[Ludwig] Celui qui a vu l'abime

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Sortant du champ, Ludwig eut la surprise d'apercevoir Eirminjar fort occupé à fumer une grosse pipe en terre cuite bourrée de plantes diverses brûlant à feu vif. Une fumée noire échappa de ses narines et s'éleva, partiellement filtrée par ses moustaches qu'il avait épaisses. Deux yeux noirs se posèrent sur le mercenaire tueur d'épouvantail alors que ce dernier apparaissait, blessé et sanglant. Quelques phrases plus tard concernant sa loyauté envers le comte et autres banalités, Poignefoudre daigna répondre.

-"Dis-moi p'tit, t'es né idiot ou t'as pris des cours pour l'devenir?"

Le couperet chuta à ce moment là sur la nuque de Ludwig, achevant un esprit déjà choqué par un combat compliqué. Mais le fidèle de Gazul n'en avait pas fini avec lui, oh que non! Il retira la pipe de sa bouche et d'un ton qui n'admettait pas d'interruption, commença son rapport:

-"Donc résumons le déroulé de l'épreuve: Tu inspectes ces saloperies qui constituent la menace la plus évidente, bien. Ensuite un se met devant toi et chercher à t'attaquer, normal. A partir de là tu fais n'importe quoi. T'as pas vu ses lames? Tu t'es pas dit que ça serait une bonne idée d'appeler du renfort, de mettre de côté ta fierté dans l'intérêt de ta vie? T'as juste chargé comme un urki en espérant que ça passe et c'est un putain de miracle que ça soit le cas! Bordel mais t'as donc rien dans la caboche? Une seconde de plus et il te mettait en pièces!"

Son visage calme et sec rougissait de colère au point qu'une veine lui sortait du front:

-"Et comble de la CONNERIE tu te pointes comme un brave avec le putain de torse en sang et une jambe qui pendouille et ta première réaction c'est d'fanfaronner avec une fidélité à un noble pouilleux qu'tu connais à peine au lieu de DEMANDER A ÊTRE SOIGNÉ espèce de couillon de Morsslieb!"

La dernière partie hurlée, le nain respira profondément avant de reprendre.

-"T'es passé à côté de l'épreuve, bordel. Le but c'était pas de voir si t'étais un putain de héros ou carrément le prochain Sigmar, c'était de savoir si t'avais compris la putain de contrée, si tu comprenais qu'la peur et la survie était importante! Et tu sais pourquoi, p'tit? Parce qu'avec ton attitude, dans deux jours tu claques. Et tu sais c'qui va s'passer quand tu vas claquer? Tu vas les rejoindre, les morts. Et plus tu s'ras fort dans ta vie, plus tu seras fort dans ta mort. En d'autres terme, là actuellement t'es une putain d'épine dans mon panard. Par les poils de couilles de Grimnir, j'y crois pas! L'umgi s'fait charcuter la couenne et il revient en demandant à y retourner. J'vais te dire c'qui cloche dans ta caboche moi: tu veux casser ta pipe, t'es suicidaire!"

Finalement, toujours furieux mais le laissant moins paraître, le répurgateur tourna les talons pour retourner au donjon.

-"T'iras dans ta chambre à notre arrivée, j'viendrai avec d'quoi soigner tes blessures avant qu'ça s'infecte et qu'tu bouffes les pissenlits par la racine. Mais y'a un truc que tu dois retenir, Ludwig, et que tu dois méditer pendant ton repos: en Sylvanie, vaut mieux être trop prudent et vivant qu'être courageux et mort."

Un coup de vent frappa les arbres morts qui bordaient la route et produisit un fracas de branches qu'on aurait pu jurer être un rire. Plusieurs paysans malingres levèrent la tête à leur passage, intrigués qu'ils étaient par les éclats de voix. En posant ses yeux sur eux, Ludwig put remarquer que certains avaient trop de doigts, de nez, de mains parfois, ou au contraire pas assez. Bien vite, sous les regards assassins d'Eirminjar ils se remirent au travail, l'échine courbée sur une terre ingrate et des épis de blés noirs clairsemés dans des champs boueux. Une pluie fine commença à tomber sur cette région grisâtre qui ne voyait jamais le soleil.

Et sur une colline un peu plus loin, entre deux saules dont les nœuds de l'écorce rappelaient des visages hurlant de douleur, une silhouette encapuchonnée et à la face squelettique observait Hoffenbach.
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Le nain se dérida en effet comme quelqu’un de son espèce. Nul compliment, nul remerciement, nulle congratulation ne sortit de sa bouche. Bien au contraire. Espérant avoir réussi son épreuve, Ludwig se prit au contraire pendant quelques minutes une déferlante de reproches, d’insultes et de remarques dégradantes. Eirminjar semblait furieux. Dans un premier temps, Ludwig un peu surpris, ne comprit pas vraiment la réaction du nain. Il semblait ne pas arriver à savoir s’il plaisantait ou s’il était vraiment hors de lui. Quoiqu’il en soit, le jeune homme ne l’interrompit pas dans son monologue.

La compréhension de Ludwig se fit aussi lentement que la démarche pesante d’un ogre en armure lourde. Qu’avait-il fait de mal ? Il avait bien vaincu une créature de la nuit au péril de sa vie ? Il avait contribué à rendre la Sylvanie plus saine et plus sûre ? Les questions affluaient dans son esprit par centaines. Il y répondait, mais il n’arrivait toujours pas à comprendre ce qu’il avait fait de mal. Auditivement parlant il n’avait aucun problème à comprendre le nain car celui-ci hurlait plus fort qu’un vendeur de salades. Mais ce n’est que dans la seconde partie du monologue d’Eirminjar que Ludwig commença à entrevoir le fond du problème.

Le jeune homme continuait sans le savoir dans la voie qu’il avait justement refusée quelques minutes plus tôt. Pendant son épreuve il n’avait en fait rien fait pour témoigner de son attachement à la vie, de sa volonté de survivre. Ça lui faisait mal d’entendre cela, mais le nain n’avait malheureusement pas tort. Il s’était rué comme un abruti sur le monstre, sans demander de l’aide ou sans réfléchir à la moindre stratégie mesurée. Il avait simplement échangé une mort stupide contre une charge victorieuse et stupide qui ne ferait que retarder l’échéance de sa propre mort. Ludwig avait toujours ce boulet d’inconscience accroché à lui comme des chaînes aux pieds d’un prisonnier. Et visiblement, le but de l’épreuve d’Eirminjar c’était cela ; voir si Ludwig avait un minimum d’intérêt pour sa propre survie. Toujours pas. Il avait échoué.

