[Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par [MJ] Kriegsherr »

S’il y avait bien une chose à laquelle Trouss’ ne s’attendait pas, c’était de s’en tirer à si bon compte. Après une trahison et une tentative –assez pitoyable certes- de meurtre sur son camarade, il se voyait pardonné grâce à l’esprit de la Waaaagh. La conscience collective des peaux-vertes intervenait peu souvent en ce sens, mais dans une certaine mesure, elle permettait tout de même à d’énormes bandes de se former et de rester globalement unies sans uniquement reposer sur des rapports de force.

Quoi qu’il en fût, le petit gobelin perturbateur cligna des yeux, s’attendant à un piège, à une fourberie pour le faire souffrir davantage en lui laissant voir de l’espoir avant de l’achever. L’étonnement et l’incompréhension apparurent sur le visage peu agréable de Trouss’. Mais ne perdant pas contenance pour autant, le prétentieux révolutionnaire récupéra son arme et remonta en selle où il se tint bien droit, comme pour réaffirmer sa fierté froissée par son échec. La traque allait pouvoir commencer.


– Hum… Ch’kroi qi son parti par là !

Dit-il en désignant une direction approximative et en lançant sa bête sur la piste.
Test d’INT (traque) : 1. Réussite critique.
Retrouver les traces laissées par les fuyards survivants ne fut pas très difficile. Épouvantés par le sort de leurs collègues moins chanceux, les humains n’avaient pas fait dans le détail. Ils avaient fui à peu près en ligne droite, sans chercher à effacer leurs traces. De plus, au-delà des empreintes, les odeurs étaient fraîches, traçant une piste facile pour les loups géants. En très peu de temps, Épik et Trouss’ arrivèrent en vue de l’endroit où s’étaient réfugiés leurs cibles. Encore à moitié cachés par le brouillard, ils virent en premier une grande masse sombre devant eux, avec des feux brillants : un village autour duquel patrouillaient quelques gardes munis de torches. Vu la hauteur de l’une d’entre elle, il semblait aussi y avoir une sorte de petite tour.

Le village était sans doute peu peuplé, mais c’était largement trop pour deux chevaucheurs isolés. Heureusement, de là où ils se trouvaient, il était peu probable qu’ils soient en vue des humains. Seule la masse du village et les torches se voyaient à travers le brouillard, les silhouettes individuelles, elles, n’apparaissaient pas encore. Trouss’ s’exprima alors, peu rassuré :


– Y sont là, ça fé aucun doute ! Mé si tu veu mon avi, on fré mieux d’allé voir nos kopins pour les zataké. Y sont tro nombreu !
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Epik Kipik'
PJ
Messages : 15

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par Epik Kipik' »

Image
É colleg’ Rham’ !


Les cabots s’agitèrent en jappant et en commençant par remuer leurs truffes pour flairer les environs. Les pistes s’ouvrir à eux comme un oiseau qui tombe du nid et qui s’offre à ses prédateurs. Les humains refoulaient d’hormones et suaient beaucoup. Certes ils n’étaient guère aussi pestilents que les gobelins qui battaient les taillis pour leur faire la chasse à courre, mais ils irradient néanmoins de doux fumets capables d’ordonner aux babines des lupus d’écumer de salive à la seule idée de refermer leurs mâchoires sur leurs tendres moignons.
Les deux crapules sitôt réconciliées décidèrent de poursuivre le dessein de pourfendre ces impromptus témoins. Derechef, les sauvages traqueurs aux pelages hirsutes jetèrent leur museau sur les plus frais dépôts de sueur, inhalant bruyamment à chaque empreinte de pas pour capter cette odeur si persistante de chausse et de semelle mélangée à ces effluves de sel et de diaphorèse. La chaleur qui se dégageaient de leurs corps pendant l’effort, les vêtements qui s’imprégnaient de leurs phéromones, les distinctives traces de botte qu’ils traînaient derrière eux, rendaient la tâche particulièrement aisée pour les pisteurs.

