Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Le Djinn
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Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par [MJ] Le Djinn »

CHAPITRE 0: LA FORÊT MAUDITE
La tête de loup, sinistre dans sa position dominante, embrassait du regard la pièce de ses yeux noirs vides de toute vie. Si, comme certaines superstitions aussi anciennes qu'hérétiques le disaient, les objets possédaient une âme, nulle doute que celle de la carcasse se serait gargarisée de son ascendant. Rien ne lui échappait depuis son perchoir, ni le temps faiblement nuageux visible par les hautes fenêtres, ni le feu faible qui brûlait dans la cheminée, ni les lueurs cadavériques des bougies qui parcouraient la pièce et qu'en journée on ne prenait pas soin de rallumer - c'est qu'il était encore tôt le matin. Mais, assurément, ce qui aurait attiré l'attention de l'esprit, comme de tout à chacun, était l'extrême sobriété du lieu. Fidèles à leurs croyances, leurs opinions et leurs engagement, les Chevaliers de l'Ordre de la Couvée du Corbeau ne décoraient que très peu leur intérieur, se contentant du strict nécessaire.

Dans la salle de réunion, au milieu de la forteresse-monastère de Stridof, au Sud de la Sylvanie, se tenait l'assemblée quotidienne. Une vingtaine de personnes étaient accoudées à la longue table rectangulaire de bois, chacun ayant derrière eux un jeune homme debout, les initiés qu'ils étaient chargés de former. L'ordre du jour: les disparitions d'habitants dans le village de Bertridam, à quelques kilomètres de là. Signe que la situation devait être prise en main, les participants se présentaient dans leurs armures. Il y avait fort à parier qu'une équipe serait envoyée dès la fin de la discussion.

Le maître de séance, le Père Karlit, orgueilleux dans sa tenue si chère et forgée disait-on par trois maîtres-armurier nains, fit un cours rappel des faits.

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-"Les habitants ont signalés la disparition de cinq personnes depuis vingt jours. Ils n'ont rien remarqué d'anormal malgré les battues dans les cimetières et les champs environnants, on en peut donc en déduire que les goules n'y sont probablement pour rien. Ils n'ont rien vus ou entendu de particulier, les victimes étaient seules quand elles ont disparues mais pas dans des endroits très isolés, ce qui exclut les agressions par des morts-vivants fous, qui auraient fait plus de raffut. Les corps n'ont pas été retrouvés. Nos premières déductions est que ces enlèvements sont d'origine humaine. Un fou, un chaotique ou un nécromancien. Des origines vampiriques ne sont pas à exclure mais paraissent peu probable quand on connaît le comportement habituel de ces abominations. Ces actes manquent de grandeur...

Il y a toutefois deux endroits où les habitants n'ont pas osés aller. Le premier est la forêt proche du village, apparemment elle serait dense mais composée en grande majorité d'arbres non-fruitiers, de mauvaises herbes et de buissons épineux. Elle est réputée dangereuse et à part pour couper du bois, les locaux ne s'y aventurent pas. Le second est le manoir de l'ancien seigneur du village, le baron Otto Von Bertridam. Sa lignée s'est éteinte depuis trente ans et à sa mort son manoir était dans un tel état de décrépitude que même les pillards ne s'en sont pas approchés, estimant qu'il n'y avait rien à y prendre. Comme il est isolé parmi les arbres anciens et les jeunes pousses et que son apparence se rapproche plus de la ruine que de l'habitat, les paysans ont estimés que rien ne s'y cachait."


Le tuteur de Vlad, le fougueux Frère Karl, leva la main et demanda la parole, qui lui fût accordée.

-"S'ils ont cherchés partout sans succès, comment peuvent-ils croire que le coupable ne se cache pas dans ces lieux oubliés?"

Le supérieur haussa les épaules, peu intrigué par la question.

-"Sans doute soupçonnent-ils déjà tous un membre de leur village, un rebouteux quelconque. Dans tous les cas notre devoir est de recommencer ces recherches pour vérifier qu'il ne s'agit pas là d'un tour orchestré par quelque main ténébreuse."

L'inférieur se gratta sa barbe noire naissante et massa ses yeux cernés par la fatigue. Il ne devinait que trop bien la suite des opérations. Son cerveau, recouvert d'un crâne garni d'un faible pilosité noire, s'activait.

-"Frère Karl, Frère Thomas, vous m'accompagnerez pour une visite dans ce manoir, j'espère qu'il n'y a rien mais avec nos trois initiés nous devrions être capables de contrer une éventuelle attaque. Frère Ivan, Frère Marco, vous irez avec vos apprentis dans le village pour mener votre enquête. Nous partons de suite, nous devrions arriver en une heure."

Chacun se leva pour aller récupérer sa monture, ou pour les initiés de quoi tenir la bride. En passant, tous les appelés récupérèrent leurs armes, il fallait être prévoyant en Sylvanie.

-----------------------------------------------------------------------------------------------

Et les voilà à marcher sous le soleil pâle caché par de fins nuages. Karl, fier sur sa monture, se penchant sur Vlad qui marchait à ses côtés et lui murmura quelques mots de réconforts.

-"Tu as de la chance aujourd'hui, il n'a pas plu depuis quelques jours et il n'y a pas de boue... Allez, je te parie qu'on sera rentré avant ce soir. Il s'agit sans doute d'un fou qui trouve drôle de tuer des gens, je prédis qu'on ne trouvera rien de magique là-dessous."

Il sourit et pouffa un moment, seul. C'était le genre de mission qu'il aimait: peu dangereuse, sans doute peu compliquée et qui permettrait de gagner l'estime de la populace qui paierait ensuite la taxe au monastère de meilleure grâce. Soudain, il sembla avoir une illumination et tendit quelques billet de plombs à son apprenti.

-"Tu te fais distrait, Vlad... Tu as oublié ta bourse à munitions dans ta cellule. Allez, range ça dans ta sacoche."