Une phrase choqua particulièrement Ludwig. Une évidence dans ces contrées qui n’était pourtant jamais arrivé jusqu’à son esprit de citadin de Nuln.
« Et tu sais c'qui va s'passer quand tu vas claquer? Tu vas les rejoindre, les morts. ». A son élocution Ludwig dégluti, blanc comme un linge, comme violemment rattrapé par la réalité. En effet, comment pourrait-il continuer à servir Arianka ou destituer Remulus Hacksen de Schwartzhafen s’il se faisait tuer prématurément et qu’il allait rejoindre l’armée adverse ??? Le raisonnement d’Eirminjar ne connaissait aucune faille et Ludwig se sentit tout d’un coup très bête. Une immense déprime s’abattit sur ses épaules. Avait-il au moins fait quelque chose de sensé depuis Wissenburg ou même depuis Nuln ? Il n’en était désormais plus très sûr…

Ludwig essuya la fin de l’orage verbal calmement, plongé dans ses pensées. Une fois le nain parti, le jeune homme retourna lui aussi à la motte de Von Stolpe pour suivre les instructions qu’Eirminjar lui avait données. La première étape était de désinfecter une bonne fois pour toute cette vilaine plaie à la cuisse afin de prévenir définitivement toute infection ou maladie. Sur la route alors que la pluie commençait à tomber, une silhouette au loin dans les collines le sortit de ses rêveries. Elle était lointaine et difficilement visible d’où Ludwig se trouvait, mais il crut pendant quelques secondes faire un rapprochement entre celle-ci et celle qu’il avait pu observer lors de son départ de Schwartzhafen. Etrange. Peut-être devrait-il en parler à Eirminjar, mais pour l’instant il n’était pas en mesure de demander ou d’imposer quoi que ce soit au nain. Cette ombre lointaine n’étant pas agressive, cette conversation pouvait attendre. Mais quoi qu’il en soit, il détestait cette sensation malsaine d’être épié. Perturbé, il ne fit pas attention aux mutations et aux signes évidents de consanguinité qui affligeaient les paysans dans les champs autour de lui. A force de constater les horreurs multiples de cette province, Ludwig commençait à en louper certaines. Un manque d’attention contre lequel le nain l’avait pourtant mit en garde…

Lorsque Ludwig arriva dans sa chambre il s’écrasa sur son lit, épuisé autant physiquement que mentalement. Il resta allongé à observer le plafond en torchis jusqu’à ce qu’Eirminjar arrive avec une trousse de soin et qu’ils s’attellent tous deux à soigner cette vilaine et profonde blessure. Ses soins de fortune dans le champ avaient été douloureux, mais alors ceux-ci…. Le nain était bien plus qualifié pour tuer des morts que pour soigner avec empathie et professionnalisme. Il appliqua des onguents puants et piquants ainsi que du sel sur la plaie pour faciliter sa cicatrisation. La douleur fut atroce. Entièrement concentré à ne pas crier, Ludwig ne put toutefois s’empêcher de lâcher des petits gémissements. Au bout de quelques minutes, Ludwig rouge comme un coq put enfin se détendre, les derniers bandages venant d’être apposés. Un petit souffle de soulagement s’échappa de ses lèvres alors que le regard noir d’Eirminjar se posait sur lui. Son air était si évocateur qu’il aurait pu décrypter les sentiments du nain.
« Recommence pas avec de pareilles conneries gamin, car c’est la dernière fois que je te soigne. ».

Une fois Eirminjar partit, Ludwig retourna en position allongée, les yeux braqués sur le plafond de sa chambre. Son esprit était en pleine réflexion. Ludwig devait réfléchir à son comportement, à ses actions futures et aux sages paroles, quoique brusques, du nain. Son épreuve contre l’homme d’osier avait échoué, mais il y avait fort à parier que tôt ou tard, on lui redonnerait sa chance. Et cette fois-ci, il ne devrait pas pécher par inconscience et imbécilité. Mais qu’il était dur de lutter contre soi-même…
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Le dépôt d'un plateau-repas sommaire devant la chambre de Ludwig alité sonnait comme une sentence. Plus que jamais sa cellule étroite lui parut comme une prison grise et terne où il restait là, abandonné à son sort, une jambe dans les bandages couverte d'onguents puants. A vrai dire, dans son état, il aurait eu autant vendre la viande salée qui lui servait de guibole à un boucher que ça n'aurait pas fait grande différence. La nuit venue l'ancien garde parcourait des rêveries sinistres et étranges, des cauchemars indicibles où se croisaient des silhouettes monstrueuses aux proportions grotesques. Mais toujours une ombre, une grande ombre, qui dominait toutes les autres. D'en haut d'une colline, d'un château ou de la cime d'un arbre elle veillait, constamment présente, jamais distraite. Sa grande cape de jais dévoilait un crâne squelettique sous une capuche et les orbites vides fixaient les déboires affreux du blessé, faisant siffler une litanie sinistre entre ses dents fermées.

Cette situation plus que délicate devait durer trois jours, le temps que les plaies commencent à se refermer qu'après des nuits d'atroce agonie Ludwig put enfin se tenir debout sans hurler de douleur autant que de rage. Mais le pire venait quand le temps changeait, que le sombre ciel cédait la place à une pluie diluvienne: là les plaies semblaient se mouvoir comme des serpents, laissant le malheureux serrer les dents et grogner de peine. Au matin du quatrième jour, donc, le mal semblait enfin s'estomper et Eirminjar apparut dans la chambre comme par enchantement, cet air éternellement grincheux collé sur le visage et les bras croisés. Il exigea de voir la plaie pour prévenir toute infection et après avoir constaté l'état propre de la peau se décida à déclarer la raison de sa venue.


-"On a parlé avec le patron et on a décidé de te donner une deuxième chance, ta dernière. Si celle-là foire tu seras bon pour rentrer d'où tu viens, compris?"

Une approbation plus tard il reprit:

-"C'est la merde dehors. T'as rien entendu vu que t'es coincé là à te fabriquer des escarres au cul, mais y'a un goule géante qui s'est établie avec sa clique dans un cimetière à six kilomètres. On peut pas permettre ça et on va avoir besoin de tous les bras disponibles, même les cas comme toi."

A cet instant, Ludwig put percevoir les yeux cernés du nain, ses traits tirés et épuisés, ses mains tremblantes et son geste machinal vers une bouteille de gnôle qu'il portait à la ceinture, puis un geste brutal de la même main pour s'empêcher de la saisir.

-"Elles sont pas trop nombreuses pour l'instant, mais l'idée c'est qu'attaquer le cimetière lui-même serait une énorme connerie: elles sortiraient des tombes en une putain d'embuscade. C'est déjà arrivé, plein de fois."

Ses yeux semblèrent s'éteindre une fraction de seconde, laissant à ses réflexes le temps de reprendre la main sur la pensée et de se saisir de la boisson forte pour en engloutir une grande lampée. Sa respiration s'accéléra alors qu'il déglutissait puis, tout aussi machinalement, son bras reposa le breuvage à sa place. L'âme sembla alors revenir et l'exposé suivit.