Leurs bêtes étaient entraînées à cela. Avant de guerroyer, il leur fallait apprendre à découvrir le sentiment, cette voie implicite balisée à partir des choses que le gibier laissait derrière lui. Le plus souvent, les cabots se reposaient sur leurs sens olfactifs ; leurs cavaliers n’intervenaient d’ordinaire que pour analyser, définir, étudier, dénombrer pour déchiffrer ce que les empreintes voulaient dire. Parfois, ils renonçaient, en particulier quand ces empreintes étaient trop graciles. Il n’y a rien de pire que les elfes, surtout dans des bois aussi denses.
C’était encore plus facile lorsque la brise amenait avec elle l’amorce qui leur permettaient de ferrer le poisson. Dans ce cas il suffisait de prendre de la vitesse, car le plus souvent, tout se jouait à partir d’une question de temps : chaque seconde gagnée réduisait proportionnellement l’espace qui séparait le prédateur de son objectif. C’était un jeu sournois. Un dialogue macabre avec le temps, le hasard et l’espace, et dont la conclusion se soldait par un dernier râle morbide et tragique, lorsque sonnait l’hallali.
Parfois, la bête persécutée empruntait des pistes complexes : des sentiers trop étriqués, des itinéraires couverts de ronce, des marécages putrescents, des rivières qui coupaient le sentiment. D’autres fois, le gibier se risquait à un jeu de duperie, décrivait des cercles puis revenait sur ses pas, déféquait sur des trajets prompts à tromper ses poursuivants, se frottait aux plus odorantes pousses pour disparaître dans le paysage olfactif de ses chasseurs. Ces fourbes artifices étaient de vrais attrape-nigauds, exigeaient des contournements, disséminaient les traces, faussaient les pistes, distançaient la pendule. Un jour, le gibier fut à ce point malin qu’il causa même la perte d’un des gobelins du groupe, qui poursuivit des traces jusqu’au fond d’une fosse mortelle.

Ces humains, eux, étaient au moins aussi habiles dans la fuite qu’un ogre à grimper aux arbres. De vrais teubés, et c’est des gobelins qui le pensèrent. Epik et Trouss’ filèrent dard-dard, droit devant, battant les fougères sous la fièvre carnassière de leurs bêtes à crocs. C’est lorsqu’ils virent se dresser l’entité villageoise qu’ils comprirent pourquoi ces badauds avaient préféré, à des itinéraires plus tactiques, la plus faste escampette.
Cette débâcle de mauviettes livra tous leurs congénères à l’appétit des Peaux-Vertes. Normalement, c’était un truk de chez eux de sacrifier les autres. Les humains, eux, ils préféraient mourir avec un truk qu’ils appelaient l’honneur. Epik ne l’avait jamais vu, l’honneur, mais il savait que ça existait, chez les singes. Il fut d’autant plus surpris de ne pas le voir chez ces pleutres ; ça ne l’empêcha du reste de se régaler de l’idée qu’ils pourraient tout saccager à loisir, dès que leur heure viendrait. Déjà Trouss’ s’enquit de rejoindre la Waaaagh pour mettre à pied d’œuvre l’assaut machiavélik qui leur permettrait de prendre possession de ces lieux, tout en dévastant leurs chaumières. Mais à cette précipitation, Epik préféra la prudence.

« Pas si vite, Trouss’. On ne sait pas combien y sont, ni koment ils s’organisent. La dernière fois kon a voulu faire ça, on s’est retrouvé dans des coupe-gorges sous des montagnes remplis de dwarfs ! Pwah ! Ca puait l’tabac et la charogne et en prime, on sé fé démolir ! Heureusement que Gork et Mork étaient avec nous ! Mais rappelle-toi : on a voulu attaqué de front, enfin avec le front, sauf que c’était avek les mains, et puis ils ont frakassé la Waaagh, on a perdu notre repère, et puis après, après…
Après il y a eu les elfes… snif… ils nous démonté la ghueule, ces enfoirés…
»