Tout près s'esquissait la silhouette fantomatique du village. Construit sur une plaine, rien ne permettait de voir ce qui se tramait derrière l'épaisse forêt avoisinante, leur prochaine destination.
Vlad a obtenu: 5 balles de pistolet.
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Vlad Wulfwald
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par Vlad Wulfwald »

Depuis qu’il avait rejoint l’Ordre, Vlad se languissait véritablement de sa nouvelle situation. Chasseur de Vampire, il avait désormais un but, un sens à donner à sa vie. Il n’était plus le seul être du Vieux Monde à lutter contre la racaille vampirique. Aujourd’hui, autour de la grande table où se réunissaient quotidiennement les frères de l’Ordre, bon nombre de chevaliers étaient tous prêts à en découdre avec ces êtres abjects qu’étaient les Vampires. Nonobstant les quelques bougies allumées de ci de là, régnait dans la pièce une atmosphère morne et sombre, qui ne contrastait guère avec le ton pesant sur la contrée de Sylvanie. Vivre dans la simplicité et la sobriété ; la vie de Moine était une chose nécessaire pour combattre les Nécromants et les Vampires : certaines leçons étaient toujours là, gravée dans l’esprit du jeune homme comme les contes de sa lointaine enfance : se battre le ventre vide, adresser régulièrement des prières à Morr (bien que Vlad ne sente pas vraiment l’âme pieuse). Pour peu que l’on soit motivé par quelque noble but ou tout simplement coupé de toute potentielle famille comme c’était le cas de la majorité des Chevaliers et Initiés rassemblés autour de la table de chêne, Vlad se disait que suivre un tel enseignement demeurait – bien que contraignant – un acte de sacrifice de soi-même relativement aisé.

Le père Karlit, qui avait toujours la fâcheuse tendance à se pavaner tel un coq dans sa magnifique armure de métal, énonça à tous l’ordre du jour : d’après les dernières rumeurs locales, on déplorait la disparition de cinq sylvaniens dans la petite bourgade de Bertridam, à quelques miles du Stridof. Après une énonciation rapide des faits, il fut discuté et mené la pré-enquête en cet affaire : les coupables étaient-ils vampires ou non ? La piste mort-vivante fut balayée d’un revers de main et les deux derniers endroits pas encore fouillés par les paysans venaient d’être présentés : il s’agissait d’un antique manoir et d’une sombre forêt, à l’écart du village. Bien que Vlad était d’une nature prévoyante, son intuition n’arrivait à le décider entre ces deux lieux ; d’un côté, et le jeune homme le savait, il était aisé de se perdre en ces bois sylvaniens, de l’autre, si la menace était belle et bien de nature vampirique, le manoir abandonné des Von Bertridam semblait la cachette idéale.

Posté derrière son maître, le frère Karl, Vlad se pencha discrètement en direction d’un initié, positionné sur sa gauche :


« - Soit c’est un immense Loup qui a tiré un à un les habitants hors de la ville, soit c’est un Vampire. Si tel est le cas, je mettrais ma main à couper qu’il n’agit pas seul et qu’il possède un ou deux complices à l’intérieur du village… Du moins, c’était comme ça, chez moi… »

Prestement, il fut décidé de la formation de deux groupes : frère Ivan et frère Marco irait enquêter au village accompagnés de leurs apprentis alors que Vlad allait accompagner frère Karl, le père Karlit ainsi qu’un chevalier du nom de Thomas dans le lugubre manoir. Très vite, tout le monde était paré au départ. C’est cela que le jeune Initié appréciait dans son nouvel Ordre : la ponctualité et même, l’anticipation et l’avance toujours constante dont il fallait disposer pour combattre ses terribles adversaires. A Nachthafen, on vivait au rythme des saisons ; on avait tout le temps devant soi : l’élevage était la principale ressource des lieux et bien qu’il existât quelques rares champs disséminés près des bourgs moyens, il fallait se rendre à l’évidence et reconnaître que beau temps ou non, la présence de Goules dans ces mêmes champs réduisait significativement le rayon d’action des paysans et ajoutait quelques menus problèmes lors de la récolte…

Vlad qui marchait alors à côté du cheval de son maître frère Karl, fut soudain tiré de ses pensées et de ses souvenirs par la voix grave et réconfortante du Chevalier de l’Ordre qui avait bien voulu s’occuper de lui et prendre en charge sa formation :


« - Tu as de la chance aujourd'hui, il n'a pas plu depuis quelques jours et il n'y a pas de boue... Allez, je te parie qu'on sera rentré avant ce soir. Il s'agit sans doute d'un fou qui trouve drôle de tuer des gens, je prédis qu'on ne trouvera rien de magique là-dessous. »

Avant d’ajouter, en lui plaçant au creux de la main cinq petites balles de pistolet :

« - Tu te fais distrait, Vlad... Tu as oublié ta bourse à munitions dans ta cellule. Allez, range ça dans ta sacoche.

- Merci, mon maître. Je… Oui, je suis… distrait. Cette histoire me taraude l’esprit. Je… Eh bien… »

Alors que la silhouette massive des arbres sombres commençait à se dessiner au loin, et après quelques borborygmes liés à sa précédente hésitation, Vlad se jeta à l’eau et énonça à son maître ce qui le travaillait :

« - Mais, mon maître, si vous le permettez, j’aimerai savoir comment pouvez-vous être aussi certain de cela ? Je veux bien reconnaître que votre analyse quant à la présence de Goules ou de Mort-vivants me paraît juste mais, même après mure réflexion, je vois difficilement un Homme, aussi fou soit-il, élire domicile dans cette sombre forêt ou cette funeste demeure, aussi sombre soit-elle. Non, je ne vois pas comment cela est possible…
- Remarquez… J’ai en tête deux hypothèses : soit vous vous trompez et l’acteur de ce crime est lié d’une façon ou d’une autre à la magie vampirique, soit les pécores de ce village ont décidé de se débarrasser d’autres villageois d’une manière ou d’une autre. Dans tous les cas, je pense si nous ne trouvons réponse à nos questions en ce manoir, il faudra retourner interroger ces villageois. Si vous le permettez, j’aimerai utiliser mes compétences nouvellement acquises pour torturer un ou deux marchands itinérants : ces étrangers sont sûrement au courant de quelque chose et leur présence en Sylvanie est depuis toujours la source de problèmes… »


Sur ces mots, le petit groupe de six vit devant lui rétrécir le chemin qu’ils empruntaient et qui se jetait dans la forêt tel le delta d’un fleuve partant à la rencontre du vaste océan lui faisant face.
Vlad Wulfwald, Chasseur de Vampires
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[MJ] Le Djinn
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par [MJ] Le Djinn »

L'expression bienveillante et bonhomme de son maître se mua rapidement en une colère réfrénée et un dédain clair. Pour lier visage et action, il frappa un grand coup sur la tête de son initié, de sa main gantée de métal.