-"On va les attirer dans les bois et les découper par petits groupes, une par une. Pour ça va falloir des appâts. Ca sera ton dernier test et ta punition et cette fois y'a pas de piège: survit à ça et t'es des nôtres. En échange, nous on te promet de pas te laisser crever. En Sylvanie, c'est déjà énorme..."

Alors Poignefoudre posa son regard sur Ludwig en attendant sa réponse. Peut-être voulait-il jauger son niveau de fanatisme, ou la situation était à ce point désespérée qu'on fasse appel à un suicidaire patenté?
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Sa convalescence fut bien plus longue et bien plus douloureuse qu’il ne l’avait prévu. L’adrénaline lui avait permis de trotter jusqu’à sa chambre après le combat, mais maintenant qu’elle était partie, il souffrait. Ses plaies peinaient à se refermer et depuis qu’il s’était alité, il y a de cela trois jours, il s’était senti fiévreux. Les moments où il s’assoupissait n’étaient pas mieux lotis. Son sommeil, agité, avait son lot de cauchemar. Un revenait particulièrement fréquemment. Même si le contexte et les lieux changeaient, il y trouvait toujours cet aspect squelettique qu’il avait vu en quittant Schwartzhafen et qu’il croyait avoir vu pas plus tard qu’après son combat contre l’épouvantail. Le mystère sur cette chose était entier. Qui pouvait-il être et pourquoi son cerveau lui faisait ressasser régulièrement cette apparition ? Quoi qu’il en soit, son court séjour de convalescence fut horrible. La douleur était forte et le repos très peu récupérateur. De plus, il était seul, terriblement seul avec le plafond. Même Sigmurd, passait le plus clair de son temps dehors, s’échappant de l’enfer de cette piaule par une minuscule fenêtre. De temps à autre il revenait dévorer une proie le long de l’appui de fenêtre ou voir si son maître n’avait pas trépassé.

Ce cauchemar éveillé prit finalement fin le matin du quatrième jour de convalescence. Lors de la nuit la douleur avait bien reflué et il se sentait désormais capable d’aligner un pied devant l’autre, sans hurlement, dans la minuscule cellule qui lui servait de chambre. A ce stade ses plaies étaient encore en phase de guérison, mais elles ne le lançaient plus au moindre mouvement. Quant à ses cauchemars ils avaient pour l’instant disparu. Bien qu’il y ait fort à parier qu’ils aient juste été écrasés par la fatigue que trainait Ludwig… Le jeune homme ne put guère profiter de ce regain de vitalité et de positivisme que le nain grognon fit son irruption dans la chambre. Ce dernier avait toujours son attitude grincheuse et maussade et Ludwig préféra ne pas aller plus loin qu’un simple bonjour. Sans perdre temps Eirminjar fit l’inspection des blessures. Cela fut plutôt court, les plaies étaient saines et une infection n’était plus à craindre. Tant mieux ! L’amputation à la sylvanienne n’était pas une spécialité qu’il voulait essayer.

-"On a parlé avec le patron et on a décidé de te donner une deuxième chance, ta dernière. Si celle-là foire tu seras bon pour rentrer d'où tu viens, compris?"

- Compris.

La réponse de Ludwig fut très courte, ne préférant pas s’épancher davantage. Il avait déjà agacé le nain à plusieurs reprises, mieux valait rester distant et courtois. Mais il faut avouer que Ludwig fut heureux de savoir que le comte Von Stolpe gardait encore un minimum d’espoir en lui.

-"C'est la merde dehors. T'as rien entendu vu que t'es coincé là à te fabriquer des escarres au cul, mais y'a une goule géante qui s'est établie avec sa clique dans un cimetière à six kilomètres. On peut pas permettre ça et on va avoir besoin de tous les bras disponibles, même les cas comme toi."

Ludwig blêmit. Des goules…. Les créatures de la région étaient toutes plus flippantes les unes que les autres, mais les goules…. Ludwig les détestaient. Enfin depuis qu’il en avait rencontré et qu’il avait appris à les connaître. Depuis qu’il avait mis les pieds en sylvanie, il avait pu voir des créatures horribles qu’il l’avait terrifié. Les revenants, les zombies, les épouvantails vivants étaient des créatures que le commun des mortels ne devrait jamais rencontrer pour garder un semblant de santé mentale. Ils étaient des horreurs contre-nature qui n’auraient jamais dû exister. Mais pour Ludwig les goules étaient différentes. Et c’est cela qui les rendait aussi terrifiantes pour lui. Elles n’étaient pas façonnées par une sombre magie contrairement à ces derniers. Elles étaient une version dégradée de l’homme, un miroir permettant de constater jusqu’à quelles profondeurs l’humanité pouvait déchoir. Cela l’horrifiait. Le jeune homme ne savait pas quelles origines avaient les goules et pourquoi il y en avait autant dans cette province, mais ce qu’il savait c’est que ce simulacre d’apparence humaine le révulsait au plus haut point. Ces horreurs n’étaient rien de plus que des êtres humains voûtés, répugnants, ayant perdu toute santé mentale et se nourrissant de chair humaine. Quelle horreur. Ludwig préféra vite sortir de ses pensées pour éviter de se ressasser des souvenirs qu’il préférait garder immergés.

Visiblement le nain détestait tout autant les goules. Eirminjar avait la mine soucieuse. Ses traits tirés et ses mains tremblantes ne faisaient qu’accentuer cet état d’âme. Pire, le nain esquissa un geste vers une bouteille de gnôle à sa taille avant de la retirer vivement, comme préoccupé par une addiction qu’il commençait à peine à déceler.


-"Elles sont pas trop nombreuses pour l'instant, mais l'idée c'est qu'attaquer le cimetière lui-même serait une énorme connerie: elles sortiraient des tombes en une putain d'embuscade. C'est déjà arrivé, plein de fois."

De plus en plus morose au fil que ses mots sortaient de sa bouche, le nain finit par succomber aux appels de sa bouteille. Il avala une grande lampée du liquide alcoolisé puis il remit la gnôle à sa place, accroché à la ceinture, à proximité. L’alcool lui donna comme une étrange décharge d’énergie, mais la réalité, elle, était toujours là. Dans cette sombre province, même les plus forts physiquement comme mentalement finissaient tôt ou tard par craquer, harassés par la dureté du quotidien et les horreurs alentour. Dans sa jeunesse il avait toujours imaginé les nains comme des guerriers fiers et dépourvus de tous vices. Les rares marchands de cette espèce qu’il avait pu voir à Nuln le laissaient supposer une telle réalité. Il se trompait. Peut-être étaient-ils plus résistants, mais au fil du temps et à force de vivre quotidiennement avec des horreurs indicibles, ils finissaient eux aussi happés par le désespoir et la peur. Et malheureusement, il n’y avait aucune commune mesure avec les humains. Alors comment aura évolué Ludwig après quelques mois supplémentaires dans cette région ? Cette question lui faisait peur, mais il la rangea dans un coin de sa tête pour le moment. Elle était trop perturbante. D’autant qu’il avait peut-être déjà commencé à changer…

-"On va les attirer dans les bois et les découper par petits groupes, une par une. Pour ça va falloir des appâts. Ca sera ton dernier test et ta punition et cette fois y'a pas de piège: survit à ça et t'es des nôtres. En échange, nous on te promet de pas te laisser crever. En Sylvanie, c'est déjà énorme..."