Une larmichette roula de son œil droit, alors il renifla en avalant sa morve. De tous ses souvenirs, ce dernier était bien le pire. Les lames avaient sifflé toutes proches de ses oreilles, leurs griffes avaient scalpé ses frères et même décapité des orks, leurs flèches étaient tombées comme de la pluie qui mouille, et surtout, ils leurs avaient donné l’impression d’être intouchables, invisibles, comme des spectres vengeurs. Comme s’ils avaient provoqué la furie d’un de leurs dieux parjures.
Le nombre n’avait pas suffi. Chaque fois qu’il fermait l’œil, Epik continuait de voir ces visages lisses et imberbes se tourner vers lui, et leurs yeux ne manquaient pas de hanter son sommeil. Leurs prunelles brûlaient comme des feux maudits, et leurs bouches se tordaient dans un arc de mépris, sans dire un seul mot, sans daigner faire l’effort d’expliquer l’impitoyable aversion qu’ils vouaient à ces petites créatures du Mal. Il suffoquait de cette paranoïa grossissante qu’il couvait contre cette espèce. De pitié, ils ne montraient guère. Ils ne faisaient pas d’esclaves, ils ne prenaient pas autant de plaisir que les autres à défoncer tout le monde, ils se contentaient de tuer docilement, sans une effusion de trop, sans enchaîner sur les cadavres, sans crever les yeux, sans couper les couilles et les membres, sans transformer les crânes en bouillie.
Ce que tout le monde fait, normalement.

« Mais cé fini, ce temps-là ! Maintenant, on va faire kom eux. On va étudier leur cité de loin, on va se préparer, on va regarder par où ils rentrent, où ils surveillent, kelles bêtes ils montent, kombien de gardes ils ont, à kelle heure ils changent. Et puis on va se réunir, bouffer ce ki nous reste, aiguiser nos lames, remplir nos carkois, enduire nos kouteaux de poison. Kan on sera prêt, on attendra k’ils dorment, on pénétrera avek un kontingent, et on mettra le feu. Ce sera le signal pour attaker. A partir de là, yaura plus besoin de réfléchir, on pourra laisser libre cours à la fureur de la Waaaagh ! »

Dans les yeux d’Epik brillaient une lueur avare. C’était une chose fort peu commune, chez les gobelins, ce genre de fulgurance intellectuelle.

« On va utiliser une tacktik ! »

Tout content qu’il fut d’avoir échafaudé un plan, il se trémoussa sur sa selle en agitant les bras comme s’il était déjà au milieu de la scène, en train de procéder au carnage en règle qu’il promettait à son compère. Ne lui restait plus qu’à se lancer dans cette interdite inspection des lieux ; ainsi qu’à marquer l’itinéraire qui mènerait la meute jusqu’aux abords de la ville, sans qu’ils ne se fassent repérer.
Une bien dangereuse décision. Car en marquant son itinéraire pour lui, il le marquait aussi pour les autres, et il y avait fort à parier que quatre badauds terrorisés par la présence gobeline ne manqueraient pas de témoigner de leur débandade.
Epik Kipik' | Voie du monteur gobelin
Profil : For 6 | End 7 | Hab 9 | Cha 7 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | Mag | NA 1 | PV 49/60
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
*

Compétences
  • Combat
    • Coup précis [1](B)
  • Perception
    • Pistage (A)
  • Adresse
  • Physique
  • Connaissances
    • Survie en milieu hostile (B)
    • Dressage (A)
    • Monte (A)
    • Baratin (B)
    • Soin des animaux (E)


Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Trouss’ parut surpris par le raisonnement tenu par son camarade : rester à deux en face d’un village rempli d’hommes, vérifier leur nombre, leur organisation... Ce genre de précautions était peu commun chez les gobelins. Et surtout, cela les mettait en danger. Finalement, pour ne pas paraître « Troussard », le compagnon de notre héros décida d’adopter une demi-mesure. Il répondit :

– Oké, on fé kom ça, mé inutile d’être deux. Tu s’ras plu diskré tou seul. Moi je reste derrière, en renfor, à fèr le gué kom on dit !

