[Geralt] La marche à la mort de l'an 2530

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Kriegsherr
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[Geralt] La marche à la mort de l'an 2530

Message par [MJ] Kriegsherr »

Eté 2530, Sylvanie. En ce pâle matin de Vorgeheim, un épais brouillard recouvrait les rives du Stir et de ses affluents. Bien que l’on fût dans le mois le plus chaud de l’année, dans les terres maudites de Sylvanie, et plus particulièrement près des cours d’eaux et des marécages environnants, cela ne signifiait pas grand-chose.

Une simple embarcation de bois sombre, une minuscule barque à fond plat, naviguait avec empressement sur les eaux calmes de l’Eschenstir, la petite rivière qui séparait la ville de Siegfriedhof et la province du Stirland côté Ouest, d’un marécage boueux et traître précédent les Bois de la Famine et le Comté de Sylvanie côté Est. Mais l’Eschenstir était bien plus que cela. Le cours d’eau constituait aussi la frontière entre deux mondes, deux royaumes. L’Occident était celui des vivants. L’Orient, celui des morts.

Tout cela, les trois voyageurs qui ramaient avec entrain en étaient parfaitement conscients. Et pourtant, ils se dirigeaient bien vers le Levant, leurs regards déterminés, leurs bras musclés et taillés par des années d’entraînement restant parfaitement fermes en plongeant leurs pagaies avec force dans l’onde sombre.

Car tout ici était sombre et humide. L’astre lumineux poignait tout juste derrière les arbres sinistres que l’on devinait à peine, mais sa lueur blafarde était diluée par la forte concentration d’eau dans l’air. Sous cette luminosité, le cours d’eau n’était plus qu’un ruban de satin noir aussi plat qu’un miroir sans reflet. La brume, très dense, donnait elle l’impression aux vivants d’être perdus dans un nuage blanc laiteux.

L’Eschenstir n’était pas très large à cet endroit-ci. A vrai dire, juste en amont de Siegfriedhof, la rivière s’évasait pour former un immense marécage s’étendant sur plusieurs dizaine de miles à la ronde, et connu sous le nom « des Morrfenn », puis reprenait son cours normal à hauteur de la ville où siégeait l’Abbaye de Saint Æthelbert le Vigilant.

Néanmoins, les berges n’étaient pas nettes pour autant, surtout du côté Sylvanien, où elles n’étaient guère entretenues. On sentait encore la propension du fleuve à s’étaler sur ses côtés. Un géographe averti aurait certainement pu identifier la cause du phénomène dans le fait que la rivière prenait sa source dans les Collines Hantées, au Sud. Un lieu géographiquement peu élevé, comparé aux Montagnes du Bord du Monde. Ainsi, la rivière n’avait pas un courant très important, et c’était cette lenteur, ce faible débit, qui expliquait en grande partie les nombreux marécages environnants le cours d’eau. A cela, il fallait bien sûr ajouter les sols riches en terres argileuses qui empêchaient les eaux d’y pénétrer trop profondément. Seules les premières couches de terre jouaient un rôle d’éponge, emmagasinant l’eau et transformant au fil des siècles la végétation environnante en une sorte de tourbière.

Mais revenons à nos trois voyageurs, qui avaient presque atteint la rive droite du fleuve, celle qui menait en Sylvanie. Déjà, ils n’entendaient presque plus les sons provenant de la ville et au-delà encore, de l’Abbaye. Rapidement, l’atmosphère pesante semblait avoir étouffé les cris et les sons de cloche, les réduisant à de vagues échos lointains et à un brouhaha indéfinissable.

Ils entendaient plus clairement leurs propres respirations, maintenant, ou le son léger de leurs rames fendant les eaux. Soudain, le coassement d’une grenouille retentit, brisant le calme surnaturel et inquiétant qui régnait.

Nos héros étaient arrivés de l’autre côté. Sans attendre, ils mirent pied à terre, abandonnant la barque derrière eux. Le sol était meuble, gorgé d’eau. Leurs pieds s’y enfoncèrent profondément, de plusieurs centimètres, parfois même jusqu’au genou quand ils avaient le malheur de marcher dans une mare dissimulée sous la verdure abondante.