-"N'as-tu donc rien appris de ta formation religieuse? Nous sommes tous les fidèles serviteurs de l'Empire ou de l'humanité, quelque soit notre région d'origine. Frère Ivan est kislévite, Frère Marco est tiléen... Valent-ils donc moins que toi et moi? Sûrement pas. Contre les vampires, nous sommes tous frères."

Il soupira, très agacé et flatta le col de sa monture qui hennit doucement.

-"Et la torture doit être utilisée avec parcimonie. C'est un outil dangereux que nous utilisons en cas de soupçons, pas une fléchette que nous lançons au hasard. Méfie-toi Vlad, faire souffrir les autres sans nécessité, voilà le chemin des vampires."

Il débuta une rapide inspection de ses armes alors que le village se rapprochait dangereusement.

-"Et si tu veux les raisons qui nous poussent à estimer qu'il ne s'agit pas d'un vampire, les voilà: nous savons que les jeunes vampires sont impétueux, fougueux, ils aiment à montrer qu'ils sont les plus forts et à ne faire que peu de cas de la discrétion. Les vampires plus âgés sont parcourus de visions de gloire et cherchent à mettre des centres d'importance à leur botte. Un centre d'influence, ce hameau ne l'est clairement pas.

Note que personne ici n'a parlé d'absence totale de vampire, sinon nous ne serions pas venu. Juste qu'il est inutile d'appeler les milices et les armées dès que quelques paysans disparaissent..."


Le chemin dura encore quelques minutes, le temps d'arriver sur la place centrale.

Miteux, voilà comment on pouvait résumer l'aspect de l'endroit. Les maisons en bois et en pierres semblaient tenir debout par la grâce de Sigmar, les champs sales n'étaient pas bien entretenus et même l'eau du puits avait l'air... Boueuse! Une catastrophe de misère qui représentait bien l'état de la Sylvanie entière! Les bonnes gens et gentes, pressés par ce spectacle de cavaliers si rare par chez eux, ne se firent pas prier pour venir à leur rencontre. Les hommes se tinrent loin du Père Kerlit quand celui-ci dialogua avec ce qui semblait être le dirigeant du territoire. Enfin si ces quelques hectares de saleté brunâtre pouvaient être appelés "territoire".

Le débat sembla durer une dizaine de minutes, avant que le supérieur ne s'en revienne à ses compagnons, impatients de démarrer.


-"Bien, Frère Marco et Frère Ivan, prenez vos initiés et accompagnez cet homme, il va vous emmener aux endroits convenus. Les autres, avec moi, un chasseur va nous indiquer le chemin de la ruine. Nous nous y rendrons en premier, afin d'avoir le cœur net."

Bien vite sortit de la foule un être trappu à la mine écrasée et patibulaire, un arc en bandouillère, un carquois garni de flèches dans son dos et une petite dague a ses côtés. Presque un cliché de l'aventurier typique. Pourtant il avait ses raisons, les attaques de morts pouvaient avoir lieu et on était jamais trop prudent.
Rapidement, il les avertit.


-"Vous d'vrez laisser vos ch'vaux à l'orée du bois. C'est trop dense pour eux."

Et en effet, les broussailles semblaient bien épaisses et bien épineuses! La mort dans l'âme, la troupe laissa les montures à un fermier des environs.

Un vent glacial sortit des bois et des échos de vents faibles purent être entendus. La forêt s'assombrit rapidement alors que l'aspect familier et rassurant du village disparaissait sous les branchages. Le ciel, enfin ce que l'on en voyait, commençait à se couvrir, diminuant encore la luminosité. Bientôt on entendit plus que le bruit des pas.

Les craquements sur le sol..

... Le bois au sol qui cédait...

Les murmures sinistres qui s'amplifiaient.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Vlad Wulfwald
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par Vlad Wulfwald »

Qu’avait dit Vlad pour ainsi énerver frère Karl ? Le jeune homme ne le savait point. C’est vrai : quel mal y-avait-il à torturer quelques gueux, étrangers, qui plus est ? S’il y avait bien une chose que l’initié ne savait comprendre : quel mal y-avait-il à hiérarchiser les gens ? A la ferme, les bêtes étaient classées selon leur taille, le lait et la viande qu’elles rendaient. Dans la chasse aux Vampires, il s’agissait de faire parler son intelligence, sa ruse mais surtout son talent pour la survie et l’offensive. Le Sylvanien, ignorant des us et coutumes des autres contrées, n’arrivait pas à voir comment il était possible de connaître plus dure labeur que la vie d’un Sylvanien et que, de ce fait, il était impossible pour quiconque de prétendre lutter durablement face à la menace vampirique sans éprouver toute la rage et la haine conséquentes à une exposition prolongée à une désolation incommensurable érigée par ces funestes Comtes.

Néanmoins, après avoir été frappé sur le sommet du crâne par son maître, Vlad savait qu’il ne fallait pas répondre à ce dernier qui pourrait prendre son affront pour un manque de respect, chose très importante au sein de l’Ordre de la Couvée de Corbeaux. De toute façon, il ne fallait en général point énerver frère Karl qui ne manquait pas de réprimandé sévèrement mais justement son élève quand cela était nécessaire. De toute façon, comment expliquer à un chevalier expérimenté que le moyen le plus efficace pour chasser les Vampires était déjà de s’occuper de toute la populace ingrate qui étoffait leurs rangs en leur fournissant victimes et renseignements. Pour cela, il fallait forcément passer par de dérangeante séance d’interrogatoires musclées. Si Vlad avait retenu une chose des histoires des chevaliers itinérants de l’Ordre, c’était les méthodes efficaces – bien que cruelles et souvent aveugles – des Répurgateurs de l’Inquisition.