Lâché par Trouss’, Epik se retrouva donc seul à devoir récolter les informations qu’il souhaitait. Pour ce faire, le gobelin choisit de rester monté sur son loup géant, de manière à pouvoir fuir plus vite si cela tournait mal. Courageux, mais pas téméraire ! Evidemment, le revers de la médaille était que monté, il était plus facilement repérable.
L’observation et son déroulement se feront sur un test d’INI, en effet, il faut pouvoir voir sans être vu, se cacher, réagir vite.
Jet d’INI : 9. Réussite. Un jet opposé caché est effectué par les sentinelles de la ville.
Epik Kipik resta tout de même une bonne heure à observer le village, sous différents angles. Cet exercice de patience était inhabituel pour un gobelin, mais parfois, attendre pouvait avoir du bon. Les chefs étaient souvent ceux qui avaient développé cette qualité de savoir attendre le bon moment, alors que d’autres parfois plus talentueux qu’eux gâchaient leurs chances en agissant avec précipitation.

Epik put ainsi constater que le village était relativement petit. En lisière de marais, il était adossé à un petit bois et à une lande. Deux routes partaient du village, une dans la lande, l’autre à travers la forêt. En direction des marais, il n’y avait que des sentiers. L’ensemble du hameau et son entourage avait un air lugubre. A vue de nez, il devait y avoir une quarantaine ou une cinquantaine d’habitants dans le village, en comptant les vieux, les femmes et les enfants. Il était difficile d’estimer le nombre de gardes, mais effectivement, quelques sentinelles sommairement armées semblaient en éveil et patrouillaient autour du village, surtout vers les marais, peut-être parce que les survivants de l’attaque à moitié ratée avait parlé de leur mésaventure. Deux miradors disposés de part et d’autre du village permettaient de surveiller les alentours et de donner l’alarme en cas de besoin. A part cela, il ne semblait pas y avoir de défense particulière dans ce village.

Le chevaucheur de loup n’était pas sûr d’avoir été repéré ou non dans son espionnage, mais en tous cas, s’il avait été remarqué, cela n’avait déclenché aucune réaction visible des humains. Lorsque la brume commença à se relever, et alors qu’il avait déjà effectué les repérages qu’il voulait, le gobelin put rejoindre son congénère.

Epik mit un peu de temps à retrouver Trouss’. Celui-ci semblait en train se curer les dents, allongé par terre, la tête sur le ventre de son loup. Notre héros aurait juré que lui et son loup avaient l’air plus détendus, voire même somnolents ! Leurs panses semblaient également bien remplies. Quoi qu’il en fût, Trouss’ salua son retour d’un geste de la main et se remit difficilement en selle, avec un petit soupir :


– Sé bon, t’as fini avek té taktiks, on peut y aller ? Fo pa traîner, Kogn’Gueul’ nous attend.

***
Retrouver le chemin du groupe ne fut pas trop compliqué. A vrai dire, lorsqu’ils retraversèrent le marais, ils aperçurent en lisière de forêt leurs congénères qui les attendaient. Il fallait maintenant faire un rapport au chef, et vite ! La troupe s’impatientait.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Epik Kipik'
PJ
Messages : 15

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par Epik Kipik' »

Image
É colleg’ Rham’ !