Ludwig s’était attendu à une proposition dure, à l’image de la Sylvanie. Le jeune homme fut en effet bien servi. Servir d’appât dans une chasse aux goules. Il en frissonna d’avance. En plus d’être dangereuse cette quête était digne de son pire cauchemar. Ludwig ne répondit pas tout de suite tellement cette demande le travaillait. De plus, il avait gardé en mémoire les remontrances du nain quant à son impétuosité et il ne savait pas vraiment quoi dire. Les secondes passèrent mais le regard du nain ne fléchissait pas. Cela ne semblait pas être un test. Malheureusement cela impliquait donc de répondre positivement à la demande d’Eirminjar. Quelle galère. Ludwig avait tout fait pour éviter de tomber sur des goules depuis l’épisode du radeau et voilà qu’elles se trouvaient à nouveau sur son passage. Le jeune homme était fait comme un rat. Soit le nain bluffait et Ludwig retournerait errer sur les routes de Sylvanie, soit il allait être confronté à son pire cauchemar, une chasse aux goules dans une forêt hantée de sylvanie, en tant qu’…. appât.

- Euuuuhh. Ou.. oui. Je suppose que je n’ai pas le choix. Rien ne me terrifie plus que ces créatures de cauchemar….. mais si je dois en passer par là pour faire mes preuves… Je suivrais vos instructions. Vous m’avez fait apprendre de mes erreurs la dernière fois, je m’en souviens et je tiens à vous en remercier. Pour cette terrible épreuve, j’essaierai de garder la tête froide et de tout faire pour survivre et continuer à lutter pour un camp du bien qui semble réduire de jour en jour.

- Si je puis me permettre sieur Pognefoudre j’aurais quelques questions à vous poser. Ou ce situe cette forêt et ce cimetière où ont élus domicile les goules ?

Au fil des réponses du nain, Ludwig put poser quelques autres questions. Ludwig essaya de préserver Eirminjar, mais quelques points le taraudaient.

- Pardonnez ma question d’étranger, mais pourquoi cette région est à ce point infesté de goules ? J’en ai déjà croisées près de Schwartzhafen. Elle semble prospérer ici. D’ailleurs, d’où proviennent-elles vraiment ? J’ai déjà entendu parler d’une maladie qui transformerait les humains en goules. Est-ce vrai ?

Ludwig posait des questions évidentes pour un sylvanien, mais ses connaissances du monde extérieur étaient très limitées, lui qui n’avait quasiment pas quitté Nuln avant ses vingt-quatre ans. Il se basait majoritairement sur des on-dit ou des ragots de taverne qui dataient de son adolescence lorsqu’il travaillait en tant que serveur.

- Les forces de la Garde Noire stationnées à Leicheberg sont au courant de cette concentration de goules ? Elles ne comptent pas agir ?

- Ma blessure à la cuisse est encore fraîche et mes habits sont en piteux état. Afin d’éviter une réouverture des plaies, serait-il possible de me prêter un bas en cuir par exemple ? La lutte contre les goules s’annonce difficile et j’aimerais si possible ne pas me retrouver unijambiste au premier coup de griffe si je tombe face à l’une d’elles.

Sa quête prochaine allait être très dure et éprouvante, Ludwig préférait donc avoir quelques informations et assurances-vie au préalable.
Modifié en dernier par [MJ] Le Djinn le 11 juil. 2020, 17:22, modifié 1 fois.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

En souhaitant sortir sa pipe à herbes, Eirminjar laissa chuter aux sol quelques fétus. Il grommela à propos de sa maladresse (qui ne lui serait jamais arrivée dans sa prime jeunesse) mais finit par se baisser pour les ramasser, en bourrer l'entrée de l'ustensile et l'allumer au briquet à silex. L'odeur était forte, très forte, proche du pavot. Il finit par la tendre à Ludwig qui souffrait toujours de sa jambe:

-"Essaie ça. T'en prends trois bouffées et t'avales la quatrième. La douleur devrait se calmer, au moins un peu. Et pour ce qui est des goules..."

Avec une certaine gravité, le nain se replaça sur son tabouret et joignit ses mains devant lui, les yeux vers le sol. Il récupéra la pipe donnée à Ludwig avant de la mâchonner, comme s'il cherchait à écraser les mots.

-"On sait pas, en fait. On a bien cherché à comprendre hein, mais y'a plusieurs solutions... Faut d'abord qu'tu saches qu'on est pas que des guerriers ici, y'a aussi des érudits, et même des mages, qui passent de temps en temps pour aider ou trouver des informations utiles. Pour les goules... Ou bien elles sortent de cette putain de terre maudite comme des champignons, ou bien elles sont le résultat d'une peste maléfique, ou bien... Ou bien ce sont des gens, des humains comme toi, qui sont devenus fous et cannibals."

Les trois options pouvaient faire frémir pour des raisons bien différentes. Restait pourtant quelques points à éclaircir avant de se lamenter sur les horreurs de ce monde.

-"Pour le cimetière, il est à l'Est d'ici, dans une forêt de pins au coeur des Collines Hantées. Les gardes de Morr ont d'autres chats à fouetter que de nous aider, c'est comme ça, on peut pas les forcer. Ils sont en train de chercher un trésor ou je sais pas quoi. Bref, on peut pas compter sur eux. On peut jamais compter sur eux."

Puis restait évidemment la question de l'équipement, épineuse comme toujours.

-"Ouais ouais, on te laissera t'équiper un minimum avant de partir. On ira pas de suite d'ailleurs, t'as au moins une semaine encore, le temps que les éclaireurs reviennent et qu'on fasse le plan parfait. D'ailleurs un conseil tant que j'y pense: ne prend pas les goules pour des idiotes. Elles sont bêtes, d'accord, mais pas autant qu'elles pourraient laisser croire. On le rappellera jamais assez: si t'es pas prudent en Sylvanie, tu claqueras."