Selon Vlad, il fallait bien plus que quelques hommes courageux motivés par quelques idéaux et histoires de bonnes filles pour venir d’une menace si importante. L’Empire ne faisait décemment pas son travail de protection. Il faudrait encourager les pratiques de l’Inquisiteur et pourquoi pas, lancer une vaste campagne d’épuration pour traquer et massacrer tous les Nécromants et Vampires ainsi que leurs serviteurs « dormants ». Peut-être un jour faudra-t-il imposer son point-de-vue par la force à ses Anciens qu’étaient frère Karl ou père Karlit…


« Et si tu veux les raisons qui nous poussent à estimer qu'il ne s'agit pas d'un vampire, les voilà: nous savons que les jeunes vampires sont impétueux, fougueux, ils aiment à montrer qu'ils sont les plus forts et à ne faire que peu de cas de la discrétion. Les vampires plus âgés sont parcourus de visions de gloire et cherchent à mettre des centres d'importance à leur botte. Un centre d'influence, ce hameau ne l'est clairement pas. Note que personne ici n'a parlé d'absence totale de vampire, sinon nous ne serions pas venu. Juste qu'il est inutile d'appeler les milices et les armées dès que quelques paysans disparaissent... »

Décidément, frère Karl énervait de plus en plus le jeune homme qui commençait à être vexé de voir que placidement, son maître parvenait toujours à calmer ses ardeurs et à lui remettre les idées en place… Force est de constater que Vlad, possédant de base une forte arrogance, n’est pas aidé par la fougue de la jeunesse…

Après avoir marché pendant de longues minutes qui parurent interminables à Vlad tant il enrageait, bouillonnait intérieurement, l’entrée du village apparut enfin face à ses yeux.

Imposant, c’était le mot. Le village était composé de solides maisons de pierres et de bois visiblement très ancienne mais toujours debout. Faites de mains de Sylvaniens, elles étaient les preuves vivantes (si l’on puit le dire) de l’ingéniosité des hommes de Sylvanie. Pendant une dizaine de minutes, père Karlit s’entretint avec le mestre du village.

Suivant les ordres du père supérieur, il fut décidé d’être accompagné au sein même de la forêt par un chasseur local et de laisser les montures aux soins de quelques paysans du coin. Alors que la route rétrécissait encore pour laisser la place à un ridicule chemin boueux qui allait salir les bottes de cuir des membres de la petite expédition, les Chevaliers, leurs initiés et le Chasseur pénétrèrent enfin dans le bois qui était depuis plusieurs heures aux centre de la plupart des conversations. Alors que la fine équipe s’enfonçait de plus en plus profondément dans le bois, des bruissements ainsi que de faibles murmures se faisaient entendre de ci de là.

Se coupant régulièrement la peau contre les épines des ronces et s’entend l’air se rafraîchir de par la rareté des rayons du Soleil, Vlad mit la main sur son épée et chargea une balle dans son pistolet. Ces bruits n’étaient pas naturels. Le jeune Chasseur de Vampire ne le savait que trop bien, dans les forêts sylvaniennes, mieux valait être prudent d’autant plus que cinq villageois avait disparu ces jours derniers… L’angoisse semblait se lire sur les visages des autres initiés qui, eux aussi, rapprochaient leurs mains du pommeau de leur épée. Non. Il fallait absolument garder son calme dans de telles situations, prendre exemple sur frère Karl et père Karlit : eux, bien que concentrés devait sans aucun doute analyser la situation avant de se jeter dans des conclusions trop hâtives. Vlad reposa dans sa sacoche son pistolet mais garda la main sur son épée.
Vlad Wulfwald, Chasseur de Vampires
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par [MJ] Le Djinn »

Un chouette hulula. Alors que l'ambiance morne de la forêt se recouvrait d'un voile d'obscurité alors que le ciel devenait noir de nuages menaçants. La pluie risquait de tomber d'un moment à l'autre. Voilà qui était bien rare, voire exceptionnel, dans le climat sylvanien! Certes le temps était souvent ombrageux, certes la météo avait une certaine instabilité, mais tout de même! Une telle vitesse, moins d'une heure... Rapide!
La voix inquiète du Père Karlit résonna parmi les fourrés, un semblant de colère pointait à l'intérieur.


-"Sommes nous bientôt arrivés, chasseur? C'est bien long!"

-"Non messire, c'est pas loin, après quelques arbres on y s'ra..."

Sentant la crainte gagner les inités, le supérieur sortit un glaive de son fourreau, délaissant sa large faux de combat, inutile dans cet environnement étriqué. Sa longue expérience de la Sylvanie l'avait immunisé aux multiples bruits de la forêt, mais si le fait de voir une lame pouvait calmer les disciples...

C'est quand un bruit de tonnerre se fit entendre que le groupe sortit du petit bois pour trouver la bâtisse. Elle était grande, perdue dans la végétation et l'obscurité. Le manoir, telle une apparition spectrale, se tenait là, brisant la monotonie des arbres par sa masse imposante de pierre taillée. Une résidence opulente qui avait dû en son temps être puissante mais qui souffrait aujourd'hui d'un certains abandon.
Une puissante grille de métal, ouverte, protégeait l'entrée des voleurs et des malandrins. On aurait pu y tenir un siège...

Image


L'ensemble paraissait parfaitement habitable et dans un état plus que correct, rien à voir avec la ruine décrite aux chevaliers! Rouge de fureur sous son heaume de corbeau, le Père rugit au chasseur:


-"Qu'est-ce que ceci, paysan? On m'avait promis une bicoque! Un trou à rats! Et nous nous retrouvons avec cette demeure?!"

Le pauvre hère tremblait de tous ses membres, semblant aussi terrifiés que le reste du groupe.

-"Messire, je le jure! Je n'ai pas menti! Le manoir n'a plus eu cet aspect depuis son abandon!"

Une grimace déformant son visage, le Frère Karl se pencha vers Vlad et lui murmura:

-"Je crois que je dois t'accorder ce point. Nous allons torturer un peu."

Sans attendre il s'empara du trappeur au col et lui hurla au visage avant de le jeter en arrière, dans la forêt:

-"Jusqu'à quel point nous as-tu menti, maraud?! Doit-on te questionner pour que tu avoues tes méfaits? Est-ce toi qui a tué ces gens!"

Lancé sur un buisson, tombant à terre, le pauvre homme tenta de balbutier une réponse, en vain. Fou de rage, un initié s'en alla lui décocher un coup supplémentaire, mais c'est alors que sans crier gare...

