle. Mais cela, vous le savez déjà. [/b]
Affermissant son emprise sur la poigné du couteau, Klarentza se fit une seconde entaille sur son bras, bien plus profonde que la première. Elle se mordit la langue sous l'effet de la douleur et le goût salé du sang coula dans sa gorge. Son entaille présentait la symbolique de Mammit le sage entrelacée avec celle de Morrslieb. Aussi déclara t'elle:
- Ce que vous cachez: une personne en quête, un missionnaire qui poursuit un but secret, celui qui détient des savoirs interdits.


Après une courte pause, Klarentza se fit la remarque que tous deux savaient déjà cela. Aussi passa-t'elle à la suite, s'infigeant une troisième blessure suffisamment profonde pour laisser une cicatrice et maculer son bras de sang. Cette fois-ci, la malédictor pris le soin de serrer les dents avant de se mutiler. Ceci lui permit de ne pas se mordre la langue, néanmoins, elle ne put retenir un gémissement de douleur alors qu'elle effleurait dangereusement une de ses artères.
- Ce que vous ignorez, finit-elle par déclarer, votre quête est biaisée, de la tromperie est à l'oeuvre. On ne compte pas vous donner ce que l'on vous a promis.


A ces mots, la créature bondit sur Klarentza, l'empoignant par le col pour la soulever de terre en faisant preuve d'une force impossible.
- Qu'en savez vous ? Qu'en savez vous, ridicule petite tisseruine ? Vous a t'on chargée de m'espionner ? Ou pire: de me trahir !


Klarentza lui aurait bien fait remarquer qu'elle n'était que malédictor, mais ce n'était guère le moment ; d'autant plus que son bras saignait abondamment et qu'il lui fallait le bander au plus vite. Elle se contenta donc de répondre que c'était ce qu'indiquaient les présages, qu'elle ignorait de quoi il relevait. A ces mots, la créature au dos bosselé sembla se calmer, reposant lentement la Malédictor. Réfléchissant à voix haute, elle se mit à faire les cents pas en marmonnant qu'elle avait bien vu qu'Azyr était à l'oeuvre, mais que pourtant on lui avait fait un serment qui ne pouvait être rompu.

Après quelques instants, la créature se retourna vers la malédictor en lui jetant un regard pénétrant:
- Dites m'en plus. Si vous me révélez quelque chose d'utile, je vous enseignerai tout ce que vous voulez savoir. Puis se ravisant: du moins, dans la mesure du raisonnable.
- Je puis essayer, mais les augures sont capricieuses et leurs réponses sont bien souvent confuses, répondit prudemment la malédictor
- Ne me faites pas l'article sur Azyr, répliqua sèchement la créature.


Alors je vais avoir besoin de votre bras, déclara Klarentza qui avait mit ce répit à profit pour se bander. Sans l'ombre d'une hésitation, son interlocuteur lui tendit son avant-bras en lui ordonant de procéder immédiatement à son oracle.
- Je vais avoir besoin d'une question précise. Une question précise appelle une réponse précise, dit Klarentza. Lui jetant un regard suspicieux, la créature garda le silence près d'une minute avant de déclarer:
- Comment obtenir ce que je désire ?
Klarentza opina du chef avec un léger sourire. La formulation était suffisament floue pour qu'elle ne sache de quoi il relevait, mais suffisament précise pour que l'oracle puisse répondre de manière satisfaisante. Du moins, si Azyr lui était favorable. La malédictor procéda donc à une nouvelle augure, entaillant généreusement le bras de son consultant. Elle dut mettre fin assez rapidement à l'opération car sa dague avait perdu son tranchant. La retirant de la plaie, elle vit que la lame avait été rongée par ce qui semblait être de l'acide. Ignorant ce détail pour l'instant, elle examina la plaie. Le résultat en était plutôt amusant pour un "sage" demandant conseil, puisqu'il mentionnait un seul et unique précept: celui de mummit le fou.
- Faites ce que nul n'attend de vous. Suivez votre intuition et tentez votre chance, déclara la malédictor.


A ces mots, la créature resta perplexe quelques instants, puis elle afficha un large sourire présentant une collection de dents toutes plus tordues les unes que les autres.
- Oui. C'est un sage conseil, dit la créature sur un ton pensif. Puis, après un temps de silence, elle ajouta qu'elle allait accomplet ce dont nul ne le croyait capable au lieu d'attendre le bon vouloir de son Maître. Ha, il voulait le trahir comme il avait trahit les autres ? Il allait bien voir qui trahirait l'autre !