Les bêtes cavalèrent à travers les mangroves méphitiques de la Sylvanie. Leurs grosses pattes jetèrent derrière chaque foulée des mottes de terres humides, et leur trajectoire prît des circonvolutions hasardeuses au gré des marres fourbes qui n’attendaient que de les cueillir, ce qui les obligea de facto à revoir leur itinéraire. L’esprit vif d’Epik’ se confronta à l’instinct sagace de son fauve qui leur évita par deux fois de s’enfoncer dans les méandres vaseux de ces lieux retors, et poursuivant leur périple dans des ornières humides, les aventuriers parvinrent finalement à trouver le sous-bois où se terraient les leurs, guidés par le sentiment laissé derrière les déjections des autres mangeurs d’hommes.
Le retour prit un certain temps, plus qu’ils ne l’avaient prédit, car régulièrement Epik’ s’arrêta pour tailler des symboles cabalistiques en griffant l’écorce des conifères, des érables, des ifs et des saules. N’ayant ni craie d’argile ni pinceau pour dessiner le crâne de Mork, à qui il pouvait bien dédier sa tacktik rusée mais brutale, il se contenta de laisser quatre coups de canifs pour désigner les quatre pleutres qui avaient pris leurs jambes à leurs coups en les voyant venir. Plus troussards que Trouss’, ceux-là. Quand il songea qu’ils prenaient trop de temps par rapport à la venue de l’obscurité, il se contenta d’exiger de sa bête qu’elle fasse le travail de balisage pour lui, mais à plusieurs reprises l’animal s’y refusa.
Alors Epik’ pesta, grommela quelques injures dans un dialecte incompréhensible pour ces fauves, mais se résigna à tolérer l’insupportable. Ce comportement, en fin de trajet, se répéta de plus en plus. C’est que la bête commençait à avoir faim, et flairer ses comparses le faisait envier davantage de passer à l’heure du dîner.

Il serait difficile d’établir un plan d’attaque viable avec tous ces appétits conjugués et la faim qui leur criblait les entrailles, mais malgré tout Epik’ se força à y croire. Au pire, s’ils échouaient, il pourrait toujours s’enfuir.

« La caval’rie est de retour !
- Cé pas trop tôt !
- Enfin !
- Puterelles ke vous êtes ! »

Bien loin, les belles retrouvailles. Pire, on aurait pu croire à un vent de sédition devant l’absence de ces maraudeurs en herbe, qui ne trouvèrent guère cœur à prendre parmi les minois hirsutes et difformes de ces grossiers gobelins. Sitôt leur arrivée admise, les corps se redressèrent de leurs siestes, les vigies revinrent en zone de vie, et quelques-uns commencèrent même à escalader leurs cabots. Derrière, Troussard avec son ventre plein lorgna sur ses congénères. Epik’ balaya un tourment intérieur qui lui prédisait de se méfier d’où le vaurien pouvait poser ses yeux : il y trouverait ses alliés, qui peut-être étaient en attente d’ordres pour déclencher la rébellion.
Il misa, en fait, sur la nouvelle qu’il apportait. Au moment où Kogn’Gheul fit son apparition, il fit son récit pour haranguer la foule et faire taire les mauvaises langues qui continuaient, ouvertement, de les injurier de tous les noms.

« Allons ! Du calme ! On a trouvé une tacktik !
- C’est koi ça ?
- Ca se mange une tak-tik ?
- Voyous ! Pendant kon montait la garde, ils s’en metté plein les pognes ! Et nous, on peut pas en avoir, de la tak-tik ?! Gork m’en soit témouin, on a toujours tout partagé dans la Waaagh, et voilà ke vous deux vous vous métté à…
- Assez ! »

Difficile d’invoquer l’intelligence des Peaux-Vertes, sauf quand il s’agissait de ruser.

« La tacktik, cé un truk que Mork nous met dans la tête.
- Ah.
- Oui, évidemment, une tak-tik. Une taaaaak, tik.
- J’en ai eu une, un jour, mais ô pied. »

Un florilège de nouvelles remarques s’effeuilla pour tenter de conjurer leur méprise et d’adopter des airs intelligents, leurs doigts quittant les hampes des lances pour venir leur caresser le menton sous des faux-airs philosophiques. Epik poussa un soupir, avant que ses prunelles ne roulent dans ses orbites pour fixer celles du boss’, seul être dans cette troupe de manœuvre à pouvoir saisir approximativement l’importance de ce qu’il tentait d’expliquer.