... Une gueule béante s'empara de la gorge du rôdeur avant de l'emporter avec elle, hors de vue des hommes. L'apprenti n'eut pas plus de chances, deux paires d'yeux jaunes s'allumèrent et se jetèrent sur lui, révélant des loups énormes, d'apparences quasi-squelettiques, où la chair putride grouillante d'asticot se la disputait à des os jaunis par le temps. Seuls leurs crocs, effilés comme des poignards, semblaient avoir été taillés pour traverser les siècles.
De nouveaux monstres du même acabit ne tardèrent pas à faire leur apparition. Réagissant promptement, le Père ordonna d'une voix sonore:


-"Dans le manoir! Dans le manoir!"

Très vite, tous furent derrière les grilles et tous poussèrent les lourdes portes d'acier pour bloquer les poursuivants. Ca ne suffirait pas en l'absence de loquet... Les loups sombres passeraient bientôt. Par miracle, la porte du manoir s'ouvrit, avec l'effort de deux hommes et tous rentrèrent, aussi angoissés qu'apeurés.
Et une fois que tous furent dedans, il n'y eut nul besoin de claquer la porte.

Elle se referma d'elle-même.


Le hall d'entrée était éclairé par quelques bougies puissantes. Il paraissait grand, avec un escalier menant sur deux étages. Dans la pièce trônaient des armures anciennes, quelques portraits de paysages sylvaniens et une horloge à eau arrêtée depuis longtemps. Les tapis, rouges et poussiéreux, possédaient des motifs travaillés mais mités par les insectes et grignotés par les souris aidées des rats. Le bois des escaliers semblait fin... Mais juste à côté était une table, avec des notes. Cinq notes. Des choses étaient écrites dessus, mais Vlad, ne sachant pas lire, ne pouvait les déchiffrer.


-"Méfiez-vous de tout! Nous ne savons rien de cet endroit... Restons groupés."

Avertis de la présence des papiers, le supérieur s'en empara d'un et tenta de le lire. N'y parvenant pas, il se tourna vers Vlad, qui était dans la direction de la lumière et prononça à voix haute:
Pour le premier invité.

Tu marches de salle en salle, les ténèbres t'enveloppant comme une mer.

Mais seras-tu sauvé d'une triste mise en bière?

Plus tu en sais, plus tu t'enfonces,

Et plus vite ira la chasse.

A la fin tu succomberas,

A l'Homme Sans Visage.
Fronçant sur les sourcils, il se pencha sur les autres feuilles.

-"Des poésies macabres, du même acabit... J'ai la sensation que ça va être une longue journée. Vérifiez bien vos affaires et regroupez vous derrière-moi. Je prends ces feuilles."

Un long coup de vent se fit sentir, sortant sans doute d'une quelconque porte ouverte plus haut... Et une à une, les flammes s'éteignirent, laissant la pièce baigner dans la faible lueur d'un soleil d'orage.
Heure actuelle: Midi. 8 heures restantes avant la nuit.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Vlad Wulfwald
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par Vlad Wulfwald »

L’air se faisait bien lourd en cette forêt sombre. Les rares bribes de ciel se détachant de ci de là au travers des hauts branchages morts des arbres laissait entrapercevoir leur teinte noire, annonciateur d’orage. Vlad aimait la pluie mais devait faire appel à ses lointains souvenirs pour parvenir à envisager la nature d’un orage – si rare en cette contrée désolée. L’ambiance était… bizarre. Pour ainsi dire. Depuis qu’ils avaient pénétré cette forêt, c’est comme si la Nature elle-même s’était liguée contre le petit groupe. Le chemin était quasi impraticable à cause des ronces et des racines traversant la route, les chouettes et les hiboux entonnaient de leur voix sinistre un triste chant qui accompagnait de manière dramatique l’expédition. Et maintenant, ça… Si la pluie se déversait telle un torrent entre les arbres, il faudrait sans aucun doute rebrousser chemin car la nuit venait plus vite en ces bois sombre, et le voyage semblait s’éterniser…

« - Sommes-nous bientôt arrivés, chasseur ? C'est bien long ! s’énerva père Karlit.

- Non messire, c'est pas loin, après quelques arbres on y s'ra... »

Sans doute pour calmer les Initiés, le père Karlit sortit lui aussi son épée. Mais alors que le calme revenait progressivement, un coup de tonnerre retentit et le groupe déboucha sur une petite clairière où était implanté le fameux manoir qu’ils recherchaient depuis le début. Et quel manoir ! Encerclés d’arbres centenaires, une gigantesque demeure surplombait un petit mur d’enceinte d’au moins cinq pieds percé d’une grille de métal aux motifs ornant les vantaux lugubres. La tenue du manoir sembla énerver l’ensemble de la troupe au contraire de Vlad qui s’émerveilla de la beauté sinistre des lieux.

Vlad jubila intérieurement quand son maître lui murmura ces quelques mots :

« Je crois que je dois t'accorder ce point. Nous allons torturer un peu. »

Avant d’empoigner le chasseur, de le balancer en arrière face contre un buisson en lui hurlant :

« Jusqu'à quel point nous as-tu menti, maraud?! Doit-on te questionner pour que tu avoues tes méfaits? Est-ce toi qui a tué ces gens! »

Ce qu’avait énoncé le maraud n’avait que peu d’intérêt… Il suppliait presque la troupe de le croire, qu’il n’avait pas menti, qu’il pensait que le manoir serait tel que la description qu’on avait donné un peu plus tôt aux Chevaliers de l’Ordre. « Diantre ! », jura dans son esprit le jeune Initié ; « Le frère Karl ne sait décidément pas s’y prendre : il faut lui arracher un œil au couteau, tout de suite ! Ça lui déliera la langue à ce gueux… ». Mais soudain, alors que personne ne s’y attendait, deux yeux jaunes apparurent dans l’ombre des buis et une gueule béante et remplie de croc taillés en lames de poignards agrippèrent, déchirèrent et tirèrent en arrière le pauvre chasseur sylvanien. Alors que les esprits des Chevaliers reconstituaient rapidement ce qu’ils venaient d’observer, un immense loup à l’aspect cadavérique s’empara de Tobias, le jeune initié qui avait précédemment bondi auprès du malheureux chasseur pour l’interroger.