Mousses, joncs, roseaux et touffes d’herbes coupantes que l’on appelait communément carex ou laîches étaient monnaie courante. A mesure que l’on s’éloignait de la rivière, quelques rares buissons, arbustes puis arbres tordus et torturés étaient visibles ça et là. Tous semblaient avoir poussé par miracle dans cet environnement hostile et légèrement acide. En effet, des marais des Morrfenn jusqu’à la cité maudite Mordheim, courait une bande de terres plus ou moins marécageuses, parallèlement à l’Eschenstir. Très humides sur les berges du cours d’eau, la bande plane, d’une largeur d’une dizaine de miles impériaux environ, s’asséchait peu à peu à mesure que l’on s’en éloignait, pour devenir finalement un sol de terre d’abord meuble puis plutôt sèche, et déboucher sur une forêt, à savoir les Bois de la Famine, qui formaient l’extrémité Sud-Est de la Grande Forêt, avec les Bois Sinistres situés encore plus à l’Est.

Le trio dût péniblement se frayer un chemin pendant une bonne quinzaine de minutes pour enfin traverser la rive marécageuse et arriver sur un sol plus stable et homogène. Le groupe était chanceux : malgré la proximité immédiate de la ville du Stirland, l’endroit n’était pas sûr et il n’était pas rare que des noyés ou des morts d’antan se réveillent en ces lieux maudits et tentent d’entrainer les imprudents qui osaient débarquer en Sylvanie avec eux au fond des eaux. Cependant, ils n’en croisèrent aucun.

Au contraire, après une courte marche d’encore une douzaine de minutes à bon train, Ombre, Geralt et Ubran atteignirent un petit bosquet isolé constitué d’un amas de buissons et d’épineux. C’était là que les attendait Hans-Dieter Buchwald, le Fléau des Collines Hantées.

L’homme qui les accueillit en les menaçant de son épée n’avait plus rien à voir avec celui que Geralt avait rencontré à Bielen, quelques mois plus tôt. Fatigué, sale, pas rasé ni coiffé, le front ridé, le teint pâle, les yeux soulignés de lourdes cernes noirâtres et au fond desquels on décelait comme la force de braises ardentes pouvant se rallumer à n’importe quel moment. Celui qui se tenait devant eux avait souffert, indéniablement. En tous cas, il n’avait en rien cherché à s’entretenir. On aurait pu voir en lui un mendiant ivrogne et sans-abri, vétéran de guerres qui le hantaient toujours.

Pourtant, en apercevant Geralt le Loup Blanc, Buchwald réagit au quart de tour. Une étincelle jaillit dans ses yeux et y raviva les flammes en sommeil depuis trop longtemps. Devenant comme fou, il se précipita sur son camarade et l’interpella d’un ton dément mêlant anxiété, supplique et détresse, criant presque, ignorant royalement les deux autres :


- Geralt ! Enfin ! Dis-moi, mon fils ?! Edrik ?! Dis-moi que tu as pu le mettre en sécurité ! Dis-moi qu’il est sauf ! DIS-MOI !

De la bave blanchâtre coulait aux commissures de ses lèvres, et l’homme était devenu comme possédé, alors qu’il avait saisit Geralt en plaçant les deux mains sur ses épaules et le secouait maintenant comme un prunier. Il n’avait pas lâché sa longue épée ébréchée pour autant, dont le plat de la lame courrait le long du dos du Loup Blanc. Ombre et Ubran observaient la scène du coin de l’œil, pour s’assurer que tout allait bien, tout en surveillant les environs. Même s’il était peu probable que l’Ordre envoie des gens les poursuivre à la hâte sur ces terres maudites, il valait mieux ne pas trop traîner dans le coin. Ils étaient encore très proches de Siegfriedhof... Trop proches.