« Tré bien, ékoutez-moi.
Nous avons trouvé des humains. Ils se promené trankillement dans les bois, en croyant que le loup n’y était pas. Mais le loup y était, et il voulé les manger, kom dans la chanson. Un truk d’humain, vous pouvé pas komprendre. Tout ça pour dire kon allé les attaker pour les faire rôtir, mais on a eu un petit… désagrément. Ils ont réussi à s’enfuir, alors on les a pisté. Belle bête ki flaire bien, hein mon toutou ?
Ils sont rentré dans leur petit village. Gé mené une enkête, pendant que Trouss’ roupillait. Fô dire ke ça creuse, une trak.
Ils sont plus que ke nous, mais on peut les tabassé, si on fé attention. Le problème, cé ke kan on va les tapé, ils vont fuir. Alors on va rusé, pour les faire fuir là où on les attend. Au moment où Mannslied sera ô plus haut point dans le firmaman, lé deux premiers groupes attakeront en cisaille depuis la forêt et lé sentiers des marais : fôdra bien gueulé pour attaké en même temps, pousser plein de cris sauvage ki honorent la Waaaaagh ! Le plus gros groupe, celui du chef, attakera depuis les marais, ça les fera fuir ailleurs. Le deuxième devra bloker la sortie vers la forêt.
»

Un sourire carnassier se dessina sur le visage du perfide Epik, convaincu de sa stratégie. Ses yeux brillèrent tout à coup d’une lueur malsaine, animée par la plus mauvaise des intentions. Et ces dents pointues, cette formidable rangée de quenottes en bataille, révélèrent toute la noirceur de ses intentions.

« Ils fuiront donk vers les landes. Sof qu’ils seront à dékouvert, ils ne pourront pas se kacher. Ceux ki seront embuské avek moi se chargeront alors de les ramasser. Sûr ke les pattes puissantes de nos bhêtes sont plus rapides ke leurs guiboles. Vous komprenez ?
On va les défoncé.
»

Après tout, il fallait bien qu’ils se vengent sur quelqu’un. Et puis c’était quand même plus drôle quand il s’agissait d’innocents.
Epik Kipik' | Voie du monteur gobelin
Profil : For 6 | End 7 | Hab 9 | Cha 7 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | Mag | NA 1 | PV 49/60
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
*

Compétences
  • Combat
    • Coup précis [1](B)
  • Perception
    • Pistage (A)
  • Adresse
  • Physique
  • Connaissances
    • Survie en milieu hostile (B)
    • Dressage (A)
    • Monte (A)
    • Baratin (B)
    • Soin des animaux (E)


Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par [MJ] Kriegsherr »

La meute des gobelins et des loups affamés réserva un accueil froid aux deux éclaireurs. Le groupe était déjà fatigué d'attendre, et sevré de victoire facile depuis bien trop longtemps. C'était d'ailleurs l'une des raisons de la remise en cause de l'autorité de Kogn’Gheul. Chez les peaux-vertes, et surtout les gobelins, tout était sujet à discussion, à chamaillerie, et à conflit. C'était dans leur nature : ils ne supportaient pas l'inaction, ils étaient créés pour se battre.

L'intervention du chef permit de ramener un calme suffisant pour permettre à l'éclaireur de développer son plan. Après tout, il s'était embêté à rester longtemps pour observer, il fallait bien que cela serve à quelque chose, non ?

Test de CHA : 11.
Le discours endiablé d'Epik était bien rôdé, mais trop long et trop complexe pour capter durablement l'intérêt de ses congénères. Pour la majorité d'entre eux, la donne était simple : la proie avait été repérée, elle était faible, à leur merci, et ils avaient faim. Les palabres et autres subtilités attendraient bien après le combat et le dîner, non ? Beaucoup piaillaient d'impatience : qu'attendaient-ils, alors que l'ennemi était là, vulnérable, à la portée de leur lance ?