Tout se passa très vite, le père Karlit beugla quelques ordres et tous se mirent en marche au pas de course pour rejoindre le manoir. Tous furent mis à contribution pour pousser le fin portail métallique qui leur barrait la route de la sécurité (aussi relative soit-elle). Vlad se retourna prestement pour voir les Loups s’amasser devant le portail qui ne les retiendrait à peine quelques instants. Quand il ramena son regard en direction de sa solution de fuite, il ne vit que le dos des autres chevaliers s’engouffrant tant bien que mal, fuyant courageusement au travers de l’obscure ouverture béante de la demeure forestière. Mais alors que Vlad reprenait son souffle à l’intérieur même de la bâtisse, la porte, sans qu’aucun n’eût daigné l’effleurer, celle-ci se referma, piégeant dans le ventre de la maisonnée, le petit groupe de Chevaliers et leurs disciples.

Le hall d’entrée, bien que vieux et en piteux état, possédait encore des vestiges de l’ancienne tradition décorative sylvanienne : de vieilles chandelles qui éclairaient puissamment et étrangement les lieux, ainsi que de magnifiques tableaux tâchés de soyeuses toiles d’araignées. Quelques vieilles armures traînaient dans le grand hall. Sur une large table de bois, trônaient quelques bouts de papiers où l’on pouvait apercevoir de loin de jolies écritures. Malheureusement, Vlad ne savait pas lire ; il espérait que rejoindre l’Ordre de la Couvée de Corbeaux lui permettrait de paraître moins ignare. Après une rapide mise en garde, le père Karlit lu au jeune chasseur de Vampires et s’empara des quatre autres morceaux de papier avant de préciser :

« Des poésies macabres, du même acabit... J'ai la sensation que ça va être une longue journée. Vérifiez bien vos affaires et regroupez-vous derrière-moi. Je prends ces feuilles. »

Obéissant à son supérieur, Vlad se joignit à son maître, le frère Karl, et commença à suivre le père Karlit avant de s’écrier, enthousiaste :

« Bien ! Allons régler son compte à ce dangereux Homme sans Visage ! Nous allons lui apprendre ce qu’il en coûte de s’attaquer à d’honnêtes gens de Sylvanie ! »

Il fallait cependant faire vite. Il serait surement long d’explorer l’intégralité du manoir et rien ne garantissait un combat avant la tombée de la nuit, là où les forces du Mal voient leur puissance atteindre son paroxysme. Alors qu’une légère bise éteignit toutes les bougies et plongea la pièce dans l’obscurité quasi la plus totale, seulement éclairée par un très faible soleil masqué de nuages sombres, la petite troupe se mit enfin en route, dans le sillage du père Karlit…
Vlad Wulfwald, Chasseur de Vampires
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[MJ] Le Djinn
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par [MJ] Le Djinn »

Un pas. Deux pas. Trois pas. Le plancher craque. Le plancher pourri, moisi par le temps, il n'aime pas le passage de ces hommes sur lui. La maison a une âme, elle refuse la présence des indésirables.

Un pas. Deux pas. Trois pas. Tu cèdes, plancher, tu fais tomber celui qui était sur toi.

Un mètre. Deux mètres. Trois mètres. Tu chutes, jeune apprenti, vers un destin tout autre.

Un choc. Deux chocs. Trois chocs. Tu t'endors, Vlad, sur ce tas de déchets qui te sert d'oreiller...


CHAPITRE UN: LE SOUS-SOL ABANDONNÉ
"musique" de lecture, est valable pour tous les posts à partir de celui-ci:

Quelle ironie, cette pièce est largement plus éclairée que le grand hall! Vlad se réveilla après quelques minutes, le dos endolori, sur une large concentration de grains de blés secs, d'orge pourri et de ciment sec qui avait dû servir à la construction des murs. Au dessus de lui, à trois mètres du sol, un large trou déchiré qui devait être l'endroit par lequel il était tombé. On y voyait le large plancher dans lequel on devinait les trous dû à des termites. Plus aucun son n'en sortait, preuve s'il en fallait une que le reste de l'équipe n'était plus là. Étonnant quand on connaissait le côté toujours fraternel des chevaliers corbeaux...

Autour de l'initié, la pièce semblait se dessiner en un grand L, les murs en pierre taillée avaient l'air en meilleur état que leurs homologues du dessus. La pluie et le tonnerre se faisaient entendre au travers des cloisons, rajoutant un sinistre fond sonore à un lieu qui n'en avait que peu besoin. Les animaux eux-mêmes semblaient avoir déserté l'endroit, chassé par l'étrangeté du lieu et les lumières macabres projetées par ces torches aux murs... Au fond de la pièce, un squelette trônait au dessus de trois tonneaux. Accroché au plafond par des chaînes ancrées dans la pierre, sa position grotesque offrait une vision assez claire de ce que la torture avait pu produire de pire à sa grande époque.
Impossible de l'atteindre de là où il trônait, il était légèrement trop haut pour Vlad, même en sautant... Dans sa bouche, coincée entre ses dents, brillait une clé rouillée qui devait sans doute servir à ouvrir la porte verrouillée plus loin. Le silence, brisé malgré tout par l'orage extérieur, oppressait les âmes des piégés en ce lieu. Il fallait sortir maintenant, sortir avant que la folie ne s'immisce dans les cœurs et les esprits...

Plan de l'endroit:
Image
Cercle rouge: toi.
Etoiles rouges: torches.
Spray brun: blé, orge, ciments, etc...
Cercle brun: tonneaux.
Crâne+clé jaune: squelette avec la clé dans bouche, immobile.
Rectangle plat brun: porte fermée.