Sortant de ses pensées, la créature se retourna vers la malédictor, lui adressant un sourire grimaçant tout en déclarant qu'elle allait à présent lui payer ce qu'elle lui devait. Sur un ton ne souffrant aucune réplique, elle lui ordonna de noter le secret qu'elle allait lui dévoiler. Perdant quelques peu son assurance habituelle, Klarentza lui fit remarquer qu'elle n'avait ni plume ni encre sur elle. Sur ce, la créature éclata de rire. Un rire caquetant comme en poussent les déments. Sans laisser le temps à la malédictor de réagir, il se saisit du seul autre malheureux qui se trouvait dans la pièce pour lui arracher la tête du tranchant de la main. Un coup net, qui la fit rouler sur le sol. Retournant le cadavre sans autre forme de procès, il utilisa son dos pour inscrire ses instructions du bout de l'ongle tout en les énonçant à voix haute dans un reikspiel impeccable. Au fur et à mesure qu'il parlait, le dos du cadavre s'emplissait de glyphes jusqu'à le couvrir entièrement.

Dans un état second, Klarentza l'écoutait d'une oreille distraite, comme hypnotisée par le morbide de la situation. Finalement, la créature eut fini. Elle lui suggéra alors de découper les textes, puis de les tanner afin qu'ils ne pourrissent pas. Sans réellement lui laisser le temp de répondre, la créature s'éclipsa. Il fallut quelques instants à la malédictor pour reprendre ses esprits. Mais elle tenait peut-être là les réponses aux questions qu'elle se posait depuis si longtemps qu'il lui était impossible de ne pas saisir cette occasion. Aussi, se mit-elle en devoir de dépecer le cadavre afin d'en récupérer les précieuses instructions. Ce fut une opération longue et laborieuse, mais son adresse de chirurgienne l'aida grandement. Lorsqu'elle eut fini, elle déposa les peaux encore sanglandes dans sa besace qu'elle avait tapissée de bandages.

Alors qu'elle était en train de jeter les restes du corps dans la fosse commune, son mentor surgit de nulle part pour lui parler en ces termes:
- Bien. Que diriez-vous de mettre de coté votre pathétique petit vie pour vous joindre à moi ? Avec ce que je dois entreprendre, j'aurais besoin de personnes de votre trempe.


La question déstabilisa Klarentza. Se joindre à lui ? Mettre de coté sa petite vie ? Voilà une proposition aussi alléchante qu'insensée. Quels savoirs ne pourrait-elle pas acquérir auprès de lui ? Mais une once de culpabilité la taraudait: elle se sentait redevable à sa loge. Aussi, Klarentza proposa t'elle de ne donner sa réponse que le lendemain. Mais à se grande surprise, la créature éclata de son rire caquetant tout en lui expliquant:
- Je n'ai pas la journée pour attendre que vous vous décidiez ! Il vous faut accepter maintenant ou refuser à jamais.


Ne sachant que répondre, Klarentza garda le silence. C'en fut trop pour la créature qui s'inclina en une révérence moqueuse avant de disparaître en un éclair, laissant la malédictor seule au dessus de la fosse commune.

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Près de trois semaines après les évènements précédents, Klarentza était parvenue tant bien que mal à conserver les pages de chair humaine en les trempant dans divers bains de sels mais leur état était pour le moins médiocre et il était tout à fait certains qu'ils allaient se désagréger complètement d'ici quelques jours. Cela lui avait néanmoins donné tout le temps nécessaire pour les étudier ainsi que pour les recopier. Quant à leur contenu, il était déconcertant de simplicité. Trois ou quatre inversions de sonorités, quelques mots pris pour un autre. Et c'était à peu près tout ! Finalement, l'arcane noire se révélait extrêmement proche du noir parler et Klarentza s'était enfin avérée capable de traduire le texte issu de son florilège.


Quand les montagnes auront fondu
Que le dernier bouclier sera brisé
Que les lunes soeur auront disparues
Que les rocs eux-mêmes ne seront plus
Alors, elle sera la dernière à se dresser
Dernière tour sur la dernière crête
La tour d'où tout est parti
La tour où tout à commencé
La tour où tout s'est fini
[Fiche] Klarentza - Sorcière de Nurgle
Profil: For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 7 | Int 9 | Ini 8 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | MAG 11 | NA 1 | PV 70/70

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