Néanmoins, certains parmi les plus rusés semblaient avoir saisi au moins les grandes lignes du plan d'Epik Kipik. Le chef, Kogn’Gheul, faisait partie de ceux-là, car il était à la fois fort et rusé, c'était d'ailleurs pour cela qu'il était chef. Restait à déterminer si ce camp l'emporterait. Déjà, les chamailleries commençaient, certains huant le discours d'Epik et commençant à lui lancer des petits projectiles en le traitant de lâche, de profiteur et de pleins d'autres noms. L'animosité était telle que le groupe était prêt à exploser et à en venir aux mains avant même l'affrontement avec les humains.

Une fois de plus, il fallut l'intervention du chef pour calmer tout cela. Ses cris étant ignorés, il passa à l'action, saisissant par le cou deux des plus virulents chamailleurs, et se servant de la tête de l'un pour taper celle de l'autre. Le choc produisit un son creux pas désagréable, et les deux peaux-vertes s'effondrèrent au sol, assommés. Cela eu pour effet de calmer le reste du groupe, mais la tension restait forte. Il était clair que Kogn’Gheul n'avait plus le droit à l'erreur. S'il se ratait sur ce coup ci, son autorité serait sapée et certains s'opposeraient à lui. Il en avait conscience, et c'est pourquoi, il choisit d'adopter mot pour mot le plan de son fidèle Epik. Ce dernier semblait avoir bien réfléchi, et c'était le seul qui avait vu le village humain... Enfin, avec Trouss'.


-Silens' bande de larv' ! Cé moi l'boss, cé moi ki décide ! Votr' avis, on s'en tape, et si ça vous va pas, cé moi qui vous tape ! On fr'a kom a dit Epik, alors préparé vous et cette nuit... Y aura d'la viande fraîche au menu, les amis !

Des clameurs saluèrent cette déclaration, mais chez certain, les braises de la révolte brillaient toujours dans leurs yeux : ils auraient souhaité agir sans attendre. Quoi qu'il en fut, personne ne tenta rien contre Kogn’Gheul. Il était encore trop puissant, il avait encore trop de soutiens, et surtout, beaucoup croyaient encore en lui, pensant qu'il était leur meilleure chance. Évidemment, si l'attaque échouait, la donne pourrait changer, mais pour l'instant, il leur promettait un bon repas, attendre quelques heures de plus restait donc encore supportable.

Pour sa part, le chef se tourna ensuite vers Epik et le ramena dans sa tente, qu'il le veuille ou non. Une fois à l'abri des regards indiscrets, Kogn’Gheul s'exprima. Il avait un air menaçant, et dominait de toute sa hauteur son congénère plus petit et plus faible, sur les épaules duquel il plaça ses mains :


- J'espèr' pour toi ke ta taktik s'ra bonne, ou kroi-moi tu seras le premier à passer à la kasrol !

Un regard noir précéda un éclat de rire, quelques instants après cette inquiétante menace. Toujours aussi intimidant, mais plus détendu et amical dans son comportement, le chef lâcha Epik et reprit :

- Bon, é konsernan ce kafar de Troussar', tu as dékouver kelke choz ? Kès k'il mijot' avek sé p'tits kopins ?

Outre répondre à Kogn'Gheul, tu as également la possibilité dans ton prochain post de tenter des actions dans le camp des gobelins avant la mise en oeuvre de ton plan, si tu le souhaites.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Epik Kipik'
PJ
Messages : 15

Re: [Epik Kipik] É colleg’ Rham’ !

Message par Epik Kipik' »

Image
É colleg’ Rham’ !

Heureusement que le chef était là : grâce à lui, la verdâtre et hideuse peuplade eut un semblant d’atome crochu avec les plans d’un Epik’ rêvassant déjà séduit par l’idée de pouvoir fouailler les entrailles des singes promis à sa pik’. Evidemment le groupe n’eut qu’une vague idée de la profondeur de la taktik mise au point par le petit gobelin encore grisé par l’excitation de sa victoire, d’abord, ainsi que par sa découverte ensuite ; mais grâce aux quelques particules de matière grise gigotant dans le labyrinthe de crétinerie de ses congénères, Epik’ avait un espoir.
Un petit brin d’espoir dans l’âme de ce petit brin de créature.