Les réponses ayant été apportées, ne restait plus qu'au servant de Gazul qu'à laisser le Wissenlandais à sa paix. Ludwig aurait donc une grosse semaine pour se préparer, imaginer ses propres tactiques et chercher des moyens de se protéger. Car à n'en pas douter il faudrait plus qu'une simple épée et une amulette pour survivre à une attaque en règle.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Bien que la scène fût embrumée par la fumée émanant de la pipe d’Eirminjar, les réponses de ce dernier furent claires. Le nain avait l’air au bout du rouleau, mais il lui restait toutefois une étincelle de vivacité qui lui permettait de faire face aux horreurs du quotidien en Sylvanie. Le pavot l’aidait visiblement à tenir. L’odeur était très forte dans la pièce, et Ludwig qui n’avait jamais été consommateur de ce genre de substance se sentait un peu nauséeux. Lorsque le nain lui tendit la pipe, il la prit, n’osant pas refuser. Il approcha son nez au-dessus du fourneau et renifla pour apprécier la force de cette substance. Ludwig ne fut pas déçu. Il inspira bien trop et la fumée le fit tousser comme un tuberculeux. Le nain le regarda l’air ahuri avant de lui reprendre la pipe. Pourquoi ce con renifle le fourneau au lieu de crapoter le bec devait se demander le dawi. Quoi qu’il en soit, le nain ne se laissa pas démonter par l’imbécilité de cet humain et continua à informer Ludwig sur l’expédition prochaine dans les Collines Hantées.

Une fois Eirminjar partit, Ludwig quitta lui aussi sa chambre afin de se dégourdir les jambes et de voir dans quelle mesure il pouvait se préparer pour son épreuve contre les goules. Il avait encore une semaine avant de partir, mais il préférait commencer à prospecter rapidement. Ludwig était encore un peu faible, comme en témoignait sa démarche claudicante et il devait donc s’équiper au maximum pour ne pas mourir bêtement dans les Collines Hantées. Quelle triste fin de mourir là-bas… Le jeune homme s’aventura donc dans la motte castrale de Petr Von Stolpe tout en prenant garde à ne pas fourrer son nez là où il n’y était pas autorisé. A vrai dire, il n’était là que par le bon vouloir de Von Stolpe et d’Eirminjar. Et n’ayant pas réussi sa première épreuve, il était en sursis.

Les couloirs du « château » étaient sombres, humides et glauques, mais au moins il ne voyait pas d’horreurs à tout bout de champ comme à Schwartzhafen. Les rares personnes qu’il croisa répondirent poliment à son salut. Comme l’en avait informé Eirminjar, il n’y avait pas que des guerriers ici. En plus de mages et d’érudits il croisa même un apothicaire. La lutte contre le mal était multidisciplinaire et quiconque pouvait amener son savoir-faire pour aider le comte Von Stolpe. Ludwig renifla, pensif. Il devait absolument montrer à Eirminjar de quoi il était capable. Que cela signifierait si on le jugeait incapable d’aider ici ?

Après avoir déambulé dans la motte castrale, Ludwig descendit dans le village de Leicheberg. Le soleil parvenait à percer légèrement la couverture nuageuse et tout de suite l’ambiance se faisait moins morose. Les différentes échoppes des quelques ruelles commerçantes étaient ouvertes depuis déjà plusieurs heures et quelques clients faisaient leurs emplettes. Leur nombre restait toutefois réduit, la majorité des habitants alentour n’ayant pas la moindre pistole à dépenser. Ludwig fit le tour des différents commerces, à la recherche d’idées, mais sans rien dépenser car lui non plus n’avait pas d’argent à dépenser. Il n’avait que 6 pistoles d’argent, assez pour une bouteille de vin, mais trop peu pour de l’équipement. Ludwig aurait pu tenter de marchander, mais avec son charisme d’ours cela aurait probablement mal fini. D’autant qu’au vu de la misère locale, cela aurait pu être mal vu. Après une petite heure à flâner, Ludwig pût se faire une idée de ce qu’il avait vraiment besoin pour l’expédition dans les Collines Hantées. Comme il l’avait dit à Eirminjar la priorité était des jambières qui lui permettraient de mettre à l’abri sa vilaine blessure à la cuisse. Le problème étant qu’il n’avait pas les moyens de s’en acheter et qu’il n’avait ni les matières premières ni les capacités techniques pour s’en confectionner. Niveau armement, sa lame commençait à faire pâle figure face aux monstres de Sylvanie, mais là encore il pouvait difficilement en obtenir une autre. Eirminjar avait dit qu’il pourrait s’équiper avant de partir. Il fallait espérer car sinon il allait devoir faire avec son équipement actuel. Sinon, Ludwig avait pu s’acheter lors de ces derniers achats à Leicheberg assez de nourriture pour tenir deux semaines, une dague pour se sortir de situations périlleuses au corps-à-corps et des allumettes et de l’alcool, qui, accompagnés d’un morceau de tissu, pourraient aider à combattre des horreurs qui ne craignent pas les lames. Dans ces contrées le feu était rassurant et nul doute qu’il aiderait à vaincre de sombres créatures. Sa précieuse bouteille d’alcool pouvait aussi lui permettre de lutter contre les infections et le froid. Elle était indispensable à sa survie ici. La survie. Un mot qu’Eirminjar aurait bien aimé entendre dans la bouche de Ludwig…

Une fois son tour fait, Ludwig remonta à la motte castrale de Von Stolpe, pensif. Le jeune homme avait repéré une boutique de matières premières dans le centre-bourg. Si jamais, Eirminjar n’avait pas la capacité d’équiper le jeune homme dans les prochains jours, il irait acheter du cuir, des pointes, du tissu, voire de la maille pour se confectionner quelque chose par lui-même. Ses talents d’artisan laissant à désirer, Ludwig préférait ne pas avoir à passer par là.

Une fois, la herse passée, le jeune homme s’engouffra dans la demeure de Petr Von Stolpe à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un qui lui permettrait d’affiner sa stratégie. Il ne connaissait quasiment rien des Collines Hantées et Ludwig n’avait pas la moindre idée de la topographie et des menaces inhérentes à cette région. Il aurait été étonnant d’apprendre que seules les goules hantaient les Collines hantées. Suivant les informations récoltées auprès d’Eirminjar, Ludwig partit en quête d’un érudit lui permettant d’en apprendre plus sur l’endroit où il allait fourrer les pieds. Qui sait, peut-être que cette motte castrale abritait une bibliothèque où les érudits du comte conservaient leurs découvertes. Ludwig allait vite le savoir…

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Une semaine est un temps en général considéré comme court, même si elle pouvait s'éterniser durant une longue attente, un profond ennui ou devant une forte impatience. Peut-être que Ludwig, toujours dans son envie d'en découdre et de prouver sa valeur s'était senti inutile durant tout ce temps, n'en pouvant plus de voir défiler les jours.
C'est que sa semaine avait été particulièrement calme. Blessé, en convalescence, ses blessures entrouvertes ne lui permettaient pas de bouger rapidement ni d'effectuer des gestes amples ou de marcher longtemps, sans parler de courir! Il fallu attendre au moins cinq jours avant qu'une randonnée de plus d'une heure soit réalisable, même si les deux derniers jours virent ses muscles reprendre des forces à bon rythme. Après tant de temps ankylosés et blessés, le sport les remettait en route: il serait prêt pour une fuite quand le moment viendrait.
EN attendant, à l'aube du sixième jour on frappa à sa porte. C'était Eirminjar, son éternelle pipe au bec, avec quelques affaires à offrir au futur appât.