Quoi qu’ils s’échangent, il fallait faire vite, puis immédiatement continuer à avancer. Seule l’orée des Bois de la Famine pourrait leur offrir un « refuge » suffisamment dissimulé et dangereux pour semer ou faire rebrousser chemin à leurs éventuels poursuivants. Ironie du sort, pour échapper aux chasseurs, il faudrait que la proie se jette dans la gueule du loup. Mais pour l’instant, il fallait calmer Buchwald, et vite ! Il ne semblait pas en état de se calmer et de repartir si on ne répondait pas à ses questions, et son grabuge pourrait attirer l’attention de forces de l’Ordre ou de créatures hostiles...
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Geralt
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Re: [Geralt] La marche à la mort de l'an 2530

Message par Geralt »

Il y était arrivé, il était parvenu à quitter la forteresse de l'Ordre, un exploit en soit pour un condamné à mort, en particulier quand on savait qu'il n'y avait eu personne à blesser ou à tuer pour s'échapper… Tout s'était passé comme prévu, et Geralt pouvait alors à nouveau ressentir pleinement le goût de la liberté, avec en bonus une arme supposée être capable de vaincre Agabius : L'amulette du soleil.

Tandis que le trinôme remontait la rivière, le loup blanc observa avec un silence glacial le changement de paysage, signe désormais que la Sylvanie s'offrait à lui… Une brume presque surnaturel recouvrait en grande partie les marécages de la région, et là ou quelques minutes plus tôt il pouvait encore entendre le chant des oiseaux du Stirland, ici il n'y avait plus rien… Seulement un silence oppressant, accompagné d'une brise glacial…
Il y était revenu: la terre des morts… Un lieu qui n'avait aucunement manqué au chevalier renégat de l'Ordre, la dernière fois qu'il y avait mit les pieds, s'était durant son initiation auprès de Dietrich quelques années auparavant… Une époque où, jeune et aveuglé par la confiance absolu qu'il avait toujours placé dans ses capacités, il s'était retrouvé dans une position si délicate, que même aujourd'hui, il se demandait comment il avait pu y échapper en vie… Une aventure d'un autre temps, dont il ne restait qu'une trace : Une profonde cicatrice traversant de long en large le torse du chasseur de monstre… Lui rappelant sans cesse que aussi bon qu'on pouvait être, rien n'était jamais totalement acquis.
Quoiqu'il en soit, plus mature et plus âgé aujourd'hui, Geralt savait que en ce lieu, les vivants n'avaient pas leur place, tout ici était un danger, et seul une loi régnait : Tuer, ou être tuer…

Il observa alors longuement l'horizon, vers une direction qu'un œil extérieur aurait pu considérer comme totalement aléatoire et pourtant… Geralt regardait cette direction avec une telle insistance que rien n'aurait pu l'en détacher, comme si il pouvait y voir quelque chose qu'aucun autre œil que le sien ne pouvait voir…

Au plus profond de lui même, il ressentait l'appel… L'appel de Agabius… Ici en ce lieu maudit, à cet instant précis, Ombre et Ubran devaient sûrement penser qu'ils venaient d'entrer en Sylvanie sans que l'ennemi ne puisse sans douter… Ils avaient tort… Geralt le savait, en venant jusqu'ici accompagné, il mettait tout le monde en danger, car le maître vampire savait que le loup blanc se dirigeait vers lui… Depuis le début, depuis Bielen, Agabius le lui avait dis : Tôt ou tard, il viendrai de sa propre volonté à sa rencontre… Et il avait eut raison… Mais une fois le moment venu, Geralt se dresserai il face à LUI ? Ou bien plierai il le genou ?...

Posant pied à terre, la petite escouade de renégats, s'enfonça alors dans les terres sauvages, pourtant d'expérimentés baroudeurs, ils furent rapidement confronté à la difficulté du terrain, pataugeant dans la boue et la vase de ces marécages ô combien dangereux, Geralt le savait, les morts ou d'autres abominations vivant dans ces terres nauséabondes, aimaient emporter dans les profondeurs du marée, les fous qui osaient venir jusqu'ici et c'est pour cela que chaque pas qu'il faisait, ses sens étaient en éveils, prêt à dégainer sa lame face à tous dangers potentiels.
Heureusement rien ne vint s'interposer sur leur itinéraire, et le trio put donc continuer sa progression sans encombre, jusqu'à un petit bosquet isolé, où les attendait un homme que Geralt n'aurait jamais pensé revoir, apparaissant devant lui telle un fantôme du passé…