Après avoir rétabli l’ordre parmi ses sujets écervelés, Kogn’Gheul invita Epik’ à la manière des peaux vertes : une invitation un peu brutale, donc. Des peaux tannées, des breloques en tout genre et quelques os des créatures dont il triompha par le passé ornaient son abri de fortune – les yeux d’Epik’ s’arrêtèrent sur un crâne énorme barricadé de crocs, et il songea rapidement que dans toute la collection du boss, il y avait vraisemblablement une part de mythomanie. Pour autant, il recroquevilla vite sa tête quand Kogn’Gheul commença à le questionner dare-dare sans prendre la température de la situation, non sans lui admonester une petite menace des plus encourageantes.
Il voulait que son sujet parle. Il l’avait envoyé pour une mission précise, et il attendait du résultat.

« Trouss’ se croit kapable de prendre le kontrôl de la Waaagh ! Pwahahahaha ! T’aurais vu sa gheul kan je l’ai rossé ! Ce gougnafié a tenté de me faire la pô mais j’ai eskivé, puis j’ai ataké kom ça, et là il m’a touché là, regarde la belle cikatrice, puis j’ai répliké kom ça, puis j’lui ai dit té trop Trouss’ pour être chef, et puis… »

Epik’ se livra à un véritable récit vivant en gesticulant dans tous les sens et en faisant des acrobaties au milieu des breloques. Il raconta les choses avec entrain, scrutant les œillades de son boss, renversant les peaux et les os de ses conquêtes, brandissant des cuillères et des casseroles, roulant même par terre pour imiter sa chute puis celle de Troussard et poussant de petits cris sans craindre de réveiller les autres peaux vertes. A la fin de son récital, en sueur et haletant, il regarda son chef en ignorant quelle serait sa réaction. Il avait tout raconté, en exagérant bien sûr sa performance, mais il réussît brillamment à demeurer cohérent dans sa petite cavalcade : il n’affronta ni troll des bois, ni ours, ni elfes, ni dragons, ce qui n’était pas moins qu’un exploit de sincérité.

Quand la réunion avec le boss s’acheva, il s’activa pour entamer les préparatifs. Sa priorité fut de se rendre auprès de ses congénères pour préparer les ressources incendiaires et les aider à remplir leurs fioles de poison afin d’enduire leurs lames à l’approche des hostilités. Il leur conseilla de faire attention à bien regarder dans le soir, de crainte qu’il ne fusse lui-même touché par une de ces lames venimeuses, puis il se dirigea auprès de sa monture.

Il piocha dans un ballot de paille à grandes brassées puis l’étala au sol afin de lui faire un nid douillet, puis il amusa la bête avec un petit bout de bois avant de le héler et de lui intimer de se coucher. La nuit promettait d’être rude et dangereuse, et il préférait avoir à ses côtés un compagnon paré à se battre et à avoir du mordant. Il caressa son échine avec attention, et alors on découvrit que les dresseurs étaient parmi les seuls gobelins à pouvoir faire preuve de tendresse.
Merci.

Epik’ opina du chef, puis fit une pause en se vautrant contre sa bête à khanines et en calquant sa respiration sur la sienne.
Epik Kipik' | Voie du monteur gobelin
Profil : For 6 | End 7 | Hab 9 | Cha 7 | Int 8 | Ini 10 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | Mag | NA 1 | PV 49/60
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
*

Compétences
  • Combat
    • Coup précis [1](B)
  • Perception
    • Pistage (A)
  • Adresse
  • Physique
  • Connaissances
    • Survie en milieu hostile (B)
    • Dressage (A)
    • Monte (A)
    • Baratin (B)
    • Soin des animaux (E)


Répondre

Retourner vers « Sylvanie »