Dans un souci de te simplifier la vie et les posts, dans mes dessins toutes les portes "collées" au mur sont supposées verrouillées, les portes entrouvertes sont supposées ouvertes.
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Vlad Wulfwald
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par Vlad Wulfwald »

Vlad commença à immerger difficilement du léger état de coma dans lequel il avait plongé subitement. Sa tête le faisait un peu souffrir. La pièce dans laquelle il se trouvait n’était pas plus sombre que le grand hall où il était tout à l’heure ; bien au contraire : de nombreuses torches envahissaient les lieux de leur puissante lumière. Que c’était-il passé ? Comment Vlad avait-il atterri ici ? Au début, il l’ignorait. Jusqu’à ce qu’il commence à explorer les lieux, en quête de réponses : où étaient passés ses camarades ? Où était-il, lui ? Plus il se posait de question et plus sa tête le faisait souffrir, lui bloquant momentanément l’accès à ses souvenirs, lui rendant l’accès beaucoup plus pénible, tout du moins. Il se rendit rapidement compte que ses possibilités étaient limitées : la pièce, en forme de L ne contenait que des tonneaux, des torches et une porte fermée. Verrouillée à double tour, après vérification. Un squelette était suspendu au-dessus des quatre tonneaux.

Retournant sur ses pas, le jeune Chasseur de Vampires se rendit compte qu’il avait pris connaissances dans un amas de gravats, de grains de blé, de ciment, … Levant naturellement les yeux au plafond, il aperçut un trou béant qui perçait visiblement le sol de l’étage supérieur. Oui ! Il devait être tombé ! Néanmoins, pourquoi ses camarades n’étaient-ils plus là-haut ? Cela ne leur ressemblait pas d’abandonner un frère comme cela, derrière eux. Quelque chose de terrible avait dû leur arriver, pensa Vlad… Après quelques minutes, il tenta de refaire appel à sa mémoire pour chercher des indices sur ce qu’il s’était réellement passé…

Alors que le petit groupe avançait dans la semi-obscurité des lieux, à chaque pas, le vieux planché sans aucun doute ronger par de nombreux termites se mettait à grincer ce qui inquiétait lourdement le jeune Vlad. Après avoir fait trois pas derrière son maître, le frère Karl, le juvénile chasseur de vampire entendit un grincement plus fort que d’habitude et il sentit le sol se dérober sous ses pieds et le plafond apparaître rapidement face à ses yeux. C’était la faute du planché, pour ainsi dire… La bâtisse bien que solide était, à n’en pas douter une seconde, vieille.

Visiblement, des termites s’étaient attaquer au plafond mais ce que Vlad n’arrivait pas à expliquer, c’était pourquoi le sous-sol était-il si… entretenu ? C’est vrai ; la pierre des murs semblait de bien meilleure qualité, les torches y étaient allumées, le bois des tonneaux n’était point du tout attaqués par les insectes ou les vers. Mais ce qui intriquait le plus Vlad, c’était l’absence de ses compagnons : des Chevaliers comme frère Karl et père Karlit ne l’aurait jamais abandonné à son sort au fond de cette cave sans effectuer quelques recherches… De plus, si ce n’était pas un Vampire, il voyait mal comment quelqu’un aurait pu terrasser les deux membres de l’Ordre. Vlad voulait absolument se venger de cet affront : s’il mettait la main sur les complices du Chasseur qui les avaient piégés ici, ils passeraient tous un sale quart d’heure !

Maintenant, il fallait trouver un moyen de sortir de là, et vite ! Vlad sentait que rester dans ce lieu abandonné aurait un effet négatif sur son esprit. Il ne savait pourquoi ; était-ce la faute à trop de solitude dans un lieu obscur ? Ou bien… était-ce autre chose de plus… sombre, encore ? Et puis, sa position était relativement dangereuse, une quelconque Goule rôdant dans le coin pourrait aisément sauter à travers le trou pour l’attaquer et en cas de surnombre, le jeune Chasseur ne pourrait tout simplement pas leur faire face. En effet, la nuit était peut-être toute proche ; combien de temps avait-il dormi, au juste ?

Soudain, la flamme d’une des torches fit briller quelque chose dans la gueule du squelette… Une clef ! C’était une clef ! Sans aucun doute la clef ouvrant la porte de cette sorte de cellule. Sortant prestement le pistolet qu’il avait tout à l’heure chargé dans la forêt alors que les bruits inquiétants se faisaient plus pressants, et le pointa en direction du crâne blanc étrangement libre de toute toile d’araignée. Alors qu’il était prêt à tirer, il réalisa soudain :

« Oh ! Suis-je bête ! Ça me fera une belle jambe si la clef n’ouvre rien… J’aurai gâché une précieuse munition, surtout que je ne suis même pas sûr de l’atteindre du premier coup… Non. J’ai une meilleure idée… »

Vlad se dirigea alors sous le squelette. Effectivement, il ne pouvait pas l’atteindre, même en sautant. Il eût alors une idée brillante, comme seules le sont les siennes. Employant ses bras à enserrer puissamment un des tonneaux - pesant au bas mot au moins soixante-cinq livres -, il tira en arrière de toutes ses forces – criant au passage tant ses reins le faisaient souffrir – et porta, tant bien que mal, un des tonneaux sur le récipient de bois occupant la place sous le squelette. Ainsi, il se fit un petit escalier avec trois tonneaux et, montant sur l’apex du monticule, il commença à sauter en agrippant le tibia blanc. A force de le faire gigoter, la clef finirait bien par tomber ; enfin, il l’espérait… D’autant que ses mouvements étaient limités tant le précédent effort qu’il venait de fournir pour mettre en place son ensemble élévateur lui avait largement fatigué les muscles du ventre et des bras, le laissant essoufflé.
Vlad Wulfwald, Chasseur de Vampires
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par [MJ] Le Djinn »

Après l'avoir écartelé dans tous les sens, le crâne du squelette chuta finalement, tomba à terre dans un lourd fracas et laissant sortir de ses lèvres décharnées la clef tant espérée! S'attarder sur ce morceau de métal qui avait dû être beau voilà trois siècles serait superflu, tant tout le matériel de serrurerie était commun. Fort de son "exploit", le chasseur s'empressa d'ouvrir le chemin vers une prochaine pièce.
Plan de l'endroit:

Image
Moins éclairée que la salle précédente, il n'en était pas moins que de puissantes torches renvoyaient leurs rayons sur les murs toujours aussi soignés du lieu. Les toiles d'araignées étaient plus présentes ici, bien que désertées par la majorité de leurs occupantes...
Au tonnerre rugissant à l'extérieur, à la pluie ruisselante sur les murs et le toit, s'ajouta un autre type de son. Une complainte, faible et discrète, dont les murs se faisaient échos. On n'aurait pu dire d'où cela venait précisément...
L'endroit semblait toujours désert, très poussiéreux mais des traces de doigts prouvaient une utilisation plus récente. Les étagères, nombreuses, étaient garnis de vieux livres ainsi que bocaux contenant des ingrédients étranges. Tantôt des végétaux, tantôt animaux... Un fœtus trônait pathétiquement sur l'étagère la plus proche de l'autel, dardant de ses yeux vitreux baignant dans l'alcool le rôdeur qui venait importuner la tranquillité éternelle du lieu.