Buchwald se dévoila, quittant sa cachette comme un rat prêt à se défendre, épée en main, son regard ne trompait pas : malgré les visages qui devaient pourtant lui être extrêmement familiers, il était terriblement méfiant.
Pour le loup blanc, revoir le père de Edrik fut tout d'abord un choc, car il ne ressemblait en rien au chasseur de vampire qu'il avait croisé à Bielen, il semblait fatigué, pire usé même… Les joues creusées, et des cernes marqués sous les yeux, il était sale; et avait une barbe de plusieurs semaines, on aurait pu même croire à la voir ainsi, qu'il s'était livré à de nombreux mois de camping en Sylvanie… Par réflexe, Geralt posa son regard vers Ubran, comme cherchant à percevoir dans son regard, la cause de l'état actuel de l'ennemi juré de Agabius, après tous les deux hommes avaient voyagé durant des mois ensemble, mais son camarade se mura dans le silence. Il semblait que la situation était bien pire que Geralt n'aurait pu le croire.

le Fléau des Collines Hantées, pourtant connu pour être un homme calme, s'empressa de se diriger vers le loup blanc, reconnaissant l'homme à qui il avait confié son fils des mois auparavant, d'une voix suppliante accompagné d'un regard de détresse, il voulait des nouvelles de Edrik, lui qui avait déjà perdu sa femme, et sûrement bien plus vu son état, devait désormais pouvoir espérer encore.
Le secouant, il maintenait une pression ferme sur le chevalier renégat au cheveux blanc, et en le voyant ainsi… Geralt repensa alors à ce qu'il s'était promis quelques semaines auparavant : A savoir avouer à son frère d'arme qu'il était responsable de la mort de Mileann, sœur de Buchwald… Mais… Comment pouvait il lui lancer en plein visage le crime dont il était coupable maintenant… le père de Edrik était brisé, cela se voyait, et rien ne disait qu'il serait en mesure de supporter une autre perte… Par compassion ou par lâcheté, Geralt se promis de remettre son aveu à plus tard...


"Beaucoup de chose se sont passé Buchwald… Trop de choses…"

Laissant quelques secondes de silence, il posa sa main sur l'épaule de son camarade, se voulant rassurant, il donna les réponses que Buchwald désirait ardemment.

"La dernières fois que je l'ai vu remonte à quelques mois maintenant mais… Oui il est toujours en vie, je n'ai pas pu le mener à ta sœur, et… Moi même n'étant plus en mesure d'assurer pleinement sa sécurité, je l'ai laissé sous la garde de bons amis… Il est à Middenheim, entouré de l'amour d'une famille qui a accepté de se porter garant de lui jusqu'à mon retour."

Il arbora alors un sourire destiné à Buchwald, se voulant réconfortant le plus possible, car le temps était un luxe que le quatuor n'avait pas et la conversation engagées devait au plus vite s'abréger. l'Ordre serait rapidement sur leur pas, et ils étaient encore trop prêt du Stirland pour profiter d'un moment de répit.

"Sache Buchwald, que tu manques à ton gamin, sa mère aussi… Je lui ai promis que je te ramènerai ainsi que ton épouse auprès de lui. C'est aussi pour cela que je suis là… "

Se relâchant de l'étreinte de son camarade, qu'il espérait calmer avec ces quelques réponses, il se tourna alors vers Ombre et Ubran et annonça d'une voix grave et sérieuse:

"Eloignons nous de la frontière et trouvons au plus vite un endroit sûre pour faire un point sur notre situation… Ombre… Ubran… Buchwald… L'heure est venu pour moi de vous avouez les raisons de ma condamnation par le grand conseil, ainsi que toutes les informations que j'ai pu acquérir sur Agabius et ces enfants de la non vie. Nous devons discuter de la suite des évènements…"

Et c'était sur ces paroles qu'allait commencer un long et dangereux périple, en direction du cœur même de la Sylvanie.
Suite non officielle ici : viewtopic.php?f=177&t=7600&p=129359#p129359
Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
Fiche : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... che_geralt
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