-"Voilà... Alors je t'ai ramené des bottes bien épaisses pour remplacer tes cuissardes défoncées. Ce sont les meilleures que j'ai pu trouver et elles devraient t'aller. A part ça v'la une targe et une main gauche, histoire de te défendre un peu plus. J'ai un pantalon de cuir ici aussi, mais ça va te mouler un peu j'préviens."

L'ensemble n'était pas d'une qualité formidable, mais il faudrait s'en contenter. Rien que la paire de bottes coûtait sans doute plus cher que la vie d'un fermier local. Puis tout ce qui pouvait faire écran entre la chair et les griffes d'une goule était bon à prendre! Après essai les habits convenaient plus ou moins: il y aurait un peu de reprise à faire sur les chausses, notamment au niveau des ourlets, et les bottes nécessiteraient un petit temps d'adaptation pour prendre la forme du panard. Rien d'insurmontable. Pour la targe et la main gauche, à Ludwig de choisir laquelle il porterait la majorité du temps et laquelle attendrait son tour à sa hanche ou dans son dos. Avec le bouclier il se garantissait une protection efficace et la main gauche, quoique similaire a la mauvaise dague précédemment achetée par lui-même, était une optique plus défensive, facilitant la capture de l'arme adverse.

C'est donc le coeur serein qu'il put recommencer l'entrainement avec Sigmurd et attendre le retour des éclaireurs, qui finirent par arriver à la soirée du septième jour, comme convenu. Ils étaient deux sylvaniens, fatigués et pâles, en sueur également et assez agités. Aussitôt les hommes du château se précipitèrent à leur rencontre, les accompagnant non sans mal vers la salle commune où chacun pourrait écouter leur rapport. Ludwig les trouva dans la salle commune, assis sur des tabourets devant une large table à tréteaux sur laquelle on avait mis une carte de la région. Du pain et du vin leur avait été offert et le comte Petr Von Stolpe, qui les dominait de sa taille, dansait d'un pied sur l'autre d'impatience. Finalement, ils parlèrent:


-"Beeen... On est allé comme vous aviez d'mandé au Cimetière des Enfants Perdus comme z'aviez d'mandé... On a vu quat' cryptes où les goules s'cachent en journée. Doit y avoir... On en a compté combien?... cinq fois nos doigts, voilà... Et des grosses goules? Ben deux fois nos phalanges de l'index..."

Quelques murmures s'élevèrent dans l'assistance, rapidement coupés par le comte.

-"Silence compagnons, silence. Eclaireurs, saurez-vous reconnaître les cryptes, même de nuit?"

-"Ah bah oui, on peut pas les rater..."

-"Très bien. Sujets de l'empereur, nous maintenons le plan prévu: cinq guerriers serviront d'appât et les autres attaqueront les cryptes en petits groupe. Nous allons brûler ces lieux de misères et amener un peu plus de sûreté en ces terres!"

Il y eut de la crainte, il y eut de l'approbation. Ludwig laissa son regard couler sur les présents: il y avait vraiment de tout. Des combattants mercenaires aguerris, des érudits à la plume plus acérée qu'une épée, des irréguliers déterminés, des nobles mû par le Devoir, des chevaliers désireux d'amener de la gloire sur leur Ordre. Serait-il à leur niveau un jour?

Pour le moment peu de choix s'offraient à lui: se perfectionner, s'entrainer avec sa buse, essayer de connaître un peu mieux ses compagnons... Et même préparer sa propre survie!
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

La semaine fut longue et peu productive. Ludwig n’apprit pas grand-chose et il dut faire avec les quelques douleurs qui lui restaient. La convalescence allait de bon train mais il sentait qu’il ne devait pas mettre la charrue avant les bœufs. Pour être correcte celle-ci devait être la plus longue possible.

Alors que Ludwig commençait à sentir le poids de l’ennui sur sa conscience, Eirminjar poussa à nouveau la porte de sa chambre. Le nain entra chargé d’équipements. Des équipements pour le jeune homme. Il lui apporta de nouvelles bottes pour remplacer ses vieilles cuissardes défoncées dont le cuir commençait à s’écailler, un petit bouclier, et une main gauche qui lui serait utile pour se sortir d’une fâcheuse situation. Malheureusement, le nain n’avait pu trouver de bas de cuir pour protéger ses récentes blessures à la cuisse, toutefois, par chance, Ludwig allait pouvoir les mettre à l’abri des lames ennemies grâce à la targe qu’il avait reçue. Aussi, les bottes remontaient assez haut pour protéger une bonne partie de la jambe. Avec de la prudence, cela serait suffisant pour se mettre à l’abri des griffes des goules. Ludwig remercia abondamment le nain. Les équipements qu’il lui avait confiés gratuitement n’étaient pas aussi solides et beaux que dans le Wissenland, mais ils devaient être tellement chers et rares dans cette région, que Ludwig ne put se permettre de faire le difficile.

Une fois le nain sorti de sa chambre, Ludwig décida de mettre un terme à son repos forcé. Sa jambe allait mieux, et il devait s’entraîner avec ses nouveaux effets. Les éclaireurs ne devraient plus trop tarder, et il faudrait qu’il soit prêt quand ces derniers reviendraient. Ses bottes étaient quasi neuves et il sut dès lors qu’il les enfila qu’elles allaient le faire souffrir avant de se faire à son pied. Il valait donc mieux qu’il souffre maintenant que lors de la marche dans les Collines Hantées. Concernant la main gauche, celle-ci était pour lui une nouveauté. Il n’avait jamais eu affaire à ce genre d’arme et il ne savait guère comment l’utiliser à son plein potentiel. Il n’avait pas non plus pu essayer la dague qu’il avait achetée au marché de Leicheberg et il n’inaugurerait donc ces armes que dans les bois obscurs au milieu des Collines hantées. En attendant, il ne pouvait que faire des moulinets dans le vent comme s’il essayait de parer une lame ou une paire de griffes empoisonnées. De loin, cela ressemblait plus à une personne excédée par un nuage de mouches. Le bouclier était pour Ludwig quelque chose de plus connu. Cela lui rappelait les heures à patrouiller sur les remparts de Nuln. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’il en avait porté un, mais avec quelques jours d’entrainements, cela lui reviendrait vite.