Mais cette petite table... L'autel justement... Qu'était-ce donc que cela? Un support de bois de chêne ancien, gravé de symbole ésotériques. Dessus siégeait un crâne, tel un juge à sa chaire de tribunal. Dans ses orbites vides ne brillaient aucune lueur particulière, rien qui aurait pu laisser douter d'un quelconque comportement surnaturel. Autour de lui étaient tracés avec une poudre de nombreuses marques impies servant, à n'en point douter, à servir quelque sombre rituel d'origine magique! Les deux torches autour faisaient s'illuminer le matériau de dessin, donnant au tableau des reflets surnaturels, d'une pâleur terrifiante autant que d'un intérêt malsain séduisant.
Deux portes semblaient être sans serrure, bien que fermées toutes deux.

Au-dessus de sa tête des pas se firent sentir. Des bruits lourds, comme ceux d'un homme portant une combinaison peu légère. Des bruits métalliques. Quelques sons, semblant être des bribes de conversation, parvenaient difficilement jusqu'à sa position.
Au loin, quelque chose semblait taper frénétiquement contre un objet en bois. De manière régulière, constante. Des bruits de frappe...

Plus inquiétant encore, à chaque pas que faisait Vlad vers le crâne maudit, jusqu'à être devant... Les gémissements semblaient s'amplifier.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Vlad Wulfwald
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Re: Un... Deux... Trois... Dé...cès! [Vlad le Chasseur]

Message par Vlad Wulfwald »

La pièce dans laquelle Vlad avait débarqué ne lui inspirait guère confiance, plus il se rapprochait du crâne posé sur la sorte d’autel et plus les gémissements déjà entendus précédemment s’amplifiaient. Sur la droite de l’autel existait une porte entrouverte. Avant de s’y précipiter, Vlad jeta encore un coup d’œil autour de lui : peut-être existait-il des choses intéressantes dans tous ces bouquins sur ces étagères mais malheureusement, le jeune Chasseur de Vampires ne savait pas lire et même les étiquettes sur les nombreux flacons disposés sur les présentoirs demeuraient pour lui impossibles à décrypter. Si seulement il avait appris à lire plus tôt ; il trouverait peut-être des indices permettant de confondre ce qui semblait être un culte ésotérique au sein du village de Bertridam. Si tel avait été le cas, le problème aurait vite été réglé ; un petit tour au village pour torturer le mestre qui leur avait fourni le chasseur et un empalement général sur l’ensemble des coupables et de leur famille pour montrer l’exemple.

Le bruit de la pluie qui tombait sur le manoir ainsi que les gémissements de plus en plus forts et qui donnaient à la pièce un air plus qu’inquiétante n’arrivaient cependant pas à masquer le bruit qui parvenait de la pièce du dessus. Oui ! C’était probablement frère Karl qui se battait là-haut contre quelque maraud. Frère Karl et père Karlit. Peut-être même frère Thomas et son disciple. Ils étaient toujours là. Sans doute avaient-ils été surpris par quelques paysans fous les empêchant, dans un premier temps, de lui porter assistance. Il fallait juste trouver le moyen de sortir ; rien ne servait à importuner les Chevaliers de l’Ordre ; il suffisait de sortir sain et sauf de cet endroit, seul, peut-être en tuant quelques gueux pour prouver à ses maîtres sa véritable valeur.

Mais avant de pénétrer dans l’inconnu, il fallait se préparer : être prêt à faire face à toute irruption de l’ennemi, être le premier à lui porter le coup fatal et l’envoyer paitre au tapis. Préparé, il l’était presque. Son pistolet était depuis longtemps maintenant, chargé, prêt à tirer sa balle métallique au travers le crâne d’un quelconque assaillant. Il ne manquait plus de sortir et tenir en l’air son épée. Ce qu’il fit. De sa main gauche, il s’empara de son pistolet qu’il dirigea légèrement face à lui alors que sa main droite, elle, tenait fermement et à la verticale, l’épée à une main qu’il possédait pour accomplir son travail au sein de l’Ordre de la Couvée de Corbeaux.

Il demeurait néanmoins un problème… Quelle certitude avait-il de trouver de la lumière hors de cette pièce ? Non ! Trop de questions inutiles ne faisaient que le ralentir. Vlad était décidé. Fermement décidé. Rien ne pouvait l’arrêter maintenant. Respirant un grand coup il poussa d’un seul coup la grande porte orientée plein Nord. Son choix avait principalement été motivé par le fait que les gémissements étaient plus forts près de l’autel. Or, c’était justement cette porte ci qui était la plus proche de ce crâne impie. Il voulait voir ce qui causait ces gémissements odieux.

Vlad n’était pas seulement motivé par une quelconque envie de gloire ou besoin de meurtre en supprimant du Vieux Monde un être lui voulant du mal, mais cela éveillait en lui des souvenirs lointains : du temps où il partait à l’inconnu, avec des adultes de son village, à la poursuite d’un immense Loup qui s'était emparé, dans sa gueule, d'une chétive bête de ferme encore agonisante. Ils ne pouvaient se permettre de faire une croix sur la masse de viande que représentait l’animal. En pénétrant dans cette pièce, Vlad faisait un pas sur les traces de ses propres origines. Il voulait impressionner frère Karl, et père Karlit ; en mettre plein la vue au disciple de frère Thomas ! Il avait désormais trouvé un but ainsi qu’un sens à sa vie, qu’il reprenait, justement, peu à peu en mains. En pénétrant dans cette pièce, Vlad devenait en quelque sorte l'Homme qu'il affectionnait depuis toujours de devenir ; un exemple de courage, de volonté et de force ; s'opposant à son tour aux forces de la Nuit.
Vlad Wulfwald, Chasseur de Vampires
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