Après deux journées passées à s’entraîner en prévision de la mission au cimetière des goules, les éclaireurs tant attendus arrivèrent à Leicheberg. Dès les premières rumeurs de leur arrivée, une foule se pressa dans la salle commune de la motte castrale. Tous les protagonistes de l’opération s’étaient rassemblés, prêt à écouter ce que les éclaireurs avaient à dire. Ces derniers, des gens du coin, semblait exténué et agité par ce qu’ils avaient vu. En effet, au vu de leurs témoignages, les goules étaient nombreuses. Nul ne savait ce qui les attirait en ce point précis, mais quoi qu’il en soit, elles avaient décidé d’élire domicile dans ce cimetière isolé. Et ils allaient devoir les en déloger…. Ludwig ne put s’empêcher de frissonner quand il entendit parler des grosses goules… Des souvenirs récents sur le radeau lui remontèrent à l’esprit. Le jeune homme savait parfaitement dans quoi il mettait les pieds et cela le terrifiait. Ludwig avait eu peur des centaines de fois dans sa vie, mais les rencontres avec les goules avaient toutes été aussi terrifiantes que les heures de sa dernière nuit à Nuln.

-"Très bien. Sujets de l'empereur, nous maintenons le plan prévu: cinq guerriers serviront d'appât et les autres attaqueront les cryptes en petits groupe. Nous allons brûler ces lieux de misères et amener un peu plus de sûreté en ces terres!"

Il ne put s’empêcher de souffler lorsqu’il entendit parler des cinq appâts. Son cœur battait à la chamade et il ne se sentait pas bien, mais il savait qu’il ne pouvait pas faire demi-tour. Les aléas de la vie l’avaient embarqué dans de sales histoires, mais dans celle-ci il s’y était embarqué tout seul. Il devait assumer. Reprenant tant bien que mal le contrôle de son rythme cardiaque il écouta sagement la fin de la conversation.

Ainsi donc il servirait d’appât lors de cette opération pour débusquer des goules. Eirminjar l’avait déjà prévenu de son rôle, mais maintenant il était fixé. Le départ vers les Collines Hantées était proche. S’il avait le temps il s’entrainerait avec Sigmurd, mais avant que toute cette assemblée se disperse et retourne à ses quartiers avant le départ, Ludwig voulait faire quelque chose. Connaître les cinq autres personnes qui serviraient d’appât comme lui. Peut-être pourrait-il échanger sur les stratégies. Au minimum, il voulait savoir à qui il avait à faire. La survie en ces terres était difficile, à cinq elle serait plus simple.
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

La réunion prenait un tournant alors que chacun se suspendait aux lèvres du comte en attendant la désignation des cinq malheureux qui serviraient d'appâts dans l'attaque prévue. A la vérité, la plupart des grands chevaliers, habiles éclaireurs et autres puissants guerriers connaissaient déjà cette liste qui ne regroupait que les faibles et les malchanceux, mais tant que rien n'avait été donné, l'horrible doute subsistait...

-"Les appâts seront Ivanoë von Varnel, Otto Grassmuen, Ludwig von Hoffenbach, Félix Derteld et Wilhem von Neunberg. Ils auront pour tâche de provoquer les goules à l'extérieur et des les attirer avec eux dans la forêt. Pendant ce temps nous foncerons par petits groupes dans les cryptes pour y détruire le maximum de ces abominations, à commencer par leurs chefs. Le détail sera donné à chaque équipe selon les informations récupérées.

Les appâts seront ensuite laissés à leurs propres moyens jusqu'à ce que la troupe accomplisse sa mission. Mais je n'ai pas de crainte: la forêt est dense et vous êtes plus habiles que ces créatures idiotes."


A la seconde où Petr von Stolpe acheva sa phrase, on put entendre une ovation de soupirs de soulagement et quelques hoquets des intéressés. Les regards malicieux s'entre-congratulaient de ne pas avoir été choisis alors que les désignés d'office cherchaient un soutien dans les visages étrangers: soutien qui ne viendrait jamais.

-"Mes pairs, nous partirons demain à l'aube, le plan final sera dévoilé sur le chemin du départ. Aiguisez vos armes, vérifiez vos armures."

Tous saluèrent bien bas, inquiets pour certains, soulagés pour d'autres. Peu à peu la pièce étroite se vida de ces guerriers venus parfois de loin pour combattre le Mal à sa racine. On parla à voix basse, devisant de la situation et de sa complexité, tandis que chacun retournait à un semblant de quotidien en attendant le départ. Laissant son regard vagabonder ça et là, Ludwig put faire une rapide observation des quatre âmes qui l'accompagneraient lors de son périple.

Ivanoë von Varnel avait tout de l'impérialo-bretonnien, issu d'un syncrétisme culturel à la frontière des deux nations. Le fait n'était pourtant pas si anodin qu'on aurait pu le croire, les dites-frontières étant constituées sur une grande part de leur longueur d'une chaine de montagnes infranchissables, laissant bien peu de place à l'immigration ou au mélange. Et pourtant il était là: un grand gaillard athlétique en armure à la Pavonnaise, à la moustache brune resplendissante sur un visage jeune et volontaire coiffé de longs cheveux en mulet. Sous cet attirail d'acier qu'il portait à chaque réunion devant le comte on savait pourtant qu'il portait une tenue tout ce qu'il y avait de plus impériale, pantalons bouffants et chemise colorée en sus. Il était arrivé très récemment, ce qui était sans doute la raison de sa nomination dans les appâts: il fallait encore qu'il fasse ses preuves.

A côté de lui, Otto Grassmuen était comme un reflet dévalorisant. Ce n'était pas un noble et encore moins un respectable guerrier. C'était un mercenaire, un odieux bandit venu dans cette région perdue non pas par vengeance envers les morts-vivants ou pour la promesse d'une bourse d'or, mais juste comme un pilleur de tombes avide de déterrer des trésors du passé à peu de frais. Sa présence à Leicheberg n'avait rien à voir avec un quelconque sentiment d'appartenance à l'ordre impérial ou à l'humanité en général, c'était juste la base d'opération la plus sûre à ses yeux. En terme d'équipement li portait une targe et une hache qu'il maniait très bien à ce qu'on disait; au niveau de l'armure on se trouvait en face d'un déguenillé, vêtu de bric et de broc avec un casque rouillé couvrant un faciès laid et une barbe noire non-entretenue qui lui donnait un air de sauvage. Où commençait le manque d'hygiène et où s'arrêtait la volonté de paraître menaçant? Nul ne pouvait le dire.

Félix Derteld était du même genre, bien qu'on l'aurait plus rapproché de Ludwig que d'Otto en terme d'apparence. Arrivé il y a plusieurs mois déjà, notre bougre était l'aventurier typique, le vagabond-mercenaire offrant sa lame à des causes plus ou moins nobles et qui ne se distinguait du brigand que de manière sémantique. Pour autant, Félix semblait avoir prouvé à la cour ses capacités martiales et intellectuelles: combattant polyvalent, éclaireur efficace, espion acceptable et tacticien convenable, le tout renforcé par des connaissances variées sur de nombreux sujets... Il avait fini de convaincre le comte de son utilité. Aucun doute d'après les observateurs extérieurs que von Stolpe souhaitait qu'il soit le "cerveau" des appâts et qu'il coordonne l'opération. Ses cheveux blond-gris prouvaient au passage une certaine expérience dans la maraude et son équipement varié allant de l'arbalète de poing à l'épée courte en passant par la lance et la tenue de cuir brune et verte achevaient de persuader Ludwig qu'il n'avait pas à faire à n'importe qui.

Il était plus difficile de donner une description complète de Wilhem von Neunberg, le dernier membre du groupe des sacrifiés. Il se tenait toujours à l'écart des autres habitants du château, véritable ombre qu'on ne voyait jamais passer. Constamment recouvert d'une longue cape grise avec un masque qui protégeait son visage, il ne parlait jamais et contentait de parcourir les environs en observant d'un air dédaigneux les guerriers à l'entrainement ou les paysans dans leurs champs. Nul ne lui adressait plus la parole depuis longtemps et c'était à se demander pourquoi le comte le tolérait encore sous son propre toit.

A Ludwig à présent de choisir ses dernières activités avant le départ, car tous savaient qu'une fois partis il n'y aurait pas de retour en arrière.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Lorsque le comte Von Stolpe annonça les noms des appâts, dans une assemblée qui s’était tue, Ludwig ne se montra nullement surpris quand il fut désigné. Eirminjar l’avait prévenu de la tâche qui l’attendait et il avait déjà pu s’y préparer physiquement et mentalement. Entouré par des soufflements de soulagement et des gémissements d’inquiétude, le jeune homme observa les quatre autres personnes qui avaient été désignées par le comte. Leur allure était très disparate. Certains paraissaient être là pour une noble cause, d’autres beaucoup moins. Quand au dénommé Wilhem Von Neunberg sa présence ici était un mystère. Un mystère que Ludwig n’appréciait guère. Tous allaient mettre en danger leur vie dans une expédition pleine de dangers et de risques et le jeune homme n’aimait guère douter des réelles intentions d’un de ses compagnons d’infortune. A fortiori dans une Sylvanie qui transpirait le secret et l’horreur. Dévisageant Wilhem d’une moue étrange, il se dirigea tout de même vers ses quatre compagnons et les salua d’une poignée de main ferme. Finalement il préféra garder les conversations stratégiques pour le lendemain, les informations divulguées par le comte étant pour le moment trop minces pour monter un quelconque plan. Mais quoiqu’il en soit, il était important de créer un premier contact propice à la confiance. Peut-être serait-elle leur salut lors de la dangereuse mission du lendemain.

Après avoir échangé de rapides banalités avec eux, et fait un détour aux cuisines, Ludwig regagna ses quartiers, Sigmurd sur l’épaule. Le magnifique volatile allait lui aussi être une des clés de la réussite. Il avait encore du mal à le contrôler parfaitement, mais les sens aiguisés du rapace permettraient sans doute de repérer les goules depuis le ciel. Fallait-il encore espérer que la forêt n’était pas trop dense et que Sigmurd n’en ferait pas qu’à sa tête. Une fois de retour dans son modeste et spartiate lieu de repos, Ludwig passa en revu son équipement. La targe bien que rustique semblait assez solide pour parer trois ou quatre coups de griffes. Les deux dagues qu’il allait fourrer dans ses manches lui permettraient de se tirer d’un mauvais pas ou de parer in extremis un méchant coup de griffe. Son épée. Ludwig s’assit sur sa couche, l’air pensif. Cela faisait un sacré bout de temps qu’il baroudait avec cette lame. Elle le lui avait été donnée lorsqu’il avait pris son poste au guet de Nuln. Depuis, il ne l’avait plus quittée. Elle avait été de tous les instants, elle l’avait accompagnée dans toutes ses aventures. Nuln, Weningen, Wissenburg, Averheim, Bylorhof, les marais, Schwartzhafen et maintenant Leicheberg. Il en avait été dépossédé une seule fois, par son némésis sur ces terres, Remulus Hacksen, plus connu sous le nom de Maître Rémy… Il viendrait un jour ou ce dernier paierait son arrogance... Pour le moment, il était encore trop tôt. Ludwig baissa les yeux pour observer la lame qui reflétait faiblement la lueur de l’unique bougie de sa piaule. La poignée et la garde paraissaient inchangées, aucune éraflure, le bronze toujours aussi terne. Le sceau du guet de Nuln y était toujours visible. Toutefois, l’acier portait lui les stigmates de plusieurs combats. De facture moyenne, la lame était ébréchée çà et là. S’il sortait vivant de cette épreuve, il lui faudrait une nouvelle épée dans un futur proche. Seule Arianka savait jusqu’à quand cette lame pourrait encore le porter dans les combats. Ses vêtements étaient dans le même état que la lame, abîmés et portant les stigmates de mois à barouder. Hormis les nouvelles bottes qu’Eirminjar lui avait apportées et qui faisaient tache sur le tableau, Ludwig avait l’air d’un paysan crotté et nom d’un honnête explorateur. Les tissus étaient malodorants, le cuir était craquelé et la maille avait besoin d’un bon brossage à la paille de fer. Il y avait un monde entre ce que Ludwig aspirait à être et ce que Ludwig était pour le moment. Une épreuve que les dieux lui donnaient ?

De son baluchon où était entassé le reste de son équipement et ses effets personnels, Ludwig sortit un morceau de bœuf séché qu’il lança en direction de Sigmurd. L’oiseau avait lui aussi besoin de prendre des forces avant la rude journée qui les attendait. Le rapace ne se fit pas prier et attaqua la viande avec de vifs coups de becs. La taille de ses bouchées fut proportionnelle à sa gloutonnerie. Une fois le repas de Sigmurd terminé, ce dernier se posa sur la table et dévisagea Ludwig d’un regard étrange, pendant plusieurs secondes. Le jeune homme plongea ses yeux dans les pupilles aviaires de son compagnon. Quelle vie. Un jeune homme de la noblesse à qui à la naissance on aurait pu promettre une vie dorée et un travail rangé, qui se trouvait désormais au fin fond de la sylvanie à chasser des goules, avec pour seul ami un oiseau. Quelle pouvait être la destinée d’une si étrange vie ?

Un jour il le saurait, pensa-t-il avant de s’allonger sur la couche et de fermer les yeux. Il devait se reposer assez pour que cette destinée n’arrive pas de manière prématurée dès le lendemain.

